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Au Mexique, tout le monde croit à la Vierge de Guadalupe

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Au Mexique, tout le monde croit à la Vierge de Guadalupe Empty Au Mexique, tout le monde croit à la Vierge de Guadalupe

Message par Lumen Ven 16 Déc 2022 - 21:06

Au Mexique, tout le monde croit à la Vierge de Guadalupe

EXCLUSIF MAG - Le pape François se rend au Mexique du 12 au 17 février. Au cœur de son voyage, une étape au sanctuaire Notre-Dame de Guadalupe, à Mexico. Reportage dans ce haut lieu marial latino-américain.

Au Mexique, tout le monde croit à la Vierge de Guadalupe Mexique-vierge-guadalupe

Publié le 9/02/2016 à 12:08


Le virus Zika qui frappe l’Amérique latine n’inquiète manifestement pas les pèlerins de Guadalupe. Alors que le jour se lève tout juste sur Mexico, ils sont déjà nombreux à défiler sur la calzada de Guadalupe, cette large avenue qui conduit du centre-ville au sanctuaire, sur la colline de Tepeyac. Si chaque année, à l’approche de la fête annuelle de la Vierge de Guadalupe (12 décembre), l’artère est carrément interdite à la circulation, en temps normal comme ce matin, les pèlerins se concentrent sur la belle allée centrale bordée d’arbres et de fleurs.

Arborant fièrement bannières et tableaux de la Vierge de Guadalupe, un groupe de trois cents pèlerins venus de la ville de Puebla approche résolument du but. Ni la fraîcheur matinale de cette ville construite au milieu des montagnes, à 2 250 mètres d’altitude, ni les brumes épaisses qui planent sur cette mégapole de vingt millions d’habitants, n’ont raison de leur courage. Alors qu’ils entrent dans l’enceinte des sanctuaires, certains choisissent de terminer la marche à genoux ; une mère que soutiennent par la main ses deux filles ; un père, son jeune enfant sur les épaules ; une grand-mère aidée par son mari qui porte ses affaires, priant un dernier chapelet. Tous convergent vers l’objet ultime de leurs efforts : la basilique, où est exposée l’image miraculeuse de la Vierge de Guadalupe.

Dans l’édifice déjà comble se termine une première messe. Tout au long du jour, elles s’enchaînent pratiquement sans discontinuer, dans le chœur, mais aussi dans les chapelles situées au premier étage de la nef circulaire. La précieuse toile, miraculeusement conservée sans altération depuis 1531, trône au cœur de la basilique, à l’abri d’une vitre blindée, derrière l’autel. Sous l’immense chapiteau en bois qui sert de voûte, les pèlerins entrent, sortent, font la queue pour les confessions, s’agenouillent et joignent les mains, discutent ou tentent d’approcher la sainte image. Sur cette fourmilière animée d’un murmure continu, veille avec douceur le regard de la Vierge de Guadalupe.

« Nous sommes venus pour rendre grâce, témoigne un jeune couple souriant, vêtu de couleurs vives. Nous sommes venus l’an dernier prier pour avoir un enfant, et Tamara est née il y a quelques jours… » Une femme très digne explique qu’elle est là pour remercier la Vierge pour la libération de son fils, enlevé par l’un des groupes criminels qui pullulent au Mexique : « Durant sa captivité, il a demandé à pouvoir regarder la télévision ; aux informations étaient diffusées des nouvelles concernant le sanctuaire de Guadalupe. Voyant la Vierge, il l’a priée, et quelques jours après, il était libre. »

Un homme d’une soixantaine d’années, le visage grave, explique qu’il est atteint d’une maladie incurable ; il est venu, comme chaque année, avec son épouse, remercier pour « cette année de plus ». « Nous sommes venus remercier la Vierge, car tout va bien, le travail, la vie, tout », témoigne encore Antonio, sa casquette blanche sur ses cheveux très bruns. « Nous voulions le lui dire », acquiesce sa jeune épouse Josefina.


La dévotion à la Vierge de Guadalupe est absolument capitale dans l’identité et la foi des Mexicains. Quand bien même certains ne croiraient pas en Dieu, tous croient à n’en pas douter à la Vierge de Guadalupe !

Père Jean Maximilien

« Je suis votre Mère compatissante »

« Demander des grâces » et « rendre grâce » : ces mots reviennent tout le temps. Ils font écho au message même de la Vierge lorsqu’elle apparut en 1531 à un jeune Aztèque fraîchement converti, Juan Diego, au cours d’une série de quatre apparitions tout à fait extraordinaires (voir encadré).

Le miracle de Guadalupe

Dans la chapelle des Apparitions qui domine les sanctuaires, six fresques font mémoire des événements qui, en 1531, ont totalement transformé le christianisme mexicain naissant. La première met en scène le baptême de Juan Diego et de son épouse ; ils font partie des tout premiers convertis du polythéisme aztèque.

Un peu plus loin, la Vierge Marie apparaît à Juan Diego (9 décembre 1531) : elle lui demande que soit érigée une église. Plus loin encore, une troisième fresque montre Juan Diego rendant visite à l’évêque pour lui faire part de la demande ; celui-ci accorde peu de crédit à la parole du jeune homme. Tenue au courant, la Vierge, qui apparaît pour la deuxième fois à Juan Diego, lui demande d’insister. Mais l’évêque veut un signe ; Juan Diego en fait part à la Vierge, qu’il rencontre pour la troisième fois (10 décembre 1531). Elle lui demande alors de revenir le lendemain pour recueillir ce signe qu’elle lui donnera. Mais il est contraint de remettre à plus tard son rendez-vous avec elle : son oncle étant au plus mal, il doit aller chercher un médecin, puis un prêtre. La Vierge vient à sa rencontre pour la quatrième fois (12 décembre 1531), le rassure sur le sort de son oncle, qu’elle a guéri. Elle demande à Juan Diego d’aller lui cueillir des roses. Ce qu’il s’empresse de faire : il réunit dans son manteau une multitude de roses de Castille resplendissantes, en fleurs bien avant la saison, et les porte à l’évêque.

La dernière fresque décrit le dénouement : Juan Diego remet les roses miraculeuses à l’évêque. Tandis qu’il déploie son manteau, apparaît miraculeusement peinte dans le tissu l’image de la Vierge qu’il a rencontrée. C’est cette image, « peinte par des pinceaux qui ne sont pas de ce monde » (Pie XII), sans nulle altération malgré cinq siècles d’exposition, qui est présentée à la vénération des fidèles à Mexico.

Un message simple, fait de confiance et de sollicitude maternelle : « En vérité, je suis votre Mère compatissante, déclare-t-elle au jeune homme, la tienne et celle de tous les hommes qui, en cette terre, êtes un, et de toutes les diverses races d’hommes, ceux qui m’aiment, ceux qui crient vers moi, ceux qui me cherchent, ceux qui se confient en moi, parce qu’ici j’écouterai leurs pleurs, leur tristesse, pour y remédier, pour guérir toutes leurs différentes peines, leurs misères, leurs douleurs. »

Une telle promesse a engendré au fil des siècles un nombre infini de miracles. Ils font aussi la notoriété exceptionnelle de ce site qui accueille chaque année vingt millions de pèlerins, dont sept millions durant la seule fête annuelle de la Vierge, le 12 décembre. Ces « grâces » et ces « miracles », les Mexicains en parlent avec une foi déconcertante. Parmi les grâces reçues, l’arrivée d’un enfant revient très fréquemment ; le nombre de nouveau-nés dans les bras de leur mère est frappant.

« Nos parents nous ont appris à prier la Vierge et ont eux-mêmes reçu de nombreuses grâces, témoignent Alexandre et son épouse Angeles. Nous la prions chaque jour et venons la voir tous les ans. Nous l’avons priée pour avoir un enfant. Danila est née il y a vingt-deux jours. Nous sommes donc venus la remercier. » « La Vierge de Guadalupe est une mère enceinte de trois mois sur l’image qu’elle a laissée à Juan Diego », rappelle avec fierté un Mexicain qui connaît tout sur la Virgen.

Santé, travail, bien d’autres demandes et grâces sont évoquées par les pèlerins. À l’intérieur de la basilique « ancienne », qui jouxte celle où est désormais conservée la sainte image, un tableau fait mémoire du « premier miracle » opéré par la Vierge de Guadalupe : quelques semaines à peine après son apparition à Juan Diego, une personne se blesse lors d’une procession, recevant une flèche malencontreusement tirée et meurt ; on lui retire la flèche devant l’image de Guadalupe et elle ressuscite.

Une série d’ex-voto posés sur les murs en évoquent d’autres. Beaucoup sont aussi conservés dans un musée. « Déposez ici vos miracles ! », indique sobrement un écriteau placé sur un tronc en bois. « Gracias, gracias », répète une vieille femme en jupe violette, les mains tannées par le soleil levées vers le Ciel. À l’extérieur, dominant les sanctuaires, un ex-voto immense imitant les voiles d’un navire garde le souvenir d’un naufrage évité.

L’essor extraordinairement rapide du christianisme

« La dévotion à la Vierge de Guadalupe est absolument capitale dans l’identité et la foi des Mexicains », explique le Père Jean Maximilien, curé de la paroisse française de Mexico. « Quand bien même certains ne croiraient pas en Dieu, tous croient à n’en pas douter à la Vierge de Guadalupe ! Cela fait partie de leur foi. »

Et pour cause : comment expliquer autrement que par la Vierge de Guadalupe l’essor extraordinairement rapide du christianisme au Mexique ? Et ce auprès d’une population aztèque qui passait une part notable de son temps à sacrifier des êtres humains au dieu pluie avant de les manger ? Tout au long de l’histoire mexicaine, la Vierge de Guadalupe joua ce rôle central qu’elle continue d’avoir aujourd’hui. En témoigne notamment la place qu’elle avait, au côté du Christ-Roi, dans les combats héroïques menés par les Cristeros contre le pouvoir anti-catholique, dans les années 1926-1929. « Le drapeau cristero, explique l’historien Jean Meyer, spécialiste de cette période, était le tricolore national, vert blanc rouge, avec d’un côté le Christ-Roi et de l’autre la Vierge de Guadalupe. Leur cri de guerre : Viva Cristo Rey ! Viva la Virgen de Guadalupe ! » « Les vétérans que j’ai rencontrés m’ont raconté plusieurs miracles dus à la Vierge de Guadalupe », précise-t-il aussi.

C’est donc très logiquement que le pape François, le 13 février, au lendemain de son arrivée à Mexico, viendra vénérer la précieuse icône, dont une copie trône dans tous les foyers mexicains. Et rendre hommage à celle qui déclara à Juan Diego, le 9 décembre 1531 : « Je suis la parfaite, toujours vierge, sainte Marie, Mère du Dieu vraiment vrai, par qui tout vit, le Créateur des personnes, le propriétaire de ce qui est proche et lointain, maître du Ciel, maître de la Terre. »

Retrouvez la suite de notre dossier à la une "Notre-Dame de Guadalupe, le coeur marial du Mexique" dans le magazine Famille Chrétienne n° 1987. Achetez-le et consultez-le en ligne dès maintenant ou abonnez-vous !

À découvrir : l'interview de Mgr Christophe Pierre. Pour le nonce apostolique à Mexico, la principale difficulté de l’Église au Mexique n’est plus l’anti-catholicisme du temps des Cristeros, mais l’essor de la sécularisation...




Jean-Marie Dumont
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