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Enquête sur l’avenir incertain de l’Italie catholique

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Enquête sur l’avenir incertain de l’Italie catholique Empty Enquête sur l’avenir incertain de l’Italie catholique

Message par MichelT Jeu 9 Juin 2011 - 23:05

Enquête sur l’avenir incertain de l’Italie catholique (rediff)

Le 06 août 2010 – Eucharistie Sacrement de la Miséricorde – L’Italie catholique comme “exception” dans le monde sécularisé qu’est l’Europe occidentale et comme modèle pour les autres Églises du continent, voilà un point de référence capital pour les deux derniers papes.

Jean-Paul II l’a dit et écrit plusieurs fois. Par exemple dans la “Grande prière pour l’Italie” de 1994 :

“L’Italie, comme nation, a beaucoup à offrir à toute l’Europe. [...] Conformément à son histoire, l’Italie est spécialement chargée de défendre dans toute l’Europe le patrimoine religieux et culturel transmis à Rome par les apôtres Pierre et Paul“.

Et Benoît XVI déclarait, dans son Discours aux états généraux de l’Église italienne réunis à Vérone, le 19 octobre 2006 :

“L’Italie constitue un terrain très favorable au témoignage chrétien. En effet, l’Église est ici une réalité très vivante, qui conserve une présence ramifiée au sein des populations de tous âges et de toutes conditions. Les traditions chrétiennes sont encore souvent enracinées et continuent à produire des fruits. [...] L’Église et les catholiques italiens sont donc appelés à saisir cette grande opportunité. [...] Si nous savons le faire, l’Église qui est en Italie rendra un grand service non seulement à ce pays, mais également à l’Europe et au monde“.

L’une des données qui prouveraient le maintien et la vitalité du catholicisme en Italie est l’assistance à la messe du dimanche. Depuis plus de trente ans, tous les calculs font apparaître des niveaux d’assistance à la messe très élevés par rapport à d’autres pays d’Europe occidentale : environ 30 % des Italiens affirment assister à la messe tous les dimanches, 20 % disent y aller une à trois fois par mois et encore 30 % déclarent s’y rendre à Noël, à Pâques et aux grandes fêtes.

Rappelons, à titre de comparaison, qu’en France les gens qui disent qu’ils vont à la messe tous les dimanches représentent moins de 5 % de la population.

Mais, à vrai dire, ces données enregistrent l’assistance “déclarée” à la messe, c’est-à-dire celle qui résulte des réponses aux enquêtes.

On en sait beaucoup moins à propos de l’assistance “réelle“, calculée en comptant le nombre de gens qui vont effectivement à la messe.

DEUX ENQUÊTES

En Italie, le nombre de gens effectivement présents à la messe d’un dimanche donné n’a été calculé qu’en deux occasions et à chaque fois dans un seul diocèse. La première fois, un dimanche de novembre 2005, sur le territoire du patriarcat de Venise.
La seconde fois, un dimanche de novembre 2009, dans le diocèse de Piazza Armerina, en Sicile.
L’enquête en Vénétie, menée et analysée par le sociologue Alessandro Castegnaro et le démographe Gianpiero Dalla Zuanna, a en son temps donné lieu à un article sur [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] :

> L’Italie qui va réellement à la messe- les révélations d’une enquête (8.2.2007)

Les deux enquêtes montrent que les pratiquants réels sont moins nombreux que les pratiquants déclarés.

LE CAS DE LA POLOGNE

La Pologne est le seul pays d’Europe et du monde où l’on dispose, à propos de l’assistance effective à la messe, de données portant sur un territoire et un laps de temps importants. Depuis1980, la conférence des évêques de Pologne organise chaque année un “dimanche des statistiques” où, dans tout le pays, une armée de volontaires compte le nombre de fidèles effectivement présents à la messe et le nombre de communions.

En Pologne aussi, on constate un écart. Les données des douze dernières années montrent que si l’assistance déclarée à la messe du dimanche est stable à 56-58 % de la population, le comptage fait apparaître un pourcentage de présence effective le dimanche qui est de 44-47 %.

C’est pourquoi les évêques polonais, lorsqu’ils analysent les données en leur possession, distinguent différents types de catholiques : les “dominicantes“, comme on les appelle en latin, c’est-à-dire les pratiquants réels enregistrés par les comptages, les “pratiquants déclarés”, c’est-à-dire ceux qui se définissent comme tels dans les enquêtes par échantillons, les “pratiquants irréguliers”, qui disent aller à la messe une fois par mois, et enfin les simples baptisés qui, bien que ne pratiquant pas, continuent à se dire catholiques.

Cette classification perçoit donc le catholicisme polonais comme composé de cercles concentriques, avec à l’extérieur une “communauté baptismale” plus vaste et à l’intérieur une “communauté eucharistique” plus restreinte.

Le professeur Introvigne souligne dans son livre que cette dernière distinction a également été adoptée par la conférence des évêques d’Italie dans un programme qu’elle a rédigé en 2001 : “Comunicare il Vangelo in un mondo che cambia“. ?


LE CAS DE LA SICILE

Le diocèse de Piazza Armerina, en Sicile, compte environ 220 000 habitants, dont 3,5 % de non-catholiques, principalement des pentecôtistes et des Témoins de Jéhovah. Entre le samedi 21 novembre 2009 au soir et le lendemain soir, quelque 200 volontaires ont compté les présences et les communions lors des 320 messes célébrées dans tout le diocèse, y compris les messes des néo-catéchumènes et les communions portées aux malades.

Il a ainsi été démontré que, si dans les enquêtes par échantillons 30 % des catholiques disent aller à la messe tous les dimanches, seuls 18,5 % ont été effectivement vus à l’église.

Mais cela ne signifie pas – note le professeur Introvigne – qu’il y ait parmi les premiers des “faux” pratiquants par opposition aux “vrais” pratiquants. Les deux chiffres doivent être replacés dans un ensemble plus vaste, comprenant ceux qui déclarent une pratique religieuse au moins mensuelle, soit 51,4 %, ceux qui se déclarent en tout cas catholiques, soit 92,2 %, et ceux qui s’affirment religieux de manière plus générale, soit 96,7 %.

En effet ces 30 % qui disent qu’ils vont à la messe tous les dimanches, même si en réalité ils n’y vont pas toujours, “indiquent une intention et une aspiration à participer à la messe qui sont très importantes pour toute discussion sur l’identité et l’identification des catholiques”. Sous une forme différente mais bien réelle, les 51,4 % de pratiquants occasionnels se sentent et sont catholiques, eux aussi. De même que ceux qui appartiennent au cercle plus large de la “communauté baptismale”.

Bien entendu, les “dominicantes” pratiquent leur religion plus intensément. 70 % des gens présents aux messes dans le diocèse de Piazza Armerina le jour du comptage ont également communié (alors qu’en Pologne un tiers seulement des gens présents à la messe communie, ce qui est le signe non pas d’une ferveur moindre mais plutôt d’une pastorale différente). De plus, une large majorité d’entre eux affirme se confesser au moins une fois par mois.

Ils forment donc une minorité consistante, au cœur de ces cercles concentriques qui définissent les relations avec la religion catholique et ils confirment le caractère d’exception de l’Italie dans le monde sécularisé qu’est l’Europe occidentale.

Ce que l’on ignore, c’est combien de temps ce caractère exceptionnel durera.

Parce que, pendant ce temps-là, une autre enquête, de grande ampleur, sur l’Italie religieuse fait naître des doutes sérieux sur cette durée.

L’EFFONDREMENT CHEZ LES TRÈS JEUNES

Cette enquête a été menée par le professeur Paolo Segatti de l’Université de Milan pour la revue “Il Regno” qui l’a publiée dans son numéro du 15 mai 2010.

Elle a confirmé la forte empreinte catholique d’une grande partie de la population italienne en ce qui concerne la messe et les sacrements, la foi et la prière, l’auto-identification comme catholique et la confiance en l’Église.

En ce qui concerne la messe, 28 % des interviewés ont dit qu’ils y allaient tous les dimanches, soit un peu moins des 30 % en moyenne enregistrés pour les trente dernières années.

Mais l’enquête a mis en évidence une rupture spectaculaire entre les gens nés après 1981 et les générations précédentes. “On a vraiment l’impression d’observer un autre monde”, écrit le professeur Segatti. “Les très jeunes sont parmi les Italiens les plus étrangers à une expérience religieuse. Ils vont nettement moins à l’église, croient moins en Dieu, prient moins, ont moins confiance en l’Église et considèrent qu’être Italien n’est pas équivalent à être catholique“.

L’effondrement est si net qu’il fait même disparaître les différences de pratique religieuse entre hommes et femmes – ces dernières étant beaucoup plus pratiquantes – caractéristiques des générations précédentes. Chez les très jeunes, les femmes vont très peu à l’église, comme les hommes.

Et Segatti de commenter :

“On entrevoit déjà la future situation de minorité qui sera celle du catholicisme en Italie. On peut penser que, lorsque les enfants de la génération la plus jeune seront parents, ils contribueront à accroître la sécularisation”.

CRISE DE L’ÉDUCATION”

Ce qui vient d’être dit permet de comprendre pourquoi les évêques italiens et le pape Benoît XVI lui-même ont vu dans la “crise de l’éducation” un problème clé pour l’Église italienne d’aujourd’hui. En effet l’éducation inclut aussi la transmission de la foi catholique d’une génération à l’autre.

Un signe très net de cette “crise” est précisément donné par l’effondrement prouvé de la pratique et du “sens” religieux chez les très jeunes.

Et cela bien que 94 % des familles italiennes inscrivent leurs enfants à l’heure de religion et que, dans les écoles de niveau supérieur, 84 % des élèves choisissent d’en bénéficier.

Ce sont des pourcentages exceptionnellement élevés à ces niveaux d’âge. Mais il est clair, au vu des résultats, que ni l’enseignement de la religion à l’école, ni le catéchisme dans les paroisses ne sont à la hauteur du défi. Dans une Église comme l’Église italienne, appelée à servir de modèle aux autres Églises de l’Europe sécularisée.

***

Pour l’identification sociologique du catholique “ordinaire” italien, une analyse du professeur Pietro De Marco : Peu pratiquants et peu virtuoses. Mais ce sont eux qui forment “L’Église du peuple” (11.9.2008)

Le discours-programme de Benoît XVI à l’Église italienne comme modèle pour l’Europe et le monde, lu à Vérone le 19 octobre 2006 : “Je me réjouis d’être avec vous aujourd’hui…”

Parmi les nombreuses interventions de Benoît XVI à propos de la “crise de l’éducation”, la lettre qu’il a remise au diocèse de Rome le 23 février 2008 sur la place Saint-Pierre : “Chers fidèles de Rome…”

Et le message adressé par le pape à la conférence des évêques d’Italie le 4 novembre 2009 : Message de Benoît XVI à la Conférence épiscopale italienne

Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France

Source: Ripoublik

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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