La mission de la presse qui se veut catholique
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La mission de la presse qui se veut catholique
La mission de la presse qui se veut catholique
De Jean Sévillia dans L'Homme nouveau :
"Comment la presse catholique peut-elle répondre aux défis du temps présent ? D’abord en continuant d’exister. À l’heure du recul de la lecture en général, et du recul de la « lecture papier » en particulier, il importe, pour l’avenir de l’intelligence chrétienne, que poursuivent leur mission d’intérêt public les moyens d’expression qui, au rebours de la tendance à la simplification outrancière et à la réactivité compulsive à l’actualité exacerbée par la culture du web, demandent du temps pour être écrits comme pour être lus. Si nous ne sommes pas capables de satisfaire cette exigence, le combat est perdu d’avance.
En deuxième lieu, la presse catholique a tout à gagner à être… catholique, ce qui s’entend de deux façons. Premièrement, elle n’a pas à singer l’autre presse, notamment en cherchant à la concurrencer dans des domaines où elle n’y parviendra jamais, ne fût-ce que parce que ses moyens financiers le lui interdiront. Secondement, alors qu’un tournant s’effectue en douceur mais de manière visible au sein de l’Église, les journaux qui veulent garder des lecteurs, et même en gagner, doivent prendre ce tournant en compte (je ne parle pas pour L’Homme Nouveau, qui l’a compris depuis longtemps), c’est-à-dire privilégier l’enracinement ou le recentrage chrétien par rapport à d’autres préoccupations secondaires. La génération montante du catholicisme n’a pas les mêmes priorités ni les mêmes attentes que ses aînées, et n’a pas de problème avec les positions du magistère : les titres qui l’oublieront et joueront les contestataires seront condamnés, parce qu’ils perdront leur public. Il est assez intéressant, à cet égard, d’observer comment Jean-Pierre Denis, le perspicace directeur de la rédaction de La Vie, qui a (pres - que) tout compris, s’emploie pédagogiquement à persuader ses abonnés, cathos à la mode des années 1960-1970, que les temps ont changé et qu’ils doivent s’y faire, sous peine de connaître le sort des dinosaures.
En troisième lieu, la presse catholique, pour répondre aux défis du temps présent, doit trouver le bon équilibre. En réaction à l’horizontalité systématiques des années postconciliaires, quand beaucoup réduisaient la Bonne Nouvelle à un message socio - politique, une certaine presse bien intentionnée, dans les années 1980-1990, a voulu ne parler que spiritualité et, pour ne fâcher personne et ne heurter aucune éminence, fuir les sujets qui divisent.
Il importe aujourd’hui, selon l’expression de Bossuet, de tenir les deux bouts de la chaîne. Il y a une dimension sociale du christianisme, et ne pas la considérer serait mutiler l’enseignement chrétien. Les catholiques ont de même un rôle à jouer en politique (ce qui ne veut pas dire sur le plan électoral ou dans le jeu des partis), et déserter ce terrain au prétexte qu’il n’est pas pur n’est pas servir l’Église. Relire Péguy : ils ont les mains pures, mais ils n’ont pas de mains… Cette dimension temporelle, cependant, ne restera fidèle à l’esprit de l’Évangile qu’à la condition de s’ancrer, sur le plan spirituel comme sur le plan théologique, dans la grande tradition catholique. Ces deux faces de la réalité, le lecteur les attend.
La presse catholique possède également un devoir à exercer en vérité concernant l’Église elle-même. Entre une vision irénique où la réalité ecclésiale est vue avec des lunettes roses et une vision apocalyptique où cette même réalité est considérée avec des lunettes noires, le principe de réalité commande de regarder les faits en face : ce qui va mal, ce qui va mieux. Tout montre que, dans le paysage désolé laissé par ce que les historiens de l’avenir analyseront comme une des grandes crises de l’Histoire de l’Église, paysage radicalement modifié par l’introduction massive d’une nouvelle religion sur le sol européen, le catholicisme, en France, est reparti de l’avant.
Ce mouvement ascendant est en décalage chronologique avec le mouvement descendant (baisse du nombre de chrétiens effectifs), si bien que nous ne le percevons pas toujours. C’est précisément le rôle de la presse catholique de le mettre en valeur. S’il serait aventureux de prévoir l’avenir, ce décryptage permet - tant d’esquisser quelques grands traits de l’Église de demain fait partie des impératifs des journalistes catholiques."
Source: Salon Beige
Michel Janva
De Jean Sévillia dans L'Homme nouveau :
"Comment la presse catholique peut-elle répondre aux défis du temps présent ? D’abord en continuant d’exister. À l’heure du recul de la lecture en général, et du recul de la « lecture papier » en particulier, il importe, pour l’avenir de l’intelligence chrétienne, que poursuivent leur mission d’intérêt public les moyens d’expression qui, au rebours de la tendance à la simplification outrancière et à la réactivité compulsive à l’actualité exacerbée par la culture du web, demandent du temps pour être écrits comme pour être lus. Si nous ne sommes pas capables de satisfaire cette exigence, le combat est perdu d’avance.
En deuxième lieu, la presse catholique a tout à gagner à être… catholique, ce qui s’entend de deux façons. Premièrement, elle n’a pas à singer l’autre presse, notamment en cherchant à la concurrencer dans des domaines où elle n’y parviendra jamais, ne fût-ce que parce que ses moyens financiers le lui interdiront. Secondement, alors qu’un tournant s’effectue en douceur mais de manière visible au sein de l’Église, les journaux qui veulent garder des lecteurs, et même en gagner, doivent prendre ce tournant en compte (je ne parle pas pour L’Homme Nouveau, qui l’a compris depuis longtemps), c’est-à-dire privilégier l’enracinement ou le recentrage chrétien par rapport à d’autres préoccupations secondaires. La génération montante du catholicisme n’a pas les mêmes priorités ni les mêmes attentes que ses aînées, et n’a pas de problème avec les positions du magistère : les titres qui l’oublieront et joueront les contestataires seront condamnés, parce qu’ils perdront leur public. Il est assez intéressant, à cet égard, d’observer comment Jean-Pierre Denis, le perspicace directeur de la rédaction de La Vie, qui a (pres - que) tout compris, s’emploie pédagogiquement à persuader ses abonnés, cathos à la mode des années 1960-1970, que les temps ont changé et qu’ils doivent s’y faire, sous peine de connaître le sort des dinosaures.
En troisième lieu, la presse catholique, pour répondre aux défis du temps présent, doit trouver le bon équilibre. En réaction à l’horizontalité systématiques des années postconciliaires, quand beaucoup réduisaient la Bonne Nouvelle à un message socio - politique, une certaine presse bien intentionnée, dans les années 1980-1990, a voulu ne parler que spiritualité et, pour ne fâcher personne et ne heurter aucune éminence, fuir les sujets qui divisent.
Il importe aujourd’hui, selon l’expression de Bossuet, de tenir les deux bouts de la chaîne. Il y a une dimension sociale du christianisme, et ne pas la considérer serait mutiler l’enseignement chrétien. Les catholiques ont de même un rôle à jouer en politique (ce qui ne veut pas dire sur le plan électoral ou dans le jeu des partis), et déserter ce terrain au prétexte qu’il n’est pas pur n’est pas servir l’Église. Relire Péguy : ils ont les mains pures, mais ils n’ont pas de mains… Cette dimension temporelle, cependant, ne restera fidèle à l’esprit de l’Évangile qu’à la condition de s’ancrer, sur le plan spirituel comme sur le plan théologique, dans la grande tradition catholique. Ces deux faces de la réalité, le lecteur les attend.
La presse catholique possède également un devoir à exercer en vérité concernant l’Église elle-même. Entre une vision irénique où la réalité ecclésiale est vue avec des lunettes roses et une vision apocalyptique où cette même réalité est considérée avec des lunettes noires, le principe de réalité commande de regarder les faits en face : ce qui va mal, ce qui va mieux. Tout montre que, dans le paysage désolé laissé par ce que les historiens de l’avenir analyseront comme une des grandes crises de l’Histoire de l’Église, paysage radicalement modifié par l’introduction massive d’une nouvelle religion sur le sol européen, le catholicisme, en France, est reparti de l’avant.
Ce mouvement ascendant est en décalage chronologique avec le mouvement descendant (baisse du nombre de chrétiens effectifs), si bien que nous ne le percevons pas toujours. C’est précisément le rôle de la presse catholique de le mettre en valeur. S’il serait aventureux de prévoir l’avenir, ce décryptage permet - tant d’esquisser quelques grands traits de l’Église de demain fait partie des impératifs des journalistes catholiques."
Source: Salon Beige
Michel Janva
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: La mission de la presse qui se veut catholique
MichelT a écrit:La mission de la presse qui se veut catholique
De Jean Sévillia dans L'Homme nouveau :
La presse catholique n'a rien de comparable avec les autres.
"elle n’a pas à singer l’autre presse, notamment en cherchant à la concurrencer dans des domaines où elle n’y parviendra jamais"
Singer pourquoi faire !
Cette presse, les hommes qui en font partie, ont un rôle, un devoir.
Ils ont pourtant la réponse !
Les autres presses, aussi nombreuses soient-elles, n'ont pas comme seul et unique Guide, le Christ en personne.
Et en plus ils s'interrogent !
C.-J.- Date d'inscription : 23/10/2011
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