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Le puissant message d'un moine trappiste sur l'Esprit Saint

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Message par Lumen Dim 5 Juin 2022 - 21:31

Le puissant message d'un moine trappiste sur l'Esprit Saint

Père abbé de l’abbaye de Novy Dvur (Tchéquie), Dom Samuel Lauras médite pour Famille Chrétienne sur l’Esprit Saint et la Pentecôte.

Le puissant message d'un moine trappiste sur l'Esprit Saint Dom_samuel_lauras_
Issu d’une famille nombreuse catholique, Samuel Lauras s’éloigne de Dieu vers l’âge de 20 ans. Quelque temps après, il visite l’abbaye de Sept-Fons dans l’Allier et il y rentre pour la vie.  - D.R.


Dans un monde qui souffre de la pandémie, l’Esprit peut-Il nous aider à vaincre l’angoisse de l’avenir ?

Il y a quelques mois, pendant l’office divin, le verset du Psaume 138 « Et la nuit devient lumière autour de moi » m’a profondément frappé. Ce n’est pas la lumière qui chasse la nuit comme tous les matins à l’aurore, c’est la nuit elle-même qui devient lumière. Il y a une lumière à chercher dans les nuits que nous traversons, et c’est le rôle de l’Esprit Saint de nous la faire découvrir. Une scène des Actes des Apôtres me parle beaucoup. C’est lorsque les Apôtres disent : « L’Esprit Saint et nous avons décidé... » L’Esprit Saint est une Personne divine qui agit en collaboration avec nous ! C’est fort... Il ne fait pas de nous des perroquets. Il nous met en situation, puis nous laisse agir.

Pourtant, la crise sanitaire entrave notre action...

Certains ont été malades, d’autres ont des proches malades ou qui sont morts. Nous avons été témoins de la fermeture des églises. Il faut apprendre à vivre avec cette obscurité qui semble recouvrir le monde, pour réagir !

À quoi l’Esprit Saint sert-Il dans nos vies ?

Les dons de l’Esprit servent d’abord à transmettre la vie. Notre nature humaine est traversée par un appel à quelque chose de plus grand. C’est un peu comme un avion bloqué sur le tarmac d’un aéroport  il y en a beaucoup actuellement. L’avion révèle sa vraie nature quand il vole. L’homme devient vraiment homme quand il développe sa dimension spirituelle, sa capacité à se tourner vers Dieu.

Nous percevons l’influence de l’Esprit Saint quand nous faisons l’expérience qu’Il nous permet d’accomplir des choses que, sans Lui, nous n’aurions pu faire. Les Douze étaient, pour la plupart, de pauvres pêcheurs de Galilée. Ils ont réalisé quelque chose d’extraordinaire qui n’était pas du tout écrit dans leur berceau. Je suis moine en République tchèque. Lorsque je suis né en Auvergne, rien ne me prédisposait à cette aventure. L’Esprit nous pousse à prendre de belles décisions, inattendues et fidèles ; ou bien Il nous dépouille. On se retrouve nu comme un ver. C’est bienfaisant.


Quelles sont la part de l’homme et la part de l’Esprit ?

La foi chrétienne a quelque chose de paradoxal. Dans sa Règle, saint Benoît invite l’abbé à gratter la rouille (combattre le Mal) sans crever le vase... On marche comme sur une ligne de crête. On risque de tomber soit dans une sorte de pieuse passivité ou dans un activisme qui donne l’impression qu’on peut tout tenir en main.

Il y a des périodes de l’histoire où la barque de l’Église semble couler...

Je pense à une période importante : ce moment où Pierre et Paul ont été martyrisés et où les premiers chrétiens se sont retrouvés seuls. Il y a eu des années très sombres qui exigeaient une foi à déplacer les montagnes. Ces chrétiens ont cru et ont poursuivi leur chemin. Ils espéraient la parousie, mais le retour du Seigneur se faisait attendre. Nous n’avons pas le droit de dire que nous vivons une époque noire. Nous marchons au même pas que nos prédécesseurs. La foi des premiers chrétiens doit rester vivante en nous. Le Christ reviendra. Attendons-Le, et laissons l’Esprit qu’Il nous envoie crier en nous : « Viens Seigneur Jésus ! »


Comment s’ouvrir à une vie spirituelle et balayer ces monstres intérieurs qui nous empêchent de vivre la vie de l’Esprit ?

La première chose, c’est d’accepter qu’il restera toujours de la poussière dans notre cœur. On ne doit pas se scandaliser des misères des chrétiens ou de la hiérarchie catholique... Même avec l’Esprit Saint, on marche toujours avec les pieds dans la poussière. Vous connaissez cette image de Péguy : si, avant d’entrer dans une église, on passe trop de temps à s’essuyer les pieds, on n’aura plus le temps de prier ! Acceptons que Dieu nous parle et que l’Esprit nous guide sans ôter toute la poussière. « Jésus connaissait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2, 25).

Cela veut dire aussi qu’il faut que j’accepte qu’il y ait de la poussière à balayer chez les autres. Ce n’est pas très facile. C’est un des grands combats de la vie monastique, de la vie commune tout court. Porter ses pauvretés, porter les pauvretés des autres, savoir réagir et garder un regard d’espérance sur mon avenir avec Dieu. Et sur le leur...


Qu’est-ce qui peut limiter l’action de l’Esprit ?

Il y a des attitudes qui freinent la réception des dons du Saint-Esprit. Principalement l’orgueil et la peur. Attention : l’orgueil, ce ne sont pas ces petites vanités d’amour-propre, toujours bêtes, dans lesquelles on se surprend. C’est un refus obstiné de dépendre d’un autre parce qu’on veut que tout vienne de nous. L’orgueil se manifeste dans nos relations : on refuse d’écouter des conseils, de recevoir des avis. Et il se manifeste éminemment dans notre rapport avec Dieu. Il y a dans la culture contemporaine quelque chose de radicalement orgueilleux. L’homme veut se construire sans Dieu.

La peur, c’est un défaut d’espérance. À partir du moment où j’accepte de dépendre d’un autre, il faut que j’accepte de sentir ce qui me manque. La peur paralyse. Avoir peur n’est pas mauvais en soi, c’est une forme de réalisme. La peur est un excellent tremplin pour engendrer le cri de la prière, comme les Apôtres dans la tempête : « Seigneur, sauve-nous ! » Nous sommes dans la tempête. Ce qui est nouveau depuis le Covid-19, ce n’est pas la tempête, c’est qu’enfin bénissons Dieu ! on la voit, cette tempête ! Grâce à ce pauvre petit virus, je vois que je ne peux pas me débrouiller tout seul. Cela fait peur. Et si je transforme cette peur en une ouverture, Quelqu’un va me donner ce dont je suis capable, mais qui ne peut se déployer par les seules forces de la nature humaine.


En quoi l’Esprit est-Il nécessaire à l’action ?

Je pense qu’il est essentiel que, dans le cœur de chaque chrétien, il y ait un moine qui dorme. Ou plutôt, qui ne dorme pas ! Un moine qui soit vivant. Qu’il y ait cette conviction mise en œuvre par des actes concrets que, s’il n’y a pas dans notre vie une part donnée à la prière gratuite, à la lecture gratuite de la parole de Dieu, à la participation gratuite à la liturgie, on va s’asphyxier. Et si on s’asphyxie, on ne peut réagir.

Comment profiter à plein de la fête de la Pentecôte ?

Nous devons éduquer nos sens spirituels. Nous avons des sens externes qui nous permettent de percevoir le monde matériel. Il faut essayer de bien les utiliser, de ne pas trop les saturer. Si vous saturez vos oreilles, vous n’entendrez plus quelqu’un qui chuchote. La première chose, c’est donc de faire du ménage, même si on sait qu’on marchera toujours dans la poussière. S’il n’y a pas cette décision ferme de faire de la place à l’Esprit Saint, Il ne pourra pas agir en nous, et nous ne pourrons pas réagir.

La Pentecôte, n’est-ce pas être rempli de Dieu, dans l’enthousiasme ?

Je n’aime pas beaucoup ce mot, je préfère « persévérance ». C’est une vertu qui permet de tenir dans des décisions que vous savez bonnes, mais qui sont pour vous exigeantes : la fidélité conjugale, le temps donné à ses enfants, pour l’étudiant, étudier... Quand un moine doit arrêter son travail, à l’heure des vêpres, bien souvent il n’a qu’une seule envie, c’est de rester là où il se trouve. Il fait beau, il est en forêt, mais il lui faut lâcher ses outils, prendre une douche, et aller à l’église. Quand on fait cela tous les jours, même en traînant les pieds, la persévérance est vivante.

Il y a un autre mot lié à l’Esprit Saint, c’est le mot « liberté ». À la Pentecôte, le Christ envoie « l’Esprit de vérité » (Jn 16, 13). Or, a-t-Il dit, « la vérité vous rendra libre » (Jn 8, 32). La présence de l’Esprit se manifeste par une authentique liberté. Si je vois clair sur les petites addictions, quelles qu’elles soient, qui font de moi un esclave, et sur les choses auxquelles je tiens et qui me referment sur moi, ou sur mes relations tordues, je puis progressivement recevoir la liberté qui m’est offerte. Cette liberté est attrayante : on a envie de vivre libre, dans une liberté profonde, pas de vivre libre de faire n’importe quoi, mais libre sans chaînes intérieures, libre de servir Dieu et de L’aimer.


Comment persévérer dans la situation actuelle ?

Le Christ prend l’initiative, c’est Lui qui nous fait signe. À nous de percevoir ses signes. On les perçoit bien quand on est dans la panade ! C’est pour cette raison que je vois l’époque actuelle avec optimisme. Pendant des décennies, la confiance en nous-mêmes s’est accrue jusqu’à l’illusion de croire que nous pouvions tout maîtriser, même la vie et la mort... Quand beaucoup de choses s’effondrent, cela nous remet tout simplement dans la réalité. À partir de là, on peut se mettre à crier. C’est l’histoire de Job. Il a rencontré le Seigneur lorsqu’il a compris que les certitudes sur lesquelles il avait construit sa vie s’étaient effondrées. Il ne restait plus rien, sinon une soif de Dieu tellement intense qu’il découvrait, derrière elle, Quelqu’un capable de l’étancher. Ce thème de la soif, du désir, est très présent chez saint Bernard.

L’Esprit fait-Il aussi de nous des témoins ?

Je crois que l’Esprit nous met en contact. L’Esprit nous donne d’écouter et ce n’est pas facile. C’est sûrement l’un des aspects de mon ministère qui me donne le plus de mal. Écouter, cela veut dire avoir l’autre en face de soi, pas seulement le laisser parler, mais aussi l’inviter à s’exprimer. Se taire. Voir ce qu’il manifeste sur son visage par ses attitudes, et essayer de comprendre quelles sont ses questions avant de donner des réponses. Cela veut dire qu’il ne faut pas parler trop vite, il ne faut pas trop vite être sûr qu’on a compris. Il ne suffit pas de sortir les phrases toutes faites du catéchisme. Il faut une véritable rencontre. L’Esprit va nous aider à rencontrer les autres. Et si on aime quelqu’un, on veut son bien « Je ne vous appelle plus serviteur mais ami ». Tout se tient.

L’intensité de la vie spirituelle entraîne-t-elle le zèle missionnaire  ?

Sainte Thérèse de Lisieux, dans son carmel, voulait « être apôtre et missionnaire ». Quelques mois avant sa mort, elle est à bout de forces. Le médecin lui conseille de marcher. Elle marche dans le cloître, c’est dur pour elle, cela lui fait mal... Et elle dit : « Je marche pour un missionnaire. » C’est la fécondité des contemplatifs dans la vie de l’Église. Du côté du missionnaire, c’est clair que la vie intérieure est la sève qui monte de l’arbre, qui fait pousser les branches et les feuilles. S’il n’y a pas de sève, s’il n’y a pas de vie intérieure, il n’y a pas de mission. On va en rester à une vie qui ne développe que des projets humains. On restera comme un avion cloué sur le tarmac.




Samuel Pruvot , Théophane Leroux et Clémence de Longraye
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Lumen
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