Sondage exclusif sur l'Au-delà : les Français croient-ils en une vie après la mort ?
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Sondage exclusif sur l'Au-delà : les Français croient-ils en une vie après la mort ?
Sondage exclusif sur l'Au-delà : les Français croient-ils
en une vie après la mort ?
Malgré l’effondrement de la matrice catholique, le sondage Ifop pour Famille Chrétienne sur les Français et l'Au-delà montre une forte augmentation du nombre des Français qui s’interrogent sur une possible vie après la mort. Explications.
« L’idée de retrouver ses proches arrive largement en tête (26%), insiste Jérôme Fourquet.
Il s’agit d’une espérance forte de renouer avec ses ascendants. » - AdobeStock
en une vie après la mort ?
Malgré l’effondrement de la matrice catholique, le sondage Ifop pour Famille Chrétienne sur les Français et l'Au-delà montre une forte augmentation du nombre des Français qui s’interrogent sur une possible vie après la mort. Explications.
« L’idée de retrouver ses proches arrive largement en tête (26%), insiste Jérôme Fourquet.
Il s’agit d’une espérance forte de renouer avec ses ascendants. » - AdobeStock
Un fort besoin de rites
Les Français s’appuient sur des rites pour rejoindre leurs proches décédés
Les rites ont la peau dure en France, malgré le climat de sécularisation. Jérôme Fourquet, essayiste et sondeur à l’Ifop, souligne que «38% de ceux qui ne croient pas à la vie après la mort se recueillent quand même sur la tombe de leurs proches décédés». Par ailleurs, «16% estiment même que leurs proches décédés veillent sur eux et 17% disent sentir toujours leur présence. Tout cela n’est pas très cartésien. » Si l’Église prie pour les défunts le 2 novembre depuis le XIe siècle – date à laquelle les moines de l’abbaye de Cluny ont institué cette mémoire –, la majorité des Français restent donc sensibles à cette interrogation pas comme les autres. « La principale attente des Français, à hauteur de 42%, c’est de retrouver leurs proches », explique Jérôme Fourquet. Cet espoir est aussi partagé par certains athées. « Cela paraît paradoxal mais n’est pas étonnant, car la vie après la mort est une question qui nous taraude depuis la nuit des temps. Ce sujet est passionnant, car il est très humain. Pour autant, tous les sondés ne vont pas revenir dans le giron catholique ! », prévient l’auteur des Métamorphoses françaises.
Dans ce dernier essai, Jérôme Fourquet décrit un nouveau paysage spirituel en écho aux résultats du sondage Ifop pour Famille Chrétienne. « Si 50% des Français ne sont pas préoccupés par les questions existentielles, le sens de leur vie ou la vie après la mort, un Français sur deux se déclare sensible à ces problématiques, analyse-t-il. Pour répondre à ces questions, de nouvelles offres spirituelles se sont développées comme le chamanisme, le yoga ou encore la sorcellerie, rendues glamours par la pop culture. »
Le sondage sur les Français et la vie après la mort confirme, selon l’essayiste, l’automatisation des individus par rapport aux grands systèmes de valeurs. Il évoque une époque lointaine, plus manichéenne, où le pays était coupé en deux : d’un côté les catholiques, de l’autre les matérialistes. «L’influence dont jouissait le PCF [le Parti communiste français, Ndlr], à l’instar de l’Église catholique, touchait des pans entiers de la population française. Il avait érigé une véritable contre-société ralliant, jusqu’à la fin des années 1970, entre 20% et 25% des voix. Le PCF était une force centrale qui, comme l’Église, disposait de sa presse, de ses martyrs et de sa liturgie.»
Ce besoin de rites face à la mort risque-t-il de s’estomper demain ? « Face à la souffrance de la perte d’un proche, comment faire quand il n’y a plus une épaule solide sur laquelle s’appuyer ? Comment faire sans un système de valeurs solide ?, s’interroge Jérôme Fourquet. Même les athées évoquent la présence des proches décédés, car cela les aide à combler le vide et à faire leur deuil. »
Une réelle curiosité pour l’Au-delà
La part des agnostiques augmente, ainsi que les interrogations sur la vie après la mort
La plupart des Français sont toujours en attente à propos de l’Au-delà. C’est une réalité difficile à mesurer mais tangible, à en croire les résultats de notre sondage. Si l’on additionne la curiosité de ceux qui ne se prononcent pas sur la vie après la mort (29%) et la croyance en une forme de Vie éternelle (32%), on peut en tirer la conclusion que la majorité de nos compatriotes s’intéressent à cet autre monde, dont ils ont, certes, du mal à voir les contours. « Dans les années 1970, explique Jérôme Fourquet, la croyance en une vie après la mort était minoritaire et ne concernait qu’un gros tiers des Français. En l’espace de cinquante ans, on constate une petite érosion de l’ordre de cinq points des croyants. Mais le plus important à souligner est que ce déclin ne profite pas d’abord aux incroyants, mais aux agnostiques. Un Français sur deux ne croyait en rien dans les années 1970, les agnostiques ne représentaient que 16%. Aujourd’hui, ce chiffre a pratiquement doublé, puisque 29% des sondés disent “ne pas savoir” ce qu’il en sera dans l’Au-delà. » Pour Jérôme Fourquet, l’enseignement du sondage est justement la confirmation de la montée des interrogations sur l’Au-delà.
« Bien entendu, on peut imaginer qu’une partie des Français qui croyaient dans les années 1970 doutent désormais, continue-t-il. Mais inversement, une partie de ceux qui ne croyaient en rien ont des enfants qui doutent aujourd’hui de l’athéisme de leurs parents. » Aux yeux du sondeur, ces réponses sont conformes à l’ère du relativisme, où les « certitudes » sont derrière nous : « Il y a de nouveaux systèmes de croyances qui émergent, moins structurés que les religions du Livre. Il s’agit d’un bricolage individuel où chacun se fabrique ses croyances, du néo-chamanisme à la réincarnation. »
Par ailleurs, Jérôme Fourquet estime que cette montée des agnostiques est contemporaine du déclin d’un certain discours scientifique qui perd en autorité : «On a vu, au moment de la crise du Covid-19, comment les discours complotistes ont influencé l’opinion. Le scientisme d’antan a perdu beaucoup de terrain, et cela nourrit l’augmentation des agnostiques dans la société française. Ces derniers se disent: ‘‘Qu’est-ce qui nous garantit qu’il y aura quelque chose ou rien du tout dans l’Au-delà?”» Les résultats du sondage Ifop pour Famille Chrétienne montrent clairement trois types de réponses par rapport à l’Au-delà, qui correspondent chacune à environ 30% des personnes interrogées. «Il existe trois types de Français: ceux qui croient en une vie après la mort ; ceux qui ne croient pas et ceux qui ne savent pas. Dans les années 1970, la situation était beaucoup plus tranchée. C’était encore le ‘‘petit monde” de don Camillo et de Peppone.»
Comment interpréter cette évolution notable en l’espace d’un demi-siècle ? «Les grands systèmes de valeurs : le catholicisme et l’athéisme militant font moins recette, analyse Jérôme Fourquet. Cette situation profite à ceux qui doutent et qui se raccrochent à ce qu’ils peuvent face à la mort.» Autre point remarquable, l’influence grandissante, dans les jeunes générations, de la pop culture sur l’imaginaire. «Le spiritisme, la magie ou les forces occultes viennent prendre les places vacantes dans un univers intellectuel largement déconstruit. Les rebouteux se portent très bien en France !, note le sondeur. Les gens ne pratiquent pas forcément le spiritisme, mais ils estiment qu’il existe un domaine surnaturel qui ne s’explique pas avec la science. Bref, une partie de la population se dit ouverte à un autre monde, à un autre niveau de réalité après la mort. » Cette attente, plus ou moins exprimée, est un défi pour l’Église catholique qui porte la promesse de la Vie éternelle.
L’espérance d’une vie après la mort
La plupart des sondés espèrent qu’un au-delà existe, pour retrouver leurs proches décédés.
Même si les personnes sondées n’ont sans doute pas entendu parler du Mystère de la communion des saints, c’est bien souvent la matière de leur espérance après la mort : « L’idée de retrouver ses proches arrive largement en tête (26%), insiste Jérôme Fourquet. Il s’agit d’une espérance forte de renouer avec ses ascendants.» Évidemment, tous les Français ne sont pas en attente vis-à-vis de la Vie éternelle : « Ceux qui ne croient pas à la vie après la mort disent de manière cohérente, à 77%, qu’il ne se passera [rien] dans l’Au-delà. Mais on notera que 10% de ceux qui ne croient pas à la Vie éternelle espèrent quand même retrouver leurs proches après la mort ! Cela peut paraître curieux. Ceux qui croient à une vie après la mort, eux, espèrent logiquement retrouver leurs proches décédés (50%). »
Pour Jérôme Fourquet, l’attente se fait aussi en fonction des générations : « 44% des moins de 35 ans croient en une vie après la mort. Ils ne sont plus que 27% après 35 ans. Ceux qui pensent qu’il n’y a rien dans l’Au-delà sont plus nombreux dans les tranches les plus âgées. Les jeunes de moins de 35 ans sont, par exemple, plus sensibles à la réincarnation: 11% contre 4% pour les 65 ans et plus. Voir Dieu est une espérance qui concerne 17% des moins de 35 ans… » Cet appétit surnaturel des jeunes générations a plusieurs explications, selon le sondeur. « Il ne faut pas oublier la place de l’immigration et l’essor de l’islam en France. 60% des catholiques pratiquants croient en la vie après la mort. Il faut comparer ce résultat aux 70% de sondés des autres religions (la plupart sont de confession musulmane), qui croient en une forme de vie après la mort. » La France musulmane est donc un élément fort de l’archipel religieux français : « À côté des scientistes, des néochamanistes, il y a une France musulmane qui adopte un système de croyance classique. À 36% (contre 7% des sondés et environ 30% des catholiques), les sondés issus des autres religions répondent » voir Dieu « quand on leur demande de préciser ce qu’ils attendent après la mort. Cette espérance pèse plus encore chez les jeunes, compte tenu de l’histoire de l’immigration et de la dynamique démographique ». Tous ces jeunes ne sont pas musulmans, évidemment. « Les Français plus âgés ont été formatés dans la France d’avant. Ils sont nés dans les années 1960 et leur système de croyance était plutôt binaire : ‘‘Je crois”, ‘‘Je ne crois pas”. Les jeunes générations se construisent dans une société où ces référentiels sont moins présents. »
Les jeunes se révèlent plus perméables aux interrogations spirituelles dans un monde où les grands systèmes de valeurs ne sont plus prescripteurs. « Ce qui domine, c’est le relativisme, le do-it-yourself » , précise Jérôme Fourquet. Dans ce cadre, les Français qui attendent de voir Dieu après la mort sont minoritaires (7%) : « On passe à un autre niveau, car Dieu apparaît comme un super bonus ! », commente le sondeur. Il insiste sur l’espoir d’une « réincarnation » qui concerne 8% des personnes interrogées : « On n’a évidemment pas 8% de bouddhistes en France. Ils sont moins de 1% dans l’Hexagone, mais cette religion est synonyme de sagesse et d’expérience de vie. On voit un syncrétisme qui se diffuse dans la société, où la grande religion traditionnelle perd du terrain. Les gens ont toujours soif de surnaturel. L’un des avantages du bouddhisme en Occident, c’est que vous ne devez pas vous associer avec une institution qui peut présenter des défauts ou certains vices et aussi un certain degré d’exigence dans la pratique. Dans ce cas, c’est un peu le slogan de McDonald’s en France : “Venez comme vous êtes.” »
(1) Sondage Ifop pour Famille Chrétienne réalisé les 24 et 25 septembre 2024 auprès d’un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Sondage complet à retrouver sur famillechretienne.fr.
Samuel Pruvot et Diane Gautret
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
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