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Le drame de la fin des temps

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Message par MichelT Mer 11 Mai 2011 - 18:59

tiré du site Salve Regina, site catholique très complet.


Théologie
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Le drame de la fin des temps


par le P. Emmanuel

Article extrait de la revue « Itinéraires » n° 289, 290 et 292 de 1985

Ces articles reprennent une suite d’articles publiés dans le bulletin N-D de la Sainte Espérance



Premier article (mars 1885)

I. – Nous avons considéré l’Église dans le passé et dans le présent ; il nous reste à la contempler dans l’avenir.

Dieu a voulu que les destinées de l’Église de son Fils unique fussent tracées d’avance dans les Écritures, comme l’avaient été celles de son Fils lui-même ; c’est là que nous irons chercher les documents de notre travail.

L’Église, devant être en tout semblable à Notre Seigneur, subira, avant la fin du monde, une épreuve suprême qui sera une vraie Passion. Ce sont les détails de cette Passion, en laquelle l’Église fera voir toute l’immensité de son amour pour son divin Époux, qui se trouvent consignés dans les écrits inspirés de l’Ancien Testament et du Nouveau. Nous les ferons passer sous les yeux de nos lecteurs.

Nous n’avons l’intention d’épouvanter personne, en trai¬tant un semblable sujet. Nous dirons plus : il nous semble renfermer, à côté de grands enseignements, de grandes conso¬lations.

II. – C’est assurément un triste spectacle que de voir l’huma¬nité, séduite et affolée par l’esprit du mal, tenter d’étouffer et d’anéantir l’Église sa mère et sa tutrice divine. Mais de ce spectacle sort une lumière qui nous fait apparaître l’histoire tout entière sous son vrai jour.

L’homme s’agite sur la terre ; mais il est mené par des puissances qui ne sont pas de la terre. A la surface de l’his¬toire, l’œil saisit des bouleversements d’empires, des civilisa¬tions qui se font et qui se défont. En dessous, la foi nous fait suivre le grand antagonisme entre Satan et Notre Sei¬gneur ; elle nous fait assister aux ruses et aux violences de l’Esprit immonde, pour rentrer dans la maison de laquelle l’a expulsé Jésus-Christ. A la fin, il y rentrera, et il voudra éliminer Notre Seigneur. Alors les voiles seront déchirés, le surnaturel éclatera partout ; il n’y aura plus de politique proprement dite ; un drame exclusivement religieux se déve¬loppera et enveloppera l’univers entier.

On peut se demander pourquoi les péripéties de ce drame sont décrites si minutieusement par les écrivains sacrés, alors qu’il n’occupera que peu d’années ? C’est qu’il sera la conclu¬sion de toute l’histoire de l’Église et du genre humain ; c’est qu’il fera ressortir, avec un éclat suprême, le caractère divin de l’Église.

Toutes ces prophéties ont d’ailleurs pour but incontesta¬ble de fortifier l’âme des croyants dans les jours de la grande épreuve. Toutes les secousses, toutes les épouvantes, toutes les séductions qui viendront les assaillir, ayant été si exactement prédites, formeront autant d’arguments en faveur de la foi combattue et proscrite. Elle s’affermira en eux, précisément par ce qui devrait la détruire.

Mais nous avons nous-mêmes de grands fruits à retirer de la considération de ces événements étranges et redouta¬bles. Après en avoir parlé, Notre Seigneur dit à ses disciples : Veillez donc et priez, pour que vous soyez trouvés dignes de fuir ces choses qui surviendront dans (avenir, et de vous tenir debout en présence du Fils de l’homme. (Luc, XXI, 36.)

Ainsi donc, l’annonce de ces événements est un solennel avertissement donné au monde : Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation. (Matt., XXVI, 41.)

Vous ne savez pas quand ces choses arriveront : veillez et priez, pour ne pas être surpris.

Vous savez que dès maintenant la séduction agit sur les âmes, que le mystère d’iniquité fait son œuvre, que la foi est réputée un opprobre (s. Grég.) ; veillez et priez, pour conser¬ver la foi.

Voici l’heure de la nuit, l’heure de la puissance des ténè¬bres : veillez afin que votre lampe ne s’éteigne pas, priez afin que l’engourdissement et le sommeil ne vous gagnent pas.

Mais plutôt levez vos têtes vers le ciel ; car l’heure de la rédemption approche, car les premières lueurs de l’aube blanchissent déjà la nuit. (Luc, XXI, 28.)

III. – Après avoir parlé des enseignements, disons un mot des consolations.

Jamais on n’aura vu le mal plus déchaîné ; et en même temps plus contenu dans la main de Dieu.

L’Église, comme Notre Seigneur, sera livrée sans défense aux bourreaux qui la crucifieront dans tous ses membres ; mais il ne sera pas permis de lui briser les os, qui sont les élus, pas plus qu’à l’agneau pascal étendu sur la croix.

L’épreuve sera limitée, abrégée à cause des élus ; et les élus seront sauvés ; et les élus, ce seront tous les vrais humbles.

Enfin l’épreuve se terminera par un triomphe inouï de l’Église, comparable à une résurrection.

Dans ces temps-là, et même parmi les préludes de la crise suprême, elle verra se convertir les restes des nations. Mais sa plus vive consolation sera le retour des juifs.

Les juifs se convertiront, soit avant soit durant le triom¬phe de l’Église ; et saint Paul, qui annonce ce grand événe¬ment, ne se tient pas de joie en en contemplant les suites.

On le voit, la parole des Psaumes peut s’appliquer ici à l’Église : Suivant la multitude des afflictions qui ont rempli mon cœur, vos consolations, Seigneur, ont réjoui mon âme.



Deuxième article (avril 1885)

Les signes avant-coureurs
I. – La question de la fin du monde a été agitée dès l’origine de l’Église. Saint Paul avait donné sur ce sujet de précieux enseignements aux chrétiens de Thessalonique ; et comme, malgré ses instructions orales, les esprits ne laissaient pas d’être inquiétés par des prédictions et des rumeurs sans fon¬dement, il leur adresse une lettre très grave pour calmer ces inquiétudes.

« Nous vous en prions avec instance, leur dit-il, mes frères, ne vous laissez pas ébranler dans vos résolutions, ni effrayer légèrement, soit par quelque vision, soit par quelque bruit, soit par une lettre qu’on supposerait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était proche. »

« Que personne ne vous trompe en aucune façon ! Car il faut auparavant que vienne l’apostasie, et que se révèle l’homme de péché, le fils de perdition… »

« Ne vous rappelez-vous pas que, tandis que j’étais auprès de vous, je vous disais ces choses ? »

« Et maintenant vous savez ce qui empêche qu’il ne se révèle. Car le mystère d’iniquité fait déjà son œuvre. Que celui qui tient tienne bon, en attendant qu’il soit mis de côté. » (2 Thes., II, 1, 6.)

Ainsi la fin du monde n’arrivera pas, sans que se révèle un homme effroyablement méchant et impie, que saint Paul qualifie en l’appelant l’homme de péché, le fils de perdition. Et celui-ci à son tour ne se manifestera qu’après une aposta¬sie générale, et après la disparition d’un obstacle providentiel sur lequel l’Apôtre avait renseigné de vive voix ses fidèles.

II. – De quelle apostasie saint Paul veut-il parler ? Il ne s’agit pas d’une défection partielle ; car il dit d’une manière abso¬lue, l’apostasie. On ne peut l’entendre, hélas ! que de l’apos¬tasie en masse des sociétés chrétiennes, qui socialement et civilement renieront leur baptême ; de la défection de ces nations que Jésus-Christ, suivant l’énergique expression de saint Paul, a rendues Con-corporelles à son Église. (Eph., III, 6.) Seule, cette apostasie rendra possible la manifestation, et la domination de l’ennemi personnel de Jésus-Christ, en un mot de l’Antéchrist.

Notre Seigneur a dit : Pensez-vous que le Fils de l’hom¬me, à sa venue, trouvera la foi sur la terre ? (Luc, XVIII, 8.) Le divin Maître voyait la foi décliner, dans le monde vieillis¬sant. Ce n’est pas que les vents du siècle puissent faire vacil¬ler cet inextinguible flambeau, mais les sociétés, enivrées du bien-être matériel, le repoussent comme importun.

Tournant le dos à la foi, le monde s’en va dans les ténèbres, et il devient le jouet des illusions du mensonge. Il prend pour des lumières de trompeurs météores. Il irait jus-qu’à prendre pour les premiers feux du jour les rougeurs de l’incendie.

Reniant Jésus-Christ, il faut qu’il tombe bon gré mal gré dans les griffes de Satan si bien nommé le prince des ténè¬bres. Il ne peut rester neutre ; il ne peut se créer une indé¬pendance. Son apostasie le met directement sous la puis¬sance du diable et de ses suppôts.

Le docte Estius, étudiant le texte de l’Apôtre, dit que cette apostasie a commencé en Luther et en Calvin. C’est le point de départ. Depuis elle a fait un chemin effrayant. Aujourd’hui elle tend à se consommer. Elle s’appelle la Révolution, qui est l’insurrection de l’homme contre Dieu et son Christ. Elle a pour formule le laïcisme, qui est l’élimina¬tion de Dieu et de son Christ.

C’est ainsi que nous voyons les sociétés secrètes, inves¬ties de la puissance publique, s’acharner à déchristianiser la France, en lui enlevant un à un tous les éléments surnaturels dont quinze siècles de foi l’avaient imprégnée. Ces sectaires n’ont qu’un but : sceller l’apostasie définitive, et préparer les voies à l’homme de péché.

Il appartient aux chrétiens de réagir, de toutes les éner¬gies dont ils disposent, contre cette œuvre abominable ; et pour cela de faire rentrer Jésus-Christ dans la vie privée et publique, dans les mœurs et dans les lois, dans l’éducation et dans l’instruction. Il y a longtemps, hélas ! qu’en tout cela Notre Seigneur n’est plus ce qu’il devrait être, à savoir tout. Il y a longtemps que règne une demi-apostasie. Com¬ment par exemple, depuis que l’instruction est paganisée, aurions-nous pu former autre chose que des demi-chrétiens ?

En travaillant dans le sens directement opposé à la Franc-Maçonnerie, les chrétiens retarderont l’avènement de l’hom¬me de péché ; ils ménageront à l’Église la paix et l’indépendance dont elle a besoin, pour saisir et convertir le monde qui s’ouvre devant elle.

Toute la lutte de l’heure présente est donc concentrée là : laisserons-nous, oui ou non, nous baptisés, se consom¬mer l’apostasie qui amènera à bref délai l’Antéchrist ?

III. – L’Apôtre parle, en termes pour nous énigmatiques, d’un obstacle qui s’oppose à l’apparition de l’homme de péché « Que celui qui tient, dit-il, tienne bon, jusqu’à ce qu’il soit mis de côté. »

Par ce tenant, les plus anciens Pères grecs et latins entendent presque unanimement l’empire romain. Conséquem¬ment ils expliquent ainsi saint Paul : Tant que subsistera l’empire romain, l’Antéchrist ne paraîtra pas.

Des interprètes plus récents répugnent à cette glose ; ils n’admettent pas que le sort de l’Église semble lié à celui d’un empire ; mais ils cherchent vainement une autre expli¬cation qui soit satisfaisante.

Nous avouons ingénument que la pensée des anciens interprètes ne nous paraît pas si méprisable, pourvu que nous l’entendions avec une certaine ampleur.

Remarquons que saint Paul, en annonçant aux fidèles une apostasie alors que la conversion du monde était à peine ébauchée, avait dû leur donner une vue de tout l’ave¬nir de l’Église. Il leur avait fait connaître que les nations se convertiraient, qu’il se formerait des sociétés chrétiennes, puis que ces sociétés perdraient la foi. Il leur avait montré sans aucun doute l’empire romain transformé, un pouvoir chrétien surgissant à la place d’un pouvoir païen, l’autorité des Césars passant à des mains baptisées qui s’en serviraient pour étendre le royaume de Jésus-Christ. Et il avait pu dès lors ajouter : Tant que durera cet état de choses, soyez tranquilles, l’Antéchrist ne paraîtra pas.

Le sens de l’Apôtre, entendu largement, serait donc celui-ci : Tant que la domination du monde restera entre les mains baptisées de la race latine, l’ennemi de Jésus-Christ ne se montrera pas.

Remarquons, comme corollaire de cette interprétation, que les francs-maçons s’opposent avant tout et par-dessus tout à la restauration du pouvoir chrétien. Qu’un prince s’annonce comme chrétien, tous les moyens sont mis en œuvre pour se débarrasser de lui. C’est ce qu’il ne faut à aucun prix ([1]).

Donc le pouvoir politique chrétien est ce qui empêche¬rait la secte d’arriver à son but.

D’un autre côté, les races latines sont vouées à exercer dans le monde une influence catholique, ou bien à abdiquer. Leur mission est de servir à la diffusion de l’Évangile ; et leur existence politique est liée à cette mission. Du jour où elles y renonceraient par l’apostasie complète, elles seraient annihilées ; et l’Antéchrist, surgissant probablement en Orient, les foulerait facilement aux pieds ([2]).

Ici encore il incombe aux chrétiens d’agir sur l’esprit public, de faire reprendre aux gouvernements les traditions chrétiennes, en dehors desquelles il n’y a que décadence pour les nations européennes et spécialement pour notre pauvre patrie.



Troisième article (mai 1885)

L’homme de péché
I. – Il est dans les choses possibles, bien que l’apostasie soit fort avancée, que les chrétiens, par un effort généreux, fas¬sent reculer les meneurs de la déchristianisation à outrance, – et procurent ainsi à l’Église des jours de consolation et de paix avant la grande épreuve. Ce résultat, nous l’espérons, non pas des hommes, mais de Dieu, non tant des efforts que des prières.

Dans cet ordre d’idées, quelques pieux auteurs attendent, après la crise présente, un triomphe de l’Église, quelque chose comme un jour des Rameaux, dans lequel cette Mère serait saluée par les longs cris d’amour des fils de Jacob, réunis aux nations dans l’unité d’une même foi. Nous nous associons volontiers à ces espérances, qui visent un fait for¬mellement annoncé par les prophètes, et dont nous reparle¬rons en son lieu.

Quoi qu’il en soit, ce triomphe, si Dieu nous l’accorde, ne sera pas de longue durée. Les ennemis de l’Église, un moment étourdis, reprendront leur œuvre satanique avec un redoublement de haine. On peut se représenter l’état de l’Église alors, comme tout semblable à l’état de Notre Sei¬gneur durant les jours qui ont précédé sa Passion.

Le monde sera profondément agité, comme l’était le peuple juif rassemblé pour les fêtes pascales. Il y aura des rumeurs immenses, chacun parlant de l’Église, les uns pour dire elle est divine, les autres elle ne l’est pas. Elle sera en butte aux attaques les plus insidieuses de la libre-pensée ; mais jamais elle n’aura mieux réduit au silence ses contra¬dicteurs, en pulvérisant leurs sophismes.

Bref, le monde sera mis en face de la vérité ; il sera frappé en plein visage par le rayonnement divin de l’Église mais il détournera la tête, et dira : Je n’en veux pas !

Ce mépris de la vérité, cet abus des grâces amèneront la révélation de l’homme de péché. L’humanité aura voulu ce maître immonde : elle l’aura. Et par lui se produira une séduction d’iniquité, une efficace d’erreur (c’est ainsi que Bossuet traduit saint Paul) qui punira les hommes d’avoir rejeté et haï la Vérité.

En parlant ainsi, nous ne faisons pas d’imagination, nous suivons l’Apôtre. D’après lui, en effet, toute séduction d’iniquité agira « sur ceux qui périssent, comme n’ayant pas reçu l’amour de la Vérité qui les eût sauvés. C’est pour cette raison que Dieu leur enverra une efficace d’erreur, afin qu’ils croient au mensonge ; et ainsi seront jugés ceux qui n’auront pas cru à la vérité, mais qui auront consenti à l’iniquité ». (2 Thes., II, 11, 12.)

II. – Quand l’homme de péché paraîtra, ce sera donc, comme dit saint Paul, en son temps ; c’est-à-dire à un moment où le corps des méchants, endurci contre les traits de la grâce, rendu compact et intraitable par l’obstination de sa malice, réclamera cette tête.

Elle surgira, et Satan fera éclater en elle toute l’étendue de sa haine contre Dieu et les hommes.

L’homme de péché, l’Antéchrist, sera un homme, un simple voyageur vers l’éternité. Quelques auteurs ont soup¬çonné en lui une incarnation du démon ; cette imagination est sans fondement. Le diable n’a pas la puissance de pren¬dre et de s’unir la nature humaine, de singer l’adorable mys¬tère de l’Incarnation du Verbe.

Les Pères pensent unanimement qu’il sera juif d’origine. Ils ajoutent même qu’il sera de la tribu de Dan, se fondant sur ce que cette tribu n’est pas nommée dans l’Apocalypse comme fournissant des élus au Seigneur. Saint Augustin fait écho à cette tradition, dans son livre des Questions sur Josué. Elle est rendue fort vraisemblable par ce fait que la franc-maçonnerie est d’origine juive, que les juifs en tien¬nent les fils dans le monde entier ; ce qui donne à croire que le chef de l’empire antichrétien sera un juif. Les juifs, d’ailleurs qui ne veulent pas reconnaître Jésus-Christ, atten¬dent toujours leur Messie. Notre Seigneur leur disait : Je suis venu au nom de mon Père et vous ne me recevez pas : si un autre vient en son nom propre, vous le recevrez. (Joan., V, 43.) Par cet autre, les Pères entendent communément l’Antéchrist.

Quoique l’Antéchrist soit nommé l’homme de péché, le fils de perdition, il ne faut pas croire qu’il sera voué au mal, comme fatalement et irrémissiblement. Il recevra des grâces, il connaîtra la vérité, il aura un ange gardien. Il sera mis en voie de parvenir au salut, il ne se perdra que par sa faute. Toutefois saint Jean Damascène n’hésite pas à dire qu’il sera, dès sa naissance impure, tout imprégné des souffles de Satan. Et il est à croire que, dès l’âge de raison, il entrera en rapports si constants et si étroits avec l’esprit des ténè¬bres, il se portera au mal avec une telle opiniâtreté, qu’il ne laissera pénétrer dans son âme aucune lumière surnaturelle, aucune grâce d’en haut. Il restera immuablement rebelle à tout bien.

C’est ce qui lui vaudra le nom d’homme de péché. Il poussera le péché à son comble, en ne faisant de toute sa vie qu’un long acte de révolte contre Dieu ; par cette cons-tante application au mal, il atteindra un raffinement d’im¬piété auquel aucun homme n’est jamais parvenu.

La qualification de fils de perdition, qui lui est commune avec Judas, veut dire que sa perte éternelle est prévue de Dieu, voulue de Dieu, en punition de son épouvantable malice, à ce point qu’elle est inscrite dans les Écritures et comme enregistrée d’avance. Il est probable – et c’est la pensée de saint Grégoire – que le monstre connaîtra, à une lumière sortie des gouffres de l’enfer, le sort qui l’attend, qu’il renoncera à toute espérance pour haïr Dieu plus à son aise, qu’il se fixera dès cette vie dans l’irrémédiable obstina¬tion des damnés. Et il réalisera ainsi le nom terrible de fils de perdition.

Il sera de la sorte vraiment l’Antéchrist, à savoir l’anti¬pode de Notre Seigneur. Jésus-Christ était élevé au-dessus des atteintes du péché ; lui se mettra en dehors des atteintes de la grâce, par un abandon de tout son être à l’esprit du mal. Jésus-Christ se portait à son Père de tous les élans d’une nature divinisée et soustraite aux influences mauvai¬ses : lui se portera au mal de tous les élans d’une nature profondément viciée et qui renoncera même à l’espérance.

III. – Étant ainsi diamétralement opposé à Notre Seigneur, il fera des œuvres en opposition directe avec les siennes.

Il sera pour Satan un organe de choix, un instrument de prédilection.

De même que Dieu, envoyant son Fils au monde, l’a revêtu de la puissance de faire des miracles, et même de rendre la vie aux morts, ainsi Satan, passant un pacte avec l’homme de péché, lui communiquera le pouvoir de faire de faux miracles. C’est pourquoi saint Paul dit que « son avè¬nement aura lieu suivant l’opération de Satan, avec déploie¬ment de puissance, de signes et de prodiges menteurs ». Notre Seigneur n’a fait que des miracles de bonté, il a refusé de faire des prodiges de pure ostentation ; l’Antéchrist s’y com¬plaira, et les peuples, par un juste jugement de Dieu, se lais¬seront prendre à ses jongleries.

Il est clair, d’après ce qui précède, que l’Antéchrist se présentera au monde comme le type le plus complet de ces faux prophètes qui fanatisent les masses, et qui les entraî¬nent à tous les excès sous le prétexte d’une réforme reli¬gieuse. A ce point de vue, Mahomet semble être son vrai précurseur. Mais il le dépassera immédiatement en scéléra¬tesse, en habileté, comme aussi par la plénitude de son pou¬voir satanique.

Nous étudierons dans un prochain article les origines et les développements de sa puissance, ainsi que les phases de la guerre d’extermination qu’il déchaînera contre l’Église de Jésus-Christ.




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[1] – (1) Le P. Deschamps donne de curieux détails sur la haine vivace que la franc-maçonnerie porte aux représentants du pouvoir chrétien. En une certaine épreuve, l’initié reçoit cette devise énigmatique : L. D. P. Or cette devise est à double sens. Dans le premier, elle signifie : Liberté de penser. C’est la révolte contre Dieu. Dans le second : Lilia destrue pedibus. Foule aux pieds les lis : c’est le renversement des monarchies chrétiennes

[2] – (2) C’est la tradition des premiers âges de l’Église, consignée dans Lactance, qu’un jour l’empire du monde retournera en Asie : Imperium in Asiam revertetur.

[3] – (1) Ce passage, d’ailleurs, se rapporte peut-être à des temps antérieurs à ceux de l’Antéchrist. (Cornelius a Lapide.)

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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Message par Francesco Jeu 12 Mai 2011 - 19:32

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