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Le modernisme dans l`Église au 19 eme siècle

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Le modernisme dans l`Église au 19 eme siècle Empty Le modernisme dans l`Église au 19 eme siècle

Message par MichelT Dim 14 Juin 2015 - 23:51

Le modernisme dans l`Église au 19 eme siècle

( traduction et extrait du livre de Philip Trower – Turmoil and Truth)

Le théologien luthérien Fiedrich  Schleirmacher ( 1768-1834) était une des figures importantes du mouvement romantique allemand avait vu sa croyance en la vérité des Écritures et la valeur de la théologie ébranlé par Eichorn et Kant, mais il pensait avoir trouvé une sortie de cette impasse.  Il disait : « Tout n`est pas perdu, la religion n`a pas besoin de preuves évidente pour justifier son existence. La religion n`est pas en forme de Credo, de doctrines ou du contenu de livres sacrés. Elle n`a pas besoin de réflexion philosophique. L`essence de la religion est la piété et la piété est un sentiment. Si vous avez un sentiment de dépendance à Dieu, alors vous faite partie de la communauté mondiale de la communion des gens vraiment religieux. Les croyances et pratiques des différentes religions à travers l`histoire ne sont  que l`expression de cet instinct et de cette attitude. »

Dire que la religion est équivalente à un sentiment avait longtemps été le fait d`un certain protestantisme, comme par exemple celui des frères Morave – écoles qu`avait fréquenté Schleirmacher dans son enfance.

En 1811, Schleirmacher reçoit la chaire de théologie a l`Université de Berlin ou il écrivit plusieurs livres dont : La Foi Chrétienne. Dans ce livre, Schleirmacher ne recule pas sur ses anciennes opinions, il prétend que le Christ fut l`homme avec la plus haute « Conscience de Dieu» ( God- counciousness) . Le Christ n`était pas Dieu, il n`avait pas fondé une Église, mais des hommes qui admiraient cet homme, sa «Conscience de Dieu», sa dépendance en Dieu ont ensuite formés des communautés permanentes qui ont transmis ses sentiments à travers les âges.

Avec Schleirmacher, toutes les choses essentielles au modernisme étaient assemblées. Les chaires d`étude biblique radicales détruisent la foi, suit ensuite le besoin d`un nouvel assemblage des ruines à partir de la philosophie moderne. Puisque on ne peut prouver de façon certaine la vérité de la Foi, celle-ci se trouve dans une « expérience personnelle».
Ensuite les éléments de la doctrine chrétienne qui sont « difficiles» ou comme on dirait de nos jours « manque de crédibilité» ne doivent pas être regardé comme une obligation doctrinale et un Credo mais plutôt comme une «expression symbolique» ou encore une «expérience personnelle».

Par exemple la traversée de la mer rouge par Moise et le peuple hébreu devient une «expression symbolique» qui vit dans «l`imagination» et pas dans le monde réel.
Schleirmacher est un point tournant dans l`histoire du protestantisme ou on voit la fin des certitudes doctrinales de Luther et de Calvin qui sont vues comme repoussantes.
Alors que le 19 eme siècle avance et au courant du 20 eme siècle, la fuite doctrinale deviendra encore plus rapide avec l`agnosticisme de Bultmann et de Tillich.
Le point intéressant de la théologie protestante de Schleirmacher du point de vue catholique est le virage passant de  la doctrine biblique  à la « communauté chrétienne». Selon lui, la Bible n`est peut-être pas fiable mais la « communauté chrétienne» avec ses « expériences personnelles« sont un fait  indisputable. Dans l`Église catholique, la première poussée moderniste va de 1875 à 1910 était confinée dans les milieux  très éduqués mais on verra après Vatican 2 cette poussée passer dans les autres milieux.

Le rôle de l`Angleterre dans ce drame est surprenant quand on regarde le petit nombre de catholiques dans ce pays protestant mais ce rôle est dû à la puissance et au prestige international de ce pays qui était au 19 eme siècle la première puissance mondiale.  Le rôle de l`Allemagne est encore plus étonnant au vue de la dépendance du modernisme sur les idées philosophiques et les recherches universitaires.

Une des figures actives du modernisme au 19 eme siècle est la baron Friedrich von Hugel, un citoyen britannique mais d`origine autrichienne qui passa la plus grande partie de sa vie en Angleterre. Un homme cultivé et écrivain de livres sur le mysticisme et le spirituel. Il était un admirateur de Schleirmacher et il se dévoua à mettre en relation des prêtres et des laïcs avec des idées douteuses ou extrêmes, encourageant leurs travaux et leur formation en groupes. Cet homme avait une grande réputation en Angleterre chez les Catholiques et les Anglicans cultivés mais plusieurs ne connaissaient pas son modernisme.

Le Fr George Tyrell disait à propos de la pensée de Hugel « Rien n`est vrai mais la somme total du rien est sublime.» On peut dire que Hugel a agi comme le coordonnateur du mouvement.

Une autre figure importante du mouvement était le spécialiste de la Bible Alfred Loisy (1857-1949). Il avait fait des études à l`Institut catholique de Paris où il fut spécialiste de l`hébreu et d`exégèse biblique. Dans ses mémoires, il admet avoir commencé à perdre la foi vers 1880 au moment où il assistait au cours de Renan au Collège de France.
En Italie, les chefs du mouvement moderniste étaient les Frs Minnocchi, Bonaiuti et Semaria et l`écrivain Antonio Fogazzaro. Le héros de son roman, Il Santo, a donné au mouvement son homme d`église idéal.

En Angleterre, le Fr Tyrell, un homme d`Irlande du Nord et un protestant de naissance était devenu Jésuite en 1880. Il était thomiste mais le virage se fait après sa rencontre avec von  Hugel ou il devient ensuite un ardent défenseur des thèses de Loisy  sur le subjectivisme et le scepticisme à propos de la Bible. Msgr Louis Duchesne, devint professeur d`histoire de l`Église  à l`Institut de Paris en 1877, il fut le premier à appliquer les principes de la « haute critique» envers l`histoire de l`Église et il entraina toute une génération d`enseignant et recherchistes catholiques. Loisy fut un de ses élèves préférés.  Il fut pendant un temps suspendu à cause de ses enseignements mais il se retrouva quand même  directeur de l`école française à Rome ou il devint un aimant pour ceux qui étaient déçu de Rome ou du Pape.

Croyance et incroyance

Le modernisme a aussi subit les influences suivantes.

Darwin et la théorie de l`Évolution.

L`impact des livres de Darwin- L`origine des espèces ( Origin of species) et The descent of man semblait directement mettre en doute la vérité et la crédibilité de la Bible. Plusieurs doctrines fondamentales enseignées par l`Église comme celle du péché originel étaient remise en question et la croyance en la capacité d`enseignement de l`Église se trouva aussi ébranlée. Si Adam et Ève, le jardin d`Éden et la chute de l`homme sont des mythes, alors ou donc s`arrête ce processus? Une partie de la Révélation semblait arrachée menaçant d`écroulement tout le reste?

L`idée de l`interdépendance et de la sélection des espèces semblait pouvoir se passer de Dieu et de le renvoyer a une cause obscure et lointaine. Finalement si le philosophe Herbert Spencer devait être cru, l`évolution était une loi naturelle gouvernant toutes choses : la vie évolue, l`histoire évolue, la civilisation évolue, la religion évolue, la religion étant un phénomène naturel comme la musique ou la dance ou l`homme s`exprime.

Même si la destruction de la foi par les études bibliques radicales dans les Universités (déconstruction, comparaison, critique et doutes sur les Écritures) allait faire de plus grands dommages sur le long terme, les effets du livre de Darwin furent instantanés et ainsi pour plusieurs de la génération de Hegel et de Teilhard de Chardin, il fallait donc réinterpréter la doctrine catholique.

Les études sur le Nouveau Testament

Un des évènements marquant est la publication en 1845 du livre de David Fiedrich Strauss ( 1808-1874) Leben Jesu, la vie de Jésus qui libère dans le public les théories critiques des spécialistes. Georges Elliot traduit le livre en anglais et le prince consort et mari de la reine Victoria devient un admirateur de l`auteur. Dans son dernier livre en 1872 – The Old and the New Faith – Stauss semble déclarer la mort du Christianisme et demande une nouvelle religion bâtie sur la science et les arts.  Trente ans après le Leben Jesu de Strauss pour le public allemand et anglais, sort le livre de Renan, la vie de Jésus, qui amène les théories, négations et doutes du mouvement critique au public francophone.

Viennent ensuite les théories sur le Jésus de la foi et le Jésus de l`histoire et suivront les recherches sur le « Jésus historique». Les savants diront alors avoir découvert un instructeur éthique comparable à Bouddha ou Confucius. Vers 1890, l`opinion du mouvement critique change encore. Un pamphlet de 1892 par Johannes Weiss qui était enseignant a Gottingen dit que le «Jésus libéral» est un anachronisme non basé sur des faits historiques. Le «Christ libéral» est en fait un pasteur protestant luthérien du 19 eme siècle habillé dans un habit du premier siècle. Les « textes fiables» font apparaitre un rabbin de la tradition apocalyptique juive qui croyait à la fin du monde et l`arrivée d`une création surnaturelle que sa mort allait accélérer. Selon Weiss, sa vision du monde avait passé.

Albert Schweitzer ( 1875-1965) en donna l`expression dans son livre – La recherche du Jésus historique ( 1906) – dont le message semblait être que la recherche était finit parce que les Évangiles n`étaient pas fiables.

La philosophie

Entre 1890 et 1914, la philosophie à la mode en France était « l`évolution créatrice» de Bergson et le « pragmatisme» de l`américain William James qui était un psychologue expérimental devenu philosophe. Il avait écrit – Principes de psychologie en 1890 et Variété des Expériences Religieuses en 1902.


La haute critique de l`histoire de l`Église

A partir de 1880, la méthode critique appliquée à l`histoire de l`Église générait les mêmes doutes sur l`origine divine de l`Église et de la Bible. Il y a eu la tentation d`une approche néo-protestante sur l`histoire de l`Église, dont la vrai nature aurait été perdue mais pouvait être reconstitué par les documents qui survivaient même si plusieurs étaient jugés non-fiables. Cette tentation était aggravée par le fait que les études critiques vues comme les plus avancées, se faisaient en Allemagne ou dominait le protestantisme et l`athéisme dans les milieux de la recherche. La haute critique devenant une espèce de religion en elle-même dont la spécialité était d`écraser toute opposition à leurs positions de « spécialistes» et à leur assurance.  A cause du prestige de ces savants, les enseignants catholiques commencèrent souvent à  adopter les mêmes points de vue.

Histoire du dogme et des développements doctrinaux

Sans entrer dans les détails disons que les recherches historiques combinées aux théories de l`évolution préparèrent le terrain pour le relativisme historique dont un des représentants était le philosophe et historien allemand Ernst Troeltsch.

Religions comparées

A partir de la découverte des Amériques et des explorations en Afrique et Asie, les colons et missionnaires ont apportés des connaissances des autres peuples et religions comme jamais auparavant. Le sommet fut au 19 eme siècle et l`étude comparée des religions en fut le résultat. Vers 1890, le livre de Sir James Fraser sur les religions primitives et la magie – the Golden Bough – avait un gros impact dans le monde anglo-saxon. Le but était de découvrir si une religion ou une autre contenait plus de vérité divine qu`une autre. Il fallait découvrir ce que chaque religion apportait a ses membres au point de vue psychologique et de trouver des explications naturelles.

Parce que toutes les religions ont certaines chose en commun – la prière, offrande, sacrifice – cela voulait dire que aucune ne pouvait être vraie ou unique. Les étudiants en religions comparées deviennent souvent des admirateurs d`un monothéisme universel éthique considérant que la conscience religieuse de l`homme évolue et cette idée a aussi contribuée beaucoup au modernisme.

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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