La Vraie Conversion

Quelle joie d’entendre à nouveau ce récit inusable du Père et du fils prodigue. Surtout en ce jour de « l’envoi en mission » des membres de tous les services et mouvements en activité sur la paroisse.
Tout chrétien est un envoyé parce qu’il est configuré à Jésus qui est Lui-même l’Envoyé du Père. Et les deux fils de cette parabole sont comme les deux faces de notre humanité envoyée.
Le prodigue, qui dilapide l’héritage, s’auto-proclame « envoyé » en s’appropriant la bonté (et l’héritage) du Père et en s’en coupant. Il perd sur tous les tableaux et quand il retourne en lui-même sa culpabilité, il décide une « gastro-conversion », (une conversion par l’estomac !). Sa vraie conversion sera le repas de fête avec lequel le Père l’accueille : festin de Miséricorde. Immérité. Ce n’est pas son remords qui le recrée dans sa dignité, c’est la bienveillance (quel beau mot : bien- veillance !) du Père qui veille bien sur ses enfants. Sa première conversion en faisait un survivant, sa deuxième en fait un vivant au nom du Père! En christianisme, on ne peut pas s’auto-envoyer, on est toujours envoyé par un Autre et vers d’autres.
L’autre fils, normalement jaloux de ce festin, n’accepte pas cette prodigalité parce qu’il regarde dans l’assiette de son frère. Il ne voit que ce que le Père fait pour son frère et ne voit plus que tout l’héritage était pour lui (« tout ce qui est à moi est à toi »). Le vrai héritage n’est pas un avoir (« donne-moi ma part d’héritage ») mais l’Etre même du Père qui est toujours avec lui, avec nous.
Nous sommes envoyés dans ce monde tel qu’il est, pour signifier cet Etre (et non cet avoir) du Père. Un Etre que nous connaissons par le Fils (Celui qui déclinera le verbe « être » : Je suis !). Et nous le laissons agir en nous par la force de l’Esprit.
Oui, nous sommes vraiment envoyés dans le Nom du Père, du Fils et du St Esprit.


Père Philippe Marsset