Fin de la récréation doctrinale dans l'Eglise catholique ?
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Fin de la récréation doctrinale dans l'Eglise catholique ?
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Par Jean-Marie Guénois le 12 janvier 2012 18h30 | 15 Commentaires
concile.jpgSi ce n'est pas une revanche de l'histoire cela y ressemble. Le cinquantième anniversaire du Concile Vatican II qui va être célébré dans l'Eglise catholique en 2012 pourrait paradoxalement marquer le crépuscule de..."l'esprit du Concile" qui fut pourtant sa grande promesse.
Cet "esprit du Concile", c'était "l'ouverture" de l'Eglise catholique au monde et aux autres religions. "L'esprit du Concile", c'était "La" signature du Concile Vatican II, son caractère propre. Il fut le moteur de ce que l'on a appelé le "progressisme" dans l'Eglise depuis un demi siècle.
Un récent débat sur "les derniers des Mohicans" animé par Mgr Daucourt évêque de Nanterre donne une illustration assez juste de cet état d'esprit et de ses limites.
Pourtant, une sorte de fermeture de l'ouverture se profile. Vue de l'esprit ? Pas vraiment. Il suffit d'étudier, pour le réaliser, la "note avec indications pastorales pour l'Année de la foi" qui a été publiée, à Rome, le samedi 7 janvier, par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ce texte donne la ligne de "l'année de la foi", lancée par Benoît XVI.
Cette année spéciale est destinée à revigorer la foi des catholiques dans le monde. Elle sera d'ailleurs inaugurée le 11 octobre 2012... jour anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II. Ce qui n'est pas anodin.
Voici quelques citations qui permettront de se faire une idée précise :
- La note demande "un engagement renouvelé pour une adhésion effective et cordiale à l'enseignement du Successeur de Pierre".
- Elle insiste sur "la connaissance des contenus de la doctrine catholique", "l'approfondissement des principaux documents du Concile Vatican II" et "l'étude du Catéchisme de l'Eglise catholique".
- Elle attend la "préparation d'instruments de travail de caractère apologétique" (donc de défense de la religion catholique ndlr.) en réponse "au défi des sectes, aux problèmes liés à la sécularisation et au relativisme".
- Elle souhaite la correction des catéchismes nationaux qui ne seraient pas "en plein accord avec le Catéchisme ou manifesteraient des lacunes".
- Elle fixe comme priorités "l'annonce du Christ ressuscité, l'Eglise sacrement du salut, la mission d'évangélisation dans le monde d'aujourd'hui".
- Elle encourage un recours plus courant au "sacrement de pénitence". Avec une vigilance sur les "péchés contre la foi".
- Elle veut une intensification de la "célébration de la foi dans la liturgie et dans l'Eucharistie".
- Et espère des homélies axées sur "la rencontre avec le Christ, les contenus fondamentaux du Credo, la foi et l'Eglise"...
Bref, l'idée majeure, l'axe politique pourrait-on dire de ce document, est de réaliser un "approfondissement de la doctrine catholique" et de "s'engager dans la nouvelle évangélisation par une adhésion plus ferme au Seigneur Jésus". Fermer le ban.
On trouvera, bien sur, ici et là, des recommandations oecuméniques ou interreligieuses, mais à bien lire, le coeur n'y est pas. Ces axes ne sont pas, ou plus, des priorités.
On peut toujours sous estimer la valeur de cette "note" qui n'a pas l'autorité d'une encyclique. Ce qui est vrai sur un plan technique. Mais cette "note" est toutefois beaucoup plus qu'une note car elle n'est rien d'autre que la mise en forme programmatique d'une politique que Benoît XVI avait annoncée dès 2005. La politique de son pontificat.
Neuf mois après son élection il avait donné, comme ligne d'action, une "interprétation" du Concile Vatican II non plus selon "l'herméneutique de la discontinuité et de la rupture" mais selon "l'herméneutique de la réforme", c'est-à-dire, "en continuité" avec la grande tradition de l'Eglise.
Ce n'est plus un voeu pieux mais un programme désormais organisé qui a pour objet de réaliser une réforme interne de l'Eglise, lente mais certaine. Il remet à l'heure les pendules doctrinales dans l'Eglise catholique. Et siffle la fin d'une certaine "récréation doctrinale" où tout et son contraire était possible dans la grande maison catholique.
Ce programme sera-t-il suivi ? Il sera d'abord copieusement critiqué : dans les milieux progressistes comme le fossoyeur du "vrai concile" ; dans les milieux intégristes comme le complice d'un "faux concile". C'est dur, le métier de Pape !
Au delà de cette dialectique simpliste il ne faut pas se tromper sur l'évolution de fond qui traverse aujourd'hui l'Eglise catholique. Pour le coup, cette vision épouse l'esprit de cette note et l'anime. Certains y voient un simple retour de balancier, il s'agit plutôt d'un axe stratégique : L'Eglise catholique commence à réagir à son déclin occidental. Le nouveau concistoire qui verra la création de 22 nouveaux cardinaux le 18 février prochain, confirme cette orientation.
Si "l'esprit du Concile" se meurt, serait-ce "l'esprit catholique" qui revient ?
Re: Fin de la récréation doctrinale dans l'Eglise catholique ?
Tres intéressant!
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Fin de la récréation doctrinale dans l'Eglise catholique ?
Je n'aime pas trop ce texte qui oppose l'esprit du Concile à l'esprit catholique comme si cette opposition avait été une réalité. Il s'agit ici d'un recadrage pour éviter les dérives, sur ce plan, rien d'autre. Benoit XVI va faire la preuve si besoin était que Vatican II n'est en rien une rupture, que ce soit avec la tradition ou la doctrine catholique. Noublions pas que l'unité de l'Eglise a été demandé maintes fois lors des mariophanies. L'ouverture si l'on peut dire de l'Eglise catholique vers les autres Eglises chrétiennes était et reste une volonté de notre Reine.
Invité- Invité
Re: Fin de la récréation doctrinale dans l'Eglise catholique ?
Pauvre Pécheur a écrit:Je n'aime pas trop ce texte qui oppose l'esprit du Concile à l'esprit catholique comme si cette opposition avait été une réalité. Il s'agit ici d'un recadrage pour éviter les dérives, sur ce plan, rien d'autre. Benoit XVI va faire la preuve si besoin était que Vatican II n'est en rien une rupture, que ce soit avec la tradition ou la doctrine catholique. Noublions pas que l'unité de l'Eglise a été demandé maintes fois lors des mariophanies. L'ouverture si l'on peut dire de l'Eglise catholique vers les autres Eglises chrétiennes était et reste une volonté de notre Reine.
Le terme esprit du concile est surtout employé par les modernistes pour faire croire que nous pouvons faire à peu près n'importe quoi dans l'Église, c'est un signe d'évolution et de lumière de l'Esprit-Saint, c'est en ce sens que l'auteur du texte l'emploi. Le vrai esprit du concile est selon la vision de Benoit XVI et c'est celle-là que nous espérons pour les temps à venir. Les modernistes ont dénaturés le concile Vatican II en changeant le sens des textes coupés de la tradition alors qu'il ne doit pas en être ainsi.
Re: Fin de la récréation doctrinale dans l'Eglise catholique ?
Le problème, c'est qu'on a tellement menti aux fidèles en leur racontant que "le concile" demandait toutes sortes de changements (abandonner les anciennes dévotions parce que c'est de la superstition, ne plus prier en latin, ne plus dire le chapelet parce qu'il faut inventer ses propres prières, ne plus communier dans la bouche, ne plus s'agenouiller et d'ailleurs on a supprimé les agenouilloirs, préférer les valeurs humanistes à l'apprentissage des dogmes, remplacer au catéchisme la lecture de la Parole par des jeux scéniques...) que beaucoup de gens pensent être catholiques alors que finalement, ils ne le sont plus depuis longtemps. Forcément, parmi ces gens, le message risque de très mal passer.
Et c'est vrai qu'on a l'impression, dans ce texte, que le Pape est un intégriste qui ne respecte pas les indications du concile.
Enfin, retenons l'essentiel: notre Pape nous montre une fois de plus le chemin.
Annie- Date d'inscription : 01/03/2011
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