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LA PAIX CHRÉTIENNE

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Message par MichelT Ven 2 Déc 2022 - 21:30

La paix

Pacem falsam non dare.

Source: Dom de Monléon : Les instruments de perfection. - commentaire ascétique sur le chapitre 4 de la Règle de Saint Benoît

Voici que le travail entrepris pour extirper de notre âme la colère jusque dans son germe, nous amène à considérer ce mot de « paix », qui domine en quelque sorte toute l’œuvre de saint Benoît et qui est resté comme la devise de l’Ordre établi par ses soins. « Lui-même, écrit Montalembert, n’a pas reçu de plus beau titre que celui de fondateur de la paix:

Ipse fundator placidæ quietis »

et ses fils constituent, au dire de saint Bernard, l’« Ordre des pacifiques ».

Cette paix, que les moines s’efforcent de garder entre eux et de faire rayonner autour d’eux, ils en demandent le secret à la prière et la vie intérieure. C’est pour l’obtenir qu’ils vivent, comme les disciples au Cénacle, séparés du reste des hommes, unis dans l’oraison, attendant Celui qui entre toutes portes closes et qui dit : Je vous donne ma paix, la paix que le monde ne peut donner. [saint Jean, XIV, 27]

Le monde a bien sa paix, lui aussi, qu’il donne à ses fidèles : mais cette paix est trompeuse. Elle recouvre, sans les détruire, tous les mauvais sentiments qui troublent le cœur de l’homme. Elle n’est qu’une hypocrisie, une feinte, un calcul dicté par l’intérêt ou l’ambition :

J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer.

Notre Bienheureux Père ne veut pas de ces réconciliations apparentes, de ces marques d’affection simulées, où la bouche parle de paix, tandis que le cœur demeure rempli d’aversion. Il nous invite à chercher la paix, la vraie, celle du Seigneur, afin de mériter le titre de « fils de Dieu », promis par l’Évangile aux « pacifiques », c’est-à-dire, à la lettre, aux « faiseurs de paix ».

Comment cela ? Comment travailler d’une façon constante à l’acquisition d’un bien si précieux ?

Cherchons d’abord la signification exacte du mot qui nous occupe. « La paix, dit saint Augustin, c’est le repos dans l’ordre. » Cette définition, devenue classique, montre qu’il entre dans la constitution de la paix deux éléments : l’ordre et le repos.

Et d’abord l’ordre. Nous avons dit déjà que l’ordre est la grande loi du monde ; que tout l’effort de chaque créature doit tendre à réaliser, autant qu’il est en elle, le plan harmonieux prévu par Dieu pour l’ensemble de l’univers. La paix demande donc que l’ordre soit respecté, c’est-à-dire que chacun se tienne à sa place, que nul ne sorte de sa sphère ; que les inférieurs obéissent ; que les supérieurs sachent pourvoir aux besoins spirituels ou corporels de leurs sujets, et prendre leurs responsabilités ; en un mot, que chacun fasse son devoir sans léser les droits des autres.

La racine du mal est la triple concupiscence de l`homme, avide toujours de nouveaux biens, de nouveaux plaisirs, de nouveaux honneurs et qui le porte a toujours sortir de sa sphère, sans souci des intérêts du prochain.

Mais il ne suffit pas que les membres d’un corps ou d’une société demeurent à la place qui leur a été marquée. S’ils sont eux-mêmes travaillés d’un secret désir de se déplacer, d’empiéter sur le terrain des autres ; s’ils se sentent mal à l’aise dans le domaine à eux assigné ; s’ils supportent de mauvaise grâce le rang qui leur revient dans la hiérarchie à laquelle ils appartiennent, alors on ne saurait parler de paix véritable : car les simples désirs, même non réalisés, suffisent à éloigner celle-ci. Et c’est pourquoi saint Augustin ne s’est pas contenté de dire que la paix, c’était l’ordre ou le respect de l’ordre, mais la « tranquillité dans l’ordre ».

Ainsi définie, on comprend sans peine que la paix soit un bien immense, le terme suprême auquel devraient tendre tous les désirs et toutes les activités. En soi, elle est un don de Dieu, et Lui seul est en mesure de la donner au monde. Mais, pour l’obtenir de sa miséricorde, le devoir des hommes est de travailler à l’établir autant qu’ils le peuvent. Or la paix, diffusée par Dieu à travers les créatures, a sur ces dernières, selon saint Denis, un triple effet : elle les unit chacune en elle-même ; puis, les unes aux autres ; et enfin toutes à l’unique principe dont elle sort elle-même, c’est-à-dire à Dieu. Il suit de là que nos efforts personnels doivent poursuivre ce triple objet, et tendre à nous faire vivre ici-bas : en paix avec le prochain, en paix avec nous-mêmes, en paix avec Dieu.

Avec Dieu d’abord. Si l’homme ne jouit plus de l’amitié de son Créateur, s’il se trouve exposé aux coups de la colère divine, il le doit à la désobéissance de son premier père et à tous les péchés qui l’ont suivie. Telle est l’unique cause du désordre dont souffre la création. Pour rétablir l’harmonie, une seule voie est ouverte, celle d’une obéissance studieuse aux commandements de Dieu, et d’une attention constante à éviter le péché. Lorsque l’âme demeure attachée à la volonté divine et respectueuse en tout de ses ordres, Dieu répond à cette fidélité par la communication de ses biens et de ses faveurs. Et elle connaît alors quelque chose de la paix céleste, selon cette parole du Psalmiste : Pax multa diligentibus legem tuam [Psaume CXVIII]. ( Paix abondante a ceux qui aiment votre Loi - Psaume 118)

C’est, au contraire, « donner une fausse paix à Dieu » que de méconnaître sa vraie nature, son infinie sainteté, son horreur du péché ; de se faire un autre Dieu que celui de l’Église, un Dieu somnolent, indifférent au bien comme au mal, le « Dieu des bonnes gens », comme on disait au siècle dernier, accueillant au même titre dans son Paradis les bons chrétiens et les hérétiques, les innocents et les pécheurs, les malfaiteurs et leurs victimes. C’est lui donner une fausse paix, que de lui retirer ainsi l’attribut de justice et la volonté de châtier le mal.

Pour avoir la paix avec soi-même, il faut tendre à instaurer, dans l’univers en miniature que constitue chaque être humain, le règne de la raison et la domination de celle-ci sur les sens, afin de faire cesser, au profit de l’âme, l’état de guerre introduit par le péché.

« Ceux-là arrivent à posséder la paix, dit saint Augustin, qui, établissant d’abord un parfait concert entre tous les mouvements de leur âme, les assujettissent tous à la raison, c’est-à-dire à ce qui a le droit de commander en eux ; et, de plus, domptant fidèlement leurs appétits, deviennent le royaume de Dieu, dans lequel tout est réglé. Il faut que la partie la plus élevée gouverne l’autre, qui ne doit point se révolter ; et cette partie plus élevée elle-même doit se soumettre à ce qui est au-dessus d’elle, à la Vérité même, au Fils unique de Dieu. La raison ne pourra conserver son empire sur les puissances inférieures, tant qu’elle ne sera pas, de son côté, parfaitement soumise à ce qui est au-dessus d’elle. Telle est la paix promise sur la terre aux hommes de bonne volonté, la paix qui constitue la vie du parfait sage. »

Au contraire, on se donne à soi-même une fausse paix, lorsqu’on cède au désir de la chair, lorsqu’on suit sa volonté propre au détriment de celle de Dieu ; lorsqu’on s’opiniâtre dans ses idées personnelles et que l’on vit selon son bon plaisir. Sans doute, on obtient par ces moyens une apparence de quiétude et même de bonheur ; les désirs satisfaits cessent un instant de tourmenter la volonté qui leur a cédé, mais pour se réveiller bientôt avec de nouvelles exigences et une arrogance décuplée par leur victoire.

Enfin, on s’emploie à donner une vraie paix au prochain, quand on respecte scrupuleusement les droits de celui-ci, dans les moindres détails ; quand on ne fait pas à autrui ce qu’on ne voudrait pas se voir faire à soi-même ; quand on ne se mêle que de ce qui vous regarde, quand on s’applique à supporter patiemment les défauts des autres pour se montrer, en toutes circonstances, doux et humble de cœur.

Mais on devient l’ouvrier d’une paix menteuse, si l’on prodigue des flatteries dont on ne pense pas un mot ; si l’on se dérobe au devoir de reprendre la personne ou de punir sous prétexte de ne pas troubler le train ordinaire des choses, ou de ne pas faire de peine aux coupables ; si l’on sacrifie tout au désir de conserver sa tranquillité personnelle et l’estime des hommes, sans nul souci des intérêts de Dieu.

Voilà quelques-uns des moyens que l’on peut mettre en œuvre pour devenir un « pacifique ». Cependant, comme nous l’avons dit déjà, nos efforts les plus méritoires ne sauraient par eux-mêmes nous faire trouver la paix : car celle-ci est ineffable de sa nature, elle dépasse toute conception humaine ; elle est une participation de la vie même de Dieu. Nous n’en connaîtrons la plénitude que dans la Jérusalem céleste : mais on peut, dès ici-bas, en obtenir quelque avant-goût, s’il plaît à Dieu, et c’est pourquoi l’Église la demande chaque jour au divin Maître, quand elle lui dit : Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem. (Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde - donne-nous ta paix)

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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