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« On ne voit bien qu'avec le cœur »

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« On ne voit bien qu'avec le cœur » Empty « On ne voit bien qu'avec le cœur »

Message par Lumen Ven 4 Nov 2022 - 20:47

« On ne voit bien qu'avec le cœur »

On a longtemps cru que tout se jouait dans le cœur : émotions, pensées, conscience. Mais la foisonnante symbolique qui en découle reste d’une incroyable richesse. À redécouvrir in petto.

« On ne voit bien qu'avec le cœur » Coeur


« Boum ! Le monde entier fait Boum. Tout l’univers fait Boum. Parc’que mon cœur fait Boum Boum », chantait Charles Trenet. Le cœur, c’est la pulsation de la vie ! Il bat à l’unisson de l’univers, de nos sentiments, de notre état de santé. En raison de son rôle moteur et de sa position sous le thorax, il a toujours été considéré comme l’organe central. Plus encore : l’épicentre de la personne, à la croisée de l’esprit et de la matière. Avant que l’on ne découvre les mystères du cerveau, on pensait que tout se jouait au niveau du cœur : émotions, pensées, conscience. On l’a donc longtemps considéré comme le siège symbolique de la connaissance et de la sagesse, de l’activité spirituelle, émotionnelle et par extension amoureuse et sensuelle. Prodigieuse pompe organe pour les uns, tambour de la vie pour les Indiens d’Amérique, vase sacré rempli de secrets pour l’Occident chrétien, ou tabernacle de notre identité en Dieu, cette fragile « petite poterie d’argile » (Christian Bobin), pas plus grosse que le poing, est une source inépuisable. Petit panorama non exhaustif.

Symbole de l'amour

Pour tout le monde, le cœur symbolise d’abord l’amour : un lointain héritage de l’époque médiévale et de son fine amor. Au XIVe siècle, il prend en effet la forme d’une feuille de lierre, allégorie de l’amour courtois éternel et idéalisé, où s’entremêlent passion et tendresse… Toute la poésie amoureuse ainsi que le répertoire de la chanson populaire en portent la trace.  Et les expressions associant le mot « cœur » au registre amoureux sont légion : joli cœur, cœur d’artichaut, cœur brisé… « Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches. Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous », clamait Verlaine dans un des vers les plus purs de la poésie française. « Ils ont le cœur sec et la tripe molle », fulminait plus tard l’écrivain Bernanos. Autrement dit : ne confondons pas la sensiblerie (ou le sentimentalisme) avec l’empathie, cette manifestation sensible d’un authentique amour du prochain. Avertissement salutaire… Mais la vertu de charité (l’amour sous sa forme la plus spirituelle) fut aussi longtemps représentée sous forme de cœur, ou de ce qui s’en approchait.

Symbole du courage

On l’a davantage oublié, mais le mot « cœur » a longtemps symbolisé aussi le courage, la bravoure, et par extension d’autres qualités morales (bonté, générosité, abnégation…), en lien avec l’amour qui les mue. Encore un legs, paraît-il, de l’Occident médiéval chrétien, dont on trouve les échos chez nos plus grands auteurs classiques. « Rodrigue, as-tu du cœur ? », sonde Don Diègue dans Le Cid… Mais les alexandrins de Corneille ne sont sans doute rien à côté de la célèbre devise « Va-de-bon-cœur » qui eut les faveurs des soldats français pendant des siècles : le blason même de l’âme de la France en quelque sorte. C’est la thèse de l’officier de marine Gilles Malvaux dans un livre passionnant (1). Le « bon cœur » n’était jamais loin non plus du « bon sens », rappelle Michel Bernard dans son fabuleux diptyque sur Jeanne d’Arc (2).

Symbole de l'intériorité

Déjà symbole de l’âme dans de nombreuses civilisations pré-chrétiennes, le cœur spirituel, en tant que lieu de l’intériorité, atteint son apogée dans la Bible. Pour le Catéchisme de l’Église catholique, « le cœur est la demeure où je suis, où j’habite. Il est notre centre caché, dont les profondeurs sont insaisissables à la seule raison […]. Il est le lieu de la décision, au plus profond de nos tendances psychiques » (n° 2563). Mais encore : « Lieu de la vérité, là où nous choisissons la vie ou la mort, lieu de la rencontre, puisque à l’image de Dieu, nous vivons en relation, et lieu de l’alliance ». « Le cœur noue à la racine toutes nos facultés humaines, ajoute le Père Pascal Ide (3), comme l’attention noue à la racine tous nos actes. » D’où les correspondances que la Bible ne cesse d’établir entre les deux. Le cœur se caractérise à la fois comme « le lieu de l’attention, le lieu de la réflexion (“les pensées du cœur”), et de l’amour (“je t’ai donné mon cœur”) ». Voilà pourquoi la première attitude du cœur est l’écoute : « Shema Israël : Écoute Israël » (Dt). L’attention est donc la disposition du cœur réceptif, préparant le cœur oblatif, dans un double mouvement qui rappelle mystérieusement les pulsations du cœur physiologique (diastole/systole).  Élevons nos cœurs !




(1) [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],  par Gilles Malvaux, Équateurs.
(2) [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]  et  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],  par Michel Bernard, La Table ronde.
(3) [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], par Pascal Ide, éd. Emmanuel.


(1) Pour qui sonne la gloire,  par Gilles Malvaux, Équateurs.
(2) Le Bon Cœur  et  Le Bon Sens,  par Michel Bernard, La Table ronde.
(3) Méditer en pleine conscience. L’art de la réceptivité, par Pascal Ide, éd. Emmanuel.




Diane Gautret
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Lumen
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Date d'inscription : 09/11/2021
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