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EXHORTATION DE M. BOSSUET , FAITE AUX CATHOLIQUES SUR LA CHARITÉ

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Message par MichelT Ven 12 Jan 2024 - 11:44

EXHORTATION DE M. BOSSUET , FAITE AUX CATHOLIQUES SUR LA CHARITÉ

«Quand nous prions, c`est nous qui parlons a Dieu; mais quand nous lisons la Bible, c`est Dieu qui nous parle.» (Saint-Augustin - 4 ème siècle) - Il faut chercher activement à s`instruire des choses de Dieu; car on ne peut faire de progrès dans son amour qu`en apprenant a Le mieux connaître.

FRAGMENT DE L'EXHORTATION DE M. BOSSUET , FAITE AUX NOUVELLES CATHOLIQUES

Source : Les Avocats des Pauvres  

Jacques-Bénigne Bossuet (1627 - 1704) est un homme d'Église, évêque, prédicateur et écrivain français

Pour exciter la Charité des Fidèles en leur faveur.

Dieu les a mis à l'épreuve , et les a trouvés dignes de lui. (Sagesse 3 , 5)

Le serviteur est bienheureux , lorsque son maître daigne éprouver sa fidélité; et le soldat doit avoir beaucoup d'espérance, lorsqu'il voit aussi que son Capitaine met son courage à l'épreuve ; car comme on n'éprouve pas en vain la vertu , l'essai qu'on fait de la leur, leur est un gage assuré et des emplois qu'on veut donner et des grâces qu'on leur prépare : d'où il est aisé de comprendre combien l'Apôtre a raison de dire que « L'épreuve produit l'espérance » (Romains 5,4) C'est ce qui m'oblige , pour fortifier l'espérance dans laquelle doivent vivre les enfants de Dieu , de vous parler des épreuves qui en sont le fondement immuable : et je vous exposerai plus au long les raisons particulières qui m'engagent à en traiter dans cette assemblée après avoir imploré le secours d'en -haut par l'intercession de la Sainte Vierge . Ave, Maria .

Comme c'était de l'or le plus affiné que les enfants d'Israël consacraient à Dieu, pour faire l'ornement de son Sanctuaire la vertu doit être la plus épurée qui servira d'ornement au Sanctuaire céleste , et au Temple qui n'est point bâti de main d'homme. Dieu a dessein d'épurer les âmes , afin de les rendre dignes de la gloire , de la sainteté , de la magnificence du siècle futur : mais afin de les épurer , et d'en tirer tout le fin , si je puis parler de la sorte , il leur prépare aussi de grandes épreuves. Et remarquez , Chrétiens, Chrétiennes, qu'il y en a de deux genres; l'épreuve de la pauvreté et celle de l'abondance ; car non- seulement les afflictions , mais encore les prospérités , sont une pierre de touche à laquelle la vertu peut se reconnaître . Je l'ai appris du grand saint Basile , dans cette excellente Homélie qu'il a faite sur l'avarice ; saint-Basile l'a appris lui-même des Écritures divines . Nous lisons dans le livre du Deutéronome: « Le Seigneur vous a conduit par le désert , afin de vous affliger et de vous éprouver tout ensemble » (Deutéronome 8,2 – Ancien Testament): voilà l'épreuve par l'affliction . Mais nous lisons aussi en l'Exode , lorsque Dieu fit pleuvoir la manne , qu'il parle ainsi à Moïse : « Je pleuvrai , dit-il, des pains du Ciel»  ( Exode 16,4 – Ancien Testament); et il ajoute aussitôt après : « C'est afin d'éprouver mon peuple , et de voir s'il marchera dans toutes mes voies » (Exode 16,4) et voilà , en termes formels , l'épreuve des prospérités et de l'abondance.

Toutes choses dit le saint Apôtre , arrivaient en figure au peuple ancien « Celà leur arrivait pour servir d`exemple, et a été écrit pour notre instruction à nous qui touchons a la fin des temps.» ( 1 Corinthiens 10,11), et nous devons rechercher la vérité de ces deux épreuves dans la nouvelle alliance: je vous en dirai ma pensée, pour servir de fondement à tout ce discours. Je ne vois , dans le Nouveau - Testament, que deux voies pour arriver au royaume; ou celle de la patience , qui souffre les maux ; ou celle de la charité , qui les soulage . La grande voie et la voie royale par laquelle Jésus -Christ a marché lui-même, est celle des afflictions « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire» (Luc 24,26) . Le Sauveur n'appelle à son banquet que les faibles , que les malades , que les languissants : il ne veut voir en sa compagnie que ceux qui portent sa marque , c'est-à - dire , la pauvreté et la croix . Tel était son premier dessein , lorsqu'il a formé son Église. Mais si tout le monde était pauvre, qui pourrait soulager les Pauvres, et leur aider à soutenir le fardeau qui les accable ? C'est pour cela , Chrétiens , qu'outre la voie des afflictions, qui est la plus assurée , il a plu à notre Sauveur d'ouvrir un autre chemin aux riches et aux fortunés, qui est celui de la charité et de la communication fraternelle. Si vous n'avez pas cette gloire de vivre avec Jésus - Christ dans l'humiliation et dans l'indigence , voici une autre voie qui vous est montrée , une seconde espérance qui vous est offerte ; c'est de secourir les misérables , et d'adoucir leurs douleurs et leurs amertumes. Ainsi Dieu nous éprouve en ces deux manières : si vous vivez dans l'affliction , croyez que le Seigneur vous éprouve pour reconnaître votre patience : si vous êtes dans l'abondance , croyez que le Seigneur vous éprouve pour reconnaître votre charité . Et par là vous voyez , chrétiens, chrétiennes, les deux épreuves diverses dont je vous ai fait l'ouverture. La vue de mon auditoire me jette profondément dans cette pensée: car que vois-je dans cette assemblée , sinon l'exercice de ces deux épreuves ? Deux objets attirent mes yeux , et doivent aujourd'hui partager mes soins . Je vois d'un côté des âmes souffrantes, que la profession de la foi expose à de grands périls ; et de l'autre des personnes de condition qui semblent ici accourir pour soulager leurs misères : je suis redevable aux uns et aux autres ; et pour m'acquitter envers tous, j'exhorterai en particulier chacun de mes Auditeurs à être fidèle à son épreuve.

Je vous dirai , mes très - chères Soeurs : Souffrez avec soumission , et votre foi sera épurée par l'épreuve de la patience . Je vous dirai , Messieurs et Mesdames : Donnez libéralement, et votre charité sera épurée par l'épreuve de la compassion . Ainsi , cette exhortation sera partagée entre les deux sortes de personnes qui composent cette assemblée ; et le partage que je vois dans mon Auditoire , sera celui de ce discours.

SECOND POINT.

Je parle donc maintenant à vous qui vivez dans les richesses et dans l'abondance. Ne vous persuadez pas que Dieu vous ait ouvert ses trésors. avec une telle libéralité pour contenter votre luxe : c'est qu'il a dessein d'éprouver si vous avez un coeur chrétien , c'est- à - dire ; un coeur fraternel et un coeur compatissant. Le roi David considérant autrefois les immenses profusions de Dieu envers lui , se sentit obligé, par reconnaissance , de faire de magnifiques préparatifs pour orner son Temple : et lui offrant de grands dons , il y ajouta ces paroles : « Je sais , dit-il , o mon Dieu , que vous éprouvez les coeurs, et que vous aimez la simplicité ; et c'est  pourquoi , Seigneur tout - puissant , je vous ai consacré ces choses avec une grande joie en la simplicité de mon coeur ». (1 Chroniques 29,17 – Ancien Testament.) Vous voyez comme il reconnaît que les bontés de Dieu étaient une épreuve , et qu'il voulait éprouver en lui donnant, s'il avait un coeur libéral , qui offrît à Dieu volontairement ce qu'il recevait de sa main . Croyez, ô riches du siècle , qu'il vous ouvre ses mains dans la même vue s'il est libéral envers vous , c'est qu'il a dessein d'éprouver si votre âme sera attendrie par ses bontés , et sera touchée du désir de les imiter. De là cette abondance dans votre maison ; de là cette affluence de biens; de là ce bonheur , ce succès , ce cours fortuné de vos affaires. Il veut voir , chrétien, chrétienne, si ton coeur avide engloutira tous ces biens pour la propre satisfaction ; ou bien si , se dilatant par la charité , il fera couler ses ruisseaux sur les pauvres et les misérables, comme parle l’Écriture – Sainte : « Si tu te prive pour l`affamé et si tu rassasies l`opprimé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres.» ( Isaïe 58,10) : car ce sont les Temples qu'il aime ; et c'est là qu'il veut recevoir les effets de ta gratitude.

Voici une grande épreuve; c'est ici qu'il nous faut entendre la malédiction des grandes fortunes. L'abondance, la prospérité ont coutume d'endurcir le coeur de l'homme ; l'aise , la joie , l'affluence, remplissent l’âme, de sorte qu'elles en éloignent tout sentiment de la misère des autres , et mettent à sec , si l'on n'y prend garde , la source de la compassion. C'est pourquoi le divin Apôtre , parlant des fortunés de la terre , de ceux qui s'aiment eux -mêmes, et qui vivent dans les plaisirs, dans la bonne chère , dans le luxe , dans, les vanités , les appelle « Cruels et impitoyables, sans affection , sans miséricorde, amateurs de leurs voluptés » (2 Timothée 3,2). Voilà une merveilleuse contexture de qualités différentes. Vous croyiez peut-être, que cet amour des plaisirs ne fût que tendre et délicat , ou bien plaisant et flatteur; mais vous n'aviez pas encore songé qu'il fût cruel et impitoyable. Mais c'est que le saint Apôtre, pénétrant par l'esprit de Dieu dans les plus intimes replis de nos cœurs , voyait que ces hommes voluptueux , attachés excessivement à leurs propres satisfactions , de viennent insensibles aux maux de leurs frères : c'est pourquoi il dit qu'ils sont sans affection , sans tendresse et sans miséricorde ; ils ne regardent qu'eux-mêmes. Et le Prophète Isaïe représente au naturel leurs véritables sentiments, lorsqu'il leur attribue ces paroles : « Je suis , et il n'y a que moi sur la terre » (Isaïe 47,10). Qu'est- ce que toute cette multitude? têtes de nul prix , et gens de néant: penser aux intérêts des autres , leur délicatesse ne le permet pas : chacun ne compte que soi; et tenant tous les autres dans l'indifférence , on tâche de vivre à son aise dans une souveraine tranquillité des fléaux qui affligent le reste des hommes. O Dieu clément et juste! ce n'est pas pour cette raison que vous avez départi aux riches du monde quelque écoulement de votre abondance : vous les ayez faits Grands , pour servir de pères à vos Pauvres : votre Providence a pris soin de dé tourner les maux de dessus leurs têtes , afin qu'ils pensassent à ceux du prochain : vous les avez mis à leur aise et en liberté , afin qu'ils fissent leur affaire du soulagement de vos enfants. Telle est l'épreuve où vous les mettez ; et leur grandeur , au contraire, les rend dédaigneux , leur abondance secs , leur félicité insensibles; encore qu'ils voient tous les jours , non tant des Pauvres et des misérables , que la misère elle-même et la pauvreté en personne pleurante et gémissante à leur porte. O riches , voilà votre épreuve, et afin d'y être fidèles , écoutez attentivement cette parole du Sauveur des âmes : « Donnez - vous de garde de toute avarice » (Luc 12,15) . Cette parole du Fils de Dieu demande un auditeur attentif. Donnez- vous de garde de toute avarice ; c'est qu'il y en a de plus d'une sorte : il y a une avarice sordide , une avarice noire et ténébreuse , qui enfouit ses trésors , qui n'en repaît que sa vue , et qui en interdit l'usage à ses mains : « De quoi lui servent- ils , sinon qu'il voit de ses yeux beaucoup » de richesses » ? ( Ecclésiaste 5,10) ? Mais il y a encore une autre avarice, qui dépense , qui fait bonne chère , qui n'épargne rien à ses appétits. Je me me trompe peut- être , mes Frères , d'appeler cela   avarice , puisque c'est une extrême prodigalité ; je parle néanmoins avec l`Évangile : elle mérite le nom d'avarice , parce que c'est une avidité qui veut dévorer tous ses biens , qui donne tout à ses appétits , et qui ne veut rien donner aux nécessités des Pauvres et des misérables ; et je parle en cela selon l’Évangile. Jésus-Christ ayant dit ces mots : Donnez-vous de garde de toute avarice, apporte l'exemple d'un homme qui , ravi de son abondance, veut agrandir ses greniers, et augmenter sa dépense; car il parait bien , Chrétiens, qu'il voulait user de ses richesses , puisqu'il se dit à lui-même : « Mon âme, voilà de grands biens : repose-toi , fais grande chère , mange et bois longtemps à ton aise » : ( Luc 12,19). Voyez de quoi il repaît son âme; « De même , dit saint Basile , que s'il avait une âme de bête » . Encore qu'il donne tout à son plaisir , et qu'il tienne une table si abondante et si délicate , Jésus- Christ néanmoins le traite d'avare , condamnant l'avidité de son coeur , qui consume tous ses biens pour soi, qui donne tout à ses excès et à ses débauches , et n'ouvre point ses mains aux nécessités , ni aux besoins de ses frères.

Prenez garde à cette avarice de coeur , à cette avidité : modérez vos passions, et faites un fonds aux Pauvres sur la modération de vos vanités. ( Tertullien ) . Pourquoi agrandir tes greniers? Je te montre un lieu convenable où tu mettras tes richesses plus en sûreté : laisse un peu déborder ce fleuve ; laisse -le se répandre sur les misérables : mais pourquoi tout donner à tes appétits ? Mon âme , dis-tu, repose-toi , mange et bois longtemps à ton aise . Regarde de quels biens tu repais ton âme ; de même, dit saint Basile , que si tu avais une âme de bête . Ne me dis point : Que ferai-je ? Il faut te modérer , réprimer l'avidité de tes désirs , contraindre tes passions dans de justes bornes. Si vous ne le faites,  chrétiens, chrétiennes, il n'y a point d'espérance de salut pour vous , car, pour arriver à la gloire que Jésus-Christ nous a méritée , il faut porter son image , il faut être marqué à son caractère , il faut y en un mot , lui être conforme. Quelle ressemblance avez-vous avec sa pauvreté dans votre abondance ; avec ses délaissements dans vos joies ; avec sa croix , avec ses épines , avec son fiel et ses amertumes parmi vos délices dissolues? est - ce là une ressemblance ? ou plutôt n'est-ce pas une manifeste contrariété ? Voici néanmoins quelque ressemblance et quelques ressources pour vous : c'est que la croix de notre Sauveur n'est pas seulement un exercice , mais encore une inondation d'une libéralité infinie : il donne pour nous son âme et son corps , il prodigue tout son sang pour notre salut.

Imitez du moins quelque trait , du moins d'une libéralité si estimable et si attirante ; donnez au prochain , sinon vos peines, du moins vos commodités ; sinon votre vie et votre substance , du moins le superflu de vos biens ou le reste de vos excès. Entrez dans les saints désirs du Sauveur , et dans les empressements de sa charité pour les hommes : il a guéri  les malades , il a reçu les faméliques , il a soutenu les désespérés. C'est là sans doute la moindre partie que vous puissiez imiter de la vie de notre Sauveur. Jésus- Christ demande une partie des biens qu'il vous a donnés pour sauver son bien et son trésor : son trésor , ce sont les âmes .

Venez travailler au salut des âmes : considérez ces filles non moins innocentes qu’affligées. Faut- il vous représenter et les périls de ce sexe , et les dangereuses suites de sa pauvreté, l'écueil le plus ordinaire où sa pudeur fait naufrage ? faut- il vous dire les tentations où leur foi se trouve exposée dans les extrémités qui les pressent ?   Voulez -vous donc qu'elles pensent qu'il n'y a point de charité dans l'Eglise , et qu'elles tirent de cette conséquence : Donc l'Esprit de Dieu s'en est retiré ? Vous leur vantez votre foi ; et l'Apôtre saint Jacques vous dit: « Montre ta foi par tes oeuvres » (Épître de St-Jacques 2,18).

C'est ainsi que le malin s'efforce de les séduire et de les replonger dans l’abîme d'où elles ne sont encore qu'à demi sorties : veux- tu être aujourd'hui, par ta dureté , coopérateur de sa malice , autoriser ses tromperies ? sois plutôt coopérateur de la charité de Jésus pour sauver les âmes . Maintenant que je vous parle , ce divin Sauveur vous éprouve : si vous aimez les âmes , si vous désirez leur salut , si vous êtes effrayés de leurs périls , vous êtes ses véritables disciples ; si vous sortez de cet Oratoire sans être touchés de si grands malheurs , vous reposant du soin de cette maison sur ces Dames si charitables , comme si cette œuvre importante ne vous regardait pas autant qu'elles ; funeste épreuve pour vous , qui prouvera votre dureté, convaincra votre obstination , condamnera votre ingratitude ! Amen!

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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