Très beau texte ; La médisance, fléau destructeur d'une communauté
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Très beau texte ; La médisance, fléau destructeur d'une communauté
Une femme s’accusait à saint Philippe Néri d’être sujette à médire du prochain.
- Et commettez-vous fréquemment cette faute ?
- Oui, très fréquemment, répondit la pénitente.
En présence d’un aveu si franc, l’habile directeur comprit qu’il y avait dans la mauvaise habitude de cette chrétienne plus d’étourderie et de légèreté que de perversité réfléchie. Il fallait, avant tout, éclairer cette âme sur les suites fâcheuses du péché qu’elle commettait avec une si déplorable facilité.
« Ma chère fille, dit saint Philippe, votre faute est grande. Mais la miséricorde de Dieu, est plus grande encore. Avec la volonté énergique de vous corriger, et en ayant fréquemment recours à la prière, je ne doute pas que vous ne triomphiez bientôt de cette mauvaise inclination. Pour votre pénitence, voici ce que vous ferez : Vous irez au marché voisin. Vous achèterez une poule récemment tuée et couverte encore de ses plumes. Vous vous acheminerez ensuite hors de la ville, jusqu’à un point déterminé, en faisant plusieurs détours, et en plumant la poule que vous tiendrez en vos mains pendant toute la durée de la promenade. Votre course finie, et la poule plumée, vous reviendrez me trouver pour me rendre compte de votre ponctualité à remplir l’ordre que je vous donne au nom du Dieu dont je suis le ministre. »
Inutile de dire l’étonnement de cette femme si étrangement punie par un saint religieux incapable assurément d’une plaisanterie, surtout dans l’exercice de son auguste ministère.
« J’obéirai, mon père, dit-elle en faisant taire toute objection dans son esprit, j’obéirai. »
Et la voilà qui se rend au marché voisin, achète une poule, puis se met en route en la plumant, comme elle en avait reçu l’ordre. Bientôt elle revient vers son confesseur, empressée de lui faire part de son exactitude, et désireuse aussi d’avoir l’explication d’une si singulière pénitence.
- Ah ! dit le saint, vous avez fidèlement suivi la première partie de mon ordonnance comme médecin de votre âme ; accomplissez maintenant la seconde, et vous serez guérie. Retournez à l’endroit d’où vous arrivez, repassez par les mêmes chemins, et ramassez une à une toutes les plumes de la poule que vous venez de dépouiller.
- Mais c’est impossible, s’écria la pauvre femme, au comble de la surprise, c’est impossible. J’ai semé ces plumes au hasard et de tous les côtés de ma route : le vent les a emportées dans les directions les plus opposées. Comment voulez-vous, mon père, que je puisse les retrouver maintenant ?
- Eh bien ! mon enfant, dit le bon religieux, les médisances sont comme ces plumes que vous renoncez à pouvoir rattraper une fois que le vent les a dispersées. Vos paroles funestes sont allées dans toutes les directions ; rattrapez-les maintenant si vous le pouvez ! ...
Allez, et ne péchez plus.
L’histoire ne nous dit pas si la bonne femme se corrigea, mais c’est probable. Cette leçon emporte la pièce ; il fallait être un saint pour la trouver, il faudrait être un sot pour ne pas en tirer profit.
- Et commettez-vous fréquemment cette faute ?
- Oui, très fréquemment, répondit la pénitente.
En présence d’un aveu si franc, l’habile directeur comprit qu’il y avait dans la mauvaise habitude de cette chrétienne plus d’étourderie et de légèreté que de perversité réfléchie. Il fallait, avant tout, éclairer cette âme sur les suites fâcheuses du péché qu’elle commettait avec une si déplorable facilité.
« Ma chère fille, dit saint Philippe, votre faute est grande. Mais la miséricorde de Dieu, est plus grande encore. Avec la volonté énergique de vous corriger, et en ayant fréquemment recours à la prière, je ne doute pas que vous ne triomphiez bientôt de cette mauvaise inclination. Pour votre pénitence, voici ce que vous ferez : Vous irez au marché voisin. Vous achèterez une poule récemment tuée et couverte encore de ses plumes. Vous vous acheminerez ensuite hors de la ville, jusqu’à un point déterminé, en faisant plusieurs détours, et en plumant la poule que vous tiendrez en vos mains pendant toute la durée de la promenade. Votre course finie, et la poule plumée, vous reviendrez me trouver pour me rendre compte de votre ponctualité à remplir l’ordre que je vous donne au nom du Dieu dont je suis le ministre. »
Inutile de dire l’étonnement de cette femme si étrangement punie par un saint religieux incapable assurément d’une plaisanterie, surtout dans l’exercice de son auguste ministère.
« J’obéirai, mon père, dit-elle en faisant taire toute objection dans son esprit, j’obéirai. »
Et la voilà qui se rend au marché voisin, achète une poule, puis se met en route en la plumant, comme elle en avait reçu l’ordre. Bientôt elle revient vers son confesseur, empressée de lui faire part de son exactitude, et désireuse aussi d’avoir l’explication d’une si singulière pénitence.
- Ah ! dit le saint, vous avez fidèlement suivi la première partie de mon ordonnance comme médecin de votre âme ; accomplissez maintenant la seconde, et vous serez guérie. Retournez à l’endroit d’où vous arrivez, repassez par les mêmes chemins, et ramassez une à une toutes les plumes de la poule que vous venez de dépouiller.
- Mais c’est impossible, s’écria la pauvre femme, au comble de la surprise, c’est impossible. J’ai semé ces plumes au hasard et de tous les côtés de ma route : le vent les a emportées dans les directions les plus opposées. Comment voulez-vous, mon père, que je puisse les retrouver maintenant ?
- Eh bien ! mon enfant, dit le bon religieux, les médisances sont comme ces plumes que vous renoncez à pouvoir rattraper une fois que le vent les a dispersées. Vos paroles funestes sont allées dans toutes les directions ; rattrapez-les maintenant si vous le pouvez ! ...
Allez, et ne péchez plus.
L’histoire ne nous dit pas si la bonne femme se corrigea, mais c’est probable. Cette leçon emporte la pièce ; il fallait être un saint pour la trouver, il faudrait être un sot pour ne pas en tirer profit.
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