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La trilogie républicaine

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La trilogie républicaine Empty La trilogie républicaine

Message par MichelT Sam 26 Mar 2011 - 2:02

mardi 11 septembre 2007
La trilogie républicaine

Liberté, Egalité, Fraternité.


Sous ce triptyque à l'allure généreuse se cache en fait les pires poisons qui conduisent à la destruction de notre culture et de notre civilisation. C'est pourquoi il est intéressant d'analyser chacun de ces termes pour en connaître leur duplicité. Le drame lorsque nous parlons de liberté, pour ne citer que le premier terme, tient à ce que chacun lui donne une signification qui lui est personnelle. Or la liberté d'un républicain, laïciste n'a rien à voir avec celle que l'Eglise nous enseigne et nous propose.

Aujourd'hui nous limiterons notre étude au premier terme, en nous réservant une étude sur chacun des deux autres pour les jours prochains.

La liberté se présente sous deux visages.

Voyons d'abord celui que nous propose la déclaration des droits de l'homme et du citoyen :

Article 4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi.

On observera de prime abord que la définition est négative: faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Il est courant de voir que bon nombre de définitions sont construites sur une négation. Or la négation est avant tout négation de toute réalité en même temps qu'elle ne définit pas cette même réalité. Elle peut aboutir à des paradoxes absurdes. J'en citerai deux, produits de l''esprit révolutionnaire:

- Pas de liberté pour les ennemis de la liberté (révolution française)

- Il est interdit d'interdire (mai 1968)

Le premier slogan joue sur les mots car les ennemis de la liberté s'opposaient à la liberté révolutionnaire qui n'avait rien à voir avec la véritable liberté. Nous sommes en face de deux concepts de la liberté diamétralement opposés. Celle des révolutionnaires qui expulsaient les religieux et religieuses de leur monastère en leur signifiant qu'ils étaient désormais libres. Or, la liberté des religieux était précisément de s'enfermer à l'intérieur de la clôture monastique pour se consacrer totalement à Dieu.

Le slogan de mai 1968 atteint le comble du paradoxe en posant comme principe fondamental de la vie en société ce que ce même slogan interdit. Certains y ont vu un trait d'esprit. Il n'en n'est rien! Ce slogan constituait une revendication fondamentale des néo-révolutionnaires bourgeois, revendication qui d'ailleurs est aujourd'hui largement appliquée. Il est la marque essentielle au sens de l'être (esse = être) de l'esprit révolutionnaire qui n'est pas à une contradiction près. L'esprit révolutionnaire pose des grands principes afin d'émanciper les peuples supposés asservis. Or, jamais les peuples n'ont été autant oppressés que sous les régimes révolutionnaires qui prétendent agir pour leur bien. Les exemples foisonnent: la Russie de Lénine et Staline, les pays du bloc de l'est sous "liberté" surveillée derrière le rideau de fer, la Chine maoïste, Cuba et son "lider massimo", le Vietnam d'Ho Chi Min, les Khmers rouges, l'actuelle Corée du nord et bon nombre d'états africains. Nous sommes en droit de nous poser la question de la nature de l'esprit révolutionnaire qui répand le sang dès que ses zélés serviteurs s'emparent du pouvoir.

Lénine, révolutionnaire qui mit en pratique la pensée marxiste de 1917 à 1924, date de sa mort. "Notre moralité est entièrement subordonnée aux intérêts de la lutte des classes", disait-il.

La réponse est contenue dans l'encyclique Divini Redemptoris du 19 mars 1937:

" Vénérables Frères, voilà le nouvel Evangile que le communisme bolchevique et athée prétend annoncer au monde, comme un message de salut et de rédemption ! Système rempli d'erreurs et de sophismes, opposé à la raison comme à la révélation divine: doctrine subversive de l'ordre social puisqu'elle en détruit les fondements mêmes, système qui méconnaît la véritable origine, la nature et la fin de l'Etat, ainsi que les droits de la personne humaine, sa dignité et sa liberté."

Le système nazi ne faisait pas mieux dans le registre du cynisme. Arbeit macht Frei - le travail rend libre - telle était la devise que les déportés pouvaient lire à l'entrée des camps de concentration. En France en particulier, il est de bon ton de pousser des cris d'orfraie quand on évoque la période nazie mais dans le même temps on affiche une certaine complaisance vis à vis du communisme. Perversion de la pensée, car les deux systèmes ne s'opposent qu'en apparence. Ils sont en fait très voisins en se fondant sur le culte de l'homme sans Dieu. Ils se nourrissent d'idéologies contraires à la loi naturelle.

Il est, soit dit en passant, consternant d'observer que dans l'épiscopat français certains évêques affichent une certaine sympathie à l'égard des communistes. Cela montre leur totale ignorance sur la réalité du communisme, du moins faut-il l'espérer.

Inscrite sur le fronton de l'entrée du camp d'Auschwitz la devise "Arbeit macht frei". Il est curieux de noter que le travail devient dans les deux systèmes totalitaristes, nazisme et marxisme, un moyen privilégié pour la mise en application de l'idéologie. Nous ferons une étude approfondie sur ce point dans un article ultérieur consacré au communisme.

Le propre des idéologies marxiste et nazie est de rejeter la vérité objective. Sans entrer dans un cours de philosophie et pour simplifier disons qu'il existe une vérité naturelle. C'est elle qui nous permet de déterminer ce qui est bon ou mauvais. Je n'ai pas besoin de me lancer dans de grandes théories pour savoir que voler le bien d'autrui est un acte mauvais. Ainsi, la pensée est soumise à la vérité qui ne dépend pas de l'homme, autrement dit la pensée est soumise à l'objet. Les philosophies idéalistes renversent cet ordonnancement. C'est la pensée de l'homme qui fixe les lois sans tenir compte de la réalité objective. C'est ce qu'on appelle l'idéalisme.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770 - 1831). Sa philosophie pose l'idée comme un absolu coupé de toute réalité. Il est à la source des deux totalitarismes, le nazisme et le marxisme qui reprendra à son compte l'idéalisme pur en le plaquant sur le matérialisme dialectique. Nous expliquerons ce paradoxe qui n'est qu'apparent mais qui révèle la nature intrinséquement perverse de l'idéalisme pour reprendre l'expression du pape Pie XI.

Or la pensée de gauche en France se nourrit de la pensée révolutionnaire. Il suffit de voir le nombre de candidats se réclamant de l'extrême gauche qui se sont présentés au premier tour des dernières élections présidentielles.

C'est à partir de ce même idéalisme que le président Jacques Chirac a pu dire que la loi civile n'avait pas à être subordonnée à la loi morale. Ce propos ahurissant est le fruit même de ce refus du réel comme objet auquel la pensée doit être soumise. C'est le péché d'orgueil, c'est le péché originel de l'homme qui se fait Dieu sans Dieu.

La liberté républicaine n'est ni plus ni moins que cette volonté à s'affranchir de la vérité qui aboutit à la permissivité puisque seul l'homme fixe les normes.


La liberté en Dieu est tout autre.

Cette liberté s'oppose au déterminisme ou au fatalisme. Autrement dit, nous sommes libres de nos actes. Dieu nous crée en nous laissant notre liberté, notamment celle de choisir entre le bien et le mal. Notons en passant que la définition de la liberté dans la DDH de 1789 ne parle pas du bien. Elle ne fait référence qu'aux bornes fixées par la loi. Or sans cesse nous reculons ces bornes ce qui ouvre largement le champ aux idées les plus pernicieuses.

Ainsi nous nous créons des droits nouveaux. Le droit à l'avortement est un exemple flagrant car il montre à quel point la pensée moderne est viciée. Les féministes ont revendiqué le droit à l'avortement en s'appuyant sur ce principe sorti d'on ne sait où qui veut que la femme dispose de son propre corps. Cette affirmation est un pur produit de l'idéalisme qui s'affranchit du réel objectif.

La liberté présuppose la vérité. Le pape Jean Paul II dans l'encyclique Veritatis splendor de 1993 montre que la crise que connaît aujourd'hui le monde au sujet de la vérité tient à la perte de l'idée d'une vérité universelle quant au Bien connaissable par la raison humaine. On aboutit nécessairement à une vérité subjective fondée sur le caractère de sincérité avec soi-même. Oui, mais on peut être sincère avec soi-même et se tromper gravement. Nous ne pouvons trouver la vérité extérieure à nous qu'en nous soumettant au réel objectif. Le pape précise que "l'autonomie de la raison ne peut pas signifier la création des valeurs et des normes morales par la raison elle-même."


La liberté est donc nécessairement indissociable de la vérité.

Ego sum via et veritas et vita dit Jésus-Christ à Thomas (Jean XIV, 6). Le Christ lie les trois mots le chemin, la vérité et la vie comme indissociables pour parvenir à la vraie vie qui n'a que faire de théories fumeuses et mortifères. Nul ne peut avoir la vie sans suivre le chemin de Jésus qui est un chemin de vérité.

Plus encore la vérité enseignée par le Christ est source de liberté. Toujours selon saint Jean, c'est encore le Christ qui dit aux Juifs qui croyaient en lui : "Si vous demeurez dans l'observation de ma parole vous serez véritablement mes disciples et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres."

Or le slogan des pro-avortements s'affranchit gravement de la vérité sur deux points:

1 - Tout d'abord ce principe est absurde en soi. Nous ne sommes, pas plus les hommes que les femmes, maîtres de notre corps. Nous n'en sommes que les usufruitiers, chargés d'en avoir bon usage. La maladie peut en disposer à nos dépens, la mort nous l'enlève.

2 - Plus grave encore, ce principe se fonde sur un mensonge car en l'occurrence le droit à l'avortement ne consiste pas pour la femme à disposer de son corps mais à disposer de celui d'un être distinct de son corps mais dont elle a reçu la garde momentanément avec pour mission insigne de le conduire à la vie extra-utérine.

Par contre, ce qui est bien réalité c'est la suppression de la vie in utero, suppression d'une vie humaine masquée artificiellement par la qualification technocratique d'IVG.

A cette liberté de transformer, par orgueil, par égoïsme le monde qui nous a été donné pour le façonner à la mesure de nos idées les plus folles, je préfère, pour ma part, rechercher la difficile perfection en Dieu, avec sa grâce et dans la liberté qu'il nous a donnée et qui nous confère notre dignité en Lui.

J'ajouterai pour conclure que l'on doit se garder de tout amalgame. Notre république est détestable parce qu'elle se fonde sur une idéologie erronée. Ceci étant la république peut être une forme de gouvernement si elle se conforme aux valeurs naturelles. La république est un système politique neutre comme la monarchie qui ne vaut que par ce que valent les hommes. Le rejet de la trilogie n'est donc pas nécessairement le rejet de la république, mais de la république laïque telle que les esprits modernes l'ont créée.

dimanche 16 septembre 2007
La trilogie républicaine Partie 2

L'égalité

Nous abordons aujourd’hui le second volet du triptyque républicain : Liberté, Egalité, Fraternité.

Nous avions vu dans la première partie que le concept de liberté peut être séduisant car personne ne s’oppose vraiment à la liberté. Nous concevons parfaitement que l’homme soit et doit être libre au sens où il doit disposer de la liberté de ses actes, de ses choix par opposition à l’esclave qui est entièrement soumis à son maître et qui ne possède pas de personnalité propre.

Nous avons également vu que le triptyque joue avec les mots avec duplicité. La liberté des révolutionnaires de 1789 n’est sûrement pas celle que comprend généralement l’opinion publique, peu ou mal informée.

Il en va de même pour le concept d’égalité.

Je ferai tout d’abord deux remarques liminaires :

- Liberté et égalité s’excluent mutuellement car la liberté suppose d’agir en fonction de ses capacités. Or celles-ci varient d’un individu à un autre. Je suis désolé de devoir contredire les tenants de la pédagogie post soixante-huitarde mais nous n’avons pas tous le même quotient intellectuel et cela ne provient pas nécessairement du milieu familial. Des enfants issus de milieux peu cultivés ont pu réussir dans leur parcours scolaire alors qu’ils partaient avec un handicap lourd par rapport à leurs camarades nés dans des familles bourgeoises favorisées. A contrario, dans une famille cultivée de bon rang social les enfants de la fratrie n’auront pas tous la même capacité intellectuelle. Nous touchons ici à l’éternel débat entre l’inné et l’acquis mais une chose est certaine le quotient intellectuel des individus pose dès le départ une certaine inégalité de fait. Il en résulte le dilemme suivant : où je privilégie la liberté et je dispose de ma liberté d’action mais mes capacités supérieures me conduiront à dépasser les autres, ou a contraire je privilégie l’égalité et mon action sera nécessairement limitée. C’est d’ailleurs ce qui se produit dans l’enseignement scolaire ou l’égalitarisme imbécile et le refus de tout élitisme conduit à un dramatique abaissement du niveau général. Quel point commun entre le baccalauréat des années 50 et celui de nos jours, où par pure démagogie le pouvoir politique a arbitrairement décidé d’un taux de réussite de 80 %. Pourquoi y aurait-il dans la logique égalitaire 20 % de laissés pour compte ? Il y a là une incohérence, mais la politique aujourd’hui ne se préoccupe guère de cohérence quand le but est de plaire au plus grand nombre, élections obligent !

- Le second point se fonde sur un jeu de mots à partir du latin. Egalité vient de aequalitas. Equilibre se dit aequilibrium et cheval equus (équitation en français). Le latin utilise le terme equitabilis pour signifier ce qui est favorable aux chevauchées de la cavalerie. On ne peut qu’être troublé par la similitude de racine entre ces différents termes. Sans pouvoir l’affirmer avec certitude on peut supposer que ces mots proviennent d’une même racine aequ ou equ. Mais quel rapport me direz-vous entre un cheval et l’égalité républicaine ? Ceux qui pratiquent l’équitation, c'est-à-dire l’art de monter à cheval savent pertinemment que le sens de l’équilibre est important dans cette discipline si l’on ne veut pas tomber de sa selle toutes les dix minutes. Or l’équilibre c’est aussi l’égalité. Si je place sur les plateaux d’une balance deux objets et que ma balance affiche un parfait équilibre, je peux alors affirmer que les deux objets ont le même poids. En mathématiques quand deux valeurs sont identiques on dit qu’elles sont égales. Notons en passant que les objets que j’ai placés dans ma balance peuvent être deux objets différents, ceci est important car égalité ne signifie pas nécessairement identité.


Equitation, équitable, deux termes apparemment sans rapport sauf si l'on sait que tenir sur un cheval en toutes circonstances exige un grand sens de l'équilibre. Ici exercice de charge par les cavaliers de la garde républicaine.

Egalité et justice

L’idéologie républicaine précisément confond deux notions totalement différentes celle d’égalité et celle de justice. Cette confusion est d’ailleurs volontairement entretenue au nom de la duplicité sémantique qui permet de tromper tout le monde. En fait elle prône l’égalité là où il devrait y avoir justice. Nous retrouvons ici l’idée d’équilibre. La balance n’est-elle pas le symbole de la justice ?

Cette duplicité apparaît dès le début de la révolution.

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) pose dès l’article premier le principe de l’égalité des hommes dès leur naissance.

Article premier - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Cette égalité de droits est avant tout une égalité de droit. Or la DDHC précise aussitôt comme pour nuancer ce principe que les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. Le terme bien commun aurait été plus approprié mais sa connotation thomiste donc catholique le disqualifiait aux yeux des membres de l’assemblée constituante.

Or il faut croire que les pères de la déclaration en rédigeant cet article premier ne visaient que les hommes au sens de vir latin (masculin) et non pas au sens homo (espèce humaine sans distinction de sexe). Lorsque les femmes demandèrent la qualité de citoyenne, la Convention les envoya proprement promener. Comme belle atteinte à la justice on ne pouvait faire mieux !

Quand la femme demande qu’elle soit, à activité professionnelle identique, rétribuée à égalité avec les hommes, il s’agit de justice. On ne voit pas pourquoi les femmes auraient un salaire de 30 % inférieur à celui des hommes.

Le drame c’est que le concept d’égalité a cheminé dans les esprits en faisant au passage de lourds dégâts. La où la justice devrait seule prévaloir, on réclame aujourd’hui l’identité parfaite et cela va beaucoup plus loin qu’on ne le pense car la nature même de l’être humain est remise en cause. Rappelons-nous l’image que j’évoquais plus haut, à savoir que deux objets peuvent avoir le même poids sans être pour autant identiques. Qu’y a t-il de commun entre une pomme de 200 grammes et un livre de même poids si ce n’est leur poids précisément ?

Les conséquences calamiteuses

L’égalité mal comprise vient se télescoper avec les effets pervers du système démocratique poussé à l’extrême qui conduit à satisfaire les revendications les plus folles parce qu’il va de la survie politique de l’élu, d’un parti et que cette survie est subordonnée au choix des urnes.

Baccalauréat pour 80 % des élèves, ce qui est, au demeurant, injuste pour les 20 % restants ! A quand les 100 % ?

Refus de la sélection en université. La réforme promise dans ce domaine par le candidat Sarkozy se transforme en mesurette dérisoire par le président Sarkozy, syndicats obligent, moyennant quoi le niveau de nos facultés continuera à s’effondrer et les têtes s’expatrieront à l’étranger pour décrocher les diplômes d’universités prestigieuses. Pendant ce temps nous continueront à produire à la pelle des diplômés en sociologie, en psychologie dont on a que faire tant les débouchés sont fermés, et qui iront alimenter les lourds bataillons de chômeurs de longue durée avant d’accepter, faute de mieux, un emploi sous qualifié.

Parité forcenée dans le monde politique, ce qui conduit les partis politiques à inscrire sur les listes électorales des femmes pas toujours volontaires afin de ne pas être pénalisés. Le critère de sélection des candidats n’est plus la compétence mais le sexe. Beaucoup d’hommes politiques, loin d’être misogynes, s’en plaignent en privé.

Refus de l’élitisme qui est hautement discriminatoire, ce qui conduit à tirer la société vers le bas, ce que l’on appelle communément le nivellement par le bas.

Négation forcenée de la différentiation sexuelle homme – femme. Je vous invite à lire à ce sujet le livre d’Elisabeth Badinter X Y ou l’identité masculine (Il existe dans la collection des livres de poche). Paru en 1992, il annonçait un courant de pensée qui se manifeste de plus en plus selon lequel l’homme et la femme sont identiques et que les critères physiques sont en fait des apparences trompeuses. La véritable identité masculine aurait été falsifiée par la société et ses modes d’éducation. La virilité en tant que critères de masculinité (force, courage, combativité, domination de soi) n’est en fait qu’un acquis culturel, tandis que l’homme vrai ne se distinguerait pas de la femme dont il est issu après les neuf mois de gestation utérine. Cette communauté de vie dans le sein de la mère alliée à la communauté charnelle de la mère allaitant son fils feraient que l’homme est une femme qui s’ignore. Je schématise mais à peine.

Après avoir rappelé que les femmes ont compris ( ?) l’essence de la véritable identité de l’être humain, Elisabeth Badinter, en guise de conclusion, écrit ceci :

« Contrairement à la vielle histoire de la damnation d’Eve, Dieu s’est fait son complice. Non seulement il a enlevé le pouvoir procréateur à Adam pour le donner à sa compagne, mais du même coup, il a accordé aux femmes le privilège de naître d’un ventre du même sexe. Il leur a ainsi épargné tout un travail de différenciation et d’opposition qui marque de façon indélébile le destin masculin. Le père/mère peut atténuer les douleurs de la séparation et faciliter l’acquisition de l’identité masculine, il ne pourra jamais annuler les effets de la fusion originelle ».

Une fois achevée la lecture du livre de madame Badinter, l'homme masculin ne sait plus du tout s'il est homme ou femme. Par contre la femme demeure tout au long de la démonstration parfaitement femme même s'il s'agit d'une virago de la pire espèce.

Je reviendrai ultérieurement sur ce livre très symptomatique de la pensée moderne qui se complaît à brouiller tous les repères.
Je n’insisterai pas sur le travestissement grossier de la Genèse. La procréation (pour l’instant encore) se fait toujours à deux que je sache ! La damnation d’Eve est une nouveauté théologique. Adam et Eve furent chassés de l’Eden, encore que Dieu prit soin de les revêtir de tuniques de peau, montrant ainsi que si la sanction divine doit s’appliquer, le Père des cieux n’en n’est pas moins Père très aimant (Deus caritas est) et plein d’attention pour sa création.

Refermons cette parenthèse sur cette lecture de la Bible dont je laisse volontiers la paternité…pardon, la maternité à Elisabeth Badinter. Nous voyons se conjuguer dans la négation de la dualité homme – femme l’application du principe d’égalité qui va jusqu’à nier le réel. A cet égard nous baignons une fois de plus dans la philosophie idéaliste. Ne nous en étonnons pas. La révolution est née des « Lumières » et notre société reconstruit l’homme au gré de ses passions et de ses pulsions au mépris de l’ordre naturel voulu par le Créateur. Au moins, nous savons à quoi nous attendre et nous ne serons pas surpris des résultats nés d’une pensée totalement déconnectée du réel. Prions le Ciel que le prix à en payer ne soit pas trop lourd !

La trilogie républicaine Partie 3

La fraternité

Troisième et dernier volet de la trilogie républicaine, la fraternité est certainement la plus difficile à se laisser dévoiler dans son acception laïciste et républicaine.

En effet, quelle femme, quel homme oserait mettre en cause ce principe ? Il est évident qu’il constitue le ciment de l’humanité, de toute société humaine sans lequel il n’y aurait point de vie organisée possible.

Antoine Furetière dans son dictionnaire de la fin du XVIIème siècle définit la fraternité comme l’intelligence, l’union entre deux frères, deux amis, deux compagnies.

Le dictionnaire Quillet (édition de 1963) fait également référence au lien de parenté entre frères et soeurs.

Le terme même de frère est riche de signification. Sont frères les enfants issus d’un même père, et du sein d’une même mère. Il évoque donc un lien charnel, naturel, indéfectible. Nous sommes frères et sœurs pour toujours, même si, comme cela arrive trop souvent dans les familles, les liens se distendent en raison d’obscures querelles.

La fraternité est donc une valeur précieuse qu’il convient à tout prix d’inculquer et de développer chez nos enfants car elle fonde une solidarité sans faille, une aide et assistance mutuelles et peut même atteindre l’héroïcité des vertus par le don total de soi.

Cette fraternité nous la connaissons dans l’Eglise catholique. Elle porte un nom : la charité ou l'Amour du prochain. Ainsi, Mère Térésa et ses sœurs témoignèrent largement de ce sens de la fraternité et plus loin de nous saint Vincent de Paul. Mais il existe des exemples cachés de fraternité. L’Eglise catholique n’est d’ailleurs pas la seule à se consacrer à cette œuvre de charité, rebaptisée de nos jours œuvre caritative, charité ayant une connotation bien trop catholique. Bien d’autres la pratiquent mais nous verrons quelles sont les limites d’une fraternité hors du Christ.

Saint Vincent de Paul, né en 1581, mort en 1660 et canonisé en 1737. Il fonda notamment la congrégation des Filles de la Charité, ou Soeurs de Saint Vincent de Paul, célèbres pour leur fameuse cornette.

Sainte Catherine Labouré, la plus connue des Filles de la Charité, à qui la Vierge Marie apparut à la chapelle de la rue du Bac à Paris en 1830. Elle fut à l'origine de la Médaille miraculeuse répandue ans le monde à des millions d'exemplaires.

La fraternité républicaine

Quelle fraternité nous propose donc l’idéologie républicaine ? Celle que je viens de décrire ? Avant de répondre à cette question, observons, comme nous l’avons fait pour liberté et égalité, que les principes de liberté et de fraternité s’excluent. En effet, la liberté au sens des droits de l’Homme sans Dieu conduit, a minima, au communautarisme et au pire à l’individualisme forcené.

La fraternité sans Dieu devient un monstre froid dans la république laïque. Les premiers à en faire les frais seront les ouvriers et les entrepreneurs avec la loi d’Isaac Le Chapelier de juin 1791 qui interdit toute corporation professionnelle, notamment le compagnonnage, au nom de la liberté d’entreprendre.

Art. 1 : L'anéantissement de toutes espèces de corporations des citoyens du même état ou profession étant une des bases fondamentales de la constitution française, il est défendu de les rétablir de fait, sous quelque prétexte et quelque forme que ce soit.

Le résultat de cette mesure se traduisit lors de la révolution industrielle par l’apparition d’une masse ouvrière sans défense et sans protection sociale face aux patrons des manufactures, issus de la bourgeoisie voltairienne, dont le seul souci était de réaliser les plus gros profits sur le dos des ouvriers payés avec des salaires dérisoires. Il s’ensuivit une effroyable misère dans ce qui fut le prolétariat qui sera à l’origine de violentes révolutions et qui fit le lit des mouvements révolutionnaires et anarchistes.

Les révoltes des canuts de Lyon en 1831, 1834 et 1848 sont la conséquence de l’extrême paupérisation qui poussera les ouvriers de la Croix-Rousse à l’insurrection.

Il est révélateur d’observer que depuis 1789 la France a vécu une succession rapprochée de troubles majeurs faits d’émeutes, de révolutions de guerres civiles et de guerres tout court :

La grande révolution et la Terreur
Le coup d’état du 18 brumaire
Les guerres napoléoniennes
La révolution de 1830
La révolution de 1848.
Le coup d’état du 2 décembre 1851
La Commune de Paris en 1870.
La lutte contre l’Eglise catholique fin XIXème et début du XXème siècle
La Ière guerre mondiale
Le front populaire
La IIème guerre mondiale
L’effondrement de juin 1940 et la formation de l’Etat de Vichy
L’épuration de 1944 ou une guerre qui en cache une autre
Le putsch l’Alger en 1961
La révolution « culturelle » de mai 1968

En guise de fraternité on peut faire nettement mieux. La république fraternelle, quant à elle, engendre une triple division :

Une division économique

Elle est à l’origine des graves conflits sociaux des XIXème et XXème siècles avec développement du capitalisme sauvage et ses conséquences : anarchisme et communisme. Le libéralisme d’aujourd’hui n’est guère meilleur car son vrai visage est en partie masqué par l’intervention de l’Etat dans le domaine social. D’où la fracture sociale chère à Jacques Chirac, bon thème support de sa campagne présidentielle, mais dont il ne s’est guère occupé par la suite.

Une division sociologique

Elle se concrétise aujourd’hui par le morcellement de la France : morcellement ethnique lié à une immigration encouragée ou acceptée par la majorité de nos politiciens, morcellement sexuel avec la montée du féminisme, version revue et corrigée de la lutte des classes, qui oppose de manière très conflictuelle les hommes aux femmes auquel s’ajoute le combat du « troisième sexe », celui du monde homosexuel revendicatif. Morcellement encore par la montée d’une discrimination anti-française en application du principe de discrimination positive qui est un non - sens sur le plan de la justice sociale et une forme de ségrégation inversée à raison de l’origine ethnique.

Une division politique.

La France ne s’est vraiment jamais remise de 1789 qui a profondément divisé le pays en deux. Cette division reste très vivante quoi qu’on en pense, même si la « droite » s’est ralliée à l’idéologie de gauche surtout pour mettre en œuvre son libéralisme économique. Mais droite et gauche sont deux alliés objectifs pour pouvoir survivre. Elles se nourrissent et vivent de leur opposition. On le voit avec la politique menée par Nicolas Sarkozy qui, en faisant appel à des hommes de gauche, déstabilise un peu plus le parti socialiste.

En fait la fraternité républicaine ou révolutionnaire ne s’entend que comme une union pour reprendre la définition de Furetière, contre les valeurs traditionnelles défendues par l’Eglise. Elle est, d’ailleurs, plus une fraternité de circonstance qu’une réelle solidarité de cœur. Nous en avons pour preuve les pages hautement édifiantes de la Terreur, où après avoir éliminé tous ceux qui gênaient peu ou prou la marche folle de la révolution, les enfants de Voltaire, Rousseau et consorts se livrèrent entre eux à un combat acharné auquel peu survécurent. Heureusement que les « Lumières » étaient passées par là auparavant car on peut se demander ce qu’il serait advenu de notre pays.

Une observation tirée du dernier livre de Benoît XVI, Jésus de Nazareth – Joseph Ratzinger Benoît XVI, s’applique, on ne peut mieux, à notre réflexion d’aujourd’hui.

Méditant sur la première tentation de Jésus au désert qui vit le démon inciter le Christ à transformer les pierres en pain, le pape écrit ceci :

« Les aides des pays de l’Occident aux pays en voie de développement, fondées sur des principes purement techniques et matériels qui, non seulement ont laissé Dieu de côté, mais ont encore éloignés les hommes de Dieu par l’orgueil de leur prétendu savoir, ont fait du Tiers Monde le Tiers Monde au sens moderne. De telles aides ont écarté les structures religieuses morales et sociales existantes et ont introduit leur mentalité techniciste dans le vide ainsi créé. Elles croyaient transformer les pierres en pain, mais elles ont donné des pierres à la place du pain. »

Notre république en deux siècles a produit beaucoup de pierres mais peu de pain.

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MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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