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Caucase - L’Azerbaïdjan annonce une «opération» visant des positions militaires arméniennes

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Caucase - L’Azerbaïdjan annonce une «opération» visant des positions militaires arméniennes Empty Caucase - L’Azerbaïdjan annonce une «opération» visant des positions militaires arméniennes

Message par MichelT Mar 19 Sep 2023 - 22:30

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L’Azerbaïdjan annonce une «opération» visant des positions militaires arméniennes


Article de - The Canadian Press - Presse Canadienne - 19 septembre 2023


EREVAN, Arménie — L’Azerbaïdjan a entamé mardi ce qu’il a appelé une «opération antiterroriste» visant les positions militaires arméniennes dans la région du Haut-Karabakh, et des responsables de cette région ont déclaré qu’il y avait des tirs d’artillerie lourde autour de sa capitale. Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé le début de l’opération quelques heures après la mort de quatre soldats et deux civils dans des explosions de mines terrestres dans la région du Haut-Karabakh. Ces informations font craindre la reprise d’une guerre à grande échelle entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, qui se sont affrontés pendant six semaines en 2020.

Le ministère n’a pas immédiatement donné de détails, mais a affirmé que «les positions sur la ligne de front et les points de tir en profondeur et à long terme des formations des forces armées arméniennes, ainsi que les moyens de combat et les installations militaires sont neutralisés à l’aide d’armes de haute précision». La déclaration azerbaïdjanaise précise que «seules les cibles militaires légitimes sont neutralisées». Mais les responsables arméniens du Haut-Karabakh ont indiqué dans une déclaration que la capitale de la région, Stepanakert, et d’autres villages étaient «soumis à des bombardements intenses». Plus tôt dans la journée de mardi, l’Azerbaïdjan a annoncé que six personnes avaient été tuées dans deux explosions distinctes dans la région qui est en partie sous le contrôle des forces arméniennes.

Une déclaration du ministère de l’Intérieur, du service de sécurité de l’État et du procureur général de l’Azerbaïdjan mentionne que deux employés du service des autoroutes sont morts avant l’aube lorsque leur véhicule a sauté sur une mine et qu’un camion de soldats intervenant sur les lieux a sauté sur une autre mine, tuant quatre personnes. Le Haut-Karabakh et des territoires environnants étaient sous le contrôle de l’Arménie depuis la fin d’une guerre séparatiste en 1994, mais l’Azerbaïdjan a repris les territoires et certaines parties du Haut-Karabakh lors d’une guerre de six semaines en 2020. Cette guerre s’est terminée par un armistice qui a placé un contingent russe de maintien de la paix dans le Haut-Karabakh. Cependant, l’Azerbaïdjan affirme que l’Arménie a introduit des armes en contrebande depuis lors. Ces allégations ont conduit au blocage de la route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie, provoquant de graves pénuries de nourriture et de médicaments dans la région. Des cargaisons de farine et de fournitures médicales de la Croix-Rouge ont atteint le Haut-Karabakh lundi, mais les responsables locaux ont déclaré que les liaisons routières vers la région n’étaient pas totalement ouvertes.

Ces hostilités surviennent dans un contexte de fortes tensions entre l’Arménie et son allié de longue date, la Russie. L’Arménie s’est plainte à plusieurs reprises que la force russe de maintien de la paix, forte de 3000 hommes, n’a pas pu ou n’a pas voulu maintenir ouverte la route menant en Arménie, bien que cette obligation ait été stipulée dans l’accord qui a mis fin à la guerre de 2020. L’Arménie a également irrité la Russie, qui maintient une base militaire dans le pays, en organisant des exercices militaires avec les États-Unis ce mois-ci et en s’apprêtant à ratifier la Convention de Rome à l'origine de la Cour pénale internationale, qui a inculpé le président russe Vladimir Poutine. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a démenti mardi les affirmations selon lesquelles la Russie aurait été informée à l’avance de l’intention de l’Azerbaïdjan d’organiser l’opération, déclarant que les soldats de la paix n’avaient été prévenus que «quelques minutes» avant le début de l’opération.

— Avec des informations de Jim Heintz à Tallinn, en Estonie, et Aida Sultanova à Londres.

Avet Demourian, The Associated Press



Haut-Karabakh: les forces azerbaïdjanaises et arméniennes concluent un cessez-le-feu

Article de The Canadian Press • 20 septembre 2023


EREVAN, Arménie — Un accord de cessez-le-feu avec l’Azerbaïdjan a été conclu mercredi pour mettre fin à deux jours de combats dans la région séparatiste du Haut-Karabakh, ont déclaré les autorités locales et les responsables azerbaïdjanais.  L’accord devait entrer en vigueur à 13 h, heure locale (5 h HAE), et des discussions entre les responsables azerbaïdjanais et les autorités arméniennes de la région séparatiste sur sa «réintégration» dans l’Azerbaïdjan devaient avoir lieu jeudi dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh.

L’accord a été conclu à l’issue de négociations avec le contingent russe de maintien de la paix dans la région et prévoit le retrait des unités et équipements militaires arméniens du Haut-Karabakh, ainsi que le désarmement des forces de défense locales, selon les responsables de la région.  Il intervient un jour après que l’Azerbaïdjan a lancé une opération militaire dans le Haut-Karabakh et a utilisé des tirs d’artillerie lourde sur les positions arméniennes, une attaque qui, selon les responsables locaux, a fait des dizaines de morts et de blessés. L’Azerbaïdjan a qualifié ces tirs d’«opération antiterroriste» et a déclaré qu’ils se poursuivraient jusqu’à ce que le gouvernement séparatiste du Haut-Karabakh se démantèle et que les «formations militaires arméniennes illégales» se rendent.  L’Azerbaïdjan a affirmé ne viser que des sites militaires, mais des dégâts importants sont visibles dans les rues de la capitale régionale, Stepanakert, avec des vitrines soufflées et des véhicules perforés, apparemment par des éclats d’obus. Les explosions ont retenti autour de Stepanakert toutes les quelques minutes mercredi matin, certaines au loin et d’autres plus près de la ville.

Cette escalade a fait craindre une reprise de la guerre dans la région entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, qui se disputent depuis plus de trente ans le territoire montagneux du Haut-Karabakh. Les derniers combats violents se sont déroulés pendant six semaines en 2020. Le ministère azerbaïdjanais de la Défense avait annoncé le début de l’opération quelques heures après la mort de quatre soldats et deux civils dans des explosions de mines terrestres dans la région du Haut-Karabakh. Mardi soir, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, s’est dite profondément préoccupée «par l’escalade militaire et la détérioration de la situation humanitaire dans le Haut-Karabakh découlant de l’opération militaire lancée par le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan», demandant la cessation immédiate des hostilités. «Nous demandons au gouvernement azerbaïdjanais de s’abstenir de toute action ou activité qui pose un risque pour la sécurité et le bien-être de la population du Haut-Karabakh, et de faire preuve de bonne foi en facilitant le rétablissement de l’accès humanitaire à la région pour l’acheminement de nourriture, de médicaments et d’autres produits de première nécessité, y compris par le corridor de Latchine», a-t-elle indiqué dans une déclaration.

Elle a ajouté que le Canada appuie une solution politique négociée au conflit dans le Haut-Karabakh. Le Haut-Karabakh et des territoires environnants étaient sous le contrôle de l’ethnie arménienne depuis la fin d’une guerre séparatiste en 1994, mais l’Azerbaïdjan a repris les territoires et certaines parties du Haut-Karabakh au cours des combats de 2020. Ceux-ci se sont terminés par un armistice plaçant des soldats de la paix russes dans le Haut-Karabakh. Cependant, l’Azerbaïdjan prétend que l’Arménie a introduit des armes en contrebande depuis lors. Ces allégations ont conduit au blocage de la route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie, provoquant des pénuries de nourriture et de médicaments. Des milliers de manifestants se sont rassemblés mardi dans le centre d’Erevan, la capitale de l’Arménie, bloquant les rues et exigeant que les autorités défendent les Arméniens du Haut-Karabakh. Certains se sont heurtés à la police, qui aurait utilisé des grenades assourdissantes, et une trentaine de personnes ont été blessées parmi les forces de l’ordre et les manifestants.

— Avec des informations de La Presse Canadienne et l’Associated Press, notamment de Jim Heintz à Tallinn, d'Aida Sultanova à Londres et de Siranush Sargsyan à Stepanakert.

Avet Demourian, The Associated Press


Le conflit qui oppose l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour de l'enclave du Haut-Karabakh connaît un regain de tension.

TFI INFO - France - 21 septembre 2023

Un cessez-le-feu est intervenu mercredi au lendemain d’une offensive déclenchée par le gouvernement azéri dans cette enclave séparatiste.

TF1 fait le point sur la situation.

Ils n'ont qu'une idée en tête : fuir les bombardements. Sur les images fournies par l'armée russe que montre la vidéo du 20H de TF1 ci-dessus, des habitants du Haut-Karabakh sont transférés dans des camps, à l'abri des combats. D'autres sont massés par centaines devant un aéroport.

Que se passe-t-il sur place ?

Au cœur du conflit, ces habitants vivent dans l'enclave du Haut-Karabakh, un territoire peuplé par 120.000 Arméniens, situé en Azerbaïdjan. Mercredi, l'armée azérie y a mené une attaque militaire dans le cadre d’une opération "antiterroriste". Bakou a justifié cette opération par la mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais dans l'explosion de mines, dans des villes sous contrôle de l'Azerbaïdjan. Le président azéri Ilham Aliev a alors accusé un groupe de "saboteurs" d'y avoir posé des engins explosifs. En parallèle, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a accusé l'armée arménienne d'avoir blessé deux militaires azerbaïdjanais lors de tirs de mortier et d'armes légères dans le secteur d'Agdam, au Nord-Est du Karabakh.

Selon Erevan, la capitale arménienne, les combats ont fait au moins 32 morts et plus de 200 blessés. Environ 7.000 habitants ont été évacués. L'Azerbaïdjan a quant à lui rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle. Une équipe de TF1 a échangé avec une habitante, terrée chez elle : "Ils n'ont pas arrêté de nous bombarder pendant plus de 24 heures, même la nuit, ils ont même bombardé des infrastructures, ils ont tué des civils et des enfants", raconte-t-elle la voix tremblante.

Pourquoi ces frappes ?

Lorsque les deux pays rejoignent l’Union soviétique au début des années 1920, le Haut-Karabakh, peuplé en majorité d’Arméniens chrétiens, est cédé à l’Azerbaïdjan soviétique, à majorité musulmane. Un an plus tard, l'enclave est rattachée à l’Azerbaïdjan par les autorités soviétiques, une situation qui n'a jamais jamais été reconnue par les Arméniens. En 1991, lors de la chute de l’URSS, le Haut-Karabakh finit par proclamer unilatéralement son indépendance avec le soutien de l’Arménie.

Résultat : depuis 35 ans, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent ce territoire. Une précédente guerre en 2020 avait fait plus de 6.500 morts. Elle s'était soldée par la victoire de l'Azerbaïdjan contre la république séparatiste du Haut-Karabakh, alliée à l'Arménie, et à un cessez-le-feu négocié par la Russie. La trêve a cependant toujours été fragile et de vives tensions sont finalement réapparues au début de l'année.

Y a-t-il un risque d'embrasement ?

Le contexte international joue en faveur de l’Azerbaïdjan, car la guerre en Ukraine monopolise l’attention des Occidentaux et occupe très activement la Russie, alliée de l’Arménie. Vaincus en 24 heures, les séparatistes arméniens ont annoncé mercredi la signature d'un accord "sur une cessation complète des hostilités à 13 h (9 h GMT) avec la médiation du commandement des forces de paix russes". L'Azerbaïdjan, de son côté, assure vouloir une réintégration pacifique du Haut-Karabakh.

Cet accord de cessez-le-feu, confirmé par Bakou, prévoit "le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l'Arménie" et "la dissolution et le désarmement complet des formations de l'Armée de défense du Haut-Karabakh". Les séparatistes ont accepté d'avoir, ce jeudi, dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh, de premiers pourparlers sur "la réintégration" à l'Azerbaïdjan de ce territoire. Cette victoire azerbaïdjanaise nourrit les craintes d'un départ massif des 120.000 habitants du Haut-Karabakh.  Ce jeudi, l'Arménie a qualifié de "crime contre l'humanité" l'opération militaire lancée par l'Azerbaïdjan, assurant devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU qu'un "nettoyage ethnique" était "en cours".



Des milliers de chrétiens arméniens fuient leurs foyers : « Un exode massif a commencé », selon un expert

Peter Pinedo pour l'AIIC

25 septembre 2023 – Catholic News Agency et Catholic World Report -USA


Des milliers de chrétiens arméniens ont fui leur patrie ancestrale dans la région du Haut-Karabakh au cours du week-end et d'autres sont attendus, a confirmé lundi le gouvernement arménien. « L’exode massif a commencé », a déclaré à CNA Siobhan Nash-Marshall, défenseur des droits de l’homme basée aux États-Unis qui s’est entretenue avec des témoins sur le terrain. Nash-Marshall a fondé la Fondation Christians in Need (CINF) en 2011 pour aider les chrétiens arméniens de la région, et en 2020, et a ouvert une école pour enfants et adultes au Haut-Karabakh. Aujourd’hui, Nash-Marshall a reçu un message de son école du Haut-Karabakh selon lequel « tout est fini » et que « les gens de toutes les régions, de tous les villages sont sans abri », sans nourriture et sans eau. Des centaines d’Arméniens dorment dans les rues et ne peuvent même pas boire de l’eau , selon les contacts de Nash-Marshall. Nash-Marshall a appris qu’il y avait « 2 000 personnes en files d’attente devant la seule boulangerie » près de son école et que « tous ont faim, peur et sont désespérés ».

Selon le gouvernement arménien, 6 650 « personnes déplacées de force » sont entrées en Arménie depuis le Haut-Karabakh depuis la semaine dernière. Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a déclaré dimanche qu'il s'attend à ce que la plupart des 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh fuient la région en raison du « danger de nettoyage ethnique », a rapporté la source d'information du Moyen-Orient Al Jazeera.

Pourquoi cela arrive-t-il?

Les deux anciens territoires soviétiques, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, se disputent le Haut-Karabakh depuis des décennies. Avec le soutien de la Turquie, l’Azerbaïdjan a affirmé sa domination militaire sur l’Arménie lors de la deuxième guerre du Haut-Karabakh, qui s’est terminée en novembre 2020. Bien que le Haut-Karabakh, également connu sous le nom d’Artsakh, soit internationalement reconnu comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, la région est presque entièrement composée de chrétiens d’origine arménienne. Jusqu’à la semaine dernière, les Arméniens de la région revendiquaient leur souveraineté sous les auspices de la « République d’Artsakh ». Le 19 septembre, l’Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire courte mais intense comprenant des tirs de roquettes et de mortier. L'offensive, qualifiée de « mesures antiterroristes » par le gouvernement azéri, a entraîné la mort de plus de 200 Arméniens et de plus de 10 000 civils déplacés, selon le ministère des Affaires étrangères de l'Artsakh.

Le 20 septembre, les Arméniens ont accepté un cessez-le-feu qui a entraîné le démantèlement de leur armée et de leur autonomie gouvernementale. Après la défaite de la région séparatiste face à l’Azerbaïdjan, le président azéri Ilham Aliyev a déclaré que les Arméniens du Haut-Karabakh seraient intégrés et que les représentants de l’enclave étaient « invités au dialogue » avec le gouvernement azéri. Malgré ces promesses, les craintes généralisées de persécution religieuse et culturelle ont conduit de larges pans de la population à fuir vers l’Arménie proprement dite.

L’exode massif commence

Eric Hacopian, un défenseur des droits humains qui a été sur le terrain au Haut-Karabakh, a déclaré à CNA que les Arméniens de la région sont confrontés à des conditions « horribles » dans lesquelles ils ont « peu de nourriture » et « aucun médicament ni sécurité » . Il a déclaré que d'ici demain, il s'attend à ce que le nombre de réfugiés atteigne 15 000 à 20 000. En fin de compte, il estime que « 95 à 99 % » de la population arménienne de la région fuira en raison du « risque d'être assassiné et torturé ». Des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient les autoroutes menant à la sortie de la plus grande ville de la région, Stepanakert, remplies d’énormes files de voitures remplies de réfugiés. De nombreux Arméniens du Haut-Karabakh habitent cette région depuis des siècles. Aujourd’hui, tout cela semble évoluer rapidement.

Les Arméniens ne peuvent pas survivre sous la domination turque ou azérie », a déclaré lundi Nash-Marshall à CNA a cause du sentiment anti-arménien profondément enraciné dans la culture azérie qui se manifeste dans les exécutions militaires de prisonniers de guerre arméniens en 2022 ainsi que dans les monuments commémoratifs récemment érigés dans la capitale azérie, Bakou, qui représentent « des figures de morts grandeur nature grossièrement exagérées ». et des soldats arméniens mourants et des captifs enchaînés. « Quiconque connaît l’histoire du génocide arménien reconnaîtra le schéma des actions de l’Azerbaïdjan à l’égard des Arméniens de l’Est et de l’Artsakhtsi », a déclaré Nash-Marshall.

Selon Gegham Stepanyan, défenseur des droits humains en Artsakh, « des milliers » d’autres Arméniens déplacés « attendent désormais leur évacuation vers l’Arménie ». « Beaucoup d’entre eux », a déclaré Stepanyan, « n’ont tout simplement nulle part où se loger, ils doivent donc attendre leur tour dans la rue ».

L'Arménie en danger

Certains experts estiment que l’Arménie elle-même est menacée d’invasion. Le président azerbaïdjanais Aliyev et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont tous deux proposé de construire une autoroute dans la partie extrême sud de la province arménienne de Syunik, bordée par l'Azerbaïdjan à l'est et à l'ouest. La route relierait la partie principale de l’Azerbaïdjan à la fois à son enclave occidentale, connue sous le nom de Nakhitchevan, ainsi qu’à la Turquie. S’il est construit, les experts craignent que l’Azerbaïdjan ne prenne bientôt le contrôle de l’ensemble de Syunik. « Soyons réalistes », a déclaré Nash-Marshall. « L'Azerbaïdjan s'est déjà emparé d'une partie de la région… Ils tirent également sur les villages frontaliers, et ce depuis un an.

Aliyev et Erdogan se sont rencontrés lundi à Nakhitchevan, renforçant encore les craintes que les deux hommes envisagent une prise de contrôle de Syunik. Lors d'une conférence de presse lundi, Aliyev a déploré que « la liaison terrestre entre la majeure partie de l'Azerbaïdjan et le Nakhitchevan » ait été « coupée » lorsque les autorités soviétiques ont assigné Syunik à l'Arménie au lieu de l'Azerbaïdjan, selon un rapport de Reuters.Hacopian a également déclaré qu'il pensait qu'une invasion de l'Arménie était « très probable » et créerait une autoroute dans ce qui est actuellement le sud de l'Arménie.

Réponse américaine

Samantha Power, administratrice en chef de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), et le secrétaire d'État adjoint Yuri Kim ont atterri lundi en Arménie. Dans un article de lundi, Power a déclaré : « Je suis ici pour réitérer le soutien et le partenariat solides des États-Unis avec l’Arménie et pour parler directement avec ceux touchés par la crise humanitaire au Haut-Karabakh. » Nombreux sont ceux qui estiment encore que les États-Unis n’en font pas assez pour remédier à la situation qui se déroule au Haut-Karabakh. Le représentant républicain du New Jersey, Chris Smith, a présenté vendredi une résolution exigeant que le Département d'État américain prenne des mesures concrètes pour garantir les droits humains des chrétiens arméniens du Haut-Karabakh. Intitulée « Loi de 2023 sur la prévention du nettoyage ethnique et des atrocités dans le Haut-Karabakh », la résolution est co-parrainée par le représentant démocrate de Californie Brad Sherman et le représentant républicain de l'Arkansas French Hill.

Si elle est adoptée, la résolution exigerait du gouvernement américain qu'il prenne plusieurs mesures pour soutenir les Arméniens touchés, notamment mettre fin à l'aide militaire à l'Azerbaïdjan et établir un financement militaire pour l'Arménie, autoriser l'aide humanitaire aux Arméniens du Haut-Karabakh et envoyer des diplomates dans la région pour surveiller. la situation et signaler immédiatement toute nouvelle violation des droits humains. "La population du Haut-Karabakh est en grave danger", a déclaré Smith dans un communiqué de presse lundi. « Tragiquement, ils ont été contraints de désarmer et de céder leur indépendance à un dictateur impitoyable dont le gouvernement a commis à plusieurs reprises d'horribles abus à leur encontre pendant de nombreuses années, a exprimé sa volonté de les nettoyer ethniquement et a même initié un blocus par la famine avec la fermeture du Couloir de Lachin. Smith a ajouté que « nous devons travailler avec eux pour garantir que la transition ne soit pas marquée par des atrocités humaines ».


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Haut-Karabakh: face à l'exode vers l'Arménie, les autorités en appellent à l'aide internationale

Article de RFI • 27 septembre 2023

Selon les derniers chiffres donnés par les autorités arméniennes, ce sont plus de 42 500 réfugiés qui sont arrivés en quelques jours en Arménie, soit un tiers de la population de cette région séparatiste qui a fui le territoire et l’avancée des troupes de l’Azerbaïdjan. Sur place, tous espèrent la mise en place d'aides internationales. Bakou s’est engagé ce lundi 25 septembre à garantir les droits des habitants arméniens du Haut-Karabakh et à laisser partir les soldats qui déposeraient les armes, mais d’autres déclarations font craindre des représailles de la part des autorités azerbaïdjanaises, en particulier le fait que ces autorités assurent vouloir rechercher les auteurs de « crimes de guerre » parmi les soldats séparatistes.

Les habitants du Haut-Karabakh s’attendent au mieux à être discriminés, au pire à subir des violences et de nettoyage ethnique et c’est pour cela qu’ils prennent la route explique notre envoyé spécial sur place, Daniel Vallot. La seule route qui permette de rejoindre l’Arménie : celle du fameux corridor de Latchine. Ce qui explique les interminables embouteillages. En tout, cela prend environ 30 heures pour pouvoir quitter le Haut-Karabakh alors que l’enclave est toujours à court d’essence, précise l'envoyée spéciale de France 24 à Goris, Taline Oundjian. Des bénévoles en apportent à la frontière dans des jerricans pour que ces voitures puissent au moins arriver jusqu’à la ville la plus proche, de l'autre côté de la frontière.

Des associations débordées à Goris

Cette ville de l'autre côté de la frontière s'appelle Goris et elle compte 20 000 habitants. Elle fait face, dans des conditions dramatiques, à l’arrivée de dizaines de milliers de personnes totalement démunies. Un certain nombre d’entre eux ont dû dormir dans leur voiture alors qu’il fait déjà froid à Goris et les bénévoles disent sur place être débordés et à court de pain. Ani fait partie de ceux qui ont tout quitté et elle espère maintenant que l'aide internationale arrivera rapidement, après un long voyage, sans avoir de quoi manger et en ayant apporté seulement quelques affaires avec elle. Les autorités, les associations, les observateurs dans la région, tous appellent à ce que de l’aide, une mission d’observation ou encore des journalistes puissent entrer dans le Haut-Karabakh pour faire état de la situation et apporter les produits dont ont besoin des personnes déplacées de force. Après 26 heures de voiture, Azat est tout juste arrivé avec sa famille à Goris, après une longue route, les associations locales sur place leur apportent de l'eau, de la nourriture et des produits qu'ils n'avaient pas vu depuis des mois, car le Haut-Karabakh est sous blocus depuis le 12 décembre 2022. Maintenant, il faut loger ces réfugiés dans l’urgence et leur trouver des solutions de logement en Arménie. Le Premier ministre, Nikol Pachinian, a annoncé que son pays s’était préparé à accueillir 40 000 réfugiés, mais à ce rythme, la jauge risque d’être atteinte beaucoup plus vite, que ce que les autorités arméniennes ne l’imaginaient.

Un soutien économique et politique des pays européens

Dans la journée de mardi, des hélicoptères ont également été aperçus dans le ciel. L’Azerbaïdjan a ouvert son espace aérien aux Russes pour qu’ils puissent évacuer les centaines de blessés graves suite à l’explosion d’une station essence qui a fait des dizaines de morts.

Les autorités de la République autoproclamée multiplient les appels à l'aide en direction notamment des pays européens. Son représentant en France, Hovhannes Guevorkian, était présent au rassemblement de soutien organisé par des parlementaires français mardi 26 septembre devant l'Assemblée nationale : « C’est le chemin de l’exode, le Haut-Karabakh va être vidé dans les jours prochains parce que la file d’attente sur la route, dans un seul sens de Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh vers l’Arménie, vers la ville la plus proche Goris, est impressionnante. Il faut un soutien économique et politique. Il faudrait organiser l’accueil digne que méritent ces personnes en tant que réfugiés, de trouver leur place en Arménie dans cette société et de créer des mesures nécessaires pour qu’ils puissent être réintégrés et continuer leur vie dignement. »

(Et avec AFP)



La moitié du Haut-Karabakh a fui alors que le gouvernement séparatiste se dissout


Article de la Presse canadienne - 28 septembre 2023

Caucase - L’Azerbaïdjan annonce une «opération» visant des positions militaires arméniennes AA1hnYue


EREVAN, Arménie — Le gouvernement séparatiste du Haut-Karabakh a annoncé jeudi qu'il se dissoudrait et que la république non reconnue cesserait d'exister d'ici la fin de l'année. Les responsables arméniens ont par ailleurs déclaré que plus de la moitié de la population avait déjà fui. Cela s’est produit après que l’Azerbaïdjan a mené une offensive éclair pour reprendre le contrôle total de sa région séparatiste et a exigé que les troupes arméniennes du Haut-Karabakh déposent les armes et que le gouvernement séparatiste se dissolve.

Un décret en ce sens a été signé par le président séparatiste de la région, Samvel Shakhramanyan. Le document cite un accord conclu la semaine dernière pour mettre fin aux combats, aux termes duquel l'Azerbaïdjan autorisera la «circulation libre, volontaire et sans entrave » des habitants du Haut-Karabakh et désarmera les troupes en Arménie en échange.

Le Haut-Karabakh est une région de l'Azerbaïdjan qui est passée sous le contrôle des forces arméniennes, soutenues par l'armée arménienne, lors de combats séparatistes qui ont pris fin en 1994. Au cours d'une guerre de six semaines en 2020, l'Azerbaïdjan a repris certaines parties de la région ainsi qu'un territoire environnant que les forces arméniennes avaient revendiqué lors du conflit précédent. À la suite de la dernière offensive et d’un accord de cessez-le-feu négocié par les soldats de maintien de la paix russes, les autorités séparatistes de l’Azerbaïdjan et du Haut-Karabakh ont entamé des négociations sur la «réintégration» de la région à l’Azerbaïdjan. Les autorités azerbaïdjanaises se sont engagées à respecter les droits des Arméniens dans la région et à rétablir les approvisionnements après un blocus qui a duré 10 mois. De nombreux habitants locaux craignent cependant des représailles et ont décidé de partir en Arménie.

Jeudi matin, plus de la moitié de la population du Haut-Karabakh, soit 66 500 personnes, avait fui vers l'Arménie, et l'afflux se poursuit avec une intensité constante, selon les responsables arméniens. L'exode massif a commencé dimanche soir, et la seule route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie s'est rapidement remplie de voitures, créant un embouteillage qui a duré des heures. Lundi soir, un réservoir de carburant a explosé dans une station-service où les gens qui voulaient partir faisaient la queue pour obtenir de l'essence qui, en raison du blocus, était rare. Au moins 68 personnes ont été tuées et près de 300 blessées, et plus de 100 autres sont toujours portées disparues.

Il n’est pas encore clair si les Arméniens qui ont peuplé la région comptent rester. Le décret de M. Shakhramayan a exhorté jeudi la population du Haut-Karabakh – y compris ceux qui l'ont quitté – «à se familiariser avec les conditions de réintégration offertes par la République d'Azerbaïdjan, afin de prendre ensuite une décision individuelle sur la possibilité de rester (ou de retourner) au Haut-Karabakh. Jeudi, les autorités azerbaïdjanaises ont accusé Ruben Vardanyan, l'ancien chef du gouvernement séparatiste du Haut-Karabakh arrêté la veille, de financement du terrorisme, d'avoir créé des formations armées illégales et d'avoir franchi de façon illégale une frontière nationale. Les responsables azerbaïdjanais ont déclaré que M. Vardanyan, un milliardaire qui a fait fortune en Russie, avait été arrêté alors qu'il tentait de passer de la région séparatiste en Arménie avec des milliers d'autres personnes. Il a été escorté jusqu'à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan. Son arrestation semble indiquer l’intention de l’Azerbaïdjan d’imposer rapidement son emprise sur la région.
M. Vardanyan a déménagé au Haut-Karabakh en 2022 et a dirigé le gouvernement régional pendant plusieurs mois avant de démissionner plus tôt cette année.

En collaboration avec Dasha Litvinova, de l'Associated Press.

Avet Demourian, The Associated Press


Conflit au Nagorny Karabakh: plus de 85.000 personnes se dirigent vers l'Arménie

Plus de 85.000 personnes ont fui la région du Nagorny Karabakh, a indiqué le porte-parole du gouvernement arménien Naseli Bagdassarjan vendredi.

La Libre Belgique - 29 septembre 2023

L'Azerbaïdjan a mené une offensive éclair la semaine dernière dans cette région séparatiste où vivent principalement des Arméniens. Jeudi, les séparatistes arméniens ont annoncé qu'ils dissoudraient la république autoproclamée le 1er janvier 2024. Avant l'offensive azérie, près de 120.000 Arméniens vivaient au Nagorny Karabakh. Plus de la moitié d'entre eux a maintenant fui la région et cherche l'asile en Arménie. Le gouvernement azéri et la Russie, présente dans la région en tant que force de maintien de la paix, ont indiqué "ne pas voir de raison" à la fuite des Arméniens. Ces derniers craignent cependant pour leur futur, maintenant que les Azéris ont pris le pouvoir au Nagorny Karabakh. Erevan accuse par ailleurs Bakou de procéder à un nettoyage ethnique. "L'exode des Arméniens du Nagorny Karabakh se poursuit. Notre analyse prévoit qu'il n'y aura plus d'Arméniens dans la région d'ici quelques jours", a indiqué le Premier ministre arménien Nikol Pasjinjan jeudi soir, après avoir mis en place un centre humanitaire à proximité de l'enclave pour venir en aide aux réfugiés.


Conflit au Nagorny Karabakh - L'Arménie demande l'aide de l'Europe pour accueillir les réfugiés

L'Arménie a demandé à l'Union européenne de l'aider à accueillir les personnes qui ont fui le territoire du Nagorny Karabakh, a indiqué le service de presse de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni.

Agence Belga - Publié le 30-09-2023  à Erevan, Arménie

En quelques jours, plus de 100.000 habitants du Nagorny Karabakh, une enclave située en Azerbaïdjan majoritairement peuplée d'Arméniens, ont fui vers l'Arménie.
Erevan demande à l'Union européenne de lui fournir des abris temporaires et du matériel médical. Selon les travailleurs humanitaires, de nombreux réfugiés sont affamés et il y a une pénurie de médicaments. L'Onu a prévu d'envoyer ce week-end une mission au Nagorny Karabakh pour évaluer les besoins humanitaires, La république séparatiste autoproclamée du Nagorny Karabakh, où l'Azerbaïdjan a mené une offensive éclair la semaine dernière, est presque entièrement désertée par ses habitants samedi avec plus de 100.000 réfugiés arrivés en Arménie selon Nazeli Baghdassarian, la porte-parole du Premier ministre arménien Nikol Pachinian. D'après les chiffres officiels, environ 120.000 Arméniens vivaient dans l'enclave avant l'annonce de sa spectaculaire dissolution plus tôt dans la semaine et les appels de l'Azerbaïdjan à rester semblent sans effet.



Les réfugiés du Haut-Karabagh contraints de repartir de zéro

La victoire de l’Azerbaïdjan contre la République autoproclamée de l’Artsakh a poussé les habitants de ce territoire à fuir vers l’Arménie. La quasi-totalité de la population a tout abandonné derrière elle pour échapper aux menaces de nettoyage ethnique. Après neuf mois de blocus par les autorités azerbaïdjanaises, ces familles sont arrivées exténuées au terme de leur exode. L’urgence est de les aider dans cette nouvelle vie.

Xavier Sartre – Cité du Vatican - Vatican News -

En quelques heures, les habitants du Haut-Karabagh ont vu leur monde s’écrouler. Pendant une trentaine d’années, ils ont vécu dans un territoire indépendant de fait, au sein d’une République de l’Artsakh qui tenait en respect l’Azerbaïdjan qui revendiquait leur territoire depuis sa défaite au terme d’une première guerre avec l’Arménie, en 1994. Mais en septembre de cette année, l’Azerbaïdjan a mené une offensive éclair qui a emporté le peu de résistance que cet État, jamais reconnu par la communauté internationale, avait encore.

Le 20 septembre, les autorités de Stepanakert, la capitale du Haut-Karabagh, ont accepté de déposer les armes avant d’annoncer leur dissolution à compter du 1er janvier 2024. Pour la population, déjà très éprouvée par près de dix mois de blocus imposé par l'Azerbaïdjan qui l'a privée de ravitaillement en nourriture et en médicaments, c’est un coup de massue. L’exode commence, nourrie par la crainte d’un nettoyage ethnique de la part de troupes azerbaïdjanaises perçues comme revanchardes. Des colonnes de voitures s’allongent sur les routes, direction l’Arménie. Les familles emportent ce qu’elles peuvent, laissant la plus grande partie de leurs biens derrière elles.

Tout quitter à la hâte

L’Arménie voit donc affluer environ 120 00 personnes en l’espace de quelques jours à peine et le gouvernement pare au plus pressé. «Quand les réfugiés sont arrivés à la frontière arménienne, ils se sont rendus dans des centres d’enregistrement mais cette route fut difficile à parcourir parce qu’ils avaient besoin d’essence et que les Azerbaïdjanais leur en ont donnée très peu», raconte Christina Petrosyan, une jeune avocate spécialiste des droits de l’Homme, présidente d’une ONG “Culture légale”. Avec des amis, elle tente bénévolement d’apporter un peu de réconfort aux familles qui passent la frontière par Goris et Vayk. «Beaucoup de gens venus en voiture ont dû s’arrêter avant la frontière par manque d’essence. Ils ont continué à avoir faim pendant encore un jour et une nuit. Quand ils sont arrivés aux postes de contrôle, le gouvernement et la Croix-Rouge leur ont donné des vêtements» poursuit-elle.

«La première chose dont ces gens ont besoin, c’est d’un logement, explique Christina. Le gouvernement arménien en donne gratuitement près de la frontière mais les gens n’en veulent pas car ils ont peur d’une nouvelle attaque de l’Azerbaïdjan. Ils ne veulent pas se retrouver dans une zone de guerre. Et les conditions sont vraiment médiocres», reconnait-elle. Outre un logement et une carte téléphonique, les autorités arméniennes donnent cent mille drams par personne, l’équivalent de 227€. Elles ajoutent 50 000 drams s’ils sont contraints de payer un logement. Une aide prévue pour une période de six mois. Les services sociaux tentent aussi de trouver un emploi à ces réfugiés.

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Réfugiés en Arménie

Traumatisme mental

Mais l’assistance matérielle ne saurait être suffisante, tant le traumatisme de ces familles est grand. «Leur état mental est horrible, vraiment horrible, reconnait Christina Petrosyan. Quand je suis allée les voir dans leur nouveau logement pour essayer de leur apporter de l’aide, de la nourriture ou des vêtements, j’ai vu des gens qui sont arrivés ici avec juste une chaussure parce que quand ils ont été attaqués par les Azerbaïdjanais, ils n’ont pas eu le temps de prendre l’autre… Beaucoup de gens n’ont pas pu prendre non plus leurs diplômes, la preuve qu’ils travaillaient pour quelqu’un. Maintenant c’est difficile pour eux de prouver leur expérience professionnelle».

Même problème pour les jeunes: «c’est dur aussi de prouver qu’ils allaient à l’université car ils n’ont pas eu le temps de préparer correctement tous leurs documents, poursuit l’avocate. Ces gens pouvaient avoir de bonnes positions, faire de bonnes études et maintenant ils n’ont plus rien, ils sont gênés, ils sont en état de confusion, ils sont malheureux, déprimés. Une femme n’a pas dormi depuis plusieurs jours. Beaucoup d’autres ont des problèmes physiques. Ils ont besoin de soins médicaux et mentaux» explique-t-elle.

Entre espoir de retour et de paix

Même s’ils sont maintenant en Arménie, le sentiment de peur ne les a pas abandonnés. «Ils sont prêts à pleurer à chaque instant» confie Christina Petrosyan, qui prend le temps d’écouter leurs histoires. En fait, «ils ont très peurs comme toutes les personnes vivant en Arménie d’une nouvelle attaque militaire de l’Azerbaïdjan. Il y a eu des échanges de tirs ces derniers jours, explique-t-elle. Ils ont peur aussi d’une grande guerre avec la Turquie ce qui serait leur pire cauchemar et craignent que cette guerre ne soit pas la dernière, et que celle qui viendra sera encore pire, alors qu’ils en ont déjà vécues trois.»

Malgré tout, certains ont l’espoir de rentrer chez eux, que les Azerbaïdjanais quitteront le Haut-Karabagh. «Je sais que ce n’est pas rationnel mais à chaque fois que je parle avec eux ils m’en parlent. C’est vraiment dur, vous ne pouvez même pas comprendre ou expliquer comment la plus grande partie de votre vie ne signifie plus rien maintenant et que vous devez recommencer de zéro. Ils sont vraiment brisés mentalement et physiquement, et financièrement». Autre espoir: vivre en sécurité. Et croire que «l’Europe et le monde occidental ne détourneront pas les yeux et qu’ils les aideront réellement malgré leurs liens avec l’Azerbaïdjan.»


Jean-Pierre Mahé: le christianisme arménien, mémoire orientale de l’Église

L’Arménie est le premier royaume à avoir adopté le christianisme comme religion d’État. Son patrimoine religieux spirituel et architectural bimillénaire témoigne de l'importance de maintenir vive et enracinée la présence chrétienne dans le Caucase.

Entretien réalisé par Delphine Allaire - Cité du Vatican

«Les églises et monastères du Haut-Karabagh doivent être respectés et protégés». Le Pape François a lancé cet appel dimanche 15 octobre après l’angélus, confiant sa préoccupation pour la situation humanitaire des déplacés. L’enclave arménienne s’est en effet vidée de 100 000 de ses habitants depuis l’agression militaire de Bakou lancée il y a un mois, le 19 septembre dernier.

Le patrimoine religieux chrétien bimillénaire de cette terre berceau spirituel de l’Arménie est désormais aux mains des Azerbaïdjanais. Selon un décompte du Défenseur des droits arméniens, près de 1 500 monuments arméniens étaient déjà passés sous contrôle de l'Azerbaïdjan après la guerre de 2020. Parmi eux, 161 monastères et églises. L’enjeu existentiel du maintien de la présence chrétienne et de la préservation de son patrimoine religieux remonte lui aux premiers siècles. Pays de l'Arche de Noé, l'Arménie adopte le christianisme comme religion d’État quelques années avant même Rome. L’orientaliste français, Jean-Pierre Mahé, spécialiste du christianisme arménien et directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études, retrace les origines et particularités de cette Église-martyre dans la profondeur des siècles.

Comment le christianisme est-il arrivé, s’est-il répandu en Arménie et a-t-il été dès les origines intimement lié à l’unité du pays?

La christianisation est d'abord non officielle, tout simplement amenée par les échanges commerciaux, intellectuels et religieux, entre la Syrie et l'Arménie. Selon la Tradition, Thadée aurait été le premier apôtre de l'Arménie et se serait rendu auprès d’Abgar, le roi d’Édesse. Il aurait converti tout le royaume d'Abgar, dont la moitié sud était syriaque. La moitié nord était arménienne. Le souverain n'a pas déclaré que c'était une religion obligatoire. C'était une conversion personnelle de sa part. Beaucoup de ses sujets l'ont imité. Le langage religieux arménien emprunte des termes essentiels au syriaque. Par exemple, le vendredi et le samedi sont très importants, car le premier effet de la conversion au christianisme est de structurer la semaine. Nous sortons d'un régime de calendrier où le temps est divisé en mois lunaires pour rentrer dans un temps plus liturgique, où toutes les semaines sont marquées par la préparation du sabbat, urbat, le vendredi, ensuite le shabat le samedi, et ensuite le dimanche, premier jour de la semaine d'après, jour de la Résurrection.

Des communautés chrétiennes se sont donc installées dans le sud de l'Arménie à l'âge apostolique, dès la fin du Iᵉʳ siècle et probablement au début du IIᵉ siècle. Le nord de l'Arménie restait païen, converti non pas par le Sud, mais par l'Ouest. Grâce à l'apostolat de saint Paul, le christianisme s'est répandu en Asie Mineure et, depuis la Cappadoce, s'est aussi répandu en Arménie au début du IVᵉ siècle, au temps du roi Tiridate, établi sur le trône par l'empereur romain Dioclétien.

Au début, Tiridate était un païen militant, et pour cette raison, il a tué des religieuses qui s'étaient réfugiées de l'Empire romain en Arménie. À la suite de ce crime, il a été, dit la Tradition, transformé en porc sauvage. À ce moment-là, un chrétien qu'il avait mis en prison auparavant, saint Grégoire l'Illuminateur, est sorti de prison, et le convertit au christianisme dans les dix premières années du IVᵉ siècle.

En quoi cette pénétration du christianisme en Arménie diffère-t-elle de celle du Haut-Karabagh?

Le Haut-Karabagh appartient à une région montagneuse isolée concernée par le christianisme par d'autres voies. Un saint homme, Yeghishe ou Élisée, était selon les textes les plus anciens l’un des disciples de Jacques le Juste, frère du Seigneur. Il est venu dans le nord de l'Azerbaïdjan actuel, sur la rive gauche du fleuve Koura, où il a fondé la plus ancienne, la mère de toutes les églises du Caucase.

Par la suite, le christianisme s'est répandu dans le reste du pays, mais le christianisme du Haut-Karabagh est dû principalement à l'action d'un souverain Vatchagan le Pieux monté sur le trône en 484. Vatchagan le Pieux a construit une ville nouvelle. Il a purifié les lieux qui étaient occupés par les idoles païennes en répandant les reliques des saints, et nous lui devons en particulier la construction du monument religieux le plus ancien du Karabagh et de l'Azerbaïdjan, qui est le mausolée de Grigoris, petit-fils de saint Grégoire l’Illuminateur et catholicos d’Albanie du Caucase. Ce monument se trouve à Amaras aujourd'hui. Il y a aussi en dessous du Karabagh, dans le corridor de Latchine, une église très ancienne qui s'appelle le monastère de l'Hirondelle et dont les parties les plus anciennes conservées à l'heure actuelle datent du IVᵉ siècle.

Comment cette Église apostolique arménienne prend-elle ensuite son essor? Quel est l'état de ses relations avec les autres Églises chrétiennes, notamment Rome, durant la période dite de l'Église des Trois conciles?

Rome est très loin de l'Arménie. Pour des raisons géographiques, non dogmatiques, la relation importante était donc avec Jérusalem. Dès 324, le successeur de saint Grégoire l'Illuminateur, son fils qui s'appelait Aristakès, a participé au Concile de Nicée et été l'un des signataires du Concile de Nicée. Ensuite, le successeur d’Aristakès, Vertanès, lui aussi fils de saint Grégoire l'Illuminateur, a correspondu avec le patriarche Macaire de Jérusalem. Il avait été invité par le patriarche Macaire à l'inauguration de l'Église de l’Anastasis, le Saint-Sépulcre. Il n'a pas pu s'y rendre, mais les envoyés dépêchés à sa place ont assisté au baptême des catéchumènes pour la Pâque, interrogeant le patriarche Macaire sur la manière d’administrer le baptême. Cela a marqué le début d'une relation très profonde entre les Arméniens et l'Église mère de Jérusalem. C'est là qu'ils ont pris leurs habitudes et leur calendrier liturgique. L'une des originalités du calendrier liturgique arménien est la célébration d'un seul coup, le 6 janvier, de la fête de la Nativité, des Rois mages et du baptême du Christ, comme si les Rois mages étaient arrivés juste au moment où le Christ naissait. Et comme si, 30 ans plus tard, exactement le même jour et au même moment, le Christ avait reçu le baptême dans le Jourdain. C’est un rite très ancien de Jérusalem, modifié ensuite au IVe siècle, de façon à ce que l'on distingue bien la nature humaine de la nature divine du Christ, mais que les Arméniens n'ont jamais aboli.

Les rapports avec Rome sont plus tardifs et datent de l'époque des croisades, dès le début du XIᵉ siècle, même si certaines correspondances attestent de liens dès Charlemagne. Durant les croisades, les Francs n'hésitaient pas à recevoir les sacrements des prêtres arméniens, ni à épouser des femmes arméniennes. À cette époque, il y avait une familiarité très grande, une fraternité très grande entre les Francs et les Latins.

Les relations se sont envenimées autour du XIIIe siècle lorsque les Latins ont été informés de l'approche hérésiologique des Grecs envers les Arméniens. Les Grecs condamnaient les Arméniens comme hérétiques et schismatiques. Les Latins s'y sont penchés de plus près, et se sont mis à dresser les listes des erreurs des Arméniens et à entreprendre d'essayer de les convertir à la fois à la liturgie romaine et de forcer une union avec Rome.

Au fil de cette histoire et des dominations successives, quel type de persécutions ont subi les chrétiens arméniens? De qui sont-elles venues et avec quelles conséquences?
Les persécutions ont d'abord été zoroastriennes. Au moment où l'Arménie devient chrétienne, au début du IVe siècle, s'est installée en Iran une nouvelle monarchie perse, alors que la monarchie précédente était une monarchie parthe, amie des Arméniens.

Au contraire, les Perses ont prétendu rétablir intégralement la religion de Zoroastre, démolir «toutes les idoles» et établir le culte du feu sacré. Il s’est agi au départ de persécutions larvées, puis en 449 est paru un édit de conversion obligatoire pour tous les Arméniens sous peine de mort. À ce moment, les Arméniens se sont révoltés et ont affronté avec un très grand courage la menace des Perses, plus grande en termes de nombre et de modernité de l’armement. Ils ont donc été tous tués à une bataille en 451. Mais après la défaite, ils n'ont pas voulu abjurer et donc jusqu'à la fin de l'empire perse, jusqu'au milieu du VIIᵉ siècle, -l'empire perse a été battu par les Arabes en 653-, il y a eu des retours périodiques de persécution zoroastrienne en Arménie.

Après cela, il y a eu le malentendu de la dispute avec les Byzantins. Les Byzantins ont accusé les Arméniens d'être monophysites, c'est-à-dire de nier la nature humaine de Jésus-Christ. En effet, dans l'Église arménienne, Jésus a une seule nature qui est éternelle, qui est la nature du Verbe de Dieu, et il a une humanité qui est une indulgence de Dieu, une économie de Dieu. C'est-à-dire que par grâce, le Verbe éternel s'est fait homme, mais son humanité est tout à fait réelle, c'est à dire que Jésus est pleinement homme et pleinement Dieu selon la doctrine arménienne. Mais les Byzantins ne l'ont pas entendu et ont persécuté les Arméniens à partir du Xᵉ siècle. Puis, les Arméniens ont accueilli favorablement le califat arabe, pensant signer un accord de tolérance, monnayant un tribut et la poursuite du culte sans persécution. C'est ce qu’il s'est passé tant que les Arabes redoutaient les tribus du Caucase.

Mais à partir du VIIIe siècle, ils ont conquis l'Asie centrale, par conséquent les Arméniens ne leur servaient plus à rien d'un point de vue stratégique et ils ont commencé à les persécuter. Le VIIIᵉ siècle témoigne donc de persécutions musulmanes contre les Arméniens avant d’autres invasions. Avec les Turcs et les Mongols qui n’étaient pas musulmans dès le début, les Arméniens ont tenté de s’en tirer malgré les cruautés, mais quand ces peuples sont devenus islamiques, il y eut de très nombreux martyrs arméniens de l'islam. Le XIXᵉ siècle a été la grande période de décomposition de l'Empire ottoman, lors laquelle les Arméniens ont été perçus comme une menace par les défenseurs de l'Empire et sont apparus les premiers projets de destruction massive, de massacres et d'élimination totale des Arméniens.

À l'aune de cette histoire mouvementée, comment caractériser la foi des Arméniens a-t-elle cette fameuse résistance spirituelle propre aux peuples persécutés, souvent nichés aux carrefours d'empires?

Le christianisme ne se pratique pas de la même façon en Orient qu'en Occident, et en particulier en Arménie. La liturgie prime, elle est le tout de la religion, vécue comme une anticipation des fins dernières. Une vraie liturgie arménienne dure 3 heures le dimanche: la première heure comme période de pénitence, après la liturgie proprement dit commence par la procession de la Croix, et puis vient la liturgie devant les anges. Dans la liturgie arménienne, ils sont représentés par des diacres qui tiennent des sistres séraphiques représentant le bruit des ailes des séraphins. La liturgie n'a pas seulement lieu sur la tribune de l'autel, elle se passe aussi sur l'autel céleste, le temple céleste décrit par Isaïe et par Ézéchiel. C’est le point le plus important de la liturgie. Et donc la résilience des Arméniens est très forte. Elle a été un attachement indéfectible au christianisme et un courage extraordinaire devant le martyre.

Pourquoi donc la survie de la chrétienté arménienne représente-t-elle un enjeu vital, existentiel pour le monde entier?

Le chapitre dédié aux Églises orientales du Concile Vatican II rédigé par les Pères conciliaires soutient qu’il y a des trésors des origines du christianisme conservés par les Églises d’Orient, aussi bien celles rattachés à Rome que celles qui sont indépendantes. Il y a plusieurs façons d’énoncer les mystères. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs le Pape François a consacré comme docteur universel de l'Église universelle en 2015 le grand poète mystique et théologien arménien saint Grégoire de Narek, poète de l'an 1000 qui énonce le dogme chrétien avec une parfaite orthodoxie, mais en même temps avec une indépendance certaine par rapport aux formulations de l'Occident. Pour la conservation de la mémoire de la pensée chrétienne, c'est très important. Et il faut remarquer que l'Arménie et la Géorgie constituent des îlots de christianisme dans un océan d'islam. Les chrétiens arméniens et du Haut-Karabagh sont des témoins de cette mémoire.


Après le Haut-Karabakh, l’Arménie pare à tout

Article de Xavier Savard-Fournier - Le devoir - 30 octobre 2023

Caucase - L’Azerbaïdjan annonce une «opération» visant des positions militaires arméniennes R

Alors que plus de 100 000 réfugiés du Haut-Karabakh sont réinstallés tant bien que mal en Arménie, bon nombre veulent à tout prix aller au nord, près de la capitale, Erevan, jugée plus sécuritaire que le sud, où la crainte d’une invasion imminente de l’Azerbaïdjan grandit en raison des accrochages près de la frontière et des essais militaires entre le pays et son allié turc. Au bout d’une quarantaine de minutes à sillonner les routes de plus en plus montagneuses au nord de la capitale arménienne, Erevan, le camion rempli de dons venus de la diaspora s’arrête finalement aux portes du village de Nor Hachn.

Dans un édifice abandonné et en ruine, qui semble être une ancienne école primaire, des bénévoles arméniens provenant du monde entier étalent des souliers, des vêtements, des couvertures et des produits d’hygiène pour la cinquantaine de familles de réfugiés du Haut-Karabakh installées dans les logements vacants de la petite municipalité. Loin du brouhaha des enfants qui essaient des pantalons et des chandails, Nela Danielyan, debout dans un coin de la grande salle, est perdue dans ses tourments. Elle qui a vécu tous les conflits au Haut-Karabakh depuis 1991 s’est réinstallée pour la première fois loin des frontières sud-arméniennes.

« Cette fois-ci, c’est différent, dit-elle au Devoir. Avant, j’avais toujours espoir de retourner à la maison. Mais là, ce ne sera pas possible et je me sens plus en sécurité au nord avec toutes les provocations [des dernières semaines] dans les régions frontalières. » Même si le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, s’est engagé à respecter les droits des Arméniens du Haut-Karabakh et à offrir l’amnistie aux combattants, la crainte d’un « nettoyage ethnique » persiste. D’autant plus qu’après plusieurs décennies de conflit, aucune des parties n’a confiance en l’autre. De passage en Arménie il y a quelques jours pour l’ouverture de l’ambassade canadienne à Erevan, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a d’ailleurs annoncé qu’elle augmentera l’aide humanitaire à 3,9 millions de dollars pour « sauver la vie de civils » comme Nela Danielyan. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus de 100 000 Arméniens auraient fui le Haut-Karabakh.

De ce nombre, plus de la moitié est maintenant dans le nord du pays. Plusieurs réfugiés se retrouvent dans les régions environnantes de la capitale, comme à Nor Hachn, mais une très forte majorité est venue rejoindre de la famille à Erevan. « On ne peut pas faire confiance à l’Azerbaïdjan. Ils disent qu’il y aura la paix, mais ce sont juste de belles paroles », affirme Vladimir Khatchatryan, 67 ans, venu chercher une boîte de denrées offerte par la Croix-Rouge arménienne dans un point de service de la capitale. « On se sent plus en sécurité ici. Si on restait dans les zones frontalières, on ne pourrait pas être certains qu’il n’y aura pas quelque chose d’autre et qu’on devra encore revivre les mêmes traumatismes », ajoute sa femme, Nargiz Khatchatryan, dans la soixantaine.

« Une invasion imminente »

Si toute aide aux réfugiés est la bienvenue, elle ne répond cependant pas à la crainte grandissante de ceux-ci, celle d’une invasion du pays par l’Azerbaïdjan.

En fait, un autre conflit territorial se profile à l’horizon. Le président Aliyev a de tout temps voulu recréer un corridor traversant l’Arménie pour relier l’Azerbaïdjan à son exclave du Nakhitchevan, ce qui permettrait au trafic routier de contourner l’Iran et offrirait une continuité terrestre avec l’allié turc. Et Ilham Aliyev a dit par le passé qu’il était prêt à le prendre de force s’il le fallait. « L’Azerbaïdjan tente de tracer une équivalence entre le couloir de Latchine et ce futur corridor du Zanguezour. Et cette équivalence, elle fait avancer des objectifs de l’Azerbaïdjan [notamment de la guerre de 2020] qui ne sont pas raisonnables au regard de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Arménie », explique Taline Papazian, chargée de cours et maître de conférences à Science Po Aix-en-Provence et membre de l’ONG Armenia Peace Initiative.

L’Arménie reconnaît d’ailleurs à l’Azerbaïdjan le droit d’avoir une route qui relie son territoire au Nakhitchevan. Depuis la fin de la guerre de 2020, Erevan a toujours dit qu’un droit de transit pouvait être discuté en coopération avec Bakou. Cependant, il est non envisageable pour l’Arménie qu’un couloir extraterritorial soit créé sur lequel le pays n’aurait aucun droit de regard et ne toucherait aucune compensation. « La crainte des Arméniens, c’est que l’Azerbaïdjan n’en fasse qu’à sa tête, comme il a pris l’habitude de le faire depuis trois ans. Jamais puni. Jamais sanctionné. Il ne se passe jamais rien, donc pourquoi ne pas continuer une stratégie qui, jusqu’ici, s’est révélée particulièrement payante ? Et l’Azerbaïdjan a visiblement les moyens de le faire [sans être sanctionné] », ajoute Mme Papazian. Cette crainte a récemment été confirmée par le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, qui a averti que l’Azerbaïdjan pourrait bientôt envahir l’Arménie. De plus, l’Azerbaïdjan et la Turquie entamaient, la semaine dernière, des exercices militaires conjoints dans le Haut-Karabakh, mais aussi au Nakhitchevan.

Un pays isolé

Probablement trop occupé en Ukraine, l’ancien allié russe semble avoir complètement lâché l’Arménie dans son conflit contre l’Azerbaïdjan. Lui qui devait assurer le maintien de la paix au Haut-Karabakh a visiblement failli à la tâche et l’Arménie semble se retrouver plus seule que jamais. Il y a bien évidemment quelques capitales occidentales qui tentent de se rapprocher de l’Arménie, comme Washington ou Paris, avec qui Erevan a organisé des exercices militaires pour le premier et dont la capitale a reçu des promesses de livraisons d’armes du second. Mais ces pays viendraient-ils en aide à l’Arménie si elle était attaquée par son voisin, plus riche, mieux armé et soutenu par la Turquie ? Rien n’est moins sûr.

« Je pense que les défis sont parfaitement saisis par tout le monde. Mais est-ce qu’au-delà des déclarations dans le cas d’une invasion du sud de l’Arménie, il y aura autre chose ? Est-ce que l’Arménie recevra un soutien diplomatique ? Est-ce que l’Arménie recevra un soutien militaire ? Personnellement, je pense que non, ou très peu », analyse Taline Papazian. Même en Arménie, qui n’a pas envoyé son armée au Haut-Karabakh lors de l’offensive azerbaïdjanaise du 19 septembre, il ne semble pas y avoir d’appétit pour un affrontement militaire qui pourrait faire déborder le conflit sur l’ensemble du territoire. Même si l’opposition s’en donne à coeur joie contre le premier ministre, Nikol Pashinyan, qu’on accuse de traître pour avoir abandonné le Haut-Karabakh. Dans ce contexte, la paix, même au goût amer, semble la seule issue possible pour protéger la souveraineté arménienne.

« Quand vous êtes dans une situation où vos adversaires sont déterminés et plus puissants que vous, que vous n’avez pas d’alliés et que vous n’êtes pas certain du soutien militaire que vous pourriez avoir [en cas d’invasion], la paix devient donc absolument nécessaire. Et c’est ce que tente le gouvernement arménien », explique Mme Papazian. Les négociations de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont par contre au point mort en ce moment. Toujours le regard plongé dans ses tourments, Nela Danielyan prend un moment avant de répondre. « J’espère seulement que, peu importe ce qui arrivera, je pourrai rester arménienne », finit-elle par dire, le trémolo dans la voix, alors qu’elle quitte le centre de dons avec une montagne de couvertures pour elle et sa famille.


Haut-Karabakh : une mission de l'ONU sur place, une première en 30 ans • FRANCE 24 - Octobre 2023

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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