Eglise Saint-Sulpice : « Il ne peut y avoir de prière commune avec les musulmans » + VIDEO de KTOTV

par Lumen Sam 19 Fév - 15:17

Eglise Saint-Sulpice : « Il ne peut y avoir de prière commune avec les musulmans »

Après la rencontre islamo-chrétienne à l’église Saint-Sulpice (Paris), le père François Jourdan, islamologue et théologien eudiste, avertit sur les chausse-trappes du dialogue avec l’islam.

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Jeune femme lisant le coran, un chapelet à la main. - Corinne SIMON/CIRIC

Publié le 17/02/2022 à 15:30

Que pensez-vous de cette rencontre islamo chrétienne à l’église Saint-Sulpice ?

Je pense que d’avoir choisi une église comme lieu de rencontre et de prière est maladroit. Pour les musulmans, c’est une anticipation d’une islamisation progressive de la France, y compris de ses lieux de culte. Ça n’est pas dit, bien entendu. Mais il y a une ambiguïté. On aurait pu faire cela dans une salle de réunion, paroissiale ou attenante à une mosquée.

On y priait « ensemble avec Marie ».

Oui, mais Marie n’a pas du tout le même sens dans les deux religions. Là encore, l’ambigüité est très forte. C’est certes la mère de Jésus, dans le Coran, mais Jésus pour eux est un prophète musulman. En outre la virginité de Marie n’a pas de signification pour les musulmans. La cohérence de la foi chrétienne et de la foi musulmane sur ce point est complètement différente. Cela n’est pas apparu lors de cette réunion. D’où l’illusion d’un rapprochement. Prenez Abraham, par exemple. Il est le père des juifs et des chrétiens, mais pas du tout des musulmans. L’islam est une religion adamique, et pas abrahamique : c'est pourquoi, pour eux, nous sommes tous nés musulmans par nature comme Adam. Du coup, il ne faut pas s’étonner si cela a donné lieu à des critiques excessives. On a parlé de salle de prière « permanente » pour les musulmans à Saint-Sulpice. Il ne faut pas exagérer ! Mais l’ambigüité est telle que cela ne peut que déraper. Chrétiens et musulmans sont beaucoup plus différents qu’on ne le dit.

Peut-il y avoir une prière commune avec les musulmans ?

Sûrement pas ! On peut, dans un lieu neutre, ni église ni mosquée, avoir un temps de prière, chacun priant son Dieu. Cela m’est arrivé. Je prie dans mon cœur pendant que l’autre prie, à sa manière qui n’est pas la mienne. On peut être ensemble pour prier, mais on ne prie pas ensemble. Chacun a sa prière, spécifique. Tout simplement parce que nous n’avons pas la même relation à Dieu.

Le dialogue islamo-chrétien est-il nécessaire ?

Evidemment ! Mais un dialogue vrai, c’est-à-dire prenant en compte les différences. La vraie rencontre, c’est d’arriver à être d’accord sur nos désaccords. Mais chanter la Fatiha avec deux imams dans une église, comme on l’a fait à Saint-Sulpice, non, ça ne convient pas. La Fatiha est la première sourate du Coran, c’est une prière rituelle que les musulmans récitent dix-sept fois par jour. Cette brève prière fondamentale se termine par « Ne nous conduis pas sur le chemin des égarés ». Il s'agit ici des chrétiens, selon l'ensemble de la tradition islamique interprétative.

Comment concevez-vous le dialogue avec les musulmans ?

« Amour et vérité se rencontrent », comme dit le psaume. Parce que « la Vérité vous rendra libres ». Il faut éviter l’ambiguïté des mots, qui sont les mêmes dans les deux religions et qui n’ont pas le même sens. Miséricorde, par exemple : celle du Coran n’a rien à voir avec celle de la Bible. Pourquoi ? Parce que pour nous chrétiens et juifs, Dieu est sauveur, Il s’engage dans l’histoire humaine, et Il se donne : ceci est complètement absent du Coran. Du coup la miséricorde prend une dimension tout autre. Si l’on ne précise pas ce que l’on entend par tel ou tel mot, ce n’est pas du dialogue, c’est du mensonge. On trompe l’autre et on se trompe soi-même. C’est de l’obscurantisme interreligieux.

Donc quel est le but du dialogue chrétiens - musulmans ? Mieux se connaître ?

C’est le moyen de trouver un vivre-ensemble pacifique. Mais cela demande un travail, que peu de gens font. Et ceux qui savent, souvent ne disent pas les choses.

Le dialogue peut être un préalable à l’annonce du Christ.

Forcément, lors du dialogue, l’autre me présente sa foi et je lui présente la mienne. C’est très bien, à condition que cela ne devienne pas une pression. Attention aux méthodes de certains évangéliques américains !

Le père François Jourdan est l'auteur de "Islam et christianisme. Comprendre les différences de fond" (L’Artilleur)

Charles-Henri d’Andigné
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« N’ayons pas peur de dialoguer avec les musulmans »

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