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La Couronne de Saint ÉTIENNE DE HONGRIE

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La Couronne de Saint ÉTIENNE DE HONGRIE Empty La Couronne de Saint ÉTIENNE DE HONGRIE

Message par Lumen Ven 16 Aoû 2024 - 17:54

La Couronne de Saint ÉTIENNE DE HONGRIE

Vers l’an mil, alors que l’Europe centrale s’ouvre au christianisme, une lutte d’influence
débute entre l’Empire byzantin et Rome. Le prince héritier Vajk, fils du Hongrois Geza
Arpad, qui règne sur l’ancienne Pannonie, se convertit au catholicisme. À l’occasion
de son sacre en 997, sous le nom d’Étienne Ier, le pape Sylvestre II lui donne la
bénédiction apostolique ainsi qu’une couronne contenant des reliques de la vraie
Croix. La couronne dite de saint Étienne devient l’objet le plus sacré de la nation
hongroise ; sur elle repose la légitimité du souverain et le maintien d’une Hongrie libre
et indépendante, qui ne saurait être que catholique.


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  • Nous possédons sur saint Étienne de Hongrie un document exceptionnel : sa biographie rédigée peu après sa mort, en août 1038, par l’évêque Hartvik. Outre le sérieux du récit, ce texte atteste des liens particuliers tissés entre la jeune dynastie Arpad et Rome.

  • En ce début du XIe siècle, la majorité des Magyars, qui se tiennent pour les descendants des hordes hunniques d’Attila, restent païens et le revendiquent. Les velléités de conversion de Geza ont provoqué des révoltes ; celle d’Étienne en suscitera d’autres, qui se renouvelleront jusqu’au milieu du XIe siècle. Devant les difficultés et drames entraînés par sa conversion, il est sûr qu’Étienne ne s’est pas fait catholique par opportunisme politique, mais par conviction que l’avenir de son peuple était au sein de l’Église. Sinon, il eût été plus commode pour lui, comme l’avait fait son père, de rester païen et de faire miroiter son éventuel baptême comme un moyen de pression sur la papauté et les souverains d’Europe occidentale.

  • La couronne de saint Étienne est attestée dans le trésor hongrois depuis le XIIe siècle. Elle se présente sous la forme d’une calotte sphérique entourée d’un cercle en or. Le visage du Christ est gravé sur le haut et surmonté d’une croix. Elle comporte une série d’émaux représentant les saints apôtres mais aussi l’empereur byzantin Michel VII Doukas, parfois tenu pour le véritable donateur de la couronne.

  • La Tradition veut que le pape Sylvestre II ait initialement destiné l’objet non à Étienne de Hongrie mais au roi de Pologne Mieszko. C’est à la suite de l’apparition d’un ange qu’il aurait reçu l’ordre d’en haut de l’envoyer au nouveau roi de Hongrie.

  • L’essentiel est que l’objet marque, par l’étonnante accumulation de symboles chrétiens, et plus encore par la présence des reliques de la vraie Croix, qui font sa réelle valeur, l’alliance intangible et définitive de la nation hongroise et du catholicisme. Elle est en même temps le gage et le symbole de l’autorité et de la légitimité royales hongroises. On le constate très vite puisque le seul fils de saint Étienne et de son épouse, sainte Gisèle de Bavière, Émeric, disparaît prématurément en 1030, victime d’un accident. La couronne palliera, cette fois et les suivantes, la rupture dans la continuation monarchique. C’est pourquoi elle est réputée appartenir non au roi mais au peuple.

  • Au XVIIe siècle, l’un des gardes de la couronne, Peter Rivay, dit que la couronne représente l’essence de la monarchie hongroise : l’union du spirituel et du temporel entre les mains du souverain. Elle est sacrée, pour avoir été portée par un saint et pour renvoyer à l’unique souveraineté du Christ, dont elle enferme les reliques de la Passion.

  • Au fil de l’histoire agitée du pays, la couronne est à maintes reprises soustraite aux convoitises étrangères. Il y a quelque chose de providentiel dans la façon dont cet objet sacré a traversé tant de péripéties pendant plus d’un millénaire pour toujours revenir intact à ses dépositaires légitimes, alors que la plupart des regalia (objets liés au sacre) des autres monarchies européennes ont disparu. L’on peut certainement l’attribuer à la présence dans la couronne des reliques de la vraie Croix.

  • Les troupes nazies s’emparèrent de la couronne de saint Étienne pendant l’occupation de la Hongrie. Elle sera retrouvée par les troupes américaines à Matsee, en Autriche, le 4 mai 1945. Un réfugié hongrois, le baron Perenyi, demande aux Américains de la mettre en lieu sûr outre-Atlantique, ce qui sera fait : la couronne sera enfermée à Fort Knox avec les réserves d’or fédérales. Le président Jimmy Carter fait restituer la couronne de saint Étienne à la Hongrie, alors sous domination communiste et soviétique, le 6 janvier 1978. Elle continue ainsi, de nos jours encore, à symboliser les racines chrétiennes du pays et son alliance avec le Christ.


Né sans doute en 975, le prince Vajk est le fils et successeur de Geza Arpad, grand-prince des Hongrois. À la différence de son père, qui ménagera toujours à la fois l’attachement de ses sujets au paganisme ancestral et celui de ses voisins à la chrétienté, catholique ou orthodoxe, le jeune homme décide en 997 de demander le baptême catholique et de vivre selon les lois de l’Évangile. Nommé prince de Nitra par son père, il épouse en 996 la princesse Gisèle de Bavière, dont le frère deviendra l’empereur du Saint-Empire romain germanique Otto III. Devenu Étienne par le baptême, le nouveau roi tisse un habile jeu d’alliances en mariant ses sœurs et sa fille à des princes catholiques.

Sa conversion permet d’entreprendre l’évangélisation du pays. La tâche est immense : des régions entières, mal contrôlées par le pouvoir royal, demeurent inaccessibles aux missionnaires, d’ailleurs aussi inexistants que le clergé diocésain. La Hongrie a besoin de prêtres et doit les chercher à l’étranger. Étienne en demande à Rome, dont l’aide se borne à de vagues promesses.

C’est alors que la providence amène en Hongrie un religieux vénitien, Gérard Sagredo, en partance pour la Terre sainte, que le roi convainc, après l’avoir nommé évêque et précepteur du prince héritier Émeric, d’entreprendre l’évangélisation du pays. Face aux nomades vivant sous la tente, errant avec leurs troupeaux à travers la puszta, Gérard prône les mérites de la sédentarisation, de l’agriculture et des constructions en dur, fait venir d’Italie des architectes qui dotent la capitale, Albe Royale, de ses premiers édifices en pierre. Étienne consacre son règne à organiser et christianiser son pays, le pourvoyant de huit évêchés, et de nombreux monastères.

Ses dernières années sont endeuillées par la mort de son fils unique et la crainte, trop justifiée, de voir la Hongrie sombrer, quand il ne sera plus, dans la guerre civile. Il meurt le 15 août 1038. L’Église l’a porté sur les autels en 1083, reconnaissant l’ampleur de son œuvre évangélisatrice et ses authentiques vertus chrétiennes, qui font de lui un modèle de roi catholique.

L’Église catholique fait mémoire de saint Étienne de Hongrie le 16 août.



Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Albert Battandier, La Sainte Couronne de Hongrie, 1907. Disponible en ligne.
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