CANADA: Le père Rivoire, accusé d'agressions sexuelles au Nunavut, n'est pas renvoyé des Oblats
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CANADA: Le père Rivoire, accusé d'agressions sexuelles au Nunavut, n'est pas renvoyé des Oblats
Les terribles scandales sexuels dans l`Église
Rivoire, accusé d'agressions sexuelles au Nunavut, n'est pas renvoyé des Oblats
La Presse Canadienne - 27 février 2024
OTTAWA — Un prêtre français accusé d'avoir agressé sexuellement des enfants inuits au Nunavut restera finalement membre de la congrégation des Oblats, puisque les autorités à Rome se sont prononcées contre son renvoi. Johannes Rivoire, âgé d'environ 90 ans et résidant maintenant à Lyon, en France, fait depuis longtemps l'objet d'allégations selon lesquelles il aurait agressé sexuellement des enfants inuits pendant son séjour au Nunavut. Lorsque M. Rivoire a refusé de revenir au Canada pour faire face à des accusations criminelles, les Oblats de Marie-Immaculée, OMI Lacombe Canada et les Oblats de la Province de France ont demandé aux autorités de cette congrégation catholique, basés à Rome, en 2022, d'entamer une procédure de renvoi.
Un mandat d'arrêt avait été lancé contre Rivoire plus tôt cette année-là pour «attentat à la pudeur» impliquant une jeune fille à Arviat et Whale Cove, au Nunavut, entre 1974 et 1979. Mais les autorités françaises ont par la suite rejeté la demande d'extradition des autorités judiciaires canadiennes. Le prêtre avait déjà évité un procès lorsqu'il avait refusé de revenir au Canada après qu'un mandat d'arrêt a été lancé contre lui en 1998. Il faisait face à au moins trois accusations d'agressions sexuelles dans des communautés d'Arviat, de Rankin Inlet et de Naujaat, au Nunavut. Plus de deux décennies plus tard, les accusations ont été suspendues — le Service des poursuites pénales du Canada avait déclaré à l’époque que cette décision était due en partie à la réticence de la France à extrader l'accusé.
Le ministre de la Justice, Arif Virani, a déclaré mardi que le Canada travaillait désormais avec Interpol sur cette affaire. Le Canada demande une «notice rouge» à Interpol, ce qui signifie que si Rivoire devait un jour quitter le territoire français, les autorités ailleurs pourraient l'arrêter. «Je dirais aux gens inquiets et en colère que je partage leur inquiétude, je partage leur colère», a déclaré M. Virani aux journalistes sur la colline du Parlement. Le ministre souligne que Rivoire est accusé de «conduite répréhensible, et nous devons nous assurer que justice soit rendue» contre toute personne accusée de tant de crimes graves. Rivoire a nié toutes les accusations et aucune n'a été prouvée devant un tribunal. Les dirigeants et politiciens inuits ont continué à réclamer que le prêtre soit jugé au Canada. Natan Obed, président d'Inuit Tapiriit Kanatami, a déclaré qu'il avait même demandé au pape François, lors d'une délégation autochtone au Vatican en 2022, de convaincre Rivoire de revenir au Canada pour faire face à la justice. Plus tard cette année-là, une délégation de 10 membres dirigée par la société Nunavut Tunngavik Incorporated, un organisme représentant les Inuits du Nunavut, s'est rendue en France et s'est entretenue avec Rivoire lui-même pour le convaincre de rentrer au Canada. Cet organisme soutient que jusqu'à 60 enfants auraient pu être agressés par le père oblat. L'année dernière, près d'une douzaine de membres de «BeBrave France», la branche française d'un mouvement mondial de plaidoyer qui vise à mettre fin aux violences sexuelles contre les enfants, ont manifesté devant la maison de retraite où vivait Rivoire. Il a depuis été transféré dans la maison administrative des Oblats à Lyon, en raison de l'attention qu'il recevait dans l'établissement précédent, a déclaré le père Ken Thorson, provincial d'OMI Lacombe Canada. Les Oblats de Marie-Immaculée ont déclaré qu'ils avaient également exhorté à plusieurs reprises Rivoire à faire face aux accusations, mais il a toujours refusé.
Commission indépendante
Le père Thorson a déclaré que la procédure disciplinaire comprenait deux avertissements et une recommandation formelle. L’avocat de Rivoire a cité son état de santé déclinant, notamment un avis médical contre tout voyage en avion de plus d’une heure, comme motif pour ne pas revenir, a déclaré le père Thorson. Compte tenu de l’état de santé de Rivoire, les autorités oblates à Rome ont aussi décidé de ne pas le renvoyer, a-t-il déclaré. Le renvoi n’aurait pas forcé Rivoire à retourner au Canada, mais le père Thorson croit que cela aurait démontré l’engagement de l’Église en faveur de la responsabilité et de la réconciliation. «Je reconnais que nous avons raté des occasions de prendre ce qui aurait pu être des mesures de guérison dans cette affaire, a-t-il admis. C'est un regret que je porte.» Le père Thorson espère maintenant qu'une enquête indépendante sur les allégations contre Rivoire et la manière dont les Oblats ont géré cette affaire pourra encore rendre justice. Les Oblats de Marie-Immaculée, OMI Lacombe Canada et les Oblats de la Province de France ont nommé l'ancien juge de la Cour supérieure du Québec André Denis pour présider la «Commission oblate de sauvegarde».
Cette commission indépendante doit comprendre comment les allégations contre Rivoire ont été traitées au sein de la congrégation catholique et identifier les améliorations à apporter aux politiques et à la gouvernance oblates pour mieux protéger les mineurs et garantir la responsabilité. La commission passera également en revue les circonstances dans lesquelles Rivoire a quitté le Canada. Le rapport écrit final de la commission doit être rendu public au plus tard le 1er avril.
Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne
Un rapport indépendant conclut que le prêtre Johannes Rivoire a caché son passé à ses supérieurs
Article de Sarah Xenos • Radio-Canada - 19 Mars 2024
Un rapport indépendant visant à faire la lumière sur les circonstances entourant le départ du prêtre français Johannes Rivoire du pays, accusé de crimes sexuels sur des enfants inuit, conclut que « les autorités ecclésiastiques du Nunavut n’ont ni caché ni organisé la fuite de Johannes Rivoire en 1993 du Canada vers la France. » L’enquête indépendante avait été confiée par les congrégations des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe Canada et des Oblats de la Province de France au juge à la retraite de la Cour supérieure du Québec, André Denis. Je me suis rendu à Marseille, Lyon, Ottawa, Winnipeg, au Centre du Patrimoine de la Société historique de Saint-Boniface, au Nunavut et à Montréal où j’ai consulté toutes les archives dont j’avais besoin, écrit ce dernier, en préambule de son rapport.
À la suite de son enquête, le juge à la retraite conclut que Johannes Rivoire a commis les agressions sexuelles sur cinq enfants mineurs à Naujaat, au Nunavut, entre les années 1968 et 1970 et sur une enfant mineure à Arviat et Whale Cove entre 1974 et 1979, dont il est accusé. J’ai agi, tout au long de mes travaux, comme un juge agit en cour. Je me suis fondé sur des faits précis, graves et concordants pour en arriver à des conclusions basées sur des témoignages et des documents qui avaient un degré de preuve satisfaisant, écrit André Denis.
Il ajoute qu'il ne s'est pas pour autant substitué à la décision d’un juge ou d’un jury qui aurait à se prononcer sur l’innocence ou la culpabilité de Johannes Rivoire au cours d’un procès criminel. Dans une entrevue avec le prêtre, aujourd’hui âgé de 92 ans, celui-ci nie de nouveau les allégations et assure ne jamais avoir agressé un enfant, suggérant même que les personnes qui l’accusent veulent peut-être soutirer de l’argent aux Oblats compte tenu de la situation actuelle des abus sexuels. Je ne crois pas la version des faits qu’il m’a donnée lors de notre rencontre du printemps 2023 à Lyon, en France, soutient toutefois André Denis, ajoutant que Johannes Rivoire a caché́ à ses supérieurs oblats de France son passé criminel au Canada.
Un renvoi symbolique recommandé
Dans son rapport, le juge à la retraite André Denis suggère au Supérieur général des Oblats à Rome de revoir sa décision et de permettre l’exclusion de Johannes Rivoire de la communauté oblate de France. Il souligne cependant que cette mesure serait symbolique puisque Johannes Rivoire serait néanmoins autorisé à continuer de vivre à la Maison des Oblats à Lyon. Dans une déclaration commune, les congrégations des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe Canada et des Oblats de la Province de France ont de leur côté présenté des excuses à toute personne ayant subi un préjudice de la part d’un missionnaire oblat. Ils s’excusent également de ne pas avoir agi plus tôt. Un membre de notre congrégation a contribué à la douleur et à la souffrance d’enfants, il a trahi leur confiance et celle de leur famille. C’est honteux pour moi et pour la congrégation et je tiens à m’excuser aux personnes qui ont dû vivre avec ça, souligne en entrevue le porte-parole des OMI, Ken Thorson. Les deux congrégations reconnaissent toutefois qu'en raison de la santé déclinante de Johannes Rivoire et de ses traitements avancés contre le cancer, il ne sera peut-être jamais officiellement renvoyé de l’état clérical ou ne fera jamais l'objet d'un procès. Noah MacDonald, spécialiste du droit canonique et membre de la Première Nation Michipicoten, sur les rives du lac Supérieur, assure qu’il y a d’autres gestes symboliques qui pourraient être envisagés, comme le renvoi de Johannes Rivoire de l’état clérical et en lui retirant son titre de prêtre. C’est un autre geste symbolique, mais qui pourrait faire du bien non seulement pour nous au Canada, mais aussi pour voir que des actions sont prises et qu’il y a une responsabilité qui est prise, indique-t-il.
Réactions mitigées au rapport
C’est avec des sentiments partagés que Tanya Tungilik, dont le père fait partie des plaignants et qui est elle-même allée à la rencontre du père Rivoire avec une délégation à Lyon, en 2022, a lu le rapport d’André Denis. Je suis contente qu’il pense que Rivoire est coupable, qu’il a en effet abusé d’enfants au Nunavut. Je suis contente pour ça, mais déçue et fâchée qu’il écrive que les Oblats n’étaient pas au courant avant 2013, illustre-t-elle. Je ne le crois pas. [André Denis] a été engagé par les Oblats pour faire ce rapport. Évidemment qu’il va protéger l’Église. Il doit dire quelque chose sur Rivoire parce que c’est indéniable, mais il essaie de protéger les gens qui l’ont aidé, soutient-elle toutefois. Tanya Tungilik espère surtout que Johannes Rivoire puisse subir un procès, que ce soit en France ou au Canada. Je veux le voir faire face à la justice, dit-elle.
Avec des informations de Juanita Taylor et d’Olivia Stefanovich
Rivoire, accusé d'agressions sexuelles au Nunavut, n'est pas renvoyé des Oblats
La Presse Canadienne - 27 février 2024
OTTAWA — Un prêtre français accusé d'avoir agressé sexuellement des enfants inuits au Nunavut restera finalement membre de la congrégation des Oblats, puisque les autorités à Rome se sont prononcées contre son renvoi. Johannes Rivoire, âgé d'environ 90 ans et résidant maintenant à Lyon, en France, fait depuis longtemps l'objet d'allégations selon lesquelles il aurait agressé sexuellement des enfants inuits pendant son séjour au Nunavut. Lorsque M. Rivoire a refusé de revenir au Canada pour faire face à des accusations criminelles, les Oblats de Marie-Immaculée, OMI Lacombe Canada et les Oblats de la Province de France ont demandé aux autorités de cette congrégation catholique, basés à Rome, en 2022, d'entamer une procédure de renvoi.
Un mandat d'arrêt avait été lancé contre Rivoire plus tôt cette année-là pour «attentat à la pudeur» impliquant une jeune fille à Arviat et Whale Cove, au Nunavut, entre 1974 et 1979. Mais les autorités françaises ont par la suite rejeté la demande d'extradition des autorités judiciaires canadiennes. Le prêtre avait déjà évité un procès lorsqu'il avait refusé de revenir au Canada après qu'un mandat d'arrêt a été lancé contre lui en 1998. Il faisait face à au moins trois accusations d'agressions sexuelles dans des communautés d'Arviat, de Rankin Inlet et de Naujaat, au Nunavut. Plus de deux décennies plus tard, les accusations ont été suspendues — le Service des poursuites pénales du Canada avait déclaré à l’époque que cette décision était due en partie à la réticence de la France à extrader l'accusé.
Le ministre de la Justice, Arif Virani, a déclaré mardi que le Canada travaillait désormais avec Interpol sur cette affaire. Le Canada demande une «notice rouge» à Interpol, ce qui signifie que si Rivoire devait un jour quitter le territoire français, les autorités ailleurs pourraient l'arrêter. «Je dirais aux gens inquiets et en colère que je partage leur inquiétude, je partage leur colère», a déclaré M. Virani aux journalistes sur la colline du Parlement. Le ministre souligne que Rivoire est accusé de «conduite répréhensible, et nous devons nous assurer que justice soit rendue» contre toute personne accusée de tant de crimes graves. Rivoire a nié toutes les accusations et aucune n'a été prouvée devant un tribunal. Les dirigeants et politiciens inuits ont continué à réclamer que le prêtre soit jugé au Canada. Natan Obed, président d'Inuit Tapiriit Kanatami, a déclaré qu'il avait même demandé au pape François, lors d'une délégation autochtone au Vatican en 2022, de convaincre Rivoire de revenir au Canada pour faire face à la justice. Plus tard cette année-là, une délégation de 10 membres dirigée par la société Nunavut Tunngavik Incorporated, un organisme représentant les Inuits du Nunavut, s'est rendue en France et s'est entretenue avec Rivoire lui-même pour le convaincre de rentrer au Canada. Cet organisme soutient que jusqu'à 60 enfants auraient pu être agressés par le père oblat. L'année dernière, près d'une douzaine de membres de «BeBrave France», la branche française d'un mouvement mondial de plaidoyer qui vise à mettre fin aux violences sexuelles contre les enfants, ont manifesté devant la maison de retraite où vivait Rivoire. Il a depuis été transféré dans la maison administrative des Oblats à Lyon, en raison de l'attention qu'il recevait dans l'établissement précédent, a déclaré le père Ken Thorson, provincial d'OMI Lacombe Canada. Les Oblats de Marie-Immaculée ont déclaré qu'ils avaient également exhorté à plusieurs reprises Rivoire à faire face aux accusations, mais il a toujours refusé.
Commission indépendante
Le père Thorson a déclaré que la procédure disciplinaire comprenait deux avertissements et une recommandation formelle. L’avocat de Rivoire a cité son état de santé déclinant, notamment un avis médical contre tout voyage en avion de plus d’une heure, comme motif pour ne pas revenir, a déclaré le père Thorson. Compte tenu de l’état de santé de Rivoire, les autorités oblates à Rome ont aussi décidé de ne pas le renvoyer, a-t-il déclaré. Le renvoi n’aurait pas forcé Rivoire à retourner au Canada, mais le père Thorson croit que cela aurait démontré l’engagement de l’Église en faveur de la responsabilité et de la réconciliation. «Je reconnais que nous avons raté des occasions de prendre ce qui aurait pu être des mesures de guérison dans cette affaire, a-t-il admis. C'est un regret que je porte.» Le père Thorson espère maintenant qu'une enquête indépendante sur les allégations contre Rivoire et la manière dont les Oblats ont géré cette affaire pourra encore rendre justice. Les Oblats de Marie-Immaculée, OMI Lacombe Canada et les Oblats de la Province de France ont nommé l'ancien juge de la Cour supérieure du Québec André Denis pour présider la «Commission oblate de sauvegarde».
Cette commission indépendante doit comprendre comment les allégations contre Rivoire ont été traitées au sein de la congrégation catholique et identifier les améliorations à apporter aux politiques et à la gouvernance oblates pour mieux protéger les mineurs et garantir la responsabilité. La commission passera également en revue les circonstances dans lesquelles Rivoire a quitté le Canada. Le rapport écrit final de la commission doit être rendu public au plus tard le 1er avril.
Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne
Un rapport indépendant conclut que le prêtre Johannes Rivoire a caché son passé à ses supérieurs
Article de Sarah Xenos • Radio-Canada - 19 Mars 2024
Un rapport indépendant visant à faire la lumière sur les circonstances entourant le départ du prêtre français Johannes Rivoire du pays, accusé de crimes sexuels sur des enfants inuit, conclut que « les autorités ecclésiastiques du Nunavut n’ont ni caché ni organisé la fuite de Johannes Rivoire en 1993 du Canada vers la France. » L’enquête indépendante avait été confiée par les congrégations des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe Canada et des Oblats de la Province de France au juge à la retraite de la Cour supérieure du Québec, André Denis. Je me suis rendu à Marseille, Lyon, Ottawa, Winnipeg, au Centre du Patrimoine de la Société historique de Saint-Boniface, au Nunavut et à Montréal où j’ai consulté toutes les archives dont j’avais besoin, écrit ce dernier, en préambule de son rapport.
À la suite de son enquête, le juge à la retraite conclut que Johannes Rivoire a commis les agressions sexuelles sur cinq enfants mineurs à Naujaat, au Nunavut, entre les années 1968 et 1970 et sur une enfant mineure à Arviat et Whale Cove entre 1974 et 1979, dont il est accusé. J’ai agi, tout au long de mes travaux, comme un juge agit en cour. Je me suis fondé sur des faits précis, graves et concordants pour en arriver à des conclusions basées sur des témoignages et des documents qui avaient un degré de preuve satisfaisant, écrit André Denis.
Il ajoute qu'il ne s'est pas pour autant substitué à la décision d’un juge ou d’un jury qui aurait à se prononcer sur l’innocence ou la culpabilité de Johannes Rivoire au cours d’un procès criminel. Dans une entrevue avec le prêtre, aujourd’hui âgé de 92 ans, celui-ci nie de nouveau les allégations et assure ne jamais avoir agressé un enfant, suggérant même que les personnes qui l’accusent veulent peut-être soutirer de l’argent aux Oblats compte tenu de la situation actuelle des abus sexuels. Je ne crois pas la version des faits qu’il m’a donnée lors de notre rencontre du printemps 2023 à Lyon, en France, soutient toutefois André Denis, ajoutant que Johannes Rivoire a caché́ à ses supérieurs oblats de France son passé criminel au Canada.
Un renvoi symbolique recommandé
Dans son rapport, le juge à la retraite André Denis suggère au Supérieur général des Oblats à Rome de revoir sa décision et de permettre l’exclusion de Johannes Rivoire de la communauté oblate de France. Il souligne cependant que cette mesure serait symbolique puisque Johannes Rivoire serait néanmoins autorisé à continuer de vivre à la Maison des Oblats à Lyon. Dans une déclaration commune, les congrégations des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe Canada et des Oblats de la Province de France ont de leur côté présenté des excuses à toute personne ayant subi un préjudice de la part d’un missionnaire oblat. Ils s’excusent également de ne pas avoir agi plus tôt. Un membre de notre congrégation a contribué à la douleur et à la souffrance d’enfants, il a trahi leur confiance et celle de leur famille. C’est honteux pour moi et pour la congrégation et je tiens à m’excuser aux personnes qui ont dû vivre avec ça, souligne en entrevue le porte-parole des OMI, Ken Thorson. Les deux congrégations reconnaissent toutefois qu'en raison de la santé déclinante de Johannes Rivoire et de ses traitements avancés contre le cancer, il ne sera peut-être jamais officiellement renvoyé de l’état clérical ou ne fera jamais l'objet d'un procès. Noah MacDonald, spécialiste du droit canonique et membre de la Première Nation Michipicoten, sur les rives du lac Supérieur, assure qu’il y a d’autres gestes symboliques qui pourraient être envisagés, comme le renvoi de Johannes Rivoire de l’état clérical et en lui retirant son titre de prêtre. C’est un autre geste symbolique, mais qui pourrait faire du bien non seulement pour nous au Canada, mais aussi pour voir que des actions sont prises et qu’il y a une responsabilité qui est prise, indique-t-il.
Réactions mitigées au rapport
C’est avec des sentiments partagés que Tanya Tungilik, dont le père fait partie des plaignants et qui est elle-même allée à la rencontre du père Rivoire avec une délégation à Lyon, en 2022, a lu le rapport d’André Denis. Je suis contente qu’il pense que Rivoire est coupable, qu’il a en effet abusé d’enfants au Nunavut. Je suis contente pour ça, mais déçue et fâchée qu’il écrive que les Oblats n’étaient pas au courant avant 2013, illustre-t-elle. Je ne le crois pas. [André Denis] a été engagé par les Oblats pour faire ce rapport. Évidemment qu’il va protéger l’Église. Il doit dire quelque chose sur Rivoire parce que c’est indéniable, mais il essaie de protéger les gens qui l’ont aidé, soutient-elle toutefois. Tanya Tungilik espère surtout que Johannes Rivoire puisse subir un procès, que ce soit en France ou au Canada. Je veux le voir faire face à la justice, dit-elle.
Avec des informations de Juanita Taylor et d’Olivia Stefanovich
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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