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Pour changer les choses

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Message par MichelT Mar 7 Jan 2014 - 13:36


Pour changer les choses


Christophe Geffroy

Source : La Nef N°255 de janvier 2014

On sent monter du fond de ce pays un immense « ras’le bol » populaire face à un gouvernement qui n’apparaît pas la hauteur des défis de l’heure. Alors que l’avenir économique est bien sombre, suscitant une légitime inquiétude, il n’a de cesse de « déconstruire » les repères les plus ancrés de la société (« mariage pour tous », PMA/GPA, gender, euthanasie…), entraînant une peur non moins légitime. Ces deux angoisses se conjuguent et ont ainsi fait naître un vaste mouvement d’opposition multiforme – de la Manif pour tous à Jour de colère – dont il est difficile de prendre encore toute la mesure.

Il s’agit là de réactions saines d’un corps social exaspéré non seulement par l’incompétence du gouvernement, mais plus encore par le déni de démocratie qui, bien que le mot soit invoqué à tout propos, apparaît de plus en plus visible et général à tous les niveaux. Je n’irai pas jusqu’à prétendre que notre démocratie est devenue « totalitaire » comme on l’entend ici ou là, car il faut raison garder et se souvenir de ce qu’a été historiquement le totalitarisme, un système qui ne laissait aucune liberté d’expression et dont l’une des caractéristiques a été l’élimination en masse d’une catégorie de population désignée comme ennemi à abattre, non pour ce qu’elle faisait mais pour ce qu’elle était, mais enfin nous en connaissons des dérives certaines, à commencer par cette prétention de l’État à tout régenter jusqu’à définir un homme nouveau en s’affranchissant de toute loi transcendante normalement intransgressible (la loi morale naturelle).

Alors que nous sommes témoins depuis plusieurs mois de tant de magnifiques initiatives qui révèlent une large prise de conscience de l’impasse dans laquelle sont engagées nos sociétés occidentales, la tentation est grande d’espérer que le mouvement d’opposition qui se développe permettra de changer les choses à relativement brève échéance – à l’occasion d’élections, par exemple. Certes, ne nions pas que des améliorations sont possibles, ce qui légitime l’engagement de ceux qui en ont la vocation dans des structures politiques. Mais la vérité oblige à dire que, sauf événement inattendu, le redressement ne pourra être qu’une œuvre de longue haleine et qu’il faut en être conscients pour ne pas être découragés au premier reflux.

En effet, la grande majorité de la classe politique partage les idées qui sont la cause de nos maux, c’est pourquoi il est illusoire de croire qu’une simple alternance politique permettra un profond changement ! Sur deux aspects essentiels, l’UMP et l’UDI ne se distinguent guère du PS au pouvoir.

Le premier est l’Union européenne (UE) et la question-clé de la nation comme cadre le mieux adapté à la démocratie. Lors d’un récent débat télévisé (1), Emmanuelle Cosse (EELV) a eu le mérite de la clarté en affirmant bien haut qu’elle était favorable à la fin des États-nations européens au bénéfice d’un grand État fédéral, pensée partagée par la plupart de nos politiques. C’est bien l’orientation qu’a prise la « construction » européenne, monstre bureaucratique qui a été imposé au fil des ans sans que les peuples aient leur mot à dire, pire sans tenir compte de leurs votes lorsqu’ils ont eu le rare privilège de s’exprimer par référendum, comme en France, aux Pays-Bas ou en Irlande, et qui nous entraîne inéluctablement vers un système de plus en plus éloigné des peuples et de la démocratie. Changer l’orientation européenne et transformer l’euro de monnaie unique en monnaie commune sont des préalables, des mesures nécessaires mais bien évidemment non suffisantes pour redonner une marge de manœuvre au politique et réaffirmer, conformément au principe de subsidiarité, que la nation est le cadre naturel de l’exercice d’une démocratie à refonder.

Le second est plus fondamental et tient finalement à la croyance que toute vérité est inaccessible – d’où le refus d’une loi naturelle transcendante au profit du relativisme – et qu’il revient donc au politique – en l’occurrence à la majorité parlementaire – d’établir les normes morales. Cette situation inédite dans l’histoire des hommes donne, dans nos démocraties purement procédurales, un pouvoir sans limite à la majorité, c’est là que se situe la pente totalitaire de notre système.

N’y a-t-il donc rien à faire contre cela ? Si, bien sûr, mais il serait bon que le mouvement qui s’est levé en France contre « le mariage pour tous » prenne conscience de l’ampleur du défi, et ainsi contribue à former les consciences pour qu’une force suffisamment éclairée et influente puisse, un jour prochain, convaincre une majorité de nos concitoyens du bien-fondé de cette analyse. C’est un changement au niveau des idées qui est nécessaire, et cela s’opère bien en amont du combat électoral. Au point où nous sommes descendus, il serait illusoire de penser pouvoir redresser l’ordre naturel sans s’appuyer sur l’ordre surnaturel. En d’autres termes, on ne pourra revenir aux notions de vérité, de loi naturelle sans avoir préalablement redonné à Dieu droit de cité dans nos sociétés démocratiques. C’est le sens du beau message du pape François pour la Journée mondiale de la Paix dont le thème est la « fraternité » : « Il apparaît clairement que les éthiques contemporaines deviennent aussi incapables de produire des liens authentiques de fraternité, puisqu’une fraternité privée de la référence à un Père commun, comme son fondement ultime, ne réussit pas à subsister. Une fraternité véritable entre les hommes suppose et exige une paternité transcendante. » De même, le pape nous explique que « les graves crises financières et économiques contemporaines » trouvent notamment leur origine « dans l’éloignement progressif de l’homme vis-à-vis de Dieu et du “prochain” ». Remettre Dieu à sa place, le pape trace là une belle feuille de route pour tous ceux qui veulent changer les choses.

(1) Le 9 décembre 2013 sur France 2, l’émission « Mots croisés ».

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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