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Enseignements de l'Église

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Enseignements de l'Église Empty Enseignements de l'Église

Message par jaimedieu Sam 16 Aoû 2014 - 20:02

N.B. Si une personne désire émettre un commentaire, une critique ou une suggestion, il serait préférable de la poster sous "Annonces et Suggestions" ou tout autre fil, et ce, afin d'éviter de "briser" la continuité des posts mis en ligne. Merci de votre compréhension et de votre collaboration.

Introduction aux enseignements de l'Église

Pour cette introduction, j'ai pensé qu'il serait utile présenter certaines définitions concernant la provenance de ceux-ci:

EXHORTATION APOSTOLIQUE

Une exhortation apostolique est un texte voisin de l'encyclique, par son esprit et ses destinataires. À la différence de l'encyclique, l'exhortation plaide toujours pour inciter à s'engager dans telle ou telle activité, ou pour prendre une voie particulière.

L'exhortation apostolique est qualifiée de exhortation apostolique post-synodale quand elle est publiée à la suite d'un synode épiscopal réunissant les évêques des différentes parties du monde. Dans ce cas, l'exhortation apostolique traduit la conclusion du pape sur le thème du synode et la vision commune qui s'en est dégagée.

S'ils n'ont pas la valeur juridique d'une encyclique, ces actes pontificaux sont rendus publics sur une base régulière.

ENCYCLIQUE

Une encyclique (en latin encyclia, de l'adjectif grec ἐγκύκλιος / enkuklios d'après κύκλος / kuklos, « cercle ») est une lettre adressée par le pape à tous les évêques, et parfois également à l'ensemble des fidèles. C'est une lettre « circulaire ».

Une encyclique se rattache à la mission d'enseignement du pape. Elle est destinée à exposer à ses destinataires la position officielle de l'Église catholique sur un thème précis. Le plus souvent, celui-ci se situe hors des questions d'actualité, ce qui donne à l'enseignement une portée générale et relativement permanente. Cependant, l'opportunité de traiter un thème particulier est souvent appréciée en fonction de l'état du monde ; et les encycliques comportent parfois des mises en garde plus précises, voire des condamnations spécifiques.

Tout en étant formellement destinée aux évêques, la lettre s'adresse en pratique à tous les fidèles, confiés à l'enseignement de leur évêque respectif, et présente un intérêt pour toute personne intéressée par la position de l'Église. Néanmoins, sauf mention contraire, l'encyclique n'engage pas l'infaillibilité pontificale : un fidèle reste libre de ne pas suivre cet enseignement si sa conscience le lui dicte, tout en restant dans l'Église.

LETTRE APOSTOLIQUE

Une lettre apostolique est une forme d'exhortation apostolique rédigée en s'adressant à un destinataire particulier et non à l'ensemble des évêques (comme le fait une exhortation apostolique ou une encyclique). Le pape publie ainsi une lettre ouverte d'intérêt général pour l'Église.

CONSTITUTION APOSTOLIQUE

En diplomatique vaticane, une constitution apostolique (du latin constitutio apostolica) est un acte émanant du pape. Le terme constitution correspond ici à un sens large, et désigne un texte équivalent à une loi dans le domaine civil. Le qualificatif apostolique signifie simplement qu'elle est issue du siège apostolique : une constitution apostolique est une loi que le pape promulgue au titre de son autorité de gouvernement général sur l'Église.
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Message par jaimedieu Dim 17 Aoû 2014 - 15:53

EXHORTATION APOSTOLIQUE
POST-SYNODALE
VERBUM DOMINI
DU PAPE
BENOÎT XVI
AUX ÉVÊQUES, AU CLERGÉ,
AUX PERSONNES CONSACRÉES
ET AUX FIDÈLES LAÏCS
SUR LA PAROLE DE DIEU
DANS LA VIE ET DANS LA MISSION
DE L'EGLISE

Introduction

Pour que notre joie soit parfaite [2]
De Dei Verbum au Synode sur la Parole de Dieu [3]
Le Synode des Évêques sur la Parole de Dieu [4]
Le Prologue de l’Évangile de Jean comme guide [5]

PREMIERE PARTIE
VERBUM DEI

Le Dieu qui parle


Dieu en dialogue [6]
Analogie de la Parole de Dieu [7]
Dimension cosmique de la Parole [8]
La création de l’homme [9]
Le réalisme de la Parole [10]
Christologie de la Parole [11-13]
Dimension eschatologique de la Parole de Dieu [14]
La Parole de Dieu et l’Esprit Saint [15-16]
Tradition et Écriture [17-18]
Écriture Sainte, inspiration et vérité [19]
Dieu Père, source et origine de la Parole [20]

La réponse de l'homme à Dieu qui parle

Appelés à entre dans l’Alliance avec Dieu [22]
Dieu écoute l’homme et répond à ses demandes [23]
Dialoguer avec Dieu à travers ses paroles [24]
La Parole de Dieu et la foi [25]
Le péché comme non-écoute de la Parole de Dieu [26]
Marie, « Mère du Verbe de Dieu » et « Mère de la foi » [27-28]

L’herméneutique de l’Écriture sainte dans l’Église

L’Église, lieu originaire de l’herméneutique de la Bible [29-30]
« L’âme de la théologie sacrée » [31]
Développement de la recherche biblique et Magistère ecclésial [32-33]
L’herméneutique biblique conciliaire : une indication à recevoir [34]
Le péril du dualisme et l’herméneutique sécularisée [35]
Foi et raison dans l’approche de l’Écriture [36]
Sens littéral et sens spirituel [37]
Le nécessaire dépassement de la lettre [38]
L’unité intrinsèque de la Bible [39]
Le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament [40-41]
Les pages « obscures » de la Bible [42]
Chrétiens et Juifs face aux Écritures [43]
L’interprétation fondamentaliste de la Sainte Écriture [44]
Le dialogue entre Pasteurs, théologiens et exégètes [45]
Bible et œcuménisme [46]
Conséquences sur l’organisation des études théologiques [47]
Les saints et l’interprétation de l’Écriture [48-49]

DEUXIEME PARTIE
VERBUM IN ECCLESIA

La Parole de Dieu et l’Église

L’Église accueille la Parole [50]
La présence actuelle du Christ dans la vie de l’Église [51]

La liturgie, lieu privilégié de la Parole de Dieu

La Parole de Dieu dans la sainte liturgie [52]
La Sainte Écriture et les Sacrements [53]
La Parole de Dieu et l’Eucharistie [54]
La sacramentalité de la Parole [56]
La Sainte Écriture et le Lectionnaire [57]
Proclamation de la Parole et ministère du lectorat [58]
L’importance de l’homélie [59]
L’opportunité d’un Directoire homilétique [60]
Parole de Dieu, Réconciliation et Onction des malades [61]
Parole de Dieu et Liturgie des Heures [62]
La Parole de Dieu et le Livre des Bénédictions [63]
Suggestions et propositions concrètes pour l’animation liturgique [64]
a) Célébrations de la Parole de Dieu [65]
b) La Parole et le silence [66]
c) Proclamation solennelle de la Parole de Dieu [67]
d) La Parole de Dieu dans l’église [68]
e) Exclusivité des textes bibliques dans la liturgie [69]
f) Chant liturgique bibliquement inspiré [70]
g) Attention particulière aux aveugles et aux sourds [71]

La Parole de Dieu dans la vie ecclésiale

Rencontrer la Parole de Dieu dans la Sainte Écriture [72]
L’animation biblique de la pastorale [73]
Dimension biblique de la catéchèse [74]
Formation biblique des chrétiens [75]
La Sainte Écriture dans les grands rassemblements ecclésiaux [76]
Parole de Dieu et vocations [77]
a) Parole de Dieu et ministres ordonnés [78-81]
b) La Parole de Dieu et les candidats à l’Ordination [82]
c) Parole de Dieu et Vie consacrée [83]
d) La Parole de Dieu et les fidèles laïcs [84]
e) La Parole de Dieu, le mariage et la famille [85]
La lecture orante de la Sainte Écriture et la Lectio divina [86-87]
La Parole de Dieu et la prière mariale [88]
La Parole de Dieu et la Terre Sainte [89]

TROISIEME PARTIE
VERBUM MUNDO

La mission de l’Église : annoncer la Parole de Dieu


La Parole du Père et vers le Père [90]
Annoncer au monde le Logos de l’espérance [91]
De la Parole de Dieu vient la mission de l’Église [92]
La Parole et le Règne de Dieu [93]
Tous les baptisés responsables de l’annonce [94]
La nécessité de la missio ad gentes [95]
Annonce et nouvelle Évangélisation [96]
Parole de Dieu et témoignage chrétien [97]

Parole de Dieu et engagement dans le monde

Servir Jésus dans « ces petits qui sont ses frères » (cf. Mt 25,40) [99]
La Parole de Dieu et l’engagement dans la société en faveur de la justice [100]
L’annonce de la Parole de Dieu, la réconciliation et la paix entre les peuples [102]
La Parole de Dieu et la charité agissante [103]
L’annonce de la Parole de Dieu et les jeunes [104]
L’annonce de la Parole de Dieu et les migrants [105]
L’annonce de la Parole de Dieu et les personnes qui souffrent [106]
L’annonce de la Parole de Dieu et les pauvres [107]
La Parole de Dieu et la sauvegarde de la création [108]

La Parole de Dieu et la culture

La valeur de la culture pour la vie de l’homme [109]
La Bible, un grand trésor pour les cultures [110]
La connaissance de la Bible dans les écoles et les universités [111]
La Sainte Écriture à travers les différentes expressions artistiques [112]
La Parole de Dieu et les moyens de communication sociale [113]
La Bible et l’inculturation [114]
Les traductions et la diffusion de la Bible [115]
La Parole de Dieu dépasse les limites des cultures [116]

La Parole de Dieu et le dialogue interreligieux

La valeur du dialogue interreligieux [117]
Le dialogue entre Chrétiens et Musulmans [118]
Le dialogue avec les autres religions [119]
Le dialogue et la liberté religieuse [120]

CONCLUSION

La Parole définitive de Dieu [121]
La nouvelle Évangélisation et la nouvelle écoute [122]
La Parole et la joie [123]
« Mater Verbi et Mater laetitiae » [124]
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Message par jaimedieu Dim 17 Aoû 2014 - 15:59

INTRODUCTION

1. « LA PAROLE DU SEIGNEUR demeure pour toujours. Or cette parole, c’est l’Évangile qui vous a été annoncé » (1 P 1, 25 ; cf. Is 40, 8). Avec cette expression de la Première Lettre de saint Pierre, qui reprend les paroles du prophète Isaïe, nous sommes placés face au mystère de Dieu qui se communique lui-même par le don de sa Parole. Cette Parole, qui demeure pour toujours, est entrée dans le temps. Dieu a prononcé sa Parole éternelle de façon humaine ; son Verbe « s’est fait chair » (Jn 1, 14). C’est cela la bonne nouvelle. C’est l’annonce qui traverse les siècles, pour arriver jusqu’à nous aujourd’hui. La XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, célébrée au Vatican du 5 au 26 octobre 2008, a eu pour thème La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. Ce fut une profonde expérience de rencontre avec le Christ, Verbe du Père, qui est présent là où deux ou trois sont réunis en son nom (cf. Mt 18, 20). Par cette Exhortation apostolique post-synodale, j’accueille volontiers la demande des Pères de faire connaître au Peuple de Dieu tout entier la richesse ressortie des assises vaticanes et les indications exprimées dans le travail commun. Dans cette perspective, j’entends reprendre tout ce qui a été élaboré par le Synode, tenant compte des documents présentés : les Lineamenta, l’Instrumentum laboris, les Relations ante et post disceptationem et le texte des interventions, lues en séance et in scriptis, les comptes rendus des groupes de travail et de leurs échanges, le Message de conclusion adressé au Peuple de Dieu et surtout certaines propositions spécifiques (Propositiones) que les Pères ont retenues comme étant d’un intérêt particulier. De cette façon, je désire indiquer quelques lignes fondamentales pour une redécouverte dans la vie de l’Église, source de renouvellement constant, souhaitant en même temps qu’elle devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale.

Pour que notre joie soit parfaite

2. Je voudrais avant tout faire mémoire de la beauté attrayante de la rencontre renouvelée avec le Seigneur Jésus expérimentée au cours de l’Assemblée synodale. Pour cela, faisant écho à la voix des Pères, je m’adresse à tous les fidèles avec les paroles de saint Jean dans sa première lettre : « Nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ » (1 Jn 1, 2-3). L’Apôtre utilise les verbes entendre, voir, toucher et contempler (cf. 1 Jn 1, 1) le Verbe de Vie, puisque la Vie elle-même s’est manifestée dans le Christ. Et nous, appelés à la communion avec Dieu et entre nous, nous devons être des messagers de ce don. Dans cette perspective kérygmatique, l’Assemblée synodale a été pour l’Église et pour le monde un témoignage de la beauté de la rencontre avec la Parole de Dieu dans la communion ecclésiale. Par conséquent, j’exhorte tous les fidèles à redécouvrir l’expérience de la rencontre personnelle et communautaire avec le Christ, Verbe de Vie qui s’est rendu visible, et à s’en faire les messagers pour que le don de la vie divine, la communion, s’étende toujours davantage dans le monde entier. En effet, participer à la vie de Dieu, Trinité d’Amour, est plénitude de joie (cf. 1 Jn 1, 4). Et c’est un don et une tâche incontournable de l’Église de communiquer la joie qui vient de la rencontre avec la Personne du Christ, Parole de Dieu présente au milieu de nous. Dans un monde qui souvent ressent Dieu comme superflu ou étranger, nous confessons comme Pierre que Lui seul a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci : ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).

De « Dei Verbum » au Synode sur la Parole de Dieu

3. Avec la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques sur la Parole de Dieu, nous sommes conscients d’avoir pris pour thème, en un certain sens, le cœur même de la vie chrétienne, en continuité avec la précédente Assemblée synodale sur l’Eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Église. En effet, l’Église est fondée sur la Parole de Dieu, elle en naît et en vit. Tout au long des siècles de son histoire, le Peuple de Dieu a toujours trouvé en elle sa force et aujourd’hui encore la communauté ecclésiale grandit dans l’écoute, dans la célébration et dans l’étude de la Parole de Dieu. On doit reconnaître qu’au cours des dernières décennies la sensibilité de la vie ecclésiale sur ce thème s’est accrue, avec une attention particulière à la Révélation chrétienne, à la Tradition vivante et à la Sainte Écriture. À partir du pontificat du Pape Léon XIII, il y a eu un crescendo d’interventions susceptibles de faire prendre une plus grande conscience de l’importance de la Parole de Dieu et des études bibliques dans la vie de l’Église, et qui a culminé avec le Concile Vatican II, de façon particulière avec la promulgation de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum. Elle représente une borne milliaire sur le chemin ecclésial : « Les Pères synodaux reconnaissent avec gratitude les grands bénéfices apportés par ce document à la vie de l’Église, au point de vue exégétique, théologique, spirituel, pastoral et œcuménique ». Au cours de ces années, la conscience de « l’horizon trinitaire, historique et salvifique de la Révélation» et la reconnaissance de Jésus Christ, comme « le médiateur et la plénitude de toute la Révélation » ont particulièrement grandi. L’Église confesse sans cesse à toutes les générations que le Christ, « par toute sa présence et par toute la manifestation de lui-même, par ses paroles et ses œuvres, par ses signes et ses miracles, mais surtout par sa mort et sa résurrection glorieuse d’entre les morts, enfin par l’envoi de l’Esprit de vérité, achève la Révélation en l’accomplissant ».

La grande impulsion que la Constitution Dei Verbum a donnée à la redécouverte de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église, à la réflexion théologique sur la Révélation divine et à l’étude de la Sainte Écriture, est connue de tous. Nombreuses ont aussi été les interventions du Magistère ecclésial en ces matières au cours des quarante dernières années. Avec la célébration de ce Synode, l’Église, dans la conscience de la continuité de son propre parcours sous la conduite de l’Esprit Saint, s’est sentie appelée à approfondir davantage le thème de la Parole divine, à la fois pour vérifier la mise en œuvre des indications conciliaires, et pour faire face aux nouveaux défis que le temps présent lance à ceux qui croient dans le Christ.

Le Synode des Évêques sur la Parole de Dieu


4. Durant la XIIe Assemblée synodale, des Pasteurs provenant du monde entier se sont réunis autour de la Parole de Dieu et ont symboliquement mis au centre de l’Assemblée le texte de la Bible pour redécouvrir ce que dans le quotidien nous risquons de tenir pour acquis : le fait que Dieu parle et répond à nos demandes. Nous avons écouté et célébré ensemble la Parole du Seigneur. Nous nous sommes raconté mutuellement ce que le Seigneur accomplit dans le Peuple de Dieu, partageant espérances et préoccupations. Tout cela nous a rendus conscients que nous ne pouvons approfondir notre relation avec la Parole de Dieu qu’à partir du « nous » de l’Église, dans l’écoute et dans l’accueil réciproque. De là, jaillit la gratitude pour les témoignages sur la vie ecclésiale dans les diverses régions du monde, qui ressortent des différentes interventions dans l’aula. De la même manière, il fut également émouvant d’écouter les Délégués fraternels, qui ont accueilli l’invitation à participer à la rencontre synodale. Je pense en particulier à la méditation que nous a offerte Sa Sainteté Bartholoméos Ier, Patriarche œcuménique de Constantinople, pour laquelle les Pères synodaux ont exprimé une profonde reconnaissance. En outre, pour la première fois, le Synode des Évêques a voulu aussi inviter un Rabbin pour qu’il nous donne un précieux témoignage sur les Saintes Écritures juives, qui justement sont une partie de nos Saintes Écritures.

Nous avons pu ainsi constater avec joie et gratitude que « dans l’Église, il existe une Pentecôte également aujourd’hui – c’est-à-dire qu’elle parle dans plusieurs langues. Non seulement extérieurement toutes les grandes langues du monde sont représentées en son sein, mais il y existe un sens plus profond encore : en elle, sont présents les multiples modes de l’expérience de Dieu et du monde, la richesse des cultures. Ce n’est qu’ainsi qu’apparaît toute l’étendue de l’existence humaine et, à partir d’elle, l’étendue de la Parole de Dieu ». Nous avons pu constater aussi que la Pentecôte est encore ‘en chemin’ ; différents peuples attendent encore que la Parole de Dieu soit annoncée dans leur langue et dans leur culture.

Ensuite, comment ne pas se souvenir que, durant tout le Synode, le témoignage de l’Apôtre Paul nous a accompagnés ! Il a été providentiel, en effet, que la XIIe Assemblée Générale Ordinaire se soit tenue au cours de l’année consacrée à la figure du grand Apôtre des Gentils, à l’occasion du bimillénaire de sa naissance. Son existence a été totalement caractérisée par le zèle pour la diffusion de la Parole de Dieu. Comment ne pas ressentir dans notre cœur ses paroles vibrantes se référant à sa mission de messager de la Parole divine : « tout cela, je le fais à cause de l’Évangile » (1Co 9, 23) ; « Je n’ai pas honte d’être au service de l’Évangile – écrit-il dans la Lettre aux Romains – car il est la puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui est devenu croyant » (1, 16). Quand nous réfléchissons sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, nous ne pouvons pas ne pas penser à saint Paul et à sa vie donnée pour faire entendre l’annonce du salut du Christ à tous.

Le Prologue de l’Évangile de Jean comme guide

5. Par cette Exhortation apostolique, je désire que les acquis du Synode influencent efficacement la vie de l’Église : dans la relation personnelle avec les Saintes Écritures, dans leur interprétation au cours de la Liturgie et dans la catéchèse, de même que dans la recherche scientifique, afin que la Bible ne demeure pas une Parole du passé, mais une Parole vivante et actuelle. Dans ce but j’entends présenter et approfondir les résultats du Synode en faisant une référence constante au Prologue de l’Évangile de Jean (Jn 1, 1-18), dans lequel nous est communiqué le fondement de notre vie : le Verbe, qui depuis le commencement est auprès de Dieu, s’est fait chair et a habité parmi nous (cf. Jn 1, 14). Il s’agit d’un texte admirable, qui offre une synthèse de toute la foi chrétienne. De cette expérience personnelle que fut pour lui la rencontre du Christ et l’engagement à sa suite, Jean, que la tradition identifie au « disciple que Jésus aimait » (Jn 13, 23 ; 20, 2 ; 21, 7.20), « a tiré une certitude intime : Jésus est la Sagesse de Dieu incarnée, il est sa Parole éternelle qui s’est faite homme sujet à la mort »[13]. Que celui qui « vit et crut » (Jn 20, 8) nous aide nous aussi à appuyer notre tête sur la poitrine du Christ (cf. Jn 13, 25), d’où ont jailli du sang et de l’eau (cf. Jn 19, 34), symboles des Sacrements de l’Église. Suivant l’exemple de l’Apôtre Jean et des autres auteurs inspirés, laissons-nous guider par l’Esprit Saint afin de pouvoir aimer toujours plus la Parole de Dieu.
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Message par jaimedieu Dim 24 Aoû 2014 - 6:44

PREMIÈRE PARTIE :

VERBUM DEI

« Au commencement était le Verbe,
et le Verbe était auprès de Dieu,
et le Verbe était Dieu. […]
Et le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 1. 14)

LE DIEU QUI PARLE

Dieu en dialogue

6. La nouveauté de la révélation biblique vient du fait que Dieu se fait connaître dans le dialogue qu’il désire instaurer avec nous[14]. La Constitution dogmatique Dei Verbum avait exposé cette réalité en reconnaissant que « Dieu invisible dans l’immensité de sa charité, (…) s’adresse aux hommes comme à des amis, et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion »[15]. Mais nous ne comprendrions pas encore pleinement le message du Prologue de saint Jean si nous nous arrêtions à la constatation que Dieu se communique à nous avec amour. En fait, le Verbe de Dieu, par lequel « tout s’est fait » (Jn 1, 3) et qui « s’est fait chair » (Jn 1, 14), est le même Dieu qui est « au commencement » (Jn 1, 1). Si nous percevons ici une allusion au début du Livre de la Genèse (cf. Gn 1, 1), nous nous trouvons, en réalité, face à un principe de caractère absolu, qui nous dévoile la vie intime de Dieu. Le Prologue johannique nous met en face du fait que le Logos est réellement depuis toujours, et depuis toujours il est Dieu lui-même. Par conséquent, il n’y a jamais eu en Dieu un temps où le Logos n’était pas. Le Verbe préexiste à la création. C’est pourquoi, au cœur de la vie divine existe la communion, le don absolu. « Dieu est amour » (1 Jn 4, 16) dira à un autre endroit le même Apôtre, en indiquant par là « l’image chrétienne de Dieu ainsi que l’image de l’homme et de son chemin, qui en découle »[16]. Dieu se fait connaître à nous comme mystère d’amour infini dans lequel le Père depuis l’éternité exprime sa Parole dans l’Esprit Saint. Par conséquent le Verbe, qui depuis le commencement est auprès de Dieu et est Dieu, nous révèle Dieu lui-même dans le dialogue d’amour des Personnes divines et il nous invite à y participer. C’est pourquoi, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu amour, nous ne pouvons nous comprendre nous-mêmes que dans l’accueil du Verbe et dans la docilité à l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est à la lumière de la révélation opérée par le Verbe divin que se clarifie définitivement l’énigme de la condition humaine.

Analogie de la Parole de Dieu

7. À partir de ces considérations, qui naissent de la méditation du mystère chrétien exprimé dans le Prologue de Jean, il est nécessaire à présent de souligner ce qu’ont affirmé les Pères synodaux concernant les diverses modalités avec lesquelles nous utilisons l’expression « Parole de Dieu ». On a parlé avec justesse d’une symphonie de la Parole, d’une Parole unique qui s’exprime de différentes manières : « comme un chant à plusieurs voix »[17]. Les Pères synodaux ont parlé à ce propos, en référence à la Parole de Dieu, d’une utilisation analogique du langage humain. En effet, si d’un côté cette expression concerne la communication que Dieu fait de lui-même, de l’autre, elle assume des significations diverses qui doivent être considérées avec attention et mises en relation les unes avec les autres, aussi bien du point de vue de la réflexion théologique que de l’usage pastoral. Comme nous le montre de manière claire le Prologue de Jean, le Logos désigne à l’origine le Verbe éternel, c’est-à-dire, le Fils unique engendré par le Père avant tous les siècles et qui lui est consubstantiel : le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Mais ce même Verbe, affirme saint Jean, « s’est fait chair » (Jn 1, 14) ; c’est pourquoi Jésus Christ, né de la Vierge Marie, est réellement le Verbe de Dieu qui s’est fait consubstantiel à nous. Par conséquent, l’expression « Parole de Dieu » indique ici la personne de Jésus Christ, le Fils éternel du Père, fait homme.

Par ailleurs, si au centre de la Révélation divine se situe l’événement du Christ, on doit aussi reconnaître que la création elle-même, le liber naturae, fait aussi essentiellement partie de cette symphonie à plusieurs voix dans laquelle le Verbe unique s’exprime. En même temps, nous affirmons que Dieu a communiqué sa Parole dans l’histoire du salut, qu’il a fait entendre sa voix ; par la puissance de son Esprit, « il a parlé par les prophètes »[18]. La Parole divine se révèle donc au cours de l’histoire du salut et elle parvient à sa plénitude dans le mystère de l’incarnation, de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu. La Parole de Dieu est encore celle qui est prêchée par les apôtres, dans l’obéissance au commandement de Jésus ressuscité : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15). La Parole de Dieu est donc transmise dans la Tradition vivante de l’Église. Enfin, la Parole divine, attestée et divinement inspirée, c’est l’Écriture Sainte, l’Ancien et le Nouveau Testament. Tout cela nous fait comprendre pourquoi, dans l’Église, nous vénérons beaucoup les Saintes Écritures, bien que la foi chrétienne ne soit pas une « religion du Livre » : le Christianisme est la « religion de la Parole de Dieu », non d’« une parole écrite et muette, mais du Verbe incarné et vivant »[19]. L’Écriture doit donc être proclamée, écoutée, lue, accueillie et vécue comme la Parole de Dieu, dans le sillage de la Tradition apostolique dont elle est inséparable[20].

Comme l’ont affirmé les Pères synodaux, nous nous trouvons réellement face à une utilisation analogique de l’expression « Parole de Dieu », dont nous devons être conscients. Il faut donc que les fidèles soient davantage préparés à en saisir les différents sens et à en comprendre l’unité. De même, du point de vue théologique, il est nécessaire d’approfondir l’articulation des différentes significations de cette expression pour que resplendissent davantage l’unité du dessein divin et son centre : la personne du Christ[21].
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Message par jaimedieu Dim 24 Aoû 2014 - 6:44

Dimension cosmique de la Parole

8. Conscients de la signification essentielle de la Parole de Dieu en référence au Verbe éternel de Dieu fait chair, unique sauveur et médiateur entre Dieu et l’homme[22], et en écoutant cette Parole, nous sommes amenés par la Révélation biblique à reconnaître qu’elle est le fondement de toute la réalité. Le Prologue de saint Jean affirme, en référence au Logos divin, que « par Lui tout s’est fait et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui » (Jn 1, 3) ; de même, dans la Lettre aux Colossiens, il est affirmé en ce qui concerne le Christ, « premier-né par rapport à toute créature » (1, 15), que « tout est créé par lui et pour lui » (1, 16). Et l’auteur de la Lettre aux Hébreux rappelle aussi que « grâce à la foi, nous comprenons que les mondes ont été organisés par la parole de Dieu, si bien que l’univers visible provient de ce qui n’apparaît pas au regard » (11, 3).

Cette annonce est pour nous une parole libératrice. En effet, les affirmations de l’Écriture indiquent que tout ce qui existe n’est pas le fruit d’un hasard irrationnel, mais est voulu par Dieu, fait partie de son dessein, au sommet duquel il nous est offert de participer, dans le Christ, à la vie divine. La création naît du Logos et porte de façon indélébile la marque de la Raison créatrice qui ordonne et guide. Les psaumes chantent cette joyeuse certitude : « Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche » (Ps 33, 6) ; et encore : « il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda, et ce qu’il dit survint » (Ps 33, 9). Toute la réalité exprime ce mystère : « Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains » (Ps 19, 2). Par conséquent, c’est l’Écriture Sainte elle-même qui nous invite à connaître le Créateur en observant la création (cf. Ps 13, 5 ; Rm 1, 19-20). La tradition de la pensée chrétienne a su approfondir cet élément-clé de la symphonie de la Parole, quand, par exemple, saint Bonaventure qui, avec la grande tradition des Pères grecs, a vu toutes les possibilités de la création dans le Logos[23], affirme que « toute créature est parole de Dieu, puisqu’elle proclame Dieu »[24]. La Constitution dogmatique Dei Verbum avait résumé cet élément en déclarant qu’« en créant (cf. Jn 1, 3) et en conservant toutes choses par le Verbe, Dieu offre aux hommes dans les choses créées un témoignage durable de lui-même »[25].

La création de l’homme

9. La réalité naît donc de la Parole, comme creatura Verbi et tout est appelé à servir la Parole. La création, en effet, est le lieu où se développe toute l’histoire de l’amour entre Dieu et sa créature. Par conséquent, le salut de l’homme est la raison de tout. En contemplant le cosmos dans la perspective de l’histoire du salut, nous sommes amenés à découvrir la position unique et singulière qu’occupe l’homme dans la création : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1, 27). Cela nous permet de reconnaître pleinement les dons précieux reçus du Créateur : la valeur de notre propre corps, le don de la raison, de la liberté et de la conscience. En cela, nous trouvons aussi tout ce que la tradition philosophique appelle la « loi naturelle »[26]. En effet, « tout être humain qui accède à la conscience et à la responsabilité fait l’expérience d’un appel intérieur à accomplir le bien »[27] et, donc, à éviter le mal. Comme le rappelle saint Thomas d’Aquin, tous les autres préceptes de la loi naturelle se fondent également sur ce principe[28]. L’écoute de la Parole de Dieu nous porte avant tout à apprécier l’exigence de vivre selon cette loi « écrite dans notre cœur » (cf. Rm 2, 15 ; 7, 23)[29]. De plus, Jésus Christ donne aux hommes la nouvelle Loi, la Loi de l’Évangile, qui assume et réalise de manière éminente la loi naturelle, en nous affranchissant de la loi du péché qui fait que, comme le dit saint Paul, « ce qui est à ma portée, c’est d’avoir envie de faire le bien, mais pas de l’accomplir » (Rm 7, 18) et, par la grâce, il permet aux hommes la participation à la vie divine et leur donne la capacité de dépasser leur égoïsme [30].

Le réalisme de la Parole

10. Celui qui connaît la Parole divine connaît aussi pleinement la signification de toute créature. Si toutes les choses, en effet, « subsistent » en Celui qui est « avant toutes choses » (cf. Col 1, 17), alors celui qui construit sa propre vie sur sa Parole bâtit vraiment de manière solide et durable. La Parole de Dieu nous pousse à changer notre idée du réalisme : la personne réaliste est celle qui reconnaît dans le Verbe de Dieu, le fondement de tout[31]. Nous en avons particulièrement besoin à notre époque, où de nombreuses choses sur lesquelles nous nous appuyons pour construire notre vie, sur lesquelles nous sommes tentés de reporter notre espérance, se révèlent éphémères. L’avoir, le plaisir et le pouvoir se manifestent tôt ou tard incapables de réaliser les aspirations les plus profondes du cœur de l’homme. En effet, pour construire sa vie, celui-ci a besoin de fondements solides, qui demeurent même lorsque les certitudes humaines s’estompent. En réalité, puisque « pour toujours, ta parole, Seigneur, se dresse dans les cieux » et que la fidélité du Seigneur dure « d’âge en âge » (cf. Ps 119, 89-90), celui qui bâtit sur cette parole construit la maison de sa vie sur le roc (cf. Mt 7, 24). Que notre cœur puisse dire tous les jours à Dieu : « Toi mon abri, mon bouclier, j’espère en ta parole » (Ps 119, 114) et, comme saint Pierre, que nous puissions agir tous les jours en nous en remettant au Seigneur Jésus : « sur ton ordre, je vais jeter les filets » (Lc 5, 5) !

Christologie de la Parole

11. À partir de ce regard sur la réalité comme œuvre de la Sainte Trinité, à travers le Verbe divin, nous pouvons comprendre les paroles de l’auteur de la Lettre aux Hébreux : « Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ; mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes » (1, 1-2). Il est beau de noter que tout l’Ancien Testament se présente déjà à nous comme l’histoire dans laquelle Dieu communique sa Parole : « En effet, après avoir conclu une alliance avec Abraham (cf. Gn 15, 18) et, par Moïse, avec le peuple d’Israël (cf. Ex 24, 8), il se révéla au peuple qu’il s’était acquis, par des paroles et par des actions, comme le Dieu unique, vivant et vrai, de sorte qu’Israël fit l’expérience des voies de Dieu avec les hommes, qu’il en acquit une intelligence de jour en jour plus profonde et plus claire grâce à Dieu parlant lui-même par la bouche des prophètes, et qu’il manifesta toujours plus largement parmi les nations (cf. Ps 21, 28-29 ; 95, 1-3 ; Is 2, 1-4 ; Jr 3, 17) »[32].

Cette complaisance de Dieu se réalise de manière indépassable au moment de l’incarnation du Verbe. La Parole éternelle qui s’exprime dans la création et qui se communique dans l’histoire du salut est devenue dans le Christ un homme, « né d’une femme » (Ga 4, 4). La Parole ne s’exprime plus ici d’abord à travers un discours, fait de concepts ou de règles. Ici, nous sommes mis face à la personne même de Jésus. Son histoire unique et singulière est la parole définitive que Dieu dit à l’humanité. D’où l’on comprend pourquoi « à l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive »[33]. Le renouvellement de cette rencontre et de cette conscience génère dans le cœur des croyants la stupéfaction devant l’initiative divine que l’homme, avec ses facultés rationnelles et avec son imagination n’aurait jamais pu concevoir. Il s’agit d’une nouveauté incroyable et humainement inconcevable : « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous » (Jn 1, 14a). Ces expressions n’indiquent pas une figure rhétorique mais une expérience vécue ! C’est saint Jean, témoin oculaire, qui la rapporte : « nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14b). La foi apostolique témoigne que la Parole éternelle s’est faite Un de nous. La Parole divine s’exprime vraiment à travers des paroles humaines.

12. En contemplant cette « Christologie de la Parole », la tradition patristique médiévale a utilisé une expression suggestive : le Verbe s’est abrégé[34]. Dans leur traduction grecque de l’Ancien Testament, les Pères de l’Église ont trouvé une parole du prophète Isaïe - que saint Paul cite aussi - pour montrer que les voies nouvelles de Dieu étaient déjà annoncées dans l’Ancien Testament. On pouvait y lire : « Dieu a rendu brève sa Parole, il l’a abrégée » (Is 10, 23 ; Rm 9, 28). Le Fils, lui-même, est la Parole de Dieu, il est le « Logos : la Parole éternelle s’est faite petite – si petite qu’elle peut entrer dans une mangeoire. Elle s’est faite enfant, afin que la Parole devienne pour nous saisissable »[35]. À présent, la Parole n’est pas seulement audible, elle ne possède pas seulement une voix, maintenant la Parole a un visage, qu’en conséquence nous pouvons voir : Jésus de Nazareth[36].

En suivant le récit des Évangiles, nous relevons que l’humanité même de Jésus apparaît dans toute son originalité dans sa référence à la Parole de Dieu. En effet, il réalise heure par heure, dans son humanité parfaite, la volonté du Père. Jésus écoute sa voix et il lui obéit de tout son cœur. Il connaît le Père et il observe sa parole (cf. Jn 8, 55). Il nous raconte les choses du Père (cf. Jn 12, 50). « Je leur ai donné les paroles que tu m’as données » (Jn 17, 8). Jésus montre donc qu’il est le Logos divin qui se donne à nous, mais aussi le nouvel Adam, l’homme vrai, celui qui accomplit à chaque instant non sa propre volonté mais celle du Père. Il « grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). De manière parfaite, il écoute, il réalise en lui-même et il nous communique la Parole divine (cf. Lc 5, 1).

La mission de Jésus trouve enfin son accomplissement dans le Mystère Pascal : nous nous trouvons ici face au « langage de la croix » (1 Co 1, 18). Le Verbe se tait, il devient silence de mort, car il s’est « dit » jusqu’à se taire, ne conservant rien de ce qu’il devait communiquer. De manière suggestive, les Pères de l’Église, contemplant ce mystère, mettent sur les lèvres de la Mère de Dieu cette expression : « Sans parole est la parole du Père, laquelle a créé toute la nature parlante, sans mouvement sont les yeux éteints de celui par la parole et le geste de qui est mû tout ce qui se meut »[37]. Ici, nous est vraiment révélé l’amour le « plus grand », celui qui donne sa vie pour ses propres amis (cf. Jn 15, 13).

Dans ce grand mystère, Jésus se manifeste comme la Parole de l’Alliance Nouvelle et Éternelle : la liberté de Dieu et la liberté de l’homme se sont définitivement rencontrées dans sa chair crucifiée, en un pacte indissoluble, à jamais valable. Au cours de l’institution de l’Eucharistie, Jésus lui-même - à la dernière Cène - avait parlé de « la Nouvelle et Éternelle Alliance », scellée par son sang versé (cf. Mt 26, 28 ; Mc 14, 24 ; Lc 22, 20), se montrant comme le véritable Agneau immolé, en qui s’accomplit la libération définitive de l’esclavage[38].

Dans le mystère lumineux de la résurrection, ce silence de la Parole se manifeste dans sa signification authentique et définitive. Le Christ, Parole de Dieu incarnée, crucifiée et ressuscitée, est le Seigneur de toutes choses ; il est le Vainqueur, le Pantokrátor, et tout est récapitulé pour toujours en lui (cf. Ep 1, 10). Le Christ est donc « la lumière du monde » (Jn 8, 12), cette lumière qui « brille dans les ténèbres » (Jn 1, 5) et que les ténèbres n’ont pas arrêtée (cf. Jn 1, 5). Nous comprenons pleinement ici le sens du Psaume 119 : « ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (v. 105) ; la Parole qui ressuscite est cette lumière définitive sur notre route. Dès le début, les chrétiens ont eu conscience que, dans le Christ, la Parole de Dieu est présente en tant que Personne. La Parole de Dieu est la véritable lumière dont l’homme a besoin. Oui, au moment de la résurrection, le Fils de Dieu s’est manifesté comme Lumière du monde. À présent, en vivant avec lui et par lui, nous pouvons vivre dans la lumière.
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Message par jaimedieu Dim 24 Aoû 2014 - 6:45

3. Parvenus, si l’on peut s’exprimer ainsi, au cœur de la « Christologie de la Parole », il est important de souligner l’unité du dessein divin dans le Verbe incarné : c’est pour cela que le Nouveau Testament nous présente le Mystère Pascal en accord avec les Saintes Écritures, comme leur accomplissement parfait. Saint Paul, dans la Première lettre aux Corinthiens, affirme que Jésus Christ est mort pour nos péchés « conformément aux Écritures » (15, 3) et qu’il est ressuscité le troisième jour « conformément aux Écritures » (15, 4). De cette manière, l’Apôtre place l’événement de la mort et de la résurrection du Seigneur en relation avec l’histoire de l’antique Alliance de Dieu avec son peuple. Il nous fait comprendre que c’est même de cet événement que cette histoire tire sa logique et sa véritable signification. Dans le Mystère Pascal s’accomplissent « les paroles de l’Écriture ; c’est-à-dire que - cette mort réalisée "conformément aux Écritures" - est un évènement qui porte en soi un logos, une logique : la mort du Christ témoigne que la Parole de Dieu s’est faite pleinement "chair", "histoire" humaine »[39]. La résurrection de Jésus se produit aussi « le troisième jour conformément aux Écritures » : puisque, suivant l’interprétation juive, la décomposition commençait après le troisième jour, la parole de l’Écriture s’accomplit en Jésus qui ressuscite avant que ne commence la décomposition. Ainsi, en transmettant fidèlement l’enseignement des Apôtres (cf. 1 Co 15, 3), saint Paul souligne que la victoire du Christ sur la mort advient par la puissance créatrice de la Parole de Dieu. Cette puissance divine apporte l’espérance et la joie : c’est là, en définitive, le contenu libérateur de la Révélation pascale. À Pâques, Dieu se révèle lui-même ainsi que la puissance de l’Amour trinitaire qui anéantit les forces destructrices du mal et de la mort.

En rappelant ces éléments essentiels de notre foi, nous pouvons contempler la profonde unité entre la création et la nouvelle création et celle de toute l’histoire du salut dans le Christ. En recourant à une image, nous pouvons comparer l’univers à un « livre » - comme le disait également Galilée – le considérant comme « l’œuvre d’un Auteur qui s’exprime à travers la « symphonie » de la création. Au sein de cette symphonie, on trouve, à un certain moment, ce que l’on appellerait en langage musical un « solo », un thème confié à un seul instrument ou à une voix unique ; et celui-ci est tellement important que la signification de toute l’œuvre dépend de lui. Ce « solo », c’est Jésus ... Le Fils de l’homme résume en Lui la terre et le ciel, la création et le Créateur, la chair et l’Esprit. Il est le centre de l’univers et de l’histoire, parce qu’en Lui s’unissent sans se confondre l’Auteur et son œuvre »[40].

Dimension eschatologique de la Parole de Dieu

14. À travers tout cela, l’Église exprime qu’elle est consciente de se trouver, avec Jésus Christ, face à la Parole définitive de Dieu ; il est « le Premier et le Dernier » (Ap 1, 17). Il a donné à la création et à l’histoire son sens définitif ; c’est pourquoi nous sommes appelés à vivre le temps, à habiter la création de Dieu selon le rythme eschatologique de la Parole ; « l’économie chrétienne, du fait qu’elle est l’Alliance nouvelle et définitive, ne passera jamais et aucune nouvelle révélation publique ne doit plus être attendue avant la glorieuse manifestation de notre Seigneur Jésus Christ (cf. 1 Tm 6, 14 et Tt 2, 13) »[41]. En effet, comme l’ont rappelé les Pères durant le Synode, « la spécificité du Christianisme se manifeste dans l’événement Jésus-Christ, sommet de la Révélation, accomplissement des promesses de Dieu et médiateur de la rencontre entre l’homme et Dieu. Lui « qui nous a révélé Dieu » (cf. Jn 1, 18) est la Parole unique et définitive donnée à l’humanité »[42]. Saint Jean de la Croix a exprimé cette vérité de façon admirable : « Dès lors qu’il nous a donné son Fils, qui est sa Parole - unique et définitive –, il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire. […] Car ce qu’il disait par parties aux prophètes, il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant interroger le Seigneur et lui demander des visions ou révélations, non seulement ferait une folie, mais il ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ et en cherchant autre chose ou quelque nouveauté »[43].

Par conséquent, le Synode a recommandé d’« aider les fidèles à bien distinguer la Parole de Dieu des révélations privées »[44], dont le rôle « n’est pas de (…) "compléter" la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire »[45]. La valeur des révélations privées est foncièrement diverse de l’unique révélation publique : celle-ci exige notre foi ; en effet, en elle, au moyen de paroles humaines et par la médiation de la communauté vivante de l’Église, Dieu lui-même nous parle. Le critère pour établir la vérité d’une révélation privée est son orientation vers le Christ lui-même. Quand celle-ci nous éloigne de Lui, à ce moment-là elle ne vient certainement pas de l’Esprit Saint, qui nous conduit à l’Évangile et non hors de lui. La révélation privée est une aide pour la foi, et elle se montre crédible précisément parce qu’elle renvoie à l’unique révélation publique. C’est pourquoi l’approbation ecclésiastique d’une révélation privée indique essentiellement que le message s’y rapportant ne contient rien qui s’oppose à la foi et aux bonnes mœurs. Il est permis de le rendre public, et les fidèles sont autorisés à y adhérer de manière prudente. Une révélation privée peut introduire de nouvelles expressions, faire émerger de nouvelles formes de piété ou en approfondir d’anciennes. Elle peut avoir un certain caractère prophétique (cf. 1 Th 5, 19-21) et elle peut être une aide valable pour comprendre et pour mieux vivre l’Évangile à l’heure actuelle. Elle ne doit donc pas être négligée. C’est une aide, qui nous est offerte, mais il n’est pas obligatoire de s’en servir. Dans tous les cas, il doit s’agir de quelque chose qui nourrit la foi, l’espérance et la charité, qui sont pour tous le chemin permanent du salut[46].

La Parole de Dieu et l’Esprit Saint

15. Après nous être arrêtés sur la Parole dernière et définitive de Dieu au monde, nous devons parler à présent de la mission de l’Esprit Saint en lien avec la Parole divine. En effet, aucune compréhension authentique de la Révélation chrétienne ne peut être atteinte en dehors de l’action du Paraclet. Et ce, parce que la communication que Dieu fait de lui-même implique toujours la relation entre le Fils et l’Esprit Saint, qu’Irénée de Lyon appelle, de fait, « les deux mains du Père »[47]. De plus, c’est l’Écriture Sainte qui nous montre la présence de l’Esprit Saint dans l’histoire du salut et en particulier dans la vie de Jésus, qui a été conçu de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint (cf. Mt 1, 18 ; Lc 1, 35) ; au début de son ministère public, sur les rives du Jourdain, Jésus le voit descendre sur lui sous la forme d’une colombe (cf. Mt 3, 16 et par.) ; par ce même Esprit, il agit, il parle et il exulte (cf. Lc 10, 21) ; et c’est en Lui qu’il peut s’offrir lui-même (cf. He 9,14). Alors que sa mission s’achève, suivant le récit de l’Évangéliste Jean, c’est Jésus lui-même qui met clairement en relation le don de sa vie avec l’envoi de l’Esprit aux siens (cf. Jn 16, 7). Ensuite, Jésus ressuscité, portant dans sa chair les signes de sa passion, répand l’Esprit (cf. Jn 20, 22), rendant les siens participants de sa propre mission (cf. Jn 20, 21). Ce sera alors l’Esprit Saint qui enseignera toutes choses aux disciples et qui leur rappellera tout ce que le Christ a dit (cf. Jn 14, 26), parce qu’il lui revient, en tant qu’Esprit de Vérité (cf. Jn 15, 26), d’introduire les disciples dans la Vérité tout entière (cf. Jn 16, 13). Enfin, comme on lit dans les Actes des Apôtres, l’Esprit descend sur les Douze réunis en prière avec Marie, au jour de la Pentecôte (cf. 2, 1-4), et il les remplit de force en vue de leur mission d’annoncer la Bonne Nouvelle à tous les peuples [48].

La Parole de Dieu s’exprime donc en paroles humaines grâce à l’action de l’Esprit Saint. La mission du Fils et celle de l’Esprit Saint sont inséparables et constituent une unique économie du salut. L’Esprit, qui agit au moment de l’incarnation du verbe dans le sein de la vierge Marie, est le même Esprit qui guide Jésus au cours de sa mission et qui est promis aux disciples. Le même Esprit, qui a parlé par l’intermédiaire des prophètes, soutient et inspire l’Église dans sa tâche d’annoncer la Parole de Dieu et dans la prédication des apôtres. Enfin, c’est cet Esprit qui inspire les auteurs des Saintes Écritures.

16. Attentifs à cet horizon pneumatologique, les Pères synodaux ont voulu rappeler l’importance de l’action de l’Esprit Saint dans la vie de l’Église et dans le cœur des croyants par rapport à l’Écriture Sainte[49]. En effet, sans l’action efficace de « l’Esprit de Vérité » (Jn 14, 16) on ne peut comprendre les paroles du Seigneur. Comme le rappelle saint Irénée : « Ceux qui ne participent pas à l’Esprit ne puisent pas au sein de leur Mère (l’Église) la nourriture de Vie, ils ne reçoivent rien de la source très pure qui coule du Corps du Christ »[50]. Comme la Parole de Dieu vient à nous dans le Corps du Christ, dans le corps eucharistique et dans le corps des Écritures par l’action de l’Esprit Saint, de même elle ne peut être accueillie et comprise pleinement que grâce à ce même Esprit.

Les grands écrivains de la tradition chrétienne prennent unanimement en considération le rôle de l’Esprit Saint dans le rapport que les croyants doivent avoir avec les Écritures. Saint Jean Chrysostome affirme que l’Écriture « a besoin de la révélation de l’Esprit, afin qu’en découvrant le véritable sens des choses qui s’y trouvent, nous en tirions abondamment profit »[51]. Saint Jérôme est lui aussi fermement convaincu que « nous ne pouvons arriver à comprendre l’Écriture sans l’aide de l’Esprit Saint qui l’a inspirée »[52]. Saint Grégoire le Grand souligne également de manière suggestive l’œuvre du même Esprit dans la formation et dans l’interprétation de la Bible : « Il a lui-même créé les paroles des Saints Testaments, c’est lui-même qui les ouvre »[53]. Richard de Saint-Victor rappelle qu’il faut des « yeux de colombe », illuminés et instruits par l’Esprit, pour comprendre le texte sacré[54].

Je voudrais souligner encore l’importance du témoignage que nous trouvons, à propos de la relation entre l’Esprit Saint et l’Écriture, dans les textes liturgiques, où la Parole de Dieu est proclamée, écoutée et expliquée aux fidèles. C’est le cas d’anciennes prières qui, sous forme d’épiclèses, invoquent l’Esprit avant la proclamation des lectures : « Envoie ton Esprit Saint Paraclet dans nos âmes et fais-nous comprendre les Écritures qu’il a inspirées ; et concède-moi de les interpréter de manière digne, pour que les fidèles ici réunis en tirent avantage ». En même temps, nous trouvons des prières qui, au terme de l’homélie, invoquent à nouveau Dieu pour le don de l’Esprit sur les fidèles : « Dieu sauveur (…) nous t’implorons pour ce peuple : envoie sur lui l’Esprit Saint ; que le Seigneur Jésus vienne le visiter, qu’il parle aux consciences de tous et qu’il prépare les cœurs à la foi et conduise à toi nos âmes, Dieu des Miséricordes »[55]. Tout cela nous permet de comprendre pourquoi l’on ne peut pas arriver à saisir le sens de la Parole si l’action du Paraclet n’est pas accueillie dans l’Église et dans le cœur des croyants.
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Message par jaimedieu Dim 24 Aoû 2014 - 6:48

Tradition et Écriture

17. En réaffirmant le lien profond entre l’Esprit Saint et la Parole de Dieu, nous avons aussi posé les fondations pour comprendre le sens et la valeur déterminante de la Tradition vivante et des Écritures Saintes dans l’Église. En effet, puisque « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16), la Parole divine, prononcée dans le temps, s’est donnée et « livrée » à l’Église de manière définitive, afin que l’annonce du salut puisse être communiquée de manière efficace à toutes les époques et en tous lieux. Comme nous le rappelle la Constitution dogmatique Dei Verbum, Jésus Christ lui-même « ayant accompli lui-même et proclamé de sa propre bouche l’Évangile d’abord promis par les prophètes, ordonna à ses Apôtres de Le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale, en leur communiquant les dons divins. Ce qui fut fidèlement accompli tantôt par les Apôtres, qui, dans la prédication orale, dans les exemples et les institutions transmirent, soit ce qu’ils avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec Lui et en le voyant agir, soit ce qu’ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit, tantôt par ces Apôtres et des hommes de leur entourage, qui, sous l’inspiration du même Esprit- Saint, consignèrent par écrit le message de salut ».

Le Concile Vatican II rappelle, par ailleurs, que cette Tradition d’origine apostolique est une réalité vivante et dynamique : elle progresse dans l’Église sous l’assistance du Saint-Esprit, non dans le sens qu’elle change dans sa vérité, qui est éternelle, mais plutôt que « la perception des réalités aussi bien que des paroles transmises s’accroît », par la contemplation et par l’étude, avec l’intelligence que donne une expérience spirituelle plus profonde, et par « la prédication de ceux qui, avec la succession dans l’épiscopat, ont reçu un charisme certain de vérité ».

La Tradition vivante est essentielle afin que l’Église puisse grandir au fil du temps dans la compréhension de la vérité révélée dans les Écritures ; en effet, « par cette même Tradition, le canon intégral des Livres saints se fait connaître à l’Église, et en elle aussi les Saintes Écritures elles-mêmes sont comprises plus à fond et sans cesse rendues agissantes ». En fin de compte, c’est la Tradition vivante de l’Église qui nous fait comprendre de manière adéquate la Sainte Écriture comme Parole de Dieu. Même si le Verbe de Dieu précède et transcende la Sainte Écriture, toutefois, dans la mesure où elle est inspirée par Dieu, elle contient la Parole divine (cf. 2 Tm 3, 16) « d’une manière tout à fait particulière ».

18. D’où l’importance d’éduquer et de former de façon claire le Peuple de Dieu à s’approcher des Saintes Écritures par rapport à la Tradition vivante de l’Église, en reconnaissant en elles la Parole même de Dieu. Faire grandir cette attitude chez les fidèles est très important du point de vue de la vie spirituelle. Il peut être utile de rappeler à ce propos une analogie développée par les Pères de l’Église entre le Verbe de Dieu qui se fait « chair » et la Parole qui se fait « livre ». La Constitution dogmatique Dei Verbum, recueillant cette ancienne tradition selon laquelle « son corps (celui du Fils), ce sont les enseignements des Écritures » - comme le disait saint Ambroise -, affirme : « les paroles de Dieu, exprimées en langues humaines, sont devenues semblables au langage humain, de même que jadis le Verbe du Père éternel, ayant assumé la chair humaine avec ses faiblesses, est devenu semblable aux hommes ». Comprise ainsi, l’Écriture Sainte se présente à nous, bien que dans la multiplicité de ses formes et de ses contenus, comme une réalité unifiée. En effet, « à travers toutes les paroles de l’Écriture Sainte, Dieu ne dit qu’une seule Parole, son Verbe unique en qui il se dit tout entier (cf. He 1, 1-3) », comme l’affirmait déjà saint Augustin avec clarté : « Rappelez-vous que le discours de Dieu, qui est développé dans toute la Sainte Écriture, est un seul et qu’un seul est le Verbe qui résonne sur la bouche de tous les auteurs sacrés ».

En fin de compte, à travers l’action de l’Esprit Saint et sous la conduite du Magistère, l’Église transmet à toutes les générations tout ce qui a été révélé dans le Christ. L’Église vit dans la certitude que son Seigneur, qui a parlé dans le passé, ne cesse de communiquer sa Parole, aujourd’hui, dans la Tradition vivante de l’Église et dans l’Écriture Sainte. En effet, la Parole de Dieu se donne à nous dans l’Écriture Sainte comme témoignage inspiré de la Révélation qui, avec la Tradition vivante de l’Église, constitue la règle suprême de la foi.

Écriture Sainte, inspiration et vérité

19. Un concept clé pour accueillir le texte sacré, en tant que Parole de Dieu, faite paroles humaines, est indubitablement celui de l’inspiration. Ici aussi, nous pouvons suggérer une analogie : comme le Verbe de Dieu s’est fait chair par l’action de l’Esprit Saint dans le sein de la Vierge Marie, de même l’Écriture Sainte naît du sein de l’Église par l’action du même Esprit. L’Écriture Sainte est « Parole de Dieu en tant que, sous le souffle de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit ». On reconnaît de cette manière toute l’importance de l’auteur humain qui a écrit les textes inspirés et, en même temps, de Dieu lui-même, reconnu comme son auteur véritable.

Comme les Pères synodaux l’ont affirmé, il apparaît à l’évidence combien le thème de l’inspiration est décisif pour s’approcher de façon juste des Écritures et pour en faire une exégèse correcte, qui, à son tour, doit être effectuée dans l’Esprit même dans lequel elles ont été écrites. Lorsque s’affaiblit en nous la conscience de son inspiration, on risque de lire l’Écriture comme un objet de curiosité historique et non plus comme l’œuvre de l’Esprit Saint, par laquelle nous pouvons entendre la voix même du Seigneur et connaître sa présence dans l’histoire.

En outre, les Pères synodaux ont souligné avec justesse que le thème de l’inspiration est aussi lié au thème de la vérité des Écritures. C’est pourquoi, un approfondissement de la compréhension de l’inspiration portera sans aucun doute aussi à une plus grande intelligence de la vérité contenue dans les livres saints. Comme l’affirmait la doctrine conciliaire sur ce thème, les livres inspirés enseignent la vérité : « Dès lors, puisque tout ce que les auteurs inspirés ou hagiographes affirment doit être tenu pour affirmé par l’Esprit Saint, il faut par conséquent professer que les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les saintes Lettres en vue de notre salut. C’est pourquoi "toute Écriture inspirée de Dieu est utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice afin que l’homme de Dieu se trouve accompli, équipé pour toute œuvre bonne" (2 Tm 3, 16-17, gr.) »[70].

La réflexion théologique a certainement toujours considéré l’inspiration et la vérité comme deux concepts clé pour une herméneutique ecclésiale des Saintes Écritures. Toutefois, nous devons reconnaître la nécessité actuelle d’approfondir de façon adéquate ces réalités, afin de pouvoir mieux répondre aux exigences relatives à l’interprétation des textes sacrés selon leur nature. Dans cette perspective, je souhaite ardemment que la recherche dans ce domaine puisse progresser et qu’elle porte du fruit pour la science biblique et pour la vie spirituelle des fidèles.

Dieu Père, Alfa et Omega de la Parole

20. L’économie de la Révélation a donc son commencement et son origine en Dieu le Père. Par sa Parole « il a fait les cieux, l’univers par le souffle de sa bouche » (Ps 33, 6). C’est Lui qui fait « resplendir la connaissance de la gloire de Dieu qui rayonne sur le visage du Christ » (cf. 2 Co 4, 6 ; cf. Mt 16, 17 ; Lc 9, 29).

Dans le Fils, Logos fait chair (cf. Jn 1, 14), venu accomplir la volonté de Celui qui l’a envoyé (cf. Jn 4, 34), Dieu, source de la Révélation, se manifeste en tant que Père et porte à sa pleine réalisation la divinisation de l’homme, déjà assurée auparavant par les paroles des prophètes et par les merveilles qu’il a réalisées dans la création et dans l’histoire de son peuple et de tous les hommes. Le sommet de la révélation de Dieu le Père est offert par le Fils à travers le don du Paraclet (cf. Jn 14, 16), Esprit du Père et de son Fils, qui nous « guide vers la vérité tout entière » (cf. Jn 16, 13).

C’est ainsi que toutes les promesses de Dieu deviennent « oui » en Jésus Christ (cf. 2 Co 1, 20). S’ouvre ainsi à l’homme la possibilité de parcourir le chemin qui le conduit au Père (cf. Jn 14, 6), pour qu’à la fin « Dieu soit tout en tous » (1 Co 15, 28).

21. Comme le montre la croix du Christ, Dieu parle aussi à travers son silence. Le silence de Dieu, l’expérience de l’éloignement du Tout-Puissant et du Père est une étape décisive du parcours terrestre du Fils de Dieu, Parole incarnée. Pendu au bois de la croix, il a crié la douleur qu’un tel silence lui causait : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34 ; Mt 27, 46). Persévérant dans l’obéissance jusqu’à son dernier souffle de vie, dans l’obscurité de la mort, Jésus a perçu la présence de Dieu Père et l’a invoqué. C’est à Lui qu’il s’en remet au moment du passage, à travers la mort, à la vie éternelle : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46).Cette expérience de Jésus est comparable à la situation de l’homme qui, après avoir écouté et reconnu la Parole de Dieu, doit aussi se mesurer avec son silence. Bien des saints et des mystiques ont vécu une telle expérience qui aujourd’hui encore fait partie du cheminement de nombreux chrétiens. Le silence de Dieu prolonge ses paroles précédemment énoncées. Dans ces moments obscurs, il parle paradoxalement par son silence. C’est pourquoi, dans la dynamique de la Révélation chrétienne, le silence apparaît comme une expression importante de la Parole de Dieu.
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Message par jaimedieu Dim 31 Aoû 2014 - 17:25

LE SIGNE DE LA CROIX: SYNTHÈSE DE NOTRE FOI
(Actes du Colloque de Lourdes, 2009, éd. NDL, 185p.)

TEXTES D'INTRODUCTION

La croix, force de Dieu

Ne rougissons pas de la croix du Christ; soyons-en plutôt fier. La croix évoque pour nous le salut. Pour ceux qui vont à leur perte, elle est aussi vraiment une folie, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est force de Dieu. Car ce n'est pas seulement un homme qui mourais pour nous, mais le Fils de Dieu, Dieu fait homme. En outre, au temps de Moïse, l'agneau pascal chassa bien au loin l'exterminateur; et l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ne nous libérerait pas bien mieux de nos péchés?

Oui. Jésus a réellement souffert pour tous les hommes. La croix n'était pas un simulacre, sinon la rédemption, elle aussi, serait un simulacre. Le Christ a été réellement crucifié; nous n'avons pas à rougir. C'est bien plutôt avec fierté que je le dis. Si je le niais, le Golgotha lui-même me réfuterait. Il me réfuterait aussi, ce bois de la croix dont les morceaux sont distribués à toute la terre. Je reconnais la croix parce que je connais la résurrection. Si le crucifié était resté dans la mort, sans doute n'aurais-je pas reconnu la croix et l'aurais-je cachée avec mon Maître. Mais la résurrection a suivi la croix, et je ne rougis pas de parler d'elle.
Cyrille de Jérusalem
Catéchèse baptismale, 4e siècle

Ave Crux, spes baptisma


Devant toi, le Sauveur pend à la croix, parce qu'il s'est fait obéissant jusqu'à la mort sur la croix... Devant toi, ton Sauveur pend à la croix, nu et démuni, parce qu'il a choisi la pauvreté...Devant toi, ton Sauveur pend à la croix, le coeur ouvert. Il a répandu le sang de ton coeur pour gagner ton coeur. Si tu veux le suivre dans la sainte chasteté, ton coeur doit se purifier de tout désir terrestre...Les bras du Crucifié sont étendus pour t'attirer sur son coeur. Il veut ta vie pour te donner la sienne. Ave Crux, spes domina! Salut, sainte croix, notre unique espérance!

Le monde est en flammes...Mais au-dessus de toutes les flammes se dresse la croix que rien ne peut consumer. Elle est le chemin de la terre au ciel, Celui qui l'embrasse avec foi, avec amour et dans l'espérance, elle l'emporte au sein de la Trinité. Le monde est en flammes. Sens-tu l'urgence de les éteindre? Élève ton regard vers la croix. Du coeur ouvert jaillit le sang du Rédempteur, le sang qui éteint les flammes de l'enfer. Libère ton coeur...et le flot de l'amour divin le remplira jusqu'au confins de la terre.
Entends-tu le gémissement des blessés sur tous les champs de bataille? Tu n'est ni médecin ni infirmière, et tu ne peux pas panser leurs plaies. Tu es cloîtrée, dans ta cellule, et tu ne peux pas parvenir jusqu'à eux. Entends-tu le cri d'angoisse des mourants? Tu voudrais être un prêtre et les assister. Es-tu émue de la détresse des veuves et des orphelins? Tu voudrais être un ange consolateur et te porter à leur secours. Lève les yeux vers le Crucifié. Si tu es son épouse, dans la fidèle observance de tes voeux, son précieux sang sera aussi le tien. Liée à lui, tu seras présente partout, comme il l'est aussi. Non pas ici ou là, comme le médecin, l'infirmière ou le prêtre, mais sur tout les fronts, en chaque lieu de désolation - présente dans la force de la croix...

Les yeux du Crucifié se posent sur toi: ils t'interrogent, ils te scrutent. Es-tu prêtre à refaire alliance avec le Crucifié? Que vas-tu lui répondre? "Seigneur, à qui irions-nous? Toi seul a les paroles de la vie éternelle". Ave Crux, spes unica!
Thérèse-Bénédicte de la Croix
Méditation pour la fête de l'exaltation de la croix, 14/09/1939

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Message par jaimedieu Dim 31 Aoû 2014 - 18:13

La Croix, signe cosmique

Dans sa Passion, le Seigneur a assumé tous les torts du genre humain afin qu'il n'y ait plus rien par la suite qui porte du tort à l'homme. La croix est donc un grand mystère et si nous essayons de le comprendre, par ce signe le monde entier est sauvé. En effet quand les marins prennent la mer, ils dressent d'abord l'arbre du mat et tendent la voile pour que s'ouvrent les flots; ils forment ainsi la croix du Seigneur, et en sécurité grâce à ce signe du Seigneur, ils gagnent le port du salut et échappent aux périls de la mort. La voile suspendue au mât est en effet l'image de ce signe divin, comme le Christ a été élevé sur la croix. Voilà pourquoi, à cause de la confiance venant de ce mystère, ces hommes ne s'inquiètent pas des bourrasques du vent et arrivent au bon port souhaité. Pareillement, de même que l'Église ne peut pas rester debout sans la croix, de même un navire est affaibli sans son mât. Le diable en effet la tourmente et le vent frappe le navire, mais quand se dresse le signe de la croix, l'injustice du diable est repoussée, la bourrasque tombe aussitôt...

L'agriculteur aussi n'entreprend pas son travail sans le signe de la croix: en rassemblant les éléments de sa charrue il imite l'image d'une croix...Le ciel aussi est disposé comme une image de ce signe, avec ses quatre directions, l'Orient, l'Occident, le Midi et le Nord. La forme de l'homme lui-même, quand il élève les mains, représente une croix; surtout quand nous prions les mains levées, nous proclamons par notre corps la Passion du Seigneur...C'est de cette façon que Moïse, le Saint, a été vainqueur quand il faisait la guerre contre les Amalécites, non pas par les armes, mais les mains levées vers Dieu...

Par ce signe du Seigneur donc, la mer est ouverte, la terre cultivée, le ciel gouverné, les hommes sont sauvés. Et même, je l'affirme, par ce signe du Seigneur, les profondeurs du séjour des morts sont ouvertes. Car l'homme Jésus, le Seigneur, lui qui portait la vraie croix a été enseveli en terre, et la terre qu'il avait profondément labourée, qu'il avait pour ainsi dire brisée de toutes parts, a fait germer tous les morts qu'elle retenait.
Maxime de Turin, 5e siècle

J'attirerai tout à moi

Aujourd'hui s'avance la croix, la création exulte; la croix, chemin des égarés, espoir des chrétiens, prédication des apôtres, sécurité de l'univers, fondements de l'Église, fontaine pour ceux qui ont soif...Dans une grande douceur, Jésus est conduit à la Passion: il est conduit au jugement de Pilate; à la sixième heure, on le raille; jusqu'à la neuvième heure, il supporte la douleur des clous, puis sa mort met fin à sa Passion. À la douzième heure, il est déposé de la croix: on dirait un lion qui dort...

Pendant le jugement, la Sagesse se tait et la Parole ne dit rien. Ses ennemis le méprisent et le crucifient. Ceux à qui, hier, il avait donné son corps en nourriture, le regardent mourir de loin. Pierre, le premier des apôtres, a fui le premier. André aussi a pris la fuite, et Jean, qui reposait sur son côté, n'a pas empêché un soldat de percer ce côté de sa lance. Les Douze se sont enfuis; ils n'ont pas dit un mot pour lui, eux pour qui il donne sa vie. Lazare n'est pas là, lui qu'il a rappelé à la vie. L'aveugle n'a pas pleuré celui qui a ouvert ses yeux à la lumière, et le boiteux, qui grâce à lui pouvait marcher, n'a par couru auprès de lui.

Seul un bandit, crucifié à son côté, le confesse et l'appelle son roi. Ô larron, fleur précoce de l'arbre sur la croix, premier fruit du bois du Golgotha! Le Seigneur règne; la création est dans la joie. La croix triomphe et toutes les nations, tributs, langues et peuples viennent pour l'adorer.La croix rend la lumière à l'univers entier, elle chasse les ténèbres et rassemble les nations en une seule Église, une seule foi, un seul baptême dans la charité. Elle se dresse au centre du monde, fixé sur le calvaire.
Éphrem de Nisibe, 4e siècle

Romanos le Mélode

À l'abri de la croix, exultons dans l'allégresse. Pécheurs, pratiquons la sobriété; le paradis est ouvert, et de ce paradis le larron est le gardien qu'a élu le Christ sur la croix. Ne nous fermons pas ce qui n'est pas fermé. L'ami du Christ, le larron très compatissant, a reçu la charge de nous accueillir amicalement. Honorons la croix, gardienne de notre vie car elle nous assure la vie des cieux. Elle préserve tous les hommes du Malin et de ses assauts; ceux qui sont marqués de son sceau croient avec confiance qu'ils entreront au paradis.

Tu es devenu le fils de Dieu, notre sauveur, et tu t'es laissé clouer à la croix, toi qui était Dieu incarné, pour sauver les affligés et prendre en pitié les pécheurs, et tu es puissant et bon. Accorde le repentir à tous ceux qui espèrent en toi, pour que de grand coeur ils te servent par leurs psaumes et leurs prières. Avec le larron nous te prions, comme si nous étions sur la croix: "Souviens-toi de nous dans ton royaume! Daigne nous joindre tous au coeur de tes saints, Christ, puisque nous avons reçu le sceau de ta croix pour ne faire plus qu'un dans le paradis".
Sources chrétiennes No. 128
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Message par jaimedieu Dim 31 Aoû 2014 - 19:25

OUVERTURE DU COLLOQUE MOT D'ACCUEIL DE MONSEIGNEUR JACQUES GRENIER

En préambule aux exposés qui suivront, il était prévu que je rappellerais les faits qui montrent que le signe de la croix a tenu une grande place dans la vie de Bernadette de Soubirou. Je vais donc m'y employer brièvement.

Il faut toujours repartir de la première apparition, le 11 février 1858. Quand Bernadette aperçoit une lumière et une forme dans la grotte, elle tire son chapelet de sa poche. Ce n'est pas pour réciter le chapelet. C'est à cause de la croix qui se trouve à l'extrémité. Elle veut s'en servir pour faire le signe de la croix. Mais, comme elle l'a répété maintes fois, "le bras m'est tombé".

La Dame, alors, prend la croix du chapelet qui pendait à son bras. Elle la porte à son front. C'est le geste représenté sur la statue de la Vierge qui se trouve devant les piscines. Hélas le chapelet a disparu, si bien que la main de la Vierge est suspendue dans le vide. peu importe. "Et alors je pus", dit Bernadette. Et toute peur disparut.

Le signe de la croix inaugure donc toute la dynamique, la pédagogie des dix-huit apparitions, comme il inaugure toutes nos liturgies, spécialement l'Eucharistie.

Les deux premières apparitions sont silencieuses. Elles n'ont d'autres paroles que celles qui accompagnent le signe de croix: "Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit".

Par la suite, Bernadette étonnera toujours ceux et celles qui la verront faire le signe de la croix. Il s'agit de personnes qui viennent la voir, l'interroger, la questionner de plus ou moins bonne foi, ecclésiastiques ou laïcs. Les deux gestes qui plongeaient les témoins dans une sorte d'extase étaient le signe de la croix et l'attitude de Marie le 25 mars, déclinant son nom: "Je suis l'Immaculée Conception".

Plus tard, des centaines de soeurs auront tout loisir d'observer Bernadette pendant les treize années de Nervers. Mais Bernadette observait aussi. Or, elle ne supportait pas les signes de croix mal faits. En voyant une soeur bâcler ce geste, elle s'inquiéta pour sa santé, demandant si elle avait mal au bras. Quand on lui demandait ce qu'il fallait faire pour aller au ciel, elle répondait que bien faire le signe de la croix, c'était déjà beaucoup.

Nous retrouvons la croix aux dernières heures de sa vie. Elle a voulu qu'on attache sur sa poitrine un crucifix pour être sûre qu'il ne glisse pas, malgré l'agitation que les douleurs pouvaient provoquer. Bernadette a dit qu'elle n'aimait pas la souffrance. Elle a passé sa vie de religieuse à soigner les soeurs le plus efficacement possible. Elle s'est laissé soigner. Mais elle aimait le Christ. Le Christ avait souffert: elle ne voulait pas l'abandonner dans sa souffrance. Une fois encore, disent les témoins, elle traça sur elle-même un grand signe de croix avant d'expirer.

Le signe de la croix jalonne donc tout le parcours de Bernadette. Il est une clé pour l'interpréter, car il est la clé pour interpréter n'importe quelle réalité proprement chrétienne. Ce signe, en particulier, est une clé pour ne pas se tromper sur le nom que la Dame finira par dire le 25 mars:" Je suis l'Immaculée Conception". Marie n'est pas en dehors du salut, même si le salut s'applique à elle d'une manière unique.
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Message par jaimedieu Jeu 4 Sep 2014 - 16:38

N.B. Fils suspendu pour cause de maladie, désolée...
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Message par jaimedieu Mar 28 Oct 2014 - 20:15

Faire le signe de la croix

Texte de Romano Guardini.

Nous venons juste de tracer un signe, de faire un geste, de poser un acte.
Avant de nous demander (nous le ferons dans la deuxième partie de cet exposé) ce que peut signifier le signe (la croix), demandons-nous ce que
signifie le «faire». Le geste est-il aussi facile que nous le pensons?

J’ai pris conscience de la difficulté de faire un beau geste, un geste liturgique en essayant de l’apprendre à deux catégories de personnes
: des handicapés mentaux et physiques et des enfants. Les handicapés mentaux (trisomiques
pour la plupart) et physiques, conscients plus que nous ne le croyons de l’importance de ce geste, rassemblent toute leur énergie, toute leur volonté,
tout leur amour pour bien faire le signe de la croix
; cela me laisse un peu rêveur quand je vois certaines personnes (plus qu’on ne croit) faire ce signe à la va-vite, traçant une espèce de zigzag sur n’importe qu’elle partie du corps, un peu comme un exercice de danse contemporaine....et les enfants, cela pourrait sembler apparemment facile, mais...
n'oublions pas que les enfants sont mal latéralisés et qu'ils apprennent en imitant celui qui est en face d'eux ; il est naturel qu'ils veuillent le faire de la
main gauche et qu'ils aillent de droite à gauche (ce que font d'ailleurs les orthodoxes), en réagissant comme un miroir. Prenons le temps de le faire
avec lui, à côté plutôt qu'en face, en guidant sa main au début, et laissons-lui le temps. (Conseil pour les catéchistes de l’éveil à la foi, pour les parents et
grands-parents).

Nous, nous avons réglé le problème de la latéralité, nous avons à peu près toutes nos facultés alors il est temps de réapprendre la grandeur et la beauté du signe de la croix. Pourquoi l’avons-nous fait
? Parce que je vais en parler ? Ce serait faire du
signe de la croix une simple introduction ou une simple illustration de mon exposé et vous avouerez que ce n’est pas le but du geste que nous venons de
faire. Alors? Ce que nous venons de faire est un acte et comme tout acte que je pose, il engage profondément ma responsabilité devant moi-même, devant les autres et devant Dieu.

Faire le signe de la croix est un acte de liberté, de ma liberté car même si je vous ai invité à le faire, vous n’y étiez pas obligés mais vous l’avez fait parce
que vous le vouliez. Nous pensons tous que nous pouvons faire ce geste quand nous le voulons
; Bernadette devait penser la même chose puisque
c’est la volonté ou le désir qu’elle a de faire le signe de la croix quand elle aperçoit la belle dame mais elle n’y arrive pas: « Je voulais faire le signe de
la croix, je ne pus pas, ma main tomba ». Je me suis souvent demandé ce que pouvait signifier cette paralysie, cette incapacité à poser un geste qui
paraît si simple. A ce moment précis, Bernadette a peut-être moins peur de la Dame que d’elle-même. Elle « fut un peu saisie de frayeur » mais elle a du
courage et peut-être un peu de curiosité car elle «
ne s’enfuit pas ». Cela a dû rappeler quelques souvenirs à La Vierge car « que nous dit le récit de
l’annonciation lorsque l’ange fit irruption dans la vie de Marie, ce Dieu qui fait irruption dans la vie d’une personne ? L’Evangile ne nous dit pas que Marie a donné de suite une réponse. La Vierge fut troublée et se demandait ce que cette salutation pouvait bien
signifier. L’ange dit à Marie : « Ne crains pas ».
(Luc 1, 30)

Bernadette est saisie de peur. Voulant se protéger, Bernadette essaye de faire le signe de la croix mais, comme elle le dit si bien, sa main s’avère paralysée jusqu’à ce que la Dame l’ait fait. Comment ne pas être étonné par cette incapacité de Bernadette, qui
pourtant, depuis bien des années, fait le signe de la croix plusieurs fois par jour. Qu’est-ce que cela signifie ?Le signe de la croix dit la réalité de Bernadette, comme il exprime celle de la Vierge Marie,
mais encore introduit dans le passage de l’une à l’autre réalité. En effet, par le signe de la croix, Bernadette dit ce qu’elle est : pauvre, malade, ignorante » (P. Horacio Brito).

Ce qui paraissait si simple ne l’est plus, ce qui était naturel ne l’est plus car, sur l’exemple que lui
donne la Vierge, Bernadette passe à une autre réalité surnaturelle.« Comment savons-nous que Bernadette est entrée dans une autre réalité ? Quelque chose de profond a changé en elle, elle est déjà au cœur de l’Evangile. Quand la dame eut disparu, juste après, Bernadette est entrée à l’intérieur de la grotte puis elle se met à
préparer son fagot de bois puis prépare le fagot de Jeanne Abadie puis elle prend son fagot et monte la pente puis elle redescend, prend le fagot de Jeanne , et remonte la pente, dépose le fagot, redescend encore et aide Jeanne a remonté cette pente.
» La rencontre et le geste (signe de la croix) l’ont profondément et définitivement transformée.
Certes, me direz-vous, Bernadette a eu la grâce de réapprendre à faire le signe de la croix avec Marie elle-même ; qui peut rêver
mieux comme catéchiste...Nous pouvons nous aussi «
essayer de le refaire » comme Bernadette.

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Message par jaimedieu Mar 28 Oct 2014 - 20:22

Le geste du signe de croix de haut en bas reprend ce mouvement de l’irruption du divin dans notre condition humaine. Il visualise aussi le trajet
de la pensée vers le cœur, c’est-à-dire le recentrage de l’être, si nécessaire aujourd’hui alors que nous sommes tiraillés en tous sens, au point d’être parfois «en exil» de nous-mêmes... Au cœur de l’être se trouve la fine pointe de l’âme, là où le Royaume de Dieu est déjà présent en nous. «
Je dors, mais mon cœur veille » (Ct)
Quelle belle manière de tracer sur soi-même l’itinéraire dynamique de l’amour bienveillant de Dieu qui nous veut vivants ! N’est-ce pas la même
démarche spirituelle qui relie – exactement comme les
tefilin - le front, le cœur et les bras, c’est-à-dire la pensée, la chair et l’action, et cela, en
réponse de confiance et d’amour aux commandements de Dieu? Le signe de la croix de Bernadette se caractérisait par sa lenteur, son amplitude et le grand recueillement avec lequel elle
l’effectuait. Ainsi, en prenant tout son temps, Bernadette élevait sa main droite jusqu’à ce que ses doigts touchent la partie supérieure de son front.
Puis elle abaissait sa main et ses doigts effleuraient ainsi sa ceinture. Aussitôt, elle remontait sa main et touchait, de ses doigts, son épaule gauche, puis son épaule droite. De fait, la jeune enfant donnait l’impression de s’envelopper dans le signe
de la croix comme on s’enveloppe dans un châle, comme on revêt un vêtement. Accomplissant son geste tout en disant en même temps « Au Nom
du Père et du Fils et du saint Esprit. Amen
», la petite Bernadette se présentait donc elle-même, telle qu’elle était devant le Bon Dieu.

Le signe de la croix n'est pas un geste magique, un chasse-mouche ou l'équivalent d'une simple poignée de mains pour dire bonjour à Jésus...Il a une double signification qu'il est important de faire comprendre petit à petit :- il est l'évocation de la croix, signe de la mort et de la résurrection du Christ ;- il est l'évocation de la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit.

Qu’est-ce que le signe de la croix?

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, amen!


Les artistes chrétiens n’ont pas osé représenter Jésus crucifié avant le Ve siècle, car la croix était un gibet d’infamie. Mais le signe de la croix est
attesté dès le IIe siècle, car il est un acte de foi : il affirme que notre salut vient de la passion et de la mort du Christ sur le bois de la croix, arbre de vie
car le Christ est ressuscité.

A l’origine, il s’agit d’une petite croix tracée sur le front. Elle indique que le Christ a pris possession du catéchumène et elle renvoie essentiellement à la
liturgie baptismale. « C’est avant tout la marque et le signe distinctif (character) des soldats du Christ.
» ( Saint Augustin, Sermon 302, 3) Le large signe de croix apparaît au VIIIè siècle dans les Eglises byzantines, dans le contexte, semble-t-il, de la controverse monophysite (expliquer...
cours d’histoire de l’Eglise). Le fidèle d’Orient se signait au nom de la Trinité avec deux doigts (l’index et le majeur), ce qui signifiait sa foi aux deux natures – humaine et divine – du Christ. Le grand signe de croix se généralise au IXè siècle. Les Orientaux utilisent alors trois doigts (pouce, index, majeur) cependant que l’annulaire et l’auriculaire restent repliés dans la paume de la main. Ils affirment ainsi leur foi en la Trinité et en la double nature du Christ. Le fidèle porte les trois doigts au front, à la
poitrine, puis de l’épaule droite à l’épaule gauche.
Le large signe de croix se répand au XIe siècle en Occident.

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Message par jaimedieu Mar 28 Oct 2014 - 20:33

Le symbolisme des doigts se voit progressivement abandonné et on porte la main ouverte
au front, à la poitrine, puis de l’épaule gauche à l’épaule droit. Cette différence s’enracine sans doute quand s’élargit le fossé entre l’Orient et l’Occident.

Front, poitrine, épaule gauche, épaule droite, le signe de croix n’est pas un simple geste de piété automatique, encore moins un réflexe de superstition,
il exprime un message symbolique et existentiel venant tout droit de la Bible et de la tradition juive.
Tout d’abord, bien des siècles avant Jésus, on a l’habitude en terre d’Israël de tracer sur le front un signe de bénédiction divine en forme de + , ancienne graphie du tav, la dernière lettre de l’alphabet hébraïque désignant le T de Torah. Or, que dit la prophétie messianique d’Ezekiel ? (Ez 9.4-6) : « Passe
par le milieu de la ville et marque d’un tav le front des
hommes ! » Ce qui est éclairé par l’affirmation de Jésus lui-même : « Je ne suis pas venu abolir la Torah, mais l’accomplir » (Mt 5.17).

Les premiers disciples de Jésus superposent donc le sens de la mort-résurrection au signe de bénédiction qu’ils pratiquent déjà, puisqu’ils considèrent Jésus comme une Torah vivante, le Verbe de Dieu incarné,
pleinement manifesté sur le gibet romain du Golgotha.
Tertullien (160-220) écrit : « Au début et à la fin de toutes nos activités, nous nous marquons le front avec le signe de la croix»

A l’époque des persécutions romaines de juifs et de chrétiens mis à mort pour leur refus de diviniser le pouvoir impérial, une épitaphe du 2ème
siècle (Abercius) évoque cette résistance de tout « un peuple qui a le sceau brillant au front »On comprend ainsi la logique spirituelle qui anime les
croyants christiques dans le geste du signe de croix déployé avec la main droite : le front, siège de la pensée, la poitrine, lieu de la santé physique et
du cœur,et les épaules, représentant la force de vivre et l’activité quotidienne.

Au nom du Dieu Père, sur le front, car créateur de toute existence et de tout projet porteur de vie. Au nom du Fils, sur la poitrine, caractère physique,
car Dieu veut que sa parole s’incarne. Au nom du Saint Esprit, sur les épaules, car le lien interactif entre Dieu-Père et le Fils inspirera notre manière concrète d’être hommes et femmes. Verticalité et horizontalité manifestent également la destination cosmique aux quatre horizons de la Parole de Dieu ainsi que son application intégrale à tous les aspects de notre humanité.
Mais on peut dire aussi que le signe de croix manifeste le désir des premiers chrétiens de relayer la tradition mère du judaïsme dans laquelle ils puisent
leurs expressions de foi et de piété. Voici donc comment ils transposent gestuellement dans l’espace la signification des tefilin, (appelés phylactères
dans l’évangile grec). Les tefilin sont des petits boîtiers recelant la Parole de Dieu, attachés à des lanières de cuir pour relier le front du croyant à ses
bras. Ceci pour montrer concrètement l’attachement à la Parole de Dieu qui inspire toute pensée et qui permet d’agir humainement selon la volonté de
Celui qu’on invoque : Avinou, malkenou ! Notre père, notre roi !Nous lisons au Livre du Deutéronome : « Que les commandements que je te prescris soient inscrits dans ton cœur...Attache-les sur ta main et porte-les sur le front» (Dt 6.4-9)

Comprendre le symbolisme de ce geste permet de le faire dans toute sa beauté: Les paroles qui accompagnent le signe de croix ont beaucoup varié. Cela pouvait être : « Le signe du Christ », ou bien : « Au nom de Jésus », avant de devenir: " Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Au début de
l’office, les prêtres et les moines se signent en chantant : « Dieu vient à mon aide ». Certains religieux, tels les Dominicains, se signent les lèvres en
disant : « Seigneur, ouvre mes lèvres ». Au moment de la proclamation de l’Evangile, le célébrant et les fidèles tracent un signe de croix sur leur front,
leurs lèvres et leur cœur pour que la Parole de Dieu éclaire leur esprit, retentisse sur leurs lèvres et convertisse leur cœur.

Au nom du Père, sur le front parce que le cerveau, l’intelligence est là. Dieu se révèle d’abord comme le Créateur, celui qui fait exister les réalités visibles et invisibles. Dieu est Père parce qu’il enfante la vie.
Au nom du Fils, sur le ventre car c’est le lieu de naissance. Le Fils a pris chair dans le ventre de Marie. Dieu s’est fait homme. Dieu est né en
humanité, Dieu s’est incarné. C’est aussi proche du cœur car le Fils a révèle amoureusement le Père.
Au nom du Saint-Esprit, sur les épaules, car c’est le lieu de la force et de l’équilibre. L’Esprit est la puissance de Dieu au bénéfice de notre humanité.
L’Esprit est celui qui permet la communion des coeurs. L’horizontalité de ce geste traverse la verticalité de la relation du Père et du Fils. L’Esprit nous fait traverser la vie du Père et du Fils.

Le signe de croix qu’est-ce que c’est? Certains se signent en entrant sur un stand ou dans une église, en marquant un but.. Le signe de croix, un geste
s’apparentant à de la superstition ? Certaines personnes demandent la bénédiction avec un signe de croix comme une sorte de protection magique!

Le signe de croix est un des gestes les plus fondamentaux de la prière chrétienne. Toujours fait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, il
rappelle en même temps la mort sur la croix et la résurrection du Christ et la profession de foi Trinitaire. En quelque sorte, c’est un condensé de la foi car en quelques mots les éléments les plus essentiels sont dits. Il n’agit pas d’une parole magique, mais d’une affirmation. La personne qui fait « son signe de croix » exprime sa foi au Dieu trinitaire. Tout un programme!
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Message par jaimedieu Jeu 30 Oct 2014 - 16:23

LE SACREMENT DE L'EUCHARISTIE

(Père Robert Martin o.s.b. Abbaye Saint-François-du- Lac, Québec)

INTRODUCTION

Avant d'exposer les grandes vérités sur le sacrement de l'Eucharistie, il est bon de survoler les points les plus importants de l'"économie sacramentelle" en général, comme le fait le Catéchisme dans les numéros 1076 à 1209. L'économie sacramentelle c'est comme le régime de vie du temps de l'Église, durant lequel le Christ manifeste, rend présent et communique son œuvre de salut par la liturgie de son Église, 'jusqu'à ce qu'il vienne'. C'est ainsi que nous sont communiqués les fruits du mystère pascal du Christ, sa mort et sa résurrection.

D'une manière générale, dans la liturgie de l'Église, Dieu le Père est béni et adoré comme la source de toutes les bénédictions de la création et du salut, dont il nous a bénis en son Fils, pour nous donner l'Esprit de l'adoption filiale. Le Christ est assis à la droite du Père, il répand désormais l'Esprit Saint en son Corps qui est l'Église par les sacrements, institués par lui pour communiquer sa grâce. Les sacrements sont des signes sensibles, des paroles et des actions qui réalisent efficacement ce qu'ils signifient. Principalement, c'est le mystère pascal qui nous est ainsi donné. C'est un événement réel, advenu dans notre histoire; mais il est unique, car tout ce qu'a fait et souffert le Christ participe de l'éternité divine et domine ainsi tous les temps. L'événement de la Croix et de la Résurrection demeure et nous est rendu présent par les sacrements.

Pour réaliser cela, l'Esprit Saint agit dans l'Église en la préparant à rencontrer son Seigneur. Il rappelle et manifeste le Christ à la foi de l'assemblée. Il rend présent et actualise l'œuvre salvifique du Christ et fait fructifier le don de la communion dans l'Église. Ainsi par toute la liturgie nous recevons et exprimons "la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit".

Il y a dans l'Église sept sacrements: Les sacrements de l'initiation chrétienne: le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie; les sacrements de guérison: la Pénitence et l'Onction des malades; et les sacrements du service de la communion: l'Ordre et le Mariage. Ce sont les sacrements du Christ, puisqu'ils ont été institués par lui et qu'ils nous transmettent ses paroles et ses actions. Ce sont en même temps les sacrements de l'Église, confiés à elle pour qu'elle les dispense, et par là même, ce sont eux qui font l'Église, qui la forment comme communauté sacerdotale structurée par le sacerdoce baptismal et celui des ministres ordonnés. Ce sont les sacrements de la foi, car ils supposent la foi de l'Église à laquelle le fidèle est invité à adhérer et en même temps cette foi est nourrie et fortifiée par les sacrements. Enfin par eux l'Esprit Saint unit vitalement les fidèles au Christ Sauveur et fait grandir l'Église dans la charité et dans sa mission de témoignage.

(*) Numéros 1322 à 1419



I. L'EUCHARISTIE - SOURCE ET SOMMET DE LA VIE ECCLÉSIALE

La Sainte Eucharistie achève l’initiation chrétienne. Ceux qui ont été élevés à la dignité du sacerdoce royal par le Baptême et configurés plus profondément au Christ par la Confirmation, ceux-là, par le moyen de l’Eucharistie, participent avec toute la communauté au sacrifice même du Seigneur.

L’Eucharistie est " la source et le sommet de toute la vie chrétienne ". Les autres sacrements ainsi que tous les ministères dans l'Église sont tous liés à l’Eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque.

Tous les sacrements signifient et réalisent une réalité spirituelle. Pour l'Eucharistie c'est d'abord la communion de vie avec Dieu. En effet elle est le lieu où Dieu sanctifie le monde par le Christ et où les hommes, dans l'Esprit Saint, rendent un culte au Christ et, par lui, au Père. D'autre part l'Eucharistie signifie et réalise l'unité du Peuple de Dieu. Et dans la célébration de la messe nous nous unissons déjà à la liturgie du ciel et nous anticipons la vie éternelle.

II. COMMENT EST APPELÉ CE SACREMENT

La richesse inépuisable de ce sacrement s’exprime dans les différents noms qu’on lui donne. Chacun de ces noms en évoque certains aspects. On l’appelle :

Eucharistie parce qu’il est 'action de grâces' à Dieu. Ce terme rappelle les bénédictions juives qui proclament – surtout pendant le repas – les œuvres de Dieu : la création, la rédemption et la sanctification.

Repas du Seigneur parce qu’il s’agit de la Cène que le Seigneur a prise avec ses disciples la veille de sa passion et de l’anticipation du repas des noces de l’Agneau dans la Jérusalem céleste comme nous le décrit le livre de l'Apocalypse.

Fraction du Pain parce que ce rite, propre au repas juif, a été utilisé par Jésus lorsqu’il bénissait et distribuait le pain en maître de table surtout lors de la dernière Cène. C’est à ce geste que les disciples le reconnaîtront après sa résurrection et c’est de cette expression que les premiers chrétiens désigneront leurs assemblées eucharistiques. Ils signifient par là que tous ceux qui mangent à l’unique pain rompu, le Christ, entrent en communion avec Lui et ne forment plus qu’un seul corps en Lui.

Assemblée eucharistique (synaxis) parce que l’Eucharistie est célébrée en l’assemblée des fidèles, expression visible de l’Église.

Mémorial de la passion et de la résurrection du Seigneur.

Saint Sacrifice, parce qu’il actualise l’unique sacrifice du Christ Sauveur et qu’il inclut l’offrande de l’Église ; il achève et dépasse tous les sacrifices de l’Ancienne Alliance.

Sainte et divine Liturgie, parce que toute la liturgie de l’Église trouve son centre et son expression la plus dense dans la célébration de ce sacrement ; c’est dans le même sens qu’on l’appelle aussi célébration des Saints Mystères. On parle également du Très Saint Sacrement parce qu’il est le sacrement des sacrements. On désigne de ce nom les espèces eucharistiques gardées dans le tabernacle.

Communion, parce que c’est par ce sacrement que nous nous unissons au Christ qui nous rend participants de son Corps et de son Sang pour former un seul corps; on l’appelle encore les choses saintes, pain des anges, pain du ciel, médicament d’immortalité, viatique...

Sainte Messe parce que la liturgie dans laquelle s’est accompli le mystère du salut, se termine par l’envoi des fidèles (' missio ') afin qu’ils accomplissent la volonté de Dieu dans leur vie quotidienne.
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Message par jaimedieu Jeu 30 Oct 2014 - 16:27

III. L'EUCHARISTIE DANS L'ÉCONOMIE DU SALUT

Les signes du pain et du vin

"Faîtes ceci en mémoire de moi." Fidèle à cet ordre du Seigneur, l'Église continue à offrir le pain et le vin pour qu'ils deviennent mystérieusement le Corps et le Sang du Christ. Le pain et le vin signifient d'abord la bonté de la création. Ils sont le fruit de la terre et de la vigne qui sont des dons du Créateur. Dans l'Ancienne Alliance ils sont offerts en signe de reconnaissance au Créateur. Dans le contexte de l’Exode, les pains azymes qu’Israël mange chaque année à la Pâque, commémorent la hâte du départ libérateur d’Égypte ; le souvenir de la manne du désert rappellera toujours à Israël qu’il vit du pain de la Parole de Dieu. Enfin, le pain de tous les jours est le fruit de la Terre promise, gage de la fidélité de Dieu à ses promesses. La ' coupe de bénédiction ', à la fin du repas pascal des juifs, ajoute à la joie festive du vin une dimension eschatologique, celle de l’attente messianique du rétablissement de Jérusalem. Jésus a institué son Eucharistie en donnant un sens nouveau et définitif à la bénédiction du pain et de la coupe. Dans les miracles de la multiplication des pains, il préfigure la surabondance de cet unique pain de son Eucharistie; et le signe de l’eau changée en vin à Cana annonce déjà l’Heure de la glorification de Jésus. Il manifeste l’accomplissement du repas des noces dans le Royaume du Père, où les fidèles boiront le vin nouveau devenu le Sang du Christ.

L'institution de l'Eucharistie


Saint Jean nous a transmis le discours de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm qui prépare ses disciples au don de ce sacrement; Il se désigne comme le pain de vie, descendu du ciel. Saint Jean encore nous décrit le geste du lavement des pieds au début du dernier repas pascal avec l'enseignement de Jésus qui donne le commandement de l'amour. Les autres évangélistes et Saint Paul nous rapportent le récit de l'institution proprement dite de l'Eucharistie par le Christ, comme mémorial de sa mort et de sa résurrection. En même temps, il ordonne à ses apôtres de le célébrer jusqu'à son retour, les établissant alors prêtres du Nouveau Testament.

En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas pascal, Jésus a donné son sens définitif à la Pâque juive. En effet, le passage de Jésus à son Père par sa mort et sa résurrection, la Pâque nouvelle, est anticipée dans la Cène et célébrée dans l’Eucharistie qui accomplit la Pâque juive et anticipe la Pâque finale de l’Église dans la gloire du Royaume.

"Faites ceci en mémoire de moi"

Le commandement de Jésus de répéter ses gestes et ses paroles " jusqu’à ce qu’il vienne ", ne demande pas seulement de se souvenir de Jésus et de ce qu’il a fait. Il vise la célébration liturgique, par les apôtres et leurs successeurs, du mémorial du Christ, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection et de son intercession auprès du Père.

Dès le commencement, l’Église a été fidèle à l’ordre du Seigneur. On le voit dans les Actes des Apôtres où les chrétiens se réunissent " pour rompre le pain ", surtout " le premier jour de la semaine ", c’est-à-dire le jour du Dimanche, le jour de la résurrection de Jésus. Depuis ces temps-là jusqu’à nos jours la célébration de l’Eucharistie s’est perpétuée, de sorte qu’aujourd’hui nous la rencontrons partout dans l’Église, avec la même structure fondamentale. Elle demeure le centre de la vie de l’Église.

Ainsi, de célébration en célébration, annonçant le mystère pascal de Jésus " jusqu’à ce qu’Il vienne ", le peuple de Dieu en pèlerinage " s’avance par la porte étroite de la Croix " vers le banquet céleste, quand tous les élus s’assiéront à la table du Royaume.

IV. LA CÉLÉBRATION LITURGIQUE DE L'EUCHARISTIE

La liturgie de l’Eucharistie se déroule selon une structure fondamentale qui s’est conservée à travers les siècles jusqu’à nous. Elle se déploie en deux grands moments qui forment une unité foncière :

– le rassemblement, la liturgie de la Parole, avec les lectures, l’homélie et la prière universelle ;

– la liturgie eucharistique, avec la présentation du pain et du vin, l’action de grâce consécratoire et la communion.

Liturgie de la Parole et liturgie eucharistique constituent ensemble " un seul et même acte du culte "; en effet, la table dressée pour nous dans l’Eucharistie est à la fois celle de la Parole de Dieu et celle du Corps du Seigneur.

Ainsi le Christ lui-même rassemble les fidèles, et l'évêque ou le prêtre qui préside le représente visiblement. Les lectures de l'Écriture Sainte sont commentées dans l'homélie qui exhorte à les mettre en pratique, et les intercessions confient au Seigneur les besoins de tous les hommes. On apporte alors à l'autel le pain et le vin qui seront offerts par le prêtre au nom du Christ dans le sacrifice eucharistique où ils deviendront le corps et le sang de Celui-ci. Vient alors la prière eucharistique, appelée anaphore, prière d'action de grâces et de consécration. C'est le cœur et le sommet de la célébration.

Elle commence par la préface où l’Église rend grâces au Père, par le Christ, dans l’Esprit Saint, pour toutes ses œuvres, pour la création, la rédemption et la sanctification. Toute la communauté rejoint alors cette louange incessante que l’Église céleste, les anges et tous les saints, chantent au Dieu trois fois Saint (Sanctus). Puis l’épiclèse demande au Père d’envoyer son Esprit Saint sur le pain et le vin, afin qu’ils deviennent, par sa puissance, le Corps et le Sang de Jésus-Christ, et que ceux qui prennent part à l’Eucharistie soient un seul corps et un seul esprit. Dans le récit de l’institution la force des paroles et de l’action du Christ, et la puissance de l’Esprit Saint, rendent sacramentellement présents sous les espèces du pain et du vin son Corps et son Sang, son sacrifice offert sur la croix une fois pour toutes. Dans l’anamnèse qui suit, l’Église fait mémoire de la passion, de la résurrection et du retour glorieux du Christ Jésus ; elle présente au Père l’offrande de son Fils qui nous réconcilie avec Lui. Enfin, dans les intercessions, l’Église exprime que l’Eucharistie est célébrée en communion avec toute l’Église du ciel et de la terre, des vivants et des défunts, et dans la communion avec les pasteurs de l’Église. La célébration se termine par la communion précédée de la prière du Seigneur et de la fraction du pain. Les fidèles reçoivent alors " le pain du ciel " et " la coupe du salut ", le Corps et le Sang du Christ qui s’est livré " pour la vie du monde ".

V. LE SACRIFICE SACRAMENTEL : ACTION DE GRÂCES, MÉMORIAL, PRÉSENCE

Considérons maintenant les trois composantes principales de l'Eucharistie:

- action de grâce et louange au Père,
- mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps,
- présence du Christ par la puissance de sa Parole et de son Esprit.

L'action de grâces et la louange au Père

L’Eucharistie est un sacrifice d’action de grâce au Père, une bénédiction par laquelle l’Église exprime sa reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits, pour tout ce qu’il a accompli par la création, la rédemption et la sanctification. Eucharistie signifie d’abord : action de grâce.

L’Eucharistie est aussi le sacrifice de louange, par lequel l’Église chante la gloire de Dieu au nom de toute la création. Ce sacrifice de louange n’est possible qu’à travers le Christ : Il unit les fidèles à sa personne, à sa louange et à son intercession, en sorte que le sacrifice de louange au Père est offert par le Christ et avec lui pour être accepté en lui.


Le mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps, l’Église

L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ. Dans le sens de l’Écriture Sainte le mémorial n’est pas seulement le souvenir des événements du passé, mais la proclamation des merveilles que Dieu a accomplies pour les hommes. Dans la célébration liturgique de ces événements, ils deviennent d’une certaine façon présents et actuels. Ainsi dans l'Eucharistie, le sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la Croix demeure toujours actuel. Le caractère sacrificiel de l’Eucharistie est manifesté dans les paroles mêmes de l’institution : " Ceci est mon Corps qui va être donné pour vous " et " Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous ". Dans l’Eucharistie le Christ donne ce corps même qu’il a livré pour nous sur la croix, le sang même qu’il a " répandu pour une multitude en rémission des péchés ". L’Eucharistie est donc un sacrifice parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la croix, parce qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en applique le fruit . Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice : " C’est une seule et même victime, c’est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s’est offert lui-même alors sur la Croix. Seule la manière d’offrir diffère ": manière sanglante sur l'autel de la Croix, manière non sanglante dans ce sacrement.

L’Eucharistie est également le sacrifice de l’Église. L’Église, qui est le Corps du Christ, participe à l’offrande de son Chef. Avec Lui, elle est offerte elle-même tout entière. Elle s’unit à son intercession auprès du Père pour tous les hommes. Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi le sacrifice des membres de son Corps. La vie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle. Le sacrifice du Christ présent sur l’autel donne à toutes les générations de chrétiens la possibilité d’être unis à son offrande. Toute l’Église est unie à l’offrande et à l’intercession du Christ: Le Pape, les évêques et tous les ministres, en communion avec la Vierge Marie et tous les saints du ciel, en priant aussi pour les fidèles défunts.

La présence du Christ par la puissance de sa Parole et de l’Esprit Saint

Le Christ mort et ressuscité est présent à son Église de multiples manières, mais au plus haut point et d'une manière unique sous les espèces eucharistiques. Le Concile de Trente l'affirme solennellement: Dans le très saint sacrement de l’Eucharistie sont " contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier ". Cette présence est dite réelle, non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas ‘réelles’, mais par excellence parce qu’elle est substantielle, et que par elle le Christ, Dieu et homme, se rend présent tout entier ".

La conversion du pain et du vin au Corps et au Sang du Christ est appelée transsubstantiation. Elle s'opère grâce à l'efficacité de la Parole du Christ et de l'action de l'Esprit Saint. Par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son Sang. Le Christ est tout entier présent dans chacune des espèces et tout entier dans chacune de leurs parties, de sorte que la fraction du pain ne divise pas le Christ. La présence eucharistique du Christ commence au moment de la consécration et dure aussi longtemps que les espèces eucharistiques subsistent. Ainsi le culte d’adoration qui est dû au sacrement de l’Eucharistie s'exerce non seulement durant la messe, mais aussi en dehors de sa célébration. La sainte réserve (tabernacle) est d’abord destinée à garder dignement l’Eucharistie pour qu’elle puisse être portée aux malades et aux absents en dehors de la messe. Elle permet aussi l'adoration silencieuse du Seigneur présent mystérieusement au milieu de nous comme celui qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous. La présence du véritable Corps du Christ et du véritable Sang du Christ dans ce sacrement, "on ne l’apprend point par les sens, dit S. Thomas, mais par la foi seule, laquelle s’appuie sur l’autorité de Dieu".
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Message par jaimedieu Jeu 30 Oct 2014 - 16:29

VI. LE BANQUET PASCAL

La messe est ainsi à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur. L'autel, autour duquel nous célébrons, représente les deux aspects de cet unique mystère: l'autel du sacrifice et la table du Seigneur; d'autant plus que l'autel est le symbole du Christ lui-même, présent comme victime et comme aliment céleste.

Le Seigneur nous adresse une invitation pressante à le recevoir dans le sacrement de l’Eucharistie : " En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la Chair du Fils de l’homme et ne buvez son Sang, vous n’aurez pas la vie en vous ". L’Église fait obligation aux fidèles de participer les dimanches et les jours de fête à la divine liturgie et de recevoir au moins une fois par an l’Eucharistie, préparés par le sacrement de la Réconciliation. Mais l’Église recommande vivement aux fidèles de recevoir la sainte Eucharistie les dimanches et les jours de fête, ou plus souvent encore, même tous les jours. Ils se préparent humblement et dignement en observant le jeûne prescrit.

Grâce à la présence sacramentelle du Christ sous chacune des espèces, la communion à la seule espèce du pain permet de recevoir tout le fruit de grâce de l’Eucharistie. Pour des raisons pastorales, c'est la manière habituelle de communier dans le rite latin.

Les fruits de la communion


Recevoir l’Eucharistie dans la communion porte comme fruit principal l’union intime au Christ Jésus. Le Seigneur dit en effet : " Qui mange ma Chair et boit mon Sang demeure en moi et moi en lui ". La communion à la Chair du Christ ressuscité, vivifiée par l’Esprit Saint, conserve, accroît et renouvelle la vie de grâce reçue au Baptême. Cette croissance de la vie chrétienne a besoin d’être nourrie par la communion eucharistique, pain de notre pèlerinage, jusqu’au moment de la mort, où il nous sera donné comme viatique.

Ensuite la communion nous sépare du péché. En effet, nous recevons le Corps du Christ 'livré pour nous', et le Sang versé pour la multitude en rémission des péchés. Ainsi l'Eucharistie, fortifiant la charité, efface les péchés véniels. En se donnant à nous, le Christ ravive notre amour et nous rend capables de rompre les attachements désordonnés aux créatures et de nous enraciner en Lui En progressant dans son amitié, il nous est difficile de rompre avec Lui par le péché mortel. Précisons que L’Eucharistie n’est pas ordonnée au pardon des péchés mortels. Ceci est propre au sacrement de la Réconciliation. Le propre de l’Eucharistie est d’être le sacrement de ceux qui sont dans la pleine communion de l’Église.

De plus la communion, en nous unissant plus étroitement au Christ, nous unit à tous les fidèles qui forment un seul corps, l'Église. l’Eucharistie fait l’Église. Elle renouvelle, fortifie, approfondit cette incorporation au Corps du Christ déjà réalisée par le Baptême. Par là nous reconnaissons le Christ dans tous nos frères, particulièrement les plus pauvres. L'Eucharistie, 'signe de l'unité', nous fait ressentir les divisions de l’Église qui rompent la participation commune à la table du Seigneur, et ainsi nos prières sont d’autant plus pressantes pour que reviennent les jours de l’unité complète de tous ceux qui croient en Lui.

VII. L'EUCHARISTIE - " GAGE DE LA GLOIRE À VENIR "

L'Eucharistie, mémorial de la Pâques du Seigneur, nourriture de la vie spirituelle, est enfin l'anticipation de la gloire céleste. Lors de la dernière Cène, le Seigneur a lui-même tourné le regard de ses disciples vers l’accomplissement de la Pâque dans le royaume de Dieu : " Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je boirai avec vous le vin nouveau dans le Royaume de mon Père ". L'Eucharistie se célèbre dans l'attente de la bienheureuse espérance et l’avènement de notre Sauveur Jésus-Christ. De cette grande espérance, celle des cieux nouveaux et de la terre nouvelle en lesquels habitera la justice, nous n’avons pas de gage plus sûr, de signe plus manifeste que l’Eucharistie, remède d'immortalité.

* * * * * * * *

Le Catéchisme résume ainsi en quelques points la doctrine du Sacrement de l'Eucharistie:

Jésus dit : " Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais... Qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle ... il demeure en moi et moi en lui " (Jn 6, 51. 54. 56).

L’eucharistie est le cœur et le sommet de la vie de l’Église car en elle le Christ associe son Église et tous ses membres à son sacrifice de louange et d’action de grâces offert une fois pour toutes sur la Croix à son Père ; par ce sacrifice il répand les grâces du salut sur son Corps, qui est l’Église.

La célébration eucharistique comporte toujours : la proclamation de la Parole de Dieu, l’action de grâce à Dieu le Père pour tous ses bienfaits, surtout pour le don de son Fils, la consécration du pain et du vin et la participation au banquet liturgique par la réception du Corps et du Sang du Seigneur. Ces éléments constituent un seul et même acte de culte.

L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ : c’est-à-dire de l’œuvre du salut accomplie par la vie, la mort et la résurrection du Christ, œuvre rendue présente par l’action liturgique.

C’est le Christ lui-même, grand prêtre éternel de la nouvelle Alliance, qui, agissant par le ministère des prêtres, offre le sacrifice eucharistique. Et c’est encore le même Christ, réellement présent sous les espèces du pain et du vin, qui est l’offrande du sacrifice eucharistique.

Seuls les prêtres validement ordonnés peuvent présider l’Eucharistie et consacrer le pain et le vin pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur.

Les signes essentiels du sacrement eucharistique sont le pain de blé et le vin du vignoble, sur lesquels est invoquée la bénédiction de l’Esprit Saint et le prêtre prononce les paroles de la consécration dites par Jésus pendant la dernière cène : " Ceci est mon corps livré pour vous ... Ceci est la coupe de mon sang ... "

Par la consécration s’opère la transsubstantiation du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. Sous les espèces consacrées du pain et du vin, le Christ lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité (Concile de Trente).

En tant que sacrifice, l’Eucharistie est aussi offerte en réparation des péchés des vivants et des défunts, et pour obtenir de Dieu des bienfaits spirituels ou temporels.

Celui qui veut recevoir le Christ dans la Communion eucharistique doit se trouver en état de grâce. Si quelqu’un a conscience d’avoir péché mortellement, il ne doit pas accéder à l’Eucharistie sans avoir reçu préalablement l’absolution dans le sacrement de Pénitence.

La sainte Communion au Corps et au Sang du Christ accroît l’union du communiant avec le Seigneur, lui remet les péchés véniels et le préserve des péchés graves. Puisque les liens de charité entre le communiant et le Christ sont renforcés, la réception de ce sacrement renforce l’unité de l’Église, Corps mystique du Christ.

L’Église recommande vivement aux fidèles de recevoir la sainte communion quand ils participent à la célébration de l’Eucharistie ; elle leur en fait obligation au moins une fois par an.

Puisque le Christ lui-même est présent dans le Sacrement de l’Autel, il faut l’honorer d’un culte d’adoration. " La visite au Très Saint Sacrement est une preuve de gratitude, un signe d’amour et un devoir d’adoration envers le Christ, notre Seigneur ".

Le Christ ayant passé de ce monde au Père, nous donne dans l’Eucharistie le gage de la gloire auprès de Lui : la participation au Saint Sacrifice nous identifie avec son Cœur, soutient nos forces au long du pèlerinage de cette vie, nous fait souhaiter la Vie éternelle et nous unit déjà à l’Église du Ciel, à la Sainte Vierge Marie et à tous les Saints.
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Message par jaimedieu Sam 1 Nov 2014 - 21:33

Enseignements sur le Credo par Monseigneur Charles Morerod, Fribourg, Diocèse de Lausanne

Le Credo : Pourquoi un credo ?


Ceci est la première d’une série de prédications sur le symbole de foi appelé credo de Nicée-Constantinople et les introduit. L’idée de parler du credo m’est venue de questions posées à plusieurs reprises, à l’exemple d’un jeune retraité qui m’a expliqué qu’il étudiait la théologie par correspondance pour aider des gens qui sont très actifs dans leurs paroisses et lui ont dit ne jamais avoir compris le credo. Cette prédication
s’insère dans la célébration de l’Année de la Foi.
Le credo que je vais commenter est couramment dénommé en référence aux deux premiers conciles – assemblée des évêques de l’Eglise – de l’histoire, à savoir le premier Concile de Nicée qui s’est tenu en 325 et le premier Concile de Constantinople qui s’est tenu en 381. Ces conciles se sont compris en continuité avec les réunions des Apôtres et
notamment le « Concile » de Jérusalem dont parlent
les Actes des Apôtres et qui a pris une décision d’une importance extrême : les chrétiens ne sont pas tenus à observer certains préceptes de la Loi de Moïse (donnée par Dieu à son peuple). Les termes dans lesquels cette décision sera communiquée sont frappants : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d’autres charges que celles-ci, qui sont indispensables » (Actes des
Apôtres15,28). L’Eglise gardera en elle la conviction que des réunions des évêques – successeurs des Apôtres (avec un rôle qui n’est plus fondateur mais transmetteur) – devraient avoir lieu pour traiter de questions importantes. Et ils se sont réunis dès que la fin des persécutions romaines leur a permis de le faire sans risque (davantage même : c’est
l’empereur Constantin qui veut le Concile de Nicée)
. On distingue des conciles ou synodes (les deux termes ont le même sens) régionaux ou « œcuméniques » c’est-à-dire de toute l’Eglise. Le credo de Nicée est la première confession de foi d’un concile œcuménique, mais ce n’est pas le premier texte du genre : on trouve dès le IIe siècle différents résumés de la foi chrétienne, dont la structure et le contenu anticipent le credo de Nicée. En fait il s’agit de la continuité de formules brèves d’annonce de la foi, que l’on trouve déjà dans le Nouveau
Testament, comme par exemple I Co 15,3-18
1, où S. Paul résume la foi et la nécessité de

1 « Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que
j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est
mort pour nos péchés selon les Ecritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de frères à la fois - la plupart d’entre eux demeurent jusqu’à présent et Série de prédications sur le credo / volet 1
2 l’accueillir. Surtout à partir du IVe s., ces formu
les seront utilisées dans la célébration du
baptême (actuellement le credo utilisé dans le baptême n’est pas celui de Nicée-
Constantinople, mais celui que l’on appelle « Symbole des Apôtres », pour montrer que c’est
la foi des Apôtres que l’Eglise continue à proclamer).

Avant de commencer à commenter le contenu de ce « credo » (ainsi nommé parce que la
version latine commence par le mot « credo » - « je
crois ») je vais parler de la raison pour laquelle il y a un credo. Et cette raison est bien sûr liée au contenu. On voit que le credo proclame la foi en un seul Dieu qui est Père, Fils et Saint-Esprit, et agit dans l’histoire. Il ne s’agit pas là d’un résumé de réflexions philosophiques en matière religieuse, mais de l’expression d’un acte de foi en un Dieu qui se révèle. Comme le dit S. Paul : « Nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit; l’Esprit en effet son de tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu. Qui
donc entre les hommes sait ce qui concerne l’homme,
sinon l’esprit de l’homme qui est en lui? De même, nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. » (I Co, 2,9-11).
En d’autres termes : dans la foi nous proclamons ce
que nous avons appris de Dieu à propos de Dieu. Il s’agit de tout autre chose que d’opinions humaines. Ce n’est pas un contenu que nous aurions élaboré par nous-mêmes. Certes le credo a été écrit par des
hommes, mais son contenu n’est pas quelque chose qu’ils ont fait, mais quelque chose qu’ils ont reçu. Voilà une caractéristique essentielle de la foi : nous la recevons. Parce que Dieu nous aime, il ne nous a pas laissé simplement deviner plus ou moins bien qui il était, il s’est fait connaître, il s’est donné pour que nous soyons avec lui, pour que nous ayons sa vie en
nous.


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Message par jaimedieu Sam 1 Nov 2014 - 21:48

Certes les hommes peuvent, par leur réflexion sur le monde et son existence, arriver à une certaine connaissance de Dieu. En fait ils le devraient même, comme le dit S. Paul : « Ce qu’on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste: Dieu en effet le leur a manifesté. Ce qu’il a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses
œuvres, son éternelle puissance et sa divinité... » (
Romains 1,19-20) C’est même tellement possible que, ajoute S. Paul dans ce texte où il est irrité, les païens qui n’accèdent pas à cette connaissance de Dieu sont « inexcusables ». Cette connaissance que l’on peut avoir sans la foi concerne l’existence d’un Dieu qui fait le monde, et elle implique des conséquences morales : nous devons essayer de nous comporter selon des normes qui découlent de ce qu’est le monde, Dieu nous a donné la nature un peu comme un mode d’emploi de ce que
nous sommes. Au premier Concile du Vatican (1870),
l’Église proclame que cette connaissance de Dieu par la raison est possible, et si la raison – don de Dieu aux hommes – est bien utilisée elle converge avec la foi. Pourtant cette connaissance par la raison à propos de Dieu est partielle et difficile, et dès lors la
révélation permet une connaissance plus sûre,
plus diffusée et plus rapide même de ce que la rais
on peut découvrir ; en outre la révélation nous fait savoir beaucoup plus que ce que la raison peut découvrir.

2. Les chrétiens ont très tôt affirmé la différence entre une connaissance de Dieu obtenue
par la raison humaine (disons : une connaissance de
type philosophique) et une connaissance de Dieu par la révélation. Par exemple, au milieu du IIe siècle, S. Justin reconnaît que les philosophes (il en était un lui-même) pouvaient connaître quelque chose
de Dieu grâce aux traces de l’action divine dans le
monde (ce qu’il appelle le logos séminal, ou les semences laissées par le Verbe divin dans la
création). Pourtant les philosophes se contredisent aussi, ce qui est un signe des limites de leur raisonnement en une telle matière. En revanche la révélation est sûre : « Dans la mesure où chacun d’eux [les philosophes], en vertu de sa participation au divin Logos séminal, a contemplé ce qui lui était apparenté, il en a parlé excellemment, mais le fait que d’aucuns se sont contredits eux-mêmes sur des points essentiels montre à l’évidence qu’ils ne possédaient ni une science infaillible ni une
connaissance irréfutable. C’est pourquoi, ce qui a
été dit excellemment par tous nous appartient, à nous chrétiens, car après Dieu nous adorons et nous aimons le Logos, né du Dieu inengendré et ineffable, puisqu’il est devenu homme pour nous, afin de prendre part aussi à nos misères, pour nous en guérir. De fait, tous les écrivains pouvaient, grâce à la semence du Logos implantée en eux, voir la réalité,
d’une manière indistincte, car autre chose est la semence d’un être et sa ressemblance, accordées aux hommes à la mesure de leur capacité, autre chose cet être même, dont la participation et l’imitation se réalisent en vertu de la grâce qui vient de Lui. »

3. Une question se pose : comment est-ce que nous, au début du IIIe millénaire, pouvons accéder à la révélation ? La révélation est sûre, mais notre accès à cette révélation l’est-il aussi ? Et cela ne signifie pas seulement avoir des idées justes à propos de Dieu, mais vivre avec lui. Eh bien un élément important de la réponse à cette question est justement le credo, dans lequel nous proclamons la foi des Apôtres, choisis pour être témoins de la venue
dans le monde du Fils de Dieu, de sa mort et de sa
résurrection. Pourquoi Dieu serait-il venu, si c’était pour laisser ce fait tomber dans l’oubli et se faire triturer par l’inconstance des hommes au long des siècles ?

Comme le dit le Concile Vatican II, « cette Révélat
ion donnée pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la même bienveillance, a pris des dispositions pour qu’elle demeure toujours en son intégrité et qu’elle soit transmise à toutes les générations. C’est pourquoi le Christ Seigneur, en qui s’achève toute la Révélation du Dieu très haut (...), ayant accompli lui-
même et proclamé de sa propre bouche l’Évangile d’a
bord promis par les prophètes, ordonna à ses Apôtres de le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale, en leur communiquant les dons divins. Ce qui fut fidèlement exécuté, soit par les Apôtres, qui, par la prédication orale, par leurs exemples et des institutions, transmirent, ce qu’ils avaient appris de la bouche
du Christ en vivant avec lui et en le voyant agir, ou ce qu’ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit, soit par ces Apôtres et par des hommes de leur entourage, qui, sous l’inspiration du même Esprit Saint, consignèrent par écrit le message du salut. Mais pour que l’Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans l’Église, les Apôtres laissèrent pour successeurs des évêques, auxquels ils ‘remirent leur
propre fonction d’enseignement’. »

4. Voilà une des fonctions des professions de foi : résumer la foi, alors que les interprétations de l’Écriture Sainte peuvent diverger (on le verra en
passant en revue les articles du credo). Dieu veut se faire connaître aux hommes en venant dans le monde. La foi proclamée par les Apôtres est gardée au long des siècles par l’Église elle-même apostolique, contre laquelle les portes de l’enfer ne tiendront pas (cf. Matthieu 16,18). Ce que le credo proclame est ce que l’Église croit, animée par l’Esprit Saint à propos de qui Jésus disait : « Le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce
que je vous ai dit » (Jean 14,26). Dire que l’Église proclame la foi, ce n’est pas seulement dire
qu’elle nous communique un texte, mais bien que l’Église comme telle croit et maintient la
même foi à travers les siècles : c’est nous, ensemb
le aujourd’hui et unis aux membres passés et futurs du même Corps du Christ, qui annonçons sous l’impulsion de l’Esprit Saint la foi dans laquelle nous avons été baptisés. Voilà ce que nous faisons en proclamant le credo, et il est capital de voir que nous recevons cette foi de Dieu par l’Eglise, nous ne la faisons pas (car alors elle ne serait plus qu’une opinion humaine sur ce que nous ne pouvons connaître pleinement). En outre, au moment où va commencer la semaine de prière pour l’unité des
chrétiens, il faut relever que le credo de Nicée-Co
nstantinople est reconnu comme confession de foi par plusieurs Églises différentes et contribue ainsi à une unité déjà existante.

Cette introduction sera constamment explicitée et développée en passant en revue le contenu du credo.
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Message par jaimedieu Dim 2 Nov 2014 - 15:27

Le Credo 2 : Je crois en un Dieu.

L’Évangile nous montre des signes de Jésus, comme celui de Cana que nous entendons ce dimanche. Ces signes et bien des aspects de la vie de Jésus ont dû surprendre les personnes présentes. Pourtant « ses disciples crurent en lui» (Jn 2,11). C’est cette foi qui est la réponse au signe étonnant qu’est Jésus, et que nous proclamons dans le credo, dont je commence le commentaire à proprement parler.

La première affirmation du credo est : « Je crois e
n un seul Dieu », ce qui est ensuite précisé : « Le Père tout-puissant, Créateur du Ciel et de la terre ». On pourrait comprendre le texte ainsi : Je crois en seul Dieu qui est le Père tout-puissant. Ce ne serait pas faux, mais cela poserait un problème de structure, car si on identifiait exclusivement Dieu = Père, on se demanderait que penser du Fils et du Saint Esprit, dans la suite du texte. Or justement le
début indique la structure du credo, il ne l’obscur
cit pas.

On peut lire cette structure en résumé : Je crois en seul Dieu, le Père ... Jésus-Christ le Fils unique ... en l’Esprit Saint. En d’autres termes, et c’est le centre de la foi chrétienne, il y a un seul Dieu qui est Père, Fils et Saint-Esprit. C’est ce que toutes les grandes Églises chrétiennes confessent ensemble en récitant le credo de Nicée-Constantinople, et il est bon de le relever durant cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

L’affirmation d’un Dieu unique est commune aux religions monothéistes : judaïsme, christianisme et islam. On trouve des professions de foi – des sortes de credo – dans l’Ancien Testament. C’est notamment le cas du shema Israël, dont la place est centrale dans le judaïsme : « Écoute, Israël! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force » (Dt 6, 4-5). Ce point commun doit être souligné, mais il est aussi relatif puisque dans la foi chrétienne le Dieu unique est une Trinité. Les musulmans en particulier reprochent aux chrétiens de diviser Dieu, de nier sa simplicité : Si Dieu est divisé, ce n’est pas Dieu. Pourquoi ?

Les musulmans semblent souvent mieux informés de leurs reproches aux chrétiens que ceux-ci ne sont formés à répondre. Pourtant répondre à son interlocuteur est une marque à la fois de respect de celui-ci et d’intérêt pour ce que nous croyons nous-mêmes. Quelle est donc la question de la simplicité de Dieu ? On peut prendre un exemple, s’appuyant sur le fait que Dieu est un être purement
spirituel, un esprit. Un acte spirituel comme un raisonnement est d’autant meilleur qu’il est plus simple. On s’en rend particulièrement bien compte en mathématiques ou en physique : quand on connaît un théorème ou une loi physique, on peut comprendre très vite beaucoup de questions, alors que sinon il faudrait les examiner l’une après l’autre en détails. Dire que Dieu est totalement simple, c’est entre autres dire que dans une unique réflexion il cause et comprend tout ce qui existe. Les musulmans pensent que le christianisme est irrationnel
parce qu’il nie cette caractéristique de Dieu : une
telle crainte est compréhensible, mais le reproche est injustifié. Nous croyons vraiment en un seul Dieu, et le fait qu’il soit trois personnes ne signifie pas une division. J’y reviendrai en commentant certains articles du credo (comme:de même nature/substance que le Père), mais il faut tout de suite relever
que la Trinité est un mystère, et que cela est même
rassurant, comme le disait ce grand théologien de notre diocèse qu’était le cardinal Journet : affirmer un Dieu absolument un en trois personnes est tellement étonnant que nous ne pourrions pas l’avoir inventé, il faut bien que ce soit Dieu qui nous le dise...

Quand on affirme qu’il y a un seul Dieu, on entend
par là un seul être vraiment infini. Certains textes bibliques semblent accepter qu’il existe aussi des dieux dans un sens inférieur (on les a souvent interprétés comme des anges). Le Psaume 97 invite ainsi les dieux à se prosterner devant Dieu («prosternez-vous devant lui, tous les dieux », Ps 97,7). Mais dans le credo nous parlons de Dieu au sens d’un être infini, pas simplement d’un ange ou
d’une créature supérieure à l’homme mais d’un être
qui – à la différence de toute la création – existe vraiment et totalement par lui-même et sans qui rien d’autre ne pourrait exister. Le Dieu dont nous parlons ici n’a aucune imperfection: il est infiniment bon, infiniment juste, il connaît tout, il est la vie même etc. (on peut aussi le dire en sens inverse, en niant
l’imperfection correspondante : il n’est ni mauvais
, ni injuste, ni ignorant, ni dépourvu de vie etc.).

C’est parce que Dieu est infini que l’on peut affirmer, même indépendamment de la foi, qu’il y a un seul Dieu. S’il y avait deux dieux (ou plus), il faudrait pouvoir les distinguer l’un de l’autre, il faudrait par exemple que le dieu 1 ait quelque chose que n’a pas le dieu 2. Si ce quelque chose est bon, alors il est supérieur à l’autre dieu et celui-ci n’est pas infini (donc pas vraiment Dieu). Et s’il n’y a aucune différence entre eux, alors ils ne sont pas deux mais un, un peu comme on découvrirait qu’un homme qui utilise deux identités différentes est en fait une seule personne.
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Message par jaimedieu Lun 3 Nov 2014 - 16:16

Le Credo 3 : Le Père tout-puissant.

Le Père désigne dans le Nouveau Testament à la fois
tous les attributs de Dieu dans l’Ancien Testament et le Père de Jésus (ce qui indique une nouveauté).
Dans l’Ancien Testament, Dieu est adoré comme créateur et sauveur de son peuple,
créateur du monde... C’est un Dieu personnel et unique avec qui on peut entrer en relation personnelle. Il est celui qui fait pleuvoir pour que la terre porte son fruit, qui se révèle aux prophètes et aux petits...

Dans le Nouveau Testament, le Père est avant tout désigné en relation avec Jésus-Christ. J’en reparlerai en parlant du Fils. Cela implique une nouvelle relation avec nous aussi, qui sommes enfants adoptifs de Dieu. Jésus précise notre relation avec le Père lorsqu’il appelle celui-ci « mon Père et votre Père, (...) mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20,17). Nous pouvons désormais prier Dieu en l’appelant « Notre Père » (cf. Mt 6,9), ou – à la suite de Jésus – Abba
(cf. Rm 8,15, Ga 4,6). Nous pouvons nous adresser personnellement à Dieu, comme à une Personne qui peut répondre et qui en fait a pris l’initiative de nous aimer et de nous inviter à partager sa vie : cette relation personnelle oriente toute la vie chrétienne.

Nous ne sommes pas à la recherche tâtonnante d’une force plus ou moins impersonnelle que nous façonnerions éventuellement selon nos désirs. Nous parlons à Dieu de personne à Personne, nous répondons à l’initiative divine de dialogue.

En appelant Dieu « Père », ne faisons-nous pas une
image de ce que nous désirerions ? Ne transférons-nous pas au Ciel une projection de nos désirs d’avoir un Père puissant et qui ne cesse jamais? Ou dans l’autre sens, pour ceux qui ne désirent pas de relation avec leur père parce qu’ils en ont peut-être souffert : appeler Dieu « Père » ne provoque-t-il pas un rejet ? Ce Père suggérerait-il un monstre auquel il soit impossible d’échapper ? C’est un
problème auquel sont parfois confrontés les catéchistes en parlant du Père aux enfants.

Lorsque nous appelons Dieu « bon », ou « vrai », ou
« vivant » etc. nous devons nous souvenir de l’ordre de notre langage : nous connaissons le sens des mots à partir de notre expérience. Nous savons que le chocolat est bon, que des hommes sont bons etc. et ensuite nous disons que Dieu est bon. Pourtant c’est Dieu qui est d’abord bon, et qui seul l’est au
sens plein du terme.

Quand nous disons que Dieu est Père, nous utilisons
le terme à partir de notre connaissance des pères de ce monde. Pourtant c’est Dieu qui est Père d’abord. Pour prendre un exemple : nous rencontrons une mère après avoir connu sa fille. Nous nous disons
d’abord que la mère ressemble à la fille (parce que
nous avons connu la fille en premier), puis nous nous reprenons et nous disons que c’est la fille qui ressemble à la mère. Il en va de même lorsque nous appelons Dieu « Père » : il n’est pas une projection de nos pères de ce monde, il le premier Père que tous les pères devraient imiter. Si donc nous avons une bonne image de notre père, c’est qu’il ressemble un peu au Père. Si quelqu’un en a une mauvaise
image, c’est peut-être que ce père devrait ressembler plus à Dieu le Père.

C’est le programme que Jésus nous donne à tous et qui laisse toujours une marge infinie de progrès :
« Vous serez parfaits comme votre Père céleste est
parfait » (Mt 5,48). Dieu est tout-puissant : il peut faire tout ce qui peut être fait. Cette nuance n’est pas une tautologie. Si on comprend la toute-puissance comme la capacité de faire absolument
n’importe quoi, alors Dieu peut déclarer bon ce qui
ne l’était pas etc. : on tombe dans le pire des arbitraires. En fait la puissance divine a créé
la nature de chaque être avec ordre et sagesse, et il respecte cette nature car elle a un sens.

Ainsi, Dieu ne peut pas faire que 4 devienne 5 (même si on peut changer les mots et les signes utilisés pour décrire ces quantités, ou ajouter un cinquième élément). Et le fait que Dieu soit tout-puissant ne doit pas du tout nous effrayer, car sa puissance est bonté. D’ailleurs, s’il n’était pas tout-puissant, pourrait-il sérieusement nous promettre la vie éternelle ? Le Fils de Dieu vient partager notre condition jusqu’à la mort, mais pas pour rester définitivement avec nous dans notre souffrance : il vient à nous à parce qu’il peut nous élever jusqu’à lui. Sans la toute-puissance divine notre espérance serait vaine et absurde.

La liturgie nous montre le lien entre la toute-puissance de Dieu et sa miséricorde.
Comment parle-t-on de la toute-puissance pendant la
messe ? En lien avec la miséricorde et la bonté de Dieu qui agit pour notre salut :

-Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde, qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle : la toute-puissance permet notre Salut!
Que Dieu tout-puissant vous bénisse : « bénir » signifie dire le bien, et quand Dieu le dit il le fait aussi. C’est encore notre Salut que la
toute-puissance rend possible.
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Message par jaimedieu Lun 3 Nov 2014 - 19:08

À AUTOLYCOS

L'âme se sert d'yeux pour voir Dieu

Maintenant, si tu me dis: "Montre-moi ton Dieu", je pourrais te répondre: "Montre-moi ton homme, et moi je te montrerai mon Dieu." Présente donc, en train de voir, les yeux de ton âme, et les oreilles de ton coeur en train d'écouter!

Ceux qui voient avec les yeux du corps observent ce qui se passe dans la vie et sur la terre; ils font la différence entre la lumière et l'obscurité, le blanc et le noir, le laid et le beau, ce qui est harmonieux, bien proportionné et ce qui manque de rythme et de proportion, ce qui est démesuré et tronqué; il en va de même pour ce qui tombe sous le sens de l'ouïe; sons aigus, graves, agréables. On pourrait, de la même façon, dire des oreilles du coeur et des yeux de l'âme qu'il leur est possible de saisir Dieu.

Dieu, en effet, est aperçu par ceux qui peuvent le voir après que les yeux de leur âme se sont ouverts. Tous ont bien des yeux, mais certains ne les ont que voilés et n'aperçoivent pas la lumière du soleil; si les aveugles ne voient pas, ce n'est pas pour autant que la lumière du soleil ne luit plus: c'est à eux-mêmes que doivent s'en prendre les aveugles, et à leurs yeux.

C'est aussi ton cas; les yeux de ton âme sont voilés par tes fautes et tes actions perverses. Tel un miroir brillant, l'homme doit avoir une âme pure. Une fois la rouille au miroir, on ne peut plus voir le visage de l'homme dans le miroir: ainsi quand il y a une faute dans l'homme, il n'est plus possible à l'homme dans cet état de voir Dieu.

Montre-toi donc en personne: n'es-tu pas adultère? n'es-tu pas débauché? n'es-tu pas voleur? n'es-tu pas pilleur? n'es-tu pas spoliateur? n'es-tu pas pédéraste? n'es-tu pas emporté? n'es-tu pas enclin aux injures? n'es-tu pas coléreux? n'es-tu pas envieux? n'es-tu pas vantard? n'es-tu pas hautain? n'es-tu pas brutal? n'es-tu pas avare? irrévérencieux pour tes parents? prêt à vendre tes enfants? Aux hommes qui commettent ces fautes, Dieu ne se révèle pas, qu'ils ne se soient d'abord purifiés de toute souillure.
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Message par jaimedieu Lun 3 Nov 2014 - 19:27

Dans ces conditions, pour toi tout demeure obscur: c'est comme la taie (cataracte) qui se forme quand il arrive à l'oeil de ne plus pouvoir contempler la lumière du soleil; pour toi, tes offenses te plongent dans les ténèbres et tu ne peux pas voir Dieu.

Voilà mon Dieu, le Seigneur de l'univers; il a tendu le ciel à lui seul, établi toute la largeur de la terre sub-céleste, troublé de fond en comble le creux des mers, fait retentir ses flots - il est maître de leur force et modère l'agitation des flots; il a fondé la terre au-dessus des eaux, lui a donné le souffle qui la nourrit; c'est son haleine qui donne la vie à tout, et s'il retenait en lui son souffle, ce serait l'anéantissement de tout.

Ce souffle fait ta voix; c'est le souffle de Dieu que tu respires, et tu ne le connais pas. Cela t'arrive parce que ton âme est aveugle et ton coeur endurci.

Mais si tu veux, tu peux guérir; remets-toi aux mains du médecin, il opérera les yeux de ton âme et de ton coeur. Qui est le médecin? C'est Dieu, qui guérit et vivifie par le Verbe de la Sagesse. C'est par son Verbe et sa Sagesse que Dieu a fait toutes choses;"Par son Verbe ont été solidement établis les cieux, et par son Souffle toute leur puissance." (Ps 32,6) Souveraine est sa Sagesse. Dieu par sa Sagesse a fondé la terre; et il a disposé les cieux avec raison; il savait ce qu'il faisait quand les abîmes se sont déchirés, quand les nuages ont répandu les rosées.

Si tu comprends cela et que ta vie soit pure, pieuse et juste, tu peux voir Dieu. Que d'abord viennent les premières dans ton coeur la foi et la crainte de Dieu, et alors tu comprendras cela. Quand tu auras dépouillé la condition mortelle et revêtu l'incorruptibilité, alors selon ton mérite, tu verras Dieu.

Il ressuscite ta chair immortelle en même temps que ton âme, ce Dieu; et alors tu verras, puisque tu seras immortel, l'Immortel - à condition d'avoir maintenant foi en lui. Alors aussi tu reconnaîtras que tu avais tort de déblatérer contre lui.
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Message par jaimedieu Mar 4 Nov 2014 - 15:54

Le Credo 4 : Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible.


Le Credo vient d’affirmer qu’il y a un seul Dieu, qui est tout-puissant. Le texte passe à décrire ce Dieu comme créateur. Une caractéristique du Dieu biblique est qu’il ne se contente pas d’organiser ou de désorganiser une matière déjà existante, comme dans les mythes païens. Le Dieu biblique est universel (Ciel et terre) et tout-puissant : il peut faire
surgir quelque chose à partir de rien, ou à partir
de lui-même.

La création ne porte pas que sur le monde matériel
(visible), mais inclut aussi le monde invisible. Si nous y sommes attentifs, nous nous rendons compte que le monde est plus riche et plus complexe que ce que nous pouvons en observer avec nos sens. On pourrait songer à des expériences étonnantes que nous faisons parfois, comme le fait de penser à quelqu’un au moment même où il pense à nous, malgré la distance physique et parfois temporelle (on
n’y a plus pensé depuis longtemps).

L’expérience la plus fondamentale du monde invisible est la prière : elle nous donne accès non seulement à Dieu, mais aussi à une richesse de la création bien supérieure à ce que laisse supposer le matérialisme : elle crée des liens entre nous que nous pouvons percevoir. Et il y a ces êtres spirituels que la Bible appelle « anges ». Dieu n’est pas un élément parmi d’autres dans ce monde spirituel : il est radicalement au-dessus et en est le créateur.

La création est le fondement de toutes les autres œuvres de Dieu en relation avec nous. Il
est significatif que le credo commence par la création et s’achève sur le baptême : le Dieu
qui peut nous créer peut aussi nous recréer. Notre
baptême est une nouvelle naissance qui nous introduit dans la vie éternelle, dans la vie de Dieu.

Dieu ne nous crée pas parce qu’il aurait besoin de
nous pour se compléter ou se découvrir mieux lui-même. Il nous crée, et en particulier une
créature à son image qui soit capable de le connaître et de l’aimer, pour que nous puissions nous réjouir de lui : de sa beauté, de sa bonté, de sa sagesse... Il décide librement de partager sa propre bonté, et qui plus est d’offrir ce partage à notre choix libre, comme il convient à l’amour. La création et la
rédemption signifient donc : je vous offre mon amour, je vous donne la capacité de l’accepter, à vous de voir si vous acceptez mon offre. S. Augustin résume la dynamique de notre existence qui provient du fait que Dieu nous a créés : « Tu nous a faits vers toi
(ad te implique un mouvement) et notre âme est sans repos aussi longtemps qu’elle ne repose en
toi » (Confessions I.I.1). Tant de tracas, d’inquiétudes, de troubles... s’expliquent en partie
parce que l’homme ne vit pas au niveau pour lequel
il a été créé, parce que trop souvent les âmes assoiffées ne soupçonnent même pas qu’elles veulent aller vers Dieu et que sans lui elles sont malheureuses, cherchant le paradis dans de pauvres substituts.

La foi en la création répond ainsi à deux questions
fondamentales de l’humanité : d’où venons-nous et où allons-nous ? On peut l’exprimer dans les termes de S. Augustin regardant la nature à Ostie, avec sa mère Sainte Monique : « Nous [Monique et Augustin]
disions donc: Si en quelqu’un faisait silence le tumulte de la chair, silence les images de la
terre et des eaux et de l’air, silence même les cieux, et si l’âme aussi en soi faisait silence et se dépassait ne pensant plus à soi, silence les songes et les visions de l’imagination; si toute langue et tout signe et tout ce qui passe en se produisant faisaient silence en quelqu’un absolument - car, si on peut les entendre, toutes ces choses disent: ‘Ce n’est pas nous qui nous sommes faites mais celui-là nous a faites qui demeure à jamais’ » (S. Augustin,
Confessions IX.X.25).

En d’autres termes, notre monde est étonnant, parce que rien de ce que l’on y trouve n’explique sa propre existence, et encore moins celle de l’ensemble du monde. La foi est un chemin pour répondre à cet étonnement : le monde existe parce qu’il y a un être qui n’a pas besoin d’être causé et peut causer l’existence de tout le reste : cet être est Dieu.

Parler de la création mène souvent à une question,
posée à des catéchistes en des termes comme : « A l’Église on nous dit que c’est Dieu qui a créé le monde, à l’école on nous dit que le monde a évolué». Cette question nous renvoie à ce qu’est la révélation, et dont je parlerai en commentant le fait que le Saint Esprit « a parlé par les prophètes ». Je peux toutefois déjà dire ici que si Dieu veut nous faire
connaître quelque chose par des hommes, il les prend dans leur culture et l’état des connaissances de leur temps. Si Dieu avait inspiré à l’auteur d’un texte de la Genèse de parler en termes scientifiques du début du XXIe siècle, il n’aurait pas respecté l’homme qu’il
« utilisait », et d’ailleurs personne n’aurait compris. Il
suffisait que cet auteur utilise des termes compréhensibles pour dire l’essentiel : Tout ce qui
existe, c’est Dieu qui l’a fait. Dans un discours de 1996, qui en partie reprend Pie XII, le pape
Jean-Paul II a affirmé que la vérité ne peut contredire la vérité, et que l’évolution bien comprise est une manière de nous dire comment Dieu agit dans sa création, ce que nous découvrons petit à petit.

Certes on peut aussi mal comprendre l’évolution, ce qui mène à des oppositions stériles entre croyants et incroyants, par la faute des uns ou des autres
suivant les cas. Ce que le récit de la création nous dit, c’est que tout ce qui existe existe grâce à Dieu, et le Nouveau Testament ajoute que quant à nous nous sommes appelés à être recréés pour
partager la vie même de Dieu.
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Message par jaimedieu Mer 5 Nov 2014 - 16:34

Le Credo 5 : Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ.

Dire que Jésus est « Seigneur », c’est dire qu’il est Dieu, et qu’il peut nous sauver. Notre confession de foi est directement liée à notre Salut, comme nous le rappelle S. Paul : « si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, alors tu seras sauvé » (Rm 10,9). Et reconnaître que Jésus est Seigneur, c’est aussi pouvoir comprendre l’Évangile.

Avant de parler de sa relation au Père (ce qui suit
immédiatement, dans le credo), je vais parler des questions qui, à partir de l’Évangile, suggèrent son identité. Notre Dieu a choisi de se faire connaître à nous, petit à petit, dans l’histoire : « Mon père était un Araméen vagabond, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C'est là qu 'il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse. » (Dt 26,5) Le peuple hébreu a appris à connaître son Dieu dans l’histoire, et cela continue dans l’Évangile. C’est en scrutant l’Évangile que l’on découvre comment Dieu est venu en personne dans notre histoire.

Imaginons la réaction des Juifs présents, en nous rappelant ce qu’ils croyaient. Je songe à David confessant son péché dans un Psaume : « Mon péché, moi, je le connais, ma faute est devant moi sans relâche; contre toi, toi seul, j'ai péché »
(Ps 50 [51], 5-6) On comprend la surprise, l’effroi même des Juifs instruits lorsqu’ils voient Jésus pardonner les péchés : « Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: ‘Mon enfant, tes péchés sont remis.’ Or, il y avait là, dans l’assistance, quelques scribes qui pensaient dans leurs cœurs: ‘Comment celui-là
parle-t-il ainsi? Il blasphème! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul?’ » (Mc 2,5-7)

Non seulement Jésus utilise lui-même ce pouvoir de
remettre les péchés, qui appartient à Dieu seul, mais en outre il le transmet : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20,23). Le pouvoir de remettre les péchés appartient à Dieu seul, c’est aussi lui seul qui peut le transmettre...
Jésus fait davantage que remettre les péchés et transmettre ce pouvoir. Rappelons-nous que c’est contre Dieu que les péchés sont toujours commis (bien qu’ils touchent aussi les créatures) : « contre toi, toi seul, j'ai péché ».

Or Jésus, invité chez un pharisien et acceptant
l’hommage d’une « pécheresse » recourt à une parabole mettant en scène un créancier et deux débiteurs : « Un créancier avait deux débiteurs; l’un devait 500 deniers, l’autre 50. Comme ils n’avaient pas de quoi rembourser, il fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’en aimera le plus?’ » (Lc 7,41-42) Il explique ensuite au pharisien que les deux débiteurs sont lui-même (le pharisien) et la femme décrite comme « pécheresse ». Et Jésus conclut son histoire: « A cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on remet peu montre peu d’amour. Puis il dit à la femme: ‘Tes péchés sont remis. » (Lc 7,47-48). Que signifie cette
histoire ? Que Jésus est le créancier, à savoir celui contre qui les péchés ont été commis.

Encore une fois, quelle phrase d’un psaume bien connu peut venir à l’esprit de ceux qui assistent à une telle scène ? « Contre toi, toi seul, j'ai péché ». Jésus se met à la place de Dieu non seulement en pardonnant les péchés, ce qu’il transmet à d’autres, mais aussi à la place de Dieu contre qui sont commis les péchés. Et cela, il ne le transmet pas. C’est encore plus unique.

Les Juifs recevaient de Dieu lui-même la Loi donnée
à Moïse. Qui pourrait se placer au-dessus du divin législateur ? Regardons Jésus : « Vous avez entendu qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi je vous dis: Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs » (Mt 5,43-44) C’est encore Jésus qui dit à propos de lui-même : « le Fils de l’homme est maître du sabbat» (Mt 12,8). On remarque bien qu’il enseigne non pas en commentant ce qui a été transmis – comme les scribes pouvaient le faire – mais bien avec autorité : « ils étaient frappés de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes » (Mc 1,22). Bien que Jésus ne soit pas venu changer la Loi mais l’accomplir (cf. Mt 5,17), il se place bien au-dessus d’elle. Et qui plus est - comme pour le pouvoir de pardonner les péchés – il peut transmettre ce pouvoir divin à ses Apôtres.

Voyons en effet ceux-ci rassemblés à Jérusalem pour
traiter de l’observance de la Loi de Moïse par les chrétiens qui ne sont pas d’origine juive et n’avaient jamais observé cette Loi. La question a été posée : « Certaines gens du parti des Pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrent pour déclarer qu’il fallait circoncire les païens et leur enjoindre
d’observer la Loi de Moïse » (Ac 15,5) Après un discours de Pierre, on remet une lettre à des messagers disant : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d’autres charges que celles-ci, qui sont indispensables: vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes »
(Actes 15,28-29). Les Apôtres, qui ont reçu de Jésus l’Esprit Saint, peuvent donc dispenser de l’observance de la Loi donnée par Dieu ! Qui plus est ce processus va continuer, car l’Eglise a permis aux
chrétiens de manger la viande avec le sang, et les
chairs étouffées... De qui pourrait venir un tel pouvoir, de dispenser de ce qui vient de Dieu ? C’est la suite de ce que fait Jésus...

Ces exemples nous montrent les réactions que pouvaient avoir les personnes qui ont rencontré Jésus, compte tenu de leur perspective religieuse. Elles avaient de quoi être pour le moins surprises, parfois stupéfaites. Lorsque qu’un homme s’attribue ce qui n’appartient qu’à Dieu, et va en outre vous dire « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham existât, Je Suis » (Jn 8,58), comment réagir ? D’autant qu’il ne semblait pas fou...

L’auteur anglais G. K. Chesterton résume la situation: « Vraiment, si Jésus de Nazareth n’était pas le Christ, il doit avoir été l’Antéchrist ». Pourtant il ne suffit pas d’affirmer la divinité de Jésus. Les premiers à avoir affirmé sa divinité, dans l’Evangile, ce sont des démons. L’Évangile nous montre d’ailleurs un démon tentant Jésus : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain » (Lc 4,3). Le croyant ne se contente pas de reconnaître que Jésus est Dieu fait homme – seule manière de comprendre vraiment l’Evangile – il le reconnaît pratiquement comme son Seigneur. Comme le dit Saint Paul à propos de Jésus : « Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » (Ph 2,9-11) C’est ce que nous faisons en proclamant le credo, et dans toute notre vie chrétienne.
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Message par jaimedieu Jeu 6 Nov 2014 - 5:24

Le Credo 6 : le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière, né de la lumière, vrai Dieu, né du vrai
Dieu. Engendré non pas créé, de même nature que le
Père; et par lui tout a été fait.

La foi en la Trinité est ancrée dans la manifestation de la relation de Jésus avec son Père. C'est lors du baptême de Jésus, que son identité est révélée :
« de la nuée, une voix se fit entendre : ‘Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le’. »
(Lc 9,35). En général, la relation du Père et du Fils est plus discrète, et certains paradoxes la rendent mystérieuse.

D’une part Jésus parle au Père : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre » (Mt 11,25). ... Il se soumet à la volonté de son Père : « Mon Père, (...) si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite! » (Mt 26, 42) Tout cela indique la distinction de deux personnes. Mais il dit aussi : « Voilà si longtemps que je suis avec vous, et
tu ne me connais pas, Philippe? Qui m’a vu a vu le
Père. Comment peux-tu dire: Montre-nous le Père? » (Jn 14,9)

L’Évangile montre donc une distinction entre le Père et le Fils, mais pourtant aussi une étrange similitude, si voir le Fils signifie voir le Père. Cela va au-delà de la ressemblance.

Ce que nous croyons, dans notre foi, c’est que le Père et le Fils sont un seul Dieu : ils ont la même nature divine, ils sont la même substance divine. La seule distinction entre eux est le fait d’être Père et Fils : le Père n’est pas le Fils et le Fils n’est pas le Père. Ces deux Personnes se distinguent par le fait que l’une « vient » de l’autre, par génération. Et il ne faut pas comprendre cet engendrement et cette naissance exactement comme dans le cas des
hommes : le Fils est éternel, il ne commence pas dans le temps, il est né « avant tous les siècles ».

Cette révélation du Nouveau Testament était déjà préparée dans l’Ancien, notamment par le thème de la sagesse de Dieu. Cette connaissance pratique, en partie transmise aux hommes, provient en fait de Dieu, comme sa première créature qui aide l’œuvre de création de tout le reste. Les Proverbes disent :
« Yahvé m’a créée, prémices de son œuvre, avant ses œuvres les plus anciennes. Dès l’éternité je fus établie, dès le principe, avant l’origine de la terre. Quand les abîmes n’étaient pas, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources aux eaux abondantes. (...) Quand il affermit les cieux, j’étais là, quand il traça un cercle à la surface de l’abîme, quand il condensa les nuées d’en haut, quand se gonflèrent les sources de l’abîme, quand il assigna son terme à la mer, - et les eaux n’en franchiront pas le bord - quand il traça les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre, je
faisais ses délices, jour après jour, m’ébattant tout le temps en sa présence, m’ébattant sur la surface de sa terre et trouvant mes délices parmi les enfants des hommes. » (Pr 8,22-24.27-31)

Le livre de la Sagesse dit de la sagesse divine qu’«elle est un reflet de la lumière éternelle, un miroir sans tache de l’activité de Dieu, une image de sa bonté » (Sg 7,26). On voit que la connaissance de Dieu est antérieure à toute la création et comme la lumière qui reflète parfaitement la lumière divine (termes repris dans le credo). Toutefois il s’agit là
d’une première créature, alors que dans le Nouveau
Testament on franchit un pas : si le « miroir » reflète tellement exactement la lumière, c’est qu’il est Dieu lui-même. « Il est l’image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature » (Col 1,15). Si la sagesse agit dans la création, c’est que cette Sagesse est vraiment Dieu lui-même.

Le prologue de l’Évangile de S. Jean fait écho à la
sagesse en parlant du Fils comme d’un Verbe, d’une Parole. Comme la Sagesse, ce Verbe est au commencement, il agit dans la création et il est lumière : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1,1-4) On voit la différence fondamentale : ce Verbe est Dieu. Le texte continue en liant les termes de Verbe et de Fils: « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14)

Le Verbe est une Parole qui dit parfaitement le Père. Nous nous connaissons nous-mêmes, mais imparfaitement : il nous faudrait beaucoup de mots pour dire qui nous sommes, et ce serait incomplet, et ce que nous dirions serait notre discours, ce ne serait pas nous... La connaissance que le Père a de lui-même est tellement parfaite qu’elle ne se
contente pas de lui ressembler : elle est Dieu autant que le Père, simultanément, et le dit parfaitement. C’est le Verbe. Lorsque le Verbe se manifeste à nous, notre relation avec Dieu en est totalement changée. D’abord parce que nous le connaissons : « Nul n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1,18).

D’autre part parce que nous pouvons aussi devenir des enfants de Dieu, mais comme le Fils unique : « je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20,17). Nous sommes des fils
adoptifs grâce au Fils unique, si nous croyons en lui : « il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu à ceux qui croient en son nom » (Jn 1,12).

Comme le Verbe est en quelque sorte le modèle incréé de la création, qu’il opère avec le Père et le Saint-Esprit, il nous recrée en faisant de nous des fils à son image. Comme le dit Saint Paul: « nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux » (Phil 3,21). Parce que nous aimons Dieu, nous méditons avec nos mots humains sur le mystère de la Trinité, qui est infiniment au-delà de ce qu’un esprit humain peut comprendre ou aurait pu imaginer... Nous l’acceptons dans la foi, en attendant de voir Dieu...
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Message par jaimedieu Ven 7 Nov 2014 - 5:08

Le Credo 7 : Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel.

Tout l’Ancien Testament nous montre que Dieu vient
au secours des hommes, et notamment de son peuple. Cela commence par la création: en nous créant, Dieu ne vient pas à proprement parler à notre aide, mais il montre qu’il veut que nous soyons avec lui.

Ensuite, il montre ce qu’il veut pour nous en choisissant un peuple et en lui étant toujours fidèle.
Dieu déclare, en s'adressant à Moïse: « Le Seigneur dit à Moïse: ‘J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre spacieuse et fertile, vers une terre ruisselant de lait et de miel, vers le pays de Canaan. Et maintenant, va! Je t’envoie chez Pharaon: tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël.’ »
(Ex 3,7-8.10). La foi du peuple juif est centrée sur cette aide de Dieu, qui donne un pays à Abraham, et y ramène ses descendants après leur esclavage en Égypte, et de nouveau après l’exil à Babylone.

Cette aide divine ne montre pas seulement la proximité de Dieu, mais aussi notre propre incapacité. Le peuple est incapable d’être toujours fidèle, mais Dieu revient sans cesse à la charge pour ramener à lui ceux qui se sont égarés. D’ailleurs Dieu a toujours voulu être lui-même le pasteur de son peuple. Lorsque les anciens d’Israël sont allés trouver le prophète Samuel pour lui dire: « Établis-nous un roi pour qu’il nous juge, comme toutes les nations » (I Samuel 8,5), Samuel en était attristé. Dieu a répondu à son prophète: « Satisfais à tout ce que te dit le peuple, car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, c’est moi qu’ils ont rejeté, ne voulant plus que je règne sur eux »
(I S 8,7).

En d’autres termes: ils ne se contentent pas que Dieu soit avec eux, ils veulent quelqu’un de moins grand mais de plus tangible. Eh bien Dieu l’accepte, mais – évidemment – sans illusion. Il sait que les hommes mis à la tête de son peuple ne seront pas toujours fidèles à leur Dieu et à leur peuple.

Lorsque l’expérience aura permis de constater
l’infidélité de bien des rois, Dieu tire un bilan, en s’adressant au prophète Ézéchiel: « Fils d’homme, prophétise contre les pasteurs d’Israël, prophétise. Tu leur diras: Pasteurs, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Malheur aux pasteurs d’Israël qui se paissent eux-mêmes. Les pasteurs ne doivent-ils pas paître le
troupeau? » (Ez 34,2) Il ne se contente pas de ce bilan, il propose aussi un remède: « Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici, je me déclare contre les pasteurs. Je leur reprendrai mon troupeau et désormais, je les empêcherai de paître mon troupeau. Ainsi les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes. J’arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus pour eux une proie. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai. » (Ez 34,10-11)

Nous avons là un bilan intermédiaire: Dieu s’occupe
de son peuple, mais le peuple veut aussi des chefs plus tangibles; Dieu accepte, mais ces chefs ne donnent pas satisfaction; Dieu va donc s’occuper directement du peuple. Comment cela se fera-t-il?
Saint Paul nous donne une indication, en parlant de l’aide donnée par Dieu à son peuple dans le désert, après la sortie d’Égypte: « Tous, ils ont été pour ainsi dire baptisés en Moïse, dans la nuée et dans la mer; tous, ils ont mangé la même nourriture, qui était spirituelle; tous, ils ont bu à la même source, qui était spirituelle; car ils buvaient à un rocher qui les
accompagnait, et ce rocher, c’était déjà le Christ.»
(I Co 10,2-4)

Lorsque Dieu aidait son peuple, il savait déjà quelle serait la forme définitive de cette aide: c’est le Christ. En lui se trouvent les deux éléments qui jusque-là semblaient en concurrence: Dieu lui-même guide son peuple, et il le fait sous une forme tangible,
c’est-à-dire humaine. Jésus est le bon Pasteur – Dieu et homme – qui descend du Ciel pour notre Salut. Il montre le contraste entre lui-même et les pasteurs précédents: « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands; mais les brebis ne les ont pas écoutés » (Jn 10,8). Le peuple a eu des pasteurs qui songeaient à eux-mêmes plus qu’au bien du peuple. Quand c’est Dieu lui-même qui vient, le contraste est frappant, et vraiment inattendu: « Je suis le bon pasteur; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11).

En commentant la suite du credo, j’aurai l’occasion de revenir sur la Passion du Christ. Après l’Ascension du Christ, Dieu est encore le Pasteur de son peuple, bien que les intermédiaires « tangibles » soient de nouveau des hommes pécheurs. Non seulement le Christ nous a envoyé son Esprit-Saint, mais il a de nouveau chargé des hommes d’être pasteurs. Il dit trois fois à Pierre:
« Pais mes brebis » (Jn 21,15-17) Il donne à trois reprises cette mission à un Apôtre qui le trahit trois fois. Le problème des pasteurs pécheurs demeure, car Dieu respecte le désir des hommes d’avoir des bergers qu’ils puissent voir, entendre, toucher. Mais nous ne sommes pas simplement revenus à la situation précédente, car Jésus est la Tête de l’Eglise, il y agit encore et toujours. On le voit dans les sacrements: un prêtre ne peut être tel que s’il a reçu le sacrement de l’ordre (dans lequel le Christ agit) et ensuite quand il dit « ceci est mon corps » c’est le Christ qui parle par lui (sinon ce serait le corps du prêtre).

Lors de sa dernière audience publique, le 27 février, le pape Benoît XVI a dit: « Et huit années après, je peux dire que le Seigneur m’a vraiment guidé, m’a été proche, j’ai pu percevoir quotidiennement sa présence. Cela a été un bout de chemin de l’Église qui a eu des moments de joie et de lumière, mais aussi des moments pas faciles; je me suis senti comme saint Pierre avec les Apôtres dans la barque sur le lac de Galilée: le Seigneur nous a donné beaucoup de jours de soleil et de brise légère, jours où la pêche a été abondante; il y a eu aussi des moments où les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l’histoire de l’Église, et le Seigneur semblait dormir. Mais j’ai toujours su que dans cette barque, il y a le Seigneur et j’ai toujours su que la barque de l’Église n’est pas la mienne, n’est pas la nôtre, mais est la sienne. Et le Seigneur ne la laisse pas couler; c’est Lui qui la conduit, certainement aussi à travers les hommes qu’il a choisis, parce qu’il l’a voulu ainsi. Cela a été et est une certitude, que rien ne peut troubler ».

Parce que c’est le Christ qui est notre Pasteur, le pape et les autres pasteurs soumis au Christ n’ont pas à avoir peur, et le pape peut laisser sa place lorsque les forces lui manquent parce qu’il sait que le Salut ne dépend pas de lui mais de celui qui pour cela est descendu du Ciel.
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Message par jaimedieu Sam 8 Nov 2014 - 5:39

Le Credo 8 : Par l’Esprit Saint, il a pris chair de
la Vierge Marie, et s’est fait homme.

Qohélet (N.B. livre de l'Écclésiaste) disait : « Ce qui fut, cela sera, ce qui s’est fait se refera, et il n’y a rien de nouveau sous le soleil! » (Qo 1,9) Les affaires humaines suivent leur mouvement, changeant finalement assez peu : que l’on lise des fables grecques, ou latines, ou de l’Amérique précolombienne, au bout du compte on retrouve les mêmes histoires. Certes l’humanité a
fait des progrès énormes au cours des deux derniers
siècles, l’homme est allé sur la lune et envoie des machines sur des planètes plus éloignées, mais dans ce monde transformé chacun reste au bout du compte face aux mêmes joies, aux mêmes peines, aux mêmes questions. En ce sens Qohélet reste vrai.

Mais il y a une exception, une nouveauté vraiment
radicale : le Fils de Dieu s’est fait homme. L’œuvre de l’Esprit Saint est indiquée dans l’Évangile, lors de l’annonce de l’ange à Marie. La Vierge demande comment elle pourrait avoir un enfant, puisque justement elle est vierge (elle « ne connaît pas d’homme) : « Marie dit à l’ange: ‘Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme?’ »
(Lc 1,34). La réponse est que cela arrivera par l’opération du Saint Esprit, et que Dieu peut accomplir ce qui nous est impossible : « L’ange lui répondit: ‘L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta parente, vient, elle
aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile; car rien n’est impossible à Dieu.’ »
(Lc 1,35-37)

Ce texte est la base immédiate du texte du credo.
Jésus est un homme véritable, né d’une mère humaine, mais sans père humain car c’est Dieu qui a agi dans sa conception. Il est ainsi vrai Dieu et vrai homme. L’intention du Concile de Nicée était de répondre à l’hérésie fondamentale d’Arius, qui niait la divinité du Christ.

Voir en Jésus seulement un homme ne permet pas de comprendre l’Évangile, mais Arius – prêtre d’Alexandrie contemporain du Concile de Nicée – niait cette divinité à partir de son interprétation de la Bible. Son hérésie secoue très fortement l’Église antique : au milieu du IVe siècle, avec l’appui de l’empereur, une majorité des évêques (mais pas le pape) étaient ariens. Or, nier la divinité du Christ, c’est nier le centre même du christianisme, c’est pourquoi S. Augustin dira que toutes les erreurs à propos du christianisme contiennent une négation de l’Incarnation :« Si nous venons à examiner toutes les hérésies, nous trouvons qu’elles nient que le Christ
est venu dans la chair ». Comme les théologiens ariens et orthodoxes s’opposaient quant à
l’interprétation de la Bible, l’Église choisit une formule extérieure à la Bible (le credo) pour en expliquer la correcte interprétation.

Après Nicée, d’autres questions vont surgir, qui reviennent à se demander si Jésus est vraiment une Personne, ou pas plutôt un hybride. S’il est vraiment tout à fait homme ou bien si, par exemple, la divinité ne joue pas en lui le rôle de l’âme. Ou encore s’il a vraiment une volonté humaine, etc. En 451, reprenant un texte du pape S. Léon le Grand, le Concile de Chalcédoine revient sur l’ensemble de ces questions et complète le credo de Nicée par une autre définition de foi. L’essentiel de cette définition est de dire que Jésus est vraiment homme et vraiment Dieu, pas un mélange, pas un peu Dieu et un peu homme : « Suivant donc les saints Pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme (composé) d’une âme raisonnable et
d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous sauf le péché, avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et pour notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l’humanité, un seul même Christ, Fils du Seigneur, l’unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans
séparation, la différence des deux natures n’étant
nullement supprimée à cause de l’union, la propriété de l’une et l’autre nature étant bien plutôt sauvegardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais en un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus-Christ. »

Lorsque Dieu veut nous sauver en venant parmi nous,
il se fait homme, et il respecte notre humanité en requérant la participation active d’une femme, la Vierge Marie. Marie répond en effet à la demande de l’ange, elle n’est pas passive : « Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole!
(Lc 1,38)

Lorsque S. Thomas se demande pourquoi l’incarnation a été annoncée, il répond justement en affirmant que Dieu voulait notre réponse, notre oui, et a confié cette réponse pour nous tous à une femme : il convenait que la naissance en notre chair du Fils de Dieu soit annoncée « pour montrer ainsi
un certain mariage spirituel entre le Fils de Dieu et la nature humaine. Et voilà pourquoi l’annonciation demandait le consentement de la Vierge représentant la nature humaine. »

Puisque Jésus est vrai Dieu et vrai homme, on peut
parler de lui en tenant compte de cette unité. Par exemple on peut dire : « Dieu est mort en croix », bien que Jésus y soit mort seulement comme homme et pas comme Dieu. On pense alors « Cette Personne qui est Dieu est morte en tant qu’homme ». C’est pourquoi, entre les Conciles de Nicée et Chalcédoine, le Concile d’Ephèse (431) a proclamé que la Vierge Marie est « Mère de Dieu » : en parlant ainsi de Marie, on parle avant tout du Christ. En d’autres termes : l’homme qui est le fils de cette femme est Dieu.

Dieu s’est fait homme : il s’agit d’un événement unique, et qui distingue le christianisme de toute autre religion ou vision du monde. Et un des aspects les plus étonnants de cet événement, c’est que Dieu a voulu que nous y prenions part. Cela se réalise d’abord et avant tout par l’acception de la Vierge Marie. Ensuite, nous continuons à y prendre part. Saint Paul dit : « Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu
lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. »
(II Co 5,20).

Dans l’Incarnation, Dieu montre son amour de l’humanité en venant parmi nous, et en faisant de nous des collaborateurs de son œuvre de salut.
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Message par jaimedieu Dim 9 Nov 2014 - 5:57

Le Credo 9 : Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.

Le credo nous fait reconnaître des faits historiques : Jésus est vraiment né, vraiment mort, et vraiment ressuscité. Il n’est pas anecdotique de dire que le fait de la Passion appartienne à la foi : le Coran nie que Jésus soit mort en croix. Bien que notre foi ne porte pas d’abord sur des faits historiques, elle ne peut exister si certains faits n’ont pas vraiment eu lieu, comme par exemple la mort du Christ en croix.

Dieu a toujours agi dans l’histoire, et ainsi l’histoire est directement liée à la foi. Il y a plusieurs raisons à la mort de Jésus. L’une d’entre elles est annoncée par le livre de la Sagesse, à savoir que la présence du Juste dérange par contraste : « Tendons des pièges au juste, puisqu’il nous gêne et qu’il s’oppose à notre conduite, nous reproche nos fautes contre la Loi et nous accuse de fautes contre notre éducation. Il se flatte d’avoir la connaissance de Dieu et se nomme enfant du Seigneur . Il est devenu un blâme pour nos
pensées, sa vue même nous est à charge; car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents. Il nous tient pour chose frelatée et s’écarte de nos chemins comme d’impuretés. Il proclame heureux le sort final des justes et il se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses dires sont vrais, expérimentons ce qu’il en sera de sa fin. Car si le juste est fils de Dieu, Il l’assistera et le délivrera des mains de ses adversaires. Éprouvons-le par l’outrage et la torture afin de connaître sa douceur et de mettre à l’épreuve sa résignation. Condamnons-le à une mort honteuse, puisque, d’après ses dires, il sera visité. » (Sg 2,12-20)

La présence du doux parmi les violents dérange toujours, ce qui atteint son paroxysme dans le cas de Jésus. En outre, les gestes de Jésus semblaient impies à ceux qui ne reconnaissaient pas son identité divine : « Dès les débuts du ministère public de Jésus, des Pharisiens et des partisans d’Hérode, avec des prêtres et des scribes, se sont mis d’accord pour le perdre
(cf. Mc 3, 6).

Par certains de ses actes (expulsions de démons, cf. Mt 12, 24; pardon des péchés, (cf. Mc 2,7); guérisons le jour du sabbat, (cf. Mc 3, 1-6); interprétation originale des préceptes de pureté de la Loi, (cf. Mc 7, 14-23); familiarité avec les publicains et les pécheurs publics, (cf. Mc 2, 14-17) Jésus a semblé à certains, mal intentionnés, suspect de possession
(cf. Mc 3, 22; Jn 8, 48; 10, 20). On l’accuse de blasphème (cf. Mc 2, 7; Jn 5, 18; 10, 33) et de faux prophétisme (cf. Jn 7, 12; 7, 52), crimes religieux que la Loi châtiait par la peine de mort sous forme de lapidation (cf. Jn 8, 59; 10, 31). ».

Certaines des causes de la mort de Jésus proviennent de l’hostilité de certains hommes, qu’il s’agisse de leur incompréhension religieuse, du miroir de l’injustice que représente le juste, ou simplement de la lâcheté (Pilate). Pourtant une cause plus profonde encore est que Jésus accepte sa Passion, dans la pleine conscience de la souffrance, et il le fait par obéissance au Père : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse! » (Lc 22,42).

Pourtant il aurait pu l’éviter. Or, pour que la volonté de Dieu s’accomplisse, il refuse l’aide armée de Pierre, l’aide des anges qu’il pourrait demander : « Alors Jésus lui dit: ‘Rengaine ton glaive; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges? Comment alors s’accompliraient les Écritures d’après lesquelles il doit en être ainsi?’ » (Mt 26,52-54)

Si le Christ accepte de donner sa vie, c’est à la fois par amour et par obéissance, qui dans son cas ont une valeur vraiment infinie et compensent surabondamment nos péchés.

Que le Fils veuille obéir, c’est une chose. Mais pourquoi le Père lui demande-t-il un tel sacrifice ? Dieu prend au sérieux notre condition humaine, marquée par le mal et la souffrance. Il ne nous y abandonne pas, mais vient à nous jusqu’au fond de notre condition humaine, et nous invite à faire de même : « A ceci nous avons connu l’Amour: celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères. » (I Jn 3,16)

S. Paul montre le lien entre l’abaissement volontaire du Fils de Dieu et notre propre vie : « Ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des autres. Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus: Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix! » (Ph 2,4-9)

Si nous sommes les disciples du Christ, sa Passion
excite notre reconnaissance et suscite en nous les mêmes sentiments. Une fois que nous connaissons le Christ nous le comparons à la vanité des avantages humains et nous lançons en avant avec lui.

L’Évangile (Jn 8,1-11) nous montre Jésus qui pardonne à la femme adultère. Sans pardon, personne ne peut vivre, aucune communauté humaine n’est possible. La plus grande motivation que nous pouvons avoir pour pardonner, pour accepter le sacrifice libérateur impliqué par le pardon, c’est notre reconnaissance vis-à-vis de Dieu qui nous pardonne : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ».

Ainsi toute notre vie doit être sous le choc de la Croix du Christ, notre espérance et notre chemin. Ne faisons pas comme si la mort du Christ ne changeait rien, comme si nous pouvions trouver par nous-mêmes ou avec des idoles une voie meilleure et plus facile.

Notre réponse est de nous élancer vers la résurrection, et notre élan implique de ne pas nous attacher à notre bien propre, alors que le Fils de Dieu lui-même a donné sa vie. C’est ce qu’a dit le pape François dans son sermon aux cardinaux, le lendemain de son élection (le jeudi 14 mars) : « Quand nous marchons sans la Croix, quand nous édifions sans la Croix et quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur: nous
sommes mondains".
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Message par jaimedieu Lun 10 Nov 2014 - 6:59

Le Credo 10 : Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel; il est assis à la droite du Père.


Chaque dimanche est une célébration de la résurrection, puisque Jésus est ressuscité le premier jour de la semaine, qui est le troisième à partir du jour de la Passion. Deux articles du credo parlent de la résurrection de la chair : celle du Christ, puis la nôtre.

Je parlerai de la résurrection de la chair en général – de ce qu’elle signifie pour la relation de Dieu avec notre humanité – en commentant la fin du credo. Pour l’instant il suffit de dire que le Fils de Dieu a pris un corps, et que les textes évangéliques qui nous parlent de la résurrection insistent sur le fait que Jésus ressuscité a bien un corps. C’est pourquoi Jésus est capable de boire et de manger avec ses disciples.

Le Fils de Dieu ne s’est pas fait homme simplement
pour être avec nous dans la vie présente, mais pour que nous partagions sa vie éternelle. La résurrection du Christ est donc tout à fait au centre de la foi chrétienne. Comme le dit S. Paul aux Corinthiens :
« Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi » (I Co 15,17). S. Paul montre ensuite que croire ou
non en la résurrection change tout, et que sans résurrection il deviendrait logique de nous occuper seulement de la vie présente : « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (I Co 15,32).

Nous croyons en la résurrection : c’est un fait qui
se situe au-delà de ce que nous pouvons observer directement. Dans les Évangiles, personne ne voit la résurrection, mais on voit le ressuscité. Notre foi s’appuie donc sur les témoins du ressuscité, qui ont reconnu Jésus bien que celui-ci ait changé : c’est surtout à ses paroles et à ses actes qu’ils ont pu le reconnaître, comme les disciples d’Emmaüs
(cf. Lc 24,31).

Les témoins du Christ ressuscité sont d’abord ceux
qui l’ont rencontré : les deux femmes qui sont allées les premières au tombeau ouvert, puis les Apôtres et d’autres disciples. L'Évangile nous donne également l’exemple de l’Apôtre Thomas, qui était absent lors d’une apparition précédente du ressuscité et demande à toucher. Nous ne savons pas si Thomas a
cru sans toucher ou après avoir effectivement touché, mais nous sommes heureux de croire sans avoir eu besoin de toucher.

Les témoins du ressuscité ne s’appuient pas seulement sur leurs rencontres avec lui, mais aussi sur les annonces de l’Ancien Testament : celles que Jésus expliquait aux disciples d’Emmaüs
(cf. Lc 24,27) : « Commençant par Moïse et
parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes le Écritures ce qui le concernait »). Le Saint-Esprit aidera les Apôtres et toute l’Église à déceler et reconnaître dans les Écritures les annonces de la résurrection.

Nous voyons ainsi Pierre, le jour de la Pentecôte, expliquer comment lui-même et les autres Apôtres sont témoins. Pierre reconnaît d’abord – ce qu’il n’avait pas vu dans le passé – que le messie devait mourir : « Cet homme qui avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la
main des impies » (Ac 2,23). Il voit ensuite, méditant sur les Psaumes, que la résurrection était annoncée : « Mais Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès. Aussi bien n’était-il pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir; car David dit à son sujet: Je voyais sans cesse le Seigneur devant moi, car il est à ma droite, pour que je ne vacille pas. Aussi mon cœur s’est-il réjoui et ma langue a-t-elle jubilé;
ma chair elle-même reposera dans l’espérance... » (Ac2,24-26). Et il ajoute, pour ses auditeurs, que bien que David parle dans le psaume, il ne parle pas de sa propre résurrection (car son tombeau est encore là), mais annonce la destinée de celui qui a été acclamé le dimanche des rameaux comme le « fils de David ».

Pierre cite donc comme témoins à la fois David et les disciples présents avec lui : « Mais comme il [David] était prophète et savait que Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir sur son trône un descendant de son sang, il a vu d’avance et annoncé la résurrection du Christ qui, en effet, n’a pas été abandonné à l’Hadès, et dont la chair n’a pas vu la corruption: Dieu l’a ressuscité, ce Jésus; nous en
sommes tous témoins. » (Ac 2,30-32) Lorsque nous confessons la foi apostolique, nous nous appuyons sur le témoignage des Apôtres, que Jésus avait choisis pour être les colonnes de son Église, de
« l’Église du Dieu vivant » qui est elle-même
« colonne et support de la vérité » (I Tm 3,15).

Après une période d’apparitions destinées à manifester sa résurrection, Jésus a accompli sa mission, retourne auprès du Père et s’assied à sa droite, comme il était annoncé pour le Messie. Il ne s’agit toutefois pas pour lui de partir tout simplement. Tout d’abord, juste avant son Ascension, il promet de nous envoyer son Esprit Saint, afin que les disciples puissent être ses témoins partout : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac1,8).

Ensuite, deux hommes en blanc disent aux disciples que le Christ va revenir, sans préciser quand :
« Comme ils étaient là, les yeux fixés au ciel pendant qu’il s’en allait, voici que deux hommes vêtus de blanc se trouvèrent à leurs côtés; ils leur dirent: ‘Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel? Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel’. » (Ac 1,10-11). Jésus ne part pas afin de nous abandonner. Il était certes venu pour être avec nous, mais pas simplement pour partager notre vie en ce monde.

Il n’aurait pu d’ailleurs – en tant qu’homme – ne partager la vie que de quelques-uns. Il était venu pour nous sauver : pour nous faire partager la vie divine et non pas seulement améliorer notre vie actuelle. Et il fallait que ce salut soit proposé à l’acceptation de tous. Pour cela, comme il l’a dit lui-même, il valait mieux pour nous qu’il parte
(cf. Jn 16,17), afin que son Esprit puisse agir partout et toujours, poussant et vivifiant les disciples
« jusqu’aux extrémités de la terre ».

Ce que l’Esprit Saint apporte, c’est ce qui vient de Jésus, et c’est aussi cela que l’Église transmet à travers le monde jusqu’à la fin des temps. Bien que nous puissions approfondir sans cesse la révélation reçue, nous n’avons aucune nouvelle révélation à recevoir (même si un ange venait du ciel, nous avertit S. Paul, cf. Ga 1,8) jusqu’à ce que le Christ revienne. Mais en attendant, lui-même a voulu rester parmi nous comme parmi ses amis, comme le dit S.
Thomas d’Aquin : « Parce que la propriété essentielle de l’amitié, selon Aristote, est ‘ qu’on partage la vie de ses amis’, il nous a promis pour récompense sa présence corporelle: ‘Là où sera le corps, dit-il
(Mt 24, 28), là se rassembleront les aigles.’

En attendant toutefois, il ne nous a pas privé de sa présence corporelle pour le temps de notre pèlerinage, mais, par la vérité de son corps et de son sang, il nous unit à lui dans ce sacrement. Ce qui lui fait dire (Jn 6, 57): ‘Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.’ »
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