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Méditations pour la Toussaint qui approche - Paradis - Purgatoire - Enfer - les Saints - Jugement Général, ect

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Méditations pour la Toussaint qui approche - Paradis - Purgatoire - Enfer - les Saints - Jugement Général, ect Empty Méditations pour la Toussaint qui approche - Paradis - Purgatoire - Enfer - les Saints - Jugement Général, ect

Message par MichelT Mar 29 Oct 2024 - 13:48

Réflexions pour la Toussaint qui approche 1 Novembre - (Fête de tous les Saints et de ceux qui sont en Paradis – et pour la fête des fidèles défunts) – Révisions des fins dernières – du Purgatoire – du Paradis – de l`Enfer – Du Jugement – de la Communion des Saints - des récompenses spéciales en Paradis pour les martyrs, les vierges et pour les Confesseurs et Docteurs de l`Église.

Source : Économie de la providence divine – Gouvernement des choses humaines – le Père Millet de la Cie de Jésus – année 1860

1 - RICHESSES ET PAUVRETÉ
2 - TOUT VRAI CHRÉTIEN EST AMI ET PROTECTEUR DU PAUVRE .
3 - LE MÉLANGE DES BONS ET DES MÉCHANTS, OU LES DEUX CITÉS.
4 - QUEL EST LE TERRAIN QU'OCCUPE LA CITÉ DE DIEU ?
5 - RAISON DU MÉLANGE DES BONS ET DES MÉCHANTS EN CE MONDE
6 - LE MOT D'ORDRE DES DEUX CITÉS.
7 - OBSERVATION . NÉCESSITÉ DE RATTACHER LE PRÉSENT A L'AVENIR.
8 - SIGNES AVANT-COUREURS DE LA DERNIÈRE CATASTROPHE.
9 - JUGEMENT UNIVERSEL - POURQUOI UN JUGEMENT UNIVERSEL.
10 - L`ENFER - L'ÉTERNITÉ MALHEUREUSE. - RÉPONSE AUX DIFFICULTÉS .
11- ÉTERNITÉ DES PEINES DE L'ENFER .
12 - RÉCOMPENSES DES JUSTES EN PARADIS
13 - RÉCOMPENSES SPÉCIALES OU AURÉOLES RÉSERVÉES AUX MARTYRS , AUX VIERGES , AUX DOCTEURS.
14 - LE BONHEUR DU CIEL .


1 - RICHESSES ET PAUVRETÉ

Quel est l'ordre et le plan que le Créateur s'est proposé dans l'arrangement de cet univers ? Il a établi une loi universelle de communication entre les créatures, d'après laquelle chacune donne de son abondance à celles qui sont pauvres et indigentes. La terre n'est par elle -même qu'une masse froide et inerte ; le soleil l'anime et la vivifie en lui communiquant sa lumière et sa chaleur. L'Océan distribue ses eaux aux fleuves et aux rivières ; les fleuves les portent aux campagnes qui , fertilisées par cette irrigation bienfaisante, nous donnent des fruits et des aliments .

Chaque être ne subsiste et ne remplit sa destination qu'au moyen d'un secours étranger , d'une aumône qu'il reçoit . Et dans la grande famille humaine, que sont les relations des hommes entre eux , sinon une communication réciproque, un échange d'aumône continuel ? Les productions d'une province passent dans une autre par le commerce et le trafic qui rend communs à tout l'univers les biens de chaque nation, et à chaque nation les biens de tout l'univers. Sans cet échange et cette libéralité mutuelle par laquelle les peuples s'entraident, que de dures privations n'auraient pas à subir les contrées mêmes les plus riches et les plus favorisées !

Ainsi le plan divin nous montre l'aumône organisée dans l'univers sur une vaste échelle, et tous les êtres se prêtant une mutuelle assistance, afin que l'abondance des uns supplée à l'indigence des autres . Que dis - je ? Dans le ciel même où l'indigence n'est pas connue , il y a néanmoins assistance et relation de dépendance . Les anges supérieurs assistent les anges inférieurs , comme l'enseigne Saint Denys ; ils les illuminent, les épurent, les perfectionnent par la communication des biens qu'ils ont en plus grande abondance. Et les anges supérieurs reçoivent de Dieu ce qu'ils possèdent , n'ayant de leur propre fond que le néant , comme toutes les autres créatures, et tenant tout de celui qui est la source unique et l'océan universel de tous les biens.

Puisque tous les êtres dans la nature, depuis les plus grands jusqu'aux plus petits , ne reçoivent que pour donner, certainement cet ordre subsiste également dans les choses humaines, et l'homme n'est pas dispensé de la loi universelle . Comme il y aurait désordre et bouleversement dans le monde physique , si le soleil refusait de départir sa lumière, le ciel ses influences, la terre ses moissons, la fontaine ses eaux : de même il y aurait souffrance et malaise dans le monde moral , si les riches refusaient de faire entrer les pauvres en partage de leur opulence. Les desseins du Créateur dans l'inégale répartition des biens de la terre sont visibles pour qui sait -réfléchir . Dieu a voulu que l'homme fût; utile à l'homme, que le riche et le pauvre se donnassent la main , que l'opulent suppléât avec son superflu à ce qu'il ne croirait pas devoir faire par lui- même.

Il a voulu que de la diversité des fortunes naquît un besoin d'union et de secours mutuel, et qu’ainsi un désordre apparent produisît une harmonie réelle . Il a voulu que ce partage inégal devint un moyen de perfectionnement pour l'humanité, qu'il établît parmi les hommes un commerce de bienfaisance d'où sortiraient les plus nobles vertus : dans les uns la générosité , dans les autres la reconnaissance ; dans ceux - ci la tendre compassion, dans ceux- là la confiance, dans tous l'amour et le respect pour le Père commun dont la providence veille aux besoins de tous ses enfants.  Ce bel ordre se réaliserait parmi les hommes, si l'égoïsme n'était venu détrôner la charité . Le péché originel a altéré profondément la pureté primitive de notre nature ; et la charité est devenue un mystère pour le coeur de l'homme. Qu'il y ait une vertu incompatible avec la haine d'un seul homme, fût- il de tous les hommes le plus odieux, le plus pervers, n'est-ce pas là une vérité inconnue à toute l'antiquité, une vérité ouvertement combattue par le coeur humain qui , après l'offense , ne trouvait rien de plus raisonnable que la haine, rien de plus légitime que la vengeance ?

Le plus grand poète lyrique de la Grèce demandait, pour la perfection du caractère humain , d'aimer tendrement et de haïr sans miséricorde . Une société trempée dans ces doctrines barbares pouvait- elle témoigner de l'intérêt et de la compassion à des êtres avilis par la misère, et dont on ne pouvait tirer aucun service ? Dans l'individu , l'égoïsme fermait le coeur à tout sentiment d'humanité. Dans l’État, l'individu à son tour n'était estimé qu'à raison de l'utilité qu'il apportait à la chose publique . A Sparte (sud de la Grèce antique avant que ce pays ne devienne chrétien), tout enfant né difforme ou privé d'un membre était regardé comme un être indigne de vivre ; il était défendu de l'élever , et par ordre des magistrats on le jetait dans une fosse . C'était un homme ; mais qu'importe ? Cet homme n'était bon à rien, et une société sans entrailles ne voulait pas s'imposer la charge de le nourrir. Au reste, partout où le christianisme n`a pas adouci la férocité des moeurs, vous trouverez le même esprit. Aujourd'hui encore dans le vaste empire de la Chine, (au 19 ème siècle) tous les jours des mères barbares, pour ne pas se charger nés sur la voie publique et les donnent en pâture à des animaux immondes.

Dans notre jeunesse nous admirions sur parole ces fameuses républiques de la Grèce et de l'Italie dont les écrivains modernes nous ont fait de si pompeuses descriptions. Mais, dans le fait, qu'étaient ces républiques tant vantées ? Quel respect y professait-on pour l'humanité, pour la dignité de l'homme ? Chez les Grecs, le Grec était tout. Tout étranger était réputé barbare et ennemi. Athènes, la patrie des beaux arts et l'école de la politesse, Athènes avait vingt mille citoyens et quatre cent mille esclaves. A Rome, si vous aviez le titre de citoyen , vous étiez un homme; sinon , rien . Sur quinze cent mille habitants que contenait cette maîtresse des nations du temps de Cicéron , on comptait à peine deux mille propriétaires . Un seul citoyen possédait plusieurs milliers d'esclaves sur lesquels il exerçait le droit de vie et de mort, et dont il disposait comme d'un vil troupeau de bétail . Il est facile d'imaginer que, dans une telle société, les misères du pauvre étaient extrêmes, comme les joies dissolues du riche.

Parmi tant d'édifices somptueux qui couvraient le sol de la Grèce et de l'Italie , pas un refuge n'était ouvert à l'infortune (aucune pitié pour le pauvre et le malchanceux). Vil rebut du monde, le pauvre et l'infirme poussaient un cri de détresse qui restait sans écho dans des coeurs endurcis par l'orgueil et la volupté ( la débauche sexuelle et la richesse). Des multitudes d'esclaves expiraient dans les jeux sanglants du cirque pour égayer les barbares caprices du peuple- roi . On venait voir tuer des hommes pour passer le temps : ne nihil ageretur , dit Sénèque. Et pour ajouter la dérision à la cruauté, les malheureux gladiateurs, en défilant dans l'arène, étaient obligés de saluer avec respect les féroces spectateurs qui venaient s'enivrer de leur sang : Morituri te salutant !

Mais, direz -vous, n'y avait-il pas des philosophes qui parlaient en termes magnifiques de la dignité de l'homme ? Oui, il y avait l'école de Platon qui débitait de fort belles maximes; mais elle prétendait que la vérité n'était faite que pour quelques hommes d'élite ; elle laissait la femme dans l'opprobre et approuvait formellement l'esclavage de la multitude. — Il y avait aussi les stoïciens qui prenaient l'enflure ( l`orgueil et les connaissances) pour de la grandeur. Mais, bien loin de faire de leur juste imaginaire un homme miséricordieux et compatissant, ils mettaient la pitié pour les malheureux au nombre des vices dont le sage doit se défendre. Somme toute : dans la société telle que l'avait faite le paganisme, l'immense majorité des hommes était esclave, pauvre, misérable. L'esclave ne s'appartenait pas; il était la chose du maître, qui en disposait à son gré et l'exploitait comme une bête de somme . Le pauvre était malheureux ; il manquait de tout, et sa misère était sans adoucissement et sans compensation .

Le riche, à son tour, était malheureux ; il abusait de tout, et ne trouvait au sein de son abondance que le vide et le malaise . L'homme sentait bien quelques instincts généreux se remuer au fond de son être ; mais son horizon étant borné à la vie présente, quel terme pouvait-il assigner à ces mystérieuses tendances ? Aucune institution sociale, aucune école de philosophie ne se présentait pour lui apprendre le secret de son avenir et diriger ses aspirations vers cet infini, qui est le premier et le plus impérieux besoin de tout homme venant en ce monde.

Ce n`est pas qu'alors comme aujourd'hui on ne parlât de perfectionnement et de progrès. Mais, quand on ignore le but de la vie humaine, le mot de progrès n'a aucun sens. Il y a agitation , mouvement, lutte et conflit des passions et c'est tout. Le genre humain en était là . Égaré dans ses voies, affaissé sous le poids des doctrines du néant , il n'en pouvait plus. Il fallait qu'un médecin descendît du ciel pour guérir ce grand malade. C'est alors que le Messie, promis depuis quatre mille ans, paraît sur la terre .

L'humanité qui l'attend est partagée en deux camps , dit le P. Lacordaire. D'un côté , l'humanité riche ; de l'autre, l'humanité pauvre. Il vient ce grand réparateur , le voici : de quel côté passera- t-il? Il passe du côté des pauvres avec sa royauté, sa divinité . Il est pauvre, s'écriait David, en le voyant venir de loin . Et le Sauveur lui même disait plus tard aux envoyés de Jean : Les pauvres sont évangélisés , Pauperes evangelizantur. Et encore : Bienheureux les pauvres , Beati pauperes . Mais quel bonheur? direz -vous. Est- ce une consolation pour des malheureux de voir qu'un Dieu vient en augmenter le nombre ? -- Non, s'il était tombé dans cet état par quelque nécessité fatale : mais s'il l'a choisi librement, volontairement; si c'est par un conseil bien arrêté de sa sagesse divine qu'il a donné la préférence à la pauvreté, qui ne voit que par là il l'a élevée en honneur, qu'il l'a glorifiée et qu'on ne peut plus la regarder comme un opprobre et un malheur ? Un Dieu pauvre ! Ah! c'est un monde nouveau qui s'ouvre devant nous. Les rôles sont changés. Quand l'humanité égarée s'en allait par des routes perdues à la recherche des jouissances sensuelles, les riches marchaient à sa tête , parce qu'il faut de l'or pour payer les plaisirs. Maintenant, on dit anathème aux sales jouissances de la brute ; on rappelle l'homme à sa dignité, on lui montre un but glorieux , sublime ; c'est un royaume immortel à conquérir.

Mais qui parviendra plus sûrement, plus promptement à cette noble conquête ? Est-ce celui qui marche dans la pompe et la magnificence, traînant à sa suite l'attirail des richesses et des grandeurs de la terre ? Non, sans doute : c'est celui qui libre de toute ambition terrestre, dégagé des embarras du siècle, s'élance avec ardeur, escorté de ses seules vertus. Donc, les choses humaines ont changé de face , les derniers sont les premiers. Venez, pauvres bergers, âmes pures et candides ; venez, pauvres volontaires, coeurs simples et droits ; à vous les privilèges, vous êtes les favoris du nouveau roi . Venez aussi , riches, venez à votre tour, vous n'êtes pas exclus ; il y a place pour vous, mais à condition qu'à l'exemple des Rois-Mages, vous déposerez aux pieds du Sauveur le faste et l'orgueil des richesses et que vous en userez désormais avec piété et modération .

Voilà bien, certes, la plus mémorable révolution qui se soit opérée depuis que le monde existe : c'est aussi la seule qui ait été salutaire à l'humanité . Les révolutions provoquées par les hommes n'amènent d'ordinaire que des ruines et des calamités, parce qu'elles tendent le plus souvent à un but chimérique,(Révolution bolchévique et communiste – révolution sexuelle, ect) ou qui ne peut être obtenu par les uns qu'au détriment des autres. Ici le but est réel, il est noble et tous les hommes de bonne volonté sont sûrs de l'atteindre . On ne fait pas violence à notre nature, puisqu'on ramène l'humanité à sa condition première et essentielle, à l'éclat pour lequel elle a été créée . On n'enchaîne pas notre liberté, on ne comprime pas les nobles aspirations de notre âme ; on nous laisse notre soif insatiable du bonheur, nos désirs de gloire , de puissance, de grandeur, en un mot toutes ces grandes passions qui remuent si profondément notre coeur.

Mais au lieu que ces violentes passions s`égarant parmi les choses créées, et n'y trouvant pas leur aliment , revenaient sur elles- mêmes et faisaient le tourment de notre vie , maintenant que nous les lançons vers le ciel , vers un bien immense, infini , elles se plongent dans cet océan ; elles s'y rassasient et nous procurent le contentement, la paix, le bonheur. Nous comprenons d'après les considérations précédentes , pourquoi le Fils de Dieu se faisant homme a choisi une condition humble, pauvre , obscure . Il venait relever l'humanité déchue ; il la prend par la base, et de la sorte il la redresse tout entière, depuis le fondement jusqu'au faîte et au sommet. Si le Sauveur s'était placé sur les hauteurs du monde social , avec la pompe et la majesté qui conviennent à un grand roi , le peuple , c'est - à- dire l'immense majorité du genre humain, se serait cru dédaigné, méprisé, et par conséquent étranger au bienfait de la Rédemption. Enfin , quand un malade est à l'extrémité, il faut bien que le médecin aille le trouver jusque dans son pauvre réduit , pour travailler à sa guérison . Or, le grand malade , c'était avant tout la classe si nombreuse et si délaissée des gens du peuple, des artisans, des pauvres . Voilà ceux que mon Sauveur voulait surtout secourir. Il ne s'est pas contenté de les rétablir dans leur dignité d'hommes, de leur rendre leurs droits à l'éternel héritage des élus, il a pourvu à ce qu'il y eût jusqu'à la fin des siècles des personnes qui continueraient près d'eux son œuvre de miséricorde . Ainsi il leur a donné un père dans la personne du prêtre ; une mère dans la femme chrétienne ; — des protecteurs et des amis dans les plus hautes classes de la société .


TOUT VRAI CHRÉTIEN EST AMI ET PROTECTEUR DU PAUVRE .

Admirablement secondé par des vierges chrétiennes et de pieuses matrones, le prêtre exerçait depuis dix-huit siècles les oeuvres de miséricorde. Frappé d'un spectacle si nouveau, le monde au commencement le contemplait avec admiration . A l'admiration succéda plus tard l'indifférence et enfin de nos jours la calomnie . Les pauvres eux mêmes, objets de soins si touchants, finirent par les regarder comme un tribut qui leur était dû, sans songer à en faire honneur à la foi qui les inspire . Pour confondre les faux jugements du monde et rectifier les injustes appréciations du pauvre, il fallait donner à la société un spectacle nouveau , lui montrer des dévouements dont les préventions les plus obstinées ne sauraient méconnaître le motif. C'est ce que Dieu a fait en suscitant dans les conditions les plus élevées de pieux laïques qui se vouent au soulagement des misères physiques et morales du pauvre .  Dans nos grands centres de population , vous rencontrez : ici, l'oeuvre des apprentis sous le patronage de Saint Joseph ; là , l'oeuvre de Saint Régis pour la réhabilitation du mariage que la religion n'avait pas bénit ; ailleurs l'association en faveur des ouvriers, sous la protection de Saint François-Xavier ; partout la belle institution des Conférences de Saint Vincent de Paul, dont le développement a été si rapide, et qui en peu d'an nées a enveloppé le monde catholique comme dans un immense réseau de charité .



MÉLANGE DES BONS ET DES MÉCHANTS, OU LES DEUX CITÉS.

La troisième objection qu'on allègue contre la Providence est la lutte, la guerre incessante qui résulte du mélange des bons et des méchants. Que la vertu ne puisse se développer librement, réaliser les oeuvres les plus admirables de charité et de dévouement, sans rencontrer sur son chemin des obstacles de tout genre, souvent de noires calomnies et de cruelles persécutions, n'est - ce pas là un désordre révoltant , et qui accuse la Providence ? Ceux qui font cette difficulté oublient toujours que le péché du premier homme, qui était une révolte contre Dieu, a été puni par la révolte, et qu'il a dû amener à sa suite la sédition dans l'oeuvre entière de la création . C'est en luttant non- seulement contre les mauvais penchants de notre coeur, mais encore contre toutes les oppositions du monde et de l'enfer, que nous devons rentrer dans l'ordre et recouvrer nos anciens privilèges .

Deux camps sont en présence, ou comme parle Saint Augustin, deux cités sont continuellement en lutte , comme deux armées aux prises sur un champ de bataille . D'un côté la cité de Dieu ou du ciel ; de l'autre la cité du démon (de l`ange déchu) ou de la terre . Quelles sont les positions respectives de ces deux cités ? les principes qui les dirigent , les armes qu'elles emploient dans le combat ? Quels seront les résultats définitifs de la lutte ? Voilà ce que nous allons examiner, et cet examen fait, nous dirons avec le roi-prophète :« Les conseils du Seigneur sont pleins de sagesse et d’équité, et ils se justifient par eux-mêmes.»


QUEL EST LE TERRAIN QU'OCCUPE LA CITÉ DE DIEU ?

La cité de Dieu étant la réunion de toutes les créatures raisonnables qui reconnaissent pour leur chef le Fils de Dieu fait homme (Notre-Seigneur Jésus-Christ), elle embrasse dans sa vaste enceinte le ciel, la terre et le purgatoire ; mais ses limites cessent aux portes des enfers. Les malheureux plongés dans cet abîme ne sont pas nos frères : ils n'ont pas voulu faire partie de la grande association ; ils ont répudié l'héritage du Père de famille. En conséquence ils sont retranchés, rejetés , condamnés. Nous ne leur devons rien ; avec eux il n'y a plus d'alliance, plus de pacte possible.

Mais des liens sacrés nous unissent aux autres ; nous avons avec eux des rapports nécessaires ; et c'est ce qu'on appelle la communion des saints. Aux bienheureux qui règnent dans le ciel , c'est-à dire aux anges et aux saints, que devons-nous ? ils n'ont pas besoin de nous ; ils habitent pour toujours le royaume de la paix, ils puisent le bonheur à sa source . Mais nous , nous avons besoin d'eux. Les saints-anges sont nos protecteurs et nos guides pendant les jours de l'épreuve. Les saints sont nos modèles et nos intercesseurs auprès de Dieu ; tranquilles pour eux-mêmes ils souhaitent vivement de nous voir associés à leur félicité .  ( Saint Augustin ).  

Ainsi, les bienheureux qui triomphent dans le ciel (Paradis), les justes qui souffrent dans le purgatoire, composent les deux premières divisions de la cité de Dieu . La troisième division , celle dont nous avons à raconter l'histoire et les combats, habite sur la terre, elle у dresse ses tentes à côté de celles des pécheurs ; il n'y a ni murailles, ni retranchements qui les séparent. Sur le même sol, dans la même ville , souvent sous le même toit se rencontrent des gens qui appartiennent à des chefs opposés.

C'est même une des ruses perfides de l'ennemi d'entretenir ce mélange, cette confusion . Il n'ose pas toujours attaquer de front la cité de Dieu ; mais il prend ses livrées; il se transforme en ange de lumière ; et, à la faveur de ce déguisement, il s'introduit dans le camp des fidèle pour y porter la désolation et la mort. Plus d'une fois il a su faire pénétrer ses émissaires jusque dans les lieux les plus saints, jusque dans le sanctuaire , jusque sur le trône des pontifes. Satan n'a aucun accès ni au ciel (Paradis) ni au purgatoire : le mal, le péché ne saurait approcher de ces saintes demeures. Voilà pourquoi on n'y connaît plus la lutte, les combats. Mais sur la terre , la cité de Dieu n'est pas constituée définitivement; elle est soumise à la condition de toutes les sociétés humaines où se trouve un mélange de bons et de méchants. Les bons sont l'appui et l'ornement de la cité ; les méchants en sont le fléau . A quels signes peut-on reconnaître les uns et les autres ?

II . Ceux qui appartiennent franchement à la cité de Dieu, sont faciles à reconnaître . Ils font une profession ouverte et publique de croire tous les dogmes de l'Église catholique , d'observer toutes ses lois ( ils veulent suivre les 10 Commandements dans leur vie et honore Dieu): ils marchent ostensiblement sous la bannière de la croix, réglant leurs jugements, leur conduite, non d'après les fausses maximes du monde, ou l'opinion mobile des hommes, mais d'après l'immuable doctrine de l'Évangile, interprété par l'Église.

La milice opposée se compose de tous les infidèles qui nient Jésus-Christ, de ceux qui rejettent son Église et refusent de vivre sous les 10 Commandements.  Si tous ceux qui ont adopté cette bannière venaient s'y ranger sans détour, les enfants de Dieu seraient moins exposés aux surprises et aux trahisons. Mais combien vivant parmi les catholiques, se disant eux mêmes chrétiens, catholiques, ne sont en réalité que des apostats et vivent comme des païens et des transfuges qui combattent pour souvent sans le savoir pour l`ennemi.


RAISON DU MÉLANGE DES BONS ET DES MÉCHANTS EN CE MONDE

On demande pourquoi des sociétés si opposées ne sont pas séparées par d'infranchissables barrières . Pourquoi Dieu permet que les fidèles et les impies, les justes et les pécheurs vivent confondus , mêlés ensemble . Nous répondons que personne n'est entraîné malgré soi , et que de plus, ce mélange, cet antagonisme du bien et du mal, est un moyen sûr, efficace d'éprouver, de perfectionner la vertu .

Dans le ciel , le bien règne sans mélange d'aucun mal ; dans l'enfer, le mal, sans mélange d'aucun bien . La terre est au milieu , tenant du ciel et de l'enfer. Il y a donc mélange ; le mal est à côté du bien ; les méchants sont confondus avec les bons ; l'ivraie est semée parmi le bon grain.

Dieu laisse croître l'un et l'autre jusqu'au temps de la moisson, jusqu'au jour du jugement. Alors se fera la séparation . En attendant, il y a lutte, conflit entre ces éléments contraires .

Placés entre le bien et le mal, il faut nous déterminer pour l'un ou pour l'autre ; car, de rester neutres, la chose est impossible . Il y a nécessairement en nous une ardeur plus ou moins vive de prosélytisme. Tout homme, quel qu'il soit, bon ou méchant, s'efforce d'entraîner les autres dans sa sphère . Dieu a mis en nous un besoin de diffusion ; nous cherchons à nous étendre, à propager notre influence pour le bien ou pour le mal ; et cela parce que nous sommes des êtres sociaux et qu'à ce titre nous voulons former une société à notre image. Mais tout homme peut opter, parce qu'il est libre ; il peut porter son action à droite ou à gauche ; combattre pour la vérité ou pour l'erreur , pour le vice ou pour la vertu , pour la cité de Dieu ou pour la cité du monde .

L'homme qui choisit le bien , qui désire faire partie de la cité de Dieu, consent, par là même, à passer par les épreuves, avant que d'être placé comme un vase d'honneur dans la maison du Père céleste . En conséquence, il est façonné par la persécution des méchants, comme le métal sous le marteau de l'ouvrier.

L'homme qui adopte la cité maudite, qui choisit le mal , est réservé pour le jour de la colère : ce n'est pas un métal qu'on purifie, qu'on épure dans le creuset, c'est une bâton dont Dieu se sert pour châtier ses enfants . Il l'emploie , dit Théodoret, comme les médecins  emploient les vipères et les serpents à la guérison des maladies. Il suit de là que la guerre entre les deux cités, est toujours avantageuse aux bons et funeste aux méchants. Ceux -ci en effet, semblent triompher un instant, leur vie paraît agréable et délicieuse ; mais outre que de cruel les épines sont cachées sous ces brillantes fleurs, quel sera le résultat final ? Après un moment d'ivresse et d'étourdissement, ils iront partager dans l'éternité le noir patrimoine de l`enfer ! Les bons,il est vrai,sont soumis à de pénibles épreuves, ils ont à soutenir de rudes combats : mais le terme où ils aspirent est infiniment glorieux, la récompense est immortelle .



LE MOT D'ORDRE DES DEUX CITÉS.

Saint Augustin le fait connaître par les paroles suivantes : Deux amours ont bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu , a bâti la cité de la terre ; l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi- même, a bâti la cité de Dieu .



OBSERVATION . NÉCESSITÉ DE RATTACHER LE PRÉSENT A L'AVENIR.

Le christianisme est un ouvrage aux proportions grandioses, colossales; il demande à être vu à distance . Tant que vous ne sortez pas de la région du temps, vous êtes dans un faux jour ; vous ne pouvez saisir l'ensemble , vous ne voyez qu'une partie de l'édifice ; votre raison se révolte ; vous vous écriez : Tout est confus, sans ordre ; ce n'est pas la sagesse divine, c'est la main du hasard qui a rassemblé tant d'éléments disparates et contradictoires.

Mais changez le point de vue ; placez-vous sur les confins de l'éternité, dont le temps n'est que le portique, rattachez le présent à l'avenir : alors tout s'explique : vous comprenez la pensée de l'architecte, vous saisissez son plan, et vous condamnez votre jugement injuste et précipité. L'oeuvre de la Rédemption accomplie, l'humanité ne laisse pas d'être en proie à des misères, à des calamités de tout genre, à des désordres sans nombre. Cela paraît étrange. Mais que se proposait le Sauveur ? Il voulait rendre possible notre retour à l'ordre et à la perfection de notre état primitif (Adam et Ève avant le péché). La restauration opérée sur le Calvaire , ne devait donc pas obtenir à l'instant tous ces effets. C'est une oeuvre immense qui se poursuit lentement pendant les jours de l'épreuve et qui ne recevra son complément et sa dernière perfection qu'au jour solennel qui fermera le temps et ouvrira l'éternité .

La terre est le laboratoire de l'ouvrier divin , c'est la fournaise où l'on fond les métaux , l’or, le fer, le plomb, le bois, la paille : tout est rassemblé pêle-mêle ; c'est un mélange confus, une image du chaos. Un prince veut restaurer un vaste palais qu'une main ennemie avait dévasté. Tandis qu'on rassemble les matériaux, que les pierres se polissent sous les coups du marteau , qu'on étaye cette muraille ébranlée , qu'on redresse cette colonne abattue , il y a nécessairement bruit, choc , violence. Tel est l'état du monde inférieur que nous habitons. Toutes les créatures avaient été dévoyées , faussées, brisées : il faut qu'elles soient redressées, replacées . Elles subissent une opération pénible ; elles gémissent en attendant le jour de leur complète réparation.

L'homme surtout jeté hors de son centre par le péché, est dans un état violent . Astre errant, il souffre jusqu'à ce qu'il soit rentré dans sa sphère. Jésus- Christ qui est venu pour tout replacer , tout ramener à l'unité; rassemble de tous les points de l'espace et du temps les hommes de bonne volonté pour en composer un seul corps dont il est le chef. Mais ce corps mystique du Sauveur n'est pas encore complet. O Jésus, vous régnez dans le ciel, au sein de la gloire et de la félicité.

Déjà de réunis à votre corps sacré : les patriarches, les prophètes, les apôtres, les confesseurs, les vierges, les martyrs. Mais vous avez des membres sur la terre qui ne vous sont unis que par la grâce sanctifiante ; ils sont encore soumis à l'épreuve ; ils s'épurent au creuset de la douleur et des tribulations. Mais patience : le travail de la régénération se poursuit ; déjà il est presque achevé pour nous ; bientôt il le sera pour tous les prédestinés. Alors le temps finira ; plus de luttes, plus d'afflictions, plus d'épreuves. Alors la scène sera changée ; chacun recevra selon ses oeuvres, et nous nous écrierons : «Que vos oeuvres , Seigneur, sont grandes et magnifiques»! C'est cette fin dernière de toutes choses que nous allons méditer. La résurrection générale ; -le jugement universel; — les deux éternités , l'une souverainement heureuse, l'autre souverainement malheureuse : voilà ce qui va nous donner le dernier mot de la grande énigme du temps et justifier pleinement la Providence .


SIGNES AVANT-COUREURS DE LA DERNIÈRE CATASTROPHE.

Le monde finira , nous le savons. C'est l'enseignement formel de Jésus - Christ et des apôtres . L'Église étrangère et voyageuse sur la terre subsistera et combattra jusqu'à la fin des temps. Mais elle ne sera pas toujours militante ; ses épreuves auront un terme ; elle ira un jour prendre possession de son royaume, elle sera introduite par son divin époux dans le repos éternel . Ce sera  alors la fin de toutes choses, la consommation de toutes les oeuvres de la création et de la Rédemption. Quand arrivera ce grand jour ? C'est le secret de Dieu . C'est la réponse du Sauveur à ses apôtres.

Ce que nous savons, c'est qu'avant le second avènement du Fils de Dieu, aura lieu une lutte effrayante et terrible entre les deux cités, la dernière et la plus épouvantable persécution contre l’Église , celle de l'Antéchrist. Quel sera l'Antéchrist ? - Un homme, l'homme de péché , le fils de perdition ; mais un homme semblable par sa nature aux autres hommes, né comme eux par la voie ordinaire . Quelle sera sa puissance ? Héritée ou usurpé, nous n'en savons rien ; mais elle sera vaste, immense : et ce qui la rendra plus redoutable, c'est qu'il apportera dans l'exercice de son infernale mission, une malice consommée , les connaissances les plus profondes et les plus étendues, le génie le plus perçant et le plus adroit, un pouvoir sur la nature supérieur à celui des hommes. Dieu permettra au démon (l`ange déchu) de lui communiquer une domination qui le mettra en état d'attirer par l'appas des dons, d'intimider par les menaces , de tourmenter par les supplices , de combattre et de vaincre par les armes.

La première persécution fut celle des Césars de Rome . Son caractère était la violence ; elle attaquait par les bûchers et les échafauds. - La deuxième persécution est celle des hérétiques, dont l'arme ordinaire est la ruse, le mensonge et le sophisme. - La troisième persécution, celle de l’Antéchrist , aura tout à la fois ces deux caractères : elle sera violente, dit Saint Augustin , par le déploiement d'une puissance extraordinaire, séductrice et trompeuse par le prestige des faux miracles. Il ne faudra pas moins que ces deux grands moyens d'action à un homme qui osera se déclarer l'adversaire et le rival de Jésus-Christ. Il disputera à Jésus- Christ son trône , non-seulement pour l'en faire descendre , mais pour se mettre à sa place, se donnant pour le seul Dieu qui ait jamais paru dans une forme humaine. Il paraîtra dans toute la puissance de Satan , multipliant les miracles , les signes et les illusions du mensonge et les séductions de l'iniquité pour ceux qui périssent. - Alors Satan sera libre, il déploiera sa puissance en prodiges , mais prodiges trompeurs ; soit parce qu'il abusera les sens par des prestiges et de vains fantômes ; soit que Dieu lui permette, par un juste jugement, de faire des choses réelles qu'on croira miraculeuses. Ce qui est certain , c'est que la séduction sera grande, puisque la foi même des justes sera en péril. Mais nous sommes avertis d'avance ; et il n'y aura de trompés par le mensonge que ceux qui auront refusé de se soumettre à la vérité .

Les Juifs d'abord qui ont repoussé le véritable Messie se rangeront autour de son ennemi . Toutefois, comme ce n'est pas pour les perdre à jamais que Dieu a si miraculeusement conservé les restes d'Israël, il tient en réserve deux hommes merveilleux , Énoch et Élie, qui viendront combattre contre l'homme de péché, et opposer aux séductions de l'erreur la doctrine de vérité . Alors les enfants de Jacob sortiront de leur long aveuglement et tourneront leurs regards et leur coeur vers Celui que crucifièrent leurs ancêtres. Cette conversion de la nation juive est un des grands événements qui doivent signaler la fin des temps. Quelle sera la durée du règne de l’Antéchrist, et comment finira-t- il ? – Saint Jean assigne à la puissance de l'homme ennemi un temps , deux temps, et la moitié d'un temps, ce que tous les interprètes expliquent par trois ans et demi .

Une erreur , qui a eu beaucoup de partisans dans les premiers temps de l'Église , est celle des millénaires. Ils prétendaient que, avant la résurrection générale, aussitôt que la persécution de l’Antéchrist aurait cessé, Jésus-Christ ressusciterait tous les justes et viendrait régner avec eux sur la terre pendant mille ans ; et là il les récompenserait au centuple , même en jouissances terrestres de tout ce qu'ils avaient fait et souffert pour lui . Saint Denys d'Alexandrie , et plus tard Saint Basile et Saint Grégoire de Nazianze combattirent cette erreur et la firent disparaître de l'Église d'Orient. Saint Jérôme lui fit également une vive guerre et en purgea l'Église d'Occident . A la place de ce règne chimérique , ce que toutes les traditions nous annoncent , c`est une ruine totale et embrasement général de l'univers.

Ce feu , du reste , les chrétiens ont un témoignage plus sûr : ils savent que le monde , noyé autrefois sous les eaux du déluge , est réservé dans les décrets de Dieu pour devenir la proie des flammes au jour du jugement et de la perte des impies. (Deuxième Épître de Saint Pierre, III , 6, 7. ) Ce feu , du reste , ne sera pas un instrument de destruction, mais de purification ; la création matérielle ne sera pas anéantie , mais changée , transformée ; tous les désordres que le péché y avait introduits disparaîtront : ce seront de nouveaux cieux, une nouvelle terre, dignes de la sagesse et de la magnificence du suprême Architecte.

Le feu que Jésus- Christ fera marcher devant sa face, lors de son second avènement, n'agira pas seulement sur les êtres insensibles, sur la création matérielle , son action atteindra tous les hommes, alors vivants sur la terre ; mais ses effets seront variés suivant les diverses dispositions qu'il trouvera dans les hommes qui composeront cette dernière génération : ce seront ou des justes parfaits, ou des justes imparfaits, ou des pécheurs déclarés, des impies, des méchants . Or , dit Saint Paul ( 1 Corinthiens 3, 12, 13, 14, 15) , au jour du Seigneur, les oeuvres de chacun seront manifestées. Mais comment ? par l'action du feu. Les justes parfaits n'offrant aucune matière au feu vengeur , ce feu ne sera pour eux qu'une lumière éclatante et douce , gage sensible de la récompense qu'ils vont recevoir. Ils mourront cependant , soumis comme tous les autres enfants d’Adam à la loi de la mort , et destinés comme eux à la résurrection . Cette mort sera un sommeil doux et tranquille, sans frayeur, sans violence, sans douleur , promptement suivi d'une résurrection glorieuse. Pour les justes dont les vertus seront mêlées d'imperfections, qui , avec de l'or , de l'argent, des pierres précieuses, auront aussi amassé du bois , du foin , de la paille, le feu lancé par Jésus Christ à la fin du monde leur tiendra lieu de celui du purgatoire.

La justice divine conservant ses droits, l'ardeur du feu suppléera à la longueur du temps. Mais pour les méchants , ce sera un feu dévorant qui commencera leur éternel supplice.

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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Méditations pour la Toussaint qui approche - Paradis - Purgatoire - Enfer - les Saints - Jugement Général, ect Empty Re: Méditations pour la Toussaint qui approche - Paradis - Purgatoire - Enfer - les Saints - Jugement Général, ect

Message par MichelT Mar 29 Oct 2024 - 13:49

JUGEMENT UNIVERSEL - POURQUOI UN JUGEMENT UNIVERSEL.

C'est une loi irrévocable que tous les hommes doivent mourir et être jugés aussitôt après leur mort. A l'instant même où l'âme se sépare du corps , elle se trouve en présence de son juge , qui prononce sur elle une sentence de vie ou de mort. Or, puisque le jugement sera déjà porté et le sort de tous les hommes fixé irrévocablement, on demande pourquoi un dernier jugement , un jugement universel à la fin des temps ? Pourquoi un jugement universel? -Parce que Dieu veut s'expliquer en présence de ses ennemis, et les forcer à reconnaître et à confesser publiquement la sagesse de ses conseils et la magnificence de ses œuvres. Il y a , dit- on , dans le monde , des désordres de tout genre . Désordre intellectuel : des êtres qui ont reçu la raison en partage, qui semblent faits pour la vérité , et qui naissent, qui vivent dans une ignorance profonde et semblent voués fatalement à l'erreur. -Désordre moral : l'homme aime la vertu, et une force brutale et tyrannique l'entraîne au vice ; il ne fait pas le bien qu'il approuve , et il fait le mal qu'il condamne. Désordre physique : la terre que nous habitons a été préparée par un Dieu juste et bon , pour être le séjour de l'homme ; mais est- ce un palais ou une prison ? Est- ce dans son amour ou dans sa colère que la main du Tout- Puissant nous a jetés sur ce petit globe , où quelques gouttes de joie viennent à peine se mêler à des torrents de larmes ? Ainsi parlent les faux sages dont la vue ne s'étend pas au- delà de cette vie d'un jour. La conduite du Très Haut est pour eux une énigme inexplicable ; tous viennent échouer contre cet écueil . Voyez que de systèmes impies et absurdes enfantés par l'hérésie, par la philosophie ; que de blasphèmes lancés contre ciel! Les uns ont nié la sagesse et la bonté du Créateur ; - les autres, son unité, sa toute-puissance ; -quelques -uns sont allés jusqu'à nier son existence même.

Eh bien, Dieu a résolu d'entrer un jour en jugement avec ses créatures, de confondre publiquement ses ennemis et de les convaincre de folie . Vases d'argile, vous murmuriez contre le potier qui vous a faits ! Mais vous n'étiez encore qu'à l'état d'ébauche . Ne fallait- il pas du moins attendre que vous fussiez sortis de la fournaise ? Insensés ! vous vouliez juger de la beauté d'un édifice, de la symétrie de ses parties , de l'harmonie de son ensemble, lorsque les pierres, à peine sorties de la carrière, se polissaient sous la main de l'ouvrier ! Maintenant que l'architecte a mis la dernière main à son œuvre, que l'édifice s'élève dans les airs avec ses formes majestueuses , venez et voyez. Ah ! le point de vue n'est plus le même. Seigneur, vous avez travaillé sur un plan magnifique; toutes vos oeuvres sont admirables et votre Providence est pleinement justifiée. Pourquoi un jugement universel ?

— Parce que Dieu veut procurer à son Fils unique , au Dieu sauveur un triomphe public et solennel . Jésus- Christ est venu sur la terre pour racheter les hommes et détruire l'empire des démons ( des anges déchus et leur dominations) ; il est venu lutter par la folie contre la sagesse, par l'humilité contre l'orgueil, par la pauvreté contre les richesses , par la faiblesse contre la force. Il a choisi ce qui n'était pas pour confondre ce qui est . Mais son oeuvre n'a pas été comprise .

Les juifs l'ont persécuté dans sa personne; les païens, dans ses disciples; les hérétiques et les mauvais chrétiens, dans son Église. Aujourd'hui encore , combien d'hommes le méconnaissent , le calomnient , l'outragent! Celui-ci vous dira qu'il n'a pas besoin de sauveur, qu'il trouve dans sa raison assez de lumière pour connaître la vérité , et dans sa volonté l'énergie nécessaire pour pratiquer la vertu. - Celui- là ne veut pas reconnaître la mission divine et l'autorité souveraine d'un homme né dans une crèche et mort sur une croix . Ainsi , quoique le Sauveur Jésus soit adoré dans le ciel par les anges et les saints, quoique son nom porte l'épouvante dans les enfers, quoiqu'il soit ici - bas la joie et la consolation de toutes les âmes nobles et pures , il n'est pas encore glorifié aux yeux de toutes les créatures, et son triomphe n'est pas complet. C'est pourquoi le Père a déterminé un jour où il introduira une seconde fois son Fils dans le monde, et, en présence du genre humain assemblé , il le proclamera de nouveau Monarque universel , Juge suprême des vivants et des morts. Alors, tout genou fléchira devant le Fils de l'homme, au ciel , sur la terre et dans les enfers, et tous les hommes , tremblants , attendront de lui leur dernière et irrévocable sentence .

Dans son premier avènement , Jésus- Christ ne jugeait personne , quoiqu'il en eût le droit. Dieu l'avait envoyé dans le monde , dit Saint Jean , non pour juger le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui. Il a rempli cette mission : il en aura une autre à la fin des temps. Alors il exercera , avec une puissance souveraine , ce pouvoir de juger qu'il a reçu de son Père , comme fils de l'homme , et qu'il n'a pas dû exercer tant qu'il a vécu parmi les hommes.

Qu'y eut- il de plus ignominieux dans la Passion du Christ? Ce fut moins de souffrir une mort cruelle que d'y avoir été condamné juridiquement par tout ce qu'il y avait de personnages distingués dans Jérusalem . Une réparation solennelle était due à une si étrange humiliation . La réparation, ce sera cette puissance judiciaire que Jésus-Christ exercera à la fin des siècles sur tous les hommes.  

Pourquoi un jugement universel! - Parce que Jésus Christ, à son tour, veut glorifier , en présence de l'univers assemblé, ceux qui ont embrassé avec joie les ignominies de sa croix , et qui ont été persécutés à cause de son nom. Celui qui a lutté généreusement, qui a remporté la victoire , a droit aux honneurs du triomphe . Dans le monde, tout homme qui embrasse une opinion, un système , un parti , espère triompher, après une lutte plus ou moins longue , plus ou moins pénible. Aussi, quand une révolution subite vient changer la face des choses et donner la victoire à la cause qu'il défendait, comme il est fier, comme il lève la tête , comme il s'applaudit d'avoir combattu jusqu'à la fin sous le drapeau vainqueur ! Mais quels que soient les événements qui se succèdent sur la scène mobile de ce monde , nous , disciples du Calvaire , enfants de la croix , nous partageons rarement, dans ces temps surtout, les fruits de la victoire ; nous sommes presque toujours exclus , rejetés , quand nous ne sommes pas persécutés.  Les partis se supplantent , les gouvernements changent, se modifient, le pouvoir passe d'une main dans une autre , et notre condition reste la même, précaire, incertaine, à la merci des passions humaines. Quand le souverain Juge paraîtra sur les nuées, tenant d'une main la foudre et de l'autre des couronnes, ce sera le moment du triomphe pour les enfants de Dieu. Ce jour sera grand , glorieux , magnifique pour Jésus-Christ et pour ses saints.


L`ENFER - L'ÉTERNITÉ MALHEUREUSE. - RÉPONSE AUX DIFFICULTÉS .

Une éternité malheureuse ! un enfer ! voilà la pierre d'achoppement de tous les ennemis de l’Église ; voilà le dogme qui a soulevé contre elle les plus horribles tempêtes . Et cela se conçoit ; car au fond c'est le seul qui trouble la fausse sécurité des pécheurs. — Une fois qu'il est prouvé que c'est Dieu qui a parlé, tout homme sensé reconnaîtra sans peine qu'il est parfaitement logique de croire les mystères de notre foi qui expliquent tous les problèmes et sans lesquels rien ne s'explique.  Mais l'enfer et ses interminables supplices, voilà une doctrine qui frappe d'anathème l'ambition, la volupté et toutes les mauvaises passions. Elles s'armeront du sophisme, elles soulèveront des montagnes de difficultés pour s'en faire un rempart contre cet ennemi terrible .


ÉTERNITÉ DES PEINES DE L'ENFER .

Il y a dans la conduite des hommes des contradictions étranges, inexplicables. Ils se montrent tour à tour sages et insensés ; ici , prudents à l'excès, là, téméraires jusqu'à la folie. Qui n'admirerait leur réserve dans les affaires où de graves intérêts matériels sont en jeu?

Ils ne s'y lancent pas d'ordinaire au hasard et sans de mûres délibérations. Avant de prendre un parti , ils font des recherches, des enquêtes : ils n'oublient rien pour se procurer des renseignements exacts et sûrs. Voyez , par exemple , ce qui se passe dans les hautes régions du pouvoir où s'agitent les grandes questions qui intéressent la fortune publique . S'agit-il d'une loi sur les finances, sur l'agriculture , le commerce ; s'agit - il de quelques travaux importants, comme de fortifier une place , de tracer une route , de creuser un canal , d'établir un chemin de fer ? Que fait- on ? on nomme des commissions, on charge des hommes spéciaux d'examiner les choses à fond . Ainsi fait chaque particulier quand il y va de ses intérêts privés. Il ne demande pas conseil à tous indistinctement sur toutes les affaires.

Celui qui est gravement malade n'appelle pas un jurisconsulte, mais un médecin ; celui qui a un procès ne va pas consulter un architecte, mais un avocat. O hommes, pourquoi donc ne procédez-vous pas avec la même maturité et la même prudence quand il s'agit de vos intérêts éternels ? Vous voulez savoir ce que devient l'homme après la mort, s'il y a pour lui un paradis ou un enfer éternel ? Certes , vous avez raison de vous préoccuper de ces graves questions : il n'en est point qui doivent remuer plus profondément un être raisonnable . Dieu n'a pu laisser sa créature dans l'incertitude sur ces grands objets. Il y a certainement une réponse . Qui vous la donnera ? Le bon sens vous dit qu'il faut vous adresser à des hommes sérieux qui ont étudié ces matières, qui ont acquis une conviction et qui agissent en conséquence. Mais non : vous vous défiez de ces personnages vertueux et instruits ; vous les laissez de côté ; et vous allez interroger des hommes qui n'ont jamais étudié la question, des hommes qui ont intérêt à la décider négativement.

Vous demandez à des hommes de plaisir où d`argent, à des écrivains impies et passionnés : Que pensez vous de l'autre vie ? y a - t -il un enfer éternel ? Que voulez - vous que vous répondent des personnes qui ne cherchent qu'à s'étourdir, qui ont toujours chassé les pensées graves qui pourraient troubler leur fausse sécurité ? Nous ne nous occupons pas de semblables choses, dira celui - ci ; nous buvons, nous mangeons, nous allons à nos affaires et à nos plaisirs , nous jouissons du présent, laissant l'avenir au hasard . D'ailleurs , qui est revenu de l'autre monde pour nous dire ce qui s'y passe ? — Un autre vous regarde en face et s'écrie avec un sourire de pitié : L'enfer ! c'était bon autrefois; on pouvait débiter cette fable à nos bons aïeux . Mais au 19e siècle , c'est trop fort ! nous avons fait du chemin depuis cent ans ; nous avons renversé ce vieux dogme et beaucoup d'autres choses.

Pauvre homme ! qui s'imagine qu'on détrône Dieu comme on détrône les rois de la terre ! qu’on change l'Évangile comme on change des chartes et des constitutions ! Nous connaissons le 19e siècle et tous ses progrès. Eh bien, en plein 19e siècle, nous allons dire de l'enfer ce qu'on en disait il y a deux mille ans, ce qu'on en dira éternellement. Il y a un enfer , parce qu'il y a au ciel un Dieu juste, par conséquent vengeur inexorable du crime, comme il est le rémunérateur magnifique de la vertu . Il y a un enfer , parce qu'il y a des hommes d'iniquité qui ne reçoivent pas sur la terre le châtiment que méritent leurs attentats. Il y a un enfer : tous les attributs de Dieu démontrent ce dogme protecteur de la société , l'Évangile le proclame , toute la tradition le confirme; il est écrit dans le symbole de tous les peuples. Il y a un enfer. - Tous les hommes paraîtront devant le tribunal du souverain Juge avec leurs œuvres bonnes ou mauvaises.

Voici un malheureux noirci de crimes et dont la vie a été un enchaînement de prévarications et de scandales , qu'il n'a point effacés par le repentir et les larmes de la pénitence . Où voulez - vous que Dieu le place ? — Dans le ciel , à côté de l'innocence et de la vertu ? Mais ce serait un renversement monstrueux de l'ordre et de la justice . D'ailleurs , les cieux , qui sont plus forts que le fer, comme dit Job, plus solides que le bronze, ne pourraient porter un seul péché, tant le péché est pesant. Ils portent Dieu avec toute sa gloire ; mais une pensée d'orgueil, conçue par les anges , a ébranlé les colonnes des cieux , et il a fallu les décharger à l'instant de ce fardeau épouvantable. - Où Dieu y mettra-t-il donc le pécheur ? Dans le purgatoire ? Mais, d'abord , après le jugement dernier , ce lieu d'expiation n’existera plus ; et, maintenant, le purgatoire est le vestibule du ciel . Les justes seuls y sont admis pour déposer quelques taches légères qui retardent leur triomphe. Sur la terre ? - Mais la terre , après la dernière sentence , sera renouvelée, transformée, et ne pourra plus être habitée que par l'innocence . Aujourd'hui même, ce n'est qu'en frémissant d'indignation qu'elle se sent foulée par les pas des pécheurs.

Encore une fois , où voulez- vous donc que Dieu relègue le pécheur, sinon dans ces régions désolées que l'on appelle l'enfer , aux extrêmes frontières de la création , sur les confins du néant ? Il y a un enfer, il faut bien le reconnaître, direz-vous; mais quelle sera la durée de ses supplices ?

Une éternité malheureuse ! ah ! cela ne se comprend dites-vous. — Cela ne se comprend pas ! Est- ce une raison pour ne pas le croire ? Si vous ne voulez croire que ce que vous comprenez, vous ne croirez rien . Car, que comprenez-vous, même dans le monde physique et parmi les objets que vous avez sans cesse sous les yeux ? Vous ne vous comprenez pas vous-même; et vous voulez voir clair dans les profondeurs des jugements de Dieu ?

Pour un péché d'un moment ! Y a- t-il de la justice dans un châtiment si sévère ? Et qui peut en douter, puisque celui qui prononce cet arrêt est la justice même? — Il n'y a pas de proportion entre une faute passagère et un supplice éternel ? - Eh, y a-t -il de la proportion entre l'homme qui pèche et la majesté infinie du Dieu qu'il outrage? Est-ce par le temps qu'on a mis à commettre un crime qu'on doit mesurer la punition qui lui est due ? N'est- ce pas plutôt sur la grièveté du délit et la grandeur de la personne offensée ?

Vous qui en parlez si légèrement , savez- vous ce que c'est qu'un péché mortel ? C'est la révolte d'un néant armé contre le Tout-Puissant; c'est la guerre de l'homme contre Dieu ; de l'homme introduisant la sédition et le désordre dans l'univers que Dieu a créé pour sa gloire , et où il veut nécessairement que tout soit d'accord et à sa place. Le péché , c'est le plus effroyable bouleversement qui puisse survenir dans l'oeuvre de la création , puisque rien ne heurte plus violemment les plans de l'éternelle sagesse que la dépravation d'une créature intelligente qui devait glorifier son auteur , et qui se sert de sa liberté pour l'outrager.

Voyez ce criminel au fond de son cachot ; son coeur n'est pas changé . Seulement, sa fureur est enchaînée, ses désirs criminels sont refoulés dans son âme perverse . Là , ils s'agitent , ils bouillonnent , impatients de s'échapper, de se produire pour son prochain crime . - Direz- vous que cet homme a cessé d'être coupable , qu'il a droit à la bienveillance, à la liberté , parce que depuis longtemps ses mains portent des chaînes et que son coeur est en proie à la rage et au désespoir. Ce n'est donc pas le châtiment qui efface la souillure des forfaits et rétablit le coupable dans sa première innocence. Non, c'est le repentir, c'est l'amour. Mais le repentir , l'amour ne sauraient entrer dans le coeur du réprouvé. Il ne peut plus mériter , il n'a plus l'usage de sa liberté ; elle ne lui était donnée que pour le temps de l'épreuve ; il en a abusé ; la mort la surpris dans l'affection au péché ; il demeure à jamais fixé dans cette disposition criminelle . Il n'y a plus , dans sa volonté , que perversité , malice obstinée ; dans son coeur, que haine et fureur ; dans sa bouche, que blasphèmes et imprécations. Tandis que sa langue impie se dresse contre le ciel pour lancer l'insulte et l'outrage, faudra -t-il que Dieu le tire de ses noirs cachots pour l'introduire dans son royaume et l'admettre au concert des anges?

Le feu de l'enfer ne purifie pas, il noircit . Ce parricide n'a pas chassé de son coeur la rage qui arma son bras ; et , dans cet état , il irait s'asseoir dans le ciel à côté de sa victime ! Cette âme impudique est encore toute dégoûtante de ses impuretés; et, sans qu'aucune larme de repentir ait lavé ses souillures, voudrait- on que Jésus la prit par la main pour l'introduire parmi les chœurs des vierges , et qu'il plaçât ainsi une débauchée sous les yeux de sa divine mère ? Mais l'esprit se soulève , l'âme s'indigne à cette pensée .

Cependant , direz-vous encore , l'homme n'étant pas capable d'un mal infini, il semble qu'on ne saurait lui appliquer une punition d'une durée infinie . Car enfin , un Dieu juste doit borner, limiter le  châtiment comme est limité le crime qui le provoque. Je réponds : L'homme n'a pas l'infinité de nature et d'être qui n'appartient qu'à Dieu , mais il a l'infinité de tendance et de volonté , puisque rien de créé ne peut le fixer , le rassasier. Toutes les aspirations de son coeur, tous les mouvements de sa volonté le portent vers un bonheur parfait , un bien infini , qui ne se trouve qu'en Dieu seul. Son crime, quand il pèche, c'est de tromper ce noble élan de ses facultés, d'en fausser la direction , de la tourner vers les créatures auxquelles il demande un équivalent de Dieu même. Il cherche donc l'infini hors de la vérité . L'ordre éternel veut qu'il le trouve . Or, l'infini sans la vérité, c'est le désordre infini, c'est le malheur infini, c'est l'enfer.

Dieu a creusé l'enfer , non pas parce qu'il veut que les méchants soient éternellement malheureux , mais parce qu'il veut qu'il n'y ait point de méchants ; il veut, par la crainte de la damnation , les détourner si efficacement du mal, que , désormais , aucun homme ne puisse vivre dans l'habitude du péché , se complaire dans le péché mortel , sans agir comme un insensé , un furieux qui réalise l'invraisemblable et l'impossible . Mais l'homme est si faible , et Dieu est si bon ! Comment ne pas se persuader qu'il usera d'indulgence ?

Sans doute , la faiblesse de l'homme est extrême ; voilà pourquoi le Dieu bon lui a préparé de si puissants secours dans la prière et les sacrements (Baptême, Confirmation, la Confession des péchés, la pénitence pour le péché et le changement de vie). Il lui est facile, s'il le veut , de se tenir debout ou de se relever après sa chute . S'il tombe , s'il périt éternellement , c'est par sa faute .


Toutes les facultés de votre âme vous les faites servir au péché : dans l'enfer, Dieu les fera servir à votre supplice . L'imagination vous représentera avec une incroyable vivacité l'étendue de votre malheur. - Oh ! qu'il y a longtemps que tu souffres , et ton tourment ne fait que commencer ! ... Oh ! que de siècles et de millions de siècles s'écouleront pendant lesquels tu n'auras d'autre occupation que de te lamenter et de souffrir ! .... Elle vous montrera le ciel avec ses éternelles délices . Que tu serais heureux là - haut dans la société des Anges et des Saints, près de Jésus et de Marie ! - Écoute les chants d'allégresse des bienheureux .... Contemple ces âmes qui aiment et possèdent Dieu pour l'éternité . - Si tu l'avais voulu, tu serais avec eux dans ce torrent de délices ! Mais tout cela est à jamais perdu pour toi ! L'intelligence comprendra la grandeur et les perfections de Dieu ; la laideur du péché et la justice des châtiments de l'enfer. - Tu étais fait pour Dieu : pourquoi lui as-tu refusé ton cœur ? Dieu est si grand , si bon ! qui méritait comme lui ton amour et tes services ? Ingrat ! tu as trahi ton bienfaiteur ! parjure ! tu as violé tes serments (serment de Baptême et Confirmation – de suivre les 10 Commandements dans ta vie – de fuir le péché – d`adorer Dieu à l`Église – de Confesser tes péchés – de faire pénitence en Carême et pour tes péchés – de respecter Dieu, ect)  !

La volonté sera sans cesse combattue par mille pensées, mille désirs contraires . Toujours partagée et opposée à elle-même , elle voudra et ne voudra pas ; elle tendra vers Dieu , et s'en éloignera ; elle s'élancera et retombera, se déchirant, se consumant en stériles efforts , comme une mer furieuse qui se brise contre les rochers et s'irrite vainement contre elle -même. Et les sens de votre corps vous les plongez aujourd'hui dans la boue et la fange des passions : après la dernière sentence, votre corps réuni à votre âme sera plongé dans l'étang de soufre et de feu.


RÉCOMPENSES DES JUSTES EN PARADIS

Après une expédition lointaine et une glorieuse conquête , un grand roi , rentré victorieux dans ses États, indique une revue générale de ses troupes ; il les rassemble sous ses yeux : comme il connaît tous les soldats, parce qu'il les a vu combattre à ses côtés et qu'aucune de leurs belles actions ne lui a échappé , il parcourt les rangs, distribuant à chacun la louange et les récompenses qu'il a méritées. De même, après avoir terminé sa guerre contre l'enfer, après avoir reconquis et restauré son royaume que les démons (anges déchus) avaient usurpé et ravagé, Jésus -Christ rassemblera autour de lui cette noble armée de héros qui ont suivi son étendard et marché avec lui contre l'ennemi . Comme ils ont partagé ses travaux, il partagera avec eux les fruits de la victoire.

Après la grande lutte du Calvaire, quelle fut la première marque que Jésus- Christ donna au monde de sa victoire ? Ce fut de sortir glorieux du tombeau et de répandre sur son corps meurtri et sanglant une nouvelle vie, un éclat immortel. Il en agit de même à l'égard de son corps mystique : c'est par une résurrection glorieuse, qu'au jour solennel des réparations , commence le triomphe des justes dans leur corps. Ceux-ci n'avaient mis au service du Sauveur qu'un corps faible , corruptible , sujet à toutes sortes d'infirmités et de misères ; ce corps leur est rendu, mais dans la plénitude de la vie , transformé d'une manière admirable , affranchi de tous les besoins, transparent, lumineux : ce n'est plus une masse pesante, c'est un char rapide qui portera l'âme d'un lieu à un autre avec la vitesse de l'éclair qui sillonne la nue . Avec quelle joie , quels transports l'âme embrassera cet ancien compagnon de ses luttes et de ses combats ! comme elle s'applaudira d'avoir su résister autrefois à ses désirs déréglés, à ses penchants vicieux . Le monde toujours aveugle et esclave des sens, accusait alors cette personne d'être ennemie de son corps, parce qu'elle le tenait dans l'assujettissement et la dépendance. Ah ! la voilà justifiée ; elle voulait son bien ; elle travaillait à son bonheur malgré lui. Un instant d'ignobles jouissances eût précipité l'âme et le corps au fond des enfer : quelques jours de privations et de pénitence ont épuré ce corps, en ont fait un être tout spiritualisé et digne d'être associé à l'éternelle félicité de l'âme .

Dans ce corps ainsi transformé, quels vestiges restent-ils des souffrances qu'il a endurées sur la terre ? Pierre, où sont les tourments que vous avez soufferts sur la croix ? Étienne, où sont les pierres qui vous ont lapidé ? Laurent , où sont les charbons ardents qui vous ont consumé ? Illustres martyrs, où sont les bûchers, les chevalets, les ongles de fer qui ont été les instruments de vos supplices ? Saints pénitents, austères anachorètes, où sont vos jeûnes, vos veilles, que vous avez exercés sur vos corps ? Il n'en reste pas de traces. Heureuse pénitence !

Les maux ! nous n'avons fait que les voir ; ils ont passé si vite ! Et la récompense ne passera pas ! Cette récompense ne sera donnée qu'au mérite et selon les mérites ; elle ne sera donnée qu'à la vertu ; non à ces vertus de parade et d'ostentation qui mendiaient la louange et l'approbation des hommes, mais à ces vertus surnaturelles qui ont eu la grâce divine pour principe et Dieu seul pour fin.

Alors un acte d'humilité, de patience , de charité, un verre d'eau donné à un pauvre au nom de Jésus-Christ, sera plus estimé que toutes les actions éclatantes de ceux que le monde appelait ses héros. Là seulement la louange aura du prix, parce qu'elle sortira de la bouche d'un Dieu , seul juste appréciateur des choses. Là , l'honneur ne sera plus un mensonge, parce qu'il ne sera dispensé qu'à ceux qui en sont véritablement dignes. Sans doute, il y aura différents degrés d'honneur et de gloire , puisqu'il y a différents degrés de mérites . Mais comme dit Saint Augustin , un des grands biens de la cité céleste ; c'est que l'inférieur ne porte aucune envie au supérieur. Chacun sera aussi peu jaloux d'être ce qu'il n'est pas , que la main n'est jalouse d'être l'oeil , quoique la main et l'oeil concourent à l'harmonieuse composition du même corps. Ainsi au don plus ou moins grand attribué à chacun, se joindra le don de ne rien désirer au delà de son partage. Le libre arbitre subsistera dans les bienheureux : mais l'attrait malheureux du péché sera changé en un attrait irrésistible de ne plus pécher : Dieu, qui seul est impeccable par nature , donnera cette perfection à leur liberté.

Au jour de sa Création, l'homme reçut le pouvoir de ne pas pécher : au jour de la rémunération , il recevra le don de ne pouvoir pécher : l’un comme épreuve, l'autre comme récompense. La volonté de la justice sera inadmissible dans les saints au même degré que le désir de la félicité . Quant à cette félicité elle-même, que pouvons-nous en dire ? Dieu lui- même nous en donne la plus magnifique idée dans un seul mot : Je serai moi- même, dit-il , ta récompense la plus grande et la meilleure de toutes. Dieu sera pour les bienheureux tout ce qu'ils peuvent désirer : vie , santé , nourriture , abondance et gloire , honneur et paix, tous les biens en un mot ; suivant cette parole de l'Apôtre : Il sera tout en tous ,  il sera la fin de leurs désirs, lui qu'ils verront sans fin, qu'ils aimeront sans dégoût, qu'ils glorifieront sans lassitude. Saint Augustin, arrivé à la dernière page de son grand ouvrage de la Cité de Dieu , nous montre en ces termes le résultat final de notre rédemption : « Là, nous serons en paix , et nous verrons ; nous verrons et nous aimerons ; nous aimerons et nous louerons.» Voilà ce qui sera à la fin sans fin . Et quelle autre fin pour nous que d'arriver au royaume qui n'a point de fin ?


RÉCOMPENSES SPÉCIALES OU AURÉOLES RÉSERVÉES AUX MARTYRS , AUX VIERGES , AUX DOCTEURS.

Dans une armée victorieuse, chaque soldat partage la gloire et la récompense, parce qu'il n'en est point qu n'ait fait son devoir et combattu en homme de coeur . Mais le roi qui , d'un lieu élevé, dominait le champ de bataille, dirigeait et suivait de l'oeil le mouvement de ses troupes, a remarqué quelques braves qui se sont signalés par des actions d'éclat, par des faits héroïques. La récompense générale , déjà si grande , si magnifique, est -ce tout ce qui est réservé à ces derniers ?

Non ; le prince les fait sortir des rangs , il les appelle près de sa personne : il vante publiquement leur magnanimité , leur courage , et de ses propres mains il attache à leur poitrine un signe, une décoration qui les désigne à la reconnaissance et à l'estime de tous ses sujets , Ainsi fera le Sauveur au grand jour des justices . Le royaume des cieux , la possession de Dieu dans la gloire, la vision béatifique à différents degrés, voilà la récompense générale , la félicité substantielle qui sera accordée à tous les élus. Mais il en est parmi eux qui, pendant les jours de l'épreuve et du combat , ont défié les chefs les plus redoutables du camp ennemi et ont remporté sur eux une éclatante victoire : ce sont les Martyrs, les Vierges, et les Docteurs . A ces glorieux vainqueurs, le juste Juge réserve une distinction spéciale, une auréole , c'est-à- dire une augmentation de joie pour l'âme et de splendeur pour le corps. Il y a deux raisons de cette récompense particulière accordée à ces trois sortes de héros : la première, c'est qu'ils représentent au naturel trois grands caractères de l'Homme-Dieu, qui fut Vierge, Docteur et Martyr, La seconde, c'est que la victoire qu'ils ont remportée et la manière dont ils l'ont remportée , suppose en effet une vertu qui leur donne un rang à part.

Plus que les autres Saints, les Martyrs ont triomphé des terreurs du monde et vaincu la douleur. Plus que les autres Saints, les Vierges ont triomphé des séductions du monde et vaincu l'attrait du plaisir . Plus que les autres Saints, les Docteurs ont triomphé de l'ignorance et des erreurs du monde et vaincu l'esprit de mensonge.


1 ° Les Martyrs. Deux choses donnent de l'éclat à une victoire : la difficulté du combat , et la sainteté de la cause que l'on défend . Ces deux choses se trouvent excellemment dans la victoire des Martyrs. De toutes les frayeurs qui peuvent nous venir du dehors , il n'en est point de plus capables d'ébranler notre courage que l'appareil des supplices et les terreurs de la mort .

Ce n'est pas le supplice , il est vrai, c'est la cause qui fait le martyr. Mais quelle est la cause que soutient le martyr dans l'Église catholique ? N'est- ce pas celle de Jésus -Christ même ? A l'exemple du divin Maître , il donne sa vie pour la gloire de Dieu et le triomphe de la vérité. Il remporte donc, en mourant, la plus noble , la plus excellente des victoires . Il a droit à une distinction spéciale, comme le premier héros de l'armée de Jésus -Christ. Aussi est -ce à lui qu'est destinée la première des auréoles.


2 ° Les Vierges. — De tous nos ennemis intérieurs, le plus dangereux pour la vertu, celui qui nous livre les plus violents assauts, c'est , sans contredit, l'attrait des plaisirs charnels, la volupté, cette passion furieuse, brutale, qui moissonne les générations et peuple pour les enfers. Dieu , il est vrai , a mis en nous le sens moral, sentinelle vigilante destinée à surveiller, à maîtriser ce penchant, et on exige que toute personne qui se respecte et qui prétend à l'estime de ses semblables , sache le contenir dans de justes bornes . Mais s'affranchir complètement de toutes ses exigences , et dans un corps où la chair conspire sans cesse contre l'esprit , vivre comme les anges, d'une vie toute spirituelle , c'est l'effort d'une volonté énergique et d'un courage peu commun, car la lutte contre cette passion est un rude combat; c'est un combat à outrance, un combat sans relâche. L'antiquité païenne n'en eut pas le courage, elle aima mieux pactiser avec les sens, c'est - à -dire inventer des dieux vicieux, pour autoriser sa licence et ses vices .

Le voeu solennel de virginité, tel que le font les religieux, ou au moins la promesse, l'engagement formel de conserver, au milieu des dangers du monde, cette belle vertu, afin de se rendre plus agréable à Dieu et plus semblable à Jésus- Christ et à sa sainte mère, voilà ce qui constitue les Vierges, cette portion la plus belle et la plus noble du troupeau du souverain pasteur des âmes. C'est la virginité inspirée par la foi qui est l'oblation la plus pure et la plus digne que l'homme puisse offrir à Dieu ; c'est une fleur embaumée, dont le suave parfum ravit le ciel et la terre ; c'est une vertu céleste qui rapproche l'homme de la divinité. Voilà pourquoi l’universalité des peuples l'a toujours regardée comme le vêtement le plus digne du prêtre, comme le plus bel ornement du sacerdoce .

La chasteté des anges est plus heureuse, dit Saint Bernard, celle des hommes est plus courageuse. Aussi, à ces âmes nobles et pures , Jésus -Christ a préparé une auréole et une place distincte dans son royaume. Elles chanteront un cantique nouveau et mystérieux que nulle autre ne pourra chanter; elles accompagneront l'Agneau partout où il ira . ( Apocalypse 14 )


3° Les Docteurs. - Ceux qui enseignent aux peuples la science du salut, recevront donc aussi une récompense spéciale ; ils auront pendant toute l'éternité une gloire propre, une auréole . Car, pour acquérir et pour dispenser la science , eux aussi ont eu à subir de pénibles épreuves, à livrer de difficiles combats. Il a été dit au premier homme, après son crime. Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front. Cela ne s'entend pas seulement du pain matériel qui nourrit le corps, mais encore du pain de la vérité qui est l'aliment de l'âme .

Nous naissons au sein de l'ignorance et des ténèbres ; l'erreur et le mensonge ont envahi la terre . C'est au milieu de ces ombres et de ce chaos qu'il nous faut chercher la vérité ; chaque pas que nous ferons pour nous approcher d'elles nous coûtera de rudes labeurs . Une science approfondie de la doctrine du salut, telle que l'Église l'exige dans ceux qui font l'office de docteurs, de prédicateurs, ne peut être que le fruit d'une longue application et de pénibles veilles . Et puis, n'est- ce pas uniquement l'homme de prière , l'homme humble et mortifié qui peut s'élever à de hautes contemplations , et recevoir cette lumière céleste, si nécessaire pour comprendre les choses de Dieu ? Il en coûte au docteur pour acquérir la science ; il lui en coûte pour la communiquer. Quiconque se pose dans le monde en apôtre de la vérité et de la vertu , doit s'attendre à la contradiction, parce qu'il heurte de front tous les préjugés et toutes les passions des hommes.

Aussi la vie des hommes apostoliques qui ne cherchent pas leur propre gloire, mais la gloire de celui qui les envoie, est, à la lettre, dans une lutte continuelle ; le démon (l`ange déchu) ne manque jamais de leur susciter mille obstacles. Mais l'enfer a beau se soulever, le monde a beau menacer, tonner, ils marchent en avant, ils s'élancent à travers les périls pour conquérir des âmes. Fallut- il aller chercher ces âmes jusqu'aux extrémités du globe, rien n'arrêtera ces intrépides apôtres, ni la distance des lieux , ni les tempêtes de l'Océan , ni la vue des supplices et de la mort . De tels hommes arrivés à la fin de leur carrière ne sont-ils pas en droit de dire avec Saint Paul : «J'ai combattu le bon combat ?»  . Oui, certes, le juste Juge leur réserve une couronne éclatante, une auréole de gloire, une récompense magnifique.


LE BONHEUR DU CIEL .

Notre salut éternel étant pour nous le terme, le complément du grand ouvrage de la Rédemption , ce sera la contre -partie de la réprobation . Nous l'avons vu , l'enfer , c'est l'homme faussé dans son existence , jeté hors de sa sphère , privé de l'aliment vital , et se débattant éternellement dans un vide affreux et un malaise inénarrable ; enfin c'est l'homme brisé dans toutes les parties de son être .

Le ciel , au contraire , c'est l'homme placé dans son centre , l'homme complété, perfectionné, agrandi par le développement prodigieux et le rassasiement total de toutes ses facultés; c'est l'homme admis à partager la science , la puissance , la félicité , la vie de Dieu même, autant que le comporte la nature d'un être fini. Ce que l'oeil de l'homme n'a jamais vu, dit Saint Paul, ce que l'esprit de l'homme n'a jamais compris, - ce que le coeur de l'homme n'a jamais goûté, voilà ce que Dieu prodiguera éternellement à ses élus dans la gloire.

1 ° Que verrons- nous ? - Après la résurrection , le corps , dans le ciel aura ses spectacles , comme l'âme aura ses contemplations.  Nés pour la grandeur, nous aimons naturellement ce qui nous en présente quelque image. De là ce goût pour les pompes et les vanités du siècle; de là cette admiration qui nous saisit à la vue d'un objet où brille un air de magnificence et de splendeur. Mais que sont toutes les pompes et les grandeurs de la terre, sinon des apparences trompeuses et de brillants mensonges? Ce n'est pas dans l'exil que se trouvent la magnificence et la gloire ; Dieu les réserve pour la patrie .

Seulement , la terre emprunte ces beaux noms pour couvrir son indigence et sa misère. Je ne veux pas nier cependant que le monde n'offre quelquefois à l'admiration d'imposants spectacles. Saint Augustin se représentait l'ancienne Rome, la gloire de son empire , la majesté de son sénat, la splendeur de ses triomphes , la magnificence de ses édifices, la noblesse et la dignité de ses citoyens , dont le dernier s'estimait plus qu'un roi ; et , après avoir considéré ce brillant tableau , le saint s'écriait : «Romains , Dieu vous a donné l'empire du monde , il vous a faits les plus grands des mortels , parce qu'il a voulu récompenser en vous des vertus morales et tout humaines : que ne fera- t- il donc pas pour les saints qui ont pratique des vertus surnaturelles, des vertus préconisées sur le Calvaire et divinisées par l'Homme- Dieu .»


Mais , sans aller chercher dans la vieille Rome une grandeur éclipsée et une magnificence qui n'est plus, nous avons tous les jours sous les yeux des merveilles plus admirables encore . Cette voûte du firmament , où la main du Tout-Puissant a suspendu des milliers de globes lumineux ; ces astres qui roulent majestueuse ment sur nos têtes ; ce soleil qui raconte la gloire de son auteur , cet océan qui retrace son immensité , tout ce grand spectacle de la nature enchante l'oeil qui le contemple. Est- ce là une image du ciel ou de sa gloire ? Non . Le Seigneur ne laisse tomber ici-bas que quelques traits grossiers et imparfaits de sa grandeur. Le ciel , le Paradis, voilà le véritable théâtre de sa magnificence.

La terre n'est qu'une tente dressée le matin et qu'on enlève le soir ; c'est un exil , une prison . Mais le Paradis est une cité permanente , un palais impérissable , un royaume éternel où Dieu se montre tel qu'il est, tout-puissant, généreux, magnifique.  Quand Saint Jean nous représente le séjour des bienheureux comme une ville immense , environnée au dehors de murailles plus brillantes , plus transparentes que le cristal, éclairée au dedans par le Soleil de Justice, dont les rayons répandent dans sa vaste enceinte les flots d'une lumière bienfaisante qui charme sans éblouir, nous savons bien qu'il n'emploie ce langage figuré que pour s'accommoder à la faiblesse de nos conceptions.

Et pourtant, il est vrai qu'il y a quelque part, dans ce vaste univers , un lieu désigné par le Très-Haut, où les saints, après la résurrection, habiteront avec leurs corps. Ce lieu , appelez-le comme il vous plaira , un palais , une cité, un royaume, peu importe. Seulement, ce n'est pas, comme l'Élysée païen , le royaume des ombres , peuplé de tristes fantômes; c'est le royaume de la vérité, c'est la terre des vivants, c'est la cité du grand Roi . Pénétrez dans son enceinte . Quel spectacle auguste et ravissant ! Au centre de la cité habite le Dieu trois fois saint , dans une solitude majestueuse , au milieu d'un océan de gloire et de félicité . A l'entour s'élèvent, en amphithéâtre, des trônes brillants où sont assis, couverts de robes blanches, les rangs pressés des bienheureux. Là resplendissent, comme les astres du firmament, ces vénérables patriarches , qui furent comme l'aurore de la religion , et qui figuraient dans leurs personnes Jésus Christ et son Église . Là, les prophètes , les apôtres , les martyrs, les vierges, tous les justes forment comme une rose mystique aux feuilles innombrables ; la louange , l'action de grâces sont les parfums qui s'en exhalent et qui montent sans cesse vers le trône de la divine Majesté. Mais, deux grands objets surtout charmeront éternellement les regards des bienheureux : une fille d'Adam, vierge sans tache et mère du Rédempteur, réjouira par la douce majesté de ses regards les anges et les saints .

Pour les anges , c'est une reine auguste qu'ils environnent de leurs hommages et de leur respect; pour nous, ce sera de plus une tendre mère dont nous nous rappellerons sans cesse les touchants bienfaits.

Dans une sphère bien plus élevée encore, à la droite du Père , nous verrons l'humanité sainte du Sauveur. Ah ! ce n'est plus ce Jésus pauvre, souffrant, humilié, tel que l'a vu la Jérusalem terrestre. C'est un roi triomphant et immortel. La croix est à ses côtés; mais ce n'est plus, comme sur le Calvaire, un instrument d'ignominie; c'est le glorieux étendard autour duquel se rallie toute la milice céleste . Au lieu d'une couronne d'épines, son front est ceint du diadème; au lieu d’un fragile roseau , sa main porte le sceptre de la toute - puissance. Il conserve encore les cicatrices de ses plaies ; mais ce sont les trophées de la victoire . De ses mains , de ses pieds percés sortent des rayons lumineux qui éclairent la cité sainte ; de son côté ouvert s'échappe un fleuve de paix et de délices qui inonde les élus et les enivre d'une ineffable volupté. Quelle joie , quels transports d'être témoins de ces ravissants spectacles , et de faire nous-mêmes partie de cet immortel royaume, qui compte autant de têtes couronnées qu'il a d'habitants .

Est-ce dans l'enceinte des murs de la céleste Jérusalem que se bornera le plaisir des yeux ? Non . — Le monde, défiguré par le péché, fut livré aux disputes des hommes. Le monde , renouvelé , transformé, sera livré à la contemplation des saints . Aujourd'hui , avec notre corps grossier , cette lourde et fatigante machine , il nous suffit d'un appartement , d'un jardin. Mais aux bienheureux revêtus de corps spirituels , il faut un champ immense . Laissez-les parcourir librement, sans sortir du sein de Dieu , ces mondes sans fin que le Créateur a semés dans l'espace .


2 ° Que comprendrons - nous dans le ciel ? D'abord , pour achever ce qui a rapport au monde sensible , nous connaîtrons , toutes les merveilles de la création . Ici-bas, nous avons la raison, l'intelligence , don magnifique qui, seul , met un abîme entre nous et tous les êtres qui n'ont pas reçu ce privilège . Mais que cette raison est bornée ! qu'elle est faible et incertaine ! Même dans le monde physique, où nous semblons dominer, que comprenons-nous ? Nous voyons les effets, les causes nous échappent. Nous parlons d'attraction , d'affinités , de qualités occultes , grands mots sous lesquels nous cachons notre ignorance . Le fait est que nous ne connais sons le tout de rien . Nous sommes à nous-mêmes une énigme inexplicable . Qu'est- ce que l'âme ? qu'est-ce que le corps ? quel est le lien qui les unit ? La vie, la pensée, la parole ; le temps, le lieu, l'espace, qui les expliquera? Notre raison vient échouer devant un grain de sable . Mais une fois admis à la claire vision , à la contemplation de la divine essence , tous les voiles tombent , il n'y a plus de mystères, nous puisons la science à sa source, puisque le dernier mot de la science c'est Dieu .

C'est en lui et par lui que tout subsiste, que tous les êtres ont la raison et le mode de leur existence . La puissance, c'est lui ; la fécondité, c'est lui ; l'activité, c'est lui encore . Il est, et c'est parce qu'il est l’Être nécessaire , subsistant par lui-même , que les êtres contingents sont possibles. — Il parle , et c'est parce qu'il parle que les créatures existent . Sa parole toute-puissante commande au néant et en fait jaillir des mondes. Il veut , et c'est parce qu'il veut que les créatures agis sent. C'est sa main qui a lancé les astres , qui leur a tracé leur marche dans les cieux et qui a donné le branle à toute cette grande machine de l'univers. L'espace et l'immensité, le temps et l'éternité lui appartiennent. Dans l'espace , il a marqué la place des mondes ; de son éternité , il a détaché le temps , pour fixer aux mondes leurs époques , leur durée . L'ordre , c'est sa sagesse qui . assemble, qui dispose, qui règle tout avec poids et mesure. – La variété , c'est sa puissance qui se joue dans les formes de cet univers, à l`astre du jour (le soleil) il donne ses feux radieux ; à l'astre des nuits, sa clarté silencieuse. - La fertilité , c'est son influence qui pénètre la terre , qui la féconde et ouvre les routes mystérieuses de la végétation . Il commande à la sève, et la sève obéit; elle monte dans les veines de la plante , et , diversement filtrée, elle donne au printemps ses fleurs, à l'été ses moissons, à l'automne ses fruits. Il est ce qui est bon , ce qui est beau , ce qui est juste ; et , en le voyant , nous verrons tout le bien , comme il le dit lui-même à Moïse : Ostendam tibi omne bonum. Diéu connu , Dieu contemplé face à face , nous connaîtrons , nous comprendrons ces secrets de la sagesse divine , ces mystères de l'ordre moral qui, aujourd'hui, déconcertent notre raison et fatiguent notre intelligence. Nous verrons la raison profonde de la permission du bien et du mal , du mélange des bons et des méchants, dont Dieu aura su tirer sa gloire et le triomphe de ses élus. Le plan magnifique de la Providence dans le gouvernement de cet univers, ce vaste plan dont l'ordre et l'ensemble échappent maintenant à notre intelligence, se développera dans son immense étendue; dans tous ces mystères cachés qui révoltent l'impie, qui provoquent ses blasphèmes, nous admirerons les secrets d'une bonté, d'une sagesse infinie .

Dans le sein de la Divinité, comme dans un miroir fidèle , se retraceront à nos yeux tous les événements qui ont varié la scène de ce monde , les ressorts secrets qui ont préparé l'élévation et la chute des empires; l'action de Dieu dans l'établissement , la conservation , les progrès de la Religion . Dans une seule et immuable perspective, nous découvrirons ce qui fut, ce qui est , ce qui sera , c'est - à - dire l'histoire du temps et l'histoire de l'éternité . Nous distinguerons la place que chacun de nous a occupée dans l'ordre des Conseils divins, la sollicitude paternelle avec laquelle Dieu a préparé , ménagé et con duit à un heureux terme la grande affaire de notre salut . Nous le louerons des grâces qu'il nous a faites , et nous en admirerons la sage distribution ; des épreuves , des souffrances auxquelles il nous a soumis pendant la vie, et nous l'en remercierons comme d'autant de faveurs signalées . Tout , et jusqu'à ces péchés qui nous ont fait répandre autrefois tant de larmes , tout en nous sera un sujet de le louer , de le bénir. Dieu connu, Dieu contemplé face à face, que connaîtrons-nous, que comprendrons-nous encore ? Nous connaîtrons, nous comprendrons tous ces mystères augustes de la religion , que nous croyons maintenant , dont nous avons la certitude , mais non l'intelligence et la compréhension . La foi n'est pas la claire vision ; ce n'est pas le soleil dans son midi ; c'est un flambeau qui luit dans les ténèbres . Elle rassure notre raison tremblante , elle en bannit le doute, elle l'affermit en lui donnant pour base la parole de Dieu ; elle lui dit : La vérité est là , sois tranquille. L'écolier ne comprend pas d'abord la leçon de son maître ; mais il sait que le maître ne le trompe pas ; il écoute , il croit , il réfléchit, et la science est le prix de sa docilité et de son application . Il en sera de même pour toi . Tu ne comprends pas encore ; tu comprendras plus tard . En effet, lorsque le grand jour de l'éternité se lèvera sur notre intelligence , nous verrons la lumière dans la lumière, et in lumine tuo videbimus lumen . Nous aurons la solution de toutes les énigmes , l'explication de tous les mystères. Et ce Dieu incarné , ce Dieu dans la crèche, ce Dieu sur la croix , ce Dieu sur l'autel , tous ces adorables scandales de la foi chrétienne ne seront plus que des spectacles ravissants. Une fois entrés dans les puissances du Seigneur , arrivés à ces sublimes hauteurs où Dieu se montre à ses élus dans les splendeurs de sa majesté, là luira le grand jour immortel et la foi   déchirant son bandeau, cèdera l'empire à la claire vision : nous verrons Dieu tel qu'il est, videbitis eum sicuti est. Tel qu'il est ! face à face ! quel spectacle ! quels flots de lumière inonderont notre âme!

C'est la vérité tout entière qui apparaîtra tout à coup à notre intelligence agrandie et élevée jusqu'à la compréhension de l'infini!


3° Que goûterons- nous dans le ciel ? Connaître, comprendre, c'est la satisfaction de l'intelligence , et cette satisfaction est noble et délicieuse ; mais elle ne suffit pas : l'âme veut posséder l'objet qui l'a charmée , elle veut se l'approprier, en jouir, et c'est en cela qu'elle fait consister son bonheur.

Le bonheur, c'est l'aspiration incessante de tout homme venant en ce monde ; il le recherche avec anxiété, il le poursuit avec une ardeur infatigable . Ce désir est - il une illusion ? Non : nous sommes faits pour être heureux. Mais le moment de la jouissance n'est pas venu encore . Ici-bas, et nous le sentons à toute heure, les puissances de notre âme ne sont pas rassasiées, sa capacité n'est pas remplie . De là ce vide, ce malaise et cet inexorable en nui qui est le fond de la vie humaine . Tristes voyageurs, nous errons péniblement dans cette vallée de larmes, interrogeant l'une après l'autre toutes les créatures, et leur demandant la suprême félicité à laquelle nous nous sentons appelés. Mais toutes les créatures nous répondent : Je ne suis pas ta fin dernière ; je ne puis te rendre heureux. - Qu'est-ce donc que le bonheur ? Où se trouve-t- il ? Cette question est aussi ancienne que le monde. Elle a enfanté des milliers de systèmes plus absurdes les uns que les autres . Mal résolue, elle jette l'homme dans le vice et le crime , elle bouleverse les empires et fait de la terre un théâtre de confusion et de désordre . Le bonheur, c'est le rassasiement complet de tous les désirs. Or, l'homme a des désirs insatiables ; son cœur est plus grand que le monde ; il est tourmenté du besoin de l'infini. Mais si le monde entier ne suffit pas à un seul homme, comment pourra -t-il suffire à tous les hommes ? Le bonheur auquel nous aspirons tous, pour lequel nous sommes faits, ne se trouve donc pas sur cette terre où tout est fini, borné, caduc et périssable. Nous voulons être heureux non dix ans, non vingt ans, mais toujours; nous voulons un bien qui nous satisfasse pleinement , et que rien ne puisse nous ravir. Ce bonheur, le seul vrai , il n'y a que la religion chrétienne qui le connaisse et qui le promette à ses enfants, non en cette vie , mais dans l'autre . D'après son enseignement, le bonheur complet est un état stable et permanent dans la jouissance du souverain bien, c`est Dieu se donnant éternellement à ses élus dans la gloire ; les admettant à la participation de tous les biens dont il possède la plénitude. Amen!

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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