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Beauté de la foi catholique au Moyen-Âge : En Allemagne

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Beauté de la foi  catholique au Moyen-Âge : En Allemagne  Empty Beauté de la foi catholique au Moyen-Âge : En Allemagne

Message par MichelT Ven 19 Juin 2015 - 14:30

Beauté de la foi  catholique au Moyen-Âge : En Allemagne

( source : La réforme en Allemagne au Moyen-Âge  - extraits)

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1 - L`École élémentaire et l`instruction religieuse du peuple

Dans un catéchisme écrit en bas-allemand et imprimé en 1470 par le Frère mineur Dederich Coelde, on lit, au chapitre ou il est question des devoirs des parents envers leurs enfants : « Il faut envoyer de bonne heure les enfants à l`école de maitres estimable, afin qu`ils y soient formés au respect, qu`ils n`apprennent pas de vilaines choses dans les rues, et ne commettent pas le péché. Les parents ont grand tort qui ne consentent pas à ce que leurs enfants soient punis par le maitre d`école lorsqu’ils font mal.»Sébastien Brant, s`adressant aux parents, dit aussi dans son livre la Nef des Fous : « Quand on n`envoie pas les enfants a de bons maitres, ils grandissent en toutes espèce de mal et deviennent des blasphémateurs, des joueurs, des débauchés.»


Dans l`Introduction à l`Examen de Conscience, livre destiné à préparer les fidèles à la digne réception du sacrement de pénitence (année 1478), le chapelain Jean Wolf dit : « qu`on doit aux instituteurs le même respect, le même amour, la même obéissance qu`a ses parents selon la chair.» « Le maitre qui t`a instruit pendant tes jeunes années, est devenu ton père spirituel par les soins et l`instruction qu`il ta donnés. Son enseignement ne saurait être payé avec de l`or et de l`argent, parce que ce qui a du rapport a l`âme est infiniment plus élevé et plus noble que ce qui a du rapport au corps. L`argent que l`instituteur a reçu pour t`avoir instruit a été depuis longtemps dépensé pour les besoins de son existence, au lieu que toi, pendant dix ans, vingt ans, cinquante ans, peut-être, tu liras, tu écriras, tu profiteras de ce qui t`a été enseigné. »

Le pénitent doit donc bien s`examiner sur ces choses, et bien se demander « si par exemple il n`aurait pas gardé rancune au maitre des coups qu`il en a reçu.»
Quant aux devoirs des instituteurs populaires, il leur est demandé de seconder efficacement l`Église dans l`enseignement du catéchisme a la jeunesse. On lit dans un excellent ouvrage d`enseignement et d`édification, paru en 1498, et intitulé le Guide de l`âme : « Les maitres d`écoles doivent enseigner aux enfants la doctrine chrétienne et les Commandements de Dieu et de l`Église. Ils doivent suppléer a tout ce que les pères de la doctrine ne peuvent suffire à faire dans les sermons et autres instructions spirituelles, et leur venir en aide.»


L`enseignement, alors, n`était pas obligatoire; cependant les écoles étaient très fréquentées. On voit d`après un document datant de 1494 qu`a Wezel il y avait cinq instituteurs chargés d`enseigner à la jeunesse : « la lecture, l`écriture, le calcul et le chant d`église.» Le prix que l`on attachait à l`instruction, la considération dont étaient entourés ceux qui se vouaient a l`éducation nous sont attestés par l`importance des honoraires que recevaient les instituteurs. On n`entend nulle part les maitres d`école se plaindre de l`insuffisance de leur traitement.

« Les autorités constituées et les instituteurs de la jeunesse ont droit au même respect, a la même estime.» dit le Guide de l`âme. « Les maitres d`école ont bien du mal et du travail pour élever et maintenir les enfants dans l`ordre et la discipline chrétienne. S`ils le font, tu dois les respecter, les aimer et chercher à leur être agréable.»
En quoi consistaient cet ordre et cette discipline chrétienne? Le maitre tient un livre ouvert dans la main gauche et un bâton de discipline dans la main droite.  Voici ce que dit une leçon : « Que celui qui veut devenir sage et prudent en demande la grâce à Dieu pendant toute sa vie. Évite soigneusement toute mauvaise médisance, afin d`en être un jour récompensé. Empêche aussi les autres d`interpréter en mal tout ce que fait le prochain, tu préserveras ainsi ton cœur de toute amertume; l`envie et la haine en seront bannies, et ceux qui t`écouteront apprendront a te juger favorablement. Dis ton opinion avec simplicité et droiture. Reste vrai, ne mens pas. Ne cherche jamais par ruse et finesse à paraitre autre que tu n`es au fond de ton cœur.»


Toute éducation chrétienne devait commencer dans la famille. Tel était le désir formel de l`Église. La maison chrétienne devait être la première école de l`enfant. « Les enfants sont tout particulièrement l`espoir de l`Église,» dit le Guide de l`âme. «Il faut donc commencer par bien exhorter les parents, afin qu`ils élèvent leurs enfants dans la discipline chrétienne et le respect de la religion.


La maison doit être pour les enfants, dès l’âge le plus tendre, la première école et la première église. «Mère chrétienne, lorsque tu tiens sur tes genoux ton enfant qui est l`image de Dieu, fais le signe de la sainte Croix sur son front, sur ses lèvres et sur sa poitrine. Prie avec lui des qu`il pourra parler, afin qu’il répète, après toi, ta prière. Tu dois bénir ton enfant, lui enseigner la foi, le conduire de bonne heure a confesse, et lui apprendre comment il faut faire pour bien se confesser.»

«Les parents sont obligés, dit le Catéchisme de Dederich Coelde, d`apprendre à leurs enfants, en langue allemande, le Notre Père, l`Ave Maria, le Credo de la foi et différents points de doctrine contenus dans ce livre. On doit encore leur enseigner à honorer Marie, mère de Notre Seigneur, leur ange gardien et tous les saints de Dieu; le soir et le matin, les parents doivent bénir leur enfants, et le soir les faire agenouiller devant leur lit pour remercier Dieu. Il faut que les enfants soient instruits dans la religion dès leur jeunesse, car dans l’âge mur ils ne sont plus flexibles, et ne veulent ni ne peuvent plus bien faire. Les parents doivent apprendre à leurs enfants les Grâces et à louer Dieu. Les enfants doivent être formés à la modération dans le boire et le manger et à la modestie. Les parents doivent inspirer a leurs enfants le respect pour les supérieurs, les tenir éloignés des mauvaises fréquentations, les punir avec modération, mais lorsque cela devient nécessaire ils doivent savoir être plus sévère. De la mauvaise éducation dans la famille viennent t la plupart des maux de ce monde. Le salut de l`enfant dépend d`une discipline sérieuse. Les parents qui laissent grandir leurs enfants dans l`exercice de leur propre volonté se préparent eux-mêmes la verge. Que la maison chrétienne soit un temple chrétien. Les enfants pourront louer Dieu, prier, lire mais aussi chanter, jouer et se réjouir. C`est surtout dans les jours saints que les parents doivent donner a leurs enfants l`aliment de la doctrine chrétienne; qu`ils fassent donc plus d`aumônes que de coutume et pratiquent les œuvres de miséricorde; qu`ils pardonnent les offenses reçues; c`est donner aux enfants une bonne leçon de doctrine chrétienne, et elle ne sera pas perdues.»


C`est ainsi que l`éducation du foyer et de l`école devait seconder les prédications et les instructions religieuses de l`église dans une alliance fidèle.


2 - Prescriptions touchant les prédications

Les actes synodaux et tous les livres d`enseignement destinés à l`instruction du clergé et aux besoins populaires prouvent avec évidence l`importance qu`on attachait a la parole sainte annoncée dans la chaire. Le synode diocésain tenu a Bale en 1503 dit expressément que : « les pasteurs des âmes doivent expliquer tous les dimanches à leurs paroissiens l`Évangile du jour en langue allemande et les instruire en chaire au commencement de chaque Carême sur la manière de se confesser. Les fidèles doivent en ce temps être exhortés sérieusement à venir entendre les prédications et autres instructions. Tous ceux qui annoncent la parole de Dieu doivent insister souvent dans leurs sermons sur la bonne éducation des enfants et soutenir fidèlement les droits des pauvres, des lépreux, des veuves, des orphelins de toute autre personne tombée dans le malheur.»

Le synode de Bamberg en 1491 fait l’obligation aux prédicateurs d`expliquer clairement et intelligiblement le Nouveau Testament et, une fois au moins par an, les dix Commandements.» Là ou une population slave se trouve mêlée a la population allemande, il faut en chaire, avoir égard à l`une et à l`autre en ayant un traducteur qui parle le Wende (langue slave).

Les supérieurs ecclésiastiques restaient fidèles, dans leurs ordonnances, au principe que le célèbres prédicateur et défenseur des constitutions papales, Jean Ulrich Surgant, avait énoncé dans son Manuel de Théologie Pastorale (1503). « La prédication contribue plus que tout autre moyen a la conversion de l`homme. C`est elle surtout qui opère le retour à Dieu du pécheur par la pénitence. Lorsque tu laisses perdre quelque chose de la parole de Dieu, tu commets un aussi grand péché que si, par une négligence sacrilège, tu laissais tomber par terre une parcelle du Corps de Notre Seigneur. On ne saurait exprimer le profit d`un bon sermon prêché par un prêtre pieux et éclairé qui aime Dieu et le salut des âmes, car nulle parole ne surpasse la parole divine, et la plus abondante bénédiction de Dieu se répand sur celui qui prêche et sur tous ceux qui écoutent prêcher avec humilité et sans malice. On puise dans la prédication une ferme résolution de faire de bonnes œuvres; on y trouve la nourriture et la consolation de l`âme, et les biens infinis que dispense la grâce, comme l`ont expérimenté souvent ceux qui entendent volontiers la parole de Dieu.»



3 – Matières des sermons


Les paroissiens étaient fortement exhorter à venir écouter les sermons par devoir chrétiens avec souvent des conséquences pour les récalcitrants. Les seigneurs et responsables chrétiens faisaient leurs devoirs chrétiens envers ceux qui étaient à leurs charges comme les enfants, les serviteurs et servantes. Le comte d`Oettingen disait a ses gens : «celui qui est a mon service et qui refuse d`écouter la prédication du dimanche sera renvoyé de chez moi.»


Prêtres et laïques faisaient dans les églises de nombreuses fondations en faveur des prédicateurs, afin d`assurer a ceux-ci des loisirs illimités qui leur permissent de se livrer à l`étude et à préparer à l`aise leur sermons. Il y avait la conviction que « la prédication  assidue et un enseignement sain de la parole de Dieu apportent à l`homme un profit multiple pendant qu`il est ici-bas et encore dans le temps de la grâce, et l`aident à acquérir la félicité éternelle. «Car, par la prédication, l`intelligence humaine est éclairée et conduite à la connaissance du Dieu Tout-Puissant, et les chrétiens sont ainsi attirés et élevés à l`amélioration de leur vie, a la pratique de la parole de Jésus-Christ et aux bonnes œuvres, de sorte qu`ils deviennent capables de plaire à Dieu. La prédication les encourage puissamment et les attire a l`observation de la loi sainte ( dix commandements).»
On prêchait les sermons de tous les dimanches et fêtes de l`année, pour l`Avent, le Carême; des séries d`instructions sur le Notre Père (Pater), les dix commandements, les sept péchés capitaux et autres sujets, sermons sur les devoirs d`état, sur le mariage, les oraisons funèbres, ect.

Les sermons étaient prêchés en allemand, mais écrits aussi en latin. Le manuel de Théologie Pastorale disait aux prédicateurs : « de faire ce travail avec intelligence, ne pas traduire littéralement, prendre surtout l`esprit de ces sermons préparés puis bien s`enquérir des habitudes de langage du pays où ils prêchent, afin de ne pas s`exposer à employer des expressions non comprises ou d`un sens douteux.»


Les prédicateurs des villes supposaient souvent des connaissances trop élevées a leurs auditeurs et malheureusement beaucoup amenaient en chaire la science de l`école comme par exemple les sermons de Gabriel Biel qui sont en partie de vrais traités sur les points les plus complexes du dogme. Dans les campagnes, le prédicateur se bornait d`ordinaire à rappeler les passages les plus frappants de l`Évangile, qu`ils faisaient suivre d`une leçon de catéchisme ou ils interrogent les vieux et les jeunes pour savoir s`ils ont bien compris.
Les images étaient le principe fondamental de l`instruction religieuse populaire. Pour instruire le peuple par les yeux ont utilisait des scènes dramatiques appelées mystères, des sculptures, des vitraux, des retables, des tableaux, des chemins de Croix.


4 – Enseignement du Catéchisme

On se livrait avec grande attention a des catéchismes populaires illustrés avec des tableaux des dix commandements ou du Credo, et les textes saints.
Les parents, pères, mères, doivent marcher dans cette voie de concert avec l`instituteur : «Interroge souvent tes enfants, dit le Guide de l` âme aux parents, assure toi qu`ils ont bien compris ce qui leur a été dit sur la foi et les commandements, et ce qu`il sont retenus des explications de la doctrine qui leur ont été données à l`école et à l`église. La est leur salut et le tien. Il ne suffit pas de savoir par cœur les paroles du Credo, les commandements, les noms des péchés capitaux et ce qu`ils ont retenu et des sacrements : tout chrétien arrivé à l’âge de raison doit être en état de les réciter couramment.»


Dans le livre La voie du Ciel, Lanzkrana dit encore plus clairement : «L`homme est obligé d`apprendre les dix commandements de Dieu avec grand zèle et de son mieux, dès qu`il est arrivé à l’âge de raison. Non-seulement il doit pouvoir les réciter selon le texte, mais encore comprendre ce à quoi chaque commandement l`engage, et comment il doit l`observer, ou bien ce qu`il lui défend; de quelle manière on le méprise, on le transgresse. De même tout chrétien doit apprendre comment on  pèche par les sept péchés capitaux et ce qui appartient à une vraie pénitence. Qu`il sache aussi ce qu`il doit demander, désirer, espérer de Dieu et l`explication du Notre Père. Voilà ce que les pères et mères doivent apprendre à leurs enfants, les maitres d`écoles à leurs écoliers, les maitres à leurs domestiques, les supérieurs à leurs subordonnés, ou du moins voilà ce qu`ils doivent les engager à apprendre soit par eux-mêmes, soit par le secours d`un autre.»


Parmi les catéchismes proprement dits, le plus ancien connu est le Miroir du chrétien, que le grand prédicateur populaire Dederich Coelde, religieux minime de Munster en Westphalie, fit imprimer en 1470 en allemand. Il est si simple,  si clair, d`un style si ferme et précis que il pourrait servir de nos jours avec autant de profit. La pensée dominante qui l`anime du commencement à la fin est ; Jésus mon tout et tout pour Jésus. Après une instruction sur la foi en général, il traite du symbole des apôtres, des deux principaux commandements sur la charité, des huit autres commandements de Dieu, et des cinq de l`Église. « Comme la foi est le fondement de toutes les vertus et le commencement de la félicité humaine, il est nécessaire et très utile que l`homme bon et vertueux récite souvent le Credo et y réfléchisse tous les jours. Et nous ne sommes pas seulement obligés de croire les douze  articles du symbole, mais encore en tout ce que les saintes Écritures nous révèlent et ce que la Sainte Église nous ordonne de croire. L`homme doit mettre sa foi, son espérance et son amour en Dieu seul, et non dans aucune créature : ceux donc qui mettent dans les saints, plus qu`en Dieu, leur foi, leur espérance et leur amour, pèchent contre le premier commandement.»


Après avoir parlé des commandements, Coelde traite du péché. Il parcourt successivement les sept péchés capitaux, les péchés de participation, les péchés contre le St-Esprit et les autres; puis il en vient a la doctrine de l`absolution, a la contrition, la confession et la satisfaction; il traite ensuite de la doctrine des œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle. Les chapitres sur la prière, l`assistance dévote a la sainte messe et la sanctification de la journée chrétienne sont particulièrement  remarquables. Les devoirs d`état y sont aussi très clairement exposés.

Le chapitre sur la préparation à la mort et sur la confiance unique que nous devons avoir dans les mérites de Jésus-Christ, sur le repentir et la pénitence des péchés qui tirent toute leur efficacité et puissance « de la dure expiation de Notre-Seigneur» est très remarquable.

« Tu ne dois jamais t`imaginer, est-il dit dans une explication des dix commandements (année 1515), et aucun homme ne le doit, qu`il nous soit possible par nous-mêmes d`entrer dans la voie du salut. Nous ne devons pas non plus penser que par nos vertus et nos bonnes œuvres, nous pouvons être sauvés. S`il nous arrive quelque bien, nous en sommes uniquement redevable aux mérites admirables de Jésus-Christ, a la miséricorde sans bornes de Dieu, qui ne veut pas nous juger selon son équité, mais nous faire grâce. C`est dans cette miséricorde que nous devons nous réfugier, prenant notre asile dans l`aimable cœur de Jésus. Le Père très-puissant ne nous méprisera pas, lorsque nous seront abrités dans cette maison paternelle ou il y a beaucoup de demeures.»

Tout chrétien, dit Albert von Eyb dans son Introduction à la perfection chrétienne, doit invoquer Dieu de cette manière :« Je ne puis moi-même me sauver par mes œuvres, mais toi, Seigneur mon Dieu, sauve-moi, aie pitié de moi. Mes mérites ne me donnent nulle consolation, mais je me confie en ta divine miséricorde, tu es mon unique espérance. Hélas! Mon Dieu, c``est envers toi seul que j`ai péché; je te suis assez cher pour que tu aies voulu me sauver. Tu m`as aimé jusqu`au point de daigner me racheter. Ne me laisse pas devenir si indigne de tes regards que tu en viennes à me perdre.»


Geiler de Kaiserberg enseignait aux fidèles cette prière de 1482 : « Très-doux Jésus, en toi est mon unique espérance. Seigneur, je te demande ton Paradis, non à cause de mes mérites, mais en vertu de ta très-sainte Passion par laquelle tu as voulu sauver ton indigne serviteur, lui achetant le paradis au prix de ton sang précieux.»
Les fidèles, dit-il ailleurs, doivent invoquer la St-Vierge ainsi qu`il suit : « Reine des cieux, mère de miséricorde, refuge des pécheurs, réconcilie-moi avec ton Fils unique, et demande grâce pour moi, misérable pécheur.»


Cette vérité que le salut du genre humain est attaché à la Passion de Jésus-Christ, et que nous ne serons sauvés et introduit dans le Paradis que par elle, n`est nulle part exprimée d`une manière plus profonde et plus touchante que dans le livre intitulé : Trésors des vrais richesses du salut ( année 1491) : « Notre force, notre salut, dit l`auteur, notre défense, notre victoire est dans la foi. Si elle est forte en nous, nous serons puissants contre le démon; si elle est faible, nous serons faibles; si nous perdons la foi, ce qu`a Dieu ne plaise, nous perdrons notre défense. Si notre foi est inébranlable, nous sommes supérieurs à tous nos ennemis, qui ne peuvent nous nuire et nous vaincre que s`ils parviennent à l`affaiblir ou à nous la ravir. Que celui donc qui veut résister au démon et remporter sur lui la victoire, se tienne inébranlablement attaché à la foi et la conserve intacte. Lorsque le démon t`attaque par l`orgueil et te fait croire que tu n`as rien à redouter du jugement de Dieu parce que tu as fait ceci ou cela, et tant de bonnes œuvres, et parce que ta bonne vie et sainteté t`ont bien mérité le salut, montre-lui l`article du symbole qui parle de la Passion de Jésus-Christ, comme pour lui dire : Non, avec mes petites œuvres, faibles, imparfaites, sans durée, il serait impossible que j`eusse mérité l`éternelle félicité! Mais voilà Celui qui l`a acquise, Celui, dis-je, qui a souffert pour nous sous Ponce Pilate, qui a été crucifié pour nous, qui est mort pour nous. C`est dans la Passion et les mérites de Celui-là seul que j`espère; c`est sa grâce et sa douceur que j`invoque, par les mérites de tous les saints et de toute la chrétienté.»



Le livre le  Guide de l`âme dit à propos des saints : « L`Église triomphante, c`est-à-dire les saints du Ciel, intercède pour l`Église militante ; car dans la patrie céleste, les saints ont une charité plus ardente que celle qu`ils avaient ici-bas. Sur la terre, ils priaient pour les vivants et les morts; or, comme l`amour ne tarit jamais, ils continuent dans le Ciel à prier pour les vivants, et aussi pour ceux qui sont en Purgatoire. »


Le livre le Petit Jardin de l`Oraison datant de 1516 disait : « Christ, ayez pitié de nous, nous nous adressons à Dieu comme notre Créateur et Sauveur et nous le supplions de nous donner sa grâce et la gloire éternelle, d e nous pardonner nos péchés. Nous demandons aux saints qu`ils nous obtiennent par leurs prières, grâce et pardon auprès de Dieu; car s`ils ne peuvent nous donner la grâce et la gloire, ils peuvent nous l`obtenir par leurs prières. Voilà pourquoi nous disons a Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme en une personne unique : Seigneur, aie pitié de moi, pardonne-moi mes péchés, fais-moi part de ta grâce, donne-moi la vie éternelle! Au lieu que nos disons au saints : O Vierge Marie, prie Dieu pour moi! Obtiens-moi grâce et faveur ! Aide-moi par ton intercession à obtenir la vie éternelle!


La doctrine des indulgences est exposé avec clarté : « L`indulgence, explique Geiler von Kaiserberg, est la rémission d`une faute mais de quelle faute? Il n`est nullement question d`un péché mortel, puisqu`il faut en être exempt pour obtenir l`indulgence. Il ne s`agit pas davantage du châtiment éternel du au péché puisqu`il n`y a pas de rédemption dans l` enfer. Il ne s`agit ici que du châtiment temporel que le pécheur a encore à subir lorsque s`étant repenti et ayant fait pénitence, il a déjà mérité que les peines éternelles du a ses péchés soient changées en peines temporelles. »


Le Guide de l`âme dit : «Sache que l`indulgence ne remet pas les péchés, mais seulement les punitions que les péchés ont méritées; sache que tu ne gagneras aucune indulgence si tu es dans le vice, si auparavant tu ne t`es confessé, si tu ne t`es sincèrement repenti et si tu n`as pas dans le cœur le ferme propos de te corriger. Sans toutes ces choses, rien ne t`aideras. Dieu est clément et miséricordieux, et il a donné à la sainte Église le pouvoir de délier les péchés ainsi qu`un grand trésor de grâces, mais il ne les dispense pas à celui qui n`est pénitent qu`en apparence et s`imagine pouvoir obtenir le Ciel par des œuvres extérieures.»


Un manuel de catéchisme plus étendu, livre de piété en même temps que livre dogmatique, c`est la Consolation de l`âme ( Seelentrost) un des plus beaux ouvrages de la prose allemande au quinzième siècle. « J`ai l`intention d`écrire en allemand dit l`auteur resté inconnu, un livre tiré de l`Écriture sainte pour la louange de Dieu et l`édification de mes frères les chrétiens; je veux composer ce livre de fleurs cueillies par bien des mains, et il s`appellera la Consolation de l`âme; j`y parlerai des dix commandements, des sacrements, des béatitudes, des six œuvres de miséricorde, des sept fêtes de Notre-Seigneur, des sept dons du St-Esprit, des sept péchés mortels, des sept vertus cardinales et de tout ce que Dieu m`inspirera. Ce qui n`est pas conforme à la vérité, je le laisserai de côté, et je ne choisirai que ce qu`il y a de meilleur, que ce qui est pur et consolant. Je ferai comme le médecin qui cherche des plantes utiles pour en composer des remèdes, ou bien comme la colombe qui choisit les plus beaux grains pour s`en nourrir. Je demande à tous ceux qui le liront de prier Dieu pour moi, afin que je profite de leur prière et que je parvienne avec eux là où nous trouverons l`éternelle consolation de nos âmes. Que le Père, le Fils et le St-Esprit nous aident à l`obtenir!» L`explication de chaque commandement est suivie d`anecdotes destinées à enseigner, a conseiller, à avertir. Elles sont d`une délicatesse de sentiments et d`une beauté de style remarquables.


5– Examen de conscience

Comme on attachait une grande importance à la digne réception des sacrements de pénitence et d`Eucharistie, la plupart des livres d`instruction religieuse paraissaient annuellement, sous forme de manuels de confession, examens de conscience, traités sur les dix commandements, sur les diverses sortes de péchés, sur la préparation à la sainte communion.  

Parmi les livres dogmatiques sur la confession, le livre de Jean Wolff, vicaire de l`Église St-Pierre de Francfort-sur-le-Mein brille au premier rang ( année 1478). Il commence par une excellente instruction adressée aux enfants qui se préparent à se confesser pour la première fois, et contient à la suite de l`examen sur les dix commandements, des chapitres sur la foi, l`espérance et la charité, sur les sacrements, les diverses sortes de péché, la contrition, la confession et la satisfaction. « Le pénitent, s`examinant d`après l`examen de conscience qu`il trouve en ce livre, doit se demander, par exemple, s`il a mis toute sa confiance en Dieu seul. S`il n`en est pas ainsi, il doit s`en accuser, et dire : J`ai mis mon espérance de salut éternel, ou dans un saint, ou dans une créature, car il faut mettre en Dieu seul toute espérance de pardon, de grâce et de salut. »


Sur le repentir nécessaire pour obtenir le pardon de ses péchés, il est dit : « Il faut que tu saches qu`il y a diverses manières d`éprouver du repentir, de la douleur et du chagrin de ses fautes. La première c`est quand l`homme remarque et comprend que ses péchés mortels sont opposés à la vie vertueuse et morale. Alors un grand déplaisir et dépit vient dans son cœur a la pensée de ses péchés. Les païens, les Juifs et les Turcs éprouvent la même douleur. La seconde c`est lorsque l`homme remarque et réfléchit que, par ses péchés mortels  il a perdu et gaspillé son bon renom, et qu`il ne sera plus cru ni estimé parmi les hommes; alors ses péchés lui causent du repentir parce que il a perdu sa bonne réputation et que il en a maintenant une mauvaise, étant considéré comme adultère, voleur, meurtrier, ect. La troisième, c`est quand l`homme songe qu`un seul de ses péchés mortels le jettera dans le feu éternel de l`enfer; alors une grande douleur nait dans son cœur a la pensée que si il est surpris par la mort dans l`état ou il est, il sera éternellement damné. L`homme se repent encore d`une autre manière, c`est quand il réfléchit que le péché mortel le privera de la vue du Dieu Tout-Puissant et de la béatitude éternelle; alors la douleur de ses péchés se fait jour dans son cœur à l`idée qu`ils lui ont ravi la félicité du Ciel. Dans toutes ces douleurs l`homme ne cherche uniquement que son honneur et son profit; il ne désire fuir que ce qui lui est désavantageux, le déshonneur, les peines personnelles, ainsi il se cherche lui-même, uniquement, et non l`honneur et la gloire de Dieu. Or, il faut que tous ceux qui sont coupables de péché mortel en viennent a les regretter uniquement parce qu`ils ont péché contre le Très-Haut, Très Parfait et Tout Puissant Seigneur, leur Créateur, leur Père et souverain Rédempteur; contre son amour paternel, insondable, et contre son honneur et sa gloire, outrageant par le péché mortel ses ordres divins (Ordonnances et Commandements) et sa volonté. Lorsque l`homme ressent une telle douleur dans son cœur avec une forte et ferme résolution de ne jamais plus rien faire contre l`honneur de son Maitre, lorsqu`il est résolu à confesser ses péchés, à faire pénitence, et met ensuite son espérance dans la miséricorde infinie de Dieu et dans la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, alors les péchés mortels sont effacés de son âme et pardonnés, et l`amour créateur de Dieu lui est de nouveau donné et infusé; de telle sorte que cette âme retrouver sa belle parure, qu`elle est ornée et revêtue de nouveau par la grâce, et redevient le temple de Dieu. Avant et pendant la confession, tout chrétien doit s`exciter soigneusement au repentir et à la douleur. »


6 – Livres de piété, évangéliaires


Avec les livres d`enseignement religieux et les manuels pour la confession, paraissaient encore en abondance des récits de la vie de Jésus-Christ «tirés des quatre évangélistes et accompagnés de courtes instructions chrétiennes» , puis ce qu`on appelait les Plenaries ( Livres des Évangiles), qui contenaient des explications en allemand de la sainte-messe. Le nombre des livres de piété, de vie de saints, de légendes pieuses, grossissait d`année en année :« Il est très utile pour les chrétiens de posséder et de lire journellement des livres d`édification sur les vertus et les vices, sur l`Incarnation, la vie et la passion de Jésus-Christ, la vie, les saintes actions et les tourments des saints apôtres, martyrs, confesseurs et vierges, les homélies et les sermons des saints, car ils nous incitent a améliorer note vie, aux bonnes mœurs, a la crainte de l`enfer et a l`amour de la patrie céleste, disait Jean Busch. »


Une attention toute particulière doit être accordée aux livres d`enseignement religieux connus sous le nom de Plenaries. De 1470 à 1519, il en parut 99 éditions et remaniements en Allemand. Ces livres contiennent les épitres et les évangiles de l`année ecclésiastique, avec leur explication. Dans les éditions augmentées, on trouve encore le texte allemand des prières de la messe pour tous les dimanches et fêtes, les explications de la liturgie, et des récits instructifs autant que saisissants destinés à graver dans les esprits d`une façon durable et pénétrante les conseils du pieux livre.

Si l`on n`avait conservé de cette époque d`autres livres d`enseignement que les Plenaries, ils nous fourniraient à eux seuls la preuve que pour l`instruction religieuse du peuple, il fut fait davantage à cette époque que dans les temps qui l`ont précédé ou suivie.  En effet, quant au fond, ces livres sont supérieurs, sous bien des rapports, a ce qui se publie aujourd`hui dans le même genre, et certains d`entre eux peuvent compter parmi les meilleurs ouvrages qu`ait produit la prose allemande.

Tous ces livres à l`usage général du peuple montrent que les enfants et les adultes étaient instruits dans les plus hautes vérités du salut et conduits à une vie chrétienne vraiment solide. Nulle part on entend parler d`un salut seulement par les bonnes œuvres, d`un culte idolâtre des saints, ni d`une doctrine faussée sur les indulgences.
A travers les scories brille l`or pur d`une foi inébranlable en la puissance suprême qui anime et gouverne tous les êtres, est partout présente, abrite paternellement les bons, ébranle les chancelants, et brise, dans sa redoutable vengeance, les audacieux et les révoltés.

Dans l`ensemble des livres employés et reconnus par l`Église on trouve la doctrine la plus pure, la plus authentique, la plus orthodoxe. La note fondamentale qui y domine est bien rendue par les paroles d`un Exercice pour se préparer à la sainte Communion, édité a Bale et souvent réimprimé : « Entre dans l`intime de ton  cœur. Trouves-y Jésus crucifié; cache-toi dans ses plaies sacrées. Loin de toi toute confiance en tes propres mérites; tout ton salut ne se trouve que dans la Croix de Jésus-Christ. Met-y donc avec joie ton unique espérance. »



7 – Traductions allemandes de la Bible


Le nombre de traductions de l`Ancien et du Nouveau Testament, soit complètes, soit en parties séparées, était en effet considérable. On compte onze éditions des psaumes parues avant 1513; vingt-cinq antérieurement à 1518, des Évangiles et des Épitres.  Comme les livres de dévotions et d`enseignement, la plupart des éditions de la Bible étaient ornées de beaucoup de gravures, afin, comme le disait l`auteur de la Bible de Cologne ( 1470-1480) que le lecteur se trouvât plus attiré à prendre fréquemment en main la sainte Bible. C`était aussi le but qu`on se proposait dans les Évangéliaires comme cela y est expressément et maintes fois répété. « Ils doivent servir à porter les fidèles à la lecture assidue et aimée de la Bible, particulièrement à celle de l`Évangile, dont la force et la vérité dépassent toutes les autres parties de l`Écriture sainte. »

L`éditeur de l`Évangéliaire de Bale s`exprime de la même manière  et il pose en principe que tout Chrétien raisonnable doit étudier la Bible : « Nous aurons à rendre un compte bien sévère a Dieu de l`emploi de notre temps, car le temps présent est appelé le temps de la grâce, il est infiniment précieux aux hommes pieux et bons. Il faudrait donc conseiller à tout Chrétien sensé de lire volontiers en toute occasion la sainte Écriture, afin qu`il apprenne à connaitre Dieu, son Créateur et son Seigneur; car les grâces que l`homme peut obtenir de Dieu en la lisant ou l`écoutant sont inexprimables ; surtout il faut se conduire d`après ce qu`on lit, car l`Apôtre St-Jacques a dit dans le quatrième chapitre de son Épitre : « Celui qui sait le bien qu`il doit faire et ne le fait pas, est coupable de péché.»



Il énumère ensuite les grâces diverses accordées à ceux qui lisent et écoutent la sainte Écriture : « Sache donc qu`il n`est point d`inquiétude ni d`épreuve si grandes qui ne soient consolées certainement par la grâce du St-Esprit pendant la lecture de la sainte-Écriture, pourvu qu`en lisant, tu mettes toute ta confiance en Dieu, et la prennes fidèlement a cœur; car celui dont la foi est faible reste sans secours et sans grâce, au lieu que la foi ferme et vigoureuse trouve partout la force et la consolation au milieu de grâces abondantes. C`est pourquoi Jésus-Christ, notre cher Seigneur, disait a St-Pierre qui se croyait en péril de mort sur les eaux : « O homme de peu de foi, pourquoi doutes-tu de ma puissance et de ma force?» «Il faut, dit-il encore, distinguer cinq classes de lecteurs : les premiers lisent seulement pour savoir, non pour agir, et afin de pouvoir reprendre les autres, et cela s`appelle vanité orgueilleuse. Les seconds ne lisent que pour s`entendre louer et passer pour des  hommes éclairés et savants. Les troisièmes étudient et lisent afin de tirer profit de leur savoir, et dans toute leur science il n`y a qu`une laide cupidité. Les quatrièmes étudient, lisent et écoutent afin de pouvoir instruire et enseigner beaucoup d’âmes, et faire ainsi la volonté de Dieu, cherchant aussi eux-mêmes, par tous leurs efforts a devenirs meilleurs, et c`est là la véritable charité. Les cinquièmes et derniers cherchent avec tout le zèle possible à s`instruire et à s`améliorer, et c`est la une vertueuse et sage prévoyance. La lecture des deux dernières classes de lecteurs est louable, pourvu qu`ils ne se laissent pas enfler par l`orgueil, ni séduire par l`hypocrisie et la vaine gloire.»



On lit dans un petit livre intitulé : Livret singulièrement utile et consolant datant de 1508 :« O Seigneur Jésus-Christ, éclaire mon entendement et ouvre mes sens, afin que je puisse comprendre ta parole, que j`y puise le repentir et la douleur de mes péchés, et que je sois enflammé d`une vraie dévotion; apprend-moi à mettre à profit toutes les lectures que je fais dans la sainte-Écriture, pour que je puisse avancer dans la prière fervente, la bonne méditation et contemplation; car heureux Seigneur, est l`homme que tu enseignes et auquel tu apprends ta sainte loi! O Seigneur Jésus-Christ, apprends-moi à comprendre ce que je lis, afin que je puisse l`accomplir véritablement par le cœur et les œuvres.»


Le livre le Petit Jardin Béni ( année 1509) dit de même : « Lis et médite avec zèle la sainte-Écriture, surtout les Épitres et les Évangiles des dimanches et des jours de fête. Mais sache bien que tu ne peux le faire avec profit si tu n`en demande d`abord au St-Esprit la vraie intelligence, et si tu ne commences pas par te repentir de tes péchés, absolument comme si tu allais te confesser. Si tu es orgueilleux, toute lecture te sera nuisible. Ce que tu ne comprends pas dans la sainte-Écriture, passe-le, et remets-t `en a l`Église; elle interprète tout avec vérité, et elle seule en a le pouvoir. »


La Bible est le champ du Seigneur, écrivait Charité Pirkheimer, abbesse de Nuremberg; la science divine y tire l`amande de son enveloppe, l`esprit de la lettre, l`huile du rocher et la fleur des épines.



8 - Les livres savants et recueils de de récit moraux


Les auteurs de livres graves, savants, purement didactiques y mélangeaient souvent pour égayer leurs ouvrages de nouvelles détachées sérieuses ou plaisantes.  Le livre Consolation de l`âme  renferment des contes, des nouvelles comme par exemple l`histoire si connue de Fridolin et du méchant Thierry. A la fin du siècle ( vers 1493) on possédait déjà trois volumineux recueils de récits moraux, soit historiques, soit romanesques, et de nombreux Miroirs contenant de pieux exemples à l`usage des fidèles.

Les fables étaient aussi misent a profit pour moraliser et instruire. Le duc Eberard im Bart de Wurtemberg fit traduire du latin les fables orientales de Bidpai, qu`il intitula le livre des exemples des anciens sages (1483). Les fables de Cyrille, ou livre de la sagesse naturelle, parurent à Augsbourg en 1490.  La vie d`Ésope le fabuliste paru en 1464 et cet ouvrage fut très apprécié à l`époque. « Le lecteur doit ici faire comme l`abeille soit de rechercher non la couleur des fleurs, mais le miel; non le récit, mais la morale, afin de s`en servir pour nourrir son âme; car celui qui ne lirait ce livre que pour s`amuser a de jolis contes ferait comme le coq de la fable qui préférait un grain de mil a une pierre précieuse. »



9- Vie scolaire


On obtenait de la  jeunesse studieuse des choses extraordinaires. Jean Eck né en 1486 parcourut le cours complet des classiques latins entre sa neuvième et la douzième année. On expliquait a l`enfant les auteurs anciens et modernes, les fables d’Ésope, une comédie d`Arétinus, l`élégie d`Alda de Garin de Vérone, le traité attribué à Sénèque sur les quatre vertus cardinales, les lettres de Gasparin, un hymne de Gerson en l`honneur de St-Joseph, deux ouvrages de Boèce, le prologue de St-Jérôme sur la Bible, Térence, les 5 premiers livres de l`Énéide. Il dut apprendre des notions de philosophie et de jurisprudence, et étudier les Peres de l`Église. « On m`exerçait, sur les cinq traité de dialectique de Pierre d`Espagne. Après le repas, je lisais a mon oncle les livres de Moise, les livres historiques de l`Ancien Testament, les quatre Évangiles et les Actes des Apôtres. Je lus un ouvrage sur les quatre fins dernières, un autre sur les âmes, une partie des discours de St-Augustin aux solitaires; le livre d`Augustin d`Ancône sur la puissance de l`Église et une introduction a l`étude du droit. J`appris par cœur et en ordre les quatre chapitres du troisième livre des Décrétales, avec les règles et principe du droit par Panormiton. J`ai aussi étudié les Bucoliques, le Théodule, le traité de Cicéron sur l`amitié, l`introduction de St-Basile aux études d`humanités et la guerre de Troie d`Homère.» Ainsi préparé il entre a l`université d`Heidelberg a 13 ans.


10 – L`indiscipline dans l`Église allemande avant la révolte protestante


Parmi les membres du clergé si nombreux a l`époque, surtout dans les villes épiscopales, les contrastes sont grands. Le bas-clergé, chargé du ministère des âmes n`a aucun appontement fixe en dehors du casuel et des dimes souvent fort incertaines. La pauvreté, le désir d`acquérir, le poussent fréquemment a des expédients peu en rapport avec la sainteté de sa vocation et l`exposent au mépris populaire.

Le haut clergé, au contraire, nage dans l`abondance et le luxe, et trop souvent ne se fait aucun scrupule d`étaler son faste, révoltant ainsi les pauvres, excitant dans les hautes classes la soif des richesses, blessant, scandalisant tous les esprits sérieux. Jean Butzbach déplorait ces abus : « Nos prélats, bouffis d`orgueil, sont habillés du drap anglais le plus fin. Ils portent barrette sur la tête, leurs mains chargées de bagues de prix est fièrement posée sur la hanche. Ils se pavanent orgueilleusement sur des chevaux de prix et sont suivis d`une domesticité nombreuse portant une livrée éclatante. Ils bâtissent de splendides demeures et se livre a des festins fastueux. Les biens des pieux donateurs sont dissipés dans les  bains, les festins, les chevaux rares, les chiens, les faucons pour la chasse tandis que le soin des âmes est abandonné.»


Les prélats mettent à la tête des paroisses des pasteurs peu dignes. La plupart ne pensent qu`accumuler des bénéfices et cherchent à se surpasser les uns les autres par leur faste et plaisirs voluptueux. « C`est un signe d`une étrange folie, disait Geller de Kaiserberg, de préférer pour les haute-charges de l`Église ceux qui sont d`une naissance illustre a ceux qui sont tout simplement honnête et sage. Cette folie est surtout commune en Allemagne.» « Pour diriger l`Église, on fait choix d`ignorants, gens habitués au luxe, adonnés aux plaisirs, qui ne savent rien, et n`ont d`autres qualités que celle de leur illustre origine familiale. Autrefois il n`en était pas ainsi, on cherchait des hommes pieux, instruits, sans prendre garde a la médiocrité de leur naissance.»


Thomas Murner fait entendre la même plainte dans son livre l`Évocation des fous. «Depuis que le diable a conduit la noblesse dans le domaine ecclésiastique, depuis qu`on ne veut avoir d`Évêque qui ne soit de haute naissance, tout va de travers! Le diable a usé bien des souliers avant de faire porter le mitre a tous les fils de princes.»


Ces abus et scandales venus de la mauvaise organisation ecclésiastique sont systématiquement mis à profit par la jeune école des humanistes qui s`est peu à peu élevée dans la considération du publique.

Fin de l`extrait

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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