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Jean-Christian Petitfils : « Jésus n’est pas un mythe »

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Message par Lumen Jeu 23 Déc 2021 - 20:53

Jean-Christian Petitfils : « Jésus n’est pas un mythe »

De nombreuses sources historiques attestent de l’existence de « Ieschoua », un rabbi de Nazareth à la vie et au destin singuliers. Éclairage de Jean-Christian Petitfils, historien, auteur de Jésus (Fayard) et du Dictionnaire amoureux de Jésus (Tempus).

Jean-Christian Petitfils : « Jésus n’est pas un mythe » Jesus_mythe
L’Enfant Jésus et le charpentier Joseph, 1620, par Gerrit van Honthorst. - AKG IMAGES

Publié le 22/12/2021 à 08:00


Jésus n'est pas né le 25 décembre

À la différence des trois premiers Évangiles, le quatrième est celui d’un témoin oculaire, Jean, qui, selon Polycrate d’Éphèse au IIe siècle (ville d’Asie Mineure où mourut le disciple bien-aimé en l’an 101), était un prêtre de Jérusalem, membre du haut sacerdoce de cette ville. Son Évangile est à la fois le plus mystique et le plus historique. À suivre ce témoin exceptionnel, la chronologie du ministère public de Jésus s’étend sur trois ans, du printemps de l’an 30 à celui de l’an 33, et non sur un an, comme l’ont ramassée de manière schématique les trois premiers.

Compte tenu de ces données, que peut-on dire de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ? Il est naturellement impossible à l’historien de se prononcer sur la naissance virginale de Jésus. Cette affirmation de la foi, découlant des Évangiles, a embarrassé les premiers disciples, tant elle pouvait laisser croire à une naissance illégitime de leur maître. Elle était plus gênante que valorisante. On a longtemps pensé que, dans la tradition juive, la virginité était perçue de manière totalement négative (« Croissez et multipliez… », dit la Bible) jusqu’à la découverte en 1967 par l’archéologue Yagaël Yadin d’un texte provenant des manuscrits de la mer Morte, parlant de vierges consacrées et de vœux de virginité perpétuelle à l’intérieur même du mariage : si une jeune fille « se lie elle-même dans la maison de son père par un serment », le mari peut la désavouer et la relever de son engagement. Elle en sera alors tenue quitte. S’il se tait, cet engagement demeurera toujours valable. Est-ce la situation à laquelle fut confronté [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], qui, dit saint Matthieu, avait décidé de la répudier en secret ? Nous avons en tout cas une certitude historique : Jésus n’est pas né le 25 décembre de l’an 1. C’est par suite d’une erreur de calcul d’un moine du VIe siècle, Denys le Petit, que la date de l’an 1 a été arrêtée et ce n’est qu’au IVe siècle que la solennité de la Nativité fut fixée par le pape Libère, afi n de christianiser la fête païenne du solstice d’hiver.

L’histoire de l’étoile de Bethléem permet probablement de fixer sa naissance sept ans avant notre ère. Cette année-là – on le sait par des tablettes cunéiformes découvertes dans la ville antique de Sippar en Mésopotamie, mais aussi par le calcul astronomique moderne –, une conjonction très rare des planètes Jupiter (symbole de la puissance royale) et Saturne (symbole du peuple d’Israël) s’était produite à trois reprises dans la constellation des Poissons, sous la forme d’une étoile éblouissante inconnue. Or, fait troublant, Matthieu parle d’une étoile qui apparaît, disparaît puis réapparaît. Selon le rabbin portugais Isaac Abravanel, au XVIe siècle, cette conjonction planétaire était le signe de la naissance du Messie. Ceci éclairerait [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] venus d’Orient. Assez répandu à l’époque, le nom de Jésus (Ieschoua) donné à l’enfant est une contraction du nom biblique Yehôshoua, Josué, le successeur de Moïse, qui signifie « Dieu sauve ». 



Marie faisait partie de ce groupe

Il était issu d’un petit clan de juifs pieux venus de Mésopotamie au IIe siècle avant notre ère, qui prétendaient descendre du roi David, les Nazaréens. Ces gens attendaient la naissance en leur sein d’un messie, comme l’avait annoncé le prophète Isaïe. Ils avaient fondé en basse Galilée le village de Nazara ou Nazareth (de netzer, le « surgeon », c’est-à-dire le rejeton de Jessé, père de David). Vraisemblablement, Marie faisait partie de ce groupe, les mariages étant organisés par les familles à l’intérieur de chaque clan. Il n’y a par conséquent aucune raison de douter de la naissance de Jésus à Bethléem, la ville de David. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] au milieu de ses « frères » et « sœurs », en réalité ses cousins. En hébreu et en araméen, on se servait du même mot pour désigner un frère de sang, un demi frère,  un neveu ou un cousin (‘ah ou hâ). Les Évangiles en citent quatre : Jacques, Joseph, Syméon et Jude. Joseph, le père putatif de Jésus, était un tektôn,  un artisan ouvrier du bois. Jésus a appris le métier avec lui, et tous deux, probablement, ont travaillé au grand chantier de la région, la reconstruction de la ville de Sepphoris détruite par les Romains.

Lorsque, au printemps de l’an 30, Il vient au Jourdain se faire baptiser par le nouveau prophète Jean le Baptiste, Jésus est un juif pieux enraciné dans le monde culturel de son temps, totalement imprégné de la foi d’Israël. Aussitôt après, Il devient un rabbi – un maître enseignant –, mais un rabbi singulier, exceptionnel, ne se rattachant à aucune des grandes écoles religieuses juives de son temps, pharisienne, saducéenne et essénienne. Attirant des foules de petites gens, Il se constitue un groupe permanent de disciples qui Le suivent dans ses déplacements en Galilée ou à Jérusalem, pas seulement les Douze, mais plusieurs dizaines, voire centaines de personnes, hommes ou femmes. Le plus souvent, Il est hébergé chez deux de ses proches, Simon-Pierre et André, pêcheurs à Capharnaüm, sur le lac de Tibériade. N’en faisons pas simplement un sage ou un philosophe enseignant l’amour fraternel et le partage. Il va plus loin que les rabbis pharisiens : Il prône l’amour des ennemis, annonce l’accomplissement de la Loi mais aussi son dépassement. Exprimé dans [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], son message d’amour et de miséricorde n’a rien de lénifiant. Il exige une intériorisation du Décalogue de Moïse, une prière à Dieu dégagée des rites formalistes, des ablutions de purification ou des sacrifices d’animaux. Ce qui importe est l’intention du cœur. Ainsi durcit-Il la morale juive sur l’interdiction des serments ou la répudiation par le mari de sa femme. « Heureux les pauvres en esprit », annonce-t-Il, autrement dit ceux qui se dépouillent des richesses de ce monde pour faire place à Dieu dans leur cœur. 



De dures paroles de prophète

Tout en étant humble et doux, miséricordieux à l’égard de la femme adultère qu’Il refuse de laisser lapider « Va et ne pèche plus ! »), Il prononce de dures paroles de prophète, jette de violents anathèmes, chasse les marchands du Temple… Sa personne, surtout, est un mystère. L’autorité inégalée avec laquelle Il parle et s’impose – Lui, modeste artisan de Nazareth – est stupéfiante : « Moïse vous a dit de faire ceci, moi je vous dis de faire cela… »[/font] Non, ce n’est pas un juif ordinaire ! « Il y a ici plus grand que le Temple ! », lance-t-Il à ses apôtres. Alors que la prière juive est emplie d’une respectueuse déférence à l’égard de Dieu, Il n’hésite pas à appeler son Père Abba (Papa en araméen) ! Plus inouï, Il pardonne les péchés, ce que Dieu seul peut faire ! Le message – le royaume de Dieu, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], la miséricorde – est intimement lié au messager. « Je suis la Résurrection et la Vie ; celui qui croit en moi, quand même serait-il mort, vivra. » S’affranchissant de la loi juive, Il s’affirme comme l’unique médiateur entre Dieu et les hommes : « Je suis la Lumière du monde… Nul ne peut aller au Père s’il ne passe par moi. » À l’appui de son identité, Il accomplit des signes, des miracles, qui soulèvent l’enthousiasme des foules. Pour les docteurs de la Loi et les grands prêtres, au contraire, la messianité divine de Jésus était odieuse, inadmissible. D’où leur décision de Le livrer à Ponce Pilate comme agitateur politique. Ainsi se noua, pour le salut du monde, le drame de la Passion.



Jean-Christian Petitfils
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Lumen
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Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France

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