L'immigration, l'Église et l'Occident
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L'immigration, l'Église et l'Occident
L'immigration, l'Église et l'Occident.
Une interview d'Ettore Gotti Tedeschi. Loin de la langue de bois, sur un sujet tabou (23/2/2017) (Source: Benoît et moi 2017)
Dans un récent billet que j'ai traduit ici (Vers une nouvelle religion?), Antonio Socci évoquait le Huitième rapport sur la doctrine sociale de l'Église dans le monde, de l'Observatoire Cardinal Van Thuan publié dans un livre intitulé “Il caos delle migrazioni, le migrazioni nel caos” , et en particulier la contribution d'Ettore Gotti Tedeschi.
L'ex-banquier de l'IOR est interviewé à ce sujet dans la revue mensuelle en ligne "Formiche". Et ce qu'il dit n'est pas vraiment politiquement correct... Dommage qu'on n'entende pas plus souvent des propos de ce genre en France.
L'immigration, l'Église et l'Occident.
Ettore Gotti Tedeschi parle
Giovanni Bucchi
20 février 2017
formiche.net
* * *
L'ex-banquier de l'IOR explique à que les causes réelles de la migration ne sont pas d'ordre économique
Les raisons économiques ne suffisent pas à expliquer l'immigration de masse. C'est un phénomène «prévu et voulu pour modifier la structure sociale et religieuse de notre civilisation, concrètement, pour redimensionner le catholicisme». Ce sont les mots écrit noir sur blanc par Ettore Gotti Tedeschi dans le « Huitième rapport sur la Doctrine Sociale de l'Eglise dans le monde», présenté par l'Observatoire international Cardinal Van Thuan sur le thème de l'immigration. L'économiste et banquier catholique, ex-président de l'IOR, a confié à un court essai son évaluation qui, après la présentation du rapport à Rome, a suscité quelques critiques mais aussi des commentaires positifs.
- Gotti Tedeschi, dans votre intervention, vous parlez d'une «correction fraternelle» à certaines institutions de l'Église qui n'auraient pas compris le problème de l'immigration. En quoi consiste cette correction?
-- J'étais préoccupé par le zèle humanitaire plein d'émotivité qui tend à ignorer les chiffres du phénomène et n'affronte pas les causes du problème. On pourrait dire en effet qu'il y a trois «tabous» qu'aujourd'hui, on ne peut pas ou ne veut pas traiter de façon rationnelle et globale: le problème de la natalité, de l'environnement et des migrations. Il semblerait qu'il y ait une volonté supérieure répandue et imposée, qui ne veut pas que ces trois tabous soient discutés. Tout comme on dirait qu'il y a des "contrôleurs" prêts à utiliser tous les moyens, y compris l'intimidation, afin que sur ces tabous, on accepte une pensée unique: assez de naissances parce que l'homme détruit l'environnement, facilitons donc l'immigration parce que c'est la meilleure solution. Il y a beaucoup de points obscurs sur les trois tabous, mais pour ne pas nous écarter du sujet, il est bon de savoir que les données et les informations sur l'immigration régulière sont influencées par des accords, ou par un "chantage économique" avec les pays de provenance des migrations. Les données et les informations sur l'immigration clandestine sont encore moins claires; pensons que les débarquements illégaux en Italie en 2016 (181436) étaient quarante fois supérieurs à ceux de 2010 (4406). Et nous nous rendons compte que le phénomène de l'immigration clandestine est en augmentation et hors de contrôle. En 2015, le statut de réfugié a été reconnu dans seulement 5% des cas, 36% ont reçu une aide humanitaire et 59% ont été refusés, mais personne ne sait où ils sont. Et il s'agit de plus de 100 mille personnes (sur 153842 débarqué). En 2016, le chiffre a augmenté, 181436 personnes sont arrivées par mer (18% de plus qu'en 2015) et les irréguliers expulsés raccompagnés vers leur pays d'origine étaient seulement 5%. Dans la pratique, l'immigration dite irrégulière se développe à un rythme de 100 mille unités par an, et les pays voisins refusent les expatriés. Ce sont des chiffres fournis par le Haut Commissaire des Nations Unies sur les réfugiés.
- Pourquoi les raisons économiques ne suffisent-elles pas pour expliquer le phénomène migratoire?
-- Le phénomène migratoire est expliqué, ou plutôt laissé à deviner, avec trois causes principales: les conflits, la pauvreté, le besoin de main-d'œuvre. Il est évident que ces trois causes existent, mais par quoi elles s'expliquent, et si elles peuvent être résolues, est rarement discuté. Prenons la première, les conflits. Jusqu'à il y a une dizaine d'années, ils étaient "éteints" pratiquement dans l'oeuf; par la suite, on dirait qu'ils ont été tolérés (ou même causés, pensons à la Libye), tandis que les ventes d'armes à plusieurs pays augmentaient et on pense que ces armes peuvent avoir servi à Daesch. Les conflits qui ont généré les migrations pouvaient-ils être étouffés, oui ou non? Prenons la deuxième causse, la croissance de la pauvreté. Le problème ne semble pas si vrai, si l'on regarde les flux migratoires. Ceux provenant de pays en difficultés économiques réelles représentent entre 5 et 10%. Mais il est important de noter que cette pauvreté est également due à nos manquements au cours des dix dernières années. Qu'on voie les conclusions du fameux G8 pour l' Afrique, où nous nous sommes engagés à soutenir les investissements et les exportations des pays pauvres; qu'avons-nous fait? Pratiquement rien. Enfin, le besoin de main-d'œuvre; le déficit (gap) de population dû à l'effondrement démographique rend-il les migrations nécessaires? Mais qui, ou quoi, a provoqué ce déficit qu'aujourd'hui on prétend gérer? Qui a imposé la baisse du taux de natalité en Occident et prévoit maintenant de le compenser par l'immigration? À une époque de crise économique, avec un taux de chômage dans notre pays comme l'actuel? Avec un coût de l'accueil si onéreux pour notre budget?
J'ai parlé de la nécessité de clarifier les causes réelles du problème, qui sinon ne sera pas résolu et même s'aggravera. Les doutes à propos du fait qu'on veut ignorer ces causes réelles résident aussi dans la confusion qui règne en Europe. Se peut-il qu'on n'ait jamais réfléchi au fait que les migrants sont principalement des jeunes en bonne santé? Les moins jeunes ne craindraient-ils pas les conflits et la faim?
- Venons-en au fait. Vous avez écrit qu'il y a un plan pour «redimensionner le catholicisme», vous avez parlé d'un projet de re-ingéniérisation gnostique mondial qui a un ennemi déclaré: l'Eglise catholique, et vous l'avez fait en citant le secrétaire de l'ONU Ban Ki-moon et le Rapport Kissinger de 1974 [NSSM200] (*). Pourquoi l'Eglise catholique est-elle la cible?
-- Je pense que le phénomène des migrations est l'une des (pires) conséquences des échecs de ce qu'on appelle Nouvel ordre économique mondial, instauré dans les années soixante-dix pour réguler le nécessaire processus de la mondialisation. J'invite à réfléchir sur le fait que tous les objectifs du Nouvel Ordre, non seulement ne sont pas réalisés, mais il s'est produit exactement le contraire: on voulait éteindre toutes les causes des conflits, les inégalités, la pauvreté, l'intolérance religieuse, le totalitarisme, et c'est le résultat opposé qui s'est produit, incluant un processus de migration forcée. Le vrai grand «succès» du Nouvel Ordre est d'avoir créé une crise économique mondiale, à son tour origine d'autres conséquences néfastes. Nous devons aussi reconnaître qu'il y a eu un autre «vrai succès»: celui lié au processus déclaré de relativisation des croyances religieuses, visant à la laïcisation de celles-ci, avec comme conséquences l'effondrement des valeurs morales et les changements au sein de l'Eglise catholique. Si nous regardons les conséquences de ces faits observés, on ne peut pas ne pas réfléchir au risque (pour certains) ou à l'opportunité (pour d'autres) d'un processus de ré-ingéniérie socio-religieuse [l'ingénierie sociale est une pratique visant à modifier à grande échelle certains comportements de groupes sociaux, ndt] certainement inspirée, et je dirais même gérée. Si nous avions la patience d'aller relire les déclarations faites par des leaders internationaux dans les quarante dernières années, nous trouverions matière d'analyse sur le fait que «rien n'arrive par hasard». Nous ne parlons pas de théories du complot, nous parlons de faits.
- En lisant votre essai, on pourrait penser que l'Église catholique, qui est la cible d'attaque, ne comprend pas ce qui se passe. C'est le cas?
-- Le catholicisme est une foi absolue et dogmatique qui exige des devoirs envers le Créateur. Le monde laïciste ne tolère pas ces «devoirs». Voyez-vous, le projet du Nouvel Ordre Mondial prévoyait plus d'objectifs stratégiques, allant du contrôle des naissances aux nouveaux paradigmes éthiques pour les confessions religieuses les plus dogmatiques, afin d'avoir une grande religion universelle. Au cours des quarante dernières années, on n'a rien fait d'autre que discuter de nouveaux objectifs pour l'humanité, puis nous avons eu le 11 Septembre et tout a changé, on a géré l'urgence de façon opportuniste ... On a bien fait comprendre que les droits civils que méritait le monde n'avait rien à voir avec ceux enseignées par la morale catholique, au point que le directeur général de l'Organisation Mondiale de la Santé est allé jusqu'à expliquer que l'éthique chrétienne ne devrait plus être appliquées à l'avenir. Et Obama en 2009 a déclaré que la santé est le bien-être bio-psycho-social, d'où feu vert pour l'avortement sans restriction, l'euthanasie grâve à la limitation des soins, le déni du droit [d'objection] de conscience. Il était évident que le catholicisme était attaqué, non? Ensuite, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, dans son discours historique devant les chefs religieux à New York en 2000, est allé jusqu'à parler de syncrétisme religieux pour créer une nouvelle religion universelle, expliquant que les processus d'immigration aideraient à ce projet ...
- L'Église est restée à regarder?
-- Je ne me permets pas de critiquer les institutions religieuses, ni le Pape; que pourrait dire d'autre le Pape, sinon exhorter à la charité? Eventuellement, je reste perplexe face à des déclarations faites par des membres éminents d'institutions qui semblent vouloir ignorer les causes et faire des propositions génériquement humanitaires, indépendamment de ces causes. Avez-vous déjà vu résoudre un problème en agissant sur les effets plutôt que les causes? Comment peut-on penser résoudre les problèmes de misère matérielle et sociale sans résoudre d'abord les problèmes moraux? Mais ces illustres ecclésiastiques, ont-ils lu et médité sur Caritas in Veritate et Lumen Fidei ? Et puis je trouve déplacé d'utiliser des considérations moralo-humanitaires en faisant référence au sacré.
- Certains vous ont attaqué en disant que vos théories vont à l'encontre du message du Pape François et se rapprochent des thèses de Trump et de Salvini [leader de la Ligue du Nord]. Comment réagissez-vous?
-- Vous aurez remarqué que depuis un certain temps dans notre pays deux sports se sont développés: l' «interprétation du Saint-Père» et la «chasse aux dissidents» (réels ou inventés) de la pensée du pape. Manquant d'arguments, on invente des similitudes évocatrices et offensantes.
NDT
(*) Le document "NSSM 200", connu sous le nom de Rapport du National Security Council ou de Rapport Kissinger, a pour titre Implications of Worldwide Population Growth for U.S. Security and Overseas Interests. Il a été élaboré en 1974 à la demande d'Henry Kissinger, alors Secrétaire d'État, et a été rendu public quinze ans plus tard. Il offre des lumières troublantes sur le rôle des États-Unis dans la contention de la natalité. Tenu secret jusqu'en 1989, ce rapport estime indispensable pour la sécurité des États-Unis, de mettre en oeuvre une politique de contrôle démographique dans les pays du tiers-monde. À côté de la pilule et de la stérilisation, mention est également faite de l'avortement (source).
[Il est difficile d'en trouver des traces sur Internet].
Une interview d'Ettore Gotti Tedeschi. Loin de la langue de bois, sur un sujet tabou (23/2/2017) (Source: Benoît et moi 2017)
Dans un récent billet que j'ai traduit ici (Vers une nouvelle religion?), Antonio Socci évoquait le Huitième rapport sur la doctrine sociale de l'Église dans le monde, de l'Observatoire Cardinal Van Thuan publié dans un livre intitulé “Il caos delle migrazioni, le migrazioni nel caos” , et en particulier la contribution d'Ettore Gotti Tedeschi.
L'ex-banquier de l'IOR est interviewé à ce sujet dans la revue mensuelle en ligne "Formiche". Et ce qu'il dit n'est pas vraiment politiquement correct... Dommage qu'on n'entende pas plus souvent des propos de ce genre en France.
L'immigration, l'Église et l'Occident.
Ettore Gotti Tedeschi parle
Giovanni Bucchi
20 février 2017
formiche.net
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L'ex-banquier de l'IOR explique à
Les raisons économiques ne suffisent pas à expliquer l'immigration de masse. C'est un phénomène «prévu et voulu pour modifier la structure sociale et religieuse de notre civilisation, concrètement, pour redimensionner le catholicisme». Ce sont les mots écrit noir sur blanc par Ettore Gotti Tedeschi dans le « Huitième rapport sur la Doctrine Sociale de l'Eglise dans le monde», présenté par l'Observatoire international Cardinal Van Thuan sur le thème de l'immigration. L'économiste et banquier catholique, ex-président de l'IOR, a confié à un court essai son évaluation qui, après la présentation du rapport à Rome, a suscité quelques critiques mais aussi des commentaires positifs.
- Gotti Tedeschi, dans votre intervention, vous parlez d'une «correction fraternelle» à certaines institutions de l'Église qui n'auraient pas compris le problème de l'immigration. En quoi consiste cette correction?
-- J'étais préoccupé par le zèle humanitaire plein d'émotivité qui tend à ignorer les chiffres du phénomène et n'affronte pas les causes du problème. On pourrait dire en effet qu'il y a trois «tabous» qu'aujourd'hui, on ne peut pas ou ne veut pas traiter de façon rationnelle et globale: le problème de la natalité, de l'environnement et des migrations. Il semblerait qu'il y ait une volonté supérieure répandue et imposée, qui ne veut pas que ces trois tabous soient discutés. Tout comme on dirait qu'il y a des "contrôleurs" prêts à utiliser tous les moyens, y compris l'intimidation, afin que sur ces tabous, on accepte une pensée unique: assez de naissances parce que l'homme détruit l'environnement, facilitons donc l'immigration parce que c'est la meilleure solution. Il y a beaucoup de points obscurs sur les trois tabous, mais pour ne pas nous écarter du sujet, il est bon de savoir que les données et les informations sur l'immigration régulière sont influencées par des accords, ou par un "chantage économique" avec les pays de provenance des migrations. Les données et les informations sur l'immigration clandestine sont encore moins claires; pensons que les débarquements illégaux en Italie en 2016 (181436) étaient quarante fois supérieurs à ceux de 2010 (4406). Et nous nous rendons compte que le phénomène de l'immigration clandestine est en augmentation et hors de contrôle. En 2015, le statut de réfugié a été reconnu dans seulement 5% des cas, 36% ont reçu une aide humanitaire et 59% ont été refusés, mais personne ne sait où ils sont. Et il s'agit de plus de 100 mille personnes (sur 153842 débarqué). En 2016, le chiffre a augmenté, 181436 personnes sont arrivées par mer (18% de plus qu'en 2015) et les irréguliers expulsés raccompagnés vers leur pays d'origine étaient seulement 5%. Dans la pratique, l'immigration dite irrégulière se développe à un rythme de 100 mille unités par an, et les pays voisins refusent les expatriés. Ce sont des chiffres fournis par le Haut Commissaire des Nations Unies sur les réfugiés.
- Pourquoi les raisons économiques ne suffisent-elles pas pour expliquer le phénomène migratoire?
-- Le phénomène migratoire est expliqué, ou plutôt laissé à deviner, avec trois causes principales: les conflits, la pauvreté, le besoin de main-d'œuvre. Il est évident que ces trois causes existent, mais par quoi elles s'expliquent, et si elles peuvent être résolues, est rarement discuté. Prenons la première, les conflits. Jusqu'à il y a une dizaine d'années, ils étaient "éteints" pratiquement dans l'oeuf; par la suite, on dirait qu'ils ont été tolérés (ou même causés, pensons à la Libye), tandis que les ventes d'armes à plusieurs pays augmentaient et on pense que ces armes peuvent avoir servi à Daesch. Les conflits qui ont généré les migrations pouvaient-ils être étouffés, oui ou non? Prenons la deuxième causse, la croissance de la pauvreté. Le problème ne semble pas si vrai, si l'on regarde les flux migratoires. Ceux provenant de pays en difficultés économiques réelles représentent entre 5 et 10%. Mais il est important de noter que cette pauvreté est également due à nos manquements au cours des dix dernières années. Qu'on voie les conclusions du fameux G8 pour l' Afrique, où nous nous sommes engagés à soutenir les investissements et les exportations des pays pauvres; qu'avons-nous fait? Pratiquement rien. Enfin, le besoin de main-d'œuvre; le déficit (gap) de population dû à l'effondrement démographique rend-il les migrations nécessaires? Mais qui, ou quoi, a provoqué ce déficit qu'aujourd'hui on prétend gérer? Qui a imposé la baisse du taux de natalité en Occident et prévoit maintenant de le compenser par l'immigration? À une époque de crise économique, avec un taux de chômage dans notre pays comme l'actuel? Avec un coût de l'accueil si onéreux pour notre budget?
J'ai parlé de la nécessité de clarifier les causes réelles du problème, qui sinon ne sera pas résolu et même s'aggravera. Les doutes à propos du fait qu'on veut ignorer ces causes réelles résident aussi dans la confusion qui règne en Europe. Se peut-il qu'on n'ait jamais réfléchi au fait que les migrants sont principalement des jeunes en bonne santé? Les moins jeunes ne craindraient-ils pas les conflits et la faim?
- Venons-en au fait. Vous avez écrit qu'il y a un plan pour «redimensionner le catholicisme», vous avez parlé d'un projet de re-ingéniérisation gnostique mondial qui a un ennemi déclaré: l'Eglise catholique, et vous l'avez fait en citant le secrétaire de l'ONU Ban Ki-moon et le Rapport Kissinger de 1974 [NSSM200] (*). Pourquoi l'Eglise catholique est-elle la cible?
-- Je pense que le phénomène des migrations est l'une des (pires) conséquences des échecs de ce qu'on appelle Nouvel ordre économique mondial, instauré dans les années soixante-dix pour réguler le nécessaire processus de la mondialisation. J'invite à réfléchir sur le fait que tous les objectifs du Nouvel Ordre, non seulement ne sont pas réalisés, mais il s'est produit exactement le contraire: on voulait éteindre toutes les causes des conflits, les inégalités, la pauvreté, l'intolérance religieuse, le totalitarisme, et c'est le résultat opposé qui s'est produit, incluant un processus de migration forcée. Le vrai grand «succès» du Nouvel Ordre est d'avoir créé une crise économique mondiale, à son tour origine d'autres conséquences néfastes. Nous devons aussi reconnaître qu'il y a eu un autre «vrai succès»: celui lié au processus déclaré de relativisation des croyances religieuses, visant à la laïcisation de celles-ci, avec comme conséquences l'effondrement des valeurs morales et les changements au sein de l'Eglise catholique. Si nous regardons les conséquences de ces faits observés, on ne peut pas ne pas réfléchir au risque (pour certains) ou à l'opportunité (pour d'autres) d'un processus de ré-ingéniérie socio-religieuse [l'ingénierie sociale est une pratique visant à modifier à grande échelle certains comportements de groupes sociaux, ndt] certainement inspirée, et je dirais même gérée. Si nous avions la patience d'aller relire les déclarations faites par des leaders internationaux dans les quarante dernières années, nous trouverions matière d'analyse sur le fait que «rien n'arrive par hasard». Nous ne parlons pas de théories du complot, nous parlons de faits.
- En lisant votre essai, on pourrait penser que l'Église catholique, qui est la cible d'attaque, ne comprend pas ce qui se passe. C'est le cas?
-- Le catholicisme est une foi absolue et dogmatique qui exige des devoirs envers le Créateur. Le monde laïciste ne tolère pas ces «devoirs». Voyez-vous, le projet du Nouvel Ordre Mondial prévoyait plus d'objectifs stratégiques, allant du contrôle des naissances aux nouveaux paradigmes éthiques pour les confessions religieuses les plus dogmatiques, afin d'avoir une grande religion universelle. Au cours des quarante dernières années, on n'a rien fait d'autre que discuter de nouveaux objectifs pour l'humanité, puis nous avons eu le 11 Septembre et tout a changé, on a géré l'urgence de façon opportuniste ... On a bien fait comprendre que les droits civils que méritait le monde n'avait rien à voir avec ceux enseignées par la morale catholique, au point que le directeur général de l'Organisation Mondiale de la Santé est allé jusqu'à expliquer que l'éthique chrétienne ne devrait plus être appliquées à l'avenir. Et Obama en 2009 a déclaré que la santé est le bien-être bio-psycho-social, d'où feu vert pour l'avortement sans restriction, l'euthanasie grâve à la limitation des soins, le déni du droit [d'objection] de conscience. Il était évident que le catholicisme était attaqué, non? Ensuite, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, dans son discours historique devant les chefs religieux à New York en 2000, est allé jusqu'à parler de syncrétisme religieux pour créer une nouvelle religion universelle, expliquant que les processus d'immigration aideraient à ce projet ...
- L'Église est restée à regarder?
-- Je ne me permets pas de critiquer les institutions religieuses, ni le Pape; que pourrait dire d'autre le Pape, sinon exhorter à la charité? Eventuellement, je reste perplexe face à des déclarations faites par des membres éminents d'institutions qui semblent vouloir ignorer les causes et faire des propositions génériquement humanitaires, indépendamment de ces causes. Avez-vous déjà vu résoudre un problème en agissant sur les effets plutôt que les causes? Comment peut-on penser résoudre les problèmes de misère matérielle et sociale sans résoudre d'abord les problèmes moraux? Mais ces illustres ecclésiastiques, ont-ils lu et médité sur Caritas in Veritate et Lumen Fidei ? Et puis je trouve déplacé d'utiliser des considérations moralo-humanitaires en faisant référence au sacré.
- Certains vous ont attaqué en disant que vos théories vont à l'encontre du message du Pape François et se rapprochent des thèses de Trump et de Salvini [leader de la Ligue du Nord]. Comment réagissez-vous?
-- Vous aurez remarqué que depuis un certain temps dans notre pays deux sports se sont développés: l' «interprétation du Saint-Père» et la «chasse aux dissidents» (réels ou inventés) de la pensée du pape. Manquant d'arguments, on invente des similitudes évocatrices et offensantes.
NDT
(*) Le document "NSSM 200", connu sous le nom de Rapport du National Security Council ou de Rapport Kissinger, a pour titre Implications of Worldwide Population Growth for U.S. Security and Overseas Interests. Il a été élaboré en 1974 à la demande d'Henry Kissinger, alors Secrétaire d'État, et a été rendu public quinze ans plus tard. Il offre des lumières troublantes sur le rôle des États-Unis dans la contention de la natalité. Tenu secret jusqu'en 1989, ce rapport estime indispensable pour la sécurité des États-Unis, de mettre en oeuvre une politique de contrôle démographique dans les pays du tiers-monde. À côté de la pilule et de la stérilisation, mention est également faite de l'avortement (source).
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jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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