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La foi parfaite vient à bout de tout

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Message par etienne lorant Mer 13 Mar 2019 - 19:46

Voici un texte qui glorifie glorifie la foi pure et sans défaut.

Bien avant la venue du Seigneur,  Dieu voulut savoir si les hommes accueilleraient  le sacrifice du Christ comme une unique porte de Salut.   Il fallut que une foi sans égale, assez forte pour passer au-delà  des raisonnements humains - ce fut Abraham - à qui Dieu demanda -chose impossible -  sacrifier son fils unique Isaac le fils de la promesse. Abraham ne comprit pas et souffrit beaucoup, mais il garda la foi.  La foi vient  à bout de tout !

Je reproduis ici le fantastique  de S. Kiergaard , un philosophe danois dont l'analyse fait passer de l'ombre à la lumière d'une foi éprouvée - capable de vaincre de tout...

« Si l'homme n'avait pas de conscience éternelle, si au fond de toutes choses, il n'y avait qu'une puissance sauvage et bouillonnante, produisant toutes choses, le grand et le futile, dans le tourbillon d'obscures passions; si le vide sans fond, que rien ne peut combler, se cachait sous les choses, que serait la vie, sinon le désespoir ?

S'il en était ainsi, si l'humanité n'avait pas de lien sacré, si les générations se renouvelaient comme le feuillage des forêts, s'éteignaient l'une après l'autre comme le chant des oiseaux dans les bois, traversaient le monde comme le navire l'océan, ou le vent le désert, acte aveugle et stérile; si l'éternel oubli, toujours affamé ne trouvait pas de puissance assez forte pour lui arracher la proie qu'il épie, quelle vanité et quelle désolation serait la vie !

Mais tel n'est pas le cas; comme il a créé l'homme et la femme, Dieu a aussi formé le héros et le poète ou l'orateur. Celui-ci ne peut rien accomplir de ce que fait celui-là; il ne peut que l'admirer, l'aimer et se réjouir en lui. Non moins que lui, pourtant, il est favorisé; car le héros est pour ainsi dire le meilleur de son être, ce dont il est épris, heureux de ne pas l'être lui-même, afin que son amour soit fait d'admiration.
Le poète est le génie du ressouvenir. Il ne peut rien, sinon rappeler, sinon admirer ce qui fut accompli ; il ne tire rien de son propre fonds, mais il est jaloux du dépôt dont il a la garde. Il suit le choix de son cœur : à peine a-t-il trouvé l'objet de sa recherche, il va de porte en porte dire ses chants et ses discours, pour que tous partagent son admiration pour le héros et en soient fiers comme lui.

Telle est son action, son humble tâche, son loyal service dans la maison du héros. S'il est ainsi fidèle à son amour, il entre dans la compagnie du héros qui l'aime d'un amour également fidèle, car le poète est pour ainsi dire le meilleur être du héros, débile assurément comme un ressouvenir, mais aussi transfiguré comme lui.

C'est pourquoi nul ne sera oublié de ceux qui furent grands ; et s'il faut du temps, si même le nuage de l'incompréhension dissipe la figure du héros, son amant vient pourtant ; et plus tarde sa venue, plus aussi il s'attache fidèlement à lui.

Non ! Nul ne passera de ceux qui furent grands, chacun selon sa manière et selon la grandeur qu'il aima. Car qui s'aima lui-même fut grand par sa personne, et qui aima autrui fut grand en se donnant ; pourtant, qui aima Dieu fut le plus grand de tous.

Les grands hommes seront célébrés dans l'histoire ; mais chacun deux fut grand selon qu'il espéra. L'un fut grand dans l'espoir qui attend le possible, un autre dans l'espoir des choses éternelle ; mais celui qui voulut attendre l'impossible fut le plus grand de tous.

Les grands hommes seront gardés dans la mémoire, mais chacun d'entre eux fut grand suivant l'importance de ce qu'il combattit. Car qui lutta contre le monde fut grand en triomphant du monde, et qui lutta contre lui-même fut grand par sa victoire sur lui-même ; mais celui qui lutta contre Dieu fut le plus grand de tous.

Tels furent les combats livrés sur cette terre: homme contre homme, un contre mille ; mais celui qui lutta contre Dieu fut le plus grand de tous. Tels furent les combats engagés ici-bas : l'un vint à bout de l'autre en usant de sa force, l'autre désarma Dieu par sa propre faiblesse . L'on en vit s'appuyer sur eux-mêmes et triompher de tout, et d'autres, forts de leur force, tout sacrifier. Mais celui qui crut en Dieu fut le plus grand de tous.

Et il y eut des hommes grands par leur énergie, leur sagesse, leur espérance ou leur amour ; mais Abraham fut le plus grand de tous, grand par l'énergie dont la force est faiblesse, grand par la sagesse dont le secret est folie, grand par l'espoir dont la force est démence, grand par l'amour qui est la haine de soi-même.

C'est par la foi qu'Abraham quitta le pays de ses pères et fut étranger en terre promise (Hébreux 11,9). Il laissa une chose, sa raison terrestre et en prit une autre, la foi ; sinon, songeant à l'absurdité du voyage, il ne serait pas parti. C'est par la foi qu'il fut un étranger en terre promise, où rien ne lui rappelait ce qu'il aimait, tandis que la nouveauté de toutes choses mettait en son âme la tentation d'un douloureux regret.

Cependant, il était l'élu de Dieu, en qui l’Éternel avait sa complaisance ! Certes, s'il avait été un déshérité, banni de la grâce divine, il eût mieux compris cette situation qui semblait une raillerie sur lui et sur sa foi. Il y eut aussi dans le monde celui qui vécut exilé de sa patrie bien-aimée. Il n'est pas oublié, ni ses complaintes où, dans la mélancolie, il chercha et trouva ce qu'il avait perdu.Abraham n'a pas laissé de lamentations. Il est humain de se plaindre, humain de pleurer avec celui qui pleure, mais il est plus grand de croire, et plus bienfaisant de contempler le croyant.

C'est par la foi (Gal. III, Cool qu'Abraham reçut la promesse que toutes les nations de la terre seraient bénies en sa postérité. Le temps passait, la possibilité restait, Abraham croyait. Le temps passa, le soir fut à son déclin, et cet homme n'eût point la lâcheté de renoncer à son espoir ; aussi ne sera-t-il jamais oublié non plus. Puis il connut la tristesse, et le chagrin, loin de le décevoir comme la vie, fit pour lui tout ce qu'il put et, dans ses douceurs, lui donna la possession de son espérance trompée. Il est humain de connaître la tristesse, humain de partager la peine de l'affligé, mais il est plus grand de croire et plus réconfortant de contempler le croyant.

Abraham ne nous a pas laissé de lamentations. Il n'a pas tristement compté les jours à mesure que le temps passait ; il n'a pas regardé Sara d'un œil inquiet pour voir si les années creusaient des rides sur son visage ; il n'a pas arrêté la course du soleil (Josué X, 12) pour empêcher Sara de vieillir, et son attente avec elle ; pour apaiser sa peine, il n'a pas chanté à Sara un triste cantique. Il devint vieux et Sara fut raillée dans le pays ; cependant, il était l'élu de Dieu et l'héritier de la promesse, que toutes les nations de la terre seraient bénies en sa postérité.

N'eût-il pas mieux valu qu'il ne fût pas l'élu de Dieu ? Qu'est-ce donc qu'être l'élu de Dieu ? C'est se voir refuser au printemps de la vie le désir de la jeunesse, pour en obtenir l'exaucement dans la vieillesse après de grandes difficultés. Mais Abraham crut et garda fermement la promesse à laquelle il aurait renoncé s'il avait chancelé. Il aurait alors dit à Dieu : « ce n'est pas peut-être pas ta volonté que mon désir se réalise ; je renonce donc à mon vœu, mon unique, où je mettais ma félicité. Mon âme est droite et ne recèle pas de secrète rancune devant ton refus ».
Il n'aurait pas été oublié ; il en aurait sauvé beaucoup par son exemple, mais il ne serait pas devenu le père de la foi ; car il est grand de renoncer à son vœu le plus cher, mais plus grand de le garder après l'avoir abandonné ; il est grand de saisir l'éternel, mais plus grand de garder le temporel après y avoir renoncé.

Puis les temps furent accomplis. Si Abraham n'avait pas cru, Sara serait sans doute morte de chagrin, et lui, rongé de tristesse, n'aurait pas compris l'exaucement, mais en aurait souri comme d'un rêve de jeunesse. Mais Abraham crut ; aussi resta-t-il jeune : car celui qui espère toujours le meilleur vieillit dans les déceptions, et celui qui s'attend toujours au pire est de bonne heure usé, mais celui croit conserve une jeunesse éternelle.

Bénie soit donc cette histoire ! Car Sara, bien qu'avancée en âge, fut assez jeune pour désirer les joies de la maternité, et Abraham, malgré ses cheveux gris, fut assez jeune pour désirer d'être père. A première vue, le miracle, c'est l'événement qui arriva selon leur espérance ; mais au sens profond, le prodige de la foi, c'est qu'Abraham et Sara furent assez jeunes pour désirer, et que la foi garda leur désir, et par là leur jeunesse. Il vit l'exaucement de la promesse et l'obtint par la foi, et cela arriva selon la promesse et selon la foi ; car Moïse frappa le rocher de son bâton, mais il ne crut pas (Nb, XX, 11).

Alors, il y eut de la joie dans la maison d'Abraham, et Sara fut l'épouse des noces d'or.

Pourtant, ce bonheur ne devait pas durer ; une fois encore, Abraham devait connaître l'épreuve. Il avait lutté contre la sournoise puissance à laquelle rien n'échappe, contre l'ennemi dont la vigilance n'est jamais en défaut le long des années, contre le vieillard qui survit à tout, il avait lutté contre le temps et gardé la foi.

Alors, toute la terreur du combat se concentra en un instant : « Et Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui dit : prend ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t'en au pays de Morija, et là, offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai. »

Ainsi, tout était perdu, ô malheur plus terrible que si le désir n'eût jamais été exaucé ! Ainsi, le Seigneur ne faisait que se jouer d'Abraham ! Voici qu'après avoir réalisé l'absurde par un miracle, il voulait maintenant voir son œuvre à néant. Quelle folie ! Mais Abraham n'en rit pas comme Sarah (Gen XVIII, 12) quand la promesse leur fut annoncée. Soixante-dix ans de l'attente la plus fidèle, et la courte joie de la voir exaucée. Qui donc est-il, celui qui arrache le bâton de la main du vieillard, qui est-il pour exiger que le vieux père le brise lui-même ? Qui est-il, pour rendre inconsolable un homme aux cheveux gris en exigeant qu'il soit l'instrument de son propre malheur ? N'y a-t-il point de compassion pour le vénérable vieillard et l'enfant innocent !

Et pourtant, Abraham était l'élu de Dieu, et c'était le Seigneur qui infligeait l'épreuve. Tout allait donc être perdu ! Le magnifique renom de la race à venir, la promesse de la postérité d'Abraham, ce n'était là que l'éclair d'une fugitive pensée du Seigneur qu'il incombait maintenant à Abraham d'effacer. Ce fruit magnifique (Gen XII, 2) aussi vieux que la foi dans le cœur d'Abraham, et de longues années plus âgé qu'Isaac, ce fruit de la vie d'Abraham, sanctifié par la prière, mûri dans la lutte, cette bénédiction sur les lèvres du père, voici que ce fruit allait lui être ravi et perdre tout sens ; quel sens en effet revêtait le fruit de la promesse quand il fallait sacrifier Isaac !

Cette heure de tristesse et pourtant bienheureuse, où Abraham devrait dire adieu à tout ce qu'il aimait quand, soulevant une dernière fois sa tête vénérable, la face resplendissante comme celle du Seigneur, il recueillerait son âme pour donner la bénédiction, dont la vertu s'étendrait sur tout les jours d'Isaac, cette heure-là ne viendrait pas ! Car Abraham devait dire adieu à son fils, en demeurant lui-même ici-bas ; la mort devait les séparer mais en faisant d'Isaac sa proie. Le vieillard ne devait pas à son lit de mort étendre avec joie sa mains sur son enfant pour le bénir, mais, las de la vie, lever le bras sur lui en un geste meurtrier. Et Dieu l'éprouvait. Malheur ! Malheur au messager venu porter cette nouvelle. Qui donc avait osé se faire l'émissaire d'une telle désolation ? Mais c'était Dieu qui éprouvait Abraham.

Pourtant, Abraham crut et crut pour cette vie. Certes, si sa foi avait simplement concerné une vie à venir, il aurait sans doute aisément tout dépouillé, pour sortir d'un monde auquel il n'appartenait plus. Mais la foi d'Abraham n'était pas de cette sorte, s'il y en a de telle ; car, à vrai dire, ce n'est pas la foi, mais sa plus lointaine possibilité, qui devine son objet à l'horizon le plus reculé, quoique séparée de lui par un abîme où se démène le désespoir.

Mais Abraham avait la foi pour cette vie ; il croyait qu'il vieillirait dans le pays, honoré du peuple, béni dans sa postérité, inoubliable en Isaac, son amour le plus cher en cette vie, et qu'il embrassait avec une affection bien mal exprimée quand on dit qu'il accomplissait fidèlement son devoir paternel, d'ailleurs, suivant le texte : « ton fils, celui que tu aimes » (Gen XXII, 2). Jacob eut douze fils et en aima un ; Abraham n'en eut qu'un, celui qu'il aimait.

Mais Abraham crut et ne douta point ; il crut l'absurde. S'il avait douté, il aurait agi autrement ; il aurait accompli un acte grand et magnifique ; car aurait-il pu faire autre choses ? Il serait allé à la montagne de Morija, il aurait fendu le bois, allumé le bûcher, tiré le couteau – il aurait crié à Dieu : « ne méprise pas ce sacrifice ; ce n'est pas ce que je possède de meilleur, je le sais bien ; qu'est-ce en effet qu'un vieillard auprès de l'enfant de la promesse ? Mais c'est le meilleur que je puisse te donner. Fais qu'Isaac n'en sache jamais rien, afin que sa jeunesse le console. » Il se serait enfoncé le couteau dans le sein. Le monde l'aurait admiré, et son nom n'aurait pas été oublié ; mais une chose est d'être admiré, et une autre d'être l'étoile qui guide et sauve l'angoissé.

Mais Abraham crut. Il ne pria pas pour lui, pour toucher le Seigneur ; il ne s'avança en suppliant que lorsqu'un juste châtiment descendit sur Sodome et Gomorrhe.

Nous lisons (Gen XXII, 1) dans l'Ecriture : « et Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui dit : Abraham, Abraham, où es-tu ? Et Abraham répondit : me voici ! » Toi, à qui mon discours s'adresse, en as-tu fait autant ? Quand tu as vu venir de loin les coups du sort, n'as-tu pas dit aux montagnes : « cachez-moi » (Luc XXIII, 30) et aux coteaux : « tombez sur moi ! » Ou, si tu fus plus fort, ton pied ne s'est-il pas avancé bien lentement sur la bonne voie, n'as-tu pas soupiré après les vieux sentiers ? Et, quand l'appel a retenti, as-tu gardé le silence, as-tu répondu, tout bas, peut-être, en un murmure ? Abraham, lui, ne répondit pas ainsi ; avec joie et courage, plein de confiance et à pleine voix, il dit : « me voici ! »

Nous lisons encore (Gen XXII, 3) : « et Abraham se leva de bon matin. » Il se pressa comme pour une fête, et de bon matin il fut à l'endroit désigné, sur la montage de Morija. Il ne dit rien à Sara, rien à Eliézer : qui d'ailleurs pouvait le comprendre ? Et la tentation, de par sa nature, ne lui avait-elle pas imposé le vœu du silence ?

« Il fendit le bois, il lia Isaac, il alluma le bûcher, il tira le couteau. »

Mon cher auditeur ! Bien des pères ont cru perdre en leur enfant leur plus précieux trésor au monde, et être dépouillés de toute espérance à venir ; mais aucun fils n'a été l'enfant de la promesse au sens où Isaac le fut pour Abraham. Bien des pères ont perdu leur enfant, mais il leur fut pris par la main de Dieu, par l'insondable et immuable volonté du Tout-puissant. Tout autre est le cas d'Abraham. Une plus lourde épreuve lui était réservée, et le sort d'Isaac se trouva dans la main d'Abraham tenant le couteau. Telle était la situation du vieillard devant son unique espérance !
Mais il ne douta point, il ne regarda point d'un œil angoissé à droite ou à gauche, il ne fatigua point le ciel de ses prières. Donc le Tout-puissant l'éprouvait, il le savait, et il savait que ce sacrifice était le plus lourd qu'on pût lui demander ; mais il savait aussi que nul sacrifice n'est trop lourd quand Dieu le demande – et il tira le couteau.

Qui donna la force au bras d'Abraham, qui tint sa droite levée et l'empêcha de retomber, impuissante ? Le spectateur de cette scène en est paralysé. Qui donna la force à l'âme d'Abraham et empêcha ses yeux de s'enténébrer au point de ne voir ni Isaac ni le bélier ? Le spectateur de cette scène en devient aveugle. - Et pourtant, sans doute, rare est l'homme qui en devient aveugle et paralysé, et plus rare encore, l'homme qui raconte dignement ce qui s'est passé. Nous le savons tous: ce n'était qu'une épreuve.

Si Abraham avait douté sur la montagne de Morija, s'il avait regardé autour de lui dans l'irrésolution, si, en tirant le couteau, il avait par hasard aperçu le bélier, si Dieu avait permis de le sacrifier à la place d'Isaac - alors il serait revenu chez lui, tout resté comme avant; il aurait eu Sara près de lui, il aurait conservé Isaac, et pourtant, quel changement ! Car sa retraite aurait été une fuite, son salut un hasard, sa récompense une confusion et son avenir peut-être la perdition. Alors, il n'aurait témoigné ni de sa foi, ni de la grâce de Dieu, mais il aurait montré combien il est terrible de gravir la montagne de Morija. Alors, Abraham n'aurait pas été oublié, ni la montagne de Morija. Elle aurait été citée non comme l'Ararat où l'arche s'arrêta, mais comme un lieu d'effroi: "c'est là", eût-on dit, "qu'Abraham a douté".

Abraham, père vénérable ! Quand tu revins chez toi de Morija, tu n'eus aucunement besoin d'un panégyrique pour te consoler d'une perte; car, n'est-ce pas, tu avais tout gagné, et gardé Isaac ? Désormais, le Seigneur ne te le prit plus et l'on te vit joyeux à table avec ton fils dans ta demeure, comme là-haut pour l'éternité.

Abraham, père vénérable ! Des milliers d'années se sont écoulées depuis ces jours, mais tu n'as pas besoin d'un admirateur attardé pour arracher par son amour ta mémoire aux puissances de l'oubli; car toute langue te rappelle - et pourtant tu récompenses qui t'aime plus magnifiquement que personne; tu le rends là-haut bienheureux en ton sein, et tu captives ici bas son regard et son cœur par le prodige de ton action.

Abraham, père vénérable ! Second père du genre humain ! Toi qui le premier as éprouvé et manifesté cette prodigieuse passion qui dédaigne la lutte terrible contre la fureur des éléments et les forces de la création pour combattre avec Dieu, toi qui le premier as ressenti cette passion sublime, expression sacrée, humble et pure, de la divine frénésie, toi qui as fait l'admiration de païens, pardonne à celui qui a voulu parler à ta louange, s'il s'est mal acquitté de sa tâche. Il a parlé humblement, selon le désir de son cœur; il a parlé brièvement, comme il convenait; mais il n'oubliera jamais qu'il t'a fallu cent ans pour recevoir contre toute attente le fils de la vieillesse et que tu as dû tirer le couteau pour garder Isaac; il n'oubliera jamais qu'à cent trente ans, tu n'étais pas allé plus loin que la foi




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etienne lorant

Date d'inscription : 25/11/2010

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