Édith Piaf et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus - Les voix de l'amour
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Édith Piaf et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus - Les voix de l'amour
Édith Piaf et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus - Les voix de l'amour
Persuadée d'avoir, enfant, été miraculeusement guérie par sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, Édith Piaf resta toute sa vie très attachée à la carmélite de Lisieux. Une facette méconnue de "la Môme", dont la vie mélodramatique déferle cette semaine sur les écrans de cinéma. Deux âmes de feu, deux âmes éperdues d'amour. La rencontre d'une "petite voie" et d'une grande voix.
foto: Profimedia
Persuadée d'avoir, enfant, été miraculeusement guérie par sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, Édith Piaf resta toute sa vie très attachée à la carmélite de Lisieux. Une facette méconnue de "la Môme", dont la vie mélodramatique déferle cette semaine sur les écrans de cinéma. Deux âmes de feu, deux âmes éperdues d'amour. La rencontre d'une "petite voie" et d'une grande voix.
foto: Profimedia
Qui a mieux chanté l'amour qu'Édith Piaf ? Et comment l'expliquer ? Un bon comédien peut imiter l'amour. Pas un chanteur. Parti pris largement adopté par le film-événement de la semaine : La Môme (p. 29).
Pour approcher le mystère Piaf, mystère d'enchantement, certaines images s'imposent, et d'abord celle de la môme éperdue d'amour. Ah ! les amants d'Édith ! Ceux qui se servirent d'elle, ceux qui ne surent pas lui donner assez, et ceux à qui elle ne voulut plus rien donner du tout. Une vie courte, brûlée de déceptions, d'épuisements, d'accidents ; un destin grave, miné par la drogue et la maladie ; une âme fragile, vite peuplée de fantômes. Comme le spectre de Cerdan ! Ce grand amour si longtemps attendu, si vite disparu, et, finalement, englouti dans la culpabilité d'une mort tragique (c'est Édith qui lui demanda de prendre l'avion et non le bateau pour qu'ils se retrouvent plus vite). Telle encore sa petite Marcelle, foudroyée par une méningite à deux ans et demi.
Face à l'image de la femme tourmentée, on en brandit une autre, celle de l'artiste passionnée : Piaf donna tout au public, son seul amour fut le public ; son unique bonheur fut de chanter, ses plus grandes joies, c'est sur scène qu'elle les connut. "Je suis heureuse quand je chante", se confiait-elle à Pierre Desgraupes, dans l'émission télévisée "Cinq colonnes à la une". Mais "il faut tant et tant de larmes pour avoir le droit d'aimer", reconnaissait-elle plus tard, en 1960, dans la chanson "C'est l'amour". Quand on sait avec quelle rigueur Piaf choisissait ses textes, tout est dit.
La tension permanente entre la femme et l'artiste explique la vérité de ses interprétations. On ne peut chanter de telles paroles sans qu'elles aient été, comme l'écrit Cocteau, "arrachées à l'âme".
Une enfant chétive et malade
Pourtant ce bout de chiffon en son, aura de lumière, cette voix cosmique jaillie d'une poitrine minuscule, incitent à chercher l'énigmatique Rosebud, clé des secrets d'une âme. Reconstitution délicate, toujours partielle, qui n'épuise certes pas le "mystère Piaf" mais en fait résonner la note juste. Rosebud ! Rappelons-nous l'ultime plan de Citizen Kane, le film d'Orson Welles, ce bouton de rose peint sur une luge qui brûle. L'enfant Kane jouait sur ce traîneau quand il apprit la mort de sa mère. Rosebud ! Ultime mot prononcé par l'héritier trop précoce d'une fortune colossale qui dut subir sans répit l'implacable loi des puissances infantiles.
Tous, nous avons notre ou nos rosebuds. Positifs ou négatifs, ils marquent nos vies, lui donnant une part de son sens et de son style. Pour Édith, ce fut Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui avait justement promis de répandre une pluie de roses sur le monde.
Dans sa biographie, Piaf, emportée par la foule, Bernard Marchois, conservateur du musée Édith-Piaf, retrace l'itinéraire de l'enfant des rues, chétive, malade, qui atterrit à Bernay, en Normandie, chez sa grand-mère paternelle, tenancière d'une maison close. Édith y reçoit l'affection des pensionnaires, filles de joie réduites aux tristesses de l'amour sans amour, et qui projettent sur elle une tendresse maternelle dont elles sont privées.
L'enfant souffre d'une double kératite. Lisieux n'est pas loin. La grand-mère et les filles prient Thérèse sans relâche, et quand l'enfant recouvre la vue, c'est toute la maison qui ferme un dimanche, pour se rendre sur la tombe de la sainte et la remercier de cette "guérison".
Elle demande qu'on l'aide à s'agenouiller
Auteur d'Édith et Thérèse, Hugues Vassal fut l'ami et le photographe de Piaf. Il risque le mot de miracle. "Imaginez le contexte : les miracles attribués à Thérèse, la foule de pèlerins sur sa tombe où on vient grappiller un peu de terre...". Déposa-t-on quelques miettes de cette terre sur le bandeau d'Édith ? Est-il vrai que, trois jours après, le médecin constata la disparition des croûtes ? "Qu'est-ce qu'un miracle, se demande le photographe, sinon une transformation dans laquelle l'homme se laisse coopérer par Dieu ?".
Le vrai miracle, c'est que, dès cet instant, Édith voue à Thérèse une dévotion indéfectible. Elle entre dans ce que Mgr Gaucher appelle, non sans humour, "l'internationale thérésienne, une immense famille d'hommes et de femmes dont Thérèse est proche et qui lui confient leurs joies et leurs peines... Tous témoignent des grâces et des faveurs reçues en retour. Dans l'histoire de Piaf, on retrouve bien la manière de Thérèse. Elle sait se glisser partout, de façon déconcertante, et ce bien au-delà du catholicisme".
Édith priera chaque jour cette grande sœur. La pécheresse trouvera toujours auprès de la sainte les forces de consolation et d'espoir dont son coeur a besoin. "La plus belle preuve de cette vénération, ajoute Hugues Vassal, n'est pas dans certaines images "sulpiciennes" que la chanteuse donnait à la presse, mais dans ses escapades éclair à Lisieux, aller-retour dans la journée, en cachette de tout le monde, généralement accompagnée d'une personne étrangère à sa première sphère d'amitiés."
Les deux femmes aux trajectoires si différentes se correspondent. Sur leurs visages, l'effacement. Mais quel paradoxe entre cet effacement et leur prodigieuse présence. Toutes deux souffrent d'un corps fragile, d'où surgissent, vers le monde entier, des forces spirituelles inconcevables. Chacune à sa façon, Thérèse dans le huis clos monacal, Édith sous les feux de la rampe, font œuvre d'amour, un amour qui touche les cœurs les plus simples et gagne les âmes en profondeur. Croyantes ou non. On peut dire des deux, et sans nuance péjorative, qu'elles sont grand public.
Pas question de faire d'Édith Piaf une sainte, ni de la récupérer dans les légions catholiques. Pas question de trier le bon grain de l'ivraie, dans le capharnaüm religieux de sa vie. Mais, pour saisir cette artiste incomparable, on ne peut négliger chez elle l'importance de la prière et de la méditation.
Dans les pires moments, au fond de l'épuisement physique, Piaf demandait toujours qu'on l'aidât à s'agenouiller pour prier. Elle aurait pu prier allongée. "On ne prie pas allongée, mais à genoux", s'offusquait-elle. C'est dans cet effort quotidien et vital que cette immense tragédienne de la chanson puisa la force de sa voix. La seule en fin de compte à oser un "Hymne à l'amour".
Franck Laurent
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
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