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Djihadisme, régimes autoritaires, législation répressive… Les persécutions contre les chrétiens s’intensifient
par Lumen Mer 23 Oct 2024 - 22:09
Djihadisme, régimes autoritaires, législation répressive… Les persécutions contre les chrétiens s’intensifient
Un rapport de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED) publié le 22 octobre confirme l’aggravation de la persécution et de l’oppression des chrétiens dans 18 pays, sur les deux dernières années.
En juin 2022, des fidèles étaient pris pour cible dans l'église Saint François, à Owo, au Nigeria.
- Sunday Alamba/AP/SIPA
Un rapport de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED) publié le 22 octobre confirme l’aggravation de la persécution et de l’oppression des chrétiens dans 18 pays, sur les deux dernières années.
En juin 2022, des fidèles étaient pris pour cible dans l'église Saint François, à Owo, au Nigeria.
- Sunday Alamba/AP/SIPA
Les chrétiens deviennent-ils une espèce rare dans plusieurs zones du monde ? C’est ce que semble confirmer le rapport de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED) « Persécutés et oubliés – Chrétiens opprimés à cause de leur foi », qui alerte sur une augmentation des mesures et des actes antichrétiens dans le monde, de 2022 à 2024. Le document débute pourtant avec une bonne nouvelle : le nombre de catholiques dans le monde augmente et concerne près d’un humain sur cinq, soit 1,389 milliard de personnes. Mais le nombre de pays où les fidèles sont victimes de persécutions, liées notamment au djihadisme et à la montée des régimes autoritaires, augmente dangereusement.
Le rapport se concentre sur 18 pays où les chrétiens souffrent le plus de harcèlement, de détention, de déplacement forcé et de meurtre. Dans 12 pays, la situation pour ces populations s’est détériorée par rapport à la période 2020-2022. En Afrique, la violence des djihadistes, notamment dans la région du Sahel, a un fort retentissement sur les libertés religieuses. Les territoires occupés par ces groupes terroristes augmentent et les populations chrétiennes, principalement visées, vivent dans la crainte d’assassinats et d’enlèvements, pour les religieux. Au Moyen-Orient, les chrétiens sont contraints à l’exil depuis une dizaine d’années, ou doivent vivre leur foi clandestinement. A titre d’exemple, l’Irak ne compte plus que 200 000 chrétiens, sur une population de 41 millions d’habitants. L’Etat islamique y a laissé son empreinte, de même qu’en Syrie. En Asie, « les chrétiens sont souvent considérés comme des citoyens de seconde zone », et sont mis au banc de la société. Des attaques contre des églises ou régulièrement lieu en Inde ou au Pakistan. En Amérique latine enfin, le régime autoritaire de Daniel Ortega au Nicaragua, aggrave la répression contre l’Eglise catholique depuis plusieurs années, en expulsant des membres du clergé ou en restreignant les activités religieuses.
Des citoyens de seconde zone
Le 22 octobre, le père Jean Suakor, du Nigeria et le père Balthazar Castelino, d’Inde, témoignaient des difficultés des Eglises locales à s’affirmer, à l’occasion de la présentation de ce rapport, au siège de la Conférence des évêques de France (CEF). En Inde, « les attaques contre les chrétiens sont majoritairement l’œuvre d’hindous extrémistes », avance le père Balthazar Castelino, prêtre aux Missions étrangères de Paris. Dans ce pays, l’année 2023 enregistrait le triste bilan de 720 attaques contre les chrétiens, principalement dans le nord du pays. Dans un village, on leur a refusé l’accès à l’eau potable, dans un autre, on les a chassés de leur maison ou vandalisé ces dernières. En novembre 2023, certains n’ont pu enterrer leurs morts selon le rite chrétien. Les lois anti-conversion se multiplient dans cet immense Etat encore régi par un système de castes. « Les missionnaires ont tout fait pour libérer ces pauvres gens de leur statut misérable, explique le père Balthazar Castelino. Ces demandes de droits allaient déstabiliser la société, les populations hostiles aux chrétiens ont voulu chasser les missionnaires. » En février de cette année, près de 200 personnes attaquaient une église dans le district de Rangareddy, alors que des fidèles y priaient.
Quelques mois plus tôt, à des milliers de kilomètres, au Nigeria, plus de 300 chrétiens étaient massacrés la veille de Noël. Les extrémistes, des militants peuls, en blessaient des centaines d’autres. Une vingtaine de villages étaient ciblés par des attaques simultanées. Les assaillants visaient principalement les populations chrétiennes, armés de mitrailleuses et incendiant les habitations. Dans ces zones, les fidèles sont souvent livrés à eux-mêmes. « Dans de telles situations, les gens se précipitent souvent dans les églises, plutôt que dans les postes de police, parce qu’ils n’ont pas confiance dans les institutions gouvernementales », confiait un prêtre de la région endeuillée à l’AED. « Les chrétiens ne peuvent pas se tourner vers les forces de sécurité, souvent hostiles à leur foi, ajoute le père Jean Suakor, en mission près de Montpellier. Dans le nord du pays, les chrétiens se voient souvent refuser leur permis de construire. » De nombreux enlèvements et meurtres de membres de l’Eglise ont lieu au Nigeria, pays classé huitième dans l’indice mondial du terrorisme. Les islamistes noyautent les institutions du pays, alors même que les chrétiens représentent près de la moitié de la population.
Louis de La Houplière
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
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