Le rôle des nations devant Dieu – l`exemple de la France
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Le rôle des nations devant Dieu – l`exemple de la France
Le rôle des nations devant Dieu – l`exemple de la France
Source : Écho du cabinet de Lecture paroissial de Montréal (Canada) de 1861
Nous avons trouvé dans le Monde les considérations suivantes sur la leçon à tirer des événements. Considérations, qui nous paraissent intéressantes, surtout au moment présent, et qui du reste ne sont pas seulement applicables à la France, mais également à tous les peuples. Les nations trouvent leur bonheur en ce monde d'après leur fidélité à la volonté de Dieu, et leur infidélité est suivie inévitablement de catastrophes et châtiments. C'est ce que Bossuet a su si bien faire ressortir dans son admirable ouvrage sur l`Histoire Universelle. C'est ce que Joseph de Maistre a si bien démontré dans plusieurs de ses œuvres, comme dans les Soirées de St. Pétersbourg et les Considérations sur la France; or cette manière d'envisager les faits est bien digne d'attention à une époque où il y a tant d'esprits disposés à mettre en opposition les devoirs d'une nation avec ses intérêts, et à sacrifier tout à ce qu'ils regardent comme son intérêt présent. Si l'avenir d'une nation dépend de l'observation de ses devoirs, de sa fidélité aux obligations religieuses et morales, non-seulement il n'y a pas d'opposition entre ses intérêts et ses devoirs ; mais de ceux-ci dépendent réellement ceux-là ; et l'on est certain qu'elle sera d'autant plus grande qu'elle sera plus soumise, plus exacte et plus empressée de concourir à l'exécution des volontés divines.
Les Juifs, peuple choisi de Dieu, ont eu une destinée célèbre (voir Ancien Testament). Dieu a manifesté de la manière la plus éclatante chez eux l'observation rigoureuse des lois de sa Providence. Pendant tout le temps qu'ils observaient sa volonté, ils voyaient croître leur puissance, leur influence, leur abondance ; mais ensuite ils se lassaient de ce joug salutaire, et alors les calamités, les malheurs commençaient. C'est ce qu'ils ont vérifié pendant leur séjour au désert, du temps des Juges et des Rois, aux époques de la captivité a Babylone et sous la domination romaine.
Entre les différentes nations, on peut prendre la France comme exemple de cette vérité, au point de vue de la Foi :
La France est grande et puissante toutes les fois qu'elle protège l`Église ; et d'un autre côté, elle est malheureuse et humiliée toutes les fois qu'elle la persécute et la trahit.
En effet la France jette son premier éclat sous Clovis (roi des Francs au 5 eme siècle); sa puissance et sa gloire commencent dès lors à la placer à la tête de l'Europe. Mais c'est aussi à cette époque qu'elle naît au Christianisme ; la première entre les nations barbares elle reste fermement attachée au Siège de Rome, elle protège et défend la foi catholique et elle mérite le beau nom de Fille aînée de l'Église. Elle croît, elle grandit, et enfin elle acquiert sous Charlemagne une grandeur et une puissance qu'elle n'a jamais dépassées depuis ; la France alors, c'était l'Europe ; mais, jamais non plus sa politique n'a été aussi catholique, jamais elle n'a rendu à l'Église d'aussi éminents services.
Sous Hugues-Capet et sous St. Louis, sa grandeur et sa puissance ont été proportionnées à son dévouement à la cause catholique. Sous Louis XIV, elle brillait à la tête de l'Europe par la gloire des armes et des lettres, mais aussi par la gloire religieuse, et par son zèle pour la propagation du catholicisme dans le monde entier; et si l'astre du grand roi a pâli, si les humiliations ne lui ont pas manqué, il faut dire aussi que sa conduite à l'égard du siège apostolique n'a pas toujours été digne du fils aîné de l'Église. Et à ce sujet nous pourrions ajouter quelques réflexions, si l'on voyait en détail tout ce qui s'est fait pour le bien de l'Église et le salut des âmes, à ces trois époques principalement, sous Charlemagne, sous Saint Louis et sous Louis XIV, on comprendrait qu'elle est l'origine de la prospérité et de la grandeur qui ont illustré ces trois règnes. Charlemagne consacrant sa puissance, d'une part, au soutien et à la défense du Souverain Pontife ; de l'autre, à la conversion des païens et des infidèles. St. Louis donnant des exemples sur le trône qui resteront toujours comme les plus hautes et les plus pures leçons que puissent jamais recevoir les monarques chrétiens et les simples fidèles, sans parler de ses œuvres pour le bien de l'Église. Louis XIV venant comme recueillir les fruits de tant d'années de vertus et de piété, donnés par de si grands hommes qui illustrent le XVIIe siècle, et qui furent si nombreux que l'on a calculé que près de cinq cents personnages, célèbres par leur piété, ont été jugés dignes d'avoir leur vie écrite ; enfin Louis XIV dans la première moitié de son règne couronnant une époque si sainte, en suivant tous les principes d'une politique vraiment chrétienne.
Voilà ce que nous montre l'histoire, de grandes prospérités préparées par de grandes vertus ; mais en même temps nous voyons que la France a été malheureuse et humiliée dans des temps d'infidélité et d'ingratitude flagrantes.
Prenons les trois époques les plus tristes de son histoire : au XVe siècle les Monarques Anglais envahissent la France (Guerre de Cent Ans), s'en déclarent les Souverains et l'amènent à deux doigts de sa perte. A la fin du XVIIIe siècle, elle fut pendant dix ans, en proie à d'affreux malheurs, placée sous le joug du plus hideux terrorisme, et inondée du sang de ses enfants (Révolution française). Sous l'empire de Napoléon, au sortir de quinze années de victoires et de triomphes, elle a été deux fois envahie par les armées de l'Europe coalisée, et réduite aux derniers malheurs. Ce sont là les plus grandes calamités qu'elle ait eu à subir dans le cours de sa longue existence de quatorze siècles. (Plus tard : Les destructions de la première guerre mondiale sur le sol français et la chute de la France envahie par les nazis entre 1940 et 1944.)
Or, il est bien remarquable qu'elles suivent ses plus grandes infidélités à sa mission de défendre l'Église Catholique. Quand les Anglais vinrent l'assaillir au XVe siècle, auparavant le roi Philippe-le-Bel s'était porté contre le Vicaire de Jésus Christ ( le Pape) à d'indignes excès, et la France avait été une des plus grandes causes du grand schisme d'Occident.
La grande Révolution la couvre de crimes, de sang et de boue ; mais elle avait été pendant un demi siècle le foyer de l'impiété et de l'anti-catholicisme (le règne des libertins pendant la régence et les abus sous Louis XV). En deux années consécutives, sous le premier Empire, elle voit son territoire envahi par les armées étrangères ; mais auparavant Napoléon, d'abord si grand par la restauration de la religion, avait ensuite envahi sacrilègement les États de l'Église et amené le Pape prisonnier en France
Voilà un double fait incontestable, la France puissante et grande, toutes les fois qu'elle a protégé l'Église ; malheureuse et humiliée, toutes les fois qu'elle la persécutée et trahie. C'est un fait : impossible de le nier. C'est un fait incontestable et assez éclatant pour qu'il donne à réfléchir à ceux qui conduisent ses destinées, mais aussi à tous ceux qui ont entre les mains la destinée d'un Peuple. Ce qui s'est accompli en France, en présence du monde entier, s'accomplira aussi partout ailleurs sous la main puissante et équitable de la divine Providence.
Si l'on n'examine qu'un point dans l'histoire d'un peuple, on ne verra que quelques faits inexplicables, tant qu'on les sépare des autres faits qui leur ont donné naissance, et de ceux qui leur doivent leur origine et qui en sont de rigoureuses conséquences ; mais il faut embrasser plusieurs époques pour comprendre l'ordre, la suite et l'ensemble. Ces réflexions, on peut les faire utilement ici ; on est parfois trompé par le spectacle de la prospérité de certaines grandes nations, qui dans le schisme et l'hérésie ont atteint une telle hauteur et de si grandes proportions. Mais Dieu peut prévoir des retours et des changements qui sont cachés à nos yeux ; et s'il les voit infidèles dans l'avenir comme elles l'ont été dans le passé, ne nous étonnons pas, le châtiment pour être différé ne serait que plus terrible.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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