Le pèlerinage de Chartres bat son record d'inscriptions + Ils vont vivre leur premier pélé de Chartres

par Lumen Sam 27 Mai 2023 - 20:48

Le pèlerinage de Chartres bat son record d'inscriptions

Avec 16 000 inscrits pour l’édition 2023, Notre-Dame de Chrétienté a été contrainte de clôturer les inscriptions pour le célèbre pèlerinage de Pentecôte. Un signe de la vitalité de cet événement en pleine expansion depuis plusieurs années.

Le pèlerinage de Chartres bat son record d'inscriptions + Ils vont vivre leur premier pélé de Chartres Pele_de_chartres_

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Le pèlerinage de Chartres avait déja atteint un record en 2022 avec 14 500 inscrits. Ici, l'un des chapitres près d'un des points de bivouac. - Notre-Dame de Chrétienté

Affronter le soleil, la pluie, les ampoules, les bivouacs remplis de monde ou les réveils à 5 heures du matin… Rien ne semble pouvoir entraver l’enthousiasme des pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté. Chaque année plus nombreux à se rendre sur la route de Chartres pour le traditionnel pèlerinage de Pentecôte, ils sont cette fois plus de 16 000 inscrits à l’événement. Un record de participation inégalé, qui a contraint l’équipe d’organisation à clôturer les inscriptions plusieurs jours avant le départ.
« C’est la première fois que nous devons prendre une telle décision, confie à Famille Chrétienne Jean de Tauriers, président de Notre-Dame de Chrétienté, non sans émotion. Cela fend un peu le cœur car nous avons toujours voulu garder une dimension missionnaire et accueillir toutes les bonnes volontés. Mais nous sommes dimensionnés pour une croissance de 10% par an, en concertation avec les autorités civiles et de gendarmerie, et nous sommes bien obligés de nous arrêter à un certain seuil pour des raisons d’organisation et de sécurité. Nous pensions plafonner à 15 000 cette année ! »

Des jeunes et des « non tradis »

Dans cette colonne fervente, des pèlerins de tous âges seront présents comme d’habitude, dont une importante proportion de jeunes. « La moitié des participants a moins de 21 ans », détaille Jean de Tauriers, pour qui cet indicateur témoigne de la vitalité du pèlerinage mais aussi de la messe traditionnelle malgré les restrictions romaines dont elle fait l’objet ces temps-cis. « On observe un certain rapprochement des catholiques fervents, pratiquants, une curiosité et même une certaine attirance pour cette forme liturgique. Les pèlerins ne sont d’ailleurs pas du tout que des ‘’tradis’’ ! Il y a environ 40% de non habitués, explique le président de NDC. Beaucoup nous ont d’ailleurs témoigné de leur sollicitude et de leur incompréhension face à la rudesse des mesures romaines ces dernières années à travers de nombreux messages ».

Le pèlerinage n’a pas pour autant vocation à devenir un lieu de complainte victimaire. « C’est surtout un lieu de retrouvailles et d’échange dans une ambiance très familiale, résume le président de NDC. Les pèlerins en profitent souvent pour discuter avec des clercs qui peuvent les éclairer sur de nombreux sujets, entre autres le sens de la liturgie traditionnelle. » Le sujet sera sans doute au cœur de cette édition 2023 ayant pour thème : « L’Eucharistie, salut des âmes ».

Les pèlerins afflueront de plusieurs pays, notamment d’Espagne, des Etats-Unis et d’Argentine, mais aussi du Gabon avec un tout nouveau chapître. Un jumelage inédit a aussi été organisé avec une grande prison française dont les organisateurs préfèrent ne pas diffuser le nom par discrétion. « La soif spirituelle réunit des gens d’horizons très divers, il ne faut pas la sous-estimer et se laisser décourager par le fait qu'il n'y a que 2% de catholiques pratiquants en France », souligne Jean de Tauriers.

Record de participation des clercs

Les clercs seront aussi plus nombreux que d’habitude. Plus de 300 sont inscrits (prêtres, séminaristes, religieux confondus), dont des prêtres diocésains. « Eux aussi sont le reflet de notre Eglise et ne sont pas tous issus du monde traditionnel », se réjouit le président de NDC.

Comme l’an dernier, plusieurs évêques se rendront présents sur certains tronçons, notamment l’évêque de Nanterre Mgr Matthieu Rougé au départ des pastoureaux (chapîtres enfants), l’évêque de Chartres Mgr Philippe Christory, le vicaire général du diocèse de Versailles Mgr Marc Boulle, ou encore Mgr Thomas Gullickson, prélat américain nonce apostolique émérite en Suisse et au Liechtenstein.

Dernière solution pour s’inscrire

Tout au long de la marche, deux initiatives particulières seront déployées cette année. L’érection d’une grande croix sur le lieu de la messe du dimanche dans la prairie des Courlis avec l’association SOS Calvaires, et la remise de matériel à une maison thérapeutique pour autistes gérée par l’Ordre de Malte, grâce aux dons des pèlerins.

Pour les retardataires ou tous les déçus de ne pouvoir rejoindre les rangs des pèlerins faute de places disponibles, il reste un autre moyen : s’inscrire parmi les « anges gardiens » du pèlerinage, (ils étaient 4 500 l’an passé), pour y participer à distance et soutenir les marcheurs dans la prière. Ces derniers en auront bien besoin pour tenir bon dans l’adversité ! Quant au nombre d’inscriptions ouvertes l’an prochain, « nous allons étudier cela, promet Jean de Tauriers. Il faut pouvoir répondre aux attentes des pèlerins, mais cela nécessite concertation avec les autorités civiles et ecclésiales pour voir ce qui est raisonnable ».

Camille Lecuit

par Lumen Sam 27 Mai 2023 - 21:02

Ils vont vivre leur premier pélé de Chartres

Ils n’appartiennent pas à la sphère tradi mais veulent découvrir le pèlerinage de Pentecôte organisé par Notre-Dame de Chrétienté. Rencontre avec des primo-pèlerins de Chartres.

Le pèlerinage de Chartres bat son record d'inscriptions + Ils vont vivre leur premier pélé de Chartres Chartres_1

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capture d'écran Instagram - Notre-Dame de Chrétienté

On lui avait dit à plusieurs reprises que c’était LE pèlerinage à faire. Alors cette année, Bérénice a décidé de sauter le pas. « Mon frère a fait le pélé de Chartres l’année dernière et il a trouvé ça incroyable. Dans mon lycée plein de jeunes y vont, donc j’ai voulu tester, même si je ne maitrise pas du tout le latin et que je risque d’être perdue pendant la messe », confie la jeune fille de 18 ans plutôt habituée à l’ambiance des JMJ, aux pèlerinages à Lourdes et à la messe de Paul VI.

Rejoindre la colonne des marcheurs

Bérénice est loin d’être un cas isolé. Elle fait partie des 40% de pèlerins de Chartres qui n’assistent jamais ou très irrégulièrement à la messe tridentine. Si ces trois jours de marche sont pour eux l’occasion de la découvrir ou de mieux la comprendre, d’autres raisons ont motivé leur inscription au pèlerinage de Pentecôte, qu’on ne saurait réduire à un simple effet d’entrainement même s’il est indéniable. À ceux qui ne connaissent pas le pélé de Chartres, les habitués ont fait valoir tous les ingrédients qui contribuent au succès de ce grand rendez-vous de la tradition : beauté de la liturgie, présence de nombreux prêtres, ambiance à la fois chaleureuse et recueillie, jeunesse des participants (la moyenne d’âge est de 20 ans)…

Et rien, ni les intempéries de l’an passé, ni même le motu proprio Traditionis Custodes visant à restreindre l’usage du missel de 1962, n’ont entamé la motivation de ces primo-pèlerins. « Pour moi le motu proprio n’est pas un frein. Nous sommes tous cathos et nous avons la même foi. Ce sera l’occasion pour moi de me familiariser à cette messe à laquelle je n’ai assisté que trois ou quatre fois », estime Pierre, 17 ans dont la génération semble totalement étrangère aux querelles liturgiques.

Les divisions liturgiques ont « l’odeur du diable » affirme le pape
Pour Charlotte, le document romain a même été moteur dans sa décision de se joindre à la colonne des marcheurs. « Je suis sensible à cette frange de l’Eglise, à la beauté qui se dégage de ce pèlerinage et au sens du sacré que véhicule la liturgie tridentine. J’ai vécu ce motu proprio comme une douleur dans le corps du Christ, je viens en solidarité avec les membres de ce troupeau qui souffrent de la situation actuelle », indique cette sexagénaire dont la démarche reste toutefois principalement spirituelle. « J’avais fait une promesse à la Sainte Vierge. Je marche en action de grâce pour une grâce obtenue et pour vivre des moments avec le Christ et ceux qui seront avec moi », poursuit-elle.

C’est aussi une expérience spirituelle qu’espère vivre Pierre qui explique avoir vécu une deuxième conversion pendant la semaine sainte : « Au moment où j’ai pris la décision de changer de vie pour mettre Dieu au centre de ma vie, les inscriptions ouvraient. C’était l’occasion ! Je me suis dit que j’allais pouvoir rencontrer des jeunes qui vivent la même expérience que moi ».
Converti de fraiche date par la messe Paul VI, Nicolas, 23 ans, vient pour « faire un plein de ferveur », « marcher auprès de prêtres qui confessent », « participer à des messes qui mettent l’accent sur la transcendance » et « partager un grand moment de camaraderie vécu avec et pour Dieu ». La perspective de se retrouver avec des milliers de personnes qui partagent sa foi compte aussi beaucoup pour ce jeune homme issu d’un milieu athée.

Tout comme pour Alexandre, 15 ans, qui n’est pas encore baptisé et s’est converti grâce aux réseaux sociaux. « Ça m’intéresse de rencontrer d’autres chrétiens car je n’en vois jamais dans la banlieue où j’habite. Je me sens très isolé ». L’adolescent a découvert le pèlerinage de Chartres sur internet. Il va marcher avec la centaine de jeunes primo-pèlerins recrutés par l’abbé Matthieu Raffray sur Instagram en compagnie de celui-ci et du frère Paul-Adrien, autre prêtre influenceur présent sur les réseaux sociaux (voir FC n°2342).

Une dimension missionnaire à accompagner

Consciente de cette affluence de nouveaux pèlerins, l’association Notre-Dame de Chrétienté met un point d’honneur à leur réserver un chaleureux accueil. « Sur les 16000 personnes inscrites cette année, il est difficile de donner une proportion mais nous savons qu’ils sont de plus en plus nombreux et qu’il y a parmi eux des prêtres diocésains, précise son président Jean de Tauriers. Des consignes sont données aux aumôniers et aux chefs de chapitres afin qu’ils puissent répondre à toutes leurs questions. Ce sont des recommandations de délicatesse et de bon sens. Personne ne doit rester seul dans son coin ».
Responsable d’un chapitre spécialement créé pour accueillir les nouveaux pèlerins, Blandine a recruté « un tradi pour un non tradi ». Pour la jeune femme la dimension missionnaire de ce pèlerinage est une évidence qu’il faut veiller à bien accompagner.

Élisabeth Caillemer