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Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (1/2) et (2/2)

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Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (1/2) et (2/2) Empty Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (1/2) et (2/2)

Message par Lumen Dim 14 Aoû 2022 - 18:58

Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (1/2)

Fin du monde, fin des temps. S’agit-il seulement de thèmes à sensation pour thrillers de papier et apocalypses de cinéma, ou y a-t-il une fin de l’Histoire de l’humanité sur terre ? Et l’Église a-t-elle quelque chose à en dire ? Entretien avec le Père Patrick de Laubier, à propos de son nouveau livre, sur les derniers temps.

Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (1/2) et (2/2) Pdl30oct14
Don Patrick de Laubier, 13.1.1935 – 28.2.2016 - Un Professeur de sociologie devenu prêtre catholique

Publié le 30/12/2009 à 16:46


Que vous inspire un film catastrophe comme 2012, qui met spectaculairement en scène la fin du monde, prévue à cette date par une prophétie maya ?

Les gens sont inquiets. La bombe atomique a montré que les hommes pouvaient mettre en danger la vie sur la Terre. Aujourd’hui, il y a le réchauffement climatique, le terrorisme, la crise...

Les premiers chrétiens attendaient la fin du monde de leur vivant. Aujourd’hui, on ne l’attend plus. Sauf peut-être ceux qui l’inventent, avec des films comme 2012. Et ceux qui se ruent sur les apocalypses de cinéma ne montrent-ils pas une crainte très profonde qui remonte à des temps immémoriaux ? Le danger est de céder à l’angoisse sans espérance. D’où la tentation de tout détruire pour tout recommencer, ou de se droguer pour oublier.

Avec la rapidité des nouveaux moyens de communication, on assiste aujourd’hui à une évolution accélérée des mentalités vers une inversion totale de l’échelle classique des valeurs qui était : d’abord les croyances ou les idées, puis la culture, la politique, l’économie, et enfin la technique. Aujourd’hui, la technique orchestre tout, et en dernier, arrivent les idées ou les croyances, si on en a !

Fin du monde, fin des temps... Pouvez-vous préciser ?

C’est ce qu’on appelle l’« eschatologie » (du grec eschatos, « dernier »). L’eschatologie, qui fait partie de la théologie, est l’étude de la fin des temps et de la fin du monde qui achèvera l’Histoire sur terre.

On distingue une eschatologie personnelle - la mort de chacun - et une eschatologie de toute l’humanité, qui est la fin de l’Histoire. C’est cette eschatologie collective qui est le sujet de mon livre. Elle intéresse aussi chacun, car elle sera précédée de signes de la fin des temps : famines, tremblements de terre, faux prophètes (Mt 24, 5-8)... Ce qui se passe après notre mort - avec le jugement particulier qui nous conduira au Ciel, au purgatoire ou en enfer - ne relève pas de l’eschatologie mais de ce qu’on appelle les fins dernières.

Autrement dit, l’Histoire concerne le destin terrestre de l’humanité. Et l’eschatologie, les événements des derniers temps, avant le retour en gloire du Christ, sa Parousie (de parousia, « présence »), la résurrection des corps et le Jugement dernier, qui confirmera le jugement particulier.

Il est important que l’Église catholique parle de ces sujets, sinon les gens iront chercher des réponses ailleurs.

C’est-à-dire ?

Dans la voyance, par exemple. Récemment, j’ai vu que la Poste suisse vendait des livres à ses guichets. Dont l’un sur les devins et les voyants : entre la France, la Suisse et la Belgique, il y aurait cent mille devins et une moyenne de quinze millions de consultants !

Mais il y a aussi les sectes. Au Brésil, où je vais régulièrement, une religieuse m’a raconté une anecdote sur son oncle, curé de paroisse, très occupé par les questions sociales. Un jour, il voit une de ses paroissiennes, très active, partir la Bible sous le bras dans une secte : « Vous quittez l’Église catholique ? », l’interroge-t-il, inquiet. « Pas du tout, répond-elle. Je continuerai à travailler à la paroisse. Mais pour prier, je vais avec eux. Car ils prient, eux, pas vous ! »

Les gens savent qu’ils vont mourir... mais ils n’y croient pas ! Penser à la mort est pour eux un repoussoir psychologique. Parce qu’ils la craignent. Or, c’est un monde païen qui a peur de la mort ! On ne peut donc pas se passer d’une vision catholique des derniers temps.

Mais l’Église ne parle guère de la fin des temps...

En effet. Depuis mon enfance, je n’ai jamais entendu un sermon sur le sujet.

Si l’Église, si les théologiens ne proposent pas de réponses, en utilisant l’Écriture, les Pères, la Tradition, la raison et la foi comme saint Bonaventure, les gens iront les chercher dans le New Age et les rêves de retour au Premier Jardin. Alors que nous savons, nous catholiques, qu’il y a un Deuxième Jardin, qui n’est pas une reconstitution de l’Eden, mais le jardin de la Résurrection, avec Marie Madeleine, envoyée pour être l’apôtre des apôtres.

Pourquoi ce quasi silence ?

Ce n’est pas vrai partout. En Russie, où je vais fréquemment depuis des années, tout le monde - jeunes et vieux - est sensibilisé à la fin des temps, souvent évoquée. Dans la cathédrale de São Paulo (Brésil), un Christ couvert de sang domine la nef, alors qu’en Russie, le Christ est toujours ressuscité.

En Occident, nous sommes sans doute plus sensibles à l’humanité du Christ, et en Orient, à sa divinité. Il faut tenir les deux, bien sûr.

D’où vient cette différence de sensibilité ?

En Occident, nous avons eu la liberté et les ressources. En Orient, ils n’ont pas eu la liberté, soit que l’islam les occupait, soit que des régimes autocratiques les dominaient. De ce fait, ils ont été pauvres, et peu missionnaires. Car pour être missionnaire, il faut être libre et avoir des ressources. Nous, nous en avons bénéficié. Mais notre tentation, c’est l’arianisme : réduire le message chrétien à un pur message temporel. Et surtout, ne pas trop penser à la fin de l’Histoire !

Des éléments psychologiques jouent aussi. Par exemple, Genève, où je vis, avec son argent, ses banques, ses beaux jardins, n’est pas du tout une ville « eschatologique »... Tandis qu’en Russie, le froid prédispose les gens à penser davantage à ces questions.

Les juifs et les musulmans ont-ils une eschatologie ?

Les juifs attendent toujours le Messie (ou une période messianique), un Messie temporel, un grand homme qui rétablirait Israël dans ses prérogatives de nation reine.

Les musulmans sont, eux, plus proches du christianisme. Les sunnites attendent le retour du Mahdi (le « Bien Guidé »), un homme qui tient à la fois du Messie juif et du Christ ; et aussi le retour du Christ, mais qui n’est, pour eux, qu’un prophète. Pour les chiites, c’est plus mystérieux. Il y a la tradition des douze imams, tous descendants de Mahomet, par Ali, son gendre et premier imam, et ses successeurs, jusqu’au douzième, l’« imam caché », que les chiites assimilent au Mahdi et qui reviendra à la fin des temps. En tout cas, sunnites et chiites attendent la fin des temps, le jugement et la venue du Mahdi.

Que dit l’Église catholique sur le déroulement de la fin des temps ? Selon quelles sources ?

L’Église parle d’un premier avènement du Christ, pauvre, mis à mort et ressuscité. Et d’un second avènement, la Parousie, quand il reviendra en gloire, à la fin des temps, pour juger les vivants et les morts.

Les sources de l’eschatologie, on les trouve principalement dans les Évangiles, l’Apocalypse de Jean, les épîtres de Paul et de Pierre, qui permettent d’en décrire les acteurs et le déroulement, et d’esquisser une théologie de l’Histoire.

Chez les Pères aussi, tel saint Irénée, ou chez Hippolyte de Rome, et dans toute la Tradition de l’Église, ainsi que chez les mystiques. Saint Paul est une des sources les plus riches. Il nous dit qu’il y aura l’apostasie (l’abandon public de la foi), l’homme du péché, celui que saint Jean appelle l’Antichrist (Antéchrist), la grande épreuve, puis le retour du Christ, la Parousie.



Le Père Patrick de Laubier, ermite et contemplateur de l'eucharistie

Le Père Patrick de Laubier. Docteur en sciences politiques, il a été plus de vingt-cinq ans professeur de sociologie à l’université de Genève. Ordonné prêtre par Jean-Paul II à Rome, le 13 mai 2001, il est incardiné dans le diocèse de Rome. Il a une licence canonique de théologie de l’université de Fribourg (2001).

Aujourd’hui, il partage son temps entre Genève, où il dessert une chapelle, et Paris. Il est professeur à l’Institut politique Léon-Harmel et donne des cours depuis longtemps en Russie, au Brésil (São Paulo) et en Chine (Shanghai). Il est missionnaire, mais aussi ermite, et son « travail » principal est de contempler l’eucharistie.

Il est l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels Le Temps de la fin des temps (F.-X. de Guibert, 1994), qui porte aussi sur l’eschatologie.



Marie-Catherine d'Hausen
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Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (1/2) et (2/2) Empty Re: Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (1/2) et (2/2)

Message par Lumen Dim 14 Aoû 2022 - 19:18

Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (2/2)

Fin du monde, fin des temps. L’Église a-t-elle quelque chose à en dire ? Deuxième partie de notre entretien avec le Père Patrick de Laubier, à propos de son nouveau livre, sur les derniers temps.

Père Patrick de Laubier : aujourd’hui, l’Apocalypse ? (1/2) et (2/2) Pdl30oct14
Don Patrick de Laubier, 13.1.1935 – 28.2.2016 - Un Professeur de sociologie devenu prêtre catholique

Publié le 30/12/2009 à 16:46


Vous avez évoqué une théologie de l’Histoire...

Elle est sous-développée. Il faut, en effet, une théologie de l’Histoire pour comprendre que l’Histoire a un sens, pour voir les derniers temps à la lumière de la Révélation. Je m’intéresse à l’eschatologie depuis une vingtaine d’années. Notamment depuis que je vais en Russie.

J’ai aussi été attiré par la thèse du jeune Joseph Ratzinger, sur La Théologie de l’Histoire de saint Bonaventure (1) dès sa parution. Bonaventure, au XIIIe siècle, a une théologie de l’Histoire. Alors que, curieusement, un génie comme saint Thomas d’Aquin, son contemporain, n’en a pas. Le jeune Ratzinger s’aperçut qu’un grand thomiste comme Gilson n’avait pas vu, dans son livre sur Bonaventure, l’aspect de théologie de l’Histoire. Il en fit alors le sujet de sa thèse et montra combien une telle théologie était essentielle.

Jean-Paul II parlait du « Christ, centre du cosmos et de l’Histoire »...

En effet, c’est le Christ, le critère de la théologie de l’Histoire, le « fil rouge ». Le déroulement de la vie du Christ relaté dans les Évangiles, l’Église - son Corps mystique - pourrait le revivre, de façon analogique, à travers son histoire, comme le chrétien le revit à travers le déroulement de la liturgie eucharistique, dans le rite romain et byzantin. Par exemple, les débuts de la vie de Jésus sont marqués par la persécution d’Hérode, et ceux de l’Église par les persécutions des premiers siècles, dans l’empire romain ; le Kyrie eleison, dans le rite eucharistique, représenterait analogiquement les persécutions... Et ainsi de suite.

Ces parallèles, pourtant très christologiques, n’ont guère été développés, alors qu’ils permettent de beaucoup mieux situer les choses, mais sans donner de dates, surtout.

L’Antichrist dont vous avez parlé, qui est-il donc ?

Il ne faut pas confondre l’Antichrist avec le « prince de ce monde ». Il n’est pas Satan, mais un homme entièrement sous l’influence de Satan. Et selon une mystique contemporaine, Maria Valtorta, l’Antichrist ne sera pas un roi, mais un spirituel. Un Judas plutôt qu’un Néron, qui se ferait le héraut d’une sorte de philanthropie, d’un christianisme sans Christ. Et nous pourrions être, aujourd’hui, dans la période des précurseurs de l’Antichrist.

Les précurseurs de l’Antichrist ?

On ne peut s’empêcher de penser à un Staline, cet ancien séminariste orthodoxe, et à un Hitler, ce fanatique qui voulait exterminer tous les juifs. Ils ont des millions de morts sur la conscience. Cela a quelque chose de surhumain, de diabolique.

Selon saint Paul, c’est au cœur de l’apostasie que surviendra l’Antichrist, que suivra le plus grand nombre, même une partie du clergé. Et il y aura une persécution plus radicale et planétaire des chrétiens. Or, l’apostasie ne se déploie-t-elle pas sous nos yeux depuis quarante ans de manière spectaculaire ?

Il y a aussi l’idée - dont parlent saint Bonaventure et la Vierge, à Fatima - qu’après l’Antichrist, une certaine paix pourrait s’établir ici-bas. Pas une paix à la manière de l’Onu, mais cette paix que Paul VI, dans un mémorable et magnifique discours à Noël 1975, a appelée la « civilisation de l’amour ».

La « civilisation de l’amour » en même temps que l’Antichrist et l’apostasie ?

En effet, car le bon grain croît inextricablement mêlé à l’ivraie. Cette « civilisation de l’amour » annonce un monde finalement chrétien. Jean-Paul II en a beaucoup parlé. Benoît XVI aussi. Et son encyclique Caritas in veritate pourrait en être la « constitution ». Parvenir à appliquer cette encyclique à toute la terre, ce serait la « civilisation de l’amour ».

Après cette période de paix, il y aurait alors l’ultime et terrible épreuve qui précéderait immédiatement le retour du Christ en gloire.

Pourquoi faut-il éviter de chercher à dater ?

« Aux yeux de Dieu, mille ans sont comme un jour », dit l’Écriture. En outre, selon l’Évangile, cette date, le Père seul la connaît, pas même le Fils. Et psychologiquement, une minute peut sembler durer un siècle. Enfin, dans la vie du Christ, il y a comme une accélération, avec des événements de plus en plus en plus importants dans un temps de plus en plus réduit : trente ans de vie cachée, trois ans de vie publique, trois jours de la Passion, trois heures d’agonie... On peut supposer que l’Histoire connaîtra semblable accélération.

Mais plus profondément encore, il ne faut pas chercher de dates parce que la liberté peut changer toute chose. Cela dépend de nous d’accélérer l’avènement de la « civilisation de l’amour ».

Au XXe siècle et au début du XXIe siècle, des signes eschatologiques ne sont-ils pas déjà apparus ?

Certainement. Nous avons déjà évoqué le nazisme et le communisme, le terrorisme aussi... Mais il y a un autre signe, très important : l’abandon de la nature humaine. On la nie, on veut la reconstruire, être « comme des dieux », recréer l’être. On ne veut plus de ce que Dieu a fait à son image, mais faire une autre image.

Là aussi, des forces diaboliques entrent en jeu. Mais là où le péché abonde, la grâce surabonde.

Comment le Grand Jubilé de l’an 2000 s’inscrit-il dans cette perspective ?

Avec Dominum et vivificantem, son encyclique de 1986 sur le Saint-Esprit qui annonçait la célébration par l’Église du Grand Jubilé de l’an 2000, Jean-Paul II nous a donné le texte le plus eschatologique qui soit. Il voulait que le IIIe millénaire qui commençait réveille à la fois notre conception de l’Histoire et notre conception eschatologique. Mais plus la lumière est forte, plus elle suscite à la fois d’opposition et d’adhésion.

Et l’Apocalypse, comment faut-il la lire ?

Elle mérite une attention spéciale. Elle évoque, avec une imagerie très riche, l’Histoire du monde et de l’Église qui se déploie sous nos yeux. Une lecture historique de l’Apocalypse montre l’Église primitive en proie aux persécutions romaines et agitée de conflits. Une lecture allégorique, plus vaste, décrit, dans une vision surnaturelle très imagée, le déroulement de l’Histoire, avec les trois Cités : Babylone, cité du péché ; Jérusalem, cité sainte ; et une troisième cité, humaine, enjeu du combat entre Dieu et Satan, avec une foule de personnages qui entourent l’Agneau. Les deux approches sont complémentaires. L’Apocalypse prophétise la fin de l’Histoire. Mais contrairement à ce qu’on imagine généralement, elle n’est pas une catastrophe, mais une bonne nouvelle, un aboutissement merveilleux, après une prodigieuse et cruelle épopée. Elle annonce le retour du Christ, Époux de l’Église, et de chacun de nous. Elle est une invitation de toute l’humanité aux noces de l’Agneau. « Marana tha ! Viens, Seigneur Jésus ! »




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