UN VRAI FRANCAIS : FRANCOIS SULEAU
Page 1 sur 1
UN VRAI FRANCAIS : FRANCOIS SULEAU
François-Louis Suleau (1757-1792), dit François Suleau, est un pamphlétaire Royaliste Français.
Né à Grandvilliers dans l'Oise, le petit François est l'aîné de sept frères. Après avoir fait ses études à Amiens et au Collège Louis-le-Grand où il aura Desmoulins, Robespierre et Fréron Fils pour condisciples, François Suleau prend le grade de maître ès-arts, sert ensuite dans les hussards, et devient, en 1784 avocat aux Conseils du Roi.
En 1787, il vend cette charge et part pour un voyage aux Iles du Vent et à Saint Domingue. Chemin faisant, il recueillera la démission du Sénéchal de la Guadeloupe mais, ne pouvant le remplacer sans avoir l’agrément du Roi, il revient en France, après avoir visité les différentes contrées des Etats-Unis. Il arrive à Paris le 27 aout 1789. La Révolution était commencée. Il se rend à Versailles pour suivre les débats de l'Assemblée. Il flane au Palais Royal. Les principes nouveaux ne lui semblent pas d’abord incompatibles avec la Monarchie, mais les journées d'Octobre le ramènent du côté des Royalistes qui, dès lors, n’auront pas de plus ardent défenseur.
François Suleau veut une réforme de l'Ancien Régime sous la direction du Roi. Louis XVI doit donc être libéré. Non content de répandre à flots quelques brochures de sa façon, il se rend en Picardie, dans sa famille, et y entreprend de convertir la municipalité d’Amiens à ses idées, par le procédé qui lui était le plus familier, c’est-à-dire en se moquant d’elle. Le plan du Marquis de Favras consistait à emmener le Roi dans une ville du nord, Suleau est considéré par les révolutionnaires comme l’émissaire chargé de soulever la Picardie. Invité à quitter la ville, il n’en fait rien et écrit une adresse à l'Assemblée : Fidelissimae Ricardorum genti.
On l'arrête. Il est enfermé dans la citadelle pour crime de... lèse-nation ! Ces bruits, qui paraissent fondés, prendront une telle consistance que le Châtelet de Paris évoquera l’affaire de Suleau, et le fera transférer à la Conciergerie. Son procès s'ouvre le 17 Janvier 1790. C'est lui qui mène les débats, s'impose par ses bons mots et ses railleries à l'adresse des juges. Son aisance et sa désinvolture sont inouïes, sa verve enfiévrée. C'est lui qui attaque et persiffle. On se presse pour lì'entendre, Toute la salle rit aux éclats. Une commission est nommée, qui traîne les choses en longueur sans y apporter la moindre lumière. Le prisonnier est bientôt relâché le 7 Avril 1790 au bout de quatre mois de captivité.
Dès ce moment, la verve du pamphlétaire s’épanchera dans les journaux de l’Aristocratie. François Suleau, avec l’imagination fougueuse qui perce dans ses écrits, se jète dans l’arène. C’est surtout dans Les Actes des Apôtres (à dater du N° 102), que sa collaboration a laissé les traces les plus durables. S’imaginant que ce n’est pas assez de protester avec sa plume contre la dictature jacobine en marche, il entreprend encore de faire la chasse à tous les pamphlets offensants pour la Majesté Royale, et ses menaces s’adressent même au Duc d'Orléans, qui pactise en sous-main avec le mouvement révolutionnaire.
François Suleau semble défier à plaisir la haine que lui vouent les révolutionnaires. C'est un Royaliste pur, désintéressé. Il risque sa vie. Il est d'un grand courage. Il doit se défendre un soir contre des spadassins qui le guettent au coin de la rue lorsqu'il rentre chez lui. Mais il ne se décourage pas. Il s'attaque avec verve à tous les ténors de l'époque : Marat, Mirabeau, Talleyran. Il provoquera l’un après l’autre les députés du côté gauche qui dédaignent ses cartels. Publiant les exploits de sa plume, il se fera arrêter chaque semaine.
II se retire à Oncy, près d’Etampes, mais bientôt, il rentre dans la lice. D’ailleurs, on commence à remarquer ses fréquentes entrevues avec Mirabeau et le garde des sceaux Duport du Tertre. On le voit même chez La Fayette. Persuadé que l’appui de Mirabeau sauverait le trône, il s’emploira d’un côté à persuader au Roi qu’il faut satisfaire sans marchander la déplorable avidité du « père conscrit », de l’autre à inculquer à Mirabeau les plans qu’il croyait les plus propres à rétablir l’ordre dans l’État.
-N'osera-tu donc jamais vouloir et agir par toi-même ? écrira-t-il à Louis XVI, qu'il accuse d'indécision.
Les lettres et les plans de Suleau font partie des papiers que l’orateur mourant confiera au Comte de La Marck, et n’ont pas été publiés. On sait pourtant qu’il conseillait de commencer la guerre civile dans le Midi. Lorsque les ministres d’alors écartent ce plan, Suleau considère leur répugnance comme la preuve flagrante de leur impéritie. Il essaie toujours de faire sortir la Famille Royale de Paris. Il n'hésite pas à diriger des manifestations, jusqu'au Théatre Français inclu. Sa plume est sans complésance contre les profiteurs de la Révolution et les Jacobins. Le Journal de M. Suleau, qui parait le 26 Avril 1791, répond à l’attente générale : on le consulte avec intérêt pour les renseignements qu’il renferme sur la Cour de Comblance et les plans de l’Emigration.
Et le Roi fuit à Varennes. Le logement de Suleau est envahie et pillé. Il est à nouveau arrété. Libéré, il part pour Bruxelles et Comblance, où il n'hésite pas à dire aux Emmigrés ce qu'il pense de leurs discordes et de leurs ambitions. S'il semble plaire un moment au Comte d'Artois, il se heurte rapidement au Comte de Provence, Louis XVIII de jure. Bien entendu, il est expulsé! Dès lors, il ne voit de salut dans l’établissement d’une Monarchie représentative. On le verra en effet, en 1791, s’efforcer de convertir Danton et Robespierre à la constitution anglaise. Un nouveau journal qu’il annonce n’aura qu’un seul numéro, qu’on peut dater avec vraisemblance du 15 Avril 1792.
Dans la matinée du 10 Aout 1792, le directoire du département de Paris lui ayant confié, dans la nuit du 9 au 10 août, la mission de vérifier l’état des choses et d’en faire son rapport au procureur général syndic, il revet l'uniforme de Garde National. Camille Desmoulins l'averti que l'asseau va être donnée aux Tuileries et que sa tête est menacée, mais il tient à se ranger aux côtés de son Souverain. Il s'adjoint quelques jeunes gens et se rend aux Tuileries. De Chevalier de plume, il va deviendra à ce moment là un véritable Chevalier d'Epée. Sa haute taille, sa beauté physique, son air martial attirèrent l’attention de la foule : il est reconnu, arrété et conduit au corps de garde de la section. Il y trouve deux ex-gardes du corps, de Selminiac et du Vigier, et un auteur dramatique, l’abbé Bouyon, arrêtés comme lui.
Théroigne de Méricourt, femme politique Française, personnalité de la Révolution -membre du club des Jacobins, maîtresse de Brisot, vêtue en amazone avec sabre et piotlet, elle est à la tête du cortège de trocoteuses qui va à Versailles pour ramener « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » et présente avec arrogance les revendications du peuple à Marie-Antoinette, qu'elle dévisage avec mépris- qui hait Suleau non seulement parce qu'il l'avait criblée d’épigrammes dans Les Actes des Apêtres, mais aussi parce qu'il avait publié, à Bruxelles, le Tocsin des Rois, un des journaux qui écrasèrent la révolution liégeoise, se trouvait à ce moment sur la Terrasse des Feuillants. Cette femme ameute aussitôt la foule contre les prisonniers. La cour s’emplit de gens furieux, demandant à grands cris qu’on leur livrât les prisonniers. Les gardes nationaux résistent en vain : la porte est enfoncée.
Bouyon tombe le premier sous les coups. Théroigne de Méricourt, elle-même, saute au collet de Suleau et l’entraîne dehors. Suleau se débat, lui arrache son sabre et se fraye un passage. Il se bat comme un lion, empéchamt les assaillants de s'en prendre à la famille Royale. Mais il se trouve bientôt submergé par le nombre, taillé en pièce et sa tête portée au bout d’une pique, au moment où le Roi et sa famille quittent enfin les Tuileries pour se rendre à l'Assemblée. À peine le cortège y est-il entré que, sur la terrasse même des Feuillants, tout à côté du Manège où siégeait l'Assemblée, un des officiers de l'escorte voit le groupe des assassins passer en portant au bout de leurs piques trois des têtes des victimes.
François venait d'épouser Adélaïde-Victorine, fille du peintre suédois Pierre Adolphe Hall. Quelques mois plus tard, naitra Louis-Antoine-Elysée Suleau.
-François Suleau, le Chevalier de la difficulté, ainsi l'appellera Mme de Coigny dans un ouvrage à lui consacré...
Hervé J. VOLTO, CJA
_________
A paraître : Antoine Blanc de Saint-Bonnet.
Né à Grandvilliers dans l'Oise, le petit François est l'aîné de sept frères. Après avoir fait ses études à Amiens et au Collège Louis-le-Grand où il aura Desmoulins, Robespierre et Fréron Fils pour condisciples, François Suleau prend le grade de maître ès-arts, sert ensuite dans les hussards, et devient, en 1784 avocat aux Conseils du Roi.
En 1787, il vend cette charge et part pour un voyage aux Iles du Vent et à Saint Domingue. Chemin faisant, il recueillera la démission du Sénéchal de la Guadeloupe mais, ne pouvant le remplacer sans avoir l’agrément du Roi, il revient en France, après avoir visité les différentes contrées des Etats-Unis. Il arrive à Paris le 27 aout 1789. La Révolution était commencée. Il se rend à Versailles pour suivre les débats de l'Assemblée. Il flane au Palais Royal. Les principes nouveaux ne lui semblent pas d’abord incompatibles avec la Monarchie, mais les journées d'Octobre le ramènent du côté des Royalistes qui, dès lors, n’auront pas de plus ardent défenseur.
François Suleau veut une réforme de l'Ancien Régime sous la direction du Roi. Louis XVI doit donc être libéré. Non content de répandre à flots quelques brochures de sa façon, il se rend en Picardie, dans sa famille, et y entreprend de convertir la municipalité d’Amiens à ses idées, par le procédé qui lui était le plus familier, c’est-à-dire en se moquant d’elle. Le plan du Marquis de Favras consistait à emmener le Roi dans une ville du nord, Suleau est considéré par les révolutionnaires comme l’émissaire chargé de soulever la Picardie. Invité à quitter la ville, il n’en fait rien et écrit une adresse à l'Assemblée : Fidelissimae Ricardorum genti.
On l'arrête. Il est enfermé dans la citadelle pour crime de... lèse-nation ! Ces bruits, qui paraissent fondés, prendront une telle consistance que le Châtelet de Paris évoquera l’affaire de Suleau, et le fera transférer à la Conciergerie. Son procès s'ouvre le 17 Janvier 1790. C'est lui qui mène les débats, s'impose par ses bons mots et ses railleries à l'adresse des juges. Son aisance et sa désinvolture sont inouïes, sa verve enfiévrée. C'est lui qui attaque et persiffle. On se presse pour lì'entendre, Toute la salle rit aux éclats. Une commission est nommée, qui traîne les choses en longueur sans y apporter la moindre lumière. Le prisonnier est bientôt relâché le 7 Avril 1790 au bout de quatre mois de captivité.
Dès ce moment, la verve du pamphlétaire s’épanchera dans les journaux de l’Aristocratie. François Suleau, avec l’imagination fougueuse qui perce dans ses écrits, se jète dans l’arène. C’est surtout dans Les Actes des Apôtres (à dater du N° 102), que sa collaboration a laissé les traces les plus durables. S’imaginant que ce n’est pas assez de protester avec sa plume contre la dictature jacobine en marche, il entreprend encore de faire la chasse à tous les pamphlets offensants pour la Majesté Royale, et ses menaces s’adressent même au Duc d'Orléans, qui pactise en sous-main avec le mouvement révolutionnaire.
François Suleau semble défier à plaisir la haine que lui vouent les révolutionnaires. C'est un Royaliste pur, désintéressé. Il risque sa vie. Il est d'un grand courage. Il doit se défendre un soir contre des spadassins qui le guettent au coin de la rue lorsqu'il rentre chez lui. Mais il ne se décourage pas. Il s'attaque avec verve à tous les ténors de l'époque : Marat, Mirabeau, Talleyran. Il provoquera l’un après l’autre les députés du côté gauche qui dédaignent ses cartels. Publiant les exploits de sa plume, il se fera arrêter chaque semaine.
II se retire à Oncy, près d’Etampes, mais bientôt, il rentre dans la lice. D’ailleurs, on commence à remarquer ses fréquentes entrevues avec Mirabeau et le garde des sceaux Duport du Tertre. On le voit même chez La Fayette. Persuadé que l’appui de Mirabeau sauverait le trône, il s’emploira d’un côté à persuader au Roi qu’il faut satisfaire sans marchander la déplorable avidité du « père conscrit », de l’autre à inculquer à Mirabeau les plans qu’il croyait les plus propres à rétablir l’ordre dans l’État.
-N'osera-tu donc jamais vouloir et agir par toi-même ? écrira-t-il à Louis XVI, qu'il accuse d'indécision.
Les lettres et les plans de Suleau font partie des papiers que l’orateur mourant confiera au Comte de La Marck, et n’ont pas été publiés. On sait pourtant qu’il conseillait de commencer la guerre civile dans le Midi. Lorsque les ministres d’alors écartent ce plan, Suleau considère leur répugnance comme la preuve flagrante de leur impéritie. Il essaie toujours de faire sortir la Famille Royale de Paris. Il n'hésite pas à diriger des manifestations, jusqu'au Théatre Français inclu. Sa plume est sans complésance contre les profiteurs de la Révolution et les Jacobins. Le Journal de M. Suleau, qui parait le 26 Avril 1791, répond à l’attente générale : on le consulte avec intérêt pour les renseignements qu’il renferme sur la Cour de Comblance et les plans de l’Emigration.
Et le Roi fuit à Varennes. Le logement de Suleau est envahie et pillé. Il est à nouveau arrété. Libéré, il part pour Bruxelles et Comblance, où il n'hésite pas à dire aux Emmigrés ce qu'il pense de leurs discordes et de leurs ambitions. S'il semble plaire un moment au Comte d'Artois, il se heurte rapidement au Comte de Provence, Louis XVIII de jure. Bien entendu, il est expulsé! Dès lors, il ne voit de salut dans l’établissement d’une Monarchie représentative. On le verra en effet, en 1791, s’efforcer de convertir Danton et Robespierre à la constitution anglaise. Un nouveau journal qu’il annonce n’aura qu’un seul numéro, qu’on peut dater avec vraisemblance du 15 Avril 1792.
Dans la matinée du 10 Aout 1792, le directoire du département de Paris lui ayant confié, dans la nuit du 9 au 10 août, la mission de vérifier l’état des choses et d’en faire son rapport au procureur général syndic, il revet l'uniforme de Garde National. Camille Desmoulins l'averti que l'asseau va être donnée aux Tuileries et que sa tête est menacée, mais il tient à se ranger aux côtés de son Souverain. Il s'adjoint quelques jeunes gens et se rend aux Tuileries. De Chevalier de plume, il va deviendra à ce moment là un véritable Chevalier d'Epée. Sa haute taille, sa beauté physique, son air martial attirèrent l’attention de la foule : il est reconnu, arrété et conduit au corps de garde de la section. Il y trouve deux ex-gardes du corps, de Selminiac et du Vigier, et un auteur dramatique, l’abbé Bouyon, arrêtés comme lui.
Théroigne de Méricourt, femme politique Française, personnalité de la Révolution -membre du club des Jacobins, maîtresse de Brisot, vêtue en amazone avec sabre et piotlet, elle est à la tête du cortège de trocoteuses qui va à Versailles pour ramener « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » et présente avec arrogance les revendications du peuple à Marie-Antoinette, qu'elle dévisage avec mépris- qui hait Suleau non seulement parce qu'il l'avait criblée d’épigrammes dans Les Actes des Apêtres, mais aussi parce qu'il avait publié, à Bruxelles, le Tocsin des Rois, un des journaux qui écrasèrent la révolution liégeoise, se trouvait à ce moment sur la Terrasse des Feuillants. Cette femme ameute aussitôt la foule contre les prisonniers. La cour s’emplit de gens furieux, demandant à grands cris qu’on leur livrât les prisonniers. Les gardes nationaux résistent en vain : la porte est enfoncée.
Bouyon tombe le premier sous les coups. Théroigne de Méricourt, elle-même, saute au collet de Suleau et l’entraîne dehors. Suleau se débat, lui arrache son sabre et se fraye un passage. Il se bat comme un lion, empéchamt les assaillants de s'en prendre à la famille Royale. Mais il se trouve bientôt submergé par le nombre, taillé en pièce et sa tête portée au bout d’une pique, au moment où le Roi et sa famille quittent enfin les Tuileries pour se rendre à l'Assemblée. À peine le cortège y est-il entré que, sur la terrasse même des Feuillants, tout à côté du Manège où siégeait l'Assemblée, un des officiers de l'escorte voit le groupe des assassins passer en portant au bout de leurs piques trois des têtes des victimes.
François venait d'épouser Adélaïde-Victorine, fille du peintre suédois Pierre Adolphe Hall. Quelques mois plus tard, naitra Louis-Antoine-Elysée Suleau.
-François Suleau, le Chevalier de la difficulté, ainsi l'appellera Mme de Coigny dans un ouvrage à lui consacré...
Hervé J. VOLTO, CJA
_________
A paraître : Antoine Blanc de Saint-Bonnet.
Hervé J. VOLTO- Date d'inscription : 19/12/2016
Re: UN VRAI FRANCAIS : FRANCOIS SULEAU
Peut-être ai-je oublié de préciser la grande Foi qui anymait François Suleau et le fit agir conformément à sa conscience, allant jusqu'au sacrifice de sa vie POUR DIEU, LE ROI ET LA FRANCE.
Hervé J. VOLTO- Date d'inscription : 19/12/2016
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum