Magdi Cristiano Allam juge le dialogue avec l’Islam contre-productif
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Magdi Cristiano Allam juge le dialogue avec l’Islam contre-productif
Un homme plus courageux que bien des chrétiens tiedes......
Magdi Cristiano Allam juge le dialogue avec l’Islam contre-productif
Saturday, February 2, 2013 ·
Vous connaissez tous cet italien d’origine égyptienne et musulmane qui se fit baptiser en 2008 par le Saint Père en personne. Il dresse un état assez peu reluisant de l’état du dialogue islamo-catholique , dialogue mal compris car étant dirigé par le faux esprit du Concile Vatican II. Nous reproduisons ci-dessous des extraits d’un entretien paru en décembre 2012 dans le quotidien catholique Présent, où il est question de l’importance du catholicisme dans l’identité des peuples (italiens, européens), sur la progression de l’islam et le rapport entre chrétiens et musulmans.
Vous vous êtes converti après avoir été en contact avec beaucoup de chrétiens qui vous ont impressionné ; vous avez été également converti au christianisme par les écrits de Benoît XVI. Deux questions : avant votre conversion, étiez-vous musulman pratiquant, et qu’est-ce qui a vraiment déterminé votre adhésion au Christ?
J’ai été un musulman pratiquant à certaines époques de ma vie ; j’ai adhéré à l’islam en tant que religion, identité, culture à d’autres moments. Je me suis même investi pour qu’en Italie puisse exister un islam modéré. Je crois avoir été celui qui, plus que les autres, au cours des années 1980 et 1990, a œuvré pour que l’islam soit perçu comme une religion respectueuse des droits fondamentaux de la personne.
Cependant j’ai dû prendre acte du fait que les personnes peuvent être modérées, mais que l’islam en tant que religion n’est pas modéré. C’est précisément en raison de mon adhésion aux droits fondamentaux de la personne, aux valeurs non négociables, au caractère sacré de la vie, à l’égale dignité de l’homme et de la femme, à la liberté religieuse, que j’ai été condamné à mort par des musulmans qui, au nom du Coran, au nom de Mahomet, ont dit que j’étais un traître à l’islam.
Ma conversion au christianisme s’est produite sur une voie parallèle, où j’ai graduellement pris acte du fait que le christianisme est la religion de la syntonie entre l’homme et Dieu : Dieu qui s’est fait homme. C’est la religion de la foi et de la raison. C’est la religion dans laquelle les valeurs non négociables font partie intégrante des dogmes de la foi. La rencontre avec la pensée et avec la personne de Benoît XVI a été comme un phare qui m’a éclairé de l’intérieur et qui m’a conduit à toucher du doigt la bonté, la beauté, la fascination du christianisme en tant que demeure naturelle des valeurs non négociables.
Quel dialogue est possible avec les musulmans ? Vous avez dit que ce n’est pas une fin, mais un moyen.
L’erreur qui existe jusqu’à l’intérieur de l’Eglise, celle où on est tombé, c’est de concevoir le dialogue comme sa propre fin, comme si à force de dialoguer, on obtiendra tôt ou tard un résultat positif. Donc il faut dialoguer, dialoguer, dialoguer… Si nous considérons le résultat après vingt ou même trente années de dialogue, nous découvrons qu’aujourd’hui les musulmans se sont fortement implantés en Europe, ils ont un réseau toujours plus étendu de mosquées, d’écoles coraniques, d’organismes islamiques d’assistance, de tribunaux islamiques. Ils sont au pouvoir sur l’autre rive de la Méditerranée. Pendant ce temps les chrétiens dans les pays islamiques sont toujours moins nombreux, ils sont persécutés, discriminés, tués, contraints à fuir ou de se convertir à l’islam alors que les musulmans sont toujours plus forts en Europe. J’ai pris acte du fait que le dialogue n’a pas seulement été une erreur, mais qu’il a été contre-productif.
Nous devrions donc réfléchir sur la notion elle-même de dialogue. Et retourner vers un dialogue qui ne soit plus une fin en soi mais un moyen de réaliser un but. Je pense qu’il est nécessaire qu’au départ, entre « dialoguants », on soit clair à propos des bases sur lesquelles le dialogue devra s’établir, et que l’on soit clair sur l’objectif à atteindre. Sans quoi nous continuerons de légitimer notre bourreau en puissance.
J’ai pris acte du fait que le dialogue n’a pas seulement été une erreur, mais qu’il a été contre-productif.
Pensez-vous qu’il est possible de vivre en paix, côte à côte dans un même pays, avec une communauté musulmane, chrétiens et musulmans ensemble ? Et à quelles conditions ?
Si nous parlons de l’Europe, la cohabitation n’est possible que si nous sommes conscients, si nous sommes sûrs, si nous sommes fiers d’être qui nous sommes ; si nous sommes conscients de nos racines, de notre foi, de nos valeurs, de notre identité, des règles qui fondent la cohabitation dans la société, si nous avons la fierté de notre civilisation. Si nous devons accueillir un hôte dans notre maison, nous devons lui demander qu’il y respecte des règles, règles grâce auxquelles nous avons pu l’accueillir en tant qu’hôte, car c’est grâce à ces règles que nous avons pu disposer d’un bien-être matériel et que nous avons pu accéder à une civilisation qui nous invite précisément à accueillir notre prochain, à l’amour de notre prochain.
Ces règles signifient un équilibre entre les droits et les devoirs. Les droits sont garantis à tous sans discrimination à l’égard de quiconque, mais les devoirs lient aussi chacun sans aucune exception.
Si nous n’avons ni la capacité, ni le courage de demander que soient respectées ces règles, notre maison finira par devenir inhabitable, nous ne pourrons plus vivre chez nous mais elle ne servira pas non plus aux autres. Dans la maison commune, dans une cité, dans une province, dans un Etat, ici en Europe, nous devons exiger qu’il y ait une plateforme faite de règles, de valeurs non négociables. Il doit être clair par exemple qu’ici il n’est pas permis de tuer une personne parce qu’elle a des idées différentes ou parce qu’elle professe une religion différente, et qu’il n’est pas permis d’user de violence dans les rapports avec les femmes parce qu’on les considérerait comme des êtres inférieurs. Qu’il n’est pas possible de condamner pour apostasie un musulman qui se convertit à une autre religion.
Nous devons être capables de faire respecter ces règles.
Donc, la cohabitation est possible seulement si nous sommes forts de l’intérieur et si nous avons la capacité de faire respecter les lois, les règles, les valeurs non négociables
Vous parlez de « nos racines », « notre maison ». C’est un signe d’espoir. Cela veut dire qu’un musulman qui, en Europe, devient chrétien, peut partager ces racines et se sentir chez lui.
Certainement. Je crois qu’il y a beaucoup de musulmans – et je pense surtout à tant de femmes musulmanes – qui étant venus en Europe, ayant touché du doigt le fait que cette civilisation veut du bien à la personne, aux femmes, les aime, reconnaît pleinement leur dignité et leur liberté, leur accorde de bien vivre même du point de vue du bien-être matériel, l’acceptent pleinement.
Ce qui pose problème, aujourd’hui, c’est la crise des valeurs. Nous leur donnons seulement la dimension matérielle de la modernité, mais nous ne sommes pas capables de leur donner la dimension spirituelle de la modernité parce que nous sommes nous-mêmes en crise. La renaissance d’une Europe avec une âme, le recouvrement de ses valeurs, de ses racines, de la foi dans chaque État européen constitue la condition pour que beaucoup de musulmans puissent se reconnaître pleinement dans notre civilisation.
La renaissance d’une Europe avec une âme, le recouvrement de ses valeurs, de ses racines, de la foi dans chaque État européen constitue la condition pour que beaucoup de musulmans puissent se reconnaître pleinement dans notre civilisation.
Vous avez écrit un article intitulé : « C’est la faute de l’Église si l’Italie embrasse l’islam ». C’est un jugement très dur. Porte-t-il sur toute l’Eglise ? Comment peut-elle en finir avec cela ?
Je faisais référence à la position officielle de l’Église par rapport à l’islam. Il s’agit des documents officiels du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux qui parlent des « trois grandes religions monothéistes, révélées, abrahamiques, du Livre », mettant sur le même plan l’hébraïsme, le christianisme et l’islam, légitimant ce dernier comme religion, et où Mahomet est présenté comme un prophète. Il y a eu une déclaration conjointe de la part de ce Conseil pontifical avec un groupe d’oulémas, de jurisconsultes islamiques, où l’on parle du christianisme et de l’islam qui « aiment d’une même manière le prochain », et où l’on parle d’un « Dieu commun », d’un Dieu « unique ».
Je crois que c’est cela qui représente la vraie menace pour l’Église. Car si nous croyons que Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, né, mort et ressuscité, représente le fondement du christianisme, et qu’en Jésus-Christ la Révélation s’est achevée, s’Il est le sceau de la prophétie, nous ne pouvons pas en même temps considérer qu’un homme, sept siècles plus tard, puisse dire : « Je suis le Prophète qui achève la Révélation », qu’il se prétende le sceau de la prophétie et qu’il nous dise que Coran est Dieu lui-même, le Dieu « intextué » dans le Coran. Si nous légitimons l’islam, nous considérons que le Coran est un texte sacré, que Mahomet est un véritable prophète, et cela signifie que nous nions le christianisme. C’est l’un ou c’est l’autre. Ou bien l’on croit exclusivement au christianisme comme unique vérité, ou bien l’on est musulman, et l’on légitime véritablement l’islam. Je suis désormais de plus en plus convaincu que l’avenir du christianisme et même de l’Église dépendra de la capacité de celle-ci à prendre une position très claire face à l’islam.
Je suis désormais de plus en plus convaincu que l’avenir du christianisme et même de l’Église dépendra de la capacité de celle-ci à prendre une position très claire face à l’islam.
Vous animez le mouvement « Io amo l’Italia » (J’aime l’Italie). Parvient-il à se faire entendre en Italie, notamment sur le plan du respect de la vie et du soutien à la famille ? On a l’impression qu’il n’y a pas de grand parti qui fasse quoi que ce soit pour cela. Quel espoir avez-vous ?
« Io amo l’Italia » est un mouvement politique fondé en 2009. Il croit au caractère central de la personne, de la famille naturelle, de la communauté locale, des valeurs et des règles, et du bien commun. Le mouvement a décidé de participer aux prochaines élections politiques nationales qui se tiendront en Italie au printemps prochain, de manière totalement autonome, sans s’allier avec d’autres partis existants. Nous avons décidé cela précisément parce que nous prenons acte du fait que, tous partis confondus, on ne respecte pas les valeurs non négociables. C’est l’argent qui y est mis au centre, c’est l’intérêt.
Nous, nous voulons promouvoir un nouveau modèle de développement, un nouveau modèle d’État, un nouveau modèle de société qui favorise une croissance saine des Italiens, en les aidant sur le plan de l’économie réelle. Nous voulons y aider par une réforme de l’État qui parte du bas et qui mette au centre les citoyens. Mais ce sera aussi sur le plan de la croissance de la vie, parce que l’Italie est aujourd’hui tout en bas du tableau mondial des taux de natalité.
Nous avons par exemple œuvré pour promouvoir la reconnaissance du droit des femmes, des mères, de choisir de se dévouer à plein temps à leur famille, à leurs enfants, à leur foyer, et de recevoir pour cela un revenu. Si la croissance de la natalité est aujourd’hui une sorte d’urgence nationale, nous devons nous en occuper avec le plus grand sérieux et la plus grande détermination.
Vous avez parlé de la mainmise de la finance sur l’Europe, et du « gouvernement des banques ». Comment en sortir ?
Nous devons prendre acte du fait qu’aujourd’hui le monde est profondément affecté par un amoncellement de monnaie fictive et de titres dérivés dont la valeur est douze fois plus importante que celle du Produit intérieur brut de tous les pays du monde réunis. Nous devons donc prendre acte du fait qu’avoir donné la prérogative d’émettre monnaie à la Banque centrale européenne, qui est une entité privée – les propriétaires de la BCE sont des banquiers privés – conduit les États nationaux à devoir l’acheter en s’endettant, en émettant des titres d’État qui créent de la dette puisqu’ils se remboursent avec des intérêts.
La voie pour sortir de cette dictature financière, qui se traduit aujourd’hui par la présence de gouvernements technocratiques, qui n’ont pas été élus par les citoyens, et qui ne répondent de leurs actes à personne, est le recouvrement de notre souveraineté monétaire. Autrement dit, l’État doit recommencer à émettre lui-même la monnaie, en faisant s’évanouir la différence entre la valeur réelle de la monnaie, qui est voisine de zéro, et la valeur nominale, faciale de la monnaie. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons relancer le développement en Europe. En Italie, par exemple, l’État doit aux entreprises 100 milliards d’euros. Et il y a beaucoup d’entreprises en Italie qui font faillite non parce qu’elles sont mal gérées, mais parce que l’État n’honore pas ses dettes et qu’elles ne peuvent plus payer les salaires, charges et autres achats. La seule manière pour que l’État puisse disposer de cet argent est de l’émettre directement, car l’alternative est suicidaire : pour rembourser les dettes il faut contracter de nouvelles dettes.
Propos recueillis par Jeanne Smits et Olivier Figueras – Article extrait du n° 7741 du samedi 1er décembre 2012, quotidien “Présent”
Source: Islam Clair et Net
Magdi Cristiano Allam juge le dialogue avec l’Islam contre-productif
Saturday, February 2, 2013 ·
Vous connaissez tous cet italien d’origine égyptienne et musulmane qui se fit baptiser en 2008 par le Saint Père en personne. Il dresse un état assez peu reluisant de l’état du dialogue islamo-catholique , dialogue mal compris car étant dirigé par le faux esprit du Concile Vatican II. Nous reproduisons ci-dessous des extraits d’un entretien paru en décembre 2012 dans le quotidien catholique Présent, où il est question de l’importance du catholicisme dans l’identité des peuples (italiens, européens), sur la progression de l’islam et le rapport entre chrétiens et musulmans.
Vous vous êtes converti après avoir été en contact avec beaucoup de chrétiens qui vous ont impressionné ; vous avez été également converti au christianisme par les écrits de Benoît XVI. Deux questions : avant votre conversion, étiez-vous musulman pratiquant, et qu’est-ce qui a vraiment déterminé votre adhésion au Christ?
J’ai été un musulman pratiquant à certaines époques de ma vie ; j’ai adhéré à l’islam en tant que religion, identité, culture à d’autres moments. Je me suis même investi pour qu’en Italie puisse exister un islam modéré. Je crois avoir été celui qui, plus que les autres, au cours des années 1980 et 1990, a œuvré pour que l’islam soit perçu comme une religion respectueuse des droits fondamentaux de la personne.
Cependant j’ai dû prendre acte du fait que les personnes peuvent être modérées, mais que l’islam en tant que religion n’est pas modéré. C’est précisément en raison de mon adhésion aux droits fondamentaux de la personne, aux valeurs non négociables, au caractère sacré de la vie, à l’égale dignité de l’homme et de la femme, à la liberté religieuse, que j’ai été condamné à mort par des musulmans qui, au nom du Coran, au nom de Mahomet, ont dit que j’étais un traître à l’islam.
Ma conversion au christianisme s’est produite sur une voie parallèle, où j’ai graduellement pris acte du fait que le christianisme est la religion de la syntonie entre l’homme et Dieu : Dieu qui s’est fait homme. C’est la religion de la foi et de la raison. C’est la religion dans laquelle les valeurs non négociables font partie intégrante des dogmes de la foi. La rencontre avec la pensée et avec la personne de Benoît XVI a été comme un phare qui m’a éclairé de l’intérieur et qui m’a conduit à toucher du doigt la bonté, la beauté, la fascination du christianisme en tant que demeure naturelle des valeurs non négociables.
Quel dialogue est possible avec les musulmans ? Vous avez dit que ce n’est pas une fin, mais un moyen.
L’erreur qui existe jusqu’à l’intérieur de l’Eglise, celle où on est tombé, c’est de concevoir le dialogue comme sa propre fin, comme si à force de dialoguer, on obtiendra tôt ou tard un résultat positif. Donc il faut dialoguer, dialoguer, dialoguer… Si nous considérons le résultat après vingt ou même trente années de dialogue, nous découvrons qu’aujourd’hui les musulmans se sont fortement implantés en Europe, ils ont un réseau toujours plus étendu de mosquées, d’écoles coraniques, d’organismes islamiques d’assistance, de tribunaux islamiques. Ils sont au pouvoir sur l’autre rive de la Méditerranée. Pendant ce temps les chrétiens dans les pays islamiques sont toujours moins nombreux, ils sont persécutés, discriminés, tués, contraints à fuir ou de se convertir à l’islam alors que les musulmans sont toujours plus forts en Europe. J’ai pris acte du fait que le dialogue n’a pas seulement été une erreur, mais qu’il a été contre-productif.
Nous devrions donc réfléchir sur la notion elle-même de dialogue. Et retourner vers un dialogue qui ne soit plus une fin en soi mais un moyen de réaliser un but. Je pense qu’il est nécessaire qu’au départ, entre « dialoguants », on soit clair à propos des bases sur lesquelles le dialogue devra s’établir, et que l’on soit clair sur l’objectif à atteindre. Sans quoi nous continuerons de légitimer notre bourreau en puissance.
J’ai pris acte du fait que le dialogue n’a pas seulement été une erreur, mais qu’il a été contre-productif.
Pensez-vous qu’il est possible de vivre en paix, côte à côte dans un même pays, avec une communauté musulmane, chrétiens et musulmans ensemble ? Et à quelles conditions ?
Si nous parlons de l’Europe, la cohabitation n’est possible que si nous sommes conscients, si nous sommes sûrs, si nous sommes fiers d’être qui nous sommes ; si nous sommes conscients de nos racines, de notre foi, de nos valeurs, de notre identité, des règles qui fondent la cohabitation dans la société, si nous avons la fierté de notre civilisation. Si nous devons accueillir un hôte dans notre maison, nous devons lui demander qu’il y respecte des règles, règles grâce auxquelles nous avons pu l’accueillir en tant qu’hôte, car c’est grâce à ces règles que nous avons pu disposer d’un bien-être matériel et que nous avons pu accéder à une civilisation qui nous invite précisément à accueillir notre prochain, à l’amour de notre prochain.
Ces règles signifient un équilibre entre les droits et les devoirs. Les droits sont garantis à tous sans discrimination à l’égard de quiconque, mais les devoirs lient aussi chacun sans aucune exception.
Si nous n’avons ni la capacité, ni le courage de demander que soient respectées ces règles, notre maison finira par devenir inhabitable, nous ne pourrons plus vivre chez nous mais elle ne servira pas non plus aux autres. Dans la maison commune, dans une cité, dans une province, dans un Etat, ici en Europe, nous devons exiger qu’il y ait une plateforme faite de règles, de valeurs non négociables. Il doit être clair par exemple qu’ici il n’est pas permis de tuer une personne parce qu’elle a des idées différentes ou parce qu’elle professe une religion différente, et qu’il n’est pas permis d’user de violence dans les rapports avec les femmes parce qu’on les considérerait comme des êtres inférieurs. Qu’il n’est pas possible de condamner pour apostasie un musulman qui se convertit à une autre religion.
Nous devons être capables de faire respecter ces règles.
Donc, la cohabitation est possible seulement si nous sommes forts de l’intérieur et si nous avons la capacité de faire respecter les lois, les règles, les valeurs non négociables
Vous parlez de « nos racines », « notre maison ». C’est un signe d’espoir. Cela veut dire qu’un musulman qui, en Europe, devient chrétien, peut partager ces racines et se sentir chez lui.
Certainement. Je crois qu’il y a beaucoup de musulmans – et je pense surtout à tant de femmes musulmanes – qui étant venus en Europe, ayant touché du doigt le fait que cette civilisation veut du bien à la personne, aux femmes, les aime, reconnaît pleinement leur dignité et leur liberté, leur accorde de bien vivre même du point de vue du bien-être matériel, l’acceptent pleinement.
Ce qui pose problème, aujourd’hui, c’est la crise des valeurs. Nous leur donnons seulement la dimension matérielle de la modernité, mais nous ne sommes pas capables de leur donner la dimension spirituelle de la modernité parce que nous sommes nous-mêmes en crise. La renaissance d’une Europe avec une âme, le recouvrement de ses valeurs, de ses racines, de la foi dans chaque État européen constitue la condition pour que beaucoup de musulmans puissent se reconnaître pleinement dans notre civilisation.
La renaissance d’une Europe avec une âme, le recouvrement de ses valeurs, de ses racines, de la foi dans chaque État européen constitue la condition pour que beaucoup de musulmans puissent se reconnaître pleinement dans notre civilisation.
Vous avez écrit un article intitulé : « C’est la faute de l’Église si l’Italie embrasse l’islam ». C’est un jugement très dur. Porte-t-il sur toute l’Eglise ? Comment peut-elle en finir avec cela ?
Je faisais référence à la position officielle de l’Église par rapport à l’islam. Il s’agit des documents officiels du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux qui parlent des « trois grandes religions monothéistes, révélées, abrahamiques, du Livre », mettant sur le même plan l’hébraïsme, le christianisme et l’islam, légitimant ce dernier comme religion, et où Mahomet est présenté comme un prophète. Il y a eu une déclaration conjointe de la part de ce Conseil pontifical avec un groupe d’oulémas, de jurisconsultes islamiques, où l’on parle du christianisme et de l’islam qui « aiment d’une même manière le prochain », et où l’on parle d’un « Dieu commun », d’un Dieu « unique ».
Je crois que c’est cela qui représente la vraie menace pour l’Église. Car si nous croyons que Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, né, mort et ressuscité, représente le fondement du christianisme, et qu’en Jésus-Christ la Révélation s’est achevée, s’Il est le sceau de la prophétie, nous ne pouvons pas en même temps considérer qu’un homme, sept siècles plus tard, puisse dire : « Je suis le Prophète qui achève la Révélation », qu’il se prétende le sceau de la prophétie et qu’il nous dise que Coran est Dieu lui-même, le Dieu « intextué » dans le Coran. Si nous légitimons l’islam, nous considérons que le Coran est un texte sacré, que Mahomet est un véritable prophète, et cela signifie que nous nions le christianisme. C’est l’un ou c’est l’autre. Ou bien l’on croit exclusivement au christianisme comme unique vérité, ou bien l’on est musulman, et l’on légitime véritablement l’islam. Je suis désormais de plus en plus convaincu que l’avenir du christianisme et même de l’Église dépendra de la capacité de celle-ci à prendre une position très claire face à l’islam.
Je suis désormais de plus en plus convaincu que l’avenir du christianisme et même de l’Église dépendra de la capacité de celle-ci à prendre une position très claire face à l’islam.
Vous animez le mouvement « Io amo l’Italia » (J’aime l’Italie). Parvient-il à se faire entendre en Italie, notamment sur le plan du respect de la vie et du soutien à la famille ? On a l’impression qu’il n’y a pas de grand parti qui fasse quoi que ce soit pour cela. Quel espoir avez-vous ?
« Io amo l’Italia » est un mouvement politique fondé en 2009. Il croit au caractère central de la personne, de la famille naturelle, de la communauté locale, des valeurs et des règles, et du bien commun. Le mouvement a décidé de participer aux prochaines élections politiques nationales qui se tiendront en Italie au printemps prochain, de manière totalement autonome, sans s’allier avec d’autres partis existants. Nous avons décidé cela précisément parce que nous prenons acte du fait que, tous partis confondus, on ne respecte pas les valeurs non négociables. C’est l’argent qui y est mis au centre, c’est l’intérêt.
Nous, nous voulons promouvoir un nouveau modèle de développement, un nouveau modèle d’État, un nouveau modèle de société qui favorise une croissance saine des Italiens, en les aidant sur le plan de l’économie réelle. Nous voulons y aider par une réforme de l’État qui parte du bas et qui mette au centre les citoyens. Mais ce sera aussi sur le plan de la croissance de la vie, parce que l’Italie est aujourd’hui tout en bas du tableau mondial des taux de natalité.
Nous avons par exemple œuvré pour promouvoir la reconnaissance du droit des femmes, des mères, de choisir de se dévouer à plein temps à leur famille, à leurs enfants, à leur foyer, et de recevoir pour cela un revenu. Si la croissance de la natalité est aujourd’hui une sorte d’urgence nationale, nous devons nous en occuper avec le plus grand sérieux et la plus grande détermination.
Vous avez parlé de la mainmise de la finance sur l’Europe, et du « gouvernement des banques ». Comment en sortir ?
Nous devons prendre acte du fait qu’aujourd’hui le monde est profondément affecté par un amoncellement de monnaie fictive et de titres dérivés dont la valeur est douze fois plus importante que celle du Produit intérieur brut de tous les pays du monde réunis. Nous devons donc prendre acte du fait qu’avoir donné la prérogative d’émettre monnaie à la Banque centrale européenne, qui est une entité privée – les propriétaires de la BCE sont des banquiers privés – conduit les États nationaux à devoir l’acheter en s’endettant, en émettant des titres d’État qui créent de la dette puisqu’ils se remboursent avec des intérêts.
La voie pour sortir de cette dictature financière, qui se traduit aujourd’hui par la présence de gouvernements technocratiques, qui n’ont pas été élus par les citoyens, et qui ne répondent de leurs actes à personne, est le recouvrement de notre souveraineté monétaire. Autrement dit, l’État doit recommencer à émettre lui-même la monnaie, en faisant s’évanouir la différence entre la valeur réelle de la monnaie, qui est voisine de zéro, et la valeur nominale, faciale de la monnaie. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons relancer le développement en Europe. En Italie, par exemple, l’État doit aux entreprises 100 milliards d’euros. Et il y a beaucoup d’entreprises en Italie qui font faillite non parce qu’elles sont mal gérées, mais parce que l’État n’honore pas ses dettes et qu’elles ne peuvent plus payer les salaires, charges et autres achats. La seule manière pour que l’État puisse disposer de cet argent est de l’émettre directement, car l’alternative est suicidaire : pour rembourser les dettes il faut contracter de nouvelles dettes.
Propos recueillis par Jeanne Smits et Olivier Figueras – Article extrait du n° 7741 du samedi 1er décembre 2012, quotidien “Présent”
Source: Islam Clair et Net
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Magdi Cristiano Allam juge le dialogue avec l’Islam contre-productif
Merci Michel, excellent article !
Myriamis- Date d'inscription : 21/03/2012
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