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Immigration: Une politique incohérente

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Message par MichelT Mer 4 Déc 2013 - 14:37

Pratique de la perfection chrétienne Alonso Rodriguez

Car quelle communauté religieuse et même quelle société humaine peut jamais se former ou subsister sans union et charité? Ôtez l`union et la liaison de quelque assemblée que ce soit, ce ne sera plus qu`une Babylone ; ce ne sera que confusion et désordre. C`est pourquoi on dit que ou il y a multitude, ce ne sera que désordre et confusion. ( 17 eme siècle)



Une politique incohérente
Malika Sorel-Sutter
Source : La Nef N°254 de décembre 2013


Malika Sorel-Sutter a été membre du collège du Haut Conseil à l’intégration (HCI) et de sa mission « Laïcité ». Elle a publié deux ouvrages remarqués sur l’immigration et l’intégration (1). Elle s’insurge contre l’aveuglement de nos élites sur ces questions dramatiques.

La Nef – Quelle analyse faites-vous des politiques conduites par nos gouvernements successifs en matière d’immigration ?

Malika Sorel-Sutter – Il n’y a pas eu de véritables politiques d’immigration, sises sur une réelle réflexion. Pour le comprendre, il suffit de se replacer en janvier 1981 lorsque Georges Marchais évoquait et détaillait les graves problèmes posés par l’immigration. Il parlait de « cote d’alerte » atteinte et demandait l’arrêt de l’immigration. Replaçons-nous ensuite dix ans plus tard, en 1990, quand le Premier ministre de l’époque, Michel Rocard, expliquait aux élus de l’Assemblée Nationale que la France ne pouvait plus accueillir de flux massifs d’immigrés sans que cela n’hypothèque gravement « l’équilibre social de la nation ». Quelle a été la réponse sur le plan de l’action politique ? Il suffit de consulter les statistiques publiques sur les flux entrants des trente dernières années, ou de lire les différents rapports du Haut Conseil à l’Intégration remis à Matignon, pour comprendre qu’aucune politique d’immigration ni d’intégration digne de ce nom n’a été conduite depuis la sonnette d’alarme tirée par Georges Marchais. Bien sûr il y a eu quelques tentatives, mais elles étaient dérisoires au regard des enjeux et défis.

Comment définir une juste politique de l’immigration ?

Pour éviter de créer de nouveaux problèmes qui viendront s’ajouter à ceux que la France rencontre déjà, il faut commencer par appliquer les recommandations de Georges Marchais. Je ne sais pas ce que vous entendez par le qualificatif de « juste », mais aucun parent ne serait jugé aimant et juste s’il continuait d’adopter de nouveaux enfants alors même qu’il aurait échoué, pour quelque raison que ce soit, à créer une famille, communauté de paix pour ses enfants. L’intégration culturelle a révélé ses limites et les élites continuent pourtant de pousser à l’adoption. Ces élites savent par ailleurs que ceux qui rallient la France sont pour la plupart pauvres et entrent de ce fait en concurrence, sur le plan des politiques sociales et de la solidarité nationale, non seulement avec les Français pauvres, mais aussi, et de plus en plus, avec une partie des classes moyennes, en raison de la crise économique et financière qui déclasse une part croissante de la population française. Avoir créé les conditions d’une guerre des pauvres doublée d’une guerre identitaire ne peut être qualifié de « juste » pour aucune des parties en présence.

Pour quelles raisons l’intégration culturelle a-t-elle échoué ?

Pour de nombreuses raisons. Je vais en citer quelques-unes. Les Français l’ignorent, mais sur le flux transalpin de 1870-1940, seul un Italien sur trois s’est finalement intégré, alors même que les Italiens sont très proches des Français en raison des nombreuses pages d’histoire qu’ils partagent. La religion participe aussi de la culture. Elle a largement façonné les mentalités au long des siècles. Il en va de même pour l’héritage grec, romain, la Renaissance, les Lumières, les révolutions populaires ; toutes ces pages ont nourri les peuples européens, en ont fait ce qu’ils sont devenus. Toute distance culturelle se traduit par une différence de systèmes de principes et de valeurs qui sous-tendent les identités. Plus la distance culturelle est conséquente, plus le processus d’intégration sera difficile. Il était irresponsable de laisser croire que des extra-européens pourraient mieux s’intégrer que des Italiens. Les élites ont menti sur ce point, mais elles ont de surcroît créé les conditions qui ont rendu l’intégration quasi impossible.
: importance des flux migratoires qui ont abouti à la reconstitution des sociétés d’origine sur la terre d’accueil ; évolution des programmes scolaires pour les adapter à l’arrivée massive d’élèves de cultures non européennes quand il eût fallu, au contraire, intensifier la transmission de la langue française, des principes et valeurs, de l’histoire ; adoption d’une posture morale de repentance et de culpabilisation qui a enlaidi, aux yeux des migrants et de leurs enfants, l’image de la France. Peut-on s’intégrer à une France affublée des pires tares ? Non.

En quoi le fait que l’immigration actuelle soit majoritairement musulmane change-t-il le problème ?

Comme je l’ai évoqué précédemment, la distance culturelle est centrale. Si l’immigration de masse avait été d’origine indienne, l’intégration aurait été tout aussi ardue. Les Indiens sont très éloignés des Français ; cela s’observe aussi bien au travers du statut des femmes dans les familles que dans le cloisonnement entre leurs différentes couches sociales. L’intégration des musulmans est un défi difficile à relever parce que les musulmans sont issus de peuples qui ne partagent guère d’héritage culturel avec les Français de souche européenne. Quant aux pages d’histoire commune, elles ont souvent été conflictuelles et n’ont pas été surmontées. La distance culturelle se traduit au quotidien par une conception différente des principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Quant à la laïcité, elle n’est pas un principe organisateur des sociétés sources de l’immigration, sauf pour la Turquie il fut un temps. Au HCI, nous avons été alertés par l’inquiétude des acteurs de terrain suscitée par la poussée de revendications, que ce soit dans les entreprises, les hôpitaux ou les universités. La citoyenneté partagée aura du mal à perdurer en l’absence d’une communauté de principes et de valeurs. Le propos n’est pas de hiérarchiser entre les systèmes de principes et de valeurs, mais seulement de comprendre que l’intégration ne peut être obtenue sans l’adhésion des concernés.

Dans un article récent du Figaro (17 octobre), vous posez la laïcité comme « la digue qui protégeait la France » : mais notre laïcité n’est-elle pas malade d’avoir trop rejeté le religieux ?

Dans la laïcité, il y a deux dimensions. L’une a trait à la séparation des Églises et de l’État, l’autre au fait de reconnaître aux hommes le droit de décider des lois qui régissent leurs relations dans la société qu’ils forment ensemble. La sphère publique est régie par le politique et non par le religieux. Une hiérarchie est instituée et elle recueille l’adhésion d’une écrasante majorité de Français. Cela n’a pas toujours été le cas. La laïcité a été enfantée dans la souffrance et la douleur de siècles d’affrontements. Malheureusement, certains catholiques très pratiquants et les « bouffeurs de curés » – qui ne sont pas légion mais existent encore – n’ont toujours pas pacifié leurs relations. Le temps semble s’être arrêté pour eux, et ils ne sentent pas que le sol tremble de nouveaux sous nos pieds ; la majorité des Français, si. Les enquêtes d’opinion le mettent en évidence, les Français témoignent d’un attachement croissant à la laïcité car ils se remémorent son rôle pacificateur. Si les Coptes avaient pu bénéficier de la laïcité, ils ne vivraient pas la tragédie qui est la leur.
Lorsque le pape va à Lampedusa pour exercer avec force la pression morale qui est la sienne ; lorsqu’il tance les peuples européens pour leur supposé égoïsme, il montre qu’il ne voit dans les pauvres qui fuient la misère de leur patrie que des corps qui souffrent. Il perd de vue que les migrants sont aussi pourvus d’une spiritualité, que la souffrance de l’exil les placera dans une misère morale et les poussera à reconstituer leur communauté spirituelle sur la terre d’accueil sitôt qu’ils s’y trouveront en nombre suffisant. La situation à laquelle tous les pays européens sont à présent confrontés, c’est la cohabitation de plusieurs peuples sur un même territoire. L’Histoire nous montre que de telles cohabitations n’ont jamais été sereines. L’anthropologue Claude Lévi-Strauss, dans sa grande sagesse, recommandait que les peuples se fréquentent mais veillent à maintenir entre eux une distance respectueuse. Les positions adoptées par le pape et par une partie de l’Église de France, sur ce sujet, desservent la paix durable.

Quel devrait être pour vous un « bon » code de la nationalité ?

Un bon code de la nationalité, c’est le code marocain traduit dans le droit français : « La possession d’état de national marocain résulte d’un ensemble de faits publics, notoires et non équivoques, établissant que l’intéressé et ses parents se sont comportés comme des Marocains et ont été regardés comme tels tant par les autorités publiques que par les particuliers. » Le HCI avait rédigé une charte des droits et des devoirs du citoyen français, qui avait été mise en œuvre par le précédent gouvernement. Cette charte guidait les préfectures dans la procédure d’octroi de la nationalité et guidait dans le même temps le requérant pour qu’il sache ce qui est attendu de lui. Au vu de ce qui m’a été donné de lire des documents de réflexion actuellement en circulation au sein des ministères, tout cela n’est plus d’actualité. Le nouveau pouvoir a décidé de tourner le dos au modèle français d’intégration. Or, il ne faut pas perdre de vue que les papiers d’identité sont autant de titres de propriété sur la terre. Si l’octroi ne coïncide pas avec la réussite de l’intégration culturelle, soit l’assimilation, nous nous plaçons, peu à peu, dans une situation semblable à celle d’une Algérie française, qui ne l’a en réalité jamais été.

Comment expliquez-vous que l’on ne fasse rien pour relancer notre démographie déclinante ?

Une part importante de nos élites (politiques, médias, intellectuels, monde des affaires…) agit, et ses actes le démontrent, comme si l’être humain se réduisait à sa part matérielle – son enveloppe charnelle. Lorsqu’un migrant se déplace, nos élites ne voient ni l’esprit, ni l’âme, seulement un corps, et les corps sont perçus comme interchangeables. C’est la raison pour laquelle le déclin démographique est le cadet de leur souci. Pour elles, il suffit d’importer des migrants et le problème de la natalité européenne est réglé. Je m’en suis rendu compte dans des réunions auxquelles j’ai pu assister, y compris en présence de responsables d’instances politiques européennes. Malgré les apparences, notre époque a tourné le dos aux Lumières et à leur humanisme. Nous sommes à l’heure d’une barbarie qui ne dit pas son nom, qui ne se voit pas car elle n’est pas sanguinaire, qui réduit l’homme à l’état d’objet dénué de sensibilité, et vierge de toute l’histoire qui l’a précédé et dont il peut être l’héritier.

Propos recueillis par Christophe Geffroy

(1) Malika Sorel-Sutter, Immigration, Intégration : le langage de la vérité, Mille et une Nuits, 2011, 288 pages, 18,30 e ; et Le puzzle de l’intégration. Les pièces qui vous manquent, Mille et une Nuits, 2007, 270 pages, 14,20 e.

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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