Sédévacantistes, l'absence de Pape est impossible !
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Sédévacantistes, l'absence de Pape est impossible !
L’absence de Pape est impossible !
2 février 2011
« Si donc quelqu’un dit
que ce n’est pas de droit divin que saint Pierre a,
et pour toujours,
des successeurs dans sa primauté sur l’Eglise universelle,
qu’il soit anathème. »
Pastor Aeternus, Vatican I.
L’origine du pouvoir pontifical, beaucoup l’oublient, notamment les schismatiques sédévacantistes, vient directement de Dieu qui a donné au Pape la souveraineté universelle, absolue, la suprême puissance non seulement dans l’ordre spirituel, mais encore dans l’ordre temporel, soumettant les princes de ce monde à l’autorité de celui qui est le Vicaire de Jésus-Christ, Roi spirituel et successeur de saint Pierre, faisant de l’Eglise une vraie et pure monarchie d’origine divine.
Si l’on ne se contente pas d’une ecclésiologie étroitement limitée au droit canonique disciplinaire et à l’horizon bornée de la bulle de Paul IV – définitivement abrogée par Pie XII (cf. Vacantis Apostolicae Sedis) – mais que l’on examine véritablement, et avec une attention exigeante, la nature du principe de la souveraineté pontificale, on est alors capable de percevoir en quoi l’Eglise tout entière est fondée, constituée, édifiée sur le « droit divin » du Pape, droit devant lequel tous les autres droits, sans exception aucune, et notamment le droit disciplinaire, s’effacent absolument.
I. Le Pape est un monarque de « droit divin »
En effet, le Christ, dans sa sagesse, en confiant à Pierre l’autorité (Matthieu XVI, 17-19), a institué une monarchie absolue comme forme de gouvernement de son Eglise, et cette monarchie établie par Jésus-Christ, nul ne peut la contester ou s’y opposer sous aucun prétexte, c’est une loi sacrée instituée divinement. C’est ce que rappellera le cardinal Cajetan (1469-1534), héritier d’une longue tradition de théoriciens du « droit divin » [1], face à Martin Luther (1483-1546) qui, méprisant la tradition établie par le Christ, voulut s’écarter de Rome en allant jusqu’au schisme. Mgr Sauvé, théologien pontifical et consulteur de la Sainte congrégation de l’Index, explique très bien en quoi le Pape est de « droit divin », en ce sens qu’il exerce un pouvoir « absolu » qui ne dépend ni ne relève d’aucune autorité ecclésiastique et évidemment encore moins d’un pouvoir temporel, commandant tous les fidèles et l’ensemble des clercs.
Le Pape est le dépositaire visible
de la puissance spirituelle du Christ :
c’est à lui que Notre-Seigneur a donné
les clefs de son royaume
Il écrira, au sujet du droit divin du pape, ces lignes importantes :
« Notre-Seigneur a préféré pour son Eglise la forme monarchique aux autres formes de gouvernement. Tant qu’il est resté sur cette terre, le Christ a été le chef unique, le monarque visible, comme homme, et invisible, comme Dieu, de l’Eglise fondée par lui. Depuis sa glorieuse ascension, il n’a pas cessé d’en être le roi invisible et de verser sur elle ses célestes influences; mais en emportant au ciel sa chair glorifiée, il a dû laisser à sa place quelqu’un qui tînt les rênes du gouvernement visible de la société chrétienne. Ce quelqu’un, qui est son lieutenant, son vicaire, c’est le Pape, fondement, tête et centre de l’Eglise. Le Pape est donc le dépositaire visible de la puissance spirituelle du Christ : c’est lui que le divin Sauveur a établi, dans la personne de saint Pierre, le fondement, la base, la pierre angulaire de la société des croyants; c’est à lui que Notre-Seigneur a donné les clefs de son royaume, c’est-à-dire la souveraine puissance; c’est lui qu’il a établi le pasteur suprême de son troupeau. (…)…monarque suprême et n’ayant ni égal, ni associé dans sa souveraineté, le Pape donc est le suprême monarque de l’Eglise, investi par Dieu du droit de la gouverner d’une façon souveraine et indépendante de qui que ce soit ici-bas. » (Mgr Sauvé, Le Pape, Son Autorité suprême – Son Magistère infaillible, Chailland, Berche & Tralin, 1890, pp. IV-VI).
C’est cette vérité, insistant sur le fait que nul ne peut juger le Siège apostolique pour quelque motif, aussi convainquant ou évident puise-t-il apparaître, que rappelle solennellement le concile de Vatican I :
« Le droit divin de la primauté apostolique place le Pontife romain au-dessus de toute l’Église. […] Le jugement du Siège apostolique, auquel aucune autorité n’est supérieure, ne doit être remis en question par personne, et personne n’a le droit de juger ses décisions. C’est pourquoi ceux qui affirment qu’il est permis d’en appeler des jugements du Pontife romain au concile œcuménique comme à une autorité supérieure à ce Pontife, s’écartent du chemin de la vérité. » (Pastor Aeternus, 1870).
II. N’y avait-il pas de Papes lors du concile Vatican II ?
Pourtant M. l’abbé Belmont, curieusement inspiré, cherchant à démontrer que le concile Vatican II n’est pas infaillible – ce qui est bien le cas puisque n’ayant tout simplement pas voulu faire usage de son pouvoir d’infaillibilité [2] – soutient par un étrange raisonnement relativement spécieux, que ce concile ne pouvait être infaillible du fait qu’il n’y avait pas de Pontife pour le présider, ceci laissant sous-entendre évidemment que Jean XXIII puis Paul VI, n’auraient pas été Papes lors des sessions conciliaires.
L’Eglise stipule de façon catégorique
qu’un Pontife légitimement élu,
ne peut perdre sa charge.
Il est évident qu’une telle thèse, absurde et surtout en contradiction profonde d’avec la doctrine séculaire de l’Eglise, doctrine qui stipule de façon catégorique qu’un Pontife légitimement élu ne peut perdre sa charge et que nul en ce monde n’a autorité pour le faire, est absolument irrecevable car participant, une fois encore, hélas ! comme il est devenu habituel au sein du courant affirmant la vacance du Saint Siège, d’une logique apriorique qui est à la fois inexacte et contraire à la raison.
La méthode fautive de l’abbé Belmont, d’ailleurs constamment reproduite par les thèses sédévacantistes, repose sur « l’induction » qui est une supposition gratuite purement hypothétique (le Pape est déposé parce qu’hérétique), s’appuyant sur un mécanisme hautement syllogistique. La logique inductive, comme on le sait, consiste à poser comme vrais des axiomes arbitraires (le Pape n’est plus Pape car hérétique), sur la base desquels on élabore ensuite des raisonnements par déduction (si le Pape n’est plus Pape, il n’y avait pas de Pape pour présider au déroulement du concile), tordant la réalité à des vues subjectives.
C’est donc par l’effet d’un pur syllogisme directement issu de l’hérésie de Huss, reproduit à merveille par l’abbé Belmont, et, à sa suite tous les sédévacantistes, que reposent la conviction des partisans de la vacance du Saint-Siège :
Le Pape est hérétique ;
Les hérétique ne peuvent être Papes ,
donc les Papes depuis Vatican II ne sont pas Papes.
Ainsi à des prémisses inexactes, arbitraires, et dont la preuve manque (le Pape est hérétique), on aboutit inévitablement à une conclusion fausse. On en revient toujours à cette évidence : les sédévacantistes affirment ce qui reste à démontrer, à savoir que le Pape ait perdu sa charge pour cause d’hérésie [3].
Les sédévacantistes affirment
ce qui reste à démontrer,
à savoir que le Pape ait perdu sa charge
pour cause d’hérésie
Or, précisément, ce qui ne semble pas surgir à l’esprit de l’abbé, et qui relève pourtant de l’évidence, c’est que ce n’est pas à l’aide d’un raisonnement, ayant même l’apparence de la logique, que l’on peut déclarer déposer ou déchu de sa charge pontificale le successeur de Pierre. Seul le Christ a le pouvoir de retirer son pontificat à l’occupant du Saint-Siège puisque ce dernier n’est jugé par personne en ce monde (can. 1556). Dès lors, en l’absence de cette action de Jésus-Christ, les fidèles de l’Eglise, sans aucune distinction relative à leur position hiérarchique, sont dans l’obligation disciplinaire, formelle et impérative, de reconnaître pour vrai et légitime Pontife celui qui a été désigné par le Conclave. S’ils ne le font ou s’y refusent pour un motif quelconque même présenté prétendument sous les traits de la logique, ils sont positivement anathèmes selon Vatican I.
III. Le Pape n’est soumis à aucune juridiction humaine
En effet, considérer que ce concile, parce qu’il affirma des erreurs manifestes, ne pouvait être placé sous l’autorité d’un Pontife, revient à reproduire l’argument du moine Savonarole (1452-1498) qui fulminait en 1498 contre le Pape Alexandre VI Borgia : « Le pape, en tant que pape, est infaillible : s’il se trompe, il n’est plus pape…. L’Église ne me paraît plus l’Église ! Il viendra un autre Pape à Rome ! » (Cf. Savonarole, Sermons, écrits politiques et pièces du procès, Le Seuil, 1993).
Pourquoi cette impossibilité ? Tout simplement parce que personne ne peut réaliser un jugement du Siège suprême, ni encore moins affirmer la déposition de celui qui l’occupe :
« Le Siège suprême n’est jugé par personne. » (can. 1556).
Ceci confirmé par le dictionnaire de droit canonique :
« Il ne peut être question de jugement et de déposition d’un pape dans le sens propre et strict des mots. Le vicaire de Jésus-Christ n’est soumis à aucune juridiction humaine. Son juge direct et immédiat est Dieu seul. » (R. Naz, Dict. de Droit Canonique, t. IV, col. 1159)
Il ne peut être question de jugement
et de déposition d’un pape
dans le sens propre et strict des mots.
Le vicaire de Jésus-Christ n’est soumis
à aucune juridiction humaine !
Le Pape reste donc dans sa charge, même si soutenant l’erreur. Telle est la position de l’Eglise. Et il doit être reconnu comme Pape, quelles que soient ses positions aventureuses, voire les reproches ou critiques que l’on puisse exprimer vis-à-vis de sa conduite ou de ses idées, car nul en ce monde n’a autorité pour déposer un Pontife dont la charge ne dépend, du point de vue de l’autorité, que de Jésus-Christ. De ce fait, puisque l’Église, ni quiconque ici-bas n’est supérieur au Pape, et que lui-même n’a aucune instance plus éminente que lui en ce monde en matière de dignité et d’autorité, il n’est, et ne peut jamais être déposé ou déclaré tel. C’est pourquoi, et malgré les circonstances fussent-elles tragiques, comme celles que nous connaissons depuis 1962 : « De droit divin, l’Église est unie au pape comme le corps à la tête… » (Tit., III, 10).
Ainsi donc écrire comme le fait l’abbé Belmont : « Vatican II n’est pas infaillible en fait (…) ce qui lui manque, c’est ce qui lui est le plus nécessaire, le plus formel : l’autorité pontificale. À Vatican II, dans la promulgation des actes (et aussi dans la conduite de l’assemblée) il manque un Pape, un vrai Pape », est certes téméraire au regard de la vérité, mais surtout absolument coupable et contraire à la réalité car excédant, en fait et en droit, non seulement sa capacité de jugement, mais également celle de tout membre de l’Eglise, aussi élevé soit-il dans la hiérarchie, ceci s’appliquant, y compris pour toute instance ecclésiale – jusqu’au Sacré Collège.
Conclusion
Nous voyons donc de nouveau que le problème du sédévacantisme, terrible s’il en est, c’est qu’il oublie que l’Eglise, divine et humaine, en la personne du Pontife, peut parfois, comme l’écrit Mgr Pie, se montrer « plus ou moins sage, plus ou moins forte », mais jamais être séparée de son Pontife, car c’est le Christ en personne qui a remis les clés à saint Pierre, et nul ne peut les lui enlever, ou affirmer du haut de son tribunal personnel comme un parfait disciple de Luther, qu’elles lui ont été retirées.
La charge pontificale relève du droit divin,
ne pas se soumettre à cette loi
en induisant que l’Eglise n’a plus de Pontife,
c’est être formellement anathème !
En érigeant un jugement personnel en décision universellement et immédiatement accomplie (« dans la promulgation des actes (et aussi dans la conduite de l’assemblée) il manque un Pape, un vrai Pape »), et croyant en cela demeurer catholiques, l’abbé Belmont sombre inévitablement dans le schisme, et rejoint sans s’en rendre compte, les thèses de Jean Huss ou de Savonarole ! La charge pontificale relève du droit divin, s’y opposer, le contester, ne pas se soumettre à cette loi par des positions induisant que l’Eglise n’a plus de Pontife, c’est être formellement anathème selon les déclarations de Vatican I :
« Si donc quelqu’un dit que ce n’est pas de droit divin que saint Pierre a, et pour toujours, des successeurs dans sa primauté sur l’Eglise universelle, qu’il soit anathème. » (Pastor Aeternus, Vatican I).
Nous y rajouterons volontiers cette remarque essentielle du cardinal Cajetan :
« Pierre a bénéficié d’une révélation divine, il a été proclamé bienheureux, il a été surnaturellement affermi dans sa foi; et c’est grâce à tout cela que le Christ l’a choisi comme chef de son Eglise. Le Christ ne dit pas qu’il édifiera son Eglise sur Pierre [super Te, mais super hanc petram], donc sur Pierre divinement qualifié selon un droit surnaturel. D’où nous devons conclure, que la défaillance de Pierre n’entraîne pas nécessairement la capacité d’être fondement, et le droit d’être considéré comme chef [tamquam virtus, glutinum quoddam sit jungens homini pontificatum], car l’évêque de Rome est le successeur de Pierre de droit divin… De droit divin il faut un successeur puisque la succession est une institution évangélique, une volonté explicite du Christ. Le droit de succession est par conséquent un droit divin. » (De divina institutione Pontificatus Romani Pontificis, 1521).
Notes.
1. On lira du cardinal Cajetan, son « De Comparatione auctotitatis Papae et Concilii »(1511), « Apologia » (1512) et un opuscule qui étudie l’origine divine de la papauté le « De divina institutione Pontificatus Romani Pontificis » (1521). Mais il ne faut pas négliger son Commentaire de la Somme de théologie de saint Thomas, ses Commentaires de l’Écriture : In Quatuor Evangelia et Acta Apostolorum Commentarii, Nunc denuo recogniti, noti marginalibus, tum rerum, tum versiculorum, exornati, & duobus Indicibus, uno locorum S. Scripturae, altero Rerum & Verborum illustrati, Sumptibus Iacobi & Petri, Prost, Lugduni (Lyon), 1639. Et l’important Discours sur l’Église au Ve concile de Latran, Oratio in secunda sessione Concilii Lateranen-sis, 17. Calen. Iunii 1512.
2. En effet si Vatican II n’est pas un concile infaillible c’est, tout simplement, qu’il a renoncé à l’exercice de son pouvoir ! Le Pape Jean XXIII le voulu ainsi. Cette surprenante décision, sans doute obscurément préparée et « inspirée » au Souverain Pontife, a été imposée à l’assemblée conciliaire, le 11 octobre 1962, dans son discours d’ouverture. Les Pères y apprirent qu’ils ne devraient pas y faire œuvre dogmatique, définir des vérités divines ni dénoncer les erreurs de ce temps, et surtout ne condamner personne. Or, ce sont précisément les caractéristiques nécessaires pour qu’il y ait acte infaillible du magistère extraordinaire. Cette décision de Jean XXIII a été de plus confirmée par son successeur, le Pape Paul VI, dans son discours d’ouverture de la seconde session. À la question : théologiquement, les Actes du concile sont-ils infaillibles ? il faut donc répondre : NON, parce que, contrairement à son droit, et semble-t-il à son devoir, le Concile en tant que tel n’a pas voulu et donc n’a pas pu exercer son pouvoir de juridiction sous la forme « solennelle et extraordinaire » propre à cette Instance suprême. Ses actes ne sont donc absolument pas garantis par l’assistance infaillible absolue du Saint-Esprit.
Sur ce sujet lire notre étude :
- Le concile Vatican II n’est pas dogmatique !
3. Les explications embrouillées de l’abbé Belmont, démontrent le caractère fantaisiste de son raisonnement. Mettant en avant trois raisons pour asseoir son opinion, il expose, par l’utilisation d’un syllogisme fautif, quoique classique dans la mécanique erronée des affirmations sédévacantistes :
- « Le concile trouve son principe, son être, dans la présence du pape.
- Paul VI a manifesté dans des actes personnels cette absence d’autorité : promulgation d’une réforme liturgique gangrenée de protestantisme par exemple.
- Vatican II est à l’origine d’un raz de marée destructeur qui n’a rien épargné dans les structures de la sainte Église ; cela est incompatible avec l’assistance (ou la communication d’autorité) que Jésus-Christ confère au Pape, selon la parole de Pie XII : « le divin Rédempteur gouverne son Corps mystique visiblement et ordinairement par son vicaire sur la terre » (Mystici Corporis). »
Conclusion de l’abbé Belmont, qui croit « demeurer dans l’ordre théologal » par son affirmation, alors qu’il est en état de grave errance, tant sur le plan canonique que théologique :
- « Voilà pourquoi il ne peut y avoir, à l’absence d’une propriété essentielle comme l’infaillibilité d’un concile, d’autre raison que l’absence d’un vrai Pape », [soit pour le dire clairement : donc Jean XXIII et Paul VI n’étaient pas Papes].
Certes l’abbé Belmont a essayé de parer, maladroitement, les remarques d’impossibilité qui pouvaient lui être adressées face à sa méthode inductive. Il convient dans un premier temps, contraint et forcé : « Selon les règles de la logique, cette nécessaire remontée de la conclusion vers les prémisses est illégitime car l’inférence est issue de deux prémisses placées à parité. » Fort bien. Malheureusement ce bref éclair de lucidité est vite troublé par ce qui suit : « Mais en théologie, le syllogisme exposant le raisonnement est de nature principalement inductive : les deux prémisses (l’une de foi, l’autre de raison) ne peuvent être considérées à parité. Pour que celle qui est de raison soit placée dans la lumière dominante de celle qui est de foi, il faut que le choix du medium démonstratif soit validé (quant à la vérité et quant à l’adéquation) par la mise en place de la conclusion, par l’harmonie de cette conclusion avec l’ensemble du donné révélé, par l’analogie de la foi. » C’est pourtant oublier tragiquement, même si l’abbé Belmont tente de justifier prudemment ses affirmations hasardeuses en s’excusant par avance par ces mots : « Ces quelques considérations ne sont qu’un maladroit résumé d’un aspect d’une étude lumineuse du R. P. Guérard des Lauriers », et comme le rappelle la 21e des thèses thomistes – thèses au nombre de 24 promulguées sous le pontificat de saint Pie X comme normæ directivæ tutæ afin de lutter contre le modernisme - que « la volonté suit l’intelligence, ne la précède point », c’est-à-dire que le réalité perçue par le jugement d’existence, prime sur l’opinion ou la conviction. Or dans le cas qui nous occupe, l’éventuelle hérésie du Pape et la perte de son pontificat, la conviction de son hérésie précède la démonstration qu’il faudrait d’abord faire de cette dernière et du constat de la perte de sa charge par un acte quelconque exécuté par la Divine Providence, démonstration et constat évidemment absents et introuvables (qui peut sérieusement dire en effet à quel moment, de quelle manière et où exactement Jean XXIII, Paul VI et leurs successeurs, auraient-ils perdu leur charge Pontificale ?), ce qui corrompt radicalement et ruine de ce fait toute la suite du raisonnement, qu’on cherchait, vainement, à appuyer sur le Statut inductif de la théologie (RSPT 1941-1942, vol. 1, pp. 28-51) du R. P. Guérard des Lauriers. De la sorte, on ne saurait mieux faire la démonstration que dans ces lignes, d’un usage coupable du libre-examen d’essence luthérienne, en s’appuyant tranquillement sur son jugement personnel afin de déclarer, par l’effet d’une illusoire autorité, que les Papes ne sont plus Papes. On sourira donc de trouver ces propos sous la plume de l’abbé Belmont, s’agissant de l’excellent ouvrage de Pascal Bernardin Le crucifiement de saint Pierre (2009) : « l’auteur est prisonnier de la pseudo-théologie qui a cours dans la fraternité Saint-Pie-X…qui consiste à interpréter la théologie traditionnelle à la lumière des nécessités de la praxis », alors même que la faute principale de notre critique sédévacantiste, est précisément d’interpréter la doctrine traditionnelle du droit divin pontifical, à la lumière des nécessités de ses opinions privées.
Pour rappel :
LE SEDEVACANTISME EST UN PECHE MORTEL !
Le sédévacantisme est luthérien !
Le sédévacantisme est une hérésie !
Le Conclave est infaillible !
REPONSE AU DEFI DE L’ABBE HERVE BELMONT
Suite à notre article : « L’absence de Pape est impossible ! », dans lequel nous avons réagi à une affirmation de M. l’abbé Belmont qui soutenait : «À Vatican II, dans la promulgation des actes (et aussi dans la conduite de l’assemblée) il manque un Pape, un vrai Pape », nous lui avons fait savoir dans le même temps, par une lettre directement adressée sur son blog, que nous trouvions sa position erronée et inexacte, et qu’il était impossible de proclamer publiquement, d’autant lorsqu’on est prêtre catholique, une telle idée contraire à la réalité. Nous lui avons donc présenté rapidement, en quelques paragraphes, pourquoi déclarer l’absence de Pape lors de Vatican II est une proposition qui est en contradiction avec la doctrine de l’Eglise, et en quoi elle rejoint la thèse de Luther ou de Huss à bien des égards, tant dans son énoncé que dans ses principes.
En retour, après plusieurs jours de silence, l’abbé Belmont nous a fait parvenir un message dans lequel il nous mettait au « défi » de trouver dans ses écrits le raisonnement luthérien que dont nous lui faisions reproche d’user dans son texte. Suite à ce message, nous avons donc tenu à relever ce défi, afin d’établir que ce raisonnement se trouve bel et bien dans les écrits de l’abbé Belmont, mais que de plus il ne se contente pas d’y être à titre positif, puisqu’il y joue un rôle permanent au sein de la logique qui le conduit à ne plus pleinement reconnaître les Papes depuis 1962.
On trouvera ainsi dans cette « Réponse au défi de l’abbé Hervé Belmont » :
1°) – Notre première lettre
2°) – Le message de l’abbé Belmont
3°) – Notre Réponse au défi de l’abbé Belmont
Fichier téléchargeable :
REPONSE AU DEFI DE L’ABBE HERVE BELMONT
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2 février 2011
« Si donc quelqu’un dit
que ce n’est pas de droit divin que saint Pierre a,
et pour toujours,
des successeurs dans sa primauté sur l’Eglise universelle,
qu’il soit anathème. »
Pastor Aeternus, Vatican I.
L’origine du pouvoir pontifical, beaucoup l’oublient, notamment les schismatiques sédévacantistes, vient directement de Dieu qui a donné au Pape la souveraineté universelle, absolue, la suprême puissance non seulement dans l’ordre spirituel, mais encore dans l’ordre temporel, soumettant les princes de ce monde à l’autorité de celui qui est le Vicaire de Jésus-Christ, Roi spirituel et successeur de saint Pierre, faisant de l’Eglise une vraie et pure monarchie d’origine divine.
Si l’on ne se contente pas d’une ecclésiologie étroitement limitée au droit canonique disciplinaire et à l’horizon bornée de la bulle de Paul IV – définitivement abrogée par Pie XII (cf. Vacantis Apostolicae Sedis) – mais que l’on examine véritablement, et avec une attention exigeante, la nature du principe de la souveraineté pontificale, on est alors capable de percevoir en quoi l’Eglise tout entière est fondée, constituée, édifiée sur le « droit divin » du Pape, droit devant lequel tous les autres droits, sans exception aucune, et notamment le droit disciplinaire, s’effacent absolument.
I. Le Pape est un monarque de « droit divin »
En effet, le Christ, dans sa sagesse, en confiant à Pierre l’autorité (Matthieu XVI, 17-19), a institué une monarchie absolue comme forme de gouvernement de son Eglise, et cette monarchie établie par Jésus-Christ, nul ne peut la contester ou s’y opposer sous aucun prétexte, c’est une loi sacrée instituée divinement. C’est ce que rappellera le cardinal Cajetan (1469-1534), héritier d’une longue tradition de théoriciens du « droit divin » [1], face à Martin Luther (1483-1546) qui, méprisant la tradition établie par le Christ, voulut s’écarter de Rome en allant jusqu’au schisme. Mgr Sauvé, théologien pontifical et consulteur de la Sainte congrégation de l’Index, explique très bien en quoi le Pape est de « droit divin », en ce sens qu’il exerce un pouvoir « absolu » qui ne dépend ni ne relève d’aucune autorité ecclésiastique et évidemment encore moins d’un pouvoir temporel, commandant tous les fidèles et l’ensemble des clercs.
Le Pape est le dépositaire visible
de la puissance spirituelle du Christ :
c’est à lui que Notre-Seigneur a donné
les clefs de son royaume
Il écrira, au sujet du droit divin du pape, ces lignes importantes :
« Notre-Seigneur a préféré pour son Eglise la forme monarchique aux autres formes de gouvernement. Tant qu’il est resté sur cette terre, le Christ a été le chef unique, le monarque visible, comme homme, et invisible, comme Dieu, de l’Eglise fondée par lui. Depuis sa glorieuse ascension, il n’a pas cessé d’en être le roi invisible et de verser sur elle ses célestes influences; mais en emportant au ciel sa chair glorifiée, il a dû laisser à sa place quelqu’un qui tînt les rênes du gouvernement visible de la société chrétienne. Ce quelqu’un, qui est son lieutenant, son vicaire, c’est le Pape, fondement, tête et centre de l’Eglise. Le Pape est donc le dépositaire visible de la puissance spirituelle du Christ : c’est lui que le divin Sauveur a établi, dans la personne de saint Pierre, le fondement, la base, la pierre angulaire de la société des croyants; c’est à lui que Notre-Seigneur a donné les clefs de son royaume, c’est-à-dire la souveraine puissance; c’est lui qu’il a établi le pasteur suprême de son troupeau. (…)…monarque suprême et n’ayant ni égal, ni associé dans sa souveraineté, le Pape donc est le suprême monarque de l’Eglise, investi par Dieu du droit de la gouverner d’une façon souveraine et indépendante de qui que ce soit ici-bas. » (Mgr Sauvé, Le Pape, Son Autorité suprême – Son Magistère infaillible, Chailland, Berche & Tralin, 1890, pp. IV-VI).
C’est cette vérité, insistant sur le fait que nul ne peut juger le Siège apostolique pour quelque motif, aussi convainquant ou évident puise-t-il apparaître, que rappelle solennellement le concile de Vatican I :
« Le droit divin de la primauté apostolique place le Pontife romain au-dessus de toute l’Église. […] Le jugement du Siège apostolique, auquel aucune autorité n’est supérieure, ne doit être remis en question par personne, et personne n’a le droit de juger ses décisions. C’est pourquoi ceux qui affirment qu’il est permis d’en appeler des jugements du Pontife romain au concile œcuménique comme à une autorité supérieure à ce Pontife, s’écartent du chemin de la vérité. » (Pastor Aeternus, 1870).
II. N’y avait-il pas de Papes lors du concile Vatican II ?
Pourtant M. l’abbé Belmont, curieusement inspiré, cherchant à démontrer que le concile Vatican II n’est pas infaillible – ce qui est bien le cas puisque n’ayant tout simplement pas voulu faire usage de son pouvoir d’infaillibilité [2] – soutient par un étrange raisonnement relativement spécieux, que ce concile ne pouvait être infaillible du fait qu’il n’y avait pas de Pontife pour le présider, ceci laissant sous-entendre évidemment que Jean XXIII puis Paul VI, n’auraient pas été Papes lors des sessions conciliaires.
L’Eglise stipule de façon catégorique
qu’un Pontife légitimement élu,
ne peut perdre sa charge.
Il est évident qu’une telle thèse, absurde et surtout en contradiction profonde d’avec la doctrine séculaire de l’Eglise, doctrine qui stipule de façon catégorique qu’un Pontife légitimement élu ne peut perdre sa charge et que nul en ce monde n’a autorité pour le faire, est absolument irrecevable car participant, une fois encore, hélas ! comme il est devenu habituel au sein du courant affirmant la vacance du Saint Siège, d’une logique apriorique qui est à la fois inexacte et contraire à la raison.
La méthode fautive de l’abbé Belmont, d’ailleurs constamment reproduite par les thèses sédévacantistes, repose sur « l’induction » qui est une supposition gratuite purement hypothétique (le Pape est déposé parce qu’hérétique), s’appuyant sur un mécanisme hautement syllogistique. La logique inductive, comme on le sait, consiste à poser comme vrais des axiomes arbitraires (le Pape n’est plus Pape car hérétique), sur la base desquels on élabore ensuite des raisonnements par déduction (si le Pape n’est plus Pape, il n’y avait pas de Pape pour présider au déroulement du concile), tordant la réalité à des vues subjectives.
C’est donc par l’effet d’un pur syllogisme directement issu de l’hérésie de Huss, reproduit à merveille par l’abbé Belmont, et, à sa suite tous les sédévacantistes, que reposent la conviction des partisans de la vacance du Saint-Siège :
Le Pape est hérétique ;
Les hérétique ne peuvent être Papes ,
donc les Papes depuis Vatican II ne sont pas Papes.
Ainsi à des prémisses inexactes, arbitraires, et dont la preuve manque (le Pape est hérétique), on aboutit inévitablement à une conclusion fausse. On en revient toujours à cette évidence : les sédévacantistes affirment ce qui reste à démontrer, à savoir que le Pape ait perdu sa charge pour cause d’hérésie [3].
Les sédévacantistes affirment
ce qui reste à démontrer,
à savoir que le Pape ait perdu sa charge
pour cause d’hérésie
Or, précisément, ce qui ne semble pas surgir à l’esprit de l’abbé, et qui relève pourtant de l’évidence, c’est que ce n’est pas à l’aide d’un raisonnement, ayant même l’apparence de la logique, que l’on peut déclarer déposer ou déchu de sa charge pontificale le successeur de Pierre. Seul le Christ a le pouvoir de retirer son pontificat à l’occupant du Saint-Siège puisque ce dernier n’est jugé par personne en ce monde (can. 1556). Dès lors, en l’absence de cette action de Jésus-Christ, les fidèles de l’Eglise, sans aucune distinction relative à leur position hiérarchique, sont dans l’obligation disciplinaire, formelle et impérative, de reconnaître pour vrai et légitime Pontife celui qui a été désigné par le Conclave. S’ils ne le font ou s’y refusent pour un motif quelconque même présenté prétendument sous les traits de la logique, ils sont positivement anathèmes selon Vatican I.
III. Le Pape n’est soumis à aucune juridiction humaine
En effet, considérer que ce concile, parce qu’il affirma des erreurs manifestes, ne pouvait être placé sous l’autorité d’un Pontife, revient à reproduire l’argument du moine Savonarole (1452-1498) qui fulminait en 1498 contre le Pape Alexandre VI Borgia : « Le pape, en tant que pape, est infaillible : s’il se trompe, il n’est plus pape…. L’Église ne me paraît plus l’Église ! Il viendra un autre Pape à Rome ! » (Cf. Savonarole, Sermons, écrits politiques et pièces du procès, Le Seuil, 1993).
Pourquoi cette impossibilité ? Tout simplement parce que personne ne peut réaliser un jugement du Siège suprême, ni encore moins affirmer la déposition de celui qui l’occupe :
« Le Siège suprême n’est jugé par personne. » (can. 1556).
Ceci confirmé par le dictionnaire de droit canonique :
« Il ne peut être question de jugement et de déposition d’un pape dans le sens propre et strict des mots. Le vicaire de Jésus-Christ n’est soumis à aucune juridiction humaine. Son juge direct et immédiat est Dieu seul. » (R. Naz, Dict. de Droit Canonique, t. IV, col. 1159)
Il ne peut être question de jugement
et de déposition d’un pape
dans le sens propre et strict des mots.
Le vicaire de Jésus-Christ n’est soumis
à aucune juridiction humaine !
Le Pape reste donc dans sa charge, même si soutenant l’erreur. Telle est la position de l’Eglise. Et il doit être reconnu comme Pape, quelles que soient ses positions aventureuses, voire les reproches ou critiques que l’on puisse exprimer vis-à-vis de sa conduite ou de ses idées, car nul en ce monde n’a autorité pour déposer un Pontife dont la charge ne dépend, du point de vue de l’autorité, que de Jésus-Christ. De ce fait, puisque l’Église, ni quiconque ici-bas n’est supérieur au Pape, et que lui-même n’a aucune instance plus éminente que lui en ce monde en matière de dignité et d’autorité, il n’est, et ne peut jamais être déposé ou déclaré tel. C’est pourquoi, et malgré les circonstances fussent-elles tragiques, comme celles que nous connaissons depuis 1962 : « De droit divin, l’Église est unie au pape comme le corps à la tête… » (Tit., III, 10).
Ainsi donc écrire comme le fait l’abbé Belmont : « Vatican II n’est pas infaillible en fait (…) ce qui lui manque, c’est ce qui lui est le plus nécessaire, le plus formel : l’autorité pontificale. À Vatican II, dans la promulgation des actes (et aussi dans la conduite de l’assemblée) il manque un Pape, un vrai Pape », est certes téméraire au regard de la vérité, mais surtout absolument coupable et contraire à la réalité car excédant, en fait et en droit, non seulement sa capacité de jugement, mais également celle de tout membre de l’Eglise, aussi élevé soit-il dans la hiérarchie, ceci s’appliquant, y compris pour toute instance ecclésiale – jusqu’au Sacré Collège.
Conclusion
Nous voyons donc de nouveau que le problème du sédévacantisme, terrible s’il en est, c’est qu’il oublie que l’Eglise, divine et humaine, en la personne du Pontife, peut parfois, comme l’écrit Mgr Pie, se montrer « plus ou moins sage, plus ou moins forte », mais jamais être séparée de son Pontife, car c’est le Christ en personne qui a remis les clés à saint Pierre, et nul ne peut les lui enlever, ou affirmer du haut de son tribunal personnel comme un parfait disciple de Luther, qu’elles lui ont été retirées.
La charge pontificale relève du droit divin,
ne pas se soumettre à cette loi
en induisant que l’Eglise n’a plus de Pontife,
c’est être formellement anathème !
En érigeant un jugement personnel en décision universellement et immédiatement accomplie (« dans la promulgation des actes (et aussi dans la conduite de l’assemblée) il manque un Pape, un vrai Pape »), et croyant en cela demeurer catholiques, l’abbé Belmont sombre inévitablement dans le schisme, et rejoint sans s’en rendre compte, les thèses de Jean Huss ou de Savonarole ! La charge pontificale relève du droit divin, s’y opposer, le contester, ne pas se soumettre à cette loi par des positions induisant que l’Eglise n’a plus de Pontife, c’est être formellement anathème selon les déclarations de Vatican I :
« Si donc quelqu’un dit que ce n’est pas de droit divin que saint Pierre a, et pour toujours, des successeurs dans sa primauté sur l’Eglise universelle, qu’il soit anathème. » (Pastor Aeternus, Vatican I).
Nous y rajouterons volontiers cette remarque essentielle du cardinal Cajetan :
« Pierre a bénéficié d’une révélation divine, il a été proclamé bienheureux, il a été surnaturellement affermi dans sa foi; et c’est grâce à tout cela que le Christ l’a choisi comme chef de son Eglise. Le Christ ne dit pas qu’il édifiera son Eglise sur Pierre [super Te, mais super hanc petram], donc sur Pierre divinement qualifié selon un droit surnaturel. D’où nous devons conclure, que la défaillance de Pierre n’entraîne pas nécessairement la capacité d’être fondement, et le droit d’être considéré comme chef [tamquam virtus, glutinum quoddam sit jungens homini pontificatum], car l’évêque de Rome est le successeur de Pierre de droit divin… De droit divin il faut un successeur puisque la succession est une institution évangélique, une volonté explicite du Christ. Le droit de succession est par conséquent un droit divin. » (De divina institutione Pontificatus Romani Pontificis, 1521).
Notes.
1. On lira du cardinal Cajetan, son « De Comparatione auctotitatis Papae et Concilii »(1511), « Apologia » (1512) et un opuscule qui étudie l’origine divine de la papauté le « De divina institutione Pontificatus Romani Pontificis » (1521). Mais il ne faut pas négliger son Commentaire de la Somme de théologie de saint Thomas, ses Commentaires de l’Écriture : In Quatuor Evangelia et Acta Apostolorum Commentarii, Nunc denuo recogniti, noti marginalibus, tum rerum, tum versiculorum, exornati, & duobus Indicibus, uno locorum S. Scripturae, altero Rerum & Verborum illustrati, Sumptibus Iacobi & Petri, Prost, Lugduni (Lyon), 1639. Et l’important Discours sur l’Église au Ve concile de Latran, Oratio in secunda sessione Concilii Lateranen-sis, 17. Calen. Iunii 1512.
2. En effet si Vatican II n’est pas un concile infaillible c’est, tout simplement, qu’il a renoncé à l’exercice de son pouvoir ! Le Pape Jean XXIII le voulu ainsi. Cette surprenante décision, sans doute obscurément préparée et « inspirée » au Souverain Pontife, a été imposée à l’assemblée conciliaire, le 11 octobre 1962, dans son discours d’ouverture. Les Pères y apprirent qu’ils ne devraient pas y faire œuvre dogmatique, définir des vérités divines ni dénoncer les erreurs de ce temps, et surtout ne condamner personne. Or, ce sont précisément les caractéristiques nécessaires pour qu’il y ait acte infaillible du magistère extraordinaire. Cette décision de Jean XXIII a été de plus confirmée par son successeur, le Pape Paul VI, dans son discours d’ouverture de la seconde session. À la question : théologiquement, les Actes du concile sont-ils infaillibles ? il faut donc répondre : NON, parce que, contrairement à son droit, et semble-t-il à son devoir, le Concile en tant que tel n’a pas voulu et donc n’a pas pu exercer son pouvoir de juridiction sous la forme « solennelle et extraordinaire » propre à cette Instance suprême. Ses actes ne sont donc absolument pas garantis par l’assistance infaillible absolue du Saint-Esprit.
Sur ce sujet lire notre étude :
- Le concile Vatican II n’est pas dogmatique !
3. Les explications embrouillées de l’abbé Belmont, démontrent le caractère fantaisiste de son raisonnement. Mettant en avant trois raisons pour asseoir son opinion, il expose, par l’utilisation d’un syllogisme fautif, quoique classique dans la mécanique erronée des affirmations sédévacantistes :
- « Le concile trouve son principe, son être, dans la présence du pape.
- Paul VI a manifesté dans des actes personnels cette absence d’autorité : promulgation d’une réforme liturgique gangrenée de protestantisme par exemple.
- Vatican II est à l’origine d’un raz de marée destructeur qui n’a rien épargné dans les structures de la sainte Église ; cela est incompatible avec l’assistance (ou la communication d’autorité) que Jésus-Christ confère au Pape, selon la parole de Pie XII : « le divin Rédempteur gouverne son Corps mystique visiblement et ordinairement par son vicaire sur la terre » (Mystici Corporis). »
Conclusion de l’abbé Belmont, qui croit « demeurer dans l’ordre théologal » par son affirmation, alors qu’il est en état de grave errance, tant sur le plan canonique que théologique :
- « Voilà pourquoi il ne peut y avoir, à l’absence d’une propriété essentielle comme l’infaillibilité d’un concile, d’autre raison que l’absence d’un vrai Pape », [soit pour le dire clairement : donc Jean XXIII et Paul VI n’étaient pas Papes].
Certes l’abbé Belmont a essayé de parer, maladroitement, les remarques d’impossibilité qui pouvaient lui être adressées face à sa méthode inductive. Il convient dans un premier temps, contraint et forcé : « Selon les règles de la logique, cette nécessaire remontée de la conclusion vers les prémisses est illégitime car l’inférence est issue de deux prémisses placées à parité. » Fort bien. Malheureusement ce bref éclair de lucidité est vite troublé par ce qui suit : « Mais en théologie, le syllogisme exposant le raisonnement est de nature principalement inductive : les deux prémisses (l’une de foi, l’autre de raison) ne peuvent être considérées à parité. Pour que celle qui est de raison soit placée dans la lumière dominante de celle qui est de foi, il faut que le choix du medium démonstratif soit validé (quant à la vérité et quant à l’adéquation) par la mise en place de la conclusion, par l’harmonie de cette conclusion avec l’ensemble du donné révélé, par l’analogie de la foi. » C’est pourtant oublier tragiquement, même si l’abbé Belmont tente de justifier prudemment ses affirmations hasardeuses en s’excusant par avance par ces mots : « Ces quelques considérations ne sont qu’un maladroit résumé d’un aspect d’une étude lumineuse du R. P. Guérard des Lauriers », et comme le rappelle la 21e des thèses thomistes – thèses au nombre de 24 promulguées sous le pontificat de saint Pie X comme normæ directivæ tutæ afin de lutter contre le modernisme - que « la volonté suit l’intelligence, ne la précède point », c’est-à-dire que le réalité perçue par le jugement d’existence, prime sur l’opinion ou la conviction. Or dans le cas qui nous occupe, l’éventuelle hérésie du Pape et la perte de son pontificat, la conviction de son hérésie précède la démonstration qu’il faudrait d’abord faire de cette dernière et du constat de la perte de sa charge par un acte quelconque exécuté par la Divine Providence, démonstration et constat évidemment absents et introuvables (qui peut sérieusement dire en effet à quel moment, de quelle manière et où exactement Jean XXIII, Paul VI et leurs successeurs, auraient-ils perdu leur charge Pontificale ?), ce qui corrompt radicalement et ruine de ce fait toute la suite du raisonnement, qu’on cherchait, vainement, à appuyer sur le Statut inductif de la théologie (RSPT 1941-1942, vol. 1, pp. 28-51) du R. P. Guérard des Lauriers. De la sorte, on ne saurait mieux faire la démonstration que dans ces lignes, d’un usage coupable du libre-examen d’essence luthérienne, en s’appuyant tranquillement sur son jugement personnel afin de déclarer, par l’effet d’une illusoire autorité, que les Papes ne sont plus Papes. On sourira donc de trouver ces propos sous la plume de l’abbé Belmont, s’agissant de l’excellent ouvrage de Pascal Bernardin Le crucifiement de saint Pierre (2009) : « l’auteur est prisonnier de la pseudo-théologie qui a cours dans la fraternité Saint-Pie-X…qui consiste à interpréter la théologie traditionnelle à la lumière des nécessités de la praxis », alors même que la faute principale de notre critique sédévacantiste, est précisément d’interpréter la doctrine traditionnelle du droit divin pontifical, à la lumière des nécessités de ses opinions privées.
Pour rappel :
LE SEDEVACANTISME EST UN PECHE MORTEL !
Le sédévacantisme est luthérien !
Le sédévacantisme est une hérésie !
Le Conclave est infaillible !
REPONSE AU DEFI DE L’ABBE HERVE BELMONT
Suite à notre article : « L’absence de Pape est impossible ! », dans lequel nous avons réagi à une affirmation de M. l’abbé Belmont qui soutenait : «À Vatican II, dans la promulgation des actes (et aussi dans la conduite de l’assemblée) il manque un Pape, un vrai Pape », nous lui avons fait savoir dans le même temps, par une lettre directement adressée sur son blog, que nous trouvions sa position erronée et inexacte, et qu’il était impossible de proclamer publiquement, d’autant lorsqu’on est prêtre catholique, une telle idée contraire à la réalité. Nous lui avons donc présenté rapidement, en quelques paragraphes, pourquoi déclarer l’absence de Pape lors de Vatican II est une proposition qui est en contradiction avec la doctrine de l’Eglise, et en quoi elle rejoint la thèse de Luther ou de Huss à bien des égards, tant dans son énoncé que dans ses principes.
En retour, après plusieurs jours de silence, l’abbé Belmont nous a fait parvenir un message dans lequel il nous mettait au « défi » de trouver dans ses écrits le raisonnement luthérien que dont nous lui faisions reproche d’user dans son texte. Suite à ce message, nous avons donc tenu à relever ce défi, afin d’établir que ce raisonnement se trouve bel et bien dans les écrits de l’abbé Belmont, mais que de plus il ne se contente pas d’y être à titre positif, puisqu’il y joue un rôle permanent au sein de la logique qui le conduit à ne plus pleinement reconnaître les Papes depuis 1962.
On trouvera ainsi dans cette « Réponse au défi de l’abbé Hervé Belmont » :
1°) – Notre première lettre
2°) – Le message de l’abbé Belmont
3°) – Notre Réponse au défi de l’abbé Belmont
Fichier téléchargeable :
REPONSE AU DEFI DE L’ABBE HERVE BELMONT
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veronica- Date d'inscription : 14/01/2011
Re: Sédévacantistes, l'absence de Pape est impossible !
Texte intéressant merci Veronica, n'étant point un canoniste chevronnés je ne sais pas si tous les points apportés sont véridiques mais ce texte apporte de très bons points sur les erreurs des sédévacantistes.
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