Forum l'Arche de Marie
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

Le pape Benoit XVI n'est pas toujours appuyé par ses collaborateurs

Aller en bas

Le pape Benoit XVI n'est pas toujours appuyé par ses collaborateurs Empty Le pape Benoit XVI n'est pas toujours appuyé par ses collaborateurs

Message par Rémi Jeu 2 Fév 2012 - 15:25


http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350158?fr=y

Crépuscule sans gloire pour le cardinal Bertone

La fuite de lettres d'accusation. L'échec de l'opération sur le San Raffaele. Le secrétaire d'état est de plus en plus seul, dans une curie qu'il ne dirige pas et avec un pape à qui il ne rend pas service

par Sandro Magister




[Extrait de "L'Espresso" n° 6 de 2012]


ROME, le 2 février 2012 – Au Vatican, il n’y a pas de défilés d’"indignés", mais on se bat à coups de papiers. Samedi 28 janvier, le conseil des ministres de la curie romaine a consacré, en présence du pape, une partie de sa réunion à étudier comment endiguer les fuites de documents. Et il ne s’était passé que trois jours depuis la dernière fuite, spectaculaire, portant sur un ensemble de lettres confidentielles adressées à Benoît XVI et au cardinal secrétaire d’état Tarcisio Bertone par celui qui était alors secrétaire général du gouvernorat de la Cité du Vatican et qui est aujourd’hui nonce à Washington, l'archevêque Carlo Maria Viganò.

Ces lettres – ainsi que d’autres documents brûlants qui risquent également de sortir au grand jour, dans les journaux ou à la télévision – constituent un acte d'accusation contre une personnalité bien précise : ce cardinal Bertone qui, au début de la réunion des chefs de dicastère de la curie que l’on vient de citer, a expliqué comment élaborer et publier les documents du Saint-Siège en ne laissant pas se reproduire les accidents qui en ont marqué l’histoire récente. Il faut, a-t-il affirmé, davantage de compétence, davantage de collaboration, davantage de confiance réciproque, davantage de confidentialité.

Benoît XVI a écouté en silence. Il pensait à la pire preuve de mauvaise gestion gouvernementale de la part de la curie dont il ait eu à pâtir depuis qu’il est pape : l’avalanche de protestations qui l’a frappé sans qu’il y ait eu de faute de sa part, au début de 2009, à la suite de la levée de l’excommunication de quatre évêques lefebvristes, dont l’un niait la Shoah. Peu de temps après cet incident, le pape Ratzinger n’avait pas hésité à écrire, dans une lettre ouverte adressée aux évêques du monde entier, qu’il avait reçu davantage de soutien de la part d’"amis juifs" que de beaucoup d’hommes d’Église et de membres de la curie, plus désireux de pratiquer la politique de la terre brûlée autour du pape. Et, à la fin de cette lettre, il avait cité ce terrible avertissement de l’apôtre Paul : "Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres".

Des morsures, il y en a en abondance dans les lettres de Viganò. D’abord quand il était directeur du personnel de la curie vaticane, puis en tant que secrétaire général du gouvernorat, ce prélat lombard septuagénaire s’est attaqué à beaucoup de choses qui ne fonctionnaient pas correctement et il s’est fait un grand nombre d’ennemis. Lorsque, pour commencer, il a imposé à tous les membres de la curie une carte électronique permettant de les identifier et de les localiser, il y a eu une révolte générale au nom de la défense de la vie privée, mais il a tenu bon. À ce moment-là, Bertone était de son côté. Bien plus, il avait assuré à Viganò, passé au gouvernorat, qu’il serait prochainement promu président du gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican et cardinal.

Ce sont là des nominations auxquelles seul le pape peut procéder, mais dont Bertone a l’habitude de s’occuper personnellement avec désinvolture, comme si c’était son affaire. À un moment donné, par exemple, il avait garanti avec tant d’assurance à Mgr Rino Fisichella qu’il allait être promu numéro 2 de la congrégation pour la doctrine de la foi que celui-ci avait préparé son déménagement et congédié son secrétaire, avant de découvrir que le pape avait nommé quelqu’un d’autre.

L'occupation du terrain est une caractéristique constante de l’action du cardinal Bertone, grand amateur de football.

À l’automne 2006, alors qu’il venait tout juste d’être nommé secrétaire d’état, il s’était tout de suite mis au travail pour remanier selon son goût la direction de la conférence des évêques d’Italie (CEI). Afin d’empêcher le cardinal Angelo Scola de succéder au président sortant Camillo Ruini, Bertone avait suscité comme candidat à la présidence un homme de second plan qui serait docile envers lui, le capucin Benigno Papa, archevêque de Tarente. Et il avait tellement insisté à ce sujet que toute la presse italienne avait considéré que c’était une affaire réglée. Il ne manquait plus que le "placet" de Benoît XVI, qui était le seul à pouvoir procéder à cette nomination ; or le pape désigna l’archevêque de Gênes, Angelo Bagnasco.

Mais Bertone ne rentra pas du tout dans le rang. Le jour de la prise de fonctions du nouveau président de la CEI, le 25 mars 2007, il adressa à Bagnasco un message de salutation – qu’il avait entièrement écrit tout seul, sans en parler même au pape – dans lequel il revendiquait pour lui-même, en tant que secrétaire d’état, la «conduite» de l’Église en Italie pour tout ce qui concerne les relations avec les institutions politiques. Il y eut un soulèvement parmi les évêques. Et, depuis ce moment-là, ils n’ont plus cessé de penser que, à chaque occasion, Bertone allait essayer d’empiéter sur leur domaine. L’opposition entre la secrétairerie d’état et la CEI est désormais le refrain obligé de toute analyse de l'action politique de l’Église en Italie.

Même avec Benoît XVI, il arrive fréquemment que Bertone franchisse la ligne jaune. Ratzinger avait pu expérimenter ses talents lorsqu’ils travaillaient tous les deux à la congrégation pour la doctrine de la foi. Il chargeait le dynamique salésien de démêler les écheveaux les plus embrouillés, que ce soit le secret de Fatima ou les bizarreries de l’évêque africain Emmanuel Milingo. Et dans ces deux cas, Bertone avait semblé s’en sortir avec succès, même si, à la longue, les deux affaires ont fini par lui exploser dans les mains : dans le cas de Fatima, à cause de l'accusation jamais éteinte d’avoir tenu cachée une partie du secret et, dans le cas de Milingo, à cause de la fuite rocambolesque du personnage de l’endroit lointain où Bertone l'avait relégué.

C’est un fait que, quand il a nommé Bertone secrétaire d’état, Benoît XVI a pensé qu’il pourrait profiter du dévouement sincère de celui-ci et de son activité infatigable pour le charger de ces tâches pratiques de gestion dont lui, le pape théologien et docteur, souhaitait rester éloigné. Bertone a accepté avec enthousiasme, mais il a interprété sa mission à sa manière. Le pape voyageait peu ? Il s’est mis à parcourir le monde à sa place. Le pape restait penché sur les livres ? Lui s’est mis avec frénésie à couper des rubans, à rencontrer des ministres, à bénir des foules, à faire des discours partout et sur tout.

Le résultat, c’est que la secrétairerie d’état travaille davantage pour le programme d’activités de Bertone que pour celui du pape. Et, dans son programme, le cardinal fait place, toujours en n’en faisant qu’à sa tête, à des opérations parfois très ambitieuses et risquées.

La dernière en date des opérations de ce genre avait pour objectif la conquête du San Raffaele, le pôle hospitalier d'excellence qui a été créé à Milan par un prêtre contesté, le père Luigi Verzé, et qui croule sous un endettement d’un milliard et demi d’euros.

Pour le sauver et l’annexer aux possessions du Saint-Siège, Bertone a effectué au début de l’été dernier une manœuvre foudroyante. Il a lancé une offre de 250 millions d’euros, mis à sa disposition par l'Istituto per le Opere di Religione [IOR], la banque du Vatican, et par un ami génois, l’industriel Vittorio Malacalza. Pendant plusieurs mois, cette offre est restée la seule, sans concurrence, ce qui obligeait le Vatican à tenir sa promesse.

Toutefois, au Vatican, l’autorité suprême, le pape, n’était pas du tout d'accord. Le San Raffaele est un hôpital dans lequel sont utilisées ou conçues des biotechnologies contraires au magistère de l’Église. Sans parler de l'Université Vita-Salute qui lui est rattachée et où enseignent des professeurs qui sont en opposition ouverte avec la pensée catholique, comme Roberta De Monticelli ou Vito Mancuso, Emanuele Severino ou Massimo Cacciari, Edoardo Boncinelli ou Luca Cavalli-Sforza, qui étaient déjà tous sur le pied de guerre pour défendre leur liberté d'enseignement.

Benoît XVI donna donc immédiatement l’ordre de ne pas acheter. Mais c’est comme s’il avait parlé à des sourds. Bertone laissait agir son représentant, le manager hospitalier Giuseppe Profiti, qui était le véritable stratège de l'opération et qui ne voulait en aucun cas renoncer au San Raffaele. Providentiellement, à la fin de l’année, une autre offre, plus élevée - 405 millions d’euros – fut présentée par un groupe hospitalier concurrent, celui de Giuseppe Rotelli, et le Vatican put se retirer du jeu.

Mais avec beaucoup de décombres autour de Bertone. Même certains de ceux qui ont été les plus proches de lui ne le suivent plus. Malacalza est fou furieux de ce qu’il considère comme une volte-face dont il est la victime. Et le banquier qui est à la tête de l’IOR justement parce que Bertone l’a voulu, Ettore Gotti Tedeschi, qui s’était initialement montré disponible pour l’opération, est devenu tout à fait hostile à l'acquisition du San Raffaele, faisant pleinement siennes les réserves du pape.

Dans le domaine administratif et financier, les pouvoirs changent de mains au Vatican. Et c’est le compétent et taciturne cardinal Attilio Nicora qui est la nouvelle star, en sa qualité de président de l'Autorité d’Information Financière (AIF) qui a été créée à la curie, il y a un an, pour permettre au Vatican d’être inscrit sur la "white list" des états ayant les standards les plus élevés en matière de correction et de transparence dans les opérations financières.

Au mois de novembre dernier, le Vatican a reçu la visite de sept inspecteurs de Moneyval, l'organisme international de contrôle des mesures anti-blanchiment. Et leur examen a imposé aux lois du Vatican des modifications encore plus restrictives, que le cardinal Nicora a immédiatement introduites mais qui n’ont pas encore été rendues publiques. Parmi ces modifications, il y a la possibilité pour l'AIF non seulement d’examiner toute opération effectuée par n’importe quel organisme lié au Saint-Siège, y compris l’IOR et le gouvernorat, mais également de punir toute violation par des amendes pouvant aller jusqu’à 2 millions d’euros.

Bertone a fait tout ce qu’il pouvait pour que le pape nomme à la tête de l'AIF non pas Nicora, mais l’un de ses hommes de confiance, l’un des très rares qui soient restés proches de lui, le professeur Giovanni Maria Flick. Cela non plus, il n’a pas réussi à le faire. Sa parabole arrive à sa fin.


Mon site Web : Garde des trois Blancheurs

Pour la défense de notre Église, une, sainte, catholique et apostolique
Rémi
Rémi
Admin
Admin

Masculin Date d'inscription : 08/02/2008
Localisation : Canada, Québec

http://triumcandorumcustodia.org/index.html

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum