Histoire de l`Église catholique du Canada
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Histoire de l`Église catholique du Canada
Histoire de l`Église catholique du Canada
Montréal 1908 (Extraits)
Rappel de quelques dates et faits importants
Première messe dite à l'ombre de nos forêts. — Le 8 septembre 1535, l'explorateur Jacques Cartier jetait l'ancre devant STADACONÉ ( de nos jour où se trouve la ville de Québec) et, pour la première fois, le saint sacrifice de la messe s'offrit sur la terre canadienne, en l'honneur de la nativité de la Sainte Vierge Marie.
Peu après la fondation de Québec en 1608 - Arrivée des premiers religieux en 1615. Aussitôt qu'il lui fut possible, M. de Champlain invita les missionnaires à venir donner les secours spirituels à son peuple naissant. Quatre religieux Récollets répondirent à son invitation, les PP . Denis Jamay, Jean Dolbeau, Joseph Le Caron et le Frère Pacifique Duplessis. A peine arrivés, ces religieux s'empressèrent d'élever une chapelle dans un lieu voisin de la demeure de Champlain. A la grande joie des catholiques, la messe fut célébrée à Québec, — pour la première fois depuis Jacques Cartier, — le 25 juin 1615 , et le chant du Te Deum.
Caractère de Champlain : Chrétien sincère, ce gentilhomme était de plus sage et énergique, courageux dans les revers, autant que modeste dans le triomphe. Il élabora ses plans avec une prudence consommée, et les accomplit avec une constance inlassable. Cette œuvre lui paraissait être celle de Dieu. Convaincu de son heureuse issue, il s'y dévoua avec générosité, sans vues personnelles, sacrifiant ses talents, ses richesses et sa vie, avec un héroïsme qui ne se démentit jamais. Son but principal était d'établir la colonie sur les solides fondements de la foi et de la piété. ( Comparons avec nos chefs politiques actuels...très peu chrétien et même souvent anti-chrétien, que dirait Champlain en voyant ces hommes et femmes?)
Les Récollets, premiers évangélisateurs de la Nouvelle-France, en furent également les premiers instituteurs. En 1616 le Frère Duplessis faisait l'école aux enfants à Trois-Rivières, et le Père Dolbeau à Tadoussac. Dans une cabane qu'il bâtit, il aménagea une chapelle! afin d'y réunir les Français et les Amérindiens pour les offices religieux.
Bientôt d'autres ouvriers évangéliques parurent dans le champ du Seigneur (1622-23). Parmi ces nouvelles recrues, nous trouvons le Frère Gabriel Sagard, destiné à devenir l'un des historiens de la Nouvelle-France, le Père Poullain qui fonda la mission des Nipissings, vers 1623, et le Père Nicolas Viel , qui fut noyé avec son néophyte Ahuntsic, dans la rivière des Prairies (près de Montréal en 1625). L'endroit où cette tragédie eut lieu, porte depuis, le nom de SAULT-AU - RÉCOLLET .
Les Jésuites, 1625. — Les Récollets, trouvant leurs forces inégales à la tâche qu'ils s'étaient imposée, cherchèrent l'aide de quelque autre ordre religieux. Les Jésuites répondirent aussitôt à l'appel (1625) et envoyèrent à leur secours, quelques-uns de leurs-sujets les plus distingués. Parmi les nouveaux arrivants, se trouvaient les PP . Charles Lallemant, Ennemond Massé , Jean de Bréboeuf , Aimé de Noue. Les deux ordres travaillèrent ensemble à la grande œuvre de la conversion des amérindiens, jusqu'à ce que Québec tombât entre les mains des Anglais en 1629.
Missions des Jésuites.
— Dès le commencement, les missions des Jésuites prirent un caractère permanent et reçurent une impulsion extraordinaire. Québec était le centre d'où les apôtres de la foi s'élançaient jusqu'aux extrémités septentrionales les plus reculées. Dans quelque village amérindien, ils annonçaient la parole de Dieu à tous ceux qui voulaient bien la recevoir. Peu à peu, une petite congrégation se formait autour d'eux, des liens s'établissaient entre les nouveaux convertis, ce qui entraînait d'autres âmes de bonne volonté.
En 1635, René de Rohaut, petit-fils du marquis de Gamache, prit rang parmi les enfants de Saint Ignace, et consacra toute sa fortune à la fondation du collège de la compagnie de Jésus à Québec, destiné à préparer des recrues pour les œuvres lointaines. Cette institution fut florissante jusqu'à la suppression de l'Ordre en Canada en 1763.
Les Jésuites fondèrent en 1634, la résidence de la Conception aux Trois-Rivières, la mission de Sainte-Anne du Cap-Breton (Nouvelle -Écosse) et celle de Saint-Charles de Miscou ( Nord-Est du Nouveau Brunswick - Acadie).
Mission de Sillery. (Québec)— Le Père Lejeune établissait, en 1637, l a mission de Saint Joseph de Sillery (près de Québec) pour les Montagnais et les Algonquins, dont la conduite édifiante rappela bientôt celle des premiers chrétiens.
Les restes de la tribu huronne se réfugient à Québec, 1651.— ( suite aux guerres entre les iroquois et les hurons dans ce qui est de nos jour l`Ontario et les grands Lacs. Les Jésuites, et forcés d'abandonner la péninsule, ils se dirigèrent vers Québec, accompagnés de trois cents Hurons, restes malheureux d'une tribu nombreuse et prospère, (1651) . L a petite bande de fugitifs, sous la conduite du Père Raguenau, atteignit Québec sans aucun événement fâcheux et chercha un refuge dans l'ile d'Orléans, où les Hurons demeurèrent sept années. Ils y construisirent la première chapelle qui ait été érigée sur l'île. Mais là encore, la haine des Iroquois sut les découvrir et les attaquer (26 mai 1656), et de nouveau les Hurons furent dispersés. Quelques familles dressèrent leurs tentes à Québec, à l'abri du fort Saint-Louis, à Sainte-Foy (1657), et enfin s'établirent définitivement au village de Lorette, où leurs descendants subsistent encore aujourd'hui.
Tentatives des missionnaires pour s'établir chez les Iroquois.— De 1653 à 1654, l e s Jésuites firent de vains efforts pour pénétrer au centre de la fédération iroquoise; mais il n'y avait plus d'évangélisation possible chez cette peuplade hostile. Après le massacre des apôtres de la nation huronne, la furie guerrière des alliés iroquois se tourna vers les tribus habitant la région des grands lacs; en 1654 ils détruisirent la nation des Ériés.
Les Onnontagnés reçoivent les missionnaires. — La paix ayant été conclue (1645), avec les CINQ-NATIONS iroquoises, le Père Lemoyne se rendit chez les ONNONTAGUÉS où on le reçut avec joie ; il trouva au milieu de ce canton idolâtre une église chrétienne composée d'une multitude de Hurons captifs dont la foi, mise aux plus rudes épreuves, était sortie brillant d'un nouvel éclat. Les Onnontagués ayant demandé plus tard de nouveaux missionnaires au gouverneur de la Nouvelle-France, les Pères CHAUMONOT et DABLONT furent envoyés avec une escorte de cinquante soldats. Les Iroquois, jaloux et implacables, s'efforcèrent de capturer les canots et de mettre en pièces la petite troupe (1656).
Les Outaouais demandent des ouvriers évangéliques. — Tandis que la chrétienté iroquoise s'annonçait sous des auspices si favorables, une troupe nombreuse d 'Outaouais, peuple du Nord, était descendue à Québec pour demander des missionnaires. On leur accorda les PP . MESNARD et GAREAU . Ils furent assaillis en route par les Agniers en guerre avec les Outaouais, et dès la première charge, le Père Gareau eut l'épine dorsale fracturée. Il expira au bout de quatre jours en priant pour ses agresseurs (1656).
Le Père Marquette chez les Illinois. — Le Père JACQUES MARQUETTE avait d'abord été destiné à entreprendre les missions de la BAIE D'HUDSON, mais il se rendit chez les Outaouais (1668), où il trouva deux mille âmes remplies de la plus grande docilité. L'année suivante, l'infatigable apôtre était chez les Hurons du Sault-Sainte-Marie (Ontario). La persécution iroquoise ayant obligé ces indiens à s'exiler, le P. Marquette les suivit à l'île de Michillimakinac où ils se réfugièrent. De là il pénétra chez les Illinois qui le sollicitaient avec instances de visiter leur pays (1673). Après un séjour de deux ans au milieu de ceux-ci, ce missionnaire voulut retourner chez ses premiers néophytes à Michillimakinac. Bien que sa santé fût épuisée par de longs travaux et d'incessantes fatigues, il se mit en route avec courage. Peu après son départ de Kaskaskia, ceux qui le conduisaient se virent obligés de le déposer à cause de sa grande faiblesse, au fond du léger canot d'écorce, puis on s'engagea sur le lac Michigan, espérant arriver à temps au village indien pour avoir du secours. Sentant sa dernière heure arrivée, il se fît descendre sur le rivage où, nouveau Xavier, plein de foi et de reconnaissance, il rendit le dernier soupir, dans une chétive cabane d'écorce au milieu des bois et privé de tout soulagement (19 mai 1675).
Premières missions à la Louisiane. ( sud des USA actuel) — Vers la fin du XVII siècle, des ecclésiastiques du séminaire des MISSIONS-ÉTRANGÈRES, récemment établis sur les bords du Mississipi, annonçaient l'évangile à tous les peuples de cette grande contrée connue sous le nom de LOUISIANE. En 1697, le séminaire de Québec se joignit au mouvement enthousiaste qui entraînait tant de généreux apôtres vers les tribus illinoises; l'établissement d'un village à KASKASKIA est la preuve du dévouement qu'il sut déployer. L'avantage de ces missions fut la découverte et le développement de l'Ouest américain.
La foi en Acadie. (Nouveau Brunswick actuel)— L'ABBÉ AUBRY , qui accompagnait l'expédition de M . DE MONTS en 1604, a été le premier apôtre de 1'ACADIE. Grâce à son zèle actif, des efforts sérieux furent faits pour convertir les MICMACS, les ÉTCHEMINS et les ABÉNAQUIS , répandus dans les immense s régions qui forment aujourd'hui la Nouvelle Écosse et le Nouveau-Brunswick . On a vu précédemment que les discussions avec les calviniste s paralysèrent ces essais d'évangélisation . Un missionnaire , l'abbé JESSÉ FLÉCHÉ , envoyé par Robert Ubaldini , nonce du pape à Paris, suivit M . de POUTRINCOURT à PORT-ROYAL, en 1610 ; il parvint à convertir Mambertou , le chef des Abénaquis, et le baptisa avec vingt et un personnes de sa tribu. Ce sagamo (chef) était spirituel et magnanime : ces qualités, jointe s à son grand âge , lui donnaient un irrésistible ascendant sur toute sa tribu, qu'il amena à Jésus-Christ . Ce furent les prémices de la chrétienté abénaquise .
Les Jésuites à Saint-Sauveur. (Acadie) — L e provincial des Jésuites, en exécution des promesses faites à Henri I V, nomma pour aller en Amérique avec le jeune de Biencourt, les PP . Biard et Massé. Mais arrivés à Dieppe, ils apprirent que deux marchands huguenots, associés de M. de Poutrincourt, ne voulaient point leur permettre de s'embarquer. Madame la marquise de GUERCHEVILLE , très dévouée à l'œuvre des, missions, fut indignée de ces procédés; elle offrit quatre mille livres, pourvu que les Jésuites fussent adjoints à l'expédition de M. de Poutrincourt. Les deux religieux arrivèrent en 1611 , et s'établirent à Saint-Sauveur; peu après, d'autres suivirent, parmi lesquels le FRÈRE DU THET (1612 ) et le PÈRE QUENTIN (1613) . Ils étendirent graduellement le champ de leurs labeurs, jusqu'à la Nouvelle-Angleterre. Mais leur zèle ne rencontra pas tout le succès qu'il méritait. Les querelles intérieures et les guerres avec les colonies voisines entravèrent leur dévouement, et bientôt, il ne demeura de ces florissantes missions, que des ruines fumantes.
Les Récollets en Acadie. — En 1619, six Récollets arrivèrent en Acadie. Ils parcoururent les forêts des deux rives de la Baie-Française (baie de Fundy), et évangélisèrent avec succès plusieurs tribus. L'un de ces missionnaires, le Père SÉBASTIEN, s'était avancé jusqu'à l'île de Miscou, à l'entrée de la baie des Chaleurs. Après y avoir prêché la parole de Dieu, il retourna à travers les bois à Port-Royal, où, à peine arrivé, il mourut de faim et de fatigue. Les Récollets, empêchés de revenir à Québec avec Champlain, purent néanmoins repasser en Acadie (1633), et y poursuivre leurs œuvres apostoliques. JEAN DE LÀUNOY de RAZILLY , nommé gouverneur de l'Acadie (1632), donna un grand élan à la cause catholique. Il y établit les chevaliers DE MALTE , et intéressa l'Ordre entier à l'œuvre des missions, ce qui mit un grand sentiment de sécurité dans la colonie et soutint le courage des apôtres du Christ. On fonda une école pour les enfants, ainsi qu'un hospice sur les bords de la baie de Fundy ; la direction en fut confiée aux religieux Récollets. "D'AULNA Y DE CHAMISA Y devenu chef de la colonie (1638), se hâta de transférer à Port-Royal, tous les colons établis à la HÈVE . Par ses ordres fut construit le séminaire de Port-Royal. C'était une sorte de monastère habité par douze religieux. Les religieux s'étaient engagés à desservir la colonie acadienne et à faire des missions parmi les peuplades indigènes. Malheureusement les circonstances ne permirent pas à cette bonne œuvre de se développer et de porter les fruits qu'elle donnait lieu d'attendre."(P. Bourgeois, Hist. du Canada).
Le Père Albanel chez les Esquimaux. — En 1672 , le Père CHARLES ALBANEL dirigeait ses pas vers la baie d'Hudson , pour christianiser les ESQUIMAUX . Les efforts du missionnaire , demeurèrent à peu près stériles.
Les Sulpiciens en Acadie. — Mgr de Saint Vallier introduisit les SULPICIENS en Acadie (1686) . Ils avaient la charge des églises de PORT-ROYAL, de BEAUBASSIN , de MINAS , etc. L'histoire mentionne particulièrement MM . GEOFFROY et BAUDIN . Éprouvés par la persécution, ces prêtres n'abandonnèrent le théâtre de leurs travaux qu'après l'expulsion des Acadiens par les anglais (1755) . Jusqu'au traité d'Utrech t (1713) , les officiers français de la marine et de la colonie se montrèrent empressé s à promouvoir l'œuvre de l’Église , qu'ils regardaient, à bon droit, comme la clef de voûte de l a civilisation et de l'organisation coloniale . Les progrès du catholicisme marchaient de pair avec ceux du pays. C'est pourquoi les intéressé s étaient soigneux d'entretenir des communication s constante s avec l'évêque de Québec , le séminaire de Saint-Sulpice et celui de s Missions-Étrangères à Paris, d'où tant d'apôtres partirent pour l'ORIENT et le NOUVEAU MONDE.
FONDATION DE VILLE-MARIE (Montréal) . Société de Notre-Dame de Montréal. — LES RELATIONS DES JÉSUITES , qui circulèrent en France a cette époque éveillèrent un grand intérêt pour le Canada, et firent surgir plus d'un noble dévouement à sa cause. M . l'ABBÉ OLIER et M . DE LA DAUVERSIÈRE s'étant rencontrés dans une galerie du château de Meudon, se saluèrent comme autrefois saint François d'Assise et saint Dominique; par une inspiration divine, ils se reconnurent destinés à travailler à la gloire de Dieu dans la Nouvelle-France. Après s'être communiqué leurs vues, ils formèrent une association sous le titre de SOCIÉTÉ DE NOTRE-DAME DE MONTRÉAL. Ils déterminèrent que cette cité, consacrée à la Mère de Dieu, bouclier de la vraie foi, porterait le nom de VILLE-MARIE, et qu'on y établirait trois communautés religieuses vouées à honorer l'une des trois augustes personnes de la SAINTE FAMILLE. "Au moyen de ces mesures, disaient-ils, les associés espèrent de la bonté divine voir en peu de temps une nouvelle chrétienté, qui imitera la pureté et la charité de la primitive Église.
C'est avec ce religieux enthousiasme que fut conçu et exécuté le plan de la fondation de Montréal. Le Père Leclerc, dans sa "Relation de la foi", écrivait à ce sujet: "M . l'abbé Olier, qui le premier conçut ce dessein, en formait le projet depuis longtemps; et on peut dire que de tous les projets que l'on a faits pour soumettre le nouveau monde à l'empire de Jésus-Christ, il n'y en a point eu de plus désintéressé, de plus solide, ni de mieux concerté que celui-là."
M. P. Chomedey de Maisonneuve. — Pour exécuter cette entreprise, Dieu suscita un chevalier chrétien dont "l'âme était aussi bien trempée que l'épée". M . PAUL CHOMEDEY DE MAISONNEUVE (1600-1676) , profondément ému par la lecture de Relations de la Nouvelle-France, s'offrit au Père J . Lallemant, arrivé depuis peu du Canada, pour consacrer sa vie, son temps et ses services à l'œuvre de Montréal. Le jésuite, qui vit en cette démarche du gentilhomme le secret dessein de la Providence, le proposa sur le champ aux Associés comme un serviteur dévoilé de l’Église et un militaire brave et expérimenté. On se hâta de l'accepter comme étant vraiment l'homme qui convenait à un établissement projeté au nom de la religion, et sous la protection de Marie, dont il était un fervent serviteur. Avant le départ de l'expédition, les Associés se réunirent à Notre-Dame de Paris, et, d'un commun accord consacrèrent l'île de Montréal à la sainte Famille.
Arrivée à Montréal. — Accompagné du gouverneur M . D E MONTIMAGNY , du Père ViMONT , supérieur des Jésuites, de Mlle JEANNE MANCE et de Mme DE L A PELTRIE , il débarquait sur l'île de Montréal, à la POINTE A CALLIÈRES , le 17 mai 1642 En mettant pied à terre, M. de Maisonneuve et toute sa troupe se jetèrent à genoux pour offrir à Dieu leurs hommages, et après quoi on dressa des tentes pour passer la nuit. Première messe au pied du Mont-Royal. — Le lendemain, sur un autel préparé et orné de feuillage par les soins de Mlle Jeanne Mance et de Mme de la Peltrie, lé Père Vimont, après avoir entonné le Veni Creator, célébra la sainte messe au milieu des chants de joie de ces fervents chrétiens.
Le saint Sacrement demeura exposé toute la journée. Après la messe, le Père Vimont adressa aux colons ces remarquables paroles qui résonnaient comme une prophétie: "Ce que vous voyez ici n'est qu'un grain de sénevé, mais il est jeté par des mains si pieuses et si animées de l'esprit de foi et de religion, qu'il faut sans doute que le ciel ait de grands desseins, puisqu'il se sert de tels instruments pour son œuvre ; j e ne fais aucun doute que ce petit grain ne produise un grand arbre, ne fasse un jour des merveilles, ne soit multiplié et ne s'étende de toutes parts. Deux siècles et demi, écoulés depuis, ont réalisé les magnifiques espérances que ces parole s inspirées avaient fait concevoir.
Fondation du séminaire Saint-Sulpice. — En 1657, les abbés de QUEYLUS , SOUART, GALINIER, d'AxLET, jetèrent à Montréal, les fondements du SÉMINAIRE SAINT-SULPICE, destiné à la formation scientifique et religieuse du clergé. Ce sont les SULPICIENS qui ont fait Montréal ; c'est à leur charité et à leurs sacrifices que la grande métropole doit la plupart des établissements de religion et d'éducation, qui font aujourd'hui sa gloire. Dès leur arrivée, ils se dévouèrent aux intérêts de la religion et de la colonie avec un zèle qui ne s'est jamais démenti ; partageant la bonne et la mauvaise fortune des CANADIENS-FRANÇAIS , ils conservèrent par leur sage direction et leur vigilance assidue, la foi et les mœurs, au sein de cette chrétienne population.
Origine du pèlerinage de Sainte-Anne de Beaupré. (près de Québec) — M. de Queylus, abbé de Loc-Dieu, avait reçu le titre de vicaire général de l'archevêque de Rouen, titre que le supérieur des Jésuites portait jusque-là. Après l'installation de ses confrères, il fixa sa résidence à Québec, et s'empressa d'aller visiter le sanctuaire Sainte - Anne de Beaupré. Ce lieu, que la protection du ciel et la piété de nos pères ont rendu célèbre, avait vu, dès l'origine du pays, s'élever sur le rivage du Saint-Laurent, une modeste chapelle dédiée à sainte Anne — pieux souvenir de la dévotion des Bretons à Sainte-Anne d'Auray, sans nul doute.— Malheureusement, placé trop près du fleuve, l'humble édifice était sans cesse en danger d'être emporté par les inondations printanières. M . de Queylus désigna l'endroit où devait être bâtie la nouvelle église. Livrée au culte en 1660, elle fut dès lors visitée par de nombreux pèlerins.
La paix de 1666 permet aux missionnaires d'étendre leurs travaux. — Malgré les nombreuses difficultés de la colonie , l'esprit de prosélytisme n'abandonna jamais ses prêtres et ses religieux . La paix conclue en 1666, avec la fédération iroquoise, par M . LE MARQUIS DE TRACY, eut d'heureux résultats pour la foi ; elle permit aux missionnaires d'étendre leurs travaux apostoliques. A la demande des Iroquois, trois jésuites allèrent se fixer au centre de leurs tribus; ils recueillirent des fruits abondants dans cette vigne jusque-là si stérile, et une bande de néophyte s AGNIERS manifestèrent surtout une grand e ferveur. Le supérieur de la mission, craignant de les voir perdre la foi au contact de leurs compatriote s païens, obtint de M . DE COURCELLES, la permission de les établir parmi les Français (1669).
Fondation de la mission de La Prairie 1669. —Ils furent reçus avec la plus cordiale charité, et placés à L A PRAIRIE, OÙ Mgr de Laval autorisa la construction d'une chapelle pour leur usage . Plus tard, on les transféra au SAULT SAINT-LOUIS (Il est situé sur le chemin River Front à Kahnawake, à l'intérieur du territoire Mohawk de Kahnawake au sud de la ville de Montréal). On y voit encore leurs descendants.
Établissement du Fort de la Montagne. —'Plusieurs Amérindiens, vinrent en grand nombre à Ville-Marie demander le baptême. Après plusieurs tentatives faites par le séminaire, pour grouper ensemble ces nouveaux chrétiens, ils se décidèrent à les fixer au pied de la montagne, dans une enceinte palissadée, que l'on désigna sous le nom de FORT DE LA MONTAGNE. Quelques années plus tard, les Supérieurs, désirant mettre leurs néophytes à l'abri des occasions d'intempérance, résolurent de les éloigner de Montréal. En 1696, ils les établirent au Sault-au-Récollet, et, de là, au Lac des Deux-Montagnes, en 1720.
Construction du sanctuaire de Notre-Dame de Bonsecours à Montréal — Le sanctuaire le plus vénéré du Canada, NOTRE-DAME DE BONSECOURS, doit son origine à la VÉNÉRABLE MARGUERITE BOURGEOYS. Cette femme admirable, qui devait retracer à Ville-Marie la vie et les vertus de la Mère de Dieu, donnant l'essor à son amour pour cette Vierge bénie, voulut établir son culte dans une ville qui lui était toute consacrée. Dès les premières années de son séjour à Montréal, elle forma le dessein d'élever une chapelle en l'honneur de Marie. Au printemps de 1657, elle obtint du PÈRE PIJARD, jésuite, desservant de la colonie, l'autorisation nécessaire pour réaliser son pieux projet. Les contradictions, compagnes ordinaires des œuvres de Dieu, en firent différer l'exécution pendant seize ans. Ce ne fut qu'en 1673, que la première église en pierres s'éleva, grâce au zèle de la servante de Dieu.
VICARIAT APOSTOLIQUE DE QUÉBEC. (1657) Les JÉSUITES missionnaires ayant le contrôle des affaires spirituelles de la colonie depuis vingt-cinq ans, il parut aux autorités religieuses, plus régulier et plus conforme à l'esprit de l’Église d'avoir un gouvernement ecclésiastique selon les canons. A ce sujet, des négociations furent ouvertes auprès du Saint Siège et de la cour de France, et en 1658, MGR FRANÇOIS DE LAVAL (1623-1708) , abbé de Montigny, était nommé vicaire apostolique pour la NOUVELLE-FRANCE, et sacré à Paris, avec le titre d'évêque de PÉTRÉE. Des difficultés, soulevées par l'archevêque de Rouen, qui prétendait avoir des droits de juridiction sur la colonie, retardèrent son départ. Le litige réglé en 1659 , il quitta sa patrie pour le nouveau champ de ses labeurs. La tâche qu'il embrassait n'était pas une sinécure. La contrée penchait vers sa ruine, par suite d'un demi-siècle de guerres avec les Iroquois et les Anglais; la peste, l'intempérance et les calamité s de toutes sortes avaient aussi fait leur œuvre de destruction. Cependant, plein d'un courage surhumain, celui qu'on a nommé "l'apôtre du Canada " se mit à l'œuvre . Son diocèse s'étendait depuis la vallée du Saint-Laurent et du Mississipi jusqu' à l'océan et au pôle, l'île de Terre-Neuve comprise . Mais son zèle était aussi vaste que le théâtre de son apostolat. U n des premiers actes de son administration fut d'établir une officialité, ou tribunal ecclésiastique chargé de juger les affaires concernant le clergé . Il voulait que tout au Canada fût conforme au droit canonique .
Fondation du séminaire de Québec. — L'œuvre par excellence de Mgr de Laval, destinée à immortaliser son nom, fut la création du SÉMINAIRE DE QUÉBEC en 1663, appelé par Latour son "chef d'œuvre." Promoteur zélé de l'éducation, il établit le petit séminaire, en 1668, et donna tous ses soins à ces deux institutions, qui contribuèrent beaucoup à entretenir l'esprit sacerdotal parmi les prêtres de la colonie. "La sainteté du clergé, dit un mémoire du temps, était le but que poursuivait Mgr de Laval.. . rien ne représentait mieux la primitive Église que la vie de ce clergé.
Construction de la chapelle de Sainte-Anne de Beaupré en 1665. (près de la ville de Québec)— Mgr de Laval, très dévot à sainte Anne, fit plusieurs fois le pèlerinage au sanctuaire de Beaupré et s'occupa de faire reconstruire la chapelle en bois, qui avait été commencée du temps de M. de Queylus. Elle fut remplacée en 1675 par une grande église en pierres. Ce lieu, illustré par des miracles éclatants, est devenu l'un des pèlerinages les plus fréquentés de l'Amérique du Nord.
LES COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES
Le Canada," ainsi que la France, se montra dès l'origine une terre propice à la vie religieuse. Aux instituts d'hommes, venus pour se livrer à l'apostolat, s'ajoutèrent plusieurs communautés de femmes, non moins désireuses de cueillir leur part de travaux et de souffrances.
Les Ursulines de Québec.— MADAME DE LA PELTRIE, résolut de consacrer sa fortune à leur procurer le bienfait de l'instruction chrétienne. En 1639, elle arrivait à Québec en compagnie d'une fervente recrue de religieuses ursulines, pour y fonder la première maison d'éducation de la Nouvelle-France. Un écrivain protestant, HAWKINS , parlant de ces femmes admirables, qui abandonnèrent tout pour venir en Canada disait : Des personnes jeunes et délicates, s'arrachant aux douceurs de la civilisation, sont venues,-bravant tout, apporter les remèdes du corps et ceux de l'âme,... affronter les rigueurs du climat, la famine; et la mort. ; soutenues par une force surhumaine,-elles ont réussi à établir solidement, au sein de nos contrées, les autels de leur Dieu et la foi de leur pays.
Vénérable Mère Marie de l'Incarnation. — Une des plus remarquables parmi ces héroïnes chrétiennes, fut la Vénérable MÈRE MARIE DE L'INCARNATION religieuse (Marie Guyart, 1599- 1672.) Peu de temps après sa profession, Dieu lui manifesta sa vocation au Canada d'une manière mystérieuse. Durant son oraison, il lui montra une vaste contrée et lui dit: "Ma fille, c'est le Canada que je te fais voir; il faut que tu ailles y élever une maison à Jésus et à Marie. " Quatre années s'écoulèrent avant qu'elle pût répondre à cet appel divin. Enfin l'heure arriva où les obstacles enlevés, elle dit adieu à la France et vint établir le monastère des Ursulines pour l'instruction des jeunes filles de la colonie et des amérindiennes.
Madame de la Peltrie.— Sa généreuse bienfaitrice, MADAIME DE LA PELTRIE, donna un sublime exemple de désintéressement Madame DE LA PELTRIE. en sacrifiant tout ce qu'elle possédait pour la cause de l'éducation. Elle poussa le zèle jusqu'à se dépouiller du nécessaire, et jusqu'à cultiver la terre de ses mains, pour avoir de quoi subvenir aux besoins des pauvres et des malheureux. La grande dame s'était faite servante pour l'amour du Christ.
Hôtel-Dieu de Québec. — En 1639, les HOSPITALIÈRES DE DIEPPE prenaient possession de I'HOTEL DIEU , fondé avec les largesses de Madame la DUCHESSE D'AIGUILLON. Plus tard, Mgr DE SAINT-VALLIER . détachait une colonie de religieuses de cette communauté, pour établir 1'HÔPITAL - GÉNÉRAL (1693). Québec se trouvait ainsi doté de tous les établissements nécessaires aux besoins de sa population ; aucune misère n'avait été oubliée par les Anges de la charité.
Ursulines des Trois-Rivières.— TROIS-RIVIÈRES (1634), la ville la plus ancienne après Québec, reçut à son tour un essaim de ces apôtres de la bienfaisance. En 1694, les URSULINES y fondaient, par l'initiative de Mgr de Saint-Vallier, une maison de leur ordre. Ces dévouées religieuses voulant suffire à tout le bien qu'on attendait d'elles, ajoutèrent à leur œuvre d'instruction, celle du soin des malades.
Privilégiée sous le rapport des institutions religieuses, Ville-Marie dès sa fondation, vit surgir selon les intentions de ses fondateurs, les trois communautés destinées à honorer la sainte Famille: SAINT-SULPICE, I'HÔTEL-DIEU et la CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME
Hôtel-Dieu de Montréal. — MADEMOISELLE JEANNE MANCE, (1606-1673) ayant entendu raconter les merveilles qu'opéraient, en Canada, Madame de la Peltrie et les Hospitalières de Québec (1642). Sa grande piété, son esprit de Sacrifice et son courage non moins admirable, la firent triompher de tous les obstacles pour établir I'HÔTEL-DIEU de cette ville (1644). Elle sut intéresser à son œuvre MADAME DE BULLION qui répandit ses bienfaits sur le nouvel hôpital, ne posant d'autre condition à ses grandes libéralités, que celle de les tenir secrètes. Malgré son zèle et sa virile énergie, l'héroïque fondatrice ne pouvait seule suffire à la tâche; elle réclama le secours des HOSPITALIÈRES DE LA FLÈCHE, communauté fondée par M. DE LA DAUVERSIÈRE, en 1639, et spécialement appliquée à honorer saint Joseph. Ces religieuses vinrent avec joie se mettre au service des malades et des amérindiens (1659), sans autre désir que celui de procurer la gloire de Dieu.
Congrégation de Notre-Dame. En 1659, la CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME , vouée à l'instruction des jeunes filles, prenait naissance sous les auspices de Marie. Sa fondatrice, la VÉNÉRABLE MARGUERITE BOURGEOYS ( 1620-1700), s'était occupée, dès son arrivée à Montréal (1653), à faire l'école aux amérindiens, lorsque, en 1658, elle se décida à passer en France, afin de s'adjoindre des compagnes pour son œuvre, ne leur promettant, vu sa pauvreté, que "du pain et du potage." Tout dans la vie de cette femme éminente et vraiment apostolique, porte le cachet du surnaturel et du divin : sa conversion à la vie parfaite, en présence de la statue miraculeuse de Notre-Dame-aux-Nonnains.
Mère Marie de Saint-Joseph, ursuline. — Une des premières compagnes de la Vénérable Mère de l'Incarnation, MÈRE MARIE DE SAINT-JOSEPH , se dévoua avec un grand zèle au soin des enfants amérindiens, et "après avoir vécu comme une sainte, mourut comme une sainte" dit la pieuse annaliste du monastère (1652).
Mère Catherine de Saint-Augustin, hospitalière. — Plus remarquable encore fut la Mère CATHERINE DE SAINT-AUGUSTIN (1668), religieuse de l'Hôtel-Dieu, que le Seigneur conduisit par les voies de la plus haute spiritualité. Sa vie a été une longue suite de merveilles et de faveurs extraordinaires, ce qui ne l'empêchait pas d'être une parfaite hospitalière, toute remplie d'abnégation et de charité. Elle connut, par révélation, les terribles bouleversements de la nature arrivés en 1663 dans la Nouvelle-France. Tous étaient unanimes à rendre hommage à ses éminentes vertus.
Madame d'Aillebout. — MADAME D'AILLEBOUT, (Barbe de Boulogne) , joignait à la distinction de l'esprit, la vertu la plus éprouvée . Elle donna dan s le monde les plus beaux exemples de fidélité chrétienne , en se livrant aux exercice s de zèle, et de piété. Cette dame eut, avec le Pèr e Chaumonot, une larg e part à l'établissement de la dévotion à la sainte Famille . A sa mort, arrivée en 1685 , "tout e la colonie , dit Ferland , la regardait et la vénérait comme une sainte.
Le Père CHAUMONOT est l'une des plus belles figures de l'Église du Canada , et l'une des gloire s les plus pure s de la Compagnie de Jésus. Sa vie ne fut qu'un tissu de sacrifices de toutes sortes. Après une carrière apostolique d'un demi-siècle, il mourut à Québec , le 21 février 1693 .
Le Frère Didace. — Claude Pelletier — connu sous le nom de FRÈRE DIDACE — fut le premier Canadien qui embrassa la vie religieuse. ll naquit d'une honnête famille de cultivateurs, à Sainte - Anne de Beaupré (1657). A l'âge de vingt et un ans, il entra dans l'ordre des Franciscains, en qualité de frère convers. L'existence du Frère Didace fut toute d'édification. On loue son obéissance parfaite , sa pauvreté vraiment évangélique , son amour du travail, son humilité profonde , son respect pour les prêtres et sa solide dévotion à la sainte Vierge . A sa mort, arrivée à Trois- Rivières, le 21 février 1699, il n'y eut qu'une voix pour glorifier le pauvre frère et lui décerner le plus beau titre que l'on puisse donner à un homme, le nom de saint.
Sainte Katari Tékakouita. (Iroquoise) — Mentionnons particulièrement KATARi TÉKAKOUITA, vierge iroquoise, qu'on a surnommée le "lis de la vallée des Mohawks. L a vie de cette douce enfant sortie des forêts du nouveau monde, est pleine d'un touchant intérêt. Elle naquit chez les Agniers en 1656, et fut instruite des vérités de la foi, par le Père de Lamberville. Après son baptême, Katari devint en peu de temps un modèle accompli de la vie chrétienne. Désirant suivre sa religion avec plus de fidélité, elle se joignit à la petite colonie iroquoise fondée à La Prairie de la Madeleine (1670). Dès ce moment, livrée tout à Dieu, cette âme pure passait des heures entières en communication avec lui; on la voyait comme une lampe ardente .se consumer au pied du saint Sacrement, qu'elle laissait, le soir, aussi tard que possible . Dégagée de tout lien terrestre, elle ne soupirait que vers le ciel, et ses austérités ne connaissaient plus de bornes. L e 17 avril 1680 , une mort précieuse couronna cette vie plus angélique qu'humaine , à la mission du Sault-Saint-Louis. Plusieurs guérison s miraculeuse s attestèrent la haute sainteté de celle que le Père de Charlevoi a surnommée "la Geneviève de l'Amérique Septentrionale.
Il y aurait beaucoup d'autres vies pieuses à admirer chez les différentes tribus, mais la liste en serait trop longue. Citons seulement quelques-unes des plus remarquables.
E. Tegananokoa. — ETIENNE TEGANANOKOA a été l'un des principaux martyrs dans cette partie du monde. Après son baptême, il se conserva pur au milieu de la corruption de ses compatriotes païens, et vint s'établir au Sault Saint-Louis avec toute sa famille. Au mois d'août 1690, il partit pour la chasse d'automne et fut surpris en route par une troupe de Goyogouins, amérindiens très hostiles aux Français, qui le martyrisèrent en haine de la foi avec une barbarie inouïe.
CATHERINE GAUDTAKTÉIIA, de la tribu des Eriés, édifia par sa modestie et son zèle, la petite colonie iroquoise de La Prairie. Elle introduisit dans la mission la dévotion à la sainte Famille, et se fit toujours remarquer par sa grande piété envers Marie.
FRANÇOIS-XAVIER NENASCOUMAT, algonquin baptisé par le Père Buteux (1637), donna de grandes preuves de sa fidélité à la morale de l’Évangile . Il mourut à l'Hôtel-Dieu (1639).
NOËL NEGABAMAT, chef algonquin de la mission de Sillery (1666), se fit l'apôtre de sa nation et montra une admirable patience dans l'adversité.
Tahondechoren. — Louis TAHONDECHOREN, capitaine huron, doué d'un esprit droit et d'un excellent naturel, fut un des premiers convertis de sa tribu, qu'il haranguait à la façon des missionnaires. Il manifesta une profonde dévotion à l'Enfant Jésus et en inspira la pratique dans son village de Lorette .
État de la colonie après la conquête de 1759. — L e spectacle que présentait l'ancienne colonie française sous le nouveau régime était bien triste. La désolation régnait dans les villes et dans les campagnes. Les cultivateurs attachés au sol, demeurèrent dans le pays pendant que la plus grande partie de la noblesse française et l'armée s'en retournaient en France. Le clergé, fidèle au troupeau qui lui était confié, partage a son pénible sort; il resta pour consoler, encourager et diriger ceux qui, livrés à eux-mêmes, avaient plus que jamais besoin de secours et des lumières de la foi. A la suite des troupes anglaises, une légion d'aventuriers et d'intrigants, s'abattit sur la contrée comme les corbeaux sur un champ de bataille, et sans scrupule, exploitèrent la générosité des nouveaux sujets. Non seulement les Canadiens-Français étaient exclus de tous les emplois civils, magistrature , barreau, etc., etc., — à cause de leur religion, mais de plus, ils étaient soumis à l'arbitrage de jurés entièrement protestants qui, un jour, osèrent déclarer l'existence de la population catholique comme un désordre social—et une nuisance — ; à peine comptait-on cinq cents dissidents dans la colonie, et cette minorité appelait la proscription de tout un peuple à raison de sa foi !
Le jurisconsulte Marriott demande l'extinction de la religion catholique. — La population française avait de justes sujets de plaintes; on fit des enquêtes sur l'état des choses du Canada, où deux peuples si différentes étaient aux prises. Les rapports furent envoyés en Angleterre et le jurisconsulte Marriott se prononça pour l'extinction aussi prompte que possible de la religion catholique. Quelques-unes de ses insinuations étaient vraiment machiavéliques ; c'était un long cri de proscription contre la religion, les lois et les usages de nos ancêtres.
La Grande Bretagne adoucit les rigueurs de sa politique. — Le gouvernement prolongea ses enquêtes et ses indécisions jusqu'en 1774. A cette époque, les colonies de la Nouvelle-Angleterre, mécontentes de la mère patrie, commençaient à manifester leur désir d'indépendance. La Grande-Bretagne, craignant de voir les Canadiens partager leur révolte, adoucit les rigueurs de sa politique, révoqua l'ordonnance royale qui exilait du Canada tous ceux qui refusaient de prêter le serment du Test, et résolut de donner une nouvelle constitution, plus juste et plus favorable aux catholiques.
Attitude du clergé catholique en face de la révolution américaine, 1775. — Pendant que la condition des Canadiens s'améliorait, les Américain s insurgé s contre la métropole s'efforçaient de les engager dans la rébellion. L'attitude prise par l'Église catholique , durant le soulèvement des colonie s anglaises, contribua grandement à assurer la fidélité de la population française envers la Grande - Bretagne ; le clergé engage a le peuple à repousser les envahisseurs avec énergie . Il était impossible de compte r sur une plus grande loyauté si tôt après la conquête . L e drapeau anglais n'avait pas encore conquis la sympathie des Canadiens, et, malgré la justice tardive qu'on venait de leur rendre, le souvenir des criantes vexations passée s était resté chez eux , vivace et très profond : la neutralité fut tout ce que le clergé put obtenir d'un grand nombre de citoyens.
Les Sulpiciens en Acadie. — Les Sulpicien s appelés en Acadie en 1686, par Mg r de Saint-Vallier, furent chargé s de la desserte des églises de Port Royal , Beaubassin , Minas, etc., etc. Trois d'entre eux exercèrent successivement la charge de vicaire général. Quand la colonie passa sous la domination anglaise (1713), le gouvernement de la Grande-Bretagne n'y voulut tolérer d'autres prêtres que les Messieurs de Saint-Sulpice. Durant toute leur carrière apostolique en Acadie, ils observèrent fidèlement la neutralité requise par les traités, et la firent respecter par leurs paroissiens. Comme de véritables pasteurs, ils partagèrent les épreuves et les souffrances des Acadiens, de 1727 à 1761, et ne se retirèrent qu'après le bannissement de ce peuple héroïque.
Les Prêtres du séminaire des Missions-Étrangères. —Durant la même période, plusieurs prêtres du séminaire des Missions-Étrangères exercèrent leur zèle en Acadie, à l'île Royale et dans le Maine. Parmi eux se trouvaient MM . MAILLARD et LE LOUTRE, qui méritent d'être mentionnés, non seulement à cause de leur dévouement et de leur patriotisme, mais aussi pour les souffrances et les épreuves qu'ils eurent à supporter. Le premier, arrivé à Louisbourg en 1735, demeura près de vingt ans au milieu des amérindiens; il eut la joie de voir ses sacrifices et ses travaux récompensés par leur conversion.
Origine de la dévotion au Sacré-Cœur en Canada, année 1700. — Longtemps avant l'apostolat de la bienheureuse M.-Marie, le culte du SACRÉ-CŒUR en Canada s'ajouta à la série de nos dévotions traditionnelles : la SAINTE FAMILLE , le SAINT SACREMENT, SAINTE ANNE , etc., etc. Il trouva un favorable accueil dans les communautés et dans le monde, où tant d'âmes le pratiquaient déjà dans l'intimité. Mg r de Laval, les Pères Jésuites, ainsi que le clergé séculier, prêchèrent à l'envi, les merveilles et les miséricordes de ce Divin Cœur. Mais l'apôtre le plus zélé de ce culte réparateur fut la vénérable Mère de l'Incarnation; elle en parle avec transport dans la plupart de ses écrits, et ses filles, qui le reçurent en héritage, le pratiquent fidèlement. La fête du Sacré-Cœur établie à Québec en 1700. — Vers la fin du XVII siècle les Ursulines sollicitèrent de Mgr de Saint-Vallier, la faveur de célébrer solennellement la fête du Sacré-Cœur. Heureux de se rendre au désir des religieuses, Mgr de Saint-Vallier répondit par un mandement établissant cette solennité, au monastère de Québec. Elle fut célébrée avec une pompe extraordinaire, pour la première fois, le 9 juin 1700.
SITUATION DE L'ÉGLISE DU CANADA EN 1800 "Quand le siècle s'ouvrit, il s'agissait encore pour le peuple catholique du Canada non pas seulement de vivre mais bien de ne pas mourir. Plusieurs comptaient comme chose possible de venir à bout de la religion catholique d'abord, de la langue française ensuite. A cette époque, le clergé, peu nombreux, accablé par l'accroissement rapide d'une population disséminée sur une vaste étendue, était privé du secours des ordres religieux. Ceux-ci, sous le coup de la défense gouvernementale, voyaient leurs derniers membres s'éteindre dans la solitude de leurs couvents. "Les Jésuites et les Récollets mourront chez eux, mais n'auront pas de successeurs," telle avait été la volonté du gouvernement de Londres. Les évêques de Québec, le clergé et les fidèles se firent en vain les avocats des deux communautés.
Création de différents sièges épiscopaux. —. Deux suffragants furent accordés : MGR MCDONELL pour le Haut-Canada, et MGR MCEACHERN pour le diocèse du Nouveau-Brunswick et de l'île du Prince-Edouard (1819) . Cette même année, Mgr E D. BURKE fut nommé vicaire apostolique d'Halifax. Mgr Plessis confia à la générosité des nouveaux pasteurs, les infortunés Acadiens et les Canadiens-Français de l'Ontario. Deux ans plus tard (1820), avaient lieu deux nouvelles nominations: MGR LARTIGUE, évêque de Telmesse, pour Montréal, et MGR PROVENCHER, évêque de Juliopolis, pour les TERRITOIRES DU NORD-OUEST. L a nomination de Mgr Lartigue comme auxiliaire, ne plut pas à tout le monde. Plusieurs, même parmi le clergé, auraient désiré un prélat indépendant. Mais, à une époque où l'évêque catholique de Québec était simplement toléré par le gouvernement, la chose était impossible.
Épreuves. Le choléra, 1832. —Le s successeurs de Mgr Plessis — MGR PANE T (1825-1833 ) et MGR SIGNAY (1833-1850 ) — exercèrent leur charité pastorale dans une série d'infortune s et de calamités, qui fondirent sur la contrée à cette époque . En 1832-34 , le choléra asiatique, apporté par le navire Carricks, venant de Dublin, sévit à l'état d'épidémie et décima la population ; plus de quatre mille personnes, durant l'espace de cinq semaines, périrent victimes de ce fléau, à Québec , à Montréal et dans les campagnes environnantes. Ces villes ressemblaient à de vastes nécropoles ; la terreur planait sur la population, et le deuil était entré dans chaque famille. Le clergé, malgré son dévouement, ne pouvait suffire aux besoins pressants, et les morts étaient conduits au cimetière sans franchir le seuil de l'église pour y recevoir une dernière bénédiction.
Incendies à Québec. — Onze ans plus tard, (1845) deux terribles conflagrations détruisaient trois mille maisons dans la cité de Champlain, et laissaient un grand nombre de familles sans asile et sans pain. Mgr Signa y se multiplia en cette douloureuse circonstance ; non content de répandre de larges aumônes pour secourir les malheureux incendiés, il fit appel aux cœurs généreux de son diocèse; à sa voix, les secours affluèrent et, en peu de temps, la ville épiscopale se releva de ses cendres.
Le typhus en 1847. — Ces calamités furent surpassées par celle qui s'abattit sur le Canada en 1847. A cette époque, l'immigration irlandaise jeta sur les rives du Saint-Laurent près de cent mille infortunés, fuyant les malheurs qui les accablaient en Europe ; ils venaient demander à notre sol hospitalier le "droit de ne pas mourir de faim, " et la liberté de conserver leur foi. A leur arrivée, le typhus, contracté duran t la traversée, se déclara parmi eux avec des symptôme s effrayants ; en quelque s jours, les ravage s en furent désastreux. D e ce côté-ci de l'océan, on n'était pas préparé à recevoir ces immigrants qui dans un état de fièvre très dangereux, furent entassés par milliers sur les quais, en attendant qu'il fût possible de les loger. A Montréal, l'administration fit construire des abris à la Pointe Saint-Charles pour y recevoir les pestiférés, et toute communication fut interdite avec la ville.
Le diocèse d'Ottawa. — Les progrès rapides du district d'Ottawa nécessitèrent une nouvelle circonscription ecclésiastique, et Bytown (Ottawa) devint le siège d'un évêché en 1847 . MGR GUIGUES , provincial des OBLATS , reçut la charge du nouveau diocèse ; son premier soin fut de doter sa ville épiscopale d'un collège classique, qu'il confia à ses religieux, apôtres de la première heure dans cette région.
Fondation de la société Saint-Jean Baptiste.—Durant cette époque— 1791 à 1840—, les CANADIENS - FRANÇAIS , obligés de lutter pour sauvegarder leurs droits et conquérir de nouvelles et légitimes libertés, sentirent le besoin de s'unir. C'est de cette nécessité que naquit, en 1834, notre première association religieuse et nationale, sous l`égide du glorieux Précurseur SAINT JEAN-BAPTISTE, adopté dès lors pour patron du peuple canadien-français. Le courageux fondateur de cette société, LUDGER DU VERNAY, allait bientôt payer par les persécutions et l'exil sa patriotique initiative. Mais la patrie reconnaissante a gardé sa mémoire.
État florissant de l’Église en 1850. — A la mort de Mgr Signay, arrivée en 1850, l’Église DU CANADA était dans un état florissant, que les douloureuses épreuves qu'elle venait de traverser, faisaient ressortir davantage. Elle possédait un archevêque, quatre évêques et cinq cent soixante-douze prêtres, neuf cent mille catholiques, onze collèges, treize écoles modèles, trois ordres religieux pour l'éducation des jeunes gens, quarante couvents pour celle des jeunes filles, et quatorze maisons pour le soin des malades et des orphelins.
Premier concile de Québec. — Un des premiers actes de MGR TURGEON (1781-1867 ) fut la tenue du premier concile provincial de Québec (1851) , auquel furent convoqués tous les évêques de l'Amérique du Nord; dix prélats s'y trouvèrent présents. Une ère nouvelle de foi s'inaugura ce jour-là pour la jeune Église du Canada, qui n'avait jamais été * témoin d'une aussi solennelle assemblée. On peut dire, qu'elle sortait des catacombes, et que libre enfin de tout obstacle, elle prenait sa place au soleil, sur ce sol qu'elle avait été la première à posséder, qu'elle avait arrosé de ses sueurs et du sang de ses martyrs.
MISSIONS CANADIENNES AU XIX SIÈCLE
Missions du Nord-Ouest. — L'Eglise du Canada, qu'on peut appeler à juste titre le foyer apostolique du NORD de L'AMÉRIQUE , s'occupa la première des missions du NORD-OUEST ; la conquête du pays par l'Angleterre interrompit ses travaux, et ce ne fut qu'en 1818 que les ouvriers de l’Évangile reparurent dans ces contrées. A cette époque, pour se rendre au RUPERTS LAND il n'y avait pas d'autre moyen de transport que les canots de la compagnie de la baie d'Hudson; ce fut celui que prirent tous les missionnaires qui allèrent porter la foi aux amérindiens de la RIVIÈRE-ROUGE . A la suite des infatigables " coureurs des bois, dont l'existence nomade et aventureuse se passait à traquer les troupeaux de buffles à travers les prairies et les forêts vierges, les apôtres du Christ s'établirent au fort Garry, aujourd'hui Winnipeg, et de là firent rayonner partout les lumières de la foi. Ces intrépides missionnaires étaient deux prêtres canadiens-français de Québec, MM . NORBERT PROVENCHER et SÉVÈRE DU MOULIN.
Les Oblats au Nord-Ouest. — Le rôle des OBLATS dans l'évangélisation du Nord-Ouest, est considérable. Depuis soixante ans, ces intrépides missionnaires ont travaillé sans relâche au prix de fatigues incessantes et de multiples privations, au prix même de leur santé et de leur vie, dans le MANITOBA, la COLOMBIE BRITANNIQUE , L'ORÉGON, etc., etc. Le Père Taché (1823-94) annonça le premier, la foi au lac Caribou. De cet endroit désolé, il se rendit à Athabaska, et sans prêter attention aux avertissements qu'on lui donnait concernant la férocité des indigènes, il fit courageusement à pied quatre cents milles pour s'y rendre. Son ardeur apostolique trouva sa récompense dans la conversion, en moins de trois semaines, de cent quatre-vingt-quatorze amérindiens des tribus cris et montagnaise. Athabaska est aujourd'hui l'un des principaux centres de la chrétienté dans l'ouest canadien.
Mgr Taché au Manitoba. — A la mort de Mgr Provencher (1853), le PÈRE TACHÉ fut appelé à lui succéder, 3 novembre 1854. Le nouveau prélat vint à SAINT-BONIFACE, pour prendre possession de sa cathédrale et de son palais épiscopal, édifices bien humbles et bien pauvres, construits en écorce. Cet évêque missionnaire nous raconte lui-même dans son ouvrage "Vingt années de missions dans le Nord-Ouest," toutes les épreuves et les fatigues de son rude apostolat ; ce qui nous donne une juste idée de la vie et des travaux des apôtres de la RIVIÈRE-ROUGE.
Missions de la Saskatchewan. — M . I'ABBÉ THIBAULT fut le premier prêtre qui visita la vallée de la SASKATCHEWAN (1842). Il fonda l'église de Sainte-Anne à Frog-Lake ( 1844), les stations de Red-Deer Lake, connues sous le nom de Notre-Dame des Victoires ainsi que celle de l'île à la Crosse, dans le district de la rivière Anglaise. En général, les missions de la Saskatchewan sont les plus dénuées de ressources. Tout y est à la charge de l'évoque qui, pour le soutien des missionnaires et de leurs œuvres, compte uniquement sur les secours de la Propagation de la Foi. Une foule d'immigrants arrivent de tous les coins du monde; la plupart, chassés par la misère de leur pays natal, viennent se fixer dans les régions de l'Ouest canadien, et demander à la terre inculte leurs moyens de subsistance.
Sulpiciens et Oblats au Témiscamingue. — D e 1836 à 1841 , MM . CHARLES DE BELLEFEUILLE et POIRIÉ sulpiciens, évangélisèrent successivement les tribus qui campaient autour des lacs Témiscamingu e et Abbitibi . Le s Père s Oblats, guidé s par M . l'abbé MOREAU, qui depuis 1831 les visitait, prirent la charge des missions du Témiscamingue , en 1844 . A l'arrivé e du Père LAVERLOCHÈRE, ils suivirent la rivière Alban y et se rendirent aux bords de la baie d'Hudson (1844). Ces infatigables religieux sont l'avant-garde de la foi chez les peuples du Grand Nord; jusqu'au sein des glaces arctiques.
Missions du Labrador. — L'évangélisation du LABRADOR — Pointe - aux - Esquimaux , Betchouan , Blanc-Sablon , Betsiamits, etc.,—avait été confiée depuis 1867, aux missionnaires de Rimouski . La population de pêcheurs qui habite cet immense territoire, a pour unique et insuffisante ressource , le produit de ses filets. Le s distance s énorme s à parcourir, l'isolement des habitations et la pauvreté générale , ont été des obstacle s insurmontable s à une instruction régulière de la foi, ainsi qu' à l'ouverture des écoles.
Préfecture du golfe Saint-Laurent confiée aux PP. Eudistes.— Par un décret du Saint-Siège , en date du 29 mai 1882, la PRÉFECTURE DU GOLFE SAINT LAURENT était érigée sous l'autorité de MG R BOSSÉ , premier préfet apostolique. En 1891, l'administration de cette importante portion de l'Église, fut confiée à Mgr de Chicoutimi, qui l'exerça jusqu'en 1903; alors, un nouveau décret de la Sacrée Congrégation de la Propagande en donna la direction aux EUDISTES. Les nomades ESQUIMAUX , les MISTASSINIS et les MONTAGNAIS , sont aujourd'hui évangélisés d'une manière régulière. Les FILLES DE JÉSUS , échelonnées sur les côtes du Labrador, font la classe aux enfants au prix des plus grands sacrifices. - En 1905, le Père GUSTAVE BLANCHE était sacré évêque pour le vicariat apostolique du Labrador et des îles du golfe Saint-Laurent.
En 1845, Mgr Signay, évêque de Québec, réclamait pour son diocèse le concours des Pères Oblats. Ces religieux allèrent fonder les missions du Saguenay et du Lac-Saint-Jean, où ils firent revivre les travaux des Récollets du XVII siècle.
Les Oblats dans la vallée de l'Ottawa. — Vers la même époque, les forêts de la vallée de l'Ottawa devenaient le champ de leur labeur, et les PÈRE STELMONT et DANDURAND ouvraient une maison à BYTOWN (1844) (OTTAWA) . Ce gros village ne jouissait pas d'une excellente réputation, c'était "un véritable enfer" selon l'expression d'un des premiers missionnaires appelés à ce poste . Les chantiers sont une triste école de mœurs ; la loi du plus fort y règne en souveraine. Les Oblats gagnèrent la confiance de cette population dépravée, et leur influence devint si grande, que l'autorité civile avait souvent recours au missionnaire, pour empêcher de fatales collisions entre les travailleurs.. On écoutait le prêtre faisant appel à la religion, on respectait sa voix, et le calme renaissait.
Sanctuaire de Notre-Dame du Cap de la Madeleine – Trois-Rivières - Construction d’une première chapelle par Pierre Boucher sur un terrain appelé fief Sainte-Marie en 1659. En 1714, début de la construction de la première église paroissiale construite en pierre. Cette église, inaugurée en 1720 et construite sous le Régime français, est l’une des plus anciennes églises du Canada. On la nomme aujourd’hui Petit Sanctuaire. 1955 à 1964 – Construction de la Basilique actuelle.
Développement des Laurentides au Nord de Montréal (St-Jérôme et sa région) - Le curé Antoine Labelle est connu pour le rôle qu'il a joué dans la colonisation des Laurentides, au 19e siècle. Mais peu de gens savent qu'il a sauvé la population de Montréal en 1872, lors d'une pénurie de bois de chauffage. « En janvier 1872, il fait particulièrement froid à Montréal », relate l’historien Jean-François Nadeau. La ville vit alors une récession économique, le chômage est à son plus fort et le bois se fait rare. Les pauvres, nombreux à cette époque, n'ont rien pour se chauffer et risquent de mourir de froid. Dans les Laurentides, où se trouve le curé Labelle, ce ne sont pas les arbres qui manquent. Le 18 janvier 1872, le célèbre prêtre prend la tête d’un cortège de 80 traîneaux chargés de bois. Lorsqu’il arrive à Montréal, il est accueilli en véritable héros. Selon Jean-François Nadeau, ce sauvetage de Montréal a aussi pour but de convaincre les hommes d’affaires de construire un chemin de fer pour desservir le nord, un projet cher au curé Labelle.
Montréal 1908 (Extraits)
Rappel de quelques dates et faits importants
Première messe dite à l'ombre de nos forêts. — Le 8 septembre 1535, l'explorateur Jacques Cartier jetait l'ancre devant STADACONÉ ( de nos jour où se trouve la ville de Québec) et, pour la première fois, le saint sacrifice de la messe s'offrit sur la terre canadienne, en l'honneur de la nativité de la Sainte Vierge Marie.
Peu après la fondation de Québec en 1608 - Arrivée des premiers religieux en 1615. Aussitôt qu'il lui fut possible, M. de Champlain invita les missionnaires à venir donner les secours spirituels à son peuple naissant. Quatre religieux Récollets répondirent à son invitation, les PP . Denis Jamay, Jean Dolbeau, Joseph Le Caron et le Frère Pacifique Duplessis. A peine arrivés, ces religieux s'empressèrent d'élever une chapelle dans un lieu voisin de la demeure de Champlain. A la grande joie des catholiques, la messe fut célébrée à Québec, — pour la première fois depuis Jacques Cartier, — le 25 juin 1615 , et le chant du Te Deum.
Caractère de Champlain : Chrétien sincère, ce gentilhomme était de plus sage et énergique, courageux dans les revers, autant que modeste dans le triomphe. Il élabora ses plans avec une prudence consommée, et les accomplit avec une constance inlassable. Cette œuvre lui paraissait être celle de Dieu. Convaincu de son heureuse issue, il s'y dévoua avec générosité, sans vues personnelles, sacrifiant ses talents, ses richesses et sa vie, avec un héroïsme qui ne se démentit jamais. Son but principal était d'établir la colonie sur les solides fondements de la foi et de la piété. ( Comparons avec nos chefs politiques actuels...très peu chrétien et même souvent anti-chrétien, que dirait Champlain en voyant ces hommes et femmes?)
Les Récollets, premiers évangélisateurs de la Nouvelle-France, en furent également les premiers instituteurs. En 1616 le Frère Duplessis faisait l'école aux enfants à Trois-Rivières, et le Père Dolbeau à Tadoussac. Dans une cabane qu'il bâtit, il aménagea une chapelle! afin d'y réunir les Français et les Amérindiens pour les offices religieux.
Bientôt d'autres ouvriers évangéliques parurent dans le champ du Seigneur (1622-23). Parmi ces nouvelles recrues, nous trouvons le Frère Gabriel Sagard, destiné à devenir l'un des historiens de la Nouvelle-France, le Père Poullain qui fonda la mission des Nipissings, vers 1623, et le Père Nicolas Viel , qui fut noyé avec son néophyte Ahuntsic, dans la rivière des Prairies (près de Montréal en 1625). L'endroit où cette tragédie eut lieu, porte depuis, le nom de SAULT-AU - RÉCOLLET .
Les Jésuites, 1625. — Les Récollets, trouvant leurs forces inégales à la tâche qu'ils s'étaient imposée, cherchèrent l'aide de quelque autre ordre religieux. Les Jésuites répondirent aussitôt à l'appel (1625) et envoyèrent à leur secours, quelques-uns de leurs-sujets les plus distingués. Parmi les nouveaux arrivants, se trouvaient les PP . Charles Lallemant, Ennemond Massé , Jean de Bréboeuf , Aimé de Noue. Les deux ordres travaillèrent ensemble à la grande œuvre de la conversion des amérindiens, jusqu'à ce que Québec tombât entre les mains des Anglais en 1629.
Missions des Jésuites.
— Dès le commencement, les missions des Jésuites prirent un caractère permanent et reçurent une impulsion extraordinaire. Québec était le centre d'où les apôtres de la foi s'élançaient jusqu'aux extrémités septentrionales les plus reculées. Dans quelque village amérindien, ils annonçaient la parole de Dieu à tous ceux qui voulaient bien la recevoir. Peu à peu, une petite congrégation se formait autour d'eux, des liens s'établissaient entre les nouveaux convertis, ce qui entraînait d'autres âmes de bonne volonté.
En 1635, René de Rohaut, petit-fils du marquis de Gamache, prit rang parmi les enfants de Saint Ignace, et consacra toute sa fortune à la fondation du collège de la compagnie de Jésus à Québec, destiné à préparer des recrues pour les œuvres lointaines. Cette institution fut florissante jusqu'à la suppression de l'Ordre en Canada en 1763.
Les Jésuites fondèrent en 1634, la résidence de la Conception aux Trois-Rivières, la mission de Sainte-Anne du Cap-Breton (Nouvelle -Écosse) et celle de Saint-Charles de Miscou ( Nord-Est du Nouveau Brunswick - Acadie).
Mission de Sillery. (Québec)— Le Père Lejeune établissait, en 1637, l a mission de Saint Joseph de Sillery (près de Québec) pour les Montagnais et les Algonquins, dont la conduite édifiante rappela bientôt celle des premiers chrétiens.
Les restes de la tribu huronne se réfugient à Québec, 1651.— ( suite aux guerres entre les iroquois et les hurons dans ce qui est de nos jour l`Ontario et les grands Lacs. Les Jésuites, et forcés d'abandonner la péninsule, ils se dirigèrent vers Québec, accompagnés de trois cents Hurons, restes malheureux d'une tribu nombreuse et prospère, (1651) . L a petite bande de fugitifs, sous la conduite du Père Raguenau, atteignit Québec sans aucun événement fâcheux et chercha un refuge dans l'ile d'Orléans, où les Hurons demeurèrent sept années. Ils y construisirent la première chapelle qui ait été érigée sur l'île. Mais là encore, la haine des Iroquois sut les découvrir et les attaquer (26 mai 1656), et de nouveau les Hurons furent dispersés. Quelques familles dressèrent leurs tentes à Québec, à l'abri du fort Saint-Louis, à Sainte-Foy (1657), et enfin s'établirent définitivement au village de Lorette, où leurs descendants subsistent encore aujourd'hui.
Tentatives des missionnaires pour s'établir chez les Iroquois.— De 1653 à 1654, l e s Jésuites firent de vains efforts pour pénétrer au centre de la fédération iroquoise; mais il n'y avait plus d'évangélisation possible chez cette peuplade hostile. Après le massacre des apôtres de la nation huronne, la furie guerrière des alliés iroquois se tourna vers les tribus habitant la région des grands lacs; en 1654 ils détruisirent la nation des Ériés.
Les Onnontagnés reçoivent les missionnaires. — La paix ayant été conclue (1645), avec les CINQ-NATIONS iroquoises, le Père Lemoyne se rendit chez les ONNONTAGUÉS où on le reçut avec joie ; il trouva au milieu de ce canton idolâtre une église chrétienne composée d'une multitude de Hurons captifs dont la foi, mise aux plus rudes épreuves, était sortie brillant d'un nouvel éclat. Les Onnontagués ayant demandé plus tard de nouveaux missionnaires au gouverneur de la Nouvelle-France, les Pères CHAUMONOT et DABLONT furent envoyés avec une escorte de cinquante soldats. Les Iroquois, jaloux et implacables, s'efforcèrent de capturer les canots et de mettre en pièces la petite troupe (1656).
Les Outaouais demandent des ouvriers évangéliques. — Tandis que la chrétienté iroquoise s'annonçait sous des auspices si favorables, une troupe nombreuse d 'Outaouais, peuple du Nord, était descendue à Québec pour demander des missionnaires. On leur accorda les PP . MESNARD et GAREAU . Ils furent assaillis en route par les Agniers en guerre avec les Outaouais, et dès la première charge, le Père Gareau eut l'épine dorsale fracturée. Il expira au bout de quatre jours en priant pour ses agresseurs (1656).
Le Père Marquette chez les Illinois. — Le Père JACQUES MARQUETTE avait d'abord été destiné à entreprendre les missions de la BAIE D'HUDSON, mais il se rendit chez les Outaouais (1668), où il trouva deux mille âmes remplies de la plus grande docilité. L'année suivante, l'infatigable apôtre était chez les Hurons du Sault-Sainte-Marie (Ontario). La persécution iroquoise ayant obligé ces indiens à s'exiler, le P. Marquette les suivit à l'île de Michillimakinac où ils se réfugièrent. De là il pénétra chez les Illinois qui le sollicitaient avec instances de visiter leur pays (1673). Après un séjour de deux ans au milieu de ceux-ci, ce missionnaire voulut retourner chez ses premiers néophytes à Michillimakinac. Bien que sa santé fût épuisée par de longs travaux et d'incessantes fatigues, il se mit en route avec courage. Peu après son départ de Kaskaskia, ceux qui le conduisaient se virent obligés de le déposer à cause de sa grande faiblesse, au fond du léger canot d'écorce, puis on s'engagea sur le lac Michigan, espérant arriver à temps au village indien pour avoir du secours. Sentant sa dernière heure arrivée, il se fît descendre sur le rivage où, nouveau Xavier, plein de foi et de reconnaissance, il rendit le dernier soupir, dans une chétive cabane d'écorce au milieu des bois et privé de tout soulagement (19 mai 1675).
Premières missions à la Louisiane. ( sud des USA actuel) — Vers la fin du XVII siècle, des ecclésiastiques du séminaire des MISSIONS-ÉTRANGÈRES, récemment établis sur les bords du Mississipi, annonçaient l'évangile à tous les peuples de cette grande contrée connue sous le nom de LOUISIANE. En 1697, le séminaire de Québec se joignit au mouvement enthousiaste qui entraînait tant de généreux apôtres vers les tribus illinoises; l'établissement d'un village à KASKASKIA est la preuve du dévouement qu'il sut déployer. L'avantage de ces missions fut la découverte et le développement de l'Ouest américain.
La foi en Acadie. (Nouveau Brunswick actuel)— L'ABBÉ AUBRY , qui accompagnait l'expédition de M . DE MONTS en 1604, a été le premier apôtre de 1'ACADIE. Grâce à son zèle actif, des efforts sérieux furent faits pour convertir les MICMACS, les ÉTCHEMINS et les ABÉNAQUIS , répandus dans les immense s régions qui forment aujourd'hui la Nouvelle Écosse et le Nouveau-Brunswick . On a vu précédemment que les discussions avec les calviniste s paralysèrent ces essais d'évangélisation . Un missionnaire , l'abbé JESSÉ FLÉCHÉ , envoyé par Robert Ubaldini , nonce du pape à Paris, suivit M . de POUTRINCOURT à PORT-ROYAL, en 1610 ; il parvint à convertir Mambertou , le chef des Abénaquis, et le baptisa avec vingt et un personnes de sa tribu. Ce sagamo (chef) était spirituel et magnanime : ces qualités, jointe s à son grand âge , lui donnaient un irrésistible ascendant sur toute sa tribu, qu'il amena à Jésus-Christ . Ce furent les prémices de la chrétienté abénaquise .
Les Jésuites à Saint-Sauveur. (Acadie) — L e provincial des Jésuites, en exécution des promesses faites à Henri I V, nomma pour aller en Amérique avec le jeune de Biencourt, les PP . Biard et Massé. Mais arrivés à Dieppe, ils apprirent que deux marchands huguenots, associés de M. de Poutrincourt, ne voulaient point leur permettre de s'embarquer. Madame la marquise de GUERCHEVILLE , très dévouée à l'œuvre des, missions, fut indignée de ces procédés; elle offrit quatre mille livres, pourvu que les Jésuites fussent adjoints à l'expédition de M. de Poutrincourt. Les deux religieux arrivèrent en 1611 , et s'établirent à Saint-Sauveur; peu après, d'autres suivirent, parmi lesquels le FRÈRE DU THET (1612 ) et le PÈRE QUENTIN (1613) . Ils étendirent graduellement le champ de leurs labeurs, jusqu'à la Nouvelle-Angleterre. Mais leur zèle ne rencontra pas tout le succès qu'il méritait. Les querelles intérieures et les guerres avec les colonies voisines entravèrent leur dévouement, et bientôt, il ne demeura de ces florissantes missions, que des ruines fumantes.
Les Récollets en Acadie. — En 1619, six Récollets arrivèrent en Acadie. Ils parcoururent les forêts des deux rives de la Baie-Française (baie de Fundy), et évangélisèrent avec succès plusieurs tribus. L'un de ces missionnaires, le Père SÉBASTIEN, s'était avancé jusqu'à l'île de Miscou, à l'entrée de la baie des Chaleurs. Après y avoir prêché la parole de Dieu, il retourna à travers les bois à Port-Royal, où, à peine arrivé, il mourut de faim et de fatigue. Les Récollets, empêchés de revenir à Québec avec Champlain, purent néanmoins repasser en Acadie (1633), et y poursuivre leurs œuvres apostoliques. JEAN DE LÀUNOY de RAZILLY , nommé gouverneur de l'Acadie (1632), donna un grand élan à la cause catholique. Il y établit les chevaliers DE MALTE , et intéressa l'Ordre entier à l'œuvre des missions, ce qui mit un grand sentiment de sécurité dans la colonie et soutint le courage des apôtres du Christ. On fonda une école pour les enfants, ainsi qu'un hospice sur les bords de la baie de Fundy ; la direction en fut confiée aux religieux Récollets. "D'AULNA Y DE CHAMISA Y devenu chef de la colonie (1638), se hâta de transférer à Port-Royal, tous les colons établis à la HÈVE . Par ses ordres fut construit le séminaire de Port-Royal. C'était une sorte de monastère habité par douze religieux. Les religieux s'étaient engagés à desservir la colonie acadienne et à faire des missions parmi les peuplades indigènes. Malheureusement les circonstances ne permirent pas à cette bonne œuvre de se développer et de porter les fruits qu'elle donnait lieu d'attendre."(P. Bourgeois, Hist. du Canada).
Le Père Albanel chez les Esquimaux. — En 1672 , le Père CHARLES ALBANEL dirigeait ses pas vers la baie d'Hudson , pour christianiser les ESQUIMAUX . Les efforts du missionnaire , demeurèrent à peu près stériles.
Les Sulpiciens en Acadie. — Mgr de Saint Vallier introduisit les SULPICIENS en Acadie (1686) . Ils avaient la charge des églises de PORT-ROYAL, de BEAUBASSIN , de MINAS , etc. L'histoire mentionne particulièrement MM . GEOFFROY et BAUDIN . Éprouvés par la persécution, ces prêtres n'abandonnèrent le théâtre de leurs travaux qu'après l'expulsion des Acadiens par les anglais (1755) . Jusqu'au traité d'Utrech t (1713) , les officiers français de la marine et de la colonie se montrèrent empressé s à promouvoir l'œuvre de l’Église , qu'ils regardaient, à bon droit, comme la clef de voûte de l a civilisation et de l'organisation coloniale . Les progrès du catholicisme marchaient de pair avec ceux du pays. C'est pourquoi les intéressé s étaient soigneux d'entretenir des communication s constante s avec l'évêque de Québec , le séminaire de Saint-Sulpice et celui de s Missions-Étrangères à Paris, d'où tant d'apôtres partirent pour l'ORIENT et le NOUVEAU MONDE.
FONDATION DE VILLE-MARIE (Montréal) . Société de Notre-Dame de Montréal. — LES RELATIONS DES JÉSUITES , qui circulèrent en France a cette époque éveillèrent un grand intérêt pour le Canada, et firent surgir plus d'un noble dévouement à sa cause. M . l'ABBÉ OLIER et M . DE LA DAUVERSIÈRE s'étant rencontrés dans une galerie du château de Meudon, se saluèrent comme autrefois saint François d'Assise et saint Dominique; par une inspiration divine, ils se reconnurent destinés à travailler à la gloire de Dieu dans la Nouvelle-France. Après s'être communiqué leurs vues, ils formèrent une association sous le titre de SOCIÉTÉ DE NOTRE-DAME DE MONTRÉAL. Ils déterminèrent que cette cité, consacrée à la Mère de Dieu, bouclier de la vraie foi, porterait le nom de VILLE-MARIE, et qu'on y établirait trois communautés religieuses vouées à honorer l'une des trois augustes personnes de la SAINTE FAMILLE. "Au moyen de ces mesures, disaient-ils, les associés espèrent de la bonté divine voir en peu de temps une nouvelle chrétienté, qui imitera la pureté et la charité de la primitive Église.
C'est avec ce religieux enthousiasme que fut conçu et exécuté le plan de la fondation de Montréal. Le Père Leclerc, dans sa "Relation de la foi", écrivait à ce sujet: "M . l'abbé Olier, qui le premier conçut ce dessein, en formait le projet depuis longtemps; et on peut dire que de tous les projets que l'on a faits pour soumettre le nouveau monde à l'empire de Jésus-Christ, il n'y en a point eu de plus désintéressé, de plus solide, ni de mieux concerté que celui-là."
M. P. Chomedey de Maisonneuve. — Pour exécuter cette entreprise, Dieu suscita un chevalier chrétien dont "l'âme était aussi bien trempée que l'épée". M . PAUL CHOMEDEY DE MAISONNEUVE (1600-1676) , profondément ému par la lecture de Relations de la Nouvelle-France, s'offrit au Père J . Lallemant, arrivé depuis peu du Canada, pour consacrer sa vie, son temps et ses services à l'œuvre de Montréal. Le jésuite, qui vit en cette démarche du gentilhomme le secret dessein de la Providence, le proposa sur le champ aux Associés comme un serviteur dévoilé de l’Église et un militaire brave et expérimenté. On se hâta de l'accepter comme étant vraiment l'homme qui convenait à un établissement projeté au nom de la religion, et sous la protection de Marie, dont il était un fervent serviteur. Avant le départ de l'expédition, les Associés se réunirent à Notre-Dame de Paris, et, d'un commun accord consacrèrent l'île de Montréal à la sainte Famille.
Arrivée à Montréal. — Accompagné du gouverneur M . D E MONTIMAGNY , du Père ViMONT , supérieur des Jésuites, de Mlle JEANNE MANCE et de Mme DE L A PELTRIE , il débarquait sur l'île de Montréal, à la POINTE A CALLIÈRES , le 17 mai 1642 En mettant pied à terre, M. de Maisonneuve et toute sa troupe se jetèrent à genoux pour offrir à Dieu leurs hommages, et après quoi on dressa des tentes pour passer la nuit. Première messe au pied du Mont-Royal. — Le lendemain, sur un autel préparé et orné de feuillage par les soins de Mlle Jeanne Mance et de Mme de la Peltrie, lé Père Vimont, après avoir entonné le Veni Creator, célébra la sainte messe au milieu des chants de joie de ces fervents chrétiens.
Le saint Sacrement demeura exposé toute la journée. Après la messe, le Père Vimont adressa aux colons ces remarquables paroles qui résonnaient comme une prophétie: "Ce que vous voyez ici n'est qu'un grain de sénevé, mais il est jeté par des mains si pieuses et si animées de l'esprit de foi et de religion, qu'il faut sans doute que le ciel ait de grands desseins, puisqu'il se sert de tels instruments pour son œuvre ; j e ne fais aucun doute que ce petit grain ne produise un grand arbre, ne fasse un jour des merveilles, ne soit multiplié et ne s'étende de toutes parts. Deux siècles et demi, écoulés depuis, ont réalisé les magnifiques espérances que ces parole s inspirées avaient fait concevoir.
Fondation du séminaire Saint-Sulpice. — En 1657, les abbés de QUEYLUS , SOUART, GALINIER, d'AxLET, jetèrent à Montréal, les fondements du SÉMINAIRE SAINT-SULPICE, destiné à la formation scientifique et religieuse du clergé. Ce sont les SULPICIENS qui ont fait Montréal ; c'est à leur charité et à leurs sacrifices que la grande métropole doit la plupart des établissements de religion et d'éducation, qui font aujourd'hui sa gloire. Dès leur arrivée, ils se dévouèrent aux intérêts de la religion et de la colonie avec un zèle qui ne s'est jamais démenti ; partageant la bonne et la mauvaise fortune des CANADIENS-FRANÇAIS , ils conservèrent par leur sage direction et leur vigilance assidue, la foi et les mœurs, au sein de cette chrétienne population.
Origine du pèlerinage de Sainte-Anne de Beaupré. (près de Québec) — M. de Queylus, abbé de Loc-Dieu, avait reçu le titre de vicaire général de l'archevêque de Rouen, titre que le supérieur des Jésuites portait jusque-là. Après l'installation de ses confrères, il fixa sa résidence à Québec, et s'empressa d'aller visiter le sanctuaire Sainte - Anne de Beaupré. Ce lieu, que la protection du ciel et la piété de nos pères ont rendu célèbre, avait vu, dès l'origine du pays, s'élever sur le rivage du Saint-Laurent, une modeste chapelle dédiée à sainte Anne — pieux souvenir de la dévotion des Bretons à Sainte-Anne d'Auray, sans nul doute.— Malheureusement, placé trop près du fleuve, l'humble édifice était sans cesse en danger d'être emporté par les inondations printanières. M . de Queylus désigna l'endroit où devait être bâtie la nouvelle église. Livrée au culte en 1660, elle fut dès lors visitée par de nombreux pèlerins.
La paix de 1666 permet aux missionnaires d'étendre leurs travaux. — Malgré les nombreuses difficultés de la colonie , l'esprit de prosélytisme n'abandonna jamais ses prêtres et ses religieux . La paix conclue en 1666, avec la fédération iroquoise, par M . LE MARQUIS DE TRACY, eut d'heureux résultats pour la foi ; elle permit aux missionnaires d'étendre leurs travaux apostoliques. A la demande des Iroquois, trois jésuites allèrent se fixer au centre de leurs tribus; ils recueillirent des fruits abondants dans cette vigne jusque-là si stérile, et une bande de néophyte s AGNIERS manifestèrent surtout une grand e ferveur. Le supérieur de la mission, craignant de les voir perdre la foi au contact de leurs compatriote s païens, obtint de M . DE COURCELLES, la permission de les établir parmi les Français (1669).
Fondation de la mission de La Prairie 1669. —Ils furent reçus avec la plus cordiale charité, et placés à L A PRAIRIE, OÙ Mgr de Laval autorisa la construction d'une chapelle pour leur usage . Plus tard, on les transféra au SAULT SAINT-LOUIS (Il est situé sur le chemin River Front à Kahnawake, à l'intérieur du territoire Mohawk de Kahnawake au sud de la ville de Montréal). On y voit encore leurs descendants.
Établissement du Fort de la Montagne. —'Plusieurs Amérindiens, vinrent en grand nombre à Ville-Marie demander le baptême. Après plusieurs tentatives faites par le séminaire, pour grouper ensemble ces nouveaux chrétiens, ils se décidèrent à les fixer au pied de la montagne, dans une enceinte palissadée, que l'on désigna sous le nom de FORT DE LA MONTAGNE. Quelques années plus tard, les Supérieurs, désirant mettre leurs néophytes à l'abri des occasions d'intempérance, résolurent de les éloigner de Montréal. En 1696, ils les établirent au Sault-au-Récollet, et, de là, au Lac des Deux-Montagnes, en 1720.
Construction du sanctuaire de Notre-Dame de Bonsecours à Montréal — Le sanctuaire le plus vénéré du Canada, NOTRE-DAME DE BONSECOURS, doit son origine à la VÉNÉRABLE MARGUERITE BOURGEOYS. Cette femme admirable, qui devait retracer à Ville-Marie la vie et les vertus de la Mère de Dieu, donnant l'essor à son amour pour cette Vierge bénie, voulut établir son culte dans une ville qui lui était toute consacrée. Dès les premières années de son séjour à Montréal, elle forma le dessein d'élever une chapelle en l'honneur de Marie. Au printemps de 1657, elle obtint du PÈRE PIJARD, jésuite, desservant de la colonie, l'autorisation nécessaire pour réaliser son pieux projet. Les contradictions, compagnes ordinaires des œuvres de Dieu, en firent différer l'exécution pendant seize ans. Ce ne fut qu'en 1673, que la première église en pierres s'éleva, grâce au zèle de la servante de Dieu.
VICARIAT APOSTOLIQUE DE QUÉBEC. (1657) Les JÉSUITES missionnaires ayant le contrôle des affaires spirituelles de la colonie depuis vingt-cinq ans, il parut aux autorités religieuses, plus régulier et plus conforme à l'esprit de l’Église d'avoir un gouvernement ecclésiastique selon les canons. A ce sujet, des négociations furent ouvertes auprès du Saint Siège et de la cour de France, et en 1658, MGR FRANÇOIS DE LAVAL (1623-1708) , abbé de Montigny, était nommé vicaire apostolique pour la NOUVELLE-FRANCE, et sacré à Paris, avec le titre d'évêque de PÉTRÉE. Des difficultés, soulevées par l'archevêque de Rouen, qui prétendait avoir des droits de juridiction sur la colonie, retardèrent son départ. Le litige réglé en 1659 , il quitta sa patrie pour le nouveau champ de ses labeurs. La tâche qu'il embrassait n'était pas une sinécure. La contrée penchait vers sa ruine, par suite d'un demi-siècle de guerres avec les Iroquois et les Anglais; la peste, l'intempérance et les calamité s de toutes sortes avaient aussi fait leur œuvre de destruction. Cependant, plein d'un courage surhumain, celui qu'on a nommé "l'apôtre du Canada " se mit à l'œuvre . Son diocèse s'étendait depuis la vallée du Saint-Laurent et du Mississipi jusqu' à l'océan et au pôle, l'île de Terre-Neuve comprise . Mais son zèle était aussi vaste que le théâtre de son apostolat. U n des premiers actes de son administration fut d'établir une officialité, ou tribunal ecclésiastique chargé de juger les affaires concernant le clergé . Il voulait que tout au Canada fût conforme au droit canonique .
Fondation du séminaire de Québec. — L'œuvre par excellence de Mgr de Laval, destinée à immortaliser son nom, fut la création du SÉMINAIRE DE QUÉBEC en 1663, appelé par Latour son "chef d'œuvre." Promoteur zélé de l'éducation, il établit le petit séminaire, en 1668, et donna tous ses soins à ces deux institutions, qui contribuèrent beaucoup à entretenir l'esprit sacerdotal parmi les prêtres de la colonie. "La sainteté du clergé, dit un mémoire du temps, était le but que poursuivait Mgr de Laval.. . rien ne représentait mieux la primitive Église que la vie de ce clergé.
Construction de la chapelle de Sainte-Anne de Beaupré en 1665. (près de la ville de Québec)— Mgr de Laval, très dévot à sainte Anne, fit plusieurs fois le pèlerinage au sanctuaire de Beaupré et s'occupa de faire reconstruire la chapelle en bois, qui avait été commencée du temps de M. de Queylus. Elle fut remplacée en 1675 par une grande église en pierres. Ce lieu, illustré par des miracles éclatants, est devenu l'un des pèlerinages les plus fréquentés de l'Amérique du Nord.
LES COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES
Le Canada," ainsi que la France, se montra dès l'origine une terre propice à la vie religieuse. Aux instituts d'hommes, venus pour se livrer à l'apostolat, s'ajoutèrent plusieurs communautés de femmes, non moins désireuses de cueillir leur part de travaux et de souffrances.
Les Ursulines de Québec.— MADAME DE LA PELTRIE, résolut de consacrer sa fortune à leur procurer le bienfait de l'instruction chrétienne. En 1639, elle arrivait à Québec en compagnie d'une fervente recrue de religieuses ursulines, pour y fonder la première maison d'éducation de la Nouvelle-France. Un écrivain protestant, HAWKINS , parlant de ces femmes admirables, qui abandonnèrent tout pour venir en Canada disait : Des personnes jeunes et délicates, s'arrachant aux douceurs de la civilisation, sont venues,-bravant tout, apporter les remèdes du corps et ceux de l'âme,... affronter les rigueurs du climat, la famine; et la mort. ; soutenues par une force surhumaine,-elles ont réussi à établir solidement, au sein de nos contrées, les autels de leur Dieu et la foi de leur pays.
Vénérable Mère Marie de l'Incarnation. — Une des plus remarquables parmi ces héroïnes chrétiennes, fut la Vénérable MÈRE MARIE DE L'INCARNATION religieuse (Marie Guyart, 1599- 1672.) Peu de temps après sa profession, Dieu lui manifesta sa vocation au Canada d'une manière mystérieuse. Durant son oraison, il lui montra une vaste contrée et lui dit: "Ma fille, c'est le Canada que je te fais voir; il faut que tu ailles y élever une maison à Jésus et à Marie. " Quatre années s'écoulèrent avant qu'elle pût répondre à cet appel divin. Enfin l'heure arriva où les obstacles enlevés, elle dit adieu à la France et vint établir le monastère des Ursulines pour l'instruction des jeunes filles de la colonie et des amérindiennes.
Madame de la Peltrie.— Sa généreuse bienfaitrice, MADAIME DE LA PELTRIE, donna un sublime exemple de désintéressement Madame DE LA PELTRIE. en sacrifiant tout ce qu'elle possédait pour la cause de l'éducation. Elle poussa le zèle jusqu'à se dépouiller du nécessaire, et jusqu'à cultiver la terre de ses mains, pour avoir de quoi subvenir aux besoins des pauvres et des malheureux. La grande dame s'était faite servante pour l'amour du Christ.
Hôtel-Dieu de Québec. — En 1639, les HOSPITALIÈRES DE DIEPPE prenaient possession de I'HOTEL DIEU , fondé avec les largesses de Madame la DUCHESSE D'AIGUILLON. Plus tard, Mgr DE SAINT-VALLIER . détachait une colonie de religieuses de cette communauté, pour établir 1'HÔPITAL - GÉNÉRAL (1693). Québec se trouvait ainsi doté de tous les établissements nécessaires aux besoins de sa population ; aucune misère n'avait été oubliée par les Anges de la charité.
Ursulines des Trois-Rivières.— TROIS-RIVIÈRES (1634), la ville la plus ancienne après Québec, reçut à son tour un essaim de ces apôtres de la bienfaisance. En 1694, les URSULINES y fondaient, par l'initiative de Mgr de Saint-Vallier, une maison de leur ordre. Ces dévouées religieuses voulant suffire à tout le bien qu'on attendait d'elles, ajoutèrent à leur œuvre d'instruction, celle du soin des malades.
Privilégiée sous le rapport des institutions religieuses, Ville-Marie dès sa fondation, vit surgir selon les intentions de ses fondateurs, les trois communautés destinées à honorer la sainte Famille: SAINT-SULPICE, I'HÔTEL-DIEU et la CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME
Hôtel-Dieu de Montréal. — MADEMOISELLE JEANNE MANCE, (1606-1673) ayant entendu raconter les merveilles qu'opéraient, en Canada, Madame de la Peltrie et les Hospitalières de Québec (1642). Sa grande piété, son esprit de Sacrifice et son courage non moins admirable, la firent triompher de tous les obstacles pour établir I'HÔTEL-DIEU de cette ville (1644). Elle sut intéresser à son œuvre MADAME DE BULLION qui répandit ses bienfaits sur le nouvel hôpital, ne posant d'autre condition à ses grandes libéralités, que celle de les tenir secrètes. Malgré son zèle et sa virile énergie, l'héroïque fondatrice ne pouvait seule suffire à la tâche; elle réclama le secours des HOSPITALIÈRES DE LA FLÈCHE, communauté fondée par M. DE LA DAUVERSIÈRE, en 1639, et spécialement appliquée à honorer saint Joseph. Ces religieuses vinrent avec joie se mettre au service des malades et des amérindiens (1659), sans autre désir que celui de procurer la gloire de Dieu.
Congrégation de Notre-Dame. En 1659, la CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME , vouée à l'instruction des jeunes filles, prenait naissance sous les auspices de Marie. Sa fondatrice, la VÉNÉRABLE MARGUERITE BOURGEOYS ( 1620-1700), s'était occupée, dès son arrivée à Montréal (1653), à faire l'école aux amérindiens, lorsque, en 1658, elle se décida à passer en France, afin de s'adjoindre des compagnes pour son œuvre, ne leur promettant, vu sa pauvreté, que "du pain et du potage." Tout dans la vie de cette femme éminente et vraiment apostolique, porte le cachet du surnaturel et du divin : sa conversion à la vie parfaite, en présence de la statue miraculeuse de Notre-Dame-aux-Nonnains.
Mère Marie de Saint-Joseph, ursuline. — Une des premières compagnes de la Vénérable Mère de l'Incarnation, MÈRE MARIE DE SAINT-JOSEPH , se dévoua avec un grand zèle au soin des enfants amérindiens, et "après avoir vécu comme une sainte, mourut comme une sainte" dit la pieuse annaliste du monastère (1652).
Mère Catherine de Saint-Augustin, hospitalière. — Plus remarquable encore fut la Mère CATHERINE DE SAINT-AUGUSTIN (1668), religieuse de l'Hôtel-Dieu, que le Seigneur conduisit par les voies de la plus haute spiritualité. Sa vie a été une longue suite de merveilles et de faveurs extraordinaires, ce qui ne l'empêchait pas d'être une parfaite hospitalière, toute remplie d'abnégation et de charité. Elle connut, par révélation, les terribles bouleversements de la nature arrivés en 1663 dans la Nouvelle-France. Tous étaient unanimes à rendre hommage à ses éminentes vertus.
Madame d'Aillebout. — MADAME D'AILLEBOUT, (Barbe de Boulogne) , joignait à la distinction de l'esprit, la vertu la plus éprouvée . Elle donna dan s le monde les plus beaux exemples de fidélité chrétienne , en se livrant aux exercice s de zèle, et de piété. Cette dame eut, avec le Pèr e Chaumonot, une larg e part à l'établissement de la dévotion à la sainte Famille . A sa mort, arrivée en 1685 , "tout e la colonie , dit Ferland , la regardait et la vénérait comme une sainte.
Le Père CHAUMONOT est l'une des plus belles figures de l'Église du Canada , et l'une des gloire s les plus pure s de la Compagnie de Jésus. Sa vie ne fut qu'un tissu de sacrifices de toutes sortes. Après une carrière apostolique d'un demi-siècle, il mourut à Québec , le 21 février 1693 .
Le Frère Didace. — Claude Pelletier — connu sous le nom de FRÈRE DIDACE — fut le premier Canadien qui embrassa la vie religieuse. ll naquit d'une honnête famille de cultivateurs, à Sainte - Anne de Beaupré (1657). A l'âge de vingt et un ans, il entra dans l'ordre des Franciscains, en qualité de frère convers. L'existence du Frère Didace fut toute d'édification. On loue son obéissance parfaite , sa pauvreté vraiment évangélique , son amour du travail, son humilité profonde , son respect pour les prêtres et sa solide dévotion à la sainte Vierge . A sa mort, arrivée à Trois- Rivières, le 21 février 1699, il n'y eut qu'une voix pour glorifier le pauvre frère et lui décerner le plus beau titre que l'on puisse donner à un homme, le nom de saint.
Sainte Katari Tékakouita. (Iroquoise) — Mentionnons particulièrement KATARi TÉKAKOUITA, vierge iroquoise, qu'on a surnommée le "lis de la vallée des Mohawks. L a vie de cette douce enfant sortie des forêts du nouveau monde, est pleine d'un touchant intérêt. Elle naquit chez les Agniers en 1656, et fut instruite des vérités de la foi, par le Père de Lamberville. Après son baptême, Katari devint en peu de temps un modèle accompli de la vie chrétienne. Désirant suivre sa religion avec plus de fidélité, elle se joignit à la petite colonie iroquoise fondée à La Prairie de la Madeleine (1670). Dès ce moment, livrée tout à Dieu, cette âme pure passait des heures entières en communication avec lui; on la voyait comme une lampe ardente .se consumer au pied du saint Sacrement, qu'elle laissait, le soir, aussi tard que possible . Dégagée de tout lien terrestre, elle ne soupirait que vers le ciel, et ses austérités ne connaissaient plus de bornes. L e 17 avril 1680 , une mort précieuse couronna cette vie plus angélique qu'humaine , à la mission du Sault-Saint-Louis. Plusieurs guérison s miraculeuse s attestèrent la haute sainteté de celle que le Père de Charlevoi a surnommée "la Geneviève de l'Amérique Septentrionale.
Il y aurait beaucoup d'autres vies pieuses à admirer chez les différentes tribus, mais la liste en serait trop longue. Citons seulement quelques-unes des plus remarquables.
E. Tegananokoa. — ETIENNE TEGANANOKOA a été l'un des principaux martyrs dans cette partie du monde. Après son baptême, il se conserva pur au milieu de la corruption de ses compatriotes païens, et vint s'établir au Sault Saint-Louis avec toute sa famille. Au mois d'août 1690, il partit pour la chasse d'automne et fut surpris en route par une troupe de Goyogouins, amérindiens très hostiles aux Français, qui le martyrisèrent en haine de la foi avec une barbarie inouïe.
CATHERINE GAUDTAKTÉIIA, de la tribu des Eriés, édifia par sa modestie et son zèle, la petite colonie iroquoise de La Prairie. Elle introduisit dans la mission la dévotion à la sainte Famille, et se fit toujours remarquer par sa grande piété envers Marie.
FRANÇOIS-XAVIER NENASCOUMAT, algonquin baptisé par le Père Buteux (1637), donna de grandes preuves de sa fidélité à la morale de l’Évangile . Il mourut à l'Hôtel-Dieu (1639).
NOËL NEGABAMAT, chef algonquin de la mission de Sillery (1666), se fit l'apôtre de sa nation et montra une admirable patience dans l'adversité.
Tahondechoren. — Louis TAHONDECHOREN, capitaine huron, doué d'un esprit droit et d'un excellent naturel, fut un des premiers convertis de sa tribu, qu'il haranguait à la façon des missionnaires. Il manifesta une profonde dévotion à l'Enfant Jésus et en inspira la pratique dans son village de Lorette .
État de la colonie après la conquête de 1759. — L e spectacle que présentait l'ancienne colonie française sous le nouveau régime était bien triste. La désolation régnait dans les villes et dans les campagnes. Les cultivateurs attachés au sol, demeurèrent dans le pays pendant que la plus grande partie de la noblesse française et l'armée s'en retournaient en France. Le clergé, fidèle au troupeau qui lui était confié, partage a son pénible sort; il resta pour consoler, encourager et diriger ceux qui, livrés à eux-mêmes, avaient plus que jamais besoin de secours et des lumières de la foi. A la suite des troupes anglaises, une légion d'aventuriers et d'intrigants, s'abattit sur la contrée comme les corbeaux sur un champ de bataille, et sans scrupule, exploitèrent la générosité des nouveaux sujets. Non seulement les Canadiens-Français étaient exclus de tous les emplois civils, magistrature , barreau, etc., etc., — à cause de leur religion, mais de plus, ils étaient soumis à l'arbitrage de jurés entièrement protestants qui, un jour, osèrent déclarer l'existence de la population catholique comme un désordre social—et une nuisance — ; à peine comptait-on cinq cents dissidents dans la colonie, et cette minorité appelait la proscription de tout un peuple à raison de sa foi !
Le jurisconsulte Marriott demande l'extinction de la religion catholique. — La population française avait de justes sujets de plaintes; on fit des enquêtes sur l'état des choses du Canada, où deux peuples si différentes étaient aux prises. Les rapports furent envoyés en Angleterre et le jurisconsulte Marriott se prononça pour l'extinction aussi prompte que possible de la religion catholique. Quelques-unes de ses insinuations étaient vraiment machiavéliques ; c'était un long cri de proscription contre la religion, les lois et les usages de nos ancêtres.
La Grande Bretagne adoucit les rigueurs de sa politique. — Le gouvernement prolongea ses enquêtes et ses indécisions jusqu'en 1774. A cette époque, les colonies de la Nouvelle-Angleterre, mécontentes de la mère patrie, commençaient à manifester leur désir d'indépendance. La Grande-Bretagne, craignant de voir les Canadiens partager leur révolte, adoucit les rigueurs de sa politique, révoqua l'ordonnance royale qui exilait du Canada tous ceux qui refusaient de prêter le serment du Test, et résolut de donner une nouvelle constitution, plus juste et plus favorable aux catholiques.
Attitude du clergé catholique en face de la révolution américaine, 1775. — Pendant que la condition des Canadiens s'améliorait, les Américain s insurgé s contre la métropole s'efforçaient de les engager dans la rébellion. L'attitude prise par l'Église catholique , durant le soulèvement des colonie s anglaises, contribua grandement à assurer la fidélité de la population française envers la Grande - Bretagne ; le clergé engage a le peuple à repousser les envahisseurs avec énergie . Il était impossible de compte r sur une plus grande loyauté si tôt après la conquête . L e drapeau anglais n'avait pas encore conquis la sympathie des Canadiens, et, malgré la justice tardive qu'on venait de leur rendre, le souvenir des criantes vexations passée s était resté chez eux , vivace et très profond : la neutralité fut tout ce que le clergé put obtenir d'un grand nombre de citoyens.
Les Sulpiciens en Acadie. — Les Sulpicien s appelés en Acadie en 1686, par Mg r de Saint-Vallier, furent chargé s de la desserte des églises de Port Royal , Beaubassin , Minas, etc., etc. Trois d'entre eux exercèrent successivement la charge de vicaire général. Quand la colonie passa sous la domination anglaise (1713), le gouvernement de la Grande-Bretagne n'y voulut tolérer d'autres prêtres que les Messieurs de Saint-Sulpice. Durant toute leur carrière apostolique en Acadie, ils observèrent fidèlement la neutralité requise par les traités, et la firent respecter par leurs paroissiens. Comme de véritables pasteurs, ils partagèrent les épreuves et les souffrances des Acadiens, de 1727 à 1761, et ne se retirèrent qu'après le bannissement de ce peuple héroïque.
Les Prêtres du séminaire des Missions-Étrangères. —Durant la même période, plusieurs prêtres du séminaire des Missions-Étrangères exercèrent leur zèle en Acadie, à l'île Royale et dans le Maine. Parmi eux se trouvaient MM . MAILLARD et LE LOUTRE, qui méritent d'être mentionnés, non seulement à cause de leur dévouement et de leur patriotisme, mais aussi pour les souffrances et les épreuves qu'ils eurent à supporter. Le premier, arrivé à Louisbourg en 1735, demeura près de vingt ans au milieu des amérindiens; il eut la joie de voir ses sacrifices et ses travaux récompensés par leur conversion.
Origine de la dévotion au Sacré-Cœur en Canada, année 1700. — Longtemps avant l'apostolat de la bienheureuse M.-Marie, le culte du SACRÉ-CŒUR en Canada s'ajouta à la série de nos dévotions traditionnelles : la SAINTE FAMILLE , le SAINT SACREMENT, SAINTE ANNE , etc., etc. Il trouva un favorable accueil dans les communautés et dans le monde, où tant d'âmes le pratiquaient déjà dans l'intimité. Mg r de Laval, les Pères Jésuites, ainsi que le clergé séculier, prêchèrent à l'envi, les merveilles et les miséricordes de ce Divin Cœur. Mais l'apôtre le plus zélé de ce culte réparateur fut la vénérable Mère de l'Incarnation; elle en parle avec transport dans la plupart de ses écrits, et ses filles, qui le reçurent en héritage, le pratiquent fidèlement. La fête du Sacré-Cœur établie à Québec en 1700. — Vers la fin du XVII siècle les Ursulines sollicitèrent de Mgr de Saint-Vallier, la faveur de célébrer solennellement la fête du Sacré-Cœur. Heureux de se rendre au désir des religieuses, Mgr de Saint-Vallier répondit par un mandement établissant cette solennité, au monastère de Québec. Elle fut célébrée avec une pompe extraordinaire, pour la première fois, le 9 juin 1700.
SITUATION DE L'ÉGLISE DU CANADA EN 1800 "Quand le siècle s'ouvrit, il s'agissait encore pour le peuple catholique du Canada non pas seulement de vivre mais bien de ne pas mourir. Plusieurs comptaient comme chose possible de venir à bout de la religion catholique d'abord, de la langue française ensuite. A cette époque, le clergé, peu nombreux, accablé par l'accroissement rapide d'une population disséminée sur une vaste étendue, était privé du secours des ordres religieux. Ceux-ci, sous le coup de la défense gouvernementale, voyaient leurs derniers membres s'éteindre dans la solitude de leurs couvents. "Les Jésuites et les Récollets mourront chez eux, mais n'auront pas de successeurs," telle avait été la volonté du gouvernement de Londres. Les évêques de Québec, le clergé et les fidèles se firent en vain les avocats des deux communautés.
Création de différents sièges épiscopaux. —. Deux suffragants furent accordés : MGR MCDONELL pour le Haut-Canada, et MGR MCEACHERN pour le diocèse du Nouveau-Brunswick et de l'île du Prince-Edouard (1819) . Cette même année, Mgr E D. BURKE fut nommé vicaire apostolique d'Halifax. Mgr Plessis confia à la générosité des nouveaux pasteurs, les infortunés Acadiens et les Canadiens-Français de l'Ontario. Deux ans plus tard (1820), avaient lieu deux nouvelles nominations: MGR LARTIGUE, évêque de Telmesse, pour Montréal, et MGR PROVENCHER, évêque de Juliopolis, pour les TERRITOIRES DU NORD-OUEST. L a nomination de Mgr Lartigue comme auxiliaire, ne plut pas à tout le monde. Plusieurs, même parmi le clergé, auraient désiré un prélat indépendant. Mais, à une époque où l'évêque catholique de Québec était simplement toléré par le gouvernement, la chose était impossible.
Épreuves. Le choléra, 1832. —Le s successeurs de Mgr Plessis — MGR PANE T (1825-1833 ) et MGR SIGNAY (1833-1850 ) — exercèrent leur charité pastorale dans une série d'infortune s et de calamités, qui fondirent sur la contrée à cette époque . En 1832-34 , le choléra asiatique, apporté par le navire Carricks, venant de Dublin, sévit à l'état d'épidémie et décima la population ; plus de quatre mille personnes, durant l'espace de cinq semaines, périrent victimes de ce fléau, à Québec , à Montréal et dans les campagnes environnantes. Ces villes ressemblaient à de vastes nécropoles ; la terreur planait sur la population, et le deuil était entré dans chaque famille. Le clergé, malgré son dévouement, ne pouvait suffire aux besoins pressants, et les morts étaient conduits au cimetière sans franchir le seuil de l'église pour y recevoir une dernière bénédiction.
Incendies à Québec. — Onze ans plus tard, (1845) deux terribles conflagrations détruisaient trois mille maisons dans la cité de Champlain, et laissaient un grand nombre de familles sans asile et sans pain. Mgr Signa y se multiplia en cette douloureuse circonstance ; non content de répandre de larges aumônes pour secourir les malheureux incendiés, il fit appel aux cœurs généreux de son diocèse; à sa voix, les secours affluèrent et, en peu de temps, la ville épiscopale se releva de ses cendres.
Le typhus en 1847. — Ces calamités furent surpassées par celle qui s'abattit sur le Canada en 1847. A cette époque, l'immigration irlandaise jeta sur les rives du Saint-Laurent près de cent mille infortunés, fuyant les malheurs qui les accablaient en Europe ; ils venaient demander à notre sol hospitalier le "droit de ne pas mourir de faim, " et la liberté de conserver leur foi. A leur arrivée, le typhus, contracté duran t la traversée, se déclara parmi eux avec des symptôme s effrayants ; en quelque s jours, les ravage s en furent désastreux. D e ce côté-ci de l'océan, on n'était pas préparé à recevoir ces immigrants qui dans un état de fièvre très dangereux, furent entassés par milliers sur les quais, en attendant qu'il fût possible de les loger. A Montréal, l'administration fit construire des abris à la Pointe Saint-Charles pour y recevoir les pestiférés, et toute communication fut interdite avec la ville.
Le diocèse d'Ottawa. — Les progrès rapides du district d'Ottawa nécessitèrent une nouvelle circonscription ecclésiastique, et Bytown (Ottawa) devint le siège d'un évêché en 1847 . MGR GUIGUES , provincial des OBLATS , reçut la charge du nouveau diocèse ; son premier soin fut de doter sa ville épiscopale d'un collège classique, qu'il confia à ses religieux, apôtres de la première heure dans cette région.
Fondation de la société Saint-Jean Baptiste.—Durant cette époque— 1791 à 1840—, les CANADIENS - FRANÇAIS , obligés de lutter pour sauvegarder leurs droits et conquérir de nouvelles et légitimes libertés, sentirent le besoin de s'unir. C'est de cette nécessité que naquit, en 1834, notre première association religieuse et nationale, sous l`égide du glorieux Précurseur SAINT JEAN-BAPTISTE, adopté dès lors pour patron du peuple canadien-français. Le courageux fondateur de cette société, LUDGER DU VERNAY, allait bientôt payer par les persécutions et l'exil sa patriotique initiative. Mais la patrie reconnaissante a gardé sa mémoire.
État florissant de l’Église en 1850. — A la mort de Mgr Signay, arrivée en 1850, l’Église DU CANADA était dans un état florissant, que les douloureuses épreuves qu'elle venait de traverser, faisaient ressortir davantage. Elle possédait un archevêque, quatre évêques et cinq cent soixante-douze prêtres, neuf cent mille catholiques, onze collèges, treize écoles modèles, trois ordres religieux pour l'éducation des jeunes gens, quarante couvents pour celle des jeunes filles, et quatorze maisons pour le soin des malades et des orphelins.
Premier concile de Québec. — Un des premiers actes de MGR TURGEON (1781-1867 ) fut la tenue du premier concile provincial de Québec (1851) , auquel furent convoqués tous les évêques de l'Amérique du Nord; dix prélats s'y trouvèrent présents. Une ère nouvelle de foi s'inaugura ce jour-là pour la jeune Église du Canada, qui n'avait jamais été * témoin d'une aussi solennelle assemblée. On peut dire, qu'elle sortait des catacombes, et que libre enfin de tout obstacle, elle prenait sa place au soleil, sur ce sol qu'elle avait été la première à posséder, qu'elle avait arrosé de ses sueurs et du sang de ses martyrs.
MISSIONS CANADIENNES AU XIX SIÈCLE
Missions du Nord-Ouest. — L'Eglise du Canada, qu'on peut appeler à juste titre le foyer apostolique du NORD de L'AMÉRIQUE , s'occupa la première des missions du NORD-OUEST ; la conquête du pays par l'Angleterre interrompit ses travaux, et ce ne fut qu'en 1818 que les ouvriers de l’Évangile reparurent dans ces contrées. A cette époque, pour se rendre au RUPERTS LAND il n'y avait pas d'autre moyen de transport que les canots de la compagnie de la baie d'Hudson; ce fut celui que prirent tous les missionnaires qui allèrent porter la foi aux amérindiens de la RIVIÈRE-ROUGE . A la suite des infatigables " coureurs des bois, dont l'existence nomade et aventureuse se passait à traquer les troupeaux de buffles à travers les prairies et les forêts vierges, les apôtres du Christ s'établirent au fort Garry, aujourd'hui Winnipeg, et de là firent rayonner partout les lumières de la foi. Ces intrépides missionnaires étaient deux prêtres canadiens-français de Québec, MM . NORBERT PROVENCHER et SÉVÈRE DU MOULIN.
Les Oblats au Nord-Ouest. — Le rôle des OBLATS dans l'évangélisation du Nord-Ouest, est considérable. Depuis soixante ans, ces intrépides missionnaires ont travaillé sans relâche au prix de fatigues incessantes et de multiples privations, au prix même de leur santé et de leur vie, dans le MANITOBA, la COLOMBIE BRITANNIQUE , L'ORÉGON, etc., etc. Le Père Taché (1823-94) annonça le premier, la foi au lac Caribou. De cet endroit désolé, il se rendit à Athabaska, et sans prêter attention aux avertissements qu'on lui donnait concernant la férocité des indigènes, il fit courageusement à pied quatre cents milles pour s'y rendre. Son ardeur apostolique trouva sa récompense dans la conversion, en moins de trois semaines, de cent quatre-vingt-quatorze amérindiens des tribus cris et montagnaise. Athabaska est aujourd'hui l'un des principaux centres de la chrétienté dans l'ouest canadien.
Mgr Taché au Manitoba. — A la mort de Mgr Provencher (1853), le PÈRE TACHÉ fut appelé à lui succéder, 3 novembre 1854. Le nouveau prélat vint à SAINT-BONIFACE, pour prendre possession de sa cathédrale et de son palais épiscopal, édifices bien humbles et bien pauvres, construits en écorce. Cet évêque missionnaire nous raconte lui-même dans son ouvrage "Vingt années de missions dans le Nord-Ouest," toutes les épreuves et les fatigues de son rude apostolat ; ce qui nous donne une juste idée de la vie et des travaux des apôtres de la RIVIÈRE-ROUGE.
Missions de la Saskatchewan. — M . I'ABBÉ THIBAULT fut le premier prêtre qui visita la vallée de la SASKATCHEWAN (1842). Il fonda l'église de Sainte-Anne à Frog-Lake ( 1844), les stations de Red-Deer Lake, connues sous le nom de Notre-Dame des Victoires ainsi que celle de l'île à la Crosse, dans le district de la rivière Anglaise. En général, les missions de la Saskatchewan sont les plus dénuées de ressources. Tout y est à la charge de l'évoque qui, pour le soutien des missionnaires et de leurs œuvres, compte uniquement sur les secours de la Propagation de la Foi. Une foule d'immigrants arrivent de tous les coins du monde; la plupart, chassés par la misère de leur pays natal, viennent se fixer dans les régions de l'Ouest canadien, et demander à la terre inculte leurs moyens de subsistance.
Sulpiciens et Oblats au Témiscamingue. — D e 1836 à 1841 , MM . CHARLES DE BELLEFEUILLE et POIRIÉ sulpiciens, évangélisèrent successivement les tribus qui campaient autour des lacs Témiscamingu e et Abbitibi . Le s Père s Oblats, guidé s par M . l'abbé MOREAU, qui depuis 1831 les visitait, prirent la charge des missions du Témiscamingue , en 1844 . A l'arrivé e du Père LAVERLOCHÈRE, ils suivirent la rivière Alban y et se rendirent aux bords de la baie d'Hudson (1844). Ces infatigables religieux sont l'avant-garde de la foi chez les peuples du Grand Nord; jusqu'au sein des glaces arctiques.
Missions du Labrador. — L'évangélisation du LABRADOR — Pointe - aux - Esquimaux , Betchouan , Blanc-Sablon , Betsiamits, etc.,—avait été confiée depuis 1867, aux missionnaires de Rimouski . La population de pêcheurs qui habite cet immense territoire, a pour unique et insuffisante ressource , le produit de ses filets. Le s distance s énorme s à parcourir, l'isolement des habitations et la pauvreté générale , ont été des obstacle s insurmontable s à une instruction régulière de la foi, ainsi qu' à l'ouverture des écoles.
Préfecture du golfe Saint-Laurent confiée aux PP. Eudistes.— Par un décret du Saint-Siège , en date du 29 mai 1882, la PRÉFECTURE DU GOLFE SAINT LAURENT était érigée sous l'autorité de MG R BOSSÉ , premier préfet apostolique. En 1891, l'administration de cette importante portion de l'Église, fut confiée à Mgr de Chicoutimi, qui l'exerça jusqu'en 1903; alors, un nouveau décret de la Sacrée Congrégation de la Propagande en donna la direction aux EUDISTES. Les nomades ESQUIMAUX , les MISTASSINIS et les MONTAGNAIS , sont aujourd'hui évangélisés d'une manière régulière. Les FILLES DE JÉSUS , échelonnées sur les côtes du Labrador, font la classe aux enfants au prix des plus grands sacrifices. - En 1905, le Père GUSTAVE BLANCHE était sacré évêque pour le vicariat apostolique du Labrador et des îles du golfe Saint-Laurent.
En 1845, Mgr Signay, évêque de Québec, réclamait pour son diocèse le concours des Pères Oblats. Ces religieux allèrent fonder les missions du Saguenay et du Lac-Saint-Jean, où ils firent revivre les travaux des Récollets du XVII siècle.
Les Oblats dans la vallée de l'Ottawa. — Vers la même époque, les forêts de la vallée de l'Ottawa devenaient le champ de leur labeur, et les PÈRE STELMONT et DANDURAND ouvraient une maison à BYTOWN (1844) (OTTAWA) . Ce gros village ne jouissait pas d'une excellente réputation, c'était "un véritable enfer" selon l'expression d'un des premiers missionnaires appelés à ce poste . Les chantiers sont une triste école de mœurs ; la loi du plus fort y règne en souveraine. Les Oblats gagnèrent la confiance de cette population dépravée, et leur influence devint si grande, que l'autorité civile avait souvent recours au missionnaire, pour empêcher de fatales collisions entre les travailleurs.. On écoutait le prêtre faisant appel à la religion, on respectait sa voix, et le calme renaissait.
Sanctuaire de Notre-Dame du Cap de la Madeleine – Trois-Rivières - Construction d’une première chapelle par Pierre Boucher sur un terrain appelé fief Sainte-Marie en 1659. En 1714, début de la construction de la première église paroissiale construite en pierre. Cette église, inaugurée en 1720 et construite sous le Régime français, est l’une des plus anciennes églises du Canada. On la nomme aujourd’hui Petit Sanctuaire. 1955 à 1964 – Construction de la Basilique actuelle.
Développement des Laurentides au Nord de Montréal (St-Jérôme et sa région) - Le curé Antoine Labelle est connu pour le rôle qu'il a joué dans la colonisation des Laurentides, au 19e siècle. Mais peu de gens savent qu'il a sauvé la population de Montréal en 1872, lors d'une pénurie de bois de chauffage. « En janvier 1872, il fait particulièrement froid à Montréal », relate l’historien Jean-François Nadeau. La ville vit alors une récession économique, le chômage est à son plus fort et le bois se fait rare. Les pauvres, nombreux à cette époque, n'ont rien pour se chauffer et risquent de mourir de froid. Dans les Laurentides, où se trouve le curé Labelle, ce ne sont pas les arbres qui manquent. Le 18 janvier 1872, le célèbre prêtre prend la tête d’un cortège de 80 traîneaux chargés de bois. Lorsqu’il arrive à Montréal, il est accueilli en véritable héros. Selon Jean-François Nadeau, ce sauvetage de Montréal a aussi pour but de convaincre les hommes d’affaires de construire un chemin de fer pour desservir le nord, un projet cher au curé Labelle.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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