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Lutte contre l’islamisme, lutte contre «tous les intégrismes » : même combat ?

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Message par MichelT Sam 24 Juil 2010 - 1:48

dimanche 11 avril 2010
Lutte contre l’islamisme, lutte contre «tous les intégrismes » : même combat ?

Par Jean-Philippe Martini

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde

Albert Camus


La lutte contre l’islamisme est un combat difficile. Pour la mener correctement, il convient d’abord de bien comprendre la nature du phénomène. Cela nous permet en particulier d’éviter des amalgames et des raccourcis souvent faciles et de ne pas nous tromper de cible.

L’islamisme constitue une idéologie politique totalitaire, toujours en déploiement, qui instrumentalise à la fois le religieux (en l’occurrence l’islam), et les luttes sociales et nationales, lesquelles trouvent un écho généralement favorable aussi bien dans les milieux « anti-impérialistes » et tiers-mondistes que dans les mouvances antisionistes, antisémites et anti-occidentales.

Dans la préface du livre de M. Matthias Kuntzel intitulé : Jihad et haine des juifs, le lien troublant entre l’islamisme et nazisme à la racine du terrorisme international (2009), le politologue français Pierre-André Taguieff ne cache pas son agacement devant le fait que la menace islamiste contre nos sociétés démocratiques n’ait jamais été « pleinement reconnue comme telle par les intellectuels et les faiseurs d’opinion ». Surtout en France !

Pierre-André Taguieff pense que « l’islamisme radical a été dilué par certains essayistes dans “l’extrémisme” ou “les intégrismes”, grosses catégories d’amalgame qui donnent l’illusion aux journalistes et aux acteurs politiques pressés de connaître et de comprendre leur époque, voire de le penser. Cette dilution idéologique a eu et n’a cessé d’avoir des conséquences désastreuses : elle revient à mettre sur le même plan les “intégristes” chrétiens, juifs et musulmans, donc à masquer la forte spécificité négative de l’islam politique, à savoir la centralité théorique et pratique du jihad. C’est là plonger les esprits, pour parler comme Hegel, dans la “nuit où toutes les vaches sont noires”. Les disciples de Mgr Lefebvre apparaissent, dans la vulgate “anti-intégriste”, comme aussi dangereux que les compagnons d’Oussama Ben Laden. Ce qui revient à diffuser une image aussi fausse que trompeuse d’un réseau islamo-terroriste tel qu’Al-Qaida » (op. cit., p.13).

Foi et politique : dérive

Ce type de discours mène à de graves confusions. Dans la lutte contre l’islamisme (où, c’est un fait, divers groupes sont en concurrence), la journaliste française Caroline Fourest récidive malheureusement avec les mêmes errements doctrinaux (et sémantiques), en pratiquant cet amalgame grossier, celui d’une lutte diffuse contre « tous les intégrismes religieux », ce qui englobe des réalités fort différentes, Cela l’empêche de cerner précisément l’ennemi qu’elle vise à combattre. Pour elle, un catholique pratiquant fidèle à l’Église catholique et politiquement conservateur est nécessairement un « intégriste dangereux ». Avec une posture aussi contre-productive, sinon infantile, «l’intégrisme» n’est plus un concept susceptible d’analyse, mais un terme purement polémique pour discréditer un adversaire que l’on n’aime pas. Les notions mêmes de conservatisme, de traditionalisme et bien sûr d’intégrisme sont en train d’être trafiquées et de se retourner contre ceux qui veulent comprendre une réalité complexe, multiforme et instable. Une volonté d’apaisement face à l’islamisme existe toujours dans les consciences de nombre de nos contemporains (à gauche comme à droite de l’échiquier politique). Il importe que ceux pour qui la « cause » anti-islamiste est chère ne pratiquent pas la confusion des genres.

Au Québec, on n’échappe guère à ce type d’amalgame. Dans sa polémique contre l’islamisme, Richard Martineau, un journaliste chroniqueur, met sur le même pied l’islamiste chic Tariq Ramadan et… le Pape Benoît XVI (voir son blogue du 22 février 2010) ! Difficile de ne pas y voir une profonde myopie intellectuelle. Cette lutte contre « tous les intégrismes » ressemble à s’y méprendre à ce « néo-antifascisme » démagogique qui fut celui d’un Parti communiste français s’opposant au « fasciste » Charles de Gaulle.

***

Est-ce que tous ceux qui vivent ou expriment publiquement leur foi sont des «intégristes» ? Qui va tracer la ligne sur cette question ? Le gouvernement ? Les experts ? Radio-Canada ? Daniel Baril du Mouvement Laïque Québécois ? Même l’abbé Raymond Gravel discerne le danger. La lutte « anti-intégriste » de type laïciste se transforme sournoisement en rhétorique anti-religieuse. Est-ce que les islamistes, les hassidiques, les amishs (!), et les chrétiens plutôt conservateurs représentent une « même menace » à la sécurité du Canada et du Québec ? Il est clair que non. Alors pourquoi cette équivalence ? Selon quel critère au juste une position (ou même un comportement) est jugée «intégriste» ? Quel « clergé » détermine cela ! À force de brouiller les étiquettes, on fait le lit de ceux que l’on veut réellement combattre. Du pain béni pour les islamistes.

Pensez la Terreur islamiste

Le rejet radical de l’Église au moment de la Révolution tranquille a ouvert une boîte de Pandore qui risque de nuire à la défense de ce que nous sommes : une société occidentale aux racines judéo-chrétiennes. Les organisations islamistes au Canada et au Québec profiteront de la fragilisation de l’identité religieuse de la communauté francophone du Québec. La coalition plus ou moins formelle contre « tous les intégrismes » est une arme inefficace contre des organisations islamistes qui ont tout intérêt à ce que la militante anti-islamiste Djemila Benhabib dénonce « tous les intégrismes » et s’en prenne aux représentants de l’Église catholique au Québec. Sa position rejoint d’ailleurs celle de Françoise David de Québec Solidaire. Malheureuse diversion qui gomme la spécificité du totalitarisme politique du XXIe siècle : l’islamisme. La haine de soi est la pire des politiques. Tant pour une nation que pour une civilisation.

Le Frère Tariq Ramadan

Dans son livre intitulé Prêcheurs de haine, traversée de la judéophobie planétaire (2004), Taguieff consacre un chapitre intéressant à l’islamiste Tariq Ramadan. Attardons-nous un peu à son cas, car le Québec a souvent accueilli ce théoricien des Frères musulmans.

Selon Taguieff, Ramadan, « loin d’avoir pris ses distances vis-à-vis de l’héritage idéologico-politique de son grand-père (fidèlement transmis par son propre père, Saïd Ramadan), lui a consacré une grande partie de son livre paru en 1998 Aux sources du renouveau musulman* où il présente de façon trompeuse la doctrine anti-moderne, anti-occidentale et fondamentaliste de Hassan al-Banna comme l’une des expressions du “réformisme islamique” » ! Dans la préface de ce livre, le militant marxisant Alain Gresh écrit que « Tariq Ramadan n’est pas seulement le petit-fils du fondateur des Frères musulmans, mais il en revendique hautement l’héritage doctrinal et spirituel ».

Fait aussi très intéressant, son ancien professeur et directeur de thèse M Charles Genequand (titulaire de la chaire arabe à l’Université de Genève) démasque ouvertement l’imposture de Tariq Ramadan qui cherche avant tout à promouvoir activement le « réformisme » d’Hassan al-Banna :

« Tariq Ramadan fait du “copier-coller”. […] Je le considère comme un opportuniste vaniteux qui cherche à se faire passer pour le chef spirituel de l’islam européen. Ses idées ? Une vision étriquée et assez rétrograde de l’islam, pour tout dire. (…) M. Ramadan s’est moqué de moi. En 1993, il a commencé un travail de thèse qui devait porter, disait-il sur la pensée réformiste de l’islam depuis le 19e siècle. En 1997, ne tenant pas à cautionner un écrit purement idéologique, dénué de tout aspect scientifique, j’ai démissionné de mon poste de directeur de thèse. Deux autres membres du jury se sont retirés, comme moi. M. Ramadan a fini par l’avoir, sa thèse. […] Mais, fait rarissime, elle n’a pas obtenu la mention “très honorable” du jury. Ce que voulait M. Ramadan, c’était un titre universitaire, et vite ».

Pour retourner la situation en sa faveur, Tariq Ramadan réunit alors rapidement un second jury pour valider son diplôme. Il a pu par la suite publier en toute quiétude sa thèse à la gloire du « réformiste » Hassan al-Banna des Frères musulmans, gracieuseté de son nouveau jury : Philippe Borgeaud, Président du jury, Bruno Étienne, Reinhard Schulze, Richard Friedli, Sylvia Naef.

***

Sur le conflit israélo-palestinien, Tariq Ramadan éructe une circonvolution aussi alambiquée qu’inquiétante : « […] j’ai assez répété que j’étais un homme de dialogue, contre toute violence, sauf en Palestine » (Pierre-André Taguieff, Prêcheurs de haine, traversée de la judéophobie planétaire, Mille et une nuits, 2004, p. 922).

Antoine Sfeir, journaliste et directeur des Cahiers de l’Orient en France, se préoccupe également de la façon dont on traite la venue de Tariq Ramadan dans la sphère intellectuelle et médiatique. Dans son plus récent ouvrage Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, les différents courants, les personnalités, les racines culturelles, religieuses et politiques (2009), Sfeir décrit avec intelligence toutes les sensibilités idéologiques de l’islamisme dans le monde sans oublier de mentionner spécialement Présence musulmane de France qui inclut notamment une branche montréalaise. Selon Sfeir, Présence musulmane de Montréal est un « centre de réflexion » qui représente une des ramifications du militantisme islamiste (Dictionnaire géopolitique…, p. 384). Comme important partenaire de PMM, on retrouve au Québec le Centre Justice et Foi, véritable pépinière de contestation gauchiste au sein du catholicisme québécois. Une figure historique du syndicalisme d’ici, Lorraine Pagé, fait partie du conseil d’administration de ce Centre. Est-ce que Madame Pagé cautionne l’alliance tactique du Centre Justice et Foi avec Présence musulmane de Montréal ?

Manque de jugement

Les positions prises par des intellectuels comme Patrice Brodeur et Gregory Baum sont symptomatiques de la faillite morale d’une certaine intelligentsia progressiste qui atténue et dénature la virulence résolument passionnelle d’un théoricien radical comme Tariq Ramadan. Je laisse le professeur émérite à l’Université McGill Gregory Baum, théologien de haute voltige, parler lui-même de son ami Tariq qui est venu en novembre dernier à Montréal: « J’ai étudié la pensée de Tariq Ramadan, j’ai lu tous ses livres et je viens de publier le livre The Theology of Tariq Ramadan: A Catholic Perspective (Novalis, 2009), dont la traduction française est préparée par Fides. Tariq Ramadan présente une interprétation de l’islam qui est orthodoxe et humaniste, fidèle à la tradition et ouverte à la modernité, appuyant démocratie, pluralisme et droits de la personne. Je suis malheureux qu’un grand penseur religieux soit attaqué publiquement de façon si mensongère » (Le Devoir, vendredi, 6 novembre 2009, p. a8). Ce théologien, s’il n’a pas perdu l’esprit, a perdu le sens du réel. Cette ratiocination universitaire, cette impolitique, cette fixation et cette fascination pour la « théologie de la libération » (présentement en déroute) le laissent orphelin d’une contestation qu’il croit retrouver dans la tonalité virile de Ramadan alors que la grille d’analyse de la « théologie de la libération » ne s’inscrit guère dans la vision de Tariq Ramadan. Les Frères musulmans (et leurs organisations satellites) sont malheureusement perçus par nombre de catholiques de gauche comme un « mouvement de libération ». Seule la mouvance islamo-gauchiste permet cette fausse interprétation. J’ai bien peur que M. Baum en fasse partie. Certains catholiques de gauche discernent le danger d’une telle dérive. Mais les petites factions « subversives » en marge de l’Église catholique (au Québec comme ailleurs) nourrissent un islamisme protéiforme. Mauvaise théologie aux conséquences politiques catastrophiques.

De son côté, Patrice Brodeur, professeur agrégé et titulaire de la Chaire du Canada Islam, pluralisme et globalisation à l’Université de Montréal, a déjà affirmé candidement à une journaliste de La Presse que Tariq Ramadan «conjugue islam et modernité », le comparant à un « catholique romain pré-Vatican II, qui essaie de se positionner face à la modernité » (Judith Lachapelle, La Presse, vendredi, 6 novembre 2009, p. A19). En plein déni de réalité, notre professeur essaie de courtiser les catholiques de gauche tentés par cette fausse alliance contre-nature. Notre aveuglement volontaire devant l’enseignement du théoricien islamiste Tariq Ramadan étonnera la postérité. Comment expliquer cette position de Patrice Brodeur ? Je ne suppose chez lui aucune visée occulte ou subversive, mais simplement une profonde paresse intellectuelle, une naïveté et une grande faiblesse d’esprit. Méditons «l’expérience soviétique», et la complicité des idiots utiles et autres compagnons de route du communisme pour ne pas répéter les mêmes erreurs avec l’islamisme contemporain.

* Tariq Ramadan, Aux sources du renouveau musulman . D’al-Afghani à Hassan al-Banna, un siècle de réformisme islamique, Lyon, Tawhid, 2002, 1ère éd. Bayard, 1998.

Publié par Revue Égards à l'adresse 4/11

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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Message par Francesco Lun 2 Aoû 2010 - 1:40

Au Québec, on n’échappe guère à ce type d’amalgame. Dans sa polémique contre l’islamisme, Richard Martineau, un journaliste chroniqueur, met sur le même pied l’islamiste chic Tariq Ramadan et… le Pape Benoît XVI (voir son blogue du 22 février 2010) ! Difficile de ne pas y voir une profonde myopie intellectuelle. Cette lutte contre « tous les intégrismes » ressemble à s’y méprendre à ce « néo-antifascisme » démagogique qui fut celui d’un Parti communiste français s’opposant au « fasciste » Charles de Gaulle.
C'est bien vraie.Dommage car certains de ses articles sont intéressants.Mais,il n'a pas la foi et ne comprends absolument rien a la vie spirituelle......Mais,ne l'oublions pas,la foi ne peut se comprendre car elle est un don de Dieu et de nature spirituelle....l'intelligence ne peut conmprendre la foi si il n'a pas recu le don....la grace...


Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
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