Quatre miracles successifs en Champagne (1859)

par Lumen Dim 24 Mar 2024 - 16:02

Quatre miracles successifs en Champagne (1859)

_____

Le 7 février 1859, l'abbé Titeux, curé de Vrigne-aux-Bois (France, Ardennes) célèbre la messe dans sa petite église. Après la consécration, le prêtre est stupéfait par « l'éclat merveilleux » qui se dégage de l'hostie. Absorbé par ce phénomène, il ne la quitte pas des yeux pendant quelques instants. Soudain, elle se couvre instantanément de « tâches sanglantes ».

Le père Titieux appelle un des enfants de chœur à qui il demande ce qu'il voit. L'enfant lui répond : « Je vois le sang de Notre-Seigneur sur l'hostie ».

Des religieuses suivies de l'institutrice du village et de plusieurs laïcs font la même constatation.

Après un quart d'heure d'interruption, le curé, encore bouleversé, choisit d'achever la cérémonie. Des dizaines de témoins défilent devant le prodige dans les heures qui suivent. L'hostie présente une « empreinte » en forme de croix d'environ 8 cm. Du sang suinte des endroits précis correspondant aux plaies du Christ crucifié. L'archevêque de Reims n'a pas donné suite à l'affaire étant donné que l'hostie avait été consommée depuis lors.

Le miracle se reproduit le vendredi de l'octave de Pâques puis, une troisième fois, le dimanche 8 mai 1859, en la fête du Bon Pasteur.

Le dimanche 15 mai 1859, à la messe de 7 heures, les habitants de Vrigne-aux-bois assistent pour la quatrième fois au même miracle. Ce jour-là, 600 personnes au moins ont constaté le phénomène.

La vieille église paroissiale a été remplacée par un nouvel édifice en 1862, rapidement érigé en basilique mineure, et consacré par l'archevêque diocésain. La quatrième hostie sanglante (celle du 15 mai) y est conservée dans un ostensoir en vermeil placée à l'intérieur du tabernacle de l'autel, dans une chapelle contiguë à la basilique.

Jean-Marie Mathiot, Miracles, signes et prodiges eucharistiques, du début du christianisme à nos jours, Hauteville, Le Parvis, 2018, p. 251-252.

Prions

Bon pasteur, pain véritable, Jésus aie pitié de nous. Nourris-nous, protège-nous, fais-nous voir le bien suprême, dans la terre des vivants. Toi qui sais et qui peux tout, toi notre nourriture d'ici-bas, prends-nous là-haut pour convives et pour héritiers à jamais dans la famille des saints.

Saint Thomas d'Aquin

_________________________________________________________

Jésus ou Barabbas ?

La messe est l’actualisation du sacrifice de la croix : telle est notre foi. Lorsque le pain et le vin, devenus corps et sang de Jésus, sont offerts au Père, c’est le sacrifice du Rédempteur qui est rendu présent. Voilà ce qu’est proprement et essentiellement la messe.

Mais d’une certaine manière, ce n’est pas seulement la mort sur la croix qui est rendue présente : ce sont tous les mystères de la vie de Jésus qui continuent dans l’eucharistie. Pierre-Julien Eymard, l’apôtre de l’adoration, insistait beaucoup sur ce point, invitant les fidèles à « voir dans l’eucharistie Jésus… continuant dans sa vie même ressuscitée l’anéantissement de son incarnation, la pauvreté de sa naissance, l’humilité de sa vie cachée, la bonté de sa vie publique, son amour sur la croix » (RA 17,9).

En ces jours qui nous préparent à la Passion, souvenons-nous d’un épisode en particulier : la libération de Barabbas ; voyons comment Jésus, aujourd’hui, continue ce mystère au Saint Sacrement.

« À chaque fête », raconte saint Matthieu (27,15…21), Pilate « avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Or il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant donc rassemblées, Pilate leur demanda : “Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus, appelé le Christ ? … Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ?” Ils répondirent : “Barabbas !” »

L’innocent est condamné à mort, le criminel est libéré : c’est le sens de la Passion qui nous est ici révélé. L’innocent est condamné à mort, pour que nous, criminels, soyons libérés. Voilà jusqu’où va l’amour de Jésus. « Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile », nous dit saint Paul (Rm. 5,7-8) ; « peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. » Dans l’eucharistie, c’est le même amour qui continue. Le même Jésus qui s’est livré à la mort par amour il y a 2 000 ans se rend présent aujourd’hui dans la sainte hostie : le même Jésus, le même amour, la preuve que Dieu nous aime. Il y a bien une continuité du mystère de la Passion, du point de vue de l’amour de Jésus, dans l’eucharistie.

Mais il y a un autre aspect de cette continuation. Lorsque nous avons communié, nous avons fortifié notre âme dans l’état de grâce dans lequel le baptême nous avait établis. Or, à peine sommes-nous sortis de l’église que le Prince de ce monde nous sollicite : dire du bien ou critiquer (l’homélie, par exemple) ? pardonner ou garder rancune ? donner ou réclamer ? obéir ou n’en faire qu’à sa tête ? Ce Jésus que nous avons reçu nous appelle à devenir des saints : que faisons-nous de Lui, qui habite en nous ? À chaque instant, nous sommes posés face au même choix que la foule de Jérusalem : Jésus ou Barabbas ? Pensons-y !

Cet article vous est proposé en partenariat avec la congrégation des Missionnaires de la Très Sainte Eucharistie , que nous remercions ici.

---