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Le prodigieux Parcours de SAINT SIMEON STYLISTE: un Ermite qui a atteint les sommets de la spiritualité.

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Message par Lumen Lun 2 Sep 2024 - 20:51

Le prodigieux Parcours de SAINT SIMEON STYLISTE :
Un Ermite qui a atteint les sommets de la spiritualité.



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Il ne faut pas être surpris si l’on trouve en cette vie des actions inouïes, et qui semblent passer toute créance. Dieu n’a pas donné saint Siméon au monde pour être simplement le modèle des vertus communes, mais pour faire voir, par expérience, jusqu’où son inspiration et son assistance peuvent porter la faiblesse d’un homme mortel. Il l’a élevé sur la colonne pour servir, aux anges et aux hommes, de spectacle d’une vertu plus qu’humaine, et pour être, dans l’ordre de la grâce, ce que sont les prodiges dans le cours ordinaire de la nature. Théodoret, évêque de Cyr, qui était son ami particulier, et qui n’a pas oublié sa vie dans son Histoire des saints Pères, intitulée : Philothée, ou Théophile, déclare que, quoiqu’il ait vu, de ses propres yeux, les actions merveilleuses qu’il rapporte, et qu’il ait presque tous les hommes pour témoins de leur vérité, il craint, toutefois, que la postérité ne les prenne pour des fables, tant elles sont extraordinaires et au-dessus de toutes nos pensées ; mais nous croyons que notre siècle est trop prudent et a trop de respect pour l’antiquité pour ne pas ajouter foi à ce que de grands personnages en ont laissé par écrit ; non pas sur la déposition d’une ou de deux personnes, mais sur le rapport d’une infinité de témoins, dont quelques-uns ont été des témoins oculaires.


Cet homme merveilleux naquit au bourg de Sisan, qui est entre la Syrie et la Cilicie, de parents pauvres, mais chrétiens. Son père s’appelait Susocion ou Ysicius, et sa mère Matane ou Marthe. Sa fonction, dans son enfance, était de garder les troupeaux. Un jour qu’il n’avait pu les mener aux champs à cause de la neige, il entra dans l’église et entendit ces paroles de la sainte Écriture :

   « Bienheureux ceux qui pleurent, bienheureux ceux qui ont le cœur pur ».

Étant touché de cette leçon, il demanda à un vieillard ce qu’il fallait faire pour mériter ce bonheur. Le vieillard lui répondit que le plus sûr était de quitter le monde et de se retirer promptement dans un monastère. Sur cette réponse, saint Siméon s’en alla dans une autre église où, s’étant prosterné le visage contre terre, il pria Notre-Seigneur de lui montrer le chemin de la perfection et de lui enseigner à faire en toute chose sa divine volonté. Après cette oraison, qui fut longue, s’étant paisiblement endormi, il eut cette vision : Il lui semblait qu’il creusait en terre pour faire des fondements et que quelqu’un lui disait :

   « Tu n’es pas assez bas, creuse hardiment, et fais la fosse plus profonde » ;

Et quand il eut encore foui assez longtemps, on lui réitéra le même commandement : ce qui eut lieu quatre fois ; ensuite la voix dit :

   « C’est assez, travaille maintenant à élever l’édifice, et la chose te sera facile ; car il faut premièrement s’appliquer avec une espèce d’opiniâtreté à se vaincre soi-même, et puis on s’élève facilement à la plus haute perfection ».

Étant éveillé, et se sentant rempli d’un nouveau courage et d’une vigueur céleste, il courut au plus proche monastère, gouverné par le saint abbé Timothée. Il y resta prosterné plusieurs jours de suite, sans boire ni manger, ne demandant d’autre grâce que celle d’être reçu en qualité de serviteur, destiné aux plus humbles fonctions de la maison. Ayant été admis au nombre de ceux que l’on éprouvait, il commença par apprendre le Psautier par cœur, ce qui était la première chose qu’on exigeait des novices. Il ne pouvait quitter ce livre divin. Il passa là deux ans dans une extrême austérité et dans une innocence parfaite ; mais, n’y trouvant pas encore toute la perfection qu’il souhaitait, il en sortit au bout de ce temps et passa en la solitude de Thélède, près du mont Coryphée, où un saint abbé, nommé Héliodore, âgé de soixante-cinq ans, et d’une vertu consommée, gouvernait un couvent de quatre-vingts religieux, dans lequel il avait été élevé depuis l’âge de trois ans.

Siméon se livra à cet homme de Dieu, et demeura quelques années avec lui. Il se considérait comme le serviteur de tout le monde, et prenait plaisir à remplir les fonctions les plus rebutantes. Son abstinence était si prodigieuse qu’il demeurait depuis un dimanche jusqu’à l’autre sans manger, distribuant aux pauvres ce qu’on lui donnait pour sa réfection. Ayant trouvé une corde tissue de myrte sauvage, sorte de palmier qui est très-rude et très-piquant, il la mit sur sa chair nue tout autour de lui, depuis les reins jusqu’au cou, et la serra avec tant de violence, qu’elle scia tout son corps et y fit de grandes plaies. Les vers qui en tombaient, le sang qui en coulait avec abondance, la puanteur qui en sortait, découvrirent bientôt ce nouveau genre de mortification. Les frères en avertirent l’abbé, qui ordonna de lui ôter ses habits : on fut trois jours à les humecter, tant ils étaient collés par le sang corrompu, avant de pouvoir les détacher. On trouva que cette corde était déjà si enfoncée dans la chair, qu’il n’en paraissait que la surface : chacun en eut horreur, d’autant plus qu’on ne put la lui ôter sans lui causer d’extrêmes douleurs. Il ne voulait pas qu’on le pansât, afin de porter continuellement en son corps la mortification de Jésus-Christ ; mais le saint abbé le voulut, et, après qu’il fut guéri, il le congédia du monastère, de crainte que sa ferveur extraordinaire ne fût un sujet de scandale pour les plus faibles. Siméon étant sorti, se mit proche de là dans un puits abandonné et où il n’y avait point d’eau, et y passa cinq jours en oraison et en des larmes continuelles, s’estimant un très-grand pécheur. Au bout de ce temps, l’abbé, intimidé par des visions terribles, alla lui-même le chercher avec cinq de ses religieux, se jeta humblement à ses pieds, lui demanda pardon, et le pria de revenir au monastère. Le Saint, qui croyait qu’on l’avait traité selon ses mérites, fut extrêmement confus de cette action, et quoiqu’il eût souhaité demeurer solitaire, il ne laissa pas de se rendre à ce qu’on désirait de lui.



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Un an après, le Saint-Esprit, qui l’appelait à de plus grandes choses, le conduisit au pied d’une montagne, près du bourg de Télanisse, où, s’étant retiré dans une cabane qu’il fit lui-même, avec de simples pierres, sans mortier, ou qu’il trouva faite au pied d’une montagne, il y demeura trois ans dans les exercices d’une vie plus angélique qu’humaine. Il eut dévotion de jeûner quarante jours et quarante nuits à l’imitation de Notre-Seigneur, de Moïse et d’Elie : il en communiqua avec un saint prêtre, nommé Bassus, qui présidait tous les prêtres de la solitude, et qui lui servait de directeur. Ce prêtre approuva son dessein, pourvu qu’il eût du pain et de l’eau dans sa cellule, afin qu’il ne parût pas tenter Dieu. Siméon accepta cette condition, mais ces aliments lui furent inutiles. Il passa toute la quarantaine dans un jeûne continuel, et cette heureuse épreuve lui donna le courage d’entreprendre souvent la même chose, mais avec un tel succès qu’au lieu que les premières fois il tombait sur la fin en défaillance, il devint enfin si fort et si vigoureux, que les derniers jours il n’avait pas même besoin de se coucher, ni de s’asseoir, ni de s’appuyer. Il passait les premiers jours de la quarantaine tout debout, à louer Dieu ; les jours suivants, son corps, affaibli par le jeûne, n’avant plus la force de se tenir en cet état, il demeurait assis, et disait ainsi son office ; et les derniers jours, ses forces étant entièrement abattues, et se trouvant comme à demi mort, il était contraint de se tenir couché par terre. Après un Carême si nouveau, qu’il termina par la sainte communion, que Bassus lui donna, il choisit pour sa demeure le haut d’une montagne en Syrie, au-delà du bourg de Télède. Il s’y fit une clôture avec un petit mur de simples pierres, et s’attacha au milieu par une chaîne de vingt coudées, dont un bout tenait à une grosse pierre et l’autre bout à son pied droit ; ainsi, n’ayant point la liberté de sortir, ni d’antre abri que le ciel, il y élevait continuellement les yeux pour contempler celui qui est au-dessus du firmament. Mélèce, cet évêque ou plutôt chorévêque admirable, qui avait alors le soin du pays d’Antioche, le visita en cette prison volontaire, et apprenant de sa propre bouche qu’il s’était enchaîné de la sorte pour s’ôter le pouvoir de passer les bornes de sa clôture, il lui dit que les bêtes farouches avaient besoin de ces liens, mais que, pour l’homme, c’était assez de la raison aidée de la grâce pour rattacher. Siméon, comprenant cette vérité, se rendit aussitôt : on fit venir un serrurier qui rompit son anneau. Mélèce lui fit en même temps enlever un morceau de cuir velu dont il s’était entouré la jambe, de peur que le fer ne coupât la peau ; et alors on s’aperçut qu’il était plein de grosses punaises dont le Saint souffrait la puanteur et les morsures avec une patience invincible ; cela remplit d’étonnement tous les spectateurs, et principalement Mélèce et Théodoret.


Le prodigieux Parcours de SAINT SIMEON STYLISTE: un Ermite qui a atteint les sommets de la spiritualité. Colonna
Base de la colonne de saint Siméon le Stylite, dans le monastère de St-Siméon.

La vie que saint Siméon menait en ce lieu était si prodigieuse, que sa réputation vola incontinent par tout l’univers. Une foule immense accourut autour de lui, les uns pour être guéris de leurs maladies, les autres pour recevoir de la consolation dans leurs afflictions et du soulagement dans leurs peines ; d’autres enfin, pour leur conversion et la rémission de leurs péchés ; et il n’y eut personne qui s’en retournât mécontent et sans avoir obtenu l’effet de ses demandes. Cela fit que le concours grossit de plus en plus ; de sorte que son ermitage, selon la manière de parler de Théodoret, était comme une grande mer d’hommes et de femmes de toutes conditions, et que les chemins qui y conduisaient ressemblaient à de grands fleuves qui venaient se décharger dans cette mer. On y voyait même des pèlerins des endroits de la terre les plus éloignés : des Ismaélites, des Perses, des Arméniens, des Géorgiens et des Homérites, comme aussi des habitants de nos régions les plus occidentales, à savoir : de l’Italie, de l’Espagne, des Gaules et de la Grande-Bretagne. Le même historien, témoin oculaire, nous en donne des assurances indubitables.

Le saint homme, voyant cette grande affluence et ne pouvant supporter qu’on s’empressât si fort pour le toucher et pour couper des morceaux de ces viles peaux dont il était couvert, s’avisa d’une manière de demeure et de retraite inouïe jusqu’alors, et qui a fait depuis ce temps-là l’étonnement de tous les siècles. Ce fut de s’élever sur une colonne haute premièrement de six coudées, ensuite de douze, puis de vingt-deux, enfin de trente-six. Son disciple Antoine y met cinq mesures : la première de quatre coudées, la seconde de douze, la troisième de vingt, la quatrième de trente, et la cinquième de quarante. Et peut être est-il plus croyable, en ce point, que Théodoret et Métaphraste, qui nous ont donné les premières mesures, lui qui y était monté et en était descendu si souvent ; mais cette diversité est de peu d’importance. L’extrémité de ces colonnes était surmontée d’une balustrade de trois pieds de diamètre, ce qui faisait que le Saint ne pouvait ni se coucher ni s’asseoir. Que n’ai-je la langue des anges pour pouvoir dignement représenter la manière dont cet homme céleste vécut sur ces colonnes, le grand fruit qu’il fit dans le monde et les prodiges incroyables que Dieu opéra par son moyen ! Il n’avait ni chambre ni abri ; il était exposé aux ardeurs du soleil, aux rigueurs du froid, à la pluie, à la neige, à la grêle, aux tempêtes, et à toutes les injures de l’air. On ne peut pas dire qu’il mangeait, puisque Théodoret assure qu’il ne prenait de nourriture que de quarante jours l’un, excepté la sainte Eucharistie qu’il recevait tous les huit jours. Jamais on ne le voyait ni couché ni assis ; mais il était toujours debout ou le visage prosterné pour prier. Son oraison durait depuis le soir jusqu’au lendemain à midi, et lorsqu’il parlait debout, il faisait un nombre infini d’inclinations pour adorer la majesté de Dieu, jusque-là que quelqu’un de la compagnie de Théodoret en compta en un jour jusqu’à douze cent quarante-quatre, et enfin, se lassant, fut obligé de quitter la partie. Aux principales fêtes de l’Eglise, il priait toute la nuit, les yeux et les mains élevés au ciel, sans qu’on s’aperçût jamais qu’une posture si gênante le lassât, et sans qu’il fût obligé de l’interrompre.

Ce fidèle disciple, qui a composé sa vie, rapporte qu’il fut un an entier sans se soutenir que sur un pied, à quoi il s’était condamné pour avoir inconsidérément levé le pied. Voici dans quelle circonstance : Malgré l’habitude où il était d’éluder tous les artifices du démon, Dieu permit, pour le rendre toujours plus humble et plus vigilant sur lui-même, qu’il fût une fois surpris dans un piège dangereux. Il crut voir, non l’esprit tentateur, mais un ange de lumière, venir à lui avec un chariot tout rayonnant de feu céleste. L’esprit s’étant approché, lui dit qu’il était envoyé de Dieu pour le faire monter et l’enlever dans la gloire qui lui était préparée. Ce Saint, dénué en ce moment de son discernement ordinaire, leva le pied pour se mettre dans le chariot ; mais au signe de la croix qu’il fit pour bénir son départ, tout le fantôme disparut. Il reconnut alors son erreur, et s’en punit de la manière cruelle dont nous avons parlé. Il endurait de cuisantes douleurs d’un ulcère qu’il avait à la cuisse ; les vers en tombaient continuellement ; mais loin de se faire panser, il obligeait Théodoret de lui ramasser ces vers, lorsqu’ils tombaient en bas de sa colonne, et les remettait dans sa plaie, leur disant : « Mangez ce que Dieu vous a donné ». Cet ulcère fut découvert dans la circonstance suivante : un diacre d’une grande considération l’étant venu visiter, et apprenant qu’il ne mangeait, ni ne buvait, ni ne dormait, prit la hardiesse de lui demander s’il était un homme, ou une nature spirituelle qui eût pris seulement l’apparence d’un homme. Les assistants s’offensèrent de cette demande ; mais le Saint, sans se troubler, le pria de monter avec une échelle sur sa colonne pour reconnaître, par sa propre expérience, ce qu’il était. Le diacre y monta, et saint Siméon, levant le bord de son cilice, lui fît voir cette horrible plaie qui montrait clairement qu’il était composé de chair et d’os, et sujet, comme les autres, à la pourriture. Un des vers qui fourmillaient dans cet ulcère étant tombé, Basilic, roi des Sarrasins, qui était au pied de la colonne, courut promptement le ramasser et le mit sur ses yeux ; et aussitôt ce ver fut changé en une perle très-belle et très-fine, qu’il emporta comme un trésor dont il faisait plus de cas que de son empire.

Les honneurs qu’on rendait continuellement à saint Siméon n’empêchaient pas qu’il fût souverainement humble, qu’il ne se regardât comme le dernier de tous les hommes, et qu’il ne fût prêt à obéir à tout le monde. En voici un exemple illustre, rapporté par Evagrius, Siméon Métaphraste et Nicéphore Calixte. Les solitaires voisins, étonnés d’une vie si nouvelle, et craignant qu’elle ne vînt pas de l’esprit de Dieu, mais plutôt de celui du démon, qui conduit quelquefois les hommes par des voies extraordinaires pour les précipiter dans l’orgueil, résolurent entre eux d’éprouver le saint. Ils lui envoyèrent donc deux moines de leur compagnie, avec ordre de le reprendre de ce qu’il abandonnait ainsi le chemin que tant de saints Pères avaient frayé, et par lequel ils étaient indubitablement arrivés au bonheur éternel, pour suivre les inventions de son esprit et une voie que nul autre que lui n’avait tenue. Ces députés devaient aussi lui ordonner de descendre de sa colonne ; s’il recevait humblement ce commandement et qu’il se montrât disposé à descendre, ils ne lui permettraient pas de le faire, parce que ce serait une marque que son entreprise était de Dieu ; mais s’il témoignait, au contraire, de la résistance et de l’opiniâtreté, ils le feraient incontinent descendre, même par force, et feraient raser sa colonne. Lorsqu’ils furent arrivés vers lui, ils furent saisis d’un si grand respect, qu’à peine osaient-ils lui parler et le regarder en face ; néanmoins, pour ne point manquer à leur mission, ils lui firent la réprimande et le commandement qu’ils avaient charge de lui faire. Aussitôt cet homme admirable, qui était mort à sa volonté et à son jugement, et qui savait que Dieu demande plutôt de nous l’obéissance que des victimes, se mit en devoir de descendre ; il demanda une échelle, s’approcha du bord de la colonne et témoigna à ces solitaires qu’il leur était extrêmement obligé, à eux et aux saints Pères qui les avaient envoyés, du soin qu’ils prenaient de lui ; ainsi il fit paraître qu’il était conduit par l’esprit de Dieu, et que l’humilité et l’obéissance avaient jeté de profondes racines en son âme. C’était tout ce que ces députés voulaient reconnaître. Après une si forte épreuve, ils lui dirent de continuer librement ce qu’il avait commencé, et lui souhaitèrent pour cela la bénédiction de Dieu et le don de la persévérance jusqu’à la mort.

Cette grande humilité de saint Siméon était accompagnée d’une modestie, d’une grâce et d’une affabilité merveilleuses ; il recevait agréablement tout le monde, riches ou pauvres, grands seigneurs ou artisans, fidèles ou infidèles, et les gagnait tous par la douceur de ses paroles et par ses regards pleins de bienveillance. Il satisfaisait à leurs doutes, il accommodait leurs différends, il remédiait à leurs maux, et personne ne se retirait d’auprès de lui sans être très-content de sa charité. Le zèle qu’il avait pour l’Eglise et pour le salut des âmes était admirable. Il prêchait tous les jours deux fois, du haut de sa colonne, à une infinité de personnes qui s’assemblaient pour l’entendre, et ses discours ne tendaient qu’à inspirer le mépris de toutes les choses de la terre et le désir des biens éternels. Il combattait vivement les païens, les Juifs et les hérétiques, moins pour les confondre que pour les gagner à Dieu, et ses historiens assurent qu’il convertit des milliers de Sarrasins, de Géorgiens, de Perses et d’Arméniens, qui demandaient en foule le saint Baptême. Les pécheurs les plus endurcis étaient attendris en sa présence ; témoin cet insigne voleur et meurtrier, nommé Antiochus, qui conçut auprès de la colonne du saint, où il s’était réfugié, une si véhémente contrition de ses crimes, qu’une voix céleste l’ayant assuré qu’ils lui étaient pardonnés, il mourut de douleur en prononçant ces paroles :

  « Mon Seigneur Jésus-Christ, Fils unique du Père éternel, qui n’êtes pas venu pour les justes mais pour les pécheurs, recevez mon esprit entre vos mains ».

Notre Saint prenait même la hardiesse d’avertir, de bouche ou par lettres, les prélats et les princes de ce qui était de leur devoir, et ses avis étaient reçus comme si c’eût été un ange qui les eût donnés. L’empereur Théodose le Jeune déféra toujours beaucoup à ses avis. Nous avons, dans les actes du concile d’Ephèse, une lettre de ce prince, par laquelle le même empereur supplie notre saint de travailler à la paix de l’Eglise, et de faire en sorte que Jean, patriarche d’Antioche, cesse de soutenir la cause de l’impie Nestorius. L’empereur Léon, qui succéda à Théodose après Marcien, lui écrivit louchant le concile de Chalcédoine et l’affaire de Timothée-Elure qui, ayant fait mourir saint Prothère, patriarche d’Alexandrie, s’était emparé de son siège. Saint Siméon ne manqua pas, en cette occasion, de faire paraître son grand zèle pour la religion. Il écrivit à l’empereur pour le confirmer dans le respect envers ce saint Concile et dans la juste indignation qu’il avait conçue contre ce faux évêque. Il rendit le même devoir à Basile, patriarche d’Antioche, son propre prélat, mais avec tant d’humilité, qu’il se nommait en celle lettre un ver vil et abject, et l’avorton des moines, lui qui en était l’exemple ou plutôt le miracle. Cette sainte lettre se trouve dans Evagrius et dans Nicéphore. L’impératrice Eudoxie, veuve du jeune Théodose dont nous venons de parler, s’étant laissée inconsidérément engager dans l’hérésie des Eutychiens par un moine, nommé aussi Théodose, qui avait usurpé la chaire épiscopale de Jérusalem, envoya des députés vers notre saint pour apprendre quel était son sentiment touchant Eutichès et le concile de Chalcédoine qui l’avait condamné. Il lui répondit avec un courage et une liberté admirables, que le démon, la voyant si riche fin bonnes œuvres, avait entrepris de la dépouiller, en corrompant sa foi et en empoisonnant son esprit par le pernicieux Théodose ; mais que, si elle voulait sortir de ce malheur, elle devait avoir recours à saint Euthime, qui n’était pas éloigné de Jérusalem où elle avait choisi sa demeure. L’empereur Marcien se travestit en homme privé, pour satisfaire avec plus de liberté son ardent désir de voir le Saint de ses yeux et de l’entendre de ses oreilles. Varanes, roi des Perses, et la reine, sa femme, lui donnèrent des marques publiques de leur vénération. Les princes, les princesses d’Arabie venaient recevoir sa bénédiction et laissaient leurs sujets jouir de la même faveur. Ainsi, ce grand homme servait à tous de sel, de lumière, de guide, de maître et d’instrument de salut.

Il avait, d’une manière excellente, le don de prophétie. Un jour, il vit une verge qui menaçait la terre d’une grande et effroyable calamité. Dieu lui fit connaître que c’était le signe d’une sécheresse extrême, suivie de la famine et de la peste, qu’il voulait envoyer au monde pour en punir les crimes. Il en avertit le peuple qui était autour de sa colonne, et deux ans après, on vit le funeste accomplissement de sa prédiction. Une autre fois, il vit deux vierges qui descendaient du ciel, l’une du côté de l’Orient et l’autre du côté du Septentrion, et il lui fut dit qu’elles pronostiquaient l’irruption des Perses et des Scythes dans l’empire romain. En effet, ils firent de grands préparatifs de guerre pour s’y jeter ; mais le Saint fit tant, par ses prières et par ses larmes, qu’il détourna ou au moins différa ces grands fléaux. Il prédit encore, en une certaine année, qu’il naîtrait bientôt une si prodigieuse armée de sauterelles, de hannetons et d’autres insectes, qu’elle couvrirait toute la campagne, mais que le dommage n’en serait pas si grand qu’on pouvait l’appréhender. Aussi, quinze jours après, il s’en leva une si grande quantité, que l’air en était même obscurci ; mais ils ne gâtèrent que les prairies et ne firent point de tort aux grains qui sont pour l’usage de l’homme. Saint Daniel le Stylite rapporte un fait encore plus admirable ; car non-seulement saint Siméon lui découvrit, sur sa colonne, beaucoup de choses qui lui devaient arriver ; mais aussi, étant encore en vie, il apparut à Daniel sous la forme d’un voyageur sur le chemin de Jérusalem, où celui-ci allait, pour l’empêcher de poursuivre sa route, ce qui l’aurait fait tomber entre les mains des Samaritains ; il l’exhorta à se diriger vers Constantinople, où Dieu voulait se servir de lui pour de grandes choses ; après sa mort, il lui apparut encore pour l’assurer de son bonheur et pour lui conseiller de monter sur une colonne à son exemple. Enfin Théodoret assure qu’il lui prédit à lui-même la fin d’une persécution dont il souffrait beaucoup, et que cette persécution cessa précisément au temps que le Saint lui avait marqué.

Il serait trop long de rapporter tous ses miracles : j’en toucherai seulement quelques-uns des plus remarquables. Il fit sourdre une fontaine en un lieu sec, où l’on était dans une extrême nécessité d’eau. Il obtint un fils à la reine des Ismaélites, qui était stérile, et une fille à la reine des Sarrasins, qui était dans la même peine. Et cette enfant étant devenue paralytique à l’âge de trois ans, il la rétablit, par ses prières, dans une parfaite santé. Toute la cour de Perse reconnut, par un grand nombre de guérisons miraculeuses, la vertu d’une huile qu’il avait bénite, et son image même, comme nous l’avons déjà dit, faisait tant de prodiges que chacun en voulait avoir une dans sa maison. Il avait établi, comme loi inviolable, que les femmes n’entreraient jamais dans son ermitage, c’est-à-dire dans l’enceinte du mur qui environnait sa colonne, et il garda même cette mesure rigoureuse à l’égard de sa propre mère, qui avait un désir extrême de le voir. Cependant, il y en eut une qui eut la témérité de se déguiser pour violer cette sainte clôture ; mais à peine eut-elle mis le pied sur le seuil de la porte pour exécuter son dessein, qu’elle tomba morte en présence de tout le monde, laissant à la postérité un terrible exemple de la colère de Dieu contre les personnes qui attentent à la clôture des maisons religieuses.

Lorsque l’heure de sa mort fut arrivée, il s’inclina, selon sa coutume, pour prier, et, dans cette posture, il rendit à Dieu son âme bienheureuse qui fut transportée, par les anges dans le lieu du repos éternel. Il apparut aussitôt après à son disciple Antoine, et lui assura qu’il jouissait de la gloire. La nouvelle de sa mort ayant été portée à Antioche, le patriarche, avec trois autres évêques et Ardabor, chef des gens de guerre, y accoururent avec des soldats pour garder le saint corps. Les évêques l’ayant descendu de la colonne, le mirent auprès de l’autel, qui était devant, et où l’on avait coutume de lui dire la messe. La désolation du pays fut si grande, que l’on entendait, de sept milles de là, les pleurs des peuples et les cris des animaux. Les montagnes mêmes, les campagnes et les arbres des environs paraissaient être dans la tristesse, toute la contrée étant couverte d’une nuée fort obscure, comme d’un manteau de deuil.

Comme on le portait solennellement à Antioche, il s’arrêta tout court, dans un bourg nommé Méroë, pour donner lieu à un homme possédé, depuis quarante ans, d’un démon qui le rendait sourd et muet et le tenait dans les sépulcres, de toucher son cercueil afin qu’il fût délivré et reçût sa guérison. Toute cette grande ville vint au-devant de lui, et le déposa premièrement dans l’église de Saint-Cassien, puis dans une autre qui fut bâtie en son honneur sous le nom de la Concorde ou de la Pénitence, et il se fit, à son tombeau, plus de miracles qu’il n’y en avait eu pendant sa vie. L’empereur Léon souhaita de faire apporter ses reliques à Constantinople ; mais les habitants d’Antioche obtinrent de lui la conservation de ce grand trésor, trésor qui leur servait de murailles et de remparts, leurs anciennes fortifications ayant clé renversées par un horrible tremblement de terre. Néanmoins, nous lisons dans les actes de saint Daniel Stylite, digne imitateur de notre Saint, qu’on donna à cet empereur quelques parties de ses reliques, avec la cuculle que le serviteur de Dieu portait sur sa tête. On bâtit aussi, sur la montagne où saint Siméon avait vécu, un temple magnifique, en forme de croix, orné de quatre beaux portiques et au milieu duquel était sa sainte colonne à découvert. II paraissait tous les ans, au jour de sa fête, une étoile merveilleuse, qu’Evagrius le Scholastique, écrivant plus de cent trente ans après la mort du Saint, assure avoir vue, comme aussi son précieux chef encore couvert de sa peau et de ses cheveux.

Il y a deux autres Siméon aussi Stylites, c’est-à-dire habitant sur des colonnes, dont la mémoire se célèbre en d’autres jours. Il est fait mention de celui-ci dans tous nos Martyrologes au 5 janvier, et dans le Ménologe des Grecs au 1er septembre.


Il est tout naturel de représenter saint Siméon Stylite sur sa colonne : pour le distinguer des autres Stylites on lui donne une colonne dont les étages soient marqués ; caria première, sur laquelle il monta, était de six coudées ; la deuxième, de douze ; la troisième, de vingt-deux, et la quatrième, de quarante.




Reportage / Syméon le Stylite, le Saint oublié

Ce moine passa quarante ans de sa vie au sommet d’une colonne. Son ascèse fut l’objet d’un culte sans précédent. Depuis les années 2000, l’équipe de Jean-Luc Biscope et la mission française de Qal'at Sem'an se sont attelées à la cartographie de ce site à l’architecture monumentale et vernaculaire.



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Lumen
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