LES ENSEIGNEMENTS ( chrétiens) D'ANNE DE FRANCE ( Anne de Beaujeu) A SA FILLE SUSANNE DE BOURBON.
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LES ENSEIGNEMENTS ( chrétiens) D'ANNE DE FRANCE ( Anne de Beaujeu) A SA FILLE SUSANNE DE BOURBON.
LES ENSEIGNEMENTS D'ANNE DE FRANCE ( Anne de Beaujeu) A SA FILLE SUSANNE DE BOURBON.
(France vers l`an 1500 - Extraits)
Le roi de France Louis XI préside le chapitre de l`ordre de St-Michel Archange
Anne de France plus connue sous le patronyme d’Anne de Beaujeu, naquit à Genappe (Belgique) en 1461. Fille aînée de Louis XI, elle est fiancée très jeune au futur duc de Lorraine qui décède en 1473. Après le décès de Nicolas de Lorraine, c’est Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, de 23 ans son aîné, qu’elle épousera en 1474.
A la mort de son père, elle prend la régence du royaume pendant la minorité de son frère, le futur Charles VIII. De 1483 à 1491, elle exerce la régence avec son mari, devenu duc de Bourbon en 1488 à la mort de son frère Jean II de Bourbon.
A SA CHÈRE ET AIMÉE FILLE ISABELLE, REINE DE NAVARRE, SALUT ET AMOUR DE PÈRE
1. Chère fille, pour ce que je pense que vous retiendrez plus volontiers de moi, pour l'amour que vous avez de moi, que vous ne feriez de plusieurs autres, j'ai pensé vous faire quelques enseignements écrits de ma main.
2. Chère fille, je vous enseigne que vous aimiez Notre-Seigneur de tout votre cœur et de tout votre pouvoir car sans cela nul ne peut rien valoir, et nulle chose ne peut être bien aimée, ni si droiturièrement, ni si profitablement. C'est le Seigneur a qui toute créature peut dire Sire, vous êtes mon Dieu, vous n'avez besoin de nul de mes biens. C'est le Seigneur qui envoya son Fils sur terre, et le livra a la mort, pour nous délivrer de la mort d'enfer.
3. Chère fille, si vous l'aimez, le profit en sera votre. Bien est la créature hors du bon chemin qui met l'amour de son cœur, sinon en lui ou sur lui.
4. Chère fille, la mesure dont nous le devons aimer, c'est de l'aimer sans mesure, il a bien mérité que nous l'aimions, car il nous aima le premier. Je voudrais que vous sussiez bien penser aux œuvres que le béni fils de Dieu fit pour notre rédemption.
5. Chère fille, ayez grandement à cœur comment vous lui pourriez davantage plaire, et mettez grande attention éviter toutes les choses que vous penserez qui lui doivent déplaire. Et spécialement vous devez avoir cette volonté, que vous ne feriez péché mortel pour nulle chose qui pût advenir, et que vous vous laisseriez plutôt les membres couper, et la vie ôter par cruel martyre, que de faire volontairement le péché mortel.
6. Chère fille accoutumez-vous à vous confesser souvent, et choisissez toujours des confesseurs qui soient de sainte vie et de suffisante instruction, par qui vous soyez enseignée et instruite des choses que vous devez éviter, et des choses que vous devez faire. Et montrez-vous telle que vos confesseurs et vos autres amis vous osent enseigner et reprendre.
7. Chère fille, prenez plaisir à entendre l'office divin, et quand vous serez à l'église, gardez-vous de muser ( flâner) et de dire vaines paroles. Dites vos prières avec recueillement, soit de bouche soit en pensée, et spécialement, dès l'instant où le corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ sera présent à la messe, soyez recueillie et plus fervente dans vos prières.
8. Chère fille, prenez plaisir à entendre la parole de Notre-Seigneur, soit en sermons soit en causeries familières, toutefois évitez les causeries familières, sinon avec gens très éminents en bonté et sainteté. Gagnez volontiers les pardons.
9. Chère fille, si vous avez aucune affliction ( malheurs) soit de maladie, ou d'autre chose en quoi vous ne puissiez remédier par conseil en bonne manière, souffrez le débonnairement, et en remerciez Notre-Seigneur, et lui en sachez bon gré, car vous devez penser que c'est pour votre bien. Et devez penser que vous l'avez bien mérité, et plus s'il voulait, parce que vous l'avez peu aimé et peu servi, et que vous avez fait maintes choses contre sa volonté.
10. Si vous avez quelque heureuse chance ou de santé de corps ou d'autre chose, remerciez en Notre-Seigneur humblement, et lui en bon gré, et prenez bien garde que pour cela vous ne deveniez pire soit par orgueil soit par autres aveuglement. Car c'est bien grand péché que de faire la guerre contre Notre Seigneur en utilisant ses dons.
11. Si vous avez aucun malaise, soit de cœur ou d'autre chose, dites-le à votre confesseur, ou quelque autre personne que vous saurez loyale et capable de
bien garder votre secret, afin de le pouvoir supporter plus aisément, si c'est chose que vous ne puissiez dire.
12. Chère fille, ayez le cœur touché de pitié pour toutes gens que vous entendrez être dans le malheur, soit de cœur soit de corps, et les secourez volontiers, soit de consolations qui les réconfortent, soit de quelque aumônes selon que vous le pourrez mieux faire.
13. Chère fille, aimez toutes bonnes gens, soit de religion, soit du siècle, par qui vous entendrez que Notre-Seigneur est honoré et servi. Aimez et secourez les pauvres, et surtout ceux qui pour l'amour de Notre-Seigneur se sont mis à pauvreté.
14. Chère fille, veillez selon votre pouvoir, à ce que les femmes et autres gens de service. qui ont avec vous les rapports les plus intimes et les plus secrets, soient de bonne vie et sainte, et fuyez de tout votre pouvoir toutes gens de mauvaise réputation.
15. Chère fille, obéissez humblement votre mari, votre père et votre mère. Dans les choses qui sont selon Dieu, vous le devez faire volontiers pour l'amour que vous avez à eux et bien plus encore pour l'amour de Notre-Seigneur, qui ainsi l'a ordonné à chacun, selon qu'il appartient; contre Dieu vous ne devez obéir à personne.
16. Chère fille, mettez grand peine à être si parfaite, que ceux qui entendront parler de vous, et vous verront, y puissent prendre bon exemple. Il me semble qu'il est bon que vous n'ayez trop grand nombre de robes ensemble, ni de joyaux, selon l'état où vous êtes au contraire, il me semble mieux que vous en fassiez vos aumônes, au moins de ce
qui trop de votre superflu et que vous ne mettiez ni trop de temps ni trop d'étude vous parer ni à vous atourner. Et prenez garde qu'il n'y ait aucun excès en vos atours (habillements) mais toujours par choix incliner, plutôt vers le moins que vers le plus.
17. Chère fille, ayez en vous un ferme propos, sans vous en départir jamais je veux dire de savoir comment vous pourrez toujours plaire de plus en plus à Notre-Seigneur, et mettez-vous bien dans le cœur ceci, que quand même vous seriez certaine de n'être jamais ni récompensée du bien, ni punie du mal que vous auriez fait, vous n'en devriez pas moins vous garder de faire chose qui put déplaire à Notre-Seigneur, et vous efforcer selon vos moyens, de faire les choses qui lui pourraient plaire, tout simplement.
18. Chère fille, recherchez volontiers prières de bonnes gens, et m'en faites part.
19. Et s'il advient qu'il plaise à Notre-Seigneur que je trépasse de cette vie avant vous, je vous prie de fonder messes oraisons et autres bonnes œuvres pour le salut de mon Âme.
20. Que notre Seigneur Dieu vous fasse bonne en toutes choses autant que je le désire, et plus encore que je ne saurais désirer. Amen
Anne de Beaujeu
(France vers l`an 1500 - Extraits)
Le roi de France Louis XI préside le chapitre de l`ordre de St-Michel Archange
Anne de France plus connue sous le patronyme d’Anne de Beaujeu, naquit à Genappe (Belgique) en 1461. Fille aînée de Louis XI, elle est fiancée très jeune au futur duc de Lorraine qui décède en 1473. Après le décès de Nicolas de Lorraine, c’est Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, de 23 ans son aîné, qu’elle épousera en 1474.
A la mort de son père, elle prend la régence du royaume pendant la minorité de son frère, le futur Charles VIII. De 1483 à 1491, elle exerce la régence avec son mari, devenu duc de Bourbon en 1488 à la mort de son frère Jean II de Bourbon.
A SA CHÈRE ET AIMÉE FILLE ISABELLE, REINE DE NAVARRE, SALUT ET AMOUR DE PÈRE
1. Chère fille, pour ce que je pense que vous retiendrez plus volontiers de moi, pour l'amour que vous avez de moi, que vous ne feriez de plusieurs autres, j'ai pensé vous faire quelques enseignements écrits de ma main.
2. Chère fille, je vous enseigne que vous aimiez Notre-Seigneur de tout votre cœur et de tout votre pouvoir car sans cela nul ne peut rien valoir, et nulle chose ne peut être bien aimée, ni si droiturièrement, ni si profitablement. C'est le Seigneur a qui toute créature peut dire Sire, vous êtes mon Dieu, vous n'avez besoin de nul de mes biens. C'est le Seigneur qui envoya son Fils sur terre, et le livra a la mort, pour nous délivrer de la mort d'enfer.
3. Chère fille, si vous l'aimez, le profit en sera votre. Bien est la créature hors du bon chemin qui met l'amour de son cœur, sinon en lui ou sur lui.
4. Chère fille, la mesure dont nous le devons aimer, c'est de l'aimer sans mesure, il a bien mérité que nous l'aimions, car il nous aima le premier. Je voudrais que vous sussiez bien penser aux œuvres que le béni fils de Dieu fit pour notre rédemption.
5. Chère fille, ayez grandement à cœur comment vous lui pourriez davantage plaire, et mettez grande attention éviter toutes les choses que vous penserez qui lui doivent déplaire. Et spécialement vous devez avoir cette volonté, que vous ne feriez péché mortel pour nulle chose qui pût advenir, et que vous vous laisseriez plutôt les membres couper, et la vie ôter par cruel martyre, que de faire volontairement le péché mortel.
6. Chère fille accoutumez-vous à vous confesser souvent, et choisissez toujours des confesseurs qui soient de sainte vie et de suffisante instruction, par qui vous soyez enseignée et instruite des choses que vous devez éviter, et des choses que vous devez faire. Et montrez-vous telle que vos confesseurs et vos autres amis vous osent enseigner et reprendre.
7. Chère fille, prenez plaisir à entendre l'office divin, et quand vous serez à l'église, gardez-vous de muser ( flâner) et de dire vaines paroles. Dites vos prières avec recueillement, soit de bouche soit en pensée, et spécialement, dès l'instant où le corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ sera présent à la messe, soyez recueillie et plus fervente dans vos prières.
8. Chère fille, prenez plaisir à entendre la parole de Notre-Seigneur, soit en sermons soit en causeries familières, toutefois évitez les causeries familières, sinon avec gens très éminents en bonté et sainteté. Gagnez volontiers les pardons.
9. Chère fille, si vous avez aucune affliction ( malheurs) soit de maladie, ou d'autre chose en quoi vous ne puissiez remédier par conseil en bonne manière, souffrez le débonnairement, et en remerciez Notre-Seigneur, et lui en sachez bon gré, car vous devez penser que c'est pour votre bien. Et devez penser que vous l'avez bien mérité, et plus s'il voulait, parce que vous l'avez peu aimé et peu servi, et que vous avez fait maintes choses contre sa volonté.
10. Si vous avez quelque heureuse chance ou de santé de corps ou d'autre chose, remerciez en Notre-Seigneur humblement, et lui en bon gré, et prenez bien garde que pour cela vous ne deveniez pire soit par orgueil soit par autres aveuglement. Car c'est bien grand péché que de faire la guerre contre Notre Seigneur en utilisant ses dons.
11. Si vous avez aucun malaise, soit de cœur ou d'autre chose, dites-le à votre confesseur, ou quelque autre personne que vous saurez loyale et capable de
bien garder votre secret, afin de le pouvoir supporter plus aisément, si c'est chose que vous ne puissiez dire.
12. Chère fille, ayez le cœur touché de pitié pour toutes gens que vous entendrez être dans le malheur, soit de cœur soit de corps, et les secourez volontiers, soit de consolations qui les réconfortent, soit de quelque aumônes selon que vous le pourrez mieux faire.
13. Chère fille, aimez toutes bonnes gens, soit de religion, soit du siècle, par qui vous entendrez que Notre-Seigneur est honoré et servi. Aimez et secourez les pauvres, et surtout ceux qui pour l'amour de Notre-Seigneur se sont mis à pauvreté.
14. Chère fille, veillez selon votre pouvoir, à ce que les femmes et autres gens de service. qui ont avec vous les rapports les plus intimes et les plus secrets, soient de bonne vie et sainte, et fuyez de tout votre pouvoir toutes gens de mauvaise réputation.
15. Chère fille, obéissez humblement votre mari, votre père et votre mère. Dans les choses qui sont selon Dieu, vous le devez faire volontiers pour l'amour que vous avez à eux et bien plus encore pour l'amour de Notre-Seigneur, qui ainsi l'a ordonné à chacun, selon qu'il appartient; contre Dieu vous ne devez obéir à personne.
16. Chère fille, mettez grand peine à être si parfaite, que ceux qui entendront parler de vous, et vous verront, y puissent prendre bon exemple. Il me semble qu'il est bon que vous n'ayez trop grand nombre de robes ensemble, ni de joyaux, selon l'état où vous êtes au contraire, il me semble mieux que vous en fassiez vos aumônes, au moins de ce
qui trop de votre superflu et que vous ne mettiez ni trop de temps ni trop d'étude vous parer ni à vous atourner. Et prenez garde qu'il n'y ait aucun excès en vos atours (habillements) mais toujours par choix incliner, plutôt vers le moins que vers le plus.
17. Chère fille, ayez en vous un ferme propos, sans vous en départir jamais je veux dire de savoir comment vous pourrez toujours plaire de plus en plus à Notre-Seigneur, et mettez-vous bien dans le cœur ceci, que quand même vous seriez certaine de n'être jamais ni récompensée du bien, ni punie du mal que vous auriez fait, vous n'en devriez pas moins vous garder de faire chose qui put déplaire à Notre-Seigneur, et vous efforcer selon vos moyens, de faire les choses qui lui pourraient plaire, tout simplement.
18. Chère fille, recherchez volontiers prières de bonnes gens, et m'en faites part.
19. Et s'il advient qu'il plaise à Notre-Seigneur que je trépasse de cette vie avant vous, je vous prie de fonder messes oraisons et autres bonnes œuvres pour le salut de mon Âme.
20. Que notre Seigneur Dieu vous fasse bonne en toutes choses autant que je le désire, et plus encore que je ne saurais désirer. Amen
Anne de Beaujeu
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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