La fonte de la banquise pourait expliquer les hivers plus froids en Europe
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La fonte de la banquise pourait expliquer les hivers plus froids en Europe
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La fonte excessive de la banquise pourrait expliquer les hivers plus froids en Europe
1353 lectures / 11 commentaires03 janvier 2011, 12 h 04
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© C. Magdelaine / notre-planete.infoAlors que la planète se réchauffe comme en témoignent les dernières données sur l'année 2010, l'Europe affronte pour la deuxième année consécutive un hiver précoce et plus rigoureux. Une hypothèse récente pourrait expliquer ce phénomène qui risque bien de se répéter.
Si l'année 2010 promet de faire partie des trois années les plus chaudes depuis les premiers relevés météorologiques (1850), la saison hivernale en Europe se caractérise par un refroidissement notable depuis l'hiver dernier. Preuve que le réchauffement planétaire n'est pas uniforme et qu'il doit être considéré comme une moyenne à l'échelle de la planète avec des anomalies régionales.
Début janvier 2010, une grande partie de l'Europe de l'Ouest a connu des températures basses et des chutes de neige à répétition. Cette situation météorologique s'expliquait par un vaste anticyclone stagnant sur la Scandinavie qui bloquait le flux d'ouest (qui apporte de la douceur). Celui-ci était rejeté plus au sud vers les régions Méditerranéennes.
Fin novembre 2010, de nombreux pays en Europe connaissaient des conditions hivernales précoces avec des chutes de neige abondantes et des températures très basses. Là aussi, une large zone de haute pression centrée sur l'Atlantique bloquait le flux d'ouest et laissait s'engouffrer un flux de Nord-Est apportant de l'air polaire sur l'Europe.
Or, en temps normal, ce sont les différences de pression atmosphérique entre la dépression d'Islande et l'anticyclone des Açores qui expliquent les anomalies de température sur l'Europe. C'est ce que l'on appelle l'Oscillation Nord Atlantique (NAO).
Selon l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM), les conditions météorologiques extrêmes constatées actuellement dans certaines parties de l'Europe occidentale et de l'est des Etats-Unis sont liées à de vastes perturbations qui affectent la pression atmosphérique et le régime des vents dans l'hémisphère nord depuis la fin de l'automne. "La direction des vents est généralement d'ouest en est et amène des conditions plus douces, mais des blocages atmosphériques empêchent actuellement ces flux, qui vont donc plus à l'heure actuelle dans le sens nord-sud", expliquait Clare Nullis, une porte-parole de l'OMM, estimant que le même phénomène s'était produit pendant l'hiver 2009-2010 dans l'hémisphère nord. "Il est toutefois très rare de voir le même phénomène se dérouler deux années consécutives", précisait elle.
Le réchauffement de l'Arctique pourrait refroidir l'Europe
Paradoxalement, "les conditions ont été plus chaudes que la moyenne dans les régions polaires, y compris l'Arctique", ajoutait Clare Nullis. Ce phénomène pourrait bien être à l'origine du refroidissement de l'Europe. C'est l'hypothèse avancée par Vladimir Petoukhov, scientifique du climat à l'Institut Potsdam pour la recherche sur le climat, dans une étude publiée dans le Journal Geophysical Research.
Le chercheur et son équipe se basent sur des modèles de simulations climatiques centrés sur la mer de Barents où une diminution importante de la banquise arctique a été observée durant l'hiver 2005-2006. Dépourvues de leur couverture de glace, ces surfaces de mer perdent beaucoup de chaleur dans l'atmosphère arctique habituellement froide et venteuse, ce qui modifie les pressions atmosphériques.
Or, en novembre 2010, l'étendue de la banquise arctique n'était que de 9,89 millions km². Depuis le début des observations satellitaires (1979), c'est l'étendue la plus faible pour un mois de novembre après celui de 2006 (9,84 millions km²), année d'étude de Vladimir Petoukhov. Ainsi, par rapport à la moyenne 1979-2000, la couverture de glace en arctique en novembre 2010 était de 12,4% inférieure, selon le NSIDC (Centre de données nationales sur la neige et la glace).
Contre toute attente, les modèles de chercheurs de l'Institut Potsdam ont montré que le réchauffement de l'air sur la mer de Barents générait des vents froids durant l'hiver sur l'Europe. "Celui qui pense que la réduction de la lointaine glace de mer arctique ne peut pas le perturber, a peut-être tort. Il existe des interrelations complexes dans le système climatique, et dans la mer de Barents et de Kara nous pourrions avoir découvert un mécanisme de rétroaction puissant." déclarait Vladimir Petoukhov. En effet, cette situation génère des hautes pressions qui dévient l'air polaire vers l'Europe, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
Selon cette étude, ce type d'anomalie pourrait tripler la probabilité d'hivers rigoureux en Europe et en Asie du Nord. Nous pourrions donc, à cause du réchauffement climatique, connaître davantage d'hivers très froids et neigeux.
Les autres explications aux hivers froids sur l'Europe
D'autres explications sont avancées comme l'Oscillation Nord Atlantique, la baisse de l'activité solaire depuis deux ans et plus récemment l'affaiblissement supposé du Gulf Stream qui contribue à la douceur hivernale de l'Europe. Toutefois, selon Vladimir Petoukhov, ces causes sont moins certaines que ses nouvelles découvertes sur la diminution de la banquise arctique en mer de Barents, même si les anomalies de la NAO peuvent interagir avec la diminution de la glace de mer.
Pour certains climatologues, la succession d'hivers froids et d'été chauds en Europe serait due à l'oscillation nord atlantique. Une hypothèse mise en avant par le professeur David King, ancien conseiller scientifique du gouvernement britannique. "La fréquence de cette oscillation varie et c'est ce qui la rend difficile à prévoir, mais la dernière fois que nous avons eu ce type de régime de basse pression, c'était dans les années 1960". "A l'époque, cela a duré entre 5 et 10 ans, avec des extrêmes, hivers froids et été chauds, et si nous sommes dans ce type de période, mon conseil serait de nous y préparer". Cette phase froide semble avoir débuté il y a trois ans : "Le Royaume Uni a eu deux hivers - 2008/2009 et 2009/2010 - avec des températures inférieures aux moyennes saisonnières", a observé le Met Office, le service météorologique anglais.
Cependant, Vladimir Petoukhov souligne que lors de l'hiver glacial de 2005-2006, quand les températures étaient de 10° inférieures à la normale en Sibérie, aucune anomalie n'avait été constatée dans l'oscillation nord-atlantique...
Si il est encore trop tôt pour déterminer si ces conditions rigoureuses persisteront pendant l'hiver, "des vagues de froid pourraient toujours se produire pendant l'hiver, dans de nombreux endroits de l'hémisphère Nord" ajoutait Clare Nullis.
Auteur
Christophe Magdelaine / notre-planete.info (tous droits réservés)
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