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Les martyrs oubliés de la Commune de Paris. Le pape reconnaît le martyre de cinq prêtres pendant la Commune de Paris..

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 Les martyrs oubliés de la Commune de Paris. Le pape reconnaît le martyre de cinq prêtres pendant la Commune de Paris..  Empty Les martyrs oubliés de la Commune de Paris. Le pape reconnaît le martyre de cinq prêtres pendant la Commune de Paris..

Message par Lumen Lun 29 Nov 2021 - 20:15

Prêtres emprisonnés, moines fusillés… Les martyrs oubliés de la Commune de Paris

Il y a 150 ans, lors de la Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871), prêtres et religieux ont été tués. Parmi eux, cinq sont en voie de béatification. Le jubilé offre l’occasion de retracer ces vies données.

 Les martyrs oubliés de la Commune de Paris. Le pape reconnaît le martyre de cinq prêtres pendant la Commune de Paris..  Martyrs_commune
Exécution de 62 otages de la Commune, coupables de complicite avec le gouvernement
de Versailles, le 26 mai 1871 rue Haxo à Paris. - Archivio Arici/Leemage

Publié le 14/05/2021 à 10:41


Une exécution sommaire, prison de la Grande Roquette. Des dominicains abattus avenue d’Italie. Une fusillade acharnée à Belleville, rue Haxo. Paris a-t-elle oublié ses quelque vingt-trois prêtres et religieux tués lors de la Commune ? De ces événements de mai 1871, il reste peu de vestiges, peu de lignes dans les livres d’histoire. Difficile de se frayer une place au sein du délicat récit de cette insurrection. L’année 2021 vient pourtant tirer de l’ombre ces belles figures ecclésiastiques : un jubilé célèbre les 150 ans de leur « martyre ».

Les célébrations se centrent autour de la paroisse Notre-Dame-des-Otages, rue Haxo (20e arrondissement), lieu même de l’assassinat de trente-cinq gardes nationaux, quatre civils et dix religieux. Parmi eux figurent le Père Planchat, religieux de Saint-Vincent-de-Paul (voir p. 39), les Pères jésuites Olivaint, de Bengy et Caubert, les Pères picpuciens Radigue, Tuffier, Tardieu, Rouchouse, le Père Sabatier, du diocèse de Paris, et le séminariste Paul Seigneret. « Ces prêtres ont mis de l’amour là où il y avait de la haine, ils ont prié pour leurs bourreaux, leur mort est un acte rédempteur, commente le Père Stéphane Mayor, curé de Notre-Dame-des-Otages. Il est bon qu’il y ait un lieu où l’on fasse mémoire de ce don de soi par amour. Il ne s’agit pas de faire un procès aux Communards. Nous sommes dans une lecture spirituelle, et non politique. »



« Nous sommes tous bons à fusiller d’un moment à l’autre »

Avril 1871. Alors que la Semaine sainte vient de débuter, les arrestations s’enchaînent. Le 4 avril, c’est au tour de la maison de la Compagnie de Jésus, rue de Sèvres, de recevoir la visite des fédérés. Les Pères Olivaint et Caubert, qui glissent en hâte un viatique sous leurs habits, sont emmenés ensemble. Le premier, ardent supérieur de sa communauté, se voue à la pastorale des jeunes. Son compagnon est un homme distingué, pétri d’humilité. « Il faut des victimes, c’est Dieu qui les a choisies », glisse ce dernier. Après un bref séjour à la Conciergerie, ils sont envoyés à Mazas, prison où ils retrouvent leurs frères prêtres, sans pouvoir les voir ni communiquer avec eux. Interdiction d’y célébrer la messe. « J’ai commencé ma retraite [ignatienne, Ndlr], j’attends plus de fruits de celle-là que de toutes les autres », écrit le Père Olivaint. Durant toute leur captivité, les prêtres échangent avec l’extérieur de nombreuses lettres, précieux témoins de leur état d’esprit et d’âme. Le jeune Paul Seigneret, séminariste de 26 ans, confie : « Je vis toute la journée plongé dans ma Bible, en présence de l’Éternelle Beauté, qui, Dieu merci, m’a ravi pour jamais. »

Le 22 mai au soir, la plupart des prisonniers sont transférés à la Grande Roquette, prison des condamnés à mort. « Nous sommes tous bons à fusiller d’un moment à l’autre. Nous avons pu nous confesser. Notre sacrifice est fait, admet le Père Planchat. Je ne suis pas triste, je prie pour tous ; priez pour moi et pour tous les habitants de la prison. » Juste avant de quitter Mazas, deux femmes parviennent à faire passer aux cinq Pères jésuites des hosties consacrées. Jusqu’à leur mort, ils porteront la précieuse custode à leur cou. Le Père Ducoudray confie : « Je ne suis plus seul, j’ai Notre-Seigneur pour hôte dans ma petite cellule. » Lors de leur récréation quotidienne, les prêtres se retrouvent et se confessent. Alors que leurs derniers jours approchent, certains communient.



La terrible soirée du 26 mai

Sombre soirée du 24 mai. Des « fédérés » viennent chercher Mgr Darboy, archevêque de Paris, l’abbé Deguerry, curé de la Madeleine, et trois jésuites. Ils sont fusillés au pied de la muraille d’enceinte. Le feu du peloton résonne dans les cellules de leurs frères de captivité, à genoux sur leur paillasse. Arrive le 26 mai, jour pluvieux. Dix noms sont appelés. Les prêtres rejoignent quatre civils et un groupe de trente-cinq gardes nationaux. Le triste cortège quitte la prison pour le 20e arrondissement. Trois kilomètres scandés par les « Morts aux curés ! Mort aux gendarmes ! », les insultes, les menaces. La foule se fait plus compacte et survoltée, une fanfare se place en tête du défilé, qui arrive rue Haxo. Là, sont retranchés les chefs de la Commune. L’ordre est donné de tirer vers 17 h. Fusils, revolvers, sabres, baïonnettes : hommes et femmes s’acharnent sur leurs victimes. Un vieux prêtre picpucien, le Père Tuffier, fait l’objet de violences particulières, auquel il répond par un signe de bénédiction. Le grand tumulte dure un quart d’heure. Puis, pour cacher le crime, les corps sont jetés pêle-mêle dans une fosse. Le lundi de Pentecôte, quelques proches les retrouvent, avertis du lieu de la fusillade ; chaque dépouille rejoint sa congrégation, sa paroisse ou sa famille.


Réputation de martyrs

« Martyrs », « saintes reliques », « nouveaux témoins de Jésus-Christ ». Imprimés sur une page jaunie du quotidien catholique français L’Univers, daté d’août 1871, ces mots attestent d’une réalité indubitable : ces victimes jouissent immédiatement d’une réputation de martyrs parmi le peuple chrétien. Pourtant, aucune n’a été, jusqu’à présent, officiellement reconnue comme telle par l’Église. « Odium fidei  « Morts en haine de la foi »  a été écrit dès le début sur leur tombe par la piété populaire, confirme le Père Jacques Benoist, historien et théologien. Mais la promotion par un évêque de telle ou telle personne revêt de fortes implications pastorales, elle donne un modèle au peuple chrétien. » Plusieurs initiatives voient le jour. Dès 1872, les récits de témoins ou de survivants, qui racontent ce qu’ils ont vu et entendu, font figure de précieuses ressources. « Toutes ces informations enrichissent alors les procès diocésains qui ont été réalisés peu de temps après les événements », précise le Père Yvon Sabourin, prêtre de Saint-Vincent-de-Paul et actuel postulateur de la cause en béatification du Père Planchat et des quatre religieux picpuciens.

Chaque congrégation collecte des témoignages sur ses propres victimes. Mais les dossiers s’enlisent à diverses reprises. En 1964, Paul VI propose d’unifier toutes les causes, celle de Mgr Darboy, des dominicains, des jésuites, des Pères de Saint-Vincent-de-Paul et de Picpus. « Cela sera encore une impasse, commente le Père Sabourin. La délicate période de 1968 n’est pas propice à l’avancée des dossiers. Ce n’est qu’en 2005 que nous reprenons la cause du Père Planchat, dont nous avons toujours vénéré la mémoire. En 2012, nous sommes rejoints par les picpuciens et leurs quatre prêtres. Je suis alors nommé postulateur général. » Seuls cinq religieux sont donc aujourd’hui en voie de béatification. En 2019, la Postulation met un point final à la Position, document qui présente les vertus de ces prêtres, le contexte historique et les faits concernant le martyre. « Le grand défi a été de comprendre puis de démontrer jusqu’à quel point ces prêtres ne sont pas de simples otages, mais des martyrs », ajoute-t-il. Morts en haine de la foi chrétienne, pour leur attachement au Christ.



Des laïcs aussi

La même hostilité antireligieuse fait calomnieusement accuser les dominicains d’Arcueil, enseignants à l’école Albert-le-Grand. Ce mensonge scelle le destin du prieur, le Père Captier, et des Pères Cotrault, Bourard, Delhorme et Chatagneret. « Le 19 mai, les prêtres, avec quelques employés et des élèves, sont arrêtés et emmenés au Fort de Bicêtre, avec pour prétexte un incendie dont on les accuse », raconte le Frère Jean-Michel Potin, archiviste de la Province dominicaine de France. « C’est dans le chaos de la retraite des Communards que se situe le drame. Le 25 mai, les Versaillais progressant vers Bicêtre, les Communards partent avec les Frères en remontant l’avenue d’Italie. Voyant les «soutanes » s’échapper, des tirs nourris atteignent chacun des « évadés ». » Tombent huit employés de l’école et cinq dominicains. Le visage tourné vers ses frères, le Père Captier a ce dernier mot, ultime témoignage à la face du ciel ensanglanté de Paris : « Allons ! Mes amis, pour le Bon Dieu ! »


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Message par Lumen Lun 29 Nov 2021 - 20:36

Le pape reconnaît le martyre de cinq prêtres tués pendant la Commune de Paris

Le martyre de cinq prêtres français tués en haine de la foi en 1871 pendant la Commune a été reconnu par le pape François le 25 novembre.


Le pape François a autorisé la promulgation par la Congrégation pour les causes des saints d’un décret reconnaissant notamment le martyre de cinq prêtres français tués en haine de la foi en 1871 pendant la Commune de Paris, annonce le Bureau de presse du Saint-Siège le 25 novembre 2021. Il s’agit des Pères Henri Planchat, Ladislas Radigue, Polycarpe Tuffier, Frézal Tardieu, Marcellin Rouchouze. Cette décision du Saint-Siège ouvre la voie à leur prochaine béatification, dernière étape sur le chemin de la sainteté avant une canonisation. La béatification est habituellement célébrée dans le pays d’origine des bienheureux par un représentant du pontife, la plupart du temps le préfet de la Congrégation pour les causes des saints.


Tués pendant la Semaine sanglante

Les cinq prêtres ont été tués le 26 mai 1871, pendant la “Semaine sanglante”, par des citoyens de la Commune de Paris, “État indépendant” fondé au lendemain de la défaite de la France face à la Prusse. Les “Communards”, animés d’idéaux libertaires et socialistes, considéraient les membres du clergé comme des alliés de leurs adversaires, les “Versaillais”, représentants du gouvernement républicain basé à Versailles.

Le première martyr est le Père Henri Planchat. Né en 1823, il rejoint les Frères de Saint Vincent de Paul et est ordonné en 1850. Il poursuit ses études en Italie et revient en France pour exercer son ministère pastoral dans plusieurs villes françaises. En 1863, il est transféré à Paris où il s’occupe des plus pauvres, des blessés de guerre et des malades. Arrêté le 6 avril 1871 par les autorités de la Commune de Paris, il est fusillé le 26 mai de la même année.

Le Père Ladislas Radigue est aussi né en 1823. Il a intégré la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie et de l’Adoration perpétuelle du Saint Sacrement en 1843, avant d’être ordonné en 1848. Il devient le Supérieur de la maison mère de cette congrégation située à Picpus, dans l’est de Paris. Arrêté le 12 avril 1871 par les autorités de la Commune, il est fusillé le 26 mai avec les quatre autres prêtres.

Le Père Polycarpe Tuffier, né en 1807, est lui aussi membre de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie depuis 1823. Ordonné en 1830, il est longtemps aumônier à Paris puis devient procureur de sa congrégation dans la maison mère de Picpus. Comme le Père Ladislas Radigue, il est fusillé le 26 mai.

Le Père Marcellin Rouchouze, né en 1810, est aussi membre de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie. Ce professeur de latin, de mathématiques et de philosophie est envoyé en Belgique pour travailler dans les collèges de la congrégation et est ordonné prêtre en 1852. Présent à Paris pendant la Commune, il est fusillé avec ses confrères le 26 mai 1871.

Le Père Frézal Tardieu, né en 1814, est lui aussi membre de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie. Ordonné en 1840, il était enseignant en théologie dogmatique et conseiller général de la Congrégation dans la maison mère de Picpus à Paris quand il est arrêté puis fusillé le 26 mai 1871.



La Commune, adversaire de la foi

La Congrégation pour les causes des saints explique que la haine de la foi était « la motivation dominante des actions des bourreaux » de ces cinq prêtres. « La Commune, en plus des exigences sociopolitiques, avait des implications antireligieuses évidentes », considère le dicastère, certains Communards percevant la religion comme « un obstacle à éliminer ».

La haine de la foi est en outre confirmée par « la férocité perpétrée contre les religieux par la foule en colère et le pillage des lieux et du mobilier servant au culte », ainsi que les profanations eucharistiques. Tous les martyrs étaient en outre « conscients du risque qu’ils couraient ».




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