Le péché d`avarice - Les Trésors de Cornélius Lapide - Hollande - 17 eme siecle
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Le péché d`avarice - Les Trésors de Cornélius Lapide - Hollande - 17 eme siecle
Les péchés de notre époque
Source : Les trésors de Cornélius Lapide – Belgique et Hollande - 17 eme siècle.
Le péché d`AVARICE
Qu`est-ce que l`Avarice?
Les richesses, dit saint Ambroise, sont appelées ainsi, parce qu'elles divisent et déchirent l'âme. Le mot avare signifie avide d'or, dit St Isidore ( Lib. X Origin. ).
Être avare, dit saint Augustin, ce n'est pas seulement aimer l'argent, mais poursuivre quelque chose que ce soit d'une ardeur, immodérée.
Quiconque désire plus qu'il ne lui faut, est avare.
Folie de l`Avarice
N'amassez pas, dit Jésus Christ en saint Matthieu, des trésors sur la terre, où la rouille et les vers dévorent, et où les voleurs fouillent et dérobent (Matthieu 6. 19). Remarquez ces trois genres de destruction : la teigne ronge les habits, la rouille consume le fer, les voleurs ravissent l'or et l'argent.
Jésus Christ détourne l'homme de l'amour des richesses pour trois motifs : 1 - parce qu'elles passent et se corrompent; 2 - parce qu'elles aveuglent l'esprit; 3 - parce qu'elles s'emparent de l'âme tout entière, et l'empêchent de servir Dieu.
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Quelle folie, dit saint Chrysostome, de placer vos trésors dans un lieu que vous devez quitter, et de ne pas les envoyer là où vous devez aller ! Amassez des richesses là où est votre patrie ( les Cieux).
Le champ d'un homme riche avait rapporté une grande abondance de fruits, dit Jésus Christ , et le riche pensant en lui-même, se disait : Que ferai-je? car je n'ai pas de quoi renfermer ma récolte et tous mes biens. Mais voici ce que je ferai : j'abattrai mes greniers et j'en rebâtirai de plus grands; et j'y rassemblerai mes fruits et mes biens; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens rassemblés pour beaucoup d'années; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi (Luc. 12 16-19). Mais Dieu lui dit : Insensé, en cette même nuit on te redemandera ton âme; et les choses que tu as, à qui seront-elles?(Luc 12,20) Tel sera le sort de celui qui s'amasse beaucoup d'or et qui n'est point riche en Dieu : (Luc. 12, 21 ).
Ce que nous ne pouvons pas emporter avec nous, ne nous appartient pas, dit Saint Ambroise; la vertu seule est la compagne des défunts. Le sage seul est riche, car il ne désire rien.
Dans sa folie, l'avare entasse, et il ignore pour qui il amasse des trésors, dit le Psalmiste (Psaumes 38, 7 ). Il laissera ses richesses à des étrangers, et il ne lui restera que le sépulcre (Psaumes 48, 11- 12),
La seule vue de l'or émeut l'insensé, et lui fait aimer la vaine apparence d'une chose sans vie , dit la Sagesse ( 15. 5 ).
Triste état de l’avare
Si vous considérez l'âme de l'avare, vous la trouverez semblable à un habit rongé de vers; vous la verrez percée cruellement de toutes parts, gangrenée par le péché et couverte de la rouille du mal. Au contraire, l'âme de l'homme charitable et désintéressé brille comme l'or, resplendit comme le diamant, s'épanouit comme la rose. Elle ne craint ni la teigne, ni la rouille, ni les larrons; elle échappe à l'inquiétude que donnent les affaires d'ici-bas
Ceux qui veulent devenir riches, dit Saint Paul à Timothée, tombent dans la tentation et dans les pièges du démon, et en bien des désirs inutiles et pernicieux qui précipitent les hommes dans l'abime de la perdition et de la damnation. Car l'avarice est la racine de tous les maux; elle fait perdre la foi et jette dans de grandes douleurs.
Ennuis, courses, veilles, déceptions, chagrins, craintes, travaux, contradictions, désespoir, etc , voilà les fruits que recueille l'avare. Se servir de l'or ou de l'argent est une bonne chose, dit Saint Bernard; en abuser, est mal ; le rechercher par avarice et l'aimer, c'est une conduite honteuse et dégradante ( De Considérât., c. xrv )•
Fuyez l'avarice, dit saint Prosper; si vous voulez les richesses, vous serez accablés de difficultés pour les découvrir, de travail et de peines pour vous les procurer, de souci pour les garder, d'amertume pour en jouir, de douleur en les perdant (De Vit. contemplât., lib. II, c. xm).
Selon les poètes et la fable, Plutus, dieu des richesses, est aveugle de naissance, et il aveugle ceux qui L'honorent, dit Clément d'Alexandrie (Lib. IV Strom.).
Sacrifiez votre argent, dit saint Augustin, pour acheter le repos et le temps de servir Dieu. L'abondance où se trouve le riche ne lui permet pas de dormir, dit l'Ecclésiaste.
Jésus Christ appelle les richesses des épines (Matthieu 13. 22).
Montrez-moi, dit saint Chrysostome, la conscience de l'avare, vous y verrez une foule de péchés, une crainte continuelle, l'agitation, le trouble, des frayeurs de toutes sortes, le soupçon et l'anxiété; l'avare craint même les esprits, il redoute les ombres, ses serviteurs les plus fidèles, les étrangers qui lui arrivent, sa compagne qu'il a rendue semblable à lui ; que dis-je ? il se redoute lui-même (Homil ad pop.).
L’avare est tout à sa passion
Ou est votre trésor, là est aussi votre cœur, dit Jésus Christ en saint Matthieu ( 6. 21). C'est-à-dire, ce qui cause votre joie , ce que vous estimez, ce que vous aimez, ce que vous chérissez, ce que vous poursuivez avec ardeur, possède votre cœur tout entier. Et ce n'est pas la passion de l'avarice seule qui s'empare ainsi de l'homme, mais toutes les autres.
Que votre âme ne s'enfouisse pas dans un vil métal, mais qu'elle s'élève vers le ciel, dit saint Jérôme ( Ad Paulin. ).
Saint Antoine de Padoue raconte qu'après la mort d'un avare, on trouva son cœur au milieu de l'or qui remplissait son coffre-fort.
Avares, vous ne pensez qu'à l'or, vous n'aimez que l'or; mais quel or est comparable à Dieu ! Vous recherchez les richesses; mais quelles richesses valent la possession de Dieu!
Si vos richesses se multiplient, n'y attachez pas votre cœur, dit le Psalmiste .
L’avare ne peut pas servir Dieu
Nul ne peut servir deux maîtres, dit Jésus Christ. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent (Matthieu 6. 24).
La fortune et une conscience en bon état sont choses à peu près incompatibles, dit Sénèque (In Prov. ).
Pauvreté de l’avare
Moins vous serez cupide, plus vous serez le maître de votre fortune, dit saint Bernard. L'avare a faim des richesses de la terre comme un mendiant; le vrai chrétien les méprise comme un maître (Serm. in Cant.).
Écoutez Sénèque : L'indigent manque de beaucoup de choses, l'avare manque de tout (Epist. cvni).
Celui, dit Saint Ambroise, qui ne peut pas emporter avec lui ce qu'il a , n'est pas riche ; car ce qu'on est forcé de laisser ici-bas, ne nous appartient pas : c'est un bien étranger.
Les riches, dit le Psalmiste, ont souffert l'indigence et la faim; ceux qui cherchent le Seigneur auront tous les biens en abondance.
Il est un mal que j'ai vu sous le soleil, dit Salomon dans l`'Ecclésiaste, et qui est même fréquent parmi les hommes : c'est l'homme à qui Dieu a donné les richesses et l'opulence sans lui donner le pouvoir d'en jouir; ses biens deviendront la proie d'un étranger. En vérité, cela est vanité et grande misère . Voilà le triste état de l'avare bien dépeint parle Saint-Esprit.
La volonté d'amasser, appauvrit, l'envie dévore, la soif de posséder réduit à la misère. En effet, on possède seulement ce dont on se sert; or, l'avare n'use pas de ce qu'il a, donc il n'a rien. L'argent qu'il enfouit dans la terre n'est pas à l u i , mais à la terre elle-même. Celui qui paierait un impôt égal à son revenu, serait dans l'indigence; or, la passion de l'avarice prélève un impôt si lourd, qu'elle enlève, à celui qu'elle domine, et le revenu et le capital.
L'envieux, qui se hâte d'atteindre l'opulence, disent les Proverbes, ne voit pas que la pauvreté fond sur lui (Proverbes 28. 22).
Les richesses, dit saint Augustin, ne préservent pas de la disette. L'avare souffrira d'autant plus de la pauvreté qu'il s'attachera davantage à ses richesses, et que celles-ci seront plus grandes.
Que l'avare médite souvent ces paroles de Job (20. 15) : Il vomira les richesses qu'il a dévorées ; Dieu les arrachera de ses entrailles Celui qui a amassé de l'argent, l'a mis dans une bourse qui n'a pas de fond, dit le prophète Aggée ( 1. 6).
Cherchez avant tout le règne de Dieu et sa justice, dit Jésus Christ , et le reste vous sera donné par surcroit (Matthieu 6. 33)
Les apôtres, pêchant toute la nuit, ne prirent aucun poisson, parce que Jésus Christ n'était pas avec eux ; mais aussitôt que Pierre lança son filet à la parole de son divin Maître, il prit une grande quantité de poissons ( Luc. 5. 5 ).
0 avare! s'écrie saint Basile, vous ne savez dire qu'une chose : Je n'ai pas, je ne donnerai pas ; car je suis pauvre aussi. Oui, vous êtes pauvre ; vous manquez de tous les biens. Vous êtes pauvre de charité, pauvre de bonté , pauvre de confiance en Dieu, pauvre d'éternelle espérance (Homil. vu in Divitesavaros).
O riche, vous ignorez combien vous êtes pauvre !...
La nature ne connaît pas de riches; elle a engendré tous les hommes dans la pauvreté; elle les a mis au monde nus, elle les enferme tous dans la même demeure, le sépulcre.
L'avare n’est jamais rassasié
Cela démontre bien la pauvreté de l’ avare, c est qu’ il n’a jamais assez et que jamais il n` est rassasié. L’avare change son opulence en pauvreté. Le riche est un hydropique, dit saint Augustin, plus il a, plus il désire (DeMorib.).
Plus on boit, plus on veut boire, dit le poète.
Leurs richesses se sont augmentées, dit Ovide, et avec elles la soif insatiable de l'opulence; plus ils possèdent, plus ils veulent posséder: {Lib. Fastorum)
L'avarice est semblable au feu qui croit en raison des aliments qu'il rencontre. L'avare, dit l’Ecclésiaste, ne se rassasiera jamais d'or ; celui qui aime les richesses, n'en jouira pas (Ecclésiaste 5. 9). L'univers ne suffit pas à l'avare ; et cependant un jour viendra où il sera forcé de se contenter d'un cercueil, que même il ne possédera pas seul ; les vers le lui disputeront, et s'en rendront maîtres!...
Les richesses sont données afin qu'on en use avec sobriété. Celui qui mange au-delà de ce qui lui est nécessaire, éprouve des vomissements.
Naboth, dit l'Écriture, possédait une vigne près du palais d'Achab, roi de Samarie. Achab lui dit : Donne-moi ta vigne (3 Rois 21 1,2). O riche avare! s'écrie saint Ambroise, commentant ce passage, tu ne sais pas combien tu es pauvre, toi qui te dis riche ! Plus tu as, plus tu convoites ; et quand tu atteins l'opulence, il te semble encore que tu n'as pas assez. L'or alimente l'avarice et ne l'éteint pas. La cupidité a d'innombrables degrés; plus elle en franchit, plus elle veut en franchir ; plus elle monte, plus elle tombe de haut. L'Écriture nous enseigne combien l'avare est affamé; elle nous montre comme il mendie honteusement. Achab était roi d'Israël, et Naboth pauvre. Achab abondait en richesses, Naboth ne possédait qu'un petit champ. Naboth pauvre ne désirait point les richesses d'Achab. Et ce roi laissa voir qu'il était dans la disette, puisqu'il désirait la vigne de Naboth. Donne-moi ta vigne. Que prouve cette demande, sinon le besoin? Donne-moi, parce que je n'ai pas ce qu'il me faut. Quelle abjection! quelle pénurie ! voilà l'avare
Ne pouvant faire entrer l'or dans son cœur, l'avare le remplit de désirs insatiables; mais ces désirs ne sauraient en combler le vide; il lui faudrait y verser l'or, qu'il est forcé de laisser dans ses coffres.
L'avare ne peut se rassasier ; car, 1 - l'avarice ne dit jamais : C'est assez ; 2 - sa soif augmente ; 3 - l'argent ne nourrit pas ; 4 - l'avarice ne remplit pas le cœur; 5 - toutes les richesses qu'elle amasse sont vanité : elles font le vide plutôt qu'elles ne le comblent, selon ces paroles de la Genèse : La terre était stérile et nue ( Genèse 1 . 2 ).
Que sont les trésors, qui augmentent la disette à mesure qu'ils s'accroissent, qui laissent à leurs poursuivants une soif d'autant plus cruelle qu'ils sont plus abondants ? L'argent ne ferme pas la gueule de l'avarice et ne remplit pas son ventre, mais il le dilate; il ne rafraîchit pas, mais il brûle. Les avares ne se contentent pas d'un verre d'eau, parce qu'ils ont soif d'un fleuve.
Le pauvre, dit saint Chrysostome, ne désire pas le nécessaire avec autant d'ardeur que le riche avare désire le superflu. L'avare ressemble à ces terres arides et sablonneuses que la pluie ne rassasie pas, mais qui absorberaient des torrents d'eau et reviendraient presque immédiatement à leur sécheresse première, demeurant toujours avides d'arrosement. Quoiqu'il amasse d'immenses richesses, l'avare a toujours soif; et plus il reçoit, plus il désire. Comme les sables, bien qu'arrosés souvent, ne produisent aucun fruit, l'avare, bien qu'amassant sans cesse, ne fait pas d'aumônes. Ses richesses périssent en lui et avec lui. Ce qui fait dire à saint Chrysostome que l'avare soupire plus ardemment après l'argent et en a plus soif que le mauvais riche, dans l'enfer, n'a soif d'eau; car il n'en demande qu'une goutte, et l'avare veut un océan (BomiL ad pop.)
L'avare, dit saint Bernard, ne se rassasie pas plus d'or, que nos poumons ne se rassasient de l'air qu'ils aspirent.
Le feu ne dit jamais : C'est assez. (Proverbes 30. 16). Le feu ne s'arrête que lorsqu'il n'y a plus rien à dévorer, alors il s'éteint; l'avarice dévorerait tout, qu'elle ne s'éteindrait pas. Elle ne se réjouit pas de ce qu'elle tient, dit saint Basile, mais elle se tourmente pour avoir ce qu'elle ne tient pas. Elle ressemble au chien , qui, en avalant une bouchée du pain que vous lui jetez, ne s'occupe qu'à regarder la seconde et à se préparer à la manger. L'avare ne jouit pas de ce qu'il a amassé; il est torturé par le désir ardent d'avoir davantage. L'avare fond surtout comme la mort; il désir tout engloutir comme l'enfer, dit saint Chrysostome, il voudrait être seul sur la terre pour la posséder seul.
Voilà pourquoi Saint Luc (16. 2 3 ) , racontant les tourments du riche avare dans l'enfer, dit : Élevant ses yeux lorsqu'il était dans les supplices, il vit de loin Abraham et Lazare. Il était dans les tourments, dit saint Chrysostome, il n'avait de libre que ses yeux, et il les employait à regarder les richesses d'autrui.
Quelle est, dit saint Augustin, cette avidité de la passion de posséder? Les bêtes féroces s'arrêtent : elles se jettent sur leur proie lorsqu'elles sont affamées, mais elles l'épargnent lorsqu'elles sont rassasiées. Seule la faim des richesses est inexplicable; elle dévore toujours, et jamais elle n'est rassasiée. L'avare ne craint pas Dieu, il ne respecte pas l'homme, il n'épargne pas son père, il ne connaît pas sa mère, il méprise son frère, il trahit son ami.
L'argent ne rassasie pas l'avare, il l'irrite, dit Sénèque.
L'œil de l'avare , dit l'Ecclésiastique, est insatiable dans son iniquité ; et il ne sera rassasié que lorsqu'il aura desséché et consumé son âme. L'œil de l'avare est tourné vers le mal l'avare ne se rassasiera pas de pain , mais il sera triste et dans le besoin auprès de sa table (Ecclésiastique 14. 9,10).
Ceux qui amassent l’or et l'argent, en qui les hommes se confient, ne sont jamais rassasiés. (Baruch.3. 18, 19. ]
Avare, s'écrie saint Basile , par votre insatiable cupidité, vous faites beaucoup de mal. La mer a ses bornes, l'avare n'en a pas. Vous avez des domaines : qu’acquerrez-vous ensuite? cinq pieds de terre !
L'avarice est un gouffre sans fond, dit saint Ambroise.
L’avarice est un accablant fardeau
L'on est lourd de sa nature ; l'avarice en fait un fardeau écrasant qui pèse plus encore sur l'âme que sur le corps. Voyez, dit saint Augustin, cet homme chargé du poids de l'avarice ; voyez-le courbé sous son fardeau, haletant, dévoré de soif, ne travaillant qu'à augmenter sa charge. Qu'attends-tu, ô avare? pourquoi t'épuises-tu? après quoi respires-tu? que convoites-tu? Tu veux assouvir ta passion qui te possède ? Elle peut te torturer : tu ne saurais la rassasier. Ne te pèse-t-il pas, ce fardeau qui t'écrase au point de te faire perdre connaissance? Ne te pèse-t-elle pas, cette passion qui t'éveille et qui ne te permet pas de dormir…
Aveuglement de l’avarice
Celui qu'on enchaîne pendant qu'il dort, ne s'aperçoit de ses chaînes de I avarice à son réveil, il veut se lever; de même ceux qui ont des richesses éprouvent pour elles une affection secrète qui les l i e , et qu'ils ne sentent que lorsqu'ils viennent à les perdre ou bien à y renoncer.
L'avare ne possède pas l'or, c'est l’or qui le possède; il en est le serviteur et l'esclave.
Le Romain Curius refusa l'or des Samnites, en disant : J'aime mieux gouverner l'argent et ceux qui l'ont, que de me laisser gouverner par lui ( Vita Maxim. ).
Les avares, dit Sénèque, ont les richesses de la même manière que nous disons que nous avons la fièvre, tandis que c'est elle qui réellement nous maîtrise. Nous devrions rectifier notre langage et dire : La fièvre le tient; les richesses le tiennent ou plutôt le torturent.
Celui qui est l'esclave des richesses, dit saint Jérôme, veille sur elles comme un serviteur; au contraire, celui qui secoue leur joug, les distribue en maître (2).
Si vous savez user de votre argent pour faire le bien, dit Sénèque, votre argent est votre serviteur ; si vous ne le savez pas , il est votre maitre (in Prov. ).
Les richesses servent le sage et elles lui appartiennent : au contraire, elles commandent à l'insensé et il leur appartient. Les avares sont garrottés par l'amour des richesses ; elles les enchaînent, et les liens dont elles les chargent sont plus lourds et plus forts que des chaînes de fer. Ce qui fait dire à saint Chrysostome : Comment l'homme qui est conduit en laisse par l'avarice vaincrait-il ses ennemis ? Les richesses sont une chaîne pesante pour ceux qui ne savent pas en user ; elles sont un tyran cruel, inhumain, qui commande à ses victimes tout ce qui peut tourner à leur ruine. Mais si l'on voulait, on briserait leur joug , on secouerait leur tyrannie; et comment? en faisant d'abondantes aumônes. Tant qu'on se trouve seul à seul avec Plutus, comme avec un voleur, en un lieu écarté et solitaire, il vous fait beaucoup de mal et vous terrasse ; mais lorsqu'on l'amène en présence de la foule, il perd sa force, est vaincu, et subit les liens dont les pauvres le chargent en s'entraidant.
Il faut commander aux richesses, et non les servir, dit Sénèque.
L'avare, dit excellemment saint Chrysostome, est le gardien et non le maître de ses richesses ; il en est l'esclave, et non le possesseur. Il donnerait, en effet, plutôt un de ses membres qu'une pièce d'or de sa cachette; il s'abstient d'user de son bien, comme s'il était à autrui. Et, en effet, il ne lui appartient pas; comment regarderait-il comme sien un trésor dont il ne se permettrait pas de distraire une obole pour la donner ni pour s'en servir dans un besoin pressant, et quelle que fût l'extrémité qui le menaçât?
L'avare ne tire aucun avantage de ses richesses, ajoute ce grand docteur; il fait état de ne rien posséder. S'il travaille, c'est pour ses héritiers et avec perte et grand danger pour son âme. Ses sueurs et ses veilles sont sans utilité pour lui ; sa mort même, qu'amènent les privations familières aux avares, ne lui est d'aucun profit (Homil. n ad pop. ) .
N'est-ce pas honteux que celui qui a tant de richesses ne s'appartienne pas à lui-même? dit Diogène (2).
Saint Augustin montre que l'avarice ordonne des choses beaucoup plus pénibles que celles que Dieu commande. L'avarice, dit le Seigneur , impose des obligations difficiles, et moi des devoirs faciles; son joug est pesant, le mien est agréable; son fardeau est accablant, le mien, léger. Ne vous laissez pas dominer par l'avarice. L'avarice vous ordonne de traverser les mers, et vous lui obéissez ; elle vous ordonne de vous exposer aux tempêtes et aux naufrages, et vous le faites : pour moi, j'exige seulement que vous donniez aux pauvres qui viennent frapper à votre porte ce que vous pouvez leur donner. Et lorsque vous êtes assez intrépide pour vous aventurer sur l'Océan, vous n'avez pas le courage de faire une bonne action qui se trouve sous votre main ! L'avarice commande, et vous la servez; Dieu commande , et vous ne tenez compte ni de lui ni de ses ordres.
Vous obéissez à l'avarice, qui, loin de vous donner aucun bien, vous accable de maux; et vous refusez d'obéir à Dieu, qui vous comblerait de biens et vous préserverait de tout mal !...
L'avare se laisse prendre par l'or comme l'oiseau au filet, dit saint Grégoire de Nazianze.
Quand l'or fait entendre sa voix, dit le même docteur, toute supplication parait froide.
Saint Augustin dit très-justement : Avant d'avoir rien gagné, l'avare se perd lui-même; avant d'avoir quelque chose, il devient esclave. Celui, dit-il ailleurs, qui sait se servir de son or en est le maître; mais celui qui ne sait pas s'en servir à l'or pour despote. Soyez les maîtres de l'or et non ses esclaves; car Dieu, qui a fait l'or, vous a créés supérieurs à ce métal : il a fait l'or pour votre usage, et il vous a faits vous-mêmes à son image et pour lui seul. Envisagez ce qui est au-dessus de vous, et foulez aux pieds ce qui est au-dessous.
L'or est un tyran caché, dit saint Grégoire de Nazianze.
Tous les avares périssent enchaînés par l'argent, dit le prophète Sophonie : (1.11 ).
L'avare, dit saint Ambroise, est toujours dans les filets, toujours dans les chaînes; il n'est jamais libre, parce qu'il est toujours dans le péché (De Caïn.).
C'est une nécessité, dit saint Augustin, que celui qui ne respire que pour les choses terrestres, s'éloigne des choses célestes. L'avarice nous attache à la terre, à la boue, car l'or n'est pas autre chose, et elle ne nous laisse pas même dormir en paix .
NE vous inquiétez point pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps comment vous le vêtirez, dit Jésus-Christ en Saint Matthieu. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? ( Matthieu 6. 25. ) Or, l'avare oublie entièrement sa vie et son âme, et ne s'occupe que de son trésor. Quel aveuglement... Insensés qui ne vous appliquez qu'à amasser des richesses, cette nuit même vous mourrez !
L'avare est dans les ténèbres. Il était nuit, dit l'Évangile, lorsque Judas sortit pour aller vendre son maître par avarice ( Jean. 13 30 ) .
Hommes aveugles qui passez votre vie à poursuivre la richesse , vous ignorez même souvent pour qui vous travaillez, pour qui vous vous épuisez (Luc. 12. 20). Vous travaillez pour les autres, et jamais pour vous ; que dis-je vous travaillez contre vous.
Vous cherchez votre bonheur dans l'opulence, dit saint Bernard; mais Dieu ne nous a pas chassés du paradis terrestre pour nous en procurer un autre ici-bas (Serm. in Cant.). C'est un grand aveuglement de chercher son bonheur là où jamais on ne l'a trouvé, et où jamais on ne le trouvera.
L'or qu'on cherche au fond des entrailles de la terre, dit saint Augustin, est conservé par suite des ténèbres du cœur. Le poursuivre fait des damnés, l'aimer a produit Judas, et pourtant l'avare le préfère à Jésus Christ.
Plutus, Dieu des richesses, est aveugle de naissance, et il rend aveugles ceux qui le servent, comme déjà nous l'avons dit.
Que préférez-vous, dit saint Augustin, ou d'aimer les choses temporelles et de passer avec le temps, ou de ne pas les aimer, et de vivre éternellement avec Dieu? Le Seigneur vous a donné toutes les choses créées : en reconnaissance, aimez-le. Il veut vous donner plus que de l'or, il veut se donner lui-même à vous. Mais si vous vous attachez aux biens d'ici-bas, quoiqu'ils viennent de lui , et que vous le négligiez, votre amour n'est-il pas adultère? Les biens que Dieu vous prodigue sont une invitation à l'aimer. Si vous lui préférez ses présents, vous ressemblez à l'épouse qui préfère l'anneau d'or que lui a donné son époux à son époux lui-même, affection qui est certainement adultère ( Serm. xxvin de verbis Domini).
Par amour pour les richesses périssables, dit saint Cyrille, l'avare sacrifie les richesses célestes et impérissables. Il a des yeux , et il ne voit pas ; il abandonne les biens véritables pour ceux qui sont faux ce qui dure pour ce qui passe, le ciel pour la terre; il troque des trésors infinis contre la pauvreté, la gloire contre la misère, le certain contre le douteux, le bien contre le mal, la joie réelle contre l'affliction. II amasse au dehors des futilités et il s'appauvrit intérieurement; il s'attache aux bagatelles qui disparaissent; il possède la terre, et l'enfer le tient Il dévore, et son estomac ne peut supporter la nourriture qu'il prend; il aime ce qui le tue, il acquiert pour perdre, il conserve précieusement ce qui lui causera un repentir impérissable, il se charge pour tomber plus rapidement dans J'abime éternel.
Il est certain, dit saint Grégoire, que celui qui désire s'enrichir, néglige d'éviter le péché ; ébloui comme l'oiseau par le miroir du chasseur, il regarde avec avidité l'appas des richesses, et ne voit ni n'évite le filet du péché (Pastor, admon. xxi).
Les avares sont tellement aveugles, qu'ils ne remarquent pas combien ils sont coupables; ils regardent l'avarice comme une vertu, ils l'appellent de l'ordre : voilà pourquoi ils ne se convertissent jamais. On résiste souvent aux autres penchants, on dompte les autres passions : jamais on ne triomphe de l'avarice; elle va, au contraire, toujours croissant, à mesure qu'on approche de la mort qui, en une minute, dépouille de tout ce que l'on avait amassé.
Néant des richesses
L'homme erre au milieu des fantômes, dit le Roi-Prophète; il s agite et s'agite en vain; il amasse des trésors, et il ignore qui les possédera (Psaumes 38, 7). Celui qui se fie en son opulence tombera, disent les Proverbes (11 28). Les richesses sont pour l'avare une idole, le bonheur, la force, tout son bien, tout son espoir et toute sa joie; mais cela même est futile, trompeur et vain.
L'avare porte ses richesses dans ses mains, dans ses vêtements; son cœur est vide.
La mort épargne-t-elle l'opulence? s'abstient-elle de frapper celui qui possède de l'or?
Les richesses sont des embûches pour l'Âme, l'hameçon de la mort, un aliment de péché.
L`avare est défiant
Déposez le fardeau de vos misères dans le sein du Seigneur, dit le Psalmiste, et il soutiendra votre Âme. Le Seigneur est mon pasteur, je ne manquerai de rien ; il m'a placé lui-même au milieu de ses pâturages: (Psaumes 22 1. 2). Or, l'avare se défie toujours de Dieu, de la Providence, des hommes et de tout ce qui l'environne
L'avare porte envie à toutes choses, aux hommes, à la terre, etc.
L'envie a perdu les mauvais anges...; elle a perdu Adam et Ève Voyez à quel excès elle a conduit Caïn....
L'envie, dit saint Bernard, est le ver rongeur de l'âme; elle fatigue les sens, brûle les entrailles, affecte l'esprit, ronge le cœur. L'envieux veut ce qui ne lui appartient pas, et il ne recueille que péchés (Lib. de Consid.).
La prospérité d'autrui torture l'avare...,.
L`avare est traitre
Qu`est-ce qui a fait Judas? l'avarice Ce traître était ivre d'avarice, dit saint Jérôme. Elle le possédait tellement, qu'il tremblait que Jésus Christ n'échappât à ceux qui étaient venus pour le saisir ; il redoutait de perdre ses trente deniers, car il ne les avait pas encore reçus. C'est lui-même, leur dit-il, prenez-le et liez-le fortement : (Matthieu 26. 48). L'or est un serviteur qui nous trahit
L'avare vendrait Dieu. Voyez Judas : Que voulez-vous me donner , et je vous le livrerai, dit-il aux princes des prêtres (Matthieu 26. 15 .)
L'avare trahit sa conscience..., les hommes..., ses amis..., sa famille. Il n'y a rien de sacré pour lui . La chute de Judas nous montre combien l'avarice est un grand mal, et à quels excès elle porte. Elle fut la cause de la trahison de cet apôtre, de son hypocrisie, de son désespoir, de son suicide, de son éternelle damnation et de la mort de Jésus Christ.
Injustice de l`avare
C'est une erreur, dit saint Chrysostome, de croire que les choses d'ici-bas soient à nous et nous appartiennent en propre. Rien ne nous appartient, tout est à Dieu qui le donne .
Le riche mourut, dit l'Évangile, et fut enseveli dans l'enfer (Luc. 16, 22). Il fut enseveli dans l'enfer â cause de son avarice, de sa dureté, de son mépris pour Lazare, de sa coupable injustice envers ce pauvre souffrant.
En effet, nous dit saint Chrysostome, c'est un vol de ne pas donner lorsque l'on a. (In Evang.). Ce n'est pas parce qu'il était riche, ajoute saint Chrysostome, qu'il est tourmenté, mais parce qu'il n'a pas eu pitié de Lazare (Ut supra). En ne faisant pas l'aumône, il commettait donc un crime. Votre âme ne vous appartient pas, dit encore saint Jean Chrysostome , comment vos richesses vous appartiendraient-elles? Ne dites donc pas : Je ne dépense que ce qui est à moi ; vos biens ne sont pas à vous, ils appartiennent aux pauvres.
L'or et l'argent m'appartiennent, dit le Seigneur des armées (Aggée 2, 9 ) . Saint Augustin part de là pour harceler les avares : Si, dit-il, l'or et l'argent sont à Dieu, lorsque Dieu vous ordonne de donner aux indigents, il vous ordonne de donner son propre bien; et lorsque vous faites l'aumône, vous la faites avec des fonds qu'il vous prescrit de distribuer, et non pas avec ce qui vous appartient. Dieu, ajoute le même saint docteur, donne l'or aux hommes charitables pour qu'ils exercent la charité et qu'ils obéissent à la voix de l'humanité ; et il le donne aux avares pour punir leur cupidité. Si vous cherchez à vous enrichir, vous perdrez inévitablement la justice; si au contraire vous voulez être juste, vous sacrifierez la richesse.
Du superflu l'avare fait le nécessaire : il n'y a point de charité dans son cœur....
L'avare vit d’égoïsme ; il n'a ni compassion, ni charité, ni entrailles C'est une espèce de tigre domestique
L`avarice rend cruel
L'avarice rend cruels et atroces tous ceux qui la servent, dit saint Chrysostome. ( Homil. ad pop. ).
Celui qui est sans pitié repousse même ses proches, disent les Proverbes ( 11. 17 ). L'avare est cruel pour son âme, pour son corps, pour ses parents, pour le prochain et pour Dieu.
L'avarice est une maladie grave, qui rend aveugle, sourd, et pire que les bêtes féroces, dit saint Chrysostome. (Homil. ad pop.).
L`avarice est un crime
Il n'y a personne de plus coupable que l'avare. Car l'avarice est une grave injure faite à Dieu, auquel elle préfère l'or. Elle est un tort fait à l'État, qu'elle remplit d'usures, de vols, de fraudes, de procès, de séditions, de meurtres, de haines, etc. Elle nuit à l'avare
lui-même, qu'elle souille et corrompt, et que l'amour de l'or conduit en enfer. Elle est un crime envers les pauvres. Elle violente l'or lui-même; car sa destinée et , si je puis m'exprimer ainsi, son bonheur est de satisfaire aux besoins communs des hommes : c'est pour cela que Dieu l'a créé. L'avare s'oppose à ce qu'il atteigne cette fin; il le renferme et l'annihile. Mais ce qu'il refuse aux hommes, il l'accorde à l'enfer, qui lui achète son âme. L'avarice insulte à tous les éléments, aux cieux, à la terre. Elle insulte à toutes les lois, à toutes les vertus; elle les méprise et les foule aux pieds.
L`avare est un despote
Ne sont-ce pas les riches (dévorés d'avarice) qui vous oppriment par leur puissance dit l`apôtre saint Jacques, et qui vous traînent devant les tribunaux ? ( Jacques 2 6. ) Les richesses, en effet, égarent l'esprit de l'avare devenu opulent, au point de lui faire croire que tout lui est permis ; qu'il doit commander; qu'il faut que les pauvres lui obéissent et qu'ils deviennent des serviteurs et des esclaves, dont il usera impunément pour accroître son faste et ses richesses. Le riche avare dévore le pauvre, comme les gros poissons dévorent les petits; et si quelqu'un s'avise de lui résister, il entre en fureur, il ne pardonne pas. Il s'attribue tout et rien aux autres ; il se croit supérieur à son entourage et s'imagine que nul ne doit lui résister. L'âne sauvage est la proie du lion dans le désert ; ainsi les pauvres sont la proie des riches (avares), dit l'Ecclésiastique (13. 23).
L`avarice corrompt le cœur
Pourquoi l'avare est-il idolâtre plutôt que les esclaves des autres vices? En voici les raisons : Premièrement, les avares placent toute l'espérance de leur vie dans leurs richesses; ils les regardent par conséquent comme leur Dieu. Secondement, les idolâtres adorent des statues d'or et d'argent : l'avare fait-il autrement? Troisièmement, l'avarice est insatiable Quatrièmement, elle occupa l'homme tout entier, et toujours
Les avares aiment et adorent les richesses; car ils ne pensent et n'agissent que pour s'en procurer, pour les conserver, les augmenter ; ils leur consacrent leur corps, leur cœur, leur âme, leurs soins, leurs sueurs, leurs travaux, leur sommeil, leurs veilles, leur vie. Ils obéissent en tout à leur passion; ils mettent en elle tout leur bonheur et leur dernière fin. Pour elle, ils négligent le culte de Dieu, ils violent ses préceptes, et nient sa providence.
Le roi Nabuchodonosor, dit Daniel, fit une statue d'or. Le peuple se tenait devant elle; des hérauts criaient : Prosternez-vous, adorez la statue d'or ; et le peuple se prosterna, et il l'adora, etc. (Daniel 3. 1). Ainsi fait l'avare Le veau d'or est le dieu de ce siècle
L’avare est son mortel ennemi
L'avare ne se montre bon envers personne; il est implacable pour lui-même, dit Sénèque.
Malheur à vous, s'écrie le prophète Isaïe, qui joignez maison à maison, et terre à terre ! ( Isaïe 5. 8. )
Malheur aux riches ! s'écrie Jésus Christ (Luc. 6. 24.)
Quelque douce que soit l'eau des fleuves, elle devient amère ci entrant dans l'Océan. Telle est l'image des richesses de ce monde. Ceux qui les possèdent s'en réjouissent durant le cours de la vie ; mais quand ils arrivent au gouffre de la mort, où tout aboutit, ils ne trouvent qu'amertume et que déception
Les richesses, dit saint Ambroise, sont une terrible occasion de péché; elles enflent, elles enorgueillissent, elles font oublier le Créateur (Lib. de Cain. et Abel.).
L’avarice est la source de tous les péchés
Le principe de tous les maux, de tous les péchés, c’est l'avarice dit saint Paul ( 1 Timothée 6, 10). Fuyez donc, homme de Dieu, fuyez l'avarice.
L'avarice, die saint Ambroise, ne recule devant aucun péché : elle les enfante tous ; car, pour assouvir ses désirs, ce qui est impossible, elle a recours aux maléfices, elle se rend coupable d'homicide, d'impuretés et de tous les crimes (Lib. de Cain. et A bel. ) .
Les mœurs des Romains ont été corrompues par l'avarice, dit Juvénal. Depuis que la pauvreté de Rome a disparu, tous les crimes, toutes les corruptions y abondent.
L'avarice se rit de tous les droits Les richesses sont une occasion de vanité, de gourmandise, de luxure, d'ivrognerie, de paresse, et de tous les excès.
L'avarice engendre l'incrédulité; elle ne craint ni Dieu, ni son jugement redoutable , ni l'enfer. Les avares négligent la religion, ils violent les préceptes sacrés de Dieu et de l'Église ; et comme un crime en attire un autre, il arrive que le riche avare, croissant en orgueil, en ambition, en injustice, en toute espèce de désordres, tombe enfin dans l'hérésie, dans l'athéisme, dans l'idolâtrie, comme il advint de Salomon.
Laertius disait que l'avarice est la métropole de tous les vices. Les enfants de l'avarice sont : la trahison, la fraude, les déceptions, le parjure, l'inquiétude, la violence, l'inhumanité, la dureté du cœur, e t c.
Jésus-Christ méprise les richesses
JÉSUS-CHRIST, dit saint Augustin, a méprisé tous les biens de ce monde afin de montrer qu'ils étaient, en effet, méprisables et il supporté toutes les épreuves durant sa vie mortelle, afin qu'on ne cherchât pas la félicité dans les richesses, et qu'on ne craignit pas les épreuves et les croix. Celui qui possède tout, s'est fait pauvre; celui qui nourrit tout, a eu faim ; celui qui est la fontaine de v i e , a eu soif ( De vera Relig., c. x v ) .
Jésus Christ , dit Salvien, a été pauvre, et vous amassez des richesses! Jésu Christ a enduré la faim, et vous vous plongez dans les délices ! Jésus Christ n'a pas eu de l'eau à boire, et vous vous livrez aux excès de l’Ivrognerie (Lib. IV ad Ecoles. ) .
De tous les biens de ce monde, Jésus Christ n'a voulu qu'une crèche et une croix. Combien sa conduite ne condamne-t-elle pas l'estime que l'on a pour les richesses, et surtout l'avarice !
Or, dit saint Paul, ce que l'homme aura semé, il le moissonnera (Galates 6, 8 ).
Damnation de l’avare
Par votre avarice, vous avez amassé un trésor de colère pour le dernier jour, dit l'apôtre Saint Jacques (Jacques 5. 3 ).
Dans l'enfer , les avares seront tourmentés par une faim cruelle, par une soif dévorante, par une pauvreté incomparable et une nudité complète.
Seigneur, dit Salomon dans les Proverbes, ne me donnez ni la pauvreté, ni les richesses; accordez-moi seulement le nécessaire de la vie (Proverbes 30. 8 ) ; de peur que, me trouvant rassasié, ajoute-t-il, je ne vous renie, et que je ne dise : Qui est le Seigneur? ou que, pressé par la pauvreté, je ne me livre au vol et ne parjure le nom de mon Dieu ( Proverbes 30. 9 ).
N'oublions jamais les paroles suivantes de Job : Je suis sorti nu du sein de je retournerai nu dans le sein de la terre (Job 1, 24).
Source : Les trésors de Cornélius Lapide – Belgique et Hollande - 17 eme siècle.
Le péché d`AVARICE
Qu`est-ce que l`Avarice?
Les richesses, dit saint Ambroise, sont appelées ainsi, parce qu'elles divisent et déchirent l'âme. Le mot avare signifie avide d'or, dit St Isidore ( Lib. X Origin. ).
Être avare, dit saint Augustin, ce n'est pas seulement aimer l'argent, mais poursuivre quelque chose que ce soit d'une ardeur, immodérée.
Quiconque désire plus qu'il ne lui faut, est avare.
Folie de l`Avarice
N'amassez pas, dit Jésus Christ en saint Matthieu, des trésors sur la terre, où la rouille et les vers dévorent, et où les voleurs fouillent et dérobent (Matthieu 6. 19). Remarquez ces trois genres de destruction : la teigne ronge les habits, la rouille consume le fer, les voleurs ravissent l'or et l'argent.
Jésus Christ détourne l'homme de l'amour des richesses pour trois motifs : 1 - parce qu'elles passent et se corrompent; 2 - parce qu'elles aveuglent l'esprit; 3 - parce qu'elles s'emparent de l'âme tout entière, et l'empêchent de servir Dieu.
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Quelle folie, dit saint Chrysostome, de placer vos trésors dans un lieu que vous devez quitter, et de ne pas les envoyer là où vous devez aller ! Amassez des richesses là où est votre patrie ( les Cieux).
Le champ d'un homme riche avait rapporté une grande abondance de fruits, dit Jésus Christ , et le riche pensant en lui-même, se disait : Que ferai-je? car je n'ai pas de quoi renfermer ma récolte et tous mes biens. Mais voici ce que je ferai : j'abattrai mes greniers et j'en rebâtirai de plus grands; et j'y rassemblerai mes fruits et mes biens; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens rassemblés pour beaucoup d'années; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi (Luc. 12 16-19). Mais Dieu lui dit : Insensé, en cette même nuit on te redemandera ton âme; et les choses que tu as, à qui seront-elles?(Luc 12,20) Tel sera le sort de celui qui s'amasse beaucoup d'or et qui n'est point riche en Dieu : (Luc. 12, 21 ).
Ce que nous ne pouvons pas emporter avec nous, ne nous appartient pas, dit Saint Ambroise; la vertu seule est la compagne des défunts. Le sage seul est riche, car il ne désire rien.
Dans sa folie, l'avare entasse, et il ignore pour qui il amasse des trésors, dit le Psalmiste (Psaumes 38, 7 ). Il laissera ses richesses à des étrangers, et il ne lui restera que le sépulcre (Psaumes 48, 11- 12),
La seule vue de l'or émeut l'insensé, et lui fait aimer la vaine apparence d'une chose sans vie , dit la Sagesse ( 15. 5 ).
Triste état de l’avare
Si vous considérez l'âme de l'avare, vous la trouverez semblable à un habit rongé de vers; vous la verrez percée cruellement de toutes parts, gangrenée par le péché et couverte de la rouille du mal. Au contraire, l'âme de l'homme charitable et désintéressé brille comme l'or, resplendit comme le diamant, s'épanouit comme la rose. Elle ne craint ni la teigne, ni la rouille, ni les larrons; elle échappe à l'inquiétude que donnent les affaires d'ici-bas
Ceux qui veulent devenir riches, dit Saint Paul à Timothée, tombent dans la tentation et dans les pièges du démon, et en bien des désirs inutiles et pernicieux qui précipitent les hommes dans l'abime de la perdition et de la damnation. Car l'avarice est la racine de tous les maux; elle fait perdre la foi et jette dans de grandes douleurs.
Ennuis, courses, veilles, déceptions, chagrins, craintes, travaux, contradictions, désespoir, etc , voilà les fruits que recueille l'avare. Se servir de l'or ou de l'argent est une bonne chose, dit Saint Bernard; en abuser, est mal ; le rechercher par avarice et l'aimer, c'est une conduite honteuse et dégradante ( De Considérât., c. xrv )•
Fuyez l'avarice, dit saint Prosper; si vous voulez les richesses, vous serez accablés de difficultés pour les découvrir, de travail et de peines pour vous les procurer, de souci pour les garder, d'amertume pour en jouir, de douleur en les perdant (De Vit. contemplât., lib. II, c. xm).
Selon les poètes et la fable, Plutus, dieu des richesses, est aveugle de naissance, et il aveugle ceux qui L'honorent, dit Clément d'Alexandrie (Lib. IV Strom.).
Sacrifiez votre argent, dit saint Augustin, pour acheter le repos et le temps de servir Dieu. L'abondance où se trouve le riche ne lui permet pas de dormir, dit l'Ecclésiaste.
Jésus Christ appelle les richesses des épines (Matthieu 13. 22).
Montrez-moi, dit saint Chrysostome, la conscience de l'avare, vous y verrez une foule de péchés, une crainte continuelle, l'agitation, le trouble, des frayeurs de toutes sortes, le soupçon et l'anxiété; l'avare craint même les esprits, il redoute les ombres, ses serviteurs les plus fidèles, les étrangers qui lui arrivent, sa compagne qu'il a rendue semblable à lui ; que dis-je ? il se redoute lui-même (Homil ad pop.).
L’avare est tout à sa passion
Ou est votre trésor, là est aussi votre cœur, dit Jésus Christ en saint Matthieu ( 6. 21). C'est-à-dire, ce qui cause votre joie , ce que vous estimez, ce que vous aimez, ce que vous chérissez, ce que vous poursuivez avec ardeur, possède votre cœur tout entier. Et ce n'est pas la passion de l'avarice seule qui s'empare ainsi de l'homme, mais toutes les autres.
Que votre âme ne s'enfouisse pas dans un vil métal, mais qu'elle s'élève vers le ciel, dit saint Jérôme ( Ad Paulin. ).
Saint Antoine de Padoue raconte qu'après la mort d'un avare, on trouva son cœur au milieu de l'or qui remplissait son coffre-fort.
Avares, vous ne pensez qu'à l'or, vous n'aimez que l'or; mais quel or est comparable à Dieu ! Vous recherchez les richesses; mais quelles richesses valent la possession de Dieu!
Si vos richesses se multiplient, n'y attachez pas votre cœur, dit le Psalmiste .
L’avare ne peut pas servir Dieu
Nul ne peut servir deux maîtres, dit Jésus Christ. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent (Matthieu 6. 24).
La fortune et une conscience en bon état sont choses à peu près incompatibles, dit Sénèque (In Prov. ).
Pauvreté de l’avare
Moins vous serez cupide, plus vous serez le maître de votre fortune, dit saint Bernard. L'avare a faim des richesses de la terre comme un mendiant; le vrai chrétien les méprise comme un maître (Serm. in Cant.).
Écoutez Sénèque : L'indigent manque de beaucoup de choses, l'avare manque de tout (Epist. cvni).
Celui, dit Saint Ambroise, qui ne peut pas emporter avec lui ce qu'il a , n'est pas riche ; car ce qu'on est forcé de laisser ici-bas, ne nous appartient pas : c'est un bien étranger.
Les riches, dit le Psalmiste, ont souffert l'indigence et la faim; ceux qui cherchent le Seigneur auront tous les biens en abondance.
Il est un mal que j'ai vu sous le soleil, dit Salomon dans l`'Ecclésiaste, et qui est même fréquent parmi les hommes : c'est l'homme à qui Dieu a donné les richesses et l'opulence sans lui donner le pouvoir d'en jouir; ses biens deviendront la proie d'un étranger. En vérité, cela est vanité et grande misère . Voilà le triste état de l'avare bien dépeint parle Saint-Esprit.
La volonté d'amasser, appauvrit, l'envie dévore, la soif de posséder réduit à la misère. En effet, on possède seulement ce dont on se sert; or, l'avare n'use pas de ce qu'il a, donc il n'a rien. L'argent qu'il enfouit dans la terre n'est pas à l u i , mais à la terre elle-même. Celui qui paierait un impôt égal à son revenu, serait dans l'indigence; or, la passion de l'avarice prélève un impôt si lourd, qu'elle enlève, à celui qu'elle domine, et le revenu et le capital.
L'envieux, qui se hâte d'atteindre l'opulence, disent les Proverbes, ne voit pas que la pauvreté fond sur lui (Proverbes 28. 22).
Les richesses, dit saint Augustin, ne préservent pas de la disette. L'avare souffrira d'autant plus de la pauvreté qu'il s'attachera davantage à ses richesses, et que celles-ci seront plus grandes.
Que l'avare médite souvent ces paroles de Job (20. 15) : Il vomira les richesses qu'il a dévorées ; Dieu les arrachera de ses entrailles Celui qui a amassé de l'argent, l'a mis dans une bourse qui n'a pas de fond, dit le prophète Aggée ( 1. 6).
Cherchez avant tout le règne de Dieu et sa justice, dit Jésus Christ , et le reste vous sera donné par surcroit (Matthieu 6. 33)
Les apôtres, pêchant toute la nuit, ne prirent aucun poisson, parce que Jésus Christ n'était pas avec eux ; mais aussitôt que Pierre lança son filet à la parole de son divin Maître, il prit une grande quantité de poissons ( Luc. 5. 5 ).
0 avare! s'écrie saint Basile, vous ne savez dire qu'une chose : Je n'ai pas, je ne donnerai pas ; car je suis pauvre aussi. Oui, vous êtes pauvre ; vous manquez de tous les biens. Vous êtes pauvre de charité, pauvre de bonté , pauvre de confiance en Dieu, pauvre d'éternelle espérance (Homil. vu in Divitesavaros).
O riche, vous ignorez combien vous êtes pauvre !...
La nature ne connaît pas de riches; elle a engendré tous les hommes dans la pauvreté; elle les a mis au monde nus, elle les enferme tous dans la même demeure, le sépulcre.
L'avare n’est jamais rassasié
Cela démontre bien la pauvreté de l’ avare, c est qu’ il n’a jamais assez et que jamais il n` est rassasié. L’avare change son opulence en pauvreté. Le riche est un hydropique, dit saint Augustin, plus il a, plus il désire (DeMorib.).
Plus on boit, plus on veut boire, dit le poète.
Leurs richesses se sont augmentées, dit Ovide, et avec elles la soif insatiable de l'opulence; plus ils possèdent, plus ils veulent posséder: {Lib. Fastorum)
L'avarice est semblable au feu qui croit en raison des aliments qu'il rencontre. L'avare, dit l’Ecclésiaste, ne se rassasiera jamais d'or ; celui qui aime les richesses, n'en jouira pas (Ecclésiaste 5. 9). L'univers ne suffit pas à l'avare ; et cependant un jour viendra où il sera forcé de se contenter d'un cercueil, que même il ne possédera pas seul ; les vers le lui disputeront, et s'en rendront maîtres!...
Les richesses sont données afin qu'on en use avec sobriété. Celui qui mange au-delà de ce qui lui est nécessaire, éprouve des vomissements.
Naboth, dit l'Écriture, possédait une vigne près du palais d'Achab, roi de Samarie. Achab lui dit : Donne-moi ta vigne (3 Rois 21 1,2). O riche avare! s'écrie saint Ambroise, commentant ce passage, tu ne sais pas combien tu es pauvre, toi qui te dis riche ! Plus tu as, plus tu convoites ; et quand tu atteins l'opulence, il te semble encore que tu n'as pas assez. L'or alimente l'avarice et ne l'éteint pas. La cupidité a d'innombrables degrés; plus elle en franchit, plus elle veut en franchir ; plus elle monte, plus elle tombe de haut. L'Écriture nous enseigne combien l'avare est affamé; elle nous montre comme il mendie honteusement. Achab était roi d'Israël, et Naboth pauvre. Achab abondait en richesses, Naboth ne possédait qu'un petit champ. Naboth pauvre ne désirait point les richesses d'Achab. Et ce roi laissa voir qu'il était dans la disette, puisqu'il désirait la vigne de Naboth. Donne-moi ta vigne. Que prouve cette demande, sinon le besoin? Donne-moi, parce que je n'ai pas ce qu'il me faut. Quelle abjection! quelle pénurie ! voilà l'avare
Ne pouvant faire entrer l'or dans son cœur, l'avare le remplit de désirs insatiables; mais ces désirs ne sauraient en combler le vide; il lui faudrait y verser l'or, qu'il est forcé de laisser dans ses coffres.
L'avare ne peut se rassasier ; car, 1 - l'avarice ne dit jamais : C'est assez ; 2 - sa soif augmente ; 3 - l'argent ne nourrit pas ; 4 - l'avarice ne remplit pas le cœur; 5 - toutes les richesses qu'elle amasse sont vanité : elles font le vide plutôt qu'elles ne le comblent, selon ces paroles de la Genèse : La terre était stérile et nue ( Genèse 1 . 2 ).
Que sont les trésors, qui augmentent la disette à mesure qu'ils s'accroissent, qui laissent à leurs poursuivants une soif d'autant plus cruelle qu'ils sont plus abondants ? L'argent ne ferme pas la gueule de l'avarice et ne remplit pas son ventre, mais il le dilate; il ne rafraîchit pas, mais il brûle. Les avares ne se contentent pas d'un verre d'eau, parce qu'ils ont soif d'un fleuve.
Le pauvre, dit saint Chrysostome, ne désire pas le nécessaire avec autant d'ardeur que le riche avare désire le superflu. L'avare ressemble à ces terres arides et sablonneuses que la pluie ne rassasie pas, mais qui absorberaient des torrents d'eau et reviendraient presque immédiatement à leur sécheresse première, demeurant toujours avides d'arrosement. Quoiqu'il amasse d'immenses richesses, l'avare a toujours soif; et plus il reçoit, plus il désire. Comme les sables, bien qu'arrosés souvent, ne produisent aucun fruit, l'avare, bien qu'amassant sans cesse, ne fait pas d'aumônes. Ses richesses périssent en lui et avec lui. Ce qui fait dire à saint Chrysostome que l'avare soupire plus ardemment après l'argent et en a plus soif que le mauvais riche, dans l'enfer, n'a soif d'eau; car il n'en demande qu'une goutte, et l'avare veut un océan (BomiL ad pop.)
L'avare, dit saint Bernard, ne se rassasie pas plus d'or, que nos poumons ne se rassasient de l'air qu'ils aspirent.
Le feu ne dit jamais : C'est assez. (Proverbes 30. 16). Le feu ne s'arrête que lorsqu'il n'y a plus rien à dévorer, alors il s'éteint; l'avarice dévorerait tout, qu'elle ne s'éteindrait pas. Elle ne se réjouit pas de ce qu'elle tient, dit saint Basile, mais elle se tourmente pour avoir ce qu'elle ne tient pas. Elle ressemble au chien , qui, en avalant une bouchée du pain que vous lui jetez, ne s'occupe qu'à regarder la seconde et à se préparer à la manger. L'avare ne jouit pas de ce qu'il a amassé; il est torturé par le désir ardent d'avoir davantage. L'avare fond surtout comme la mort; il désir tout engloutir comme l'enfer, dit saint Chrysostome, il voudrait être seul sur la terre pour la posséder seul.
Voilà pourquoi Saint Luc (16. 2 3 ) , racontant les tourments du riche avare dans l'enfer, dit : Élevant ses yeux lorsqu'il était dans les supplices, il vit de loin Abraham et Lazare. Il était dans les tourments, dit saint Chrysostome, il n'avait de libre que ses yeux, et il les employait à regarder les richesses d'autrui.
Quelle est, dit saint Augustin, cette avidité de la passion de posséder? Les bêtes féroces s'arrêtent : elles se jettent sur leur proie lorsqu'elles sont affamées, mais elles l'épargnent lorsqu'elles sont rassasiées. Seule la faim des richesses est inexplicable; elle dévore toujours, et jamais elle n'est rassasiée. L'avare ne craint pas Dieu, il ne respecte pas l'homme, il n'épargne pas son père, il ne connaît pas sa mère, il méprise son frère, il trahit son ami.
L'argent ne rassasie pas l'avare, il l'irrite, dit Sénèque.
L'œil de l'avare , dit l'Ecclésiastique, est insatiable dans son iniquité ; et il ne sera rassasié que lorsqu'il aura desséché et consumé son âme. L'œil de l'avare est tourné vers le mal l'avare ne se rassasiera pas de pain , mais il sera triste et dans le besoin auprès de sa table (Ecclésiastique 14. 9,10).
Ceux qui amassent l’or et l'argent, en qui les hommes se confient, ne sont jamais rassasiés. (Baruch.3. 18, 19. ]
Avare, s'écrie saint Basile , par votre insatiable cupidité, vous faites beaucoup de mal. La mer a ses bornes, l'avare n'en a pas. Vous avez des domaines : qu’acquerrez-vous ensuite? cinq pieds de terre !
L'avarice est un gouffre sans fond, dit saint Ambroise.
L’avarice est un accablant fardeau
L'on est lourd de sa nature ; l'avarice en fait un fardeau écrasant qui pèse plus encore sur l'âme que sur le corps. Voyez, dit saint Augustin, cet homme chargé du poids de l'avarice ; voyez-le courbé sous son fardeau, haletant, dévoré de soif, ne travaillant qu'à augmenter sa charge. Qu'attends-tu, ô avare? pourquoi t'épuises-tu? après quoi respires-tu? que convoites-tu? Tu veux assouvir ta passion qui te possède ? Elle peut te torturer : tu ne saurais la rassasier. Ne te pèse-t-il pas, ce fardeau qui t'écrase au point de te faire perdre connaissance? Ne te pèse-t-elle pas, cette passion qui t'éveille et qui ne te permet pas de dormir…
Aveuglement de l’avarice
Celui qu'on enchaîne pendant qu'il dort, ne s'aperçoit de ses chaînes de I avarice à son réveil, il veut se lever; de même ceux qui ont des richesses éprouvent pour elles une affection secrète qui les l i e , et qu'ils ne sentent que lorsqu'ils viennent à les perdre ou bien à y renoncer.
L'avare ne possède pas l'or, c'est l’or qui le possède; il en est le serviteur et l'esclave.
Le Romain Curius refusa l'or des Samnites, en disant : J'aime mieux gouverner l'argent et ceux qui l'ont, que de me laisser gouverner par lui ( Vita Maxim. ).
Les avares, dit Sénèque, ont les richesses de la même manière que nous disons que nous avons la fièvre, tandis que c'est elle qui réellement nous maîtrise. Nous devrions rectifier notre langage et dire : La fièvre le tient; les richesses le tiennent ou plutôt le torturent.
Celui qui est l'esclave des richesses, dit saint Jérôme, veille sur elles comme un serviteur; au contraire, celui qui secoue leur joug, les distribue en maître (2).
Si vous savez user de votre argent pour faire le bien, dit Sénèque, votre argent est votre serviteur ; si vous ne le savez pas , il est votre maitre (in Prov. ).
Les richesses servent le sage et elles lui appartiennent : au contraire, elles commandent à l'insensé et il leur appartient. Les avares sont garrottés par l'amour des richesses ; elles les enchaînent, et les liens dont elles les chargent sont plus lourds et plus forts que des chaînes de fer. Ce qui fait dire à saint Chrysostome : Comment l'homme qui est conduit en laisse par l'avarice vaincrait-il ses ennemis ? Les richesses sont une chaîne pesante pour ceux qui ne savent pas en user ; elles sont un tyran cruel, inhumain, qui commande à ses victimes tout ce qui peut tourner à leur ruine. Mais si l'on voulait, on briserait leur joug , on secouerait leur tyrannie; et comment? en faisant d'abondantes aumônes. Tant qu'on se trouve seul à seul avec Plutus, comme avec un voleur, en un lieu écarté et solitaire, il vous fait beaucoup de mal et vous terrasse ; mais lorsqu'on l'amène en présence de la foule, il perd sa force, est vaincu, et subit les liens dont les pauvres le chargent en s'entraidant.
Il faut commander aux richesses, et non les servir, dit Sénèque.
L'avare, dit excellemment saint Chrysostome, est le gardien et non le maître de ses richesses ; il en est l'esclave, et non le possesseur. Il donnerait, en effet, plutôt un de ses membres qu'une pièce d'or de sa cachette; il s'abstient d'user de son bien, comme s'il était à autrui. Et, en effet, il ne lui appartient pas; comment regarderait-il comme sien un trésor dont il ne se permettrait pas de distraire une obole pour la donner ni pour s'en servir dans un besoin pressant, et quelle que fût l'extrémité qui le menaçât?
L'avare ne tire aucun avantage de ses richesses, ajoute ce grand docteur; il fait état de ne rien posséder. S'il travaille, c'est pour ses héritiers et avec perte et grand danger pour son âme. Ses sueurs et ses veilles sont sans utilité pour lui ; sa mort même, qu'amènent les privations familières aux avares, ne lui est d'aucun profit (Homil. n ad pop. ) .
N'est-ce pas honteux que celui qui a tant de richesses ne s'appartienne pas à lui-même? dit Diogène (2).
Saint Augustin montre que l'avarice ordonne des choses beaucoup plus pénibles que celles que Dieu commande. L'avarice, dit le Seigneur , impose des obligations difficiles, et moi des devoirs faciles; son joug est pesant, le mien est agréable; son fardeau est accablant, le mien, léger. Ne vous laissez pas dominer par l'avarice. L'avarice vous ordonne de traverser les mers, et vous lui obéissez ; elle vous ordonne de vous exposer aux tempêtes et aux naufrages, et vous le faites : pour moi, j'exige seulement que vous donniez aux pauvres qui viennent frapper à votre porte ce que vous pouvez leur donner. Et lorsque vous êtes assez intrépide pour vous aventurer sur l'Océan, vous n'avez pas le courage de faire une bonne action qui se trouve sous votre main ! L'avarice commande, et vous la servez; Dieu commande , et vous ne tenez compte ni de lui ni de ses ordres.
Vous obéissez à l'avarice, qui, loin de vous donner aucun bien, vous accable de maux; et vous refusez d'obéir à Dieu, qui vous comblerait de biens et vous préserverait de tout mal !...
L'avare se laisse prendre par l'or comme l'oiseau au filet, dit saint Grégoire de Nazianze.
Quand l'or fait entendre sa voix, dit le même docteur, toute supplication parait froide.
Saint Augustin dit très-justement : Avant d'avoir rien gagné, l'avare se perd lui-même; avant d'avoir quelque chose, il devient esclave. Celui, dit-il ailleurs, qui sait se servir de son or en est le maître; mais celui qui ne sait pas s'en servir à l'or pour despote. Soyez les maîtres de l'or et non ses esclaves; car Dieu, qui a fait l'or, vous a créés supérieurs à ce métal : il a fait l'or pour votre usage, et il vous a faits vous-mêmes à son image et pour lui seul. Envisagez ce qui est au-dessus de vous, et foulez aux pieds ce qui est au-dessous.
L'or est un tyran caché, dit saint Grégoire de Nazianze.
Tous les avares périssent enchaînés par l'argent, dit le prophète Sophonie : (1.11 ).
L'avare, dit saint Ambroise, est toujours dans les filets, toujours dans les chaînes; il n'est jamais libre, parce qu'il est toujours dans le péché (De Caïn.).
C'est une nécessité, dit saint Augustin, que celui qui ne respire que pour les choses terrestres, s'éloigne des choses célestes. L'avarice nous attache à la terre, à la boue, car l'or n'est pas autre chose, et elle ne nous laisse pas même dormir en paix .
NE vous inquiétez point pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps comment vous le vêtirez, dit Jésus-Christ en Saint Matthieu. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? ( Matthieu 6. 25. ) Or, l'avare oublie entièrement sa vie et son âme, et ne s'occupe que de son trésor. Quel aveuglement... Insensés qui ne vous appliquez qu'à amasser des richesses, cette nuit même vous mourrez !
L'avare est dans les ténèbres. Il était nuit, dit l'Évangile, lorsque Judas sortit pour aller vendre son maître par avarice ( Jean. 13 30 ) .
Hommes aveugles qui passez votre vie à poursuivre la richesse , vous ignorez même souvent pour qui vous travaillez, pour qui vous vous épuisez (Luc. 12. 20). Vous travaillez pour les autres, et jamais pour vous ; que dis-je vous travaillez contre vous.
Vous cherchez votre bonheur dans l'opulence, dit saint Bernard; mais Dieu ne nous a pas chassés du paradis terrestre pour nous en procurer un autre ici-bas (Serm. in Cant.). C'est un grand aveuglement de chercher son bonheur là où jamais on ne l'a trouvé, et où jamais on ne le trouvera.
L'or qu'on cherche au fond des entrailles de la terre, dit saint Augustin, est conservé par suite des ténèbres du cœur. Le poursuivre fait des damnés, l'aimer a produit Judas, et pourtant l'avare le préfère à Jésus Christ.
Plutus, Dieu des richesses, est aveugle de naissance, et il rend aveugles ceux qui le servent, comme déjà nous l'avons dit.
Que préférez-vous, dit saint Augustin, ou d'aimer les choses temporelles et de passer avec le temps, ou de ne pas les aimer, et de vivre éternellement avec Dieu? Le Seigneur vous a donné toutes les choses créées : en reconnaissance, aimez-le. Il veut vous donner plus que de l'or, il veut se donner lui-même à vous. Mais si vous vous attachez aux biens d'ici-bas, quoiqu'ils viennent de lui , et que vous le négligiez, votre amour n'est-il pas adultère? Les biens que Dieu vous prodigue sont une invitation à l'aimer. Si vous lui préférez ses présents, vous ressemblez à l'épouse qui préfère l'anneau d'or que lui a donné son époux à son époux lui-même, affection qui est certainement adultère ( Serm. xxvin de verbis Domini).
Par amour pour les richesses périssables, dit saint Cyrille, l'avare sacrifie les richesses célestes et impérissables. Il a des yeux , et il ne voit pas ; il abandonne les biens véritables pour ceux qui sont faux ce qui dure pour ce qui passe, le ciel pour la terre; il troque des trésors infinis contre la pauvreté, la gloire contre la misère, le certain contre le douteux, le bien contre le mal, la joie réelle contre l'affliction. II amasse au dehors des futilités et il s'appauvrit intérieurement; il s'attache aux bagatelles qui disparaissent; il possède la terre, et l'enfer le tient Il dévore, et son estomac ne peut supporter la nourriture qu'il prend; il aime ce qui le tue, il acquiert pour perdre, il conserve précieusement ce qui lui causera un repentir impérissable, il se charge pour tomber plus rapidement dans J'abime éternel.
Il est certain, dit saint Grégoire, que celui qui désire s'enrichir, néglige d'éviter le péché ; ébloui comme l'oiseau par le miroir du chasseur, il regarde avec avidité l'appas des richesses, et ne voit ni n'évite le filet du péché (Pastor, admon. xxi).
Les avares sont tellement aveugles, qu'ils ne remarquent pas combien ils sont coupables; ils regardent l'avarice comme une vertu, ils l'appellent de l'ordre : voilà pourquoi ils ne se convertissent jamais. On résiste souvent aux autres penchants, on dompte les autres passions : jamais on ne triomphe de l'avarice; elle va, au contraire, toujours croissant, à mesure qu'on approche de la mort qui, en une minute, dépouille de tout ce que l'on avait amassé.
Néant des richesses
L'homme erre au milieu des fantômes, dit le Roi-Prophète; il s agite et s'agite en vain; il amasse des trésors, et il ignore qui les possédera (Psaumes 38, 7). Celui qui se fie en son opulence tombera, disent les Proverbes (11 28). Les richesses sont pour l'avare une idole, le bonheur, la force, tout son bien, tout son espoir et toute sa joie; mais cela même est futile, trompeur et vain.
L'avare porte ses richesses dans ses mains, dans ses vêtements; son cœur est vide.
La mort épargne-t-elle l'opulence? s'abstient-elle de frapper celui qui possède de l'or?
Les richesses sont des embûches pour l'Âme, l'hameçon de la mort, un aliment de péché.
L`avare est défiant
Déposez le fardeau de vos misères dans le sein du Seigneur, dit le Psalmiste, et il soutiendra votre Âme. Le Seigneur est mon pasteur, je ne manquerai de rien ; il m'a placé lui-même au milieu de ses pâturages: (Psaumes 22 1. 2). Or, l'avare se défie toujours de Dieu, de la Providence, des hommes et de tout ce qui l'environne
L'avare porte envie à toutes choses, aux hommes, à la terre, etc.
L'envie a perdu les mauvais anges...; elle a perdu Adam et Ève Voyez à quel excès elle a conduit Caïn....
L'envie, dit saint Bernard, est le ver rongeur de l'âme; elle fatigue les sens, brûle les entrailles, affecte l'esprit, ronge le cœur. L'envieux veut ce qui ne lui appartient pas, et il ne recueille que péchés (Lib. de Consid.).
La prospérité d'autrui torture l'avare...,.
L`avare est traitre
Qu`est-ce qui a fait Judas? l'avarice Ce traître était ivre d'avarice, dit saint Jérôme. Elle le possédait tellement, qu'il tremblait que Jésus Christ n'échappât à ceux qui étaient venus pour le saisir ; il redoutait de perdre ses trente deniers, car il ne les avait pas encore reçus. C'est lui-même, leur dit-il, prenez-le et liez-le fortement : (Matthieu 26. 48). L'or est un serviteur qui nous trahit
L'avare vendrait Dieu. Voyez Judas : Que voulez-vous me donner , et je vous le livrerai, dit-il aux princes des prêtres (Matthieu 26. 15 .)
L'avare trahit sa conscience..., les hommes..., ses amis..., sa famille. Il n'y a rien de sacré pour lui . La chute de Judas nous montre combien l'avarice est un grand mal, et à quels excès elle porte. Elle fut la cause de la trahison de cet apôtre, de son hypocrisie, de son désespoir, de son suicide, de son éternelle damnation et de la mort de Jésus Christ.
Injustice de l`avare
C'est une erreur, dit saint Chrysostome, de croire que les choses d'ici-bas soient à nous et nous appartiennent en propre. Rien ne nous appartient, tout est à Dieu qui le donne .
Le riche mourut, dit l'Évangile, et fut enseveli dans l'enfer (Luc. 16, 22). Il fut enseveli dans l'enfer â cause de son avarice, de sa dureté, de son mépris pour Lazare, de sa coupable injustice envers ce pauvre souffrant.
En effet, nous dit saint Chrysostome, c'est un vol de ne pas donner lorsque l'on a. (In Evang.). Ce n'est pas parce qu'il était riche, ajoute saint Chrysostome, qu'il est tourmenté, mais parce qu'il n'a pas eu pitié de Lazare (Ut supra). En ne faisant pas l'aumône, il commettait donc un crime. Votre âme ne vous appartient pas, dit encore saint Jean Chrysostome , comment vos richesses vous appartiendraient-elles? Ne dites donc pas : Je ne dépense que ce qui est à moi ; vos biens ne sont pas à vous, ils appartiennent aux pauvres.
L'or et l'argent m'appartiennent, dit le Seigneur des armées (Aggée 2, 9 ) . Saint Augustin part de là pour harceler les avares : Si, dit-il, l'or et l'argent sont à Dieu, lorsque Dieu vous ordonne de donner aux indigents, il vous ordonne de donner son propre bien; et lorsque vous faites l'aumône, vous la faites avec des fonds qu'il vous prescrit de distribuer, et non pas avec ce qui vous appartient. Dieu, ajoute le même saint docteur, donne l'or aux hommes charitables pour qu'ils exercent la charité et qu'ils obéissent à la voix de l'humanité ; et il le donne aux avares pour punir leur cupidité. Si vous cherchez à vous enrichir, vous perdrez inévitablement la justice; si au contraire vous voulez être juste, vous sacrifierez la richesse.
Du superflu l'avare fait le nécessaire : il n'y a point de charité dans son cœur....
L'avare vit d’égoïsme ; il n'a ni compassion, ni charité, ni entrailles C'est une espèce de tigre domestique
L`avarice rend cruel
L'avarice rend cruels et atroces tous ceux qui la servent, dit saint Chrysostome. ( Homil. ad pop. ).
Celui qui est sans pitié repousse même ses proches, disent les Proverbes ( 11. 17 ). L'avare est cruel pour son âme, pour son corps, pour ses parents, pour le prochain et pour Dieu.
L'avarice est une maladie grave, qui rend aveugle, sourd, et pire que les bêtes féroces, dit saint Chrysostome. (Homil. ad pop.).
L`avarice est un crime
Il n'y a personne de plus coupable que l'avare. Car l'avarice est une grave injure faite à Dieu, auquel elle préfère l'or. Elle est un tort fait à l'État, qu'elle remplit d'usures, de vols, de fraudes, de procès, de séditions, de meurtres, de haines, etc. Elle nuit à l'avare
lui-même, qu'elle souille et corrompt, et que l'amour de l'or conduit en enfer. Elle est un crime envers les pauvres. Elle violente l'or lui-même; car sa destinée et , si je puis m'exprimer ainsi, son bonheur est de satisfaire aux besoins communs des hommes : c'est pour cela que Dieu l'a créé. L'avare s'oppose à ce qu'il atteigne cette fin; il le renferme et l'annihile. Mais ce qu'il refuse aux hommes, il l'accorde à l'enfer, qui lui achète son âme. L'avarice insulte à tous les éléments, aux cieux, à la terre. Elle insulte à toutes les lois, à toutes les vertus; elle les méprise et les foule aux pieds.
L`avare est un despote
Ne sont-ce pas les riches (dévorés d'avarice) qui vous oppriment par leur puissance dit l`apôtre saint Jacques, et qui vous traînent devant les tribunaux ? ( Jacques 2 6. ) Les richesses, en effet, égarent l'esprit de l'avare devenu opulent, au point de lui faire croire que tout lui est permis ; qu'il doit commander; qu'il faut que les pauvres lui obéissent et qu'ils deviennent des serviteurs et des esclaves, dont il usera impunément pour accroître son faste et ses richesses. Le riche avare dévore le pauvre, comme les gros poissons dévorent les petits; et si quelqu'un s'avise de lui résister, il entre en fureur, il ne pardonne pas. Il s'attribue tout et rien aux autres ; il se croit supérieur à son entourage et s'imagine que nul ne doit lui résister. L'âne sauvage est la proie du lion dans le désert ; ainsi les pauvres sont la proie des riches (avares), dit l'Ecclésiastique (13. 23).
L`avarice corrompt le cœur
Pourquoi l'avare est-il idolâtre plutôt que les esclaves des autres vices? En voici les raisons : Premièrement, les avares placent toute l'espérance de leur vie dans leurs richesses; ils les regardent par conséquent comme leur Dieu. Secondement, les idolâtres adorent des statues d'or et d'argent : l'avare fait-il autrement? Troisièmement, l'avarice est insatiable Quatrièmement, elle occupa l'homme tout entier, et toujours
Les avares aiment et adorent les richesses; car ils ne pensent et n'agissent que pour s'en procurer, pour les conserver, les augmenter ; ils leur consacrent leur corps, leur cœur, leur âme, leurs soins, leurs sueurs, leurs travaux, leur sommeil, leurs veilles, leur vie. Ils obéissent en tout à leur passion; ils mettent en elle tout leur bonheur et leur dernière fin. Pour elle, ils négligent le culte de Dieu, ils violent ses préceptes, et nient sa providence.
Le roi Nabuchodonosor, dit Daniel, fit une statue d'or. Le peuple se tenait devant elle; des hérauts criaient : Prosternez-vous, adorez la statue d'or ; et le peuple se prosterna, et il l'adora, etc. (Daniel 3. 1). Ainsi fait l'avare Le veau d'or est le dieu de ce siècle
L’avare est son mortel ennemi
L'avare ne se montre bon envers personne; il est implacable pour lui-même, dit Sénèque.
Malheur à vous, s'écrie le prophète Isaïe, qui joignez maison à maison, et terre à terre ! ( Isaïe 5. 8. )
Malheur aux riches ! s'écrie Jésus Christ (Luc. 6. 24.)
Quelque douce que soit l'eau des fleuves, elle devient amère ci entrant dans l'Océan. Telle est l'image des richesses de ce monde. Ceux qui les possèdent s'en réjouissent durant le cours de la vie ; mais quand ils arrivent au gouffre de la mort, où tout aboutit, ils ne trouvent qu'amertume et que déception
Les richesses, dit saint Ambroise, sont une terrible occasion de péché; elles enflent, elles enorgueillissent, elles font oublier le Créateur (Lib. de Cain. et Abel.).
L’avarice est la source de tous les péchés
Le principe de tous les maux, de tous les péchés, c’est l'avarice dit saint Paul ( 1 Timothée 6, 10). Fuyez donc, homme de Dieu, fuyez l'avarice.
L'avarice, die saint Ambroise, ne recule devant aucun péché : elle les enfante tous ; car, pour assouvir ses désirs, ce qui est impossible, elle a recours aux maléfices, elle se rend coupable d'homicide, d'impuretés et de tous les crimes (Lib. de Cain. et A bel. ) .
Les mœurs des Romains ont été corrompues par l'avarice, dit Juvénal. Depuis que la pauvreté de Rome a disparu, tous les crimes, toutes les corruptions y abondent.
L'avarice se rit de tous les droits Les richesses sont une occasion de vanité, de gourmandise, de luxure, d'ivrognerie, de paresse, et de tous les excès.
L'avarice engendre l'incrédulité; elle ne craint ni Dieu, ni son jugement redoutable , ni l'enfer. Les avares négligent la religion, ils violent les préceptes sacrés de Dieu et de l'Église ; et comme un crime en attire un autre, il arrive que le riche avare, croissant en orgueil, en ambition, en injustice, en toute espèce de désordres, tombe enfin dans l'hérésie, dans l'athéisme, dans l'idolâtrie, comme il advint de Salomon.
Laertius disait que l'avarice est la métropole de tous les vices. Les enfants de l'avarice sont : la trahison, la fraude, les déceptions, le parjure, l'inquiétude, la violence, l'inhumanité, la dureté du cœur, e t c.
Jésus-Christ méprise les richesses
JÉSUS-CHRIST, dit saint Augustin, a méprisé tous les biens de ce monde afin de montrer qu'ils étaient, en effet, méprisables et il supporté toutes les épreuves durant sa vie mortelle, afin qu'on ne cherchât pas la félicité dans les richesses, et qu'on ne craignit pas les épreuves et les croix. Celui qui possède tout, s'est fait pauvre; celui qui nourrit tout, a eu faim ; celui qui est la fontaine de v i e , a eu soif ( De vera Relig., c. x v ) .
Jésus Christ , dit Salvien, a été pauvre, et vous amassez des richesses! Jésu Christ a enduré la faim, et vous vous plongez dans les délices ! Jésus Christ n'a pas eu de l'eau à boire, et vous vous livrez aux excès de l’Ivrognerie (Lib. IV ad Ecoles. ) .
De tous les biens de ce monde, Jésus Christ n'a voulu qu'une crèche et une croix. Combien sa conduite ne condamne-t-elle pas l'estime que l'on a pour les richesses, et surtout l'avarice !
Or, dit saint Paul, ce que l'homme aura semé, il le moissonnera (Galates 6, 8 ).
Damnation de l’avare
Par votre avarice, vous avez amassé un trésor de colère pour le dernier jour, dit l'apôtre Saint Jacques (Jacques 5. 3 ).
Dans l'enfer , les avares seront tourmentés par une faim cruelle, par une soif dévorante, par une pauvreté incomparable et une nudité complète.
Seigneur, dit Salomon dans les Proverbes, ne me donnez ni la pauvreté, ni les richesses; accordez-moi seulement le nécessaire de la vie (Proverbes 30. 8 ) ; de peur que, me trouvant rassasié, ajoute-t-il, je ne vous renie, et que je ne dise : Qui est le Seigneur? ou que, pressé par la pauvreté, je ne me livre au vol et ne parjure le nom de mon Dieu ( Proverbes 30. 9 ).
N'oublions jamais les paroles suivantes de Job : Je suis sorti nu du sein de je retournerai nu dans le sein de la terre (Job 1, 24).
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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