LA FRANCE ROYALE ENTRAÎNE LE MONDE CHRÉTIEN AUX CROISADES
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LA FRANCE ROYALE ENTRAÎNE LE MONDE CHRÉTIEN AUX CROISADES
Pourquoi voulons le Grand Monarque ? Pour voir la France redevenir la Fille Aînée de l'Eglise et l'Educatrice des Peuples...
Quoi de plus noble, de plus beau, de plus enflammant, pour des âmes Chrétiennes et valeureuses, que d'aller délivrer les Lieux Saints et le Tombeau du Christ des mains des infidèles musulmans ! La France Royale devait être la première à comprendre la grandeur d'une entreprise telle que la première Croisade.
Nos Chansons de Geste ont préparé les esprits aux Croisades. Charles Martel arréta les arabes à Poitiers -à moitié?- brisa l'invasion musulmane et sauva la Chrétienté. Charlemagne, pendant tout son règne, eut à lutter contre les Sarrasins d'Espagne. Ce sont eux qui écrasèrent l'arrière-garde de l'armée impériale, commandée par Roland, à Roncevaux, le 15 août 778. Or, qui ne sait l'influence de la «Chanson de Roland» sur nos aïeux, dans les châteaux aussi bien que sous l'humble toit des chaumières. Trouvères et Troubadours, par leurs Chansons de Gestes, faisaient vibrer tous les coeurs valeureux du XI° siècle et des siècles suivants. L'une de ces chansons "Le pèlerinage de Charlemagne", si elle est moins connue que celle de Roland, n'en eut pas moins une influence capitale sur les esprits en y déposant les germes des épopées futures que l'appel des Papes et des Rois de France allait faire germer un peu plus tard pour délivrer le Tombeau du Christ des mains de ces mêmes Musulmans. Le thème du "pèlerinage de Charlemagne" est le suivant :
-Le Grand Empereur réunit ses barons, c'est-à-dire les hauts seigneurs de son vasselage, pour leur annoncer qu’il va faire un pèlerinage au Saint Sépulcre et les douze pairs de déclarer qu'ils partiront avec lui; quatre vingt mille hommes vont les accompagner. Ils prennent le bourdon du pèlerin à l'Abbaye de Saint-Denis sans quitter leurs armes, traversent la Bourgogne, la Bavière, l'Italie, la Grèce, enfin nos pèlerins arrivent à Constantinople. Ne dirait-on pas déjà l'histoire de la première croisade ?
Arrivés à Jérusalem, Charlemagne et les siens vont adorer le tombeau du Christ. Dans l'église de la Ville Sainte, le poète décrit une scène appréciée par Gaston Paris dans les termes suivants :
-Notre vieille poésie héroïque n'a rien trouvé de plus beau pour nous représenter la majesté sainte de Charlemagne et de ses pairs que la scène de l'Église de Jérusalem où ils prennent place, sur le trône et dans les douze chaises où Jésus et Ses apôtres s'étaient assis autrefois (Franz Funck-Brentano, Les croisades, p. 5 et 6).
En vérité un tel récit ne devait-il pas exalter la foi et enflammer les imaginations de tous les Seigneurs du Moyen Âge qui ne rêvaient que beaux coups d'épée et combats héroïques ?
Depuis longtemps déjà les pèlerins étaient nombreux qui allaient à Jérusalem et qui, à leur retour, le soir, pendant les longues veillées d'hiver contaient leurs aventures et décrivaient avec enthousiasme les Lieux Saints, les émotions de leur âme au Saint Sépulcre, la splendeur des monuments, des sites, de la végétation luxuriante, des forêts de cèdres et aussi le miroitement, le chatoiement et l'éclat des étoffes et des oeuvres d'art orientales. Combien, à ces récits, rêvaient d'y partir à leur tour !
Aussi, quand le monde Chrétien apprit, coup sur coup, la prise de Jérusalem (1070) sur les Fatimites d’Égypte par les Turcs Seldjoukides, sectaires intolérants de Mahomet, puis celle d'Antioche (1084), enfin l'invasion de l'Espagne par les Almoravides (1087), craignit-il, comme au temps de Charles Martel, une submersion totale de l'Europe et la pensée vintelle à beaucoup (en apprenant que les nouveaux maîtres de Jérusalem empêchaient les pèlerinages) qu'il fallait briser la puissance musulmane et délivrer le Tombeau du Christ des mains des Infidèles.
Les esprits étaient mûrs pour des actions héroïques. C'est à un Pape Français, et en France, que revint l'honneur de lancer l'appel au monde en faveur de la Croisade. Ce fut au Concile de Clermont :
-Français qui m'écoutez, s'écria Urbain II, rappelez-vous les vertus de vos ancêtres. Plus qu'à toute autre nation, Dieu vous a donné la gloire des armes. C’est de vous, surtout, que Jérusalem attend le secours dont elle a besoin... Armez-vous du glaive des Macchabés et allez défendre la maison d'Israël. Dieu le veut !
Dans toutes les provinces de France, un enthousiasme indescriptible accueillit l'appel du Souverain Pontife et de toutes parts retentit le cri de "Dieu le veut ! Dieu le veut !". Pierre l'Ermite se consacra à prêcher la croisade et entraîna les masses populaires. Hommes, femmes, vieillards, enfants, tous voulurent partir. «Vous jeunes gens, disaient les vieillards, vous combattrez par l'épée. Qu'il nous soit permis de conquérir le Christ par la souffrance !» Dans ses chroniques, Guibert de Nogent rapporte que, pour subvenir aux frais de la croisade, c'était à qui vendrait ses biens, sa maison, ses bijoux, etc...
Et voici que, par un miracle qui parut divin, et devait «encore exalter les enthousiasmes, à l’affreuse disette et aux fléaux des années passées succéda brusquement une année d'abondances et de bienfaits (1096) ; abondance en blé, en vin, en fruits de toutes sortes, comme si Dieu avait voulu directement favoriser l'oeuvre de ceux qui allaient combattre pour Lui (Funck-Brentano : op. cit., p. 16.).
La Croisade populaire, malgré les qualités exceptionnelles de Pierre l'Ermite, échoua, faute d'organisation et de cadres militaires. La plupart moururent martyrs en Asie Mineure. Par contre, celle des Chevaliers réussit. Un million d'hommes y prendront part.
C'est que le Roi et chaque féodal possèdent sa propre Chevalerie. L'idéal d'une milice Royale Chrétienne lui est donnée par la Sainte Bible (Luc 22:35-36) et l'oeuvre d'Eudes de Clunys, rédigée peu avant l'An 942, sur la vie de Saint-Géraud d'Aurillac, un Comte imprégné d'une grand foi Chrétienne qui, depuis le décès de son épouse, vit comme un moine dans le siècle et n'utilise sa cavalerie que pour secourir les pauvres et les déshérités de son Comté et leur assurer la justice. Lorsque son fils atteint l'age de porter les armes et de le substituer à la tête de son fief, il se retire dans un vrai couvent et finit véritablement sa vie comme un moine.
La figure de Saint-Géraud d'Aurillac est présenté comme l'idéal du Chevalier, cavalier pieux et milicien Chrétien au service du Roi. L'idéal du Chevalier est sensiblement le même que l'idéal proposé au Roi de France: combattre pour le droit et la justice, protéger les clercs, les femmes, les faibles, les pauvres, l'Eglise et le Saint-Royaume de France. Cette Chevalerie est consacrée à la Très Sainte Virege Marie. On ne peut comprendre le recul de la féodalité que par un action Royale continue, héréditaire, qui oppose une Chevalerie dévouée à des soudards à cheval, sipendiés par des féodaux brutaux et grégaires les utilisant comme des mercenaires.
Partir aux Croisades assure l'indulgence pléniaire. Lorsqu'un Chevalier endosse son Blanc-Manteau, il renaît, lavé de ses péchés. Si le thème de la Jérusalem Céleste comme symbole du paradis est un lieu commun de l'époque, la Jérusalem Terrestre, vision de Paix, de Justice et d'Union pour toutes les tribus d'Israël, est le symbole du Royaume messianique et de l'Eglise Chrétienne ouverte à tous les peuples.
Philippe I°, Roi de France, encourage sa Noblesse à la Croisade et envoie son frère, Hugues le Grand, Comte de Vermandois, qui reçoit le titre officiel de "PORTE-DRAPEAU DE L'EGLISE". Adémar de Monteil, Évêque du Puy, dirige la Croisade. Après avoir traversé l'Europe et reçu l'appui de l'Empereur de Constantinople, les Croisés prennent successivement Dorylée et Antioche. Mais les Turcs, sous les ordres de l'Emir Kerboga, contre-attaquent et, d'assiégeants, les Français devindront assiégés dans Antioche.
Le miracle vint soutenir la foi des assiégés et enflammer leur courage : Saint André serait apparu par trois fois à Pierre Barthélemy pour lui faire connaître l'endroit où, sous l'autel de saint Pierre à Antioche, la Sainte Lance qui avait Percé le sein du Christ crucifié serait retrouvée... On exécuta les fouilles à la place indiquée et la précieuse relique apparut (14 juin 1098) (Les Chroniques Monastiques disent que c'est à Robert II, Comte de Flandre, qu'apparut Saint André. D'autres auteurs disent à un prêtre de la suite du Comte de Flandre qui aurait confié la chose au Comte Robert. Ce dernier fit chercher la Lance qui fut trouvée et, en reconnaissance, il fit voeu de fonder le monastère qui n'est autre que l'Abbaye Bénédictine de Saint André près Bruges. Le Comte de Flandre était alors vassal du Roi de France).
Allégresse et transports ! D'un cri unanime, il fut décidé de sortir aussitôt de la ville et de marcher contre Kerboga... Avant d'en venir aux mains, le 27 juin 1098, Bohémond envoya cinq messagers à l'Emir Kerboga pour lui enjoindre, de se retirer. Kerboga répondit que «les Francs avaient le choix entre leur conversion au croissant, ou la mort». Pour se préparer au combat, trois jours durant, les chevaliers chrétiens jeûnèrent, puis suivis de la foule des pèlerins, firent de pieuses processions d'une église à l'autre, se confessèrent, communièrent, distribuèrent des aumônes et firent célébrer des messes (Funck-Brentano : op. cit., p. 67 et 69).
La Sainte Lance fut alors portée en tête des combattants. Au cours de la lutte, le secours du ciel se Manifesta :
-On vit descendre, des montagnes, des masses innombrables de guerriers montés sur des chevaux blancs, précédés de blancs étendards. Les nôtres ne pouvaient comprendre quels étaient ces guerriers, mais enfin, ils reconnurent que c'était une armée de secours envoyée par le Christ et commandée par saint Georges (Nous pensons que c'est Saint Michel, le Chef de toutes les milices célestes, qui vint avec une légion d'Anges sauver les Chrétiens etleur donner la victoire sur les infidèles, ainsi qu’il le fera plus tard, au siège de Pé Tang, en Chine, pendant la guerre des Boxers), saint Mercure et saint Demetrius. Ceci n'est pas un mensonge. Beaucoup l'ont vu ! écrit l'auteur des «Gestes».
On se croirait à Tolbiac!
La victoire fut éclatante et assura aux Croisés la possession de la Syrie tout entière. Le 8 juillet, les Croisés étaient devant Jérusalem. Repoussés d'abord une première fois, ils firent, pieds nus, une grande procession autour des remparts de la Ville Sainte. On prêcha sur la Montagne des Oliviers. Les Croisés s'embrassèrent, se pardonnèrent mutuellement leurs offenses, puis donnèrent l'assaut le 14 Juillet et la ville Sainte fut prise. Après un jour et demi de lutte, le tombeaux du Christ était délivré: C'était le 15 juillet 1099.
Tous allèrent, alors, «pieds nus et pleurant pour une trop grande joie, auprès du Saint-Sépulcre. O temps, si longtemps attendus», écrit Foucher de Chartres, temps mémorables entre tous ! Exploits qui surpassent tous les exploits du monde, car les fidèles avaient de tout temps, du fond de leur coeur, formé le voeu de voir les lieux (où Dieu fait homme avait apporté le salut au genre humain par Sa naissance, Sa mort, Sa résurrection) délivrés de la domination païenne et, après avoir été si longtemps souillés par la superstition, rendus à leur dignité première par la main des croyants.
Les Lieux Saints étaient délivres! Il fallait, dès lors, assurer la perpétuité de cette oeuvre grandiose. Aussi, Adémar de Monteil étant mort à Antioche, les Chefs des Croisés décidèrent-ils de choisir parmi eux, un Roi. Ils prescrivirent des prières publiques afin que leur choix se portât sur le plus digne. L'élection eut lieu le 22 juillet 1099 ; Raymond de Toulouse élu, se récusa :
-Je ne veux pas porter une couronne d'or, dit-il, là où le Roi des Rois a porté une couronne d'épines !
Godefroy de Bouillon répéta les mêmes paroles, il fut alors proclamé Roi mais il prit l'humble titre d'AVOUE DU SAINT-SEPULCRE. L'Ordre du Saint Sépulcre deviendra l'Ordre Dynastique du Royaume Saint de Jérusalem. Mais déjà, les Turcs voulaient reprendre la lutte. Le 13 août 1099, Godefroy remporta une victoire décisive sur le Kalife à Ascalon. La Palestine était dès lors assurée aux Francs.
Cet Empire Franc, si brusquement installé sur les confins de l'Asie Mineure se trouva d'ailleurs rapidement organisé. L'armée des Chevaliers, n'avait cessé d'être ordonnée féodalement, avec les cadres et la hiérarchie établie en France. Cette même organisation fut portée en bloc sur les versants du Liban. Les villes du littoral acquirent une vie prospère par suite des relations qui se nouèrent avec l'Occident ; les pèlerins aux Lieux Saints devinrent de plus en plus nombreux ; enfin, des ordres mi-partis religieux et militaires furent fondés pour défendre la conquête (Funck-Brentano : op. cit., p. 91 et 92. 2 S. E. le Cardinal Baudrillart, Vocation Catholique de la France, p. 26. 3 Id., p. 23) .
Un Ordre de Chevalerie est un insitution Christique, dispensant à ses membres l'initiation, la consécration et l'investiture de la Chevalerie, distribuant aux Chevaliers et à leurs cercles d'influence les lumières et les forces sourdants de l'iimuable traditon de la garde de l'Eglise et de la défense de la Chrétienté, assument en son vivant esprit l'honneur de la Chatolicité, au service de N.S. Jésus-Christ et de l'établissement ici-bas de Son Royaume.
Les premiers Ordres Croisés sont L'Ordre du Souverain Hospitalier et Militaire de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhôdes et de Malte, dit Ordre de Malte, L'Ordre Royal, Militaire et Religieux du Saint-Sépulcre, dit Ordre du saint Sépulcre; l'Ordre Royal Militaire, Hospitalier de Saint-Lazarre de Jérusalem, de Nazareth et de Béthléem, en-deçà et au-delà des mers, dit Ordre de Saint-Lazarre, l'Ordre Militaire de la Pauvre Milice du Christ et du Temple de Jérusalem, dit Ordre du Temple, et l'Ordre Militaire et Hospitalier des Teutons de Sainte-Marie de Jérusalem, dit Ordre Teutonique.
Le pape donne à tous ces Ordres Croisés un Code ou Serment du Chevalier commun.
Le Code du Chevalier comprend dix articles:
1. Tu croiras à tous les enseignements de l’église et tu observeras ses commandements.
2. Tu protégeras l’église.
3. Tu défendras tous les faibles.
4. Tu aimeras le pays où tu es né.
5. Tu ne fuiras jamais devant l’ennemi.
6. Tu combattras les infidèles avec acharnement.
7. Tu rempliras tes devoirs féodaux, à condition qu’ils ne soient pas contraires à la loi Divine.
8. Tu ne mentiras jamais et tu seras fidèle à ta parole.
9. Tu seras libéral et généreux.
10. Tu seras toujours le champion du droit et du bien contre l’injustice et le mal.
Pape Eugène IV et le Roi de France Louis VII demandèrent à Saint Bernard, Abbé de Clairvaux, de prêcher la seconde Croisade. Il le fit à Vézelay, à Pâques 1146, en présence du Roi et de la Reine, et souleva l'enthousiasme comme au temps de la Première Croisade. L'Empereur d'Allemagne, lui-même, voulut se joindre au Roi de France et leva une armée. Les deux Princes, après deux ans de lutte (1147-1149) échouèrent devant Damas et durent rentrer en Europe. En 1188, les Chrétiens ayant été vaincus à Tibériade, l'Empire Franc de Jérusalem s'effondra et la Ville Sainte retomba aux mains des Musulmans.
Le Roi de France, Philippe Auguste, l'Empereur Frédéric Barberousse et le Roi d'Angleterre, Richard Coeur de Lion, unirent leurs efforts pour tenter une troisième Croisade. Le seul résultat fut la prise de Saint-Jean-d'Acre, le 13 juillet 1191, mais les Chrétiens obtinrent le libre accès permanent de la Ville Sainte. Quinze ans après, à l'appel d'innocent III et de Foulques, curé de Neuilly, Baudoin de Flandre, Simon de Monfort et Thibaut III, Comte de Champagne organisèrent la quatrième Croisade. Ils ne purent fonder que l'éphémère Empire Latin de Constantinople qui dura de 1204 à 1261.
Les cinquième et sixième Croisades n'eurent aucun résultat.
Les deux dernières Croisades furent organisées par Saint Louis. Ayant fait voeu de prendre la Croix s'il échappait à une grave maladie, le Roi, guéri, s'embarqua à Aigues-Mortes en 1248, et fit voile vers l’Égypte. Damiette fut emporté d'assaut, mais les Croisés furent défaits à Mansourah et le Roi fait prisonnier. La grandeur d'âme et la noblesse du Saint Roi en imposèrent plus aux Arabes que s'il avait été victorieux, faisant dire à leur chef:
-Vraiment, Celui-ci est le plus fier Chrétien que nous ayons vu, disaient-ils, nous le gardons aux fers et il nous parle comme si nous étions ses captifs !
Une fois libéré, Saint Louis alla en Palestine (1250-1254) et obtint quelques avantages pour les Chrétiens, puis il rentra en France. Seize ans plus tard, le dernier effort de son règne sera pour répondre à l'appel angoissé des Papes qui supplient l'Europe, déchirée par les guerres civiles, de s'unir contre l'Islam enivré de ses récentes victoires. S'il le faut, Saint Louis IX partira seul. Mais, ô merveilleux et Saint combat ! Clément IV qui l'a souhaitée cette croisade voit le Roi de France si affaibli par la maladie, il le sait si nécessaire au royaume et à la chrétienté que c'est lui maintenant qui le conjure de rester.
-J'irai, reprend Louis, et le Roi fait accepter du Pontife le sacrifice vers lequel il court.
Il part. Il aborde à Tunis.
-La mort, presque la mort du martyre, est la récompense d'un tel héroïsme chrétien. Échec politique apparent, mais qui achève de consacrer le saint Roi aux yeux du peuple dont il fut le maître et le père, écrit S. E. le Cardinal Baudrillart.
Il faut le dire, le but immédiat des Croisades a été atteint, puisque le Tombeau du Christ n'est pas resté aux mains des Infidèles ; et les résultats réels ont été également immenses : et tout d'abord l'appel d'Urbain II, au dire d'un Chroniqueur, Foulques de Chartres, «a renouvelé la paix» entre nations rivales, entre seigneuries hostiles ; la féodalité s'y est glorieusement affaiblie, si bien que l'affranchissement des communes a pu se produire sans heurt. Les Croisades ont donc permis au dire de M. Franz Funck-Brentano «le développement et l’affermissement du pouvoir Royal en France, et dans l'Eglise Catholique, l'accroissement de l'autorité du Souverain Pontife». Le commerce avec l'Orient est devenu beaucoup plus actif. Enfin, les Croisades arrêtèrent pour un temps les invasions musulmanes... et la France acquit, en Orient, une influence considérable au profit de tous les Chrétiens qui sera consacrée, sous le règne de François Ier, par les "Capitulations" préfigurant le Protectaorat Français sur les Lieux Saints, Protectorat qui ne cessera qu'en 1926. Ainsi, l'âme Française qui n'avait voulu travailler que pour Dieu fit «du nom de Français et du nom de Chrétien deux synonymes toujours vivants au coeur des Orientaux» (S. E. le Cardinal Baudrillart : Vocation Catholique de la France, p. 23.).
Enfin, les Croisades exaltèrent la Foi des peuples et assurèrent la palme du martyre à des multitudes d'âmes.
L'un des contemporains, Guibert, abbé de Nogent, racontant tant d'exploits donna comme titre à sa chronique : "Gesta Dei per Francos". Il ne pouvait mieux dire. En entraînant le monde chrétien à la délivrance des Lieux saints, la France et nos Rois avaient écrit l'une des plus belles pages de notre histoire et, une fois de plus, accompli les Gestes de Dieu.
Ainsi, la grande ombre de Charlemagne surgit à l’origine des Croisades ! Saint Louis les illumine par son héroïsme (en même temps qu'il sacre toute sa Race de l'auréole de la sainteté) et, demain, il sera donné à son descendant, le Grand Monarque annoncé par tant de prophéties, qui qu'il sera, d'en assurer le triomphe par une dernière Croisade qui détruira à tout jamais la secte de Mahomet et libérera les Lieux Saints, «où, après un règne des plus glorieux, il ira à Jérusalem, sur le Mont des Oliviers déposer sa Couronne et son Sceptre».
Hervé J. VOLTO, CJA
A lire : René Gousset, Histoire des Croisades et du Royaume Franc de Jérusalem, Tomes I, II et III (Perrin)
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A paraître : Le Testament de Saint Louis .
Hervé J. VOLTO- Date d'inscription : 19/12/2016
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