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La question des miracles ds l'église orthodoxe

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La question des miracles ds l'église orthodoxe Empty La question des miracles ds l'église orthodoxe

Message par Francesco Mer 22 Déc 2010 - 1:12

Interview donnée le 9 mars 2010 à Soline Ledésert, Les Inrockuptibles

Quel est le statut des miracles dans la religion orthodoxe?

Tout d’abord je vous fais remarquer qu’il faut dire confession orthodoxe, par opposition à la confession catholique et la confession protestante. Il s’agit en fait des trois principales expressions de la religion chrétienne. Orthodoxes et catholiques se sont séparés lors du grand schisme de 1054, mais ils possèdent un grand fond de traditions communes. Ainsi, ils ont la même perception et interprétation des phénomènes miraculeux, basées en particulier sur le Nouveau Testament, qui témoigne des miracles du Christ, mais aussi de ce commandement qu’il a donné à ses disciples : «Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons» (Lc 9, 1, Mt 10, 1).

Pour les orthodoxes comme pour les catholiques, les miracles sont donc l’effet de la puissance divine manifestée au travers d’intermédiaires: saints hommes, reliques des saints défunts, objets matériels évoquant la sainteté (tombeaux ou vêtements des saints, par exemple). Les icônes, qui sont aussi considérées comme des intermédiaires entre le Chrétien et son Dieu, sont particulièrement à même de remplir cette fonction. Ainsi, le passage entre le monde d’ici-bas et l’au-delà se fait en elles dans les deux sens : en vénérant l’image, le Chrétien trouve un support de son adoration de Dieu et une fenêtre vers l’au-delà; de son côté, la puissance divine peut aussi se manifester à travers elles, par des signes miraculeux.

La présence de l’huile comme élément d’une médecine céleste est fréquente dans l’hagiographie, tant dans les vies de saints orientaux (par exemple: Miracles de Saint Démétrius, 6e-7e siècles, Vie de Saint Nicolas de Myre, 8e-9e siècles) qu’occidentaux (les Sept livres de miracles de Grégoire de Tours, 6e siècle ).

Auriez -vous quelques exemples de miracles historiques chez les Orthodoxes?

Comme il est question d’icône miraculeuse, je vous donnerai quelques exemples de miracles liés à des icônes.

• Miracles de l’icône de la Vierge des Blachernes à Constantinople, à l’époque byzantine. Cette icône est très célèbre. Elle aurait permis aux Byzantins de repousser les Avars en 626, les Arabes, en 717, les Russes, en 864. Elle était d’ailleurs le lieu d’un miracle habituel qui se produisait tous les vendredis. L’église où elle était conservée a été détruite par un incendie en 1434.

• Miracles de la Vierge de Vladimir. Icône byzantine offerte par le patriarche de Constantinople au grand-duc de Kiev en 1131. Aux 14e-15e siècles, elle a sauvé trois fois Moscou: invasion de Tamerlan en 1395, hordes tatares en 1451 et 1480. Elle est aujourd’hui exposée dans un lieu spécial (où le culte est permis et où les fidèles sont toujours présents) de la galerie Tretiakov à Moscou.

• Miracles de la Vierge “à trois mains”. Elle aurait permis la guérison de la main de saint Jean Damascène au 8e siècle. Saint Sabas (mort en 1235) l’aurait ramenée en Serbie après un voyage en Palestine. En 1459 elle fut transportée au monastère de Chilandar au Mont Athos, haut lieu de la spiritualité serbe.

• Miracles de l’icône de l’Annonciation de l’île de Tinos, en Grèce. L’icône, découverte en 1822 à la suite de visions, a donné lieu à l’un des principaux pèlerinages de la Grèce moderne, qui se perpétue jusqu’à nos jours, avec de très nombreuses guérisons constatées par l’Eglise.


Comment comprendre cette actualité: est-ce extrêmement rare, plutôt courant?


Il s’agit d’un phénomène assez courant dans les récits hagiographiques. Je vous renvoie à l’article de Mme Béatrice Caseaux sur Google Books, qui dresse un historique depuis la période du christianisme primitif. Pour résumer, je dirai que l’usage des huiles (parfumées ou non) dans la médecine antique, combiné à la valeur symbolique de l’huile dans le culte chrétien (voir par exemple le sacrement de l’onction, et par extension la pratique de l’onction des malades), a donné lieu à cette perception de l’huile comme une des manifestations de la divinité. L’huile parfumée, comme tout ce qui sent bon d’ailleurs, est une expression de la vie céleste, un effluve venu du Paradis. Il est normal que les huiles parfumées, que les témoins disent avoir vu couler des icônes miraculeuses, soient considérées comme des signes de la divinité.


Ces huiles parfumées ne coulent pas seulement des icônes, mais aussi et surtout des reliques des saints. On a des récits relatant la très grande abondance et répétition de ces écoulements dans certains cas célèbres: à Chypre, en 649-650, on aurait rempli trente jarres de l’huile miraculeuse dégagée par les reliques de saint Epiphane. De même, en 1087, lorsque les marins qui emportèrent les reliques de saint Nicolas à Bari entrèrent dans son tombeau, il apparut que le sarcophage qui contenait ses restes était plein d’huile.



Les larmes d’huile d’olive ont-elles une connotation particulière dans la religion orthodoxe ? Quel sens religieux va t-on donner à ce phénomène ?


Tout d’abord, ce ne sont pas des larmes, mais plutôt le signe d’une bénédiction et d’une joie céleste. Puis cette huile n’est pas considérée comme une huile d’olive, ou de tout autre matière terrestre. Il s’agirait d’un onguent divin, qu’on appelle le myron. Il s’agit d’une huile au parfum très délicat, décrite dans plusieurs récits anciens comme d’une huile sentant les fleurs du Paradis. Le saint ou l’icône qui dégagent cette huile sont qualifiés de myroblytes. Le sens religieux donné à ce phénomène est la manifestation de la grâce divine, une grâce qui est soit prophétique, soit une protection collective ou individuelle. En effet, cette grâce peut concerner une seule personne, une famille ou une communauté monastique, une ville entière, un pays, etc.
[J'ajouterais ici, car j'ai oublié de le signaler dans l'interview, que c'est de ce phénomène que vient l'expression française être en odeur de sainteté.]



Quelle instance orthodoxe est censée se pencher sur ce phénomène pour en attester du caractère miraculeux ou non?


Il n’existe pas dans l’Orthodoxie, contrairement au Catholicisme, une instance particulière chargée de valider ce type de phénomène par une procédure spécifique. Si le phénomène se poursuit et prend de l’ampleur, s’il donne lieu à un culte populaire, qui à son tour trouve des expressions diverses (production d’hymnes, d’icônes, pèlerinages, etc.), si enfin les églises locales intègrent ces expressions du culte populaire dans des célébrations habituelles ou exceptionnelles, alors on peut parler d’une validation officieuse. Mais il est très rare que de pareils phénomènes fassent l’objet d’une validation et d’un culte général dans l’ensemble du monde orthodoxe. Ils restent généralement le fait des Eglises locales (en l’occurrence ici de l’Archevêché grec orthodoxe d’Antioche en Europe occidentale).


Comment comprendre que le patriarche grec orthodoxe se soit déplacé et ait déjà délivré une messe sur les lieux? Est-ce que cet acte équivaut à une reconnaissance officielle ou officieuse du « miracle » en tant que tel?


Le Patriarche grec orthodoxe ne s’est pas déplacé. Il y a confusion et il faut corriger cette erreur. Il s’agit du métropolite Jean Yazigi, de l’archevêché grec orthodoxe d’Antioche en Europe occidentale. Ce métropolite a son siège à Paris, il est donc compréhensible qu’il se soit rendu sur place. Dans le communiqué qu’il a délivré, Mgr Jean Yazigi est resté très vague me semble-t-il. Je le cite : « S’il y a une signification à donner à cette manifestation, c’est que la Sainte Vierge bénit cette famille, comme elle bénit aussi tous les fidèles et les êtres humains». On peut dire que l‘office qu’il a célébré équivaut à un début de reconnaissance officieuse. Mais il faut que le phénomène persiste dans le temps et présente les caractères que j’ai signalés dans ma précédente réponse pour parler vraiment de reconnaissance de la part des instances religieuses.



http://graecorthodoxa.hypotheses.org/540


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