Communion de désir pour les « Divorcés-remariés » ou plutôt « adultères publics » ?
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Communion de désir pour les « Divorcés-remariés » ou plutôt « adultères publics » ?
Communion de désir pour les « Divorcés-remariés » ou plutôt « adultères publics » ?
l'abbé PAGES
Communion de désir pour les « Divorcés-remariés » ou plutôt « adultères publics » ?
l'abbé PAGES nous livre une analyse de la proposition de l’archidiocèse de Paris sur la communion de désir pour les divorcés remariés :
« Alors que se prépare à Rome un prochain synode sur la famille, la revue de l’archidiocèse de Paris, Paris Notre Dame, dans sa livraison du 28 novembre 2013 (n°1502, p.6), s’intéresse à la situation des « divorcés-remariés » à travers un article consacré à l’association Miséricorde et Vérité dont la vocation est de proposer « aux personnes, remariées ou non, un itinéraire spirituel pour qu’elles prennent conscience qu’elles demeurent au cœur de l’Église. » Si le manque crasse de formation sérieuse à la doctrine du mariage catholique lors des préparations au sacrement explique que des personnes abandonnées et non « remariées » puissent douter demeurer au cœur de l’Église, ce qui choque dans cette formulation est que leur condition soit traitée au même titre que celle des personnes dites « remariées » (civilement). Que révèle cette assimilation et comment est-il possible de demeurer au cœur de l’Église lorsque l’on est « remarié » ?
L’expression utilisée dans cet article ‒ et jusque dans les documents du magistère romain ‒ de « Divorcé-remarié » est un véritable oxymore, puisqu’au regard de la Foi il n’y a pas plus de « divorcés » que ce qu’il y a de « remariés » : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » (Mt 19.6). En fait « divorcés-remariés » signifie : « adultères publics ». Je n’entrerai pas ici dans la considération sentimentale que peuvent susciter certaines situations existentielles : il est trop facile de faire jouer « les bons sentiments » au détriment de la charité, qui est amour de la vérité : « Si quelqu’un vient à Moi sans Me préférer à son conjoint ou même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14.26).
Au début de l’article, le père Metzinger, vicaire épiscopal pour la pastorale de la famille de l’archidiocèse de Paris, dément que l’Église rejette les adultères publics, comme certains certainement s’en plaignent. « La vérité […], c’est de leur faire prendre conscience qu’ils sont toujours membres de l’Église. » dit-il. C’est vrai dans la mesure où le péché n’annule pas le baptême, mais que l’Église ne rejette personne n’empêche malheureusement pas ces personnes, par leur péché, de se rejeter elles-mêmes de l’Église. Cela non seulement le père ne le dit pas, mais il va jusqu’à faire croire que leur péché affecte si peu leur appartenance à l’Église qu’ils peuvent toujours « bénéficier de la grâce des sacrements »… De quoi pourraient-ils encore se plaindre ? Ce que cache soigneusement ce discours, c’est que tous les baptisés n’appartiennent pas à l’Église de la même façon : il y a ceux qui lui appartiennent comme à la vigne des rameaux vivants et féconds, et il y a ceux qui lui appartiennent comme des sarments secs, destinés, à moins du travail sinon du miracle de la conversion, au feu éternel (Jn 15.6). C’est en ce sens que j’interprète cette même affirmation dans les textes du Magistère ordinaire récent, par exemple dans la Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi Sur l’accès à la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés disant que ceux-ci : « ne sont en rien exclus de la communion ecclésiale. ». Car enfin, si l’adultère est un péché mortel, on ne voit pas que les adultères participent à la communion ecclésiale, ou alors celle-ci, contrairement à sa définition, n’est pas une, ou est, elle-aussi, morte. Ce qui dans les deux cas est faux. Reste donc que le Magistère ne voit la participation des adultères publics à la communion ecclésiale que sous le registre de la potentialité, attentant du processus de conversion mené à son terme, le passage à son actualité. Dans le cas contraire, elle n’aura été qu’une participation virtuelle. Ne pas le dire, n’est-ce pas très gravement contribuer à l’égarement les âmes ?
L’association, soutenue par la Pastorale familiale se propose « de ‘ramener la paix dans les cœurs’ jusqu’au moment où les personnes acceptent leur situation et peuvent prendre une part active à la vie de l’Église, sans être en rébellion. ». Un tel objectif, dit-il autre chose que la volonté de tranquilliser des âmes tourmentées par leur état de damnation afin qu’elles y restent ? Le but de l’Église et donc de toute pastorale, n’est-il pas de sauver les âmes ? Et qu’est-ce que « la participationactive à la vie de l’Église » si celle-ci ne peut être surnaturellement féconde, tant il est vrai que sans la grâce nous ne pouvons rien (Jn 15.5) ? Occulter du péché d’adultère la damnation méritée, est-ce vraiment aider ces personnes, ou bien se compter avec ces prêtres amis de la « dureté de cœur » et ennemis du Christ (Mt 19.6) ? N’est-ce pas de surcroît se rendre coupable de banaliser et donc encourager ce péché ? Quel témoignage est ainsi donné aux personnes abandonnées par leur conjoint mais fidèles aux promesses de leur mariage ? Comment la pastorale de la famille peut-elle se justifier d’aider « les personnes divorcées, remariées ou non » à « vivre de manière différente leur appartenance à l’Église » ? Y aurait-il deux manières de vivre l’appartenance à l’Église : une en étant fidèle et l’autre en étant infidèle ?
Bruno et Anny Perrin « divorcés et engagés dans une nouvelle union depuis seize ans » sont appelés à titre de témoins de cette autre manière d’appartenir à l’Église… Et voici leur témoignage : « Dieu nous réconforte et nous comble autrement ». Comment ? « Par la communion de désir ».
La communion de désir, encore appelée communion spirituelle, voilà la notion sur laquelle s’appuie la présente pastorale des adultères publics. Elle leur fait croire qu’ils peuvent, par la communion de désir, « bénéficier de la grâce des sacrements », c’est-à-dire accéder à l’essentiel de la vie chrétienne, en sorte qu’à côté de cet essentiel, la vie surnaturelle, leur péché s’en trouve nécessairement réduit à des dimensions anecdotiques… Cette participation des adultères publics à la communion eucharistique par le désir de celle-ci, pour appartenir au Magistère ordinaire récent de l’Église, est un enseignement qui me semble fondé sur une tragique incompréhension du sens réel de la notion de « communion de désir ». En effet, celle-ci n’est pas, et n’a jamais été, le moyen de communier de ceux qui ne sont pas en état de grâce, mais de ceux qui sont empêchés de le faire pour des raisons indépendantes de leur volonté, comme c’est le cas pour les prisonniers, les malades, etc. En dehors de toute participation souhaitée mais physiquement impossible au Sacrifice de Jésus, Dieu peut donner les fruits de cette participation qui, pour être seulement désirée, n’en est pas moins réelle à Ses yeux, Lui qui tient pour spirituellement acquis ce qui est librement désiré (Mt 6.21 ; 5.28). Toutefois, cette communion, comme toute communion, exclut nécessairement l’attachement au péché, aussi vrai que participer dignement à l’Eucharistie, c’est donner sa vie au Père, et donc, par Jésus, avec Jésus et en Jésus, mourir au monde pécheur… On ne voit pas que l’on puisse à la fois s’unir au Christ dans le mystère de Sa mort (1 Co 11.26) et se refuser à Lui, violer le sacrement de mariage, « signe et instrument efficace » de Son Amour indissoluble parce qu’irrévocable (Mt 19.6 ; 5.32), et prétendre s’unir à Lui : « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi » (Mt 12.30). Raison pour laquelle l’Église primitive demandait aux pécheurs publics de quitter l’église après la liturgie de la Parole, consciente que n’étant pas en état de grâce ils ne pouvaient pas s’unir à l’offrande du Sacrifice de Jésus, ni donc en recevoir les fruits par la communion. Or, voici qu’aujourd’hui, les adultères publics sont invités à participer à la Messe et à en recevoir la grâce…
Ce qu’indirectement on laisse ainsi entendre aux adultères publics est que ne pouvoir physiquement prendre part au sacrement n’aurait en définitive que peu d’importance pour eux, puisqu’ils ne seraient en cela privés que de la « théâtralité » des sacrements, des « apparences » de la communion eucharistique, mais non de sa « substance ». Or, on ne voit pas en quoi le fait de ne pas pouvoir recevoir les « espèces » de l’Eucharistie permettrait d’en recevoir la substance… Ou on peut communier ou on ne le peut pas. Ou on est en état de grâce ou on ne l’est pas. Mais si on peut communier, c’est à la substance du sacrement qu’on le peut, c’est-à-dire au Christ Lui-même, réellement présent sous les apparences des espèces consacrées. Personne ne communie jamais aux seules apparences, sinon pour sa condamnation (1 Co 11.27-31) ! Communier au Corps du Christ implique toujours et nécessairement de le faire spirituellement, c’est à dire d’accueillir le Christ tel qu’Il est en Lui-même, avec foi et par amour, et non pas seulement avec ses dents, comme savent le faire les chiens ! « Ne donnez pas ce qui est sacré aux chiens ! » (Mt 7.6).
Comment comprendre que l’on en soit arrivé à présenter la communion spirituelle comme compatible avec le péché, sinon par le défaut, aussi monstrueux qu’incompréhensible, d’une authentique vie spirituelle, jusqu’aux plus hauts niveaux de la hiérarchie ecclésiastique ?Parce que la vie spirituelle est invisible aux yeux de ceux qui n’ont pas l’Esprit du Christ, elle pourrait leur être présentée comme la nuit enchantée servant à vivre cachés ce qu’ils ne peuvent vivre au grand jour ? Parce que la vie spirituelle est invisible aux yeux de chair, elle permettrait de tromper les innocents sur son contenu ? Pas vu, pas pris ? Si je te dis que tu peux communier spirituellement, pourquoi ne pas le croire, puisque n’y voyant rien et soumis à mon autorité (dont j’abuse), tu ne peux le contester ? Si tu as la foi, crois que tu peux communier ! Mais pour qui a l’Esprit du Christ, la vie spirituelle n’est pas le monde de la religiosité New-Age, faite d’imagination, livrée à la subjectivité. Elle est aussi réelle que ce qu’elle contient la substance même des réalités du monde visible : « Ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans les Cieux. » (Mt 18.18)…
« En renonçant à la communion sacramentelle, nous communions à la croix du Christ. » confessent Bruno et Anny, accusant ainsi non seulement l’Église de blesser le Christ par la demande qu’elle leur fait de ne pas communier, mais encore le Christ de Se contredire, Lui qui a dit : « Qui vous écoute, M’écoute. » (Lc 10.16 ; Mt 18.18)… Si l’Église, par sa discipline, fait porter au Christ une croix, et si les adultères publics sont les saints qui portent avec Lui cette croix, quel est le rôle des responsables de la pastorale familiale ?
Si « Ce que confesse la foi, les sacrements le communiquent » (CEC n°1692), que confesse la foi qui n’a pas besoin de sacrements ? Est-ce encore la foi ? Quel est le sens de l’excommunication (Can 915) si l’excommunié peut quand même « bénéficier de la grâce des sacrements » ? Qu’est-ce qui est véritablement important : les sacrements ou la grâce qu’ils donnent ? S’il en est ainsi que l’on puisse « bénéficier de la grâce des sacrements » tout en vivant dans le péché, qu’est-ce que le péché ? Et qu’est-ce que la grâce ? N’est-on pas en pleine apostasie ?
Bref, en donnant aux personnes qui ne sont objectivement pas en état de grâce, le fallacieux conseil de communier spirituellement, non seulement on contribue à leur damnation en ne les invitant à demeurer dans leur situation objective de péché (Mt 3.8 ; 4.17 ; 11.20 ; Lc 13.3,5) mais on fausse leur relation ‒ et celle de toute l’Église ‒ au Mystère de Jésus-Eucharistie, laissant croire qu’Il donnerait ce que Son Église interdit… A moins que ce ne soit l’Église qui veuille aujourd’hui donner ce que son Seigneur interdit ? Que révèlent de l’authenticité de la vie spirituelle de l’Église cette pastorale et cette compréhension de la communion spirituelle, aujourd’hui si largement répandues qu’elles sont ratifiées à Rome même ? »
l'abbé PAGES
Communion de désir pour les « Divorcés-remariés » ou plutôt « adultères publics » ?
l'abbé PAGES nous livre une analyse de la proposition de l’archidiocèse de Paris sur la communion de désir pour les divorcés remariés :
« Alors que se prépare à Rome un prochain synode sur la famille, la revue de l’archidiocèse de Paris, Paris Notre Dame, dans sa livraison du 28 novembre 2013 (n°1502, p.6), s’intéresse à la situation des « divorcés-remariés » à travers un article consacré à l’association Miséricorde et Vérité dont la vocation est de proposer « aux personnes, remariées ou non, un itinéraire spirituel pour qu’elles prennent conscience qu’elles demeurent au cœur de l’Église. » Si le manque crasse de formation sérieuse à la doctrine du mariage catholique lors des préparations au sacrement explique que des personnes abandonnées et non « remariées » puissent douter demeurer au cœur de l’Église, ce qui choque dans cette formulation est que leur condition soit traitée au même titre que celle des personnes dites « remariées » (civilement). Que révèle cette assimilation et comment est-il possible de demeurer au cœur de l’Église lorsque l’on est « remarié » ?
L’expression utilisée dans cet article ‒ et jusque dans les documents du magistère romain ‒ de « Divorcé-remarié » est un véritable oxymore, puisqu’au regard de la Foi il n’y a pas plus de « divorcés » que ce qu’il y a de « remariés » : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » (Mt 19.6). En fait « divorcés-remariés » signifie : « adultères publics ». Je n’entrerai pas ici dans la considération sentimentale que peuvent susciter certaines situations existentielles : il est trop facile de faire jouer « les bons sentiments » au détriment de la charité, qui est amour de la vérité : « Si quelqu’un vient à Moi sans Me préférer à son conjoint ou même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14.26).
Au début de l’article, le père Metzinger, vicaire épiscopal pour la pastorale de la famille de l’archidiocèse de Paris, dément que l’Église rejette les adultères publics, comme certains certainement s’en plaignent. « La vérité […], c’est de leur faire prendre conscience qu’ils sont toujours membres de l’Église. » dit-il. C’est vrai dans la mesure où le péché n’annule pas le baptême, mais que l’Église ne rejette personne n’empêche malheureusement pas ces personnes, par leur péché, de se rejeter elles-mêmes de l’Église. Cela non seulement le père ne le dit pas, mais il va jusqu’à faire croire que leur péché affecte si peu leur appartenance à l’Église qu’ils peuvent toujours « bénéficier de la grâce des sacrements »… De quoi pourraient-ils encore se plaindre ? Ce que cache soigneusement ce discours, c’est que tous les baptisés n’appartiennent pas à l’Église de la même façon : il y a ceux qui lui appartiennent comme à la vigne des rameaux vivants et féconds, et il y a ceux qui lui appartiennent comme des sarments secs, destinés, à moins du travail sinon du miracle de la conversion, au feu éternel (Jn 15.6). C’est en ce sens que j’interprète cette même affirmation dans les textes du Magistère ordinaire récent, par exemple dans la Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi Sur l’accès à la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés disant que ceux-ci : « ne sont en rien exclus de la communion ecclésiale. ». Car enfin, si l’adultère est un péché mortel, on ne voit pas que les adultères participent à la communion ecclésiale, ou alors celle-ci, contrairement à sa définition, n’est pas une, ou est, elle-aussi, morte. Ce qui dans les deux cas est faux. Reste donc que le Magistère ne voit la participation des adultères publics à la communion ecclésiale que sous le registre de la potentialité, attentant du processus de conversion mené à son terme, le passage à son actualité. Dans le cas contraire, elle n’aura été qu’une participation virtuelle. Ne pas le dire, n’est-ce pas très gravement contribuer à l’égarement les âmes ?
L’association, soutenue par la Pastorale familiale se propose « de ‘ramener la paix dans les cœurs’ jusqu’au moment où les personnes acceptent leur situation et peuvent prendre une part active à la vie de l’Église, sans être en rébellion. ». Un tel objectif, dit-il autre chose que la volonté de tranquilliser des âmes tourmentées par leur état de damnation afin qu’elles y restent ? Le but de l’Église et donc de toute pastorale, n’est-il pas de sauver les âmes ? Et qu’est-ce que « la participationactive à la vie de l’Église » si celle-ci ne peut être surnaturellement féconde, tant il est vrai que sans la grâce nous ne pouvons rien (Jn 15.5) ? Occulter du péché d’adultère la damnation méritée, est-ce vraiment aider ces personnes, ou bien se compter avec ces prêtres amis de la « dureté de cœur » et ennemis du Christ (Mt 19.6) ? N’est-ce pas de surcroît se rendre coupable de banaliser et donc encourager ce péché ? Quel témoignage est ainsi donné aux personnes abandonnées par leur conjoint mais fidèles aux promesses de leur mariage ? Comment la pastorale de la famille peut-elle se justifier d’aider « les personnes divorcées, remariées ou non » à « vivre de manière différente leur appartenance à l’Église » ? Y aurait-il deux manières de vivre l’appartenance à l’Église : une en étant fidèle et l’autre en étant infidèle ?
Bruno et Anny Perrin « divorcés et engagés dans une nouvelle union depuis seize ans » sont appelés à titre de témoins de cette autre manière d’appartenir à l’Église… Et voici leur témoignage : « Dieu nous réconforte et nous comble autrement ». Comment ? « Par la communion de désir ».
La communion de désir, encore appelée communion spirituelle, voilà la notion sur laquelle s’appuie la présente pastorale des adultères publics. Elle leur fait croire qu’ils peuvent, par la communion de désir, « bénéficier de la grâce des sacrements », c’est-à-dire accéder à l’essentiel de la vie chrétienne, en sorte qu’à côté de cet essentiel, la vie surnaturelle, leur péché s’en trouve nécessairement réduit à des dimensions anecdotiques… Cette participation des adultères publics à la communion eucharistique par le désir de celle-ci, pour appartenir au Magistère ordinaire récent de l’Église, est un enseignement qui me semble fondé sur une tragique incompréhension du sens réel de la notion de « communion de désir ». En effet, celle-ci n’est pas, et n’a jamais été, le moyen de communier de ceux qui ne sont pas en état de grâce, mais de ceux qui sont empêchés de le faire pour des raisons indépendantes de leur volonté, comme c’est le cas pour les prisonniers, les malades, etc. En dehors de toute participation souhaitée mais physiquement impossible au Sacrifice de Jésus, Dieu peut donner les fruits de cette participation qui, pour être seulement désirée, n’en est pas moins réelle à Ses yeux, Lui qui tient pour spirituellement acquis ce qui est librement désiré (Mt 6.21 ; 5.28). Toutefois, cette communion, comme toute communion, exclut nécessairement l’attachement au péché, aussi vrai que participer dignement à l’Eucharistie, c’est donner sa vie au Père, et donc, par Jésus, avec Jésus et en Jésus, mourir au monde pécheur… On ne voit pas que l’on puisse à la fois s’unir au Christ dans le mystère de Sa mort (1 Co 11.26) et se refuser à Lui, violer le sacrement de mariage, « signe et instrument efficace » de Son Amour indissoluble parce qu’irrévocable (Mt 19.6 ; 5.32), et prétendre s’unir à Lui : « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi » (Mt 12.30). Raison pour laquelle l’Église primitive demandait aux pécheurs publics de quitter l’église après la liturgie de la Parole, consciente que n’étant pas en état de grâce ils ne pouvaient pas s’unir à l’offrande du Sacrifice de Jésus, ni donc en recevoir les fruits par la communion. Or, voici qu’aujourd’hui, les adultères publics sont invités à participer à la Messe et à en recevoir la grâce…
Ce qu’indirectement on laisse ainsi entendre aux adultères publics est que ne pouvoir physiquement prendre part au sacrement n’aurait en définitive que peu d’importance pour eux, puisqu’ils ne seraient en cela privés que de la « théâtralité » des sacrements, des « apparences » de la communion eucharistique, mais non de sa « substance ». Or, on ne voit pas en quoi le fait de ne pas pouvoir recevoir les « espèces » de l’Eucharistie permettrait d’en recevoir la substance… Ou on peut communier ou on ne le peut pas. Ou on est en état de grâce ou on ne l’est pas. Mais si on peut communier, c’est à la substance du sacrement qu’on le peut, c’est-à-dire au Christ Lui-même, réellement présent sous les apparences des espèces consacrées. Personne ne communie jamais aux seules apparences, sinon pour sa condamnation (1 Co 11.27-31) ! Communier au Corps du Christ implique toujours et nécessairement de le faire spirituellement, c’est à dire d’accueillir le Christ tel qu’Il est en Lui-même, avec foi et par amour, et non pas seulement avec ses dents, comme savent le faire les chiens ! « Ne donnez pas ce qui est sacré aux chiens ! » (Mt 7.6).
Comment comprendre que l’on en soit arrivé à présenter la communion spirituelle comme compatible avec le péché, sinon par le défaut, aussi monstrueux qu’incompréhensible, d’une authentique vie spirituelle, jusqu’aux plus hauts niveaux de la hiérarchie ecclésiastique ?Parce que la vie spirituelle est invisible aux yeux de ceux qui n’ont pas l’Esprit du Christ, elle pourrait leur être présentée comme la nuit enchantée servant à vivre cachés ce qu’ils ne peuvent vivre au grand jour ? Parce que la vie spirituelle est invisible aux yeux de chair, elle permettrait de tromper les innocents sur son contenu ? Pas vu, pas pris ? Si je te dis que tu peux communier spirituellement, pourquoi ne pas le croire, puisque n’y voyant rien et soumis à mon autorité (dont j’abuse), tu ne peux le contester ? Si tu as la foi, crois que tu peux communier ! Mais pour qui a l’Esprit du Christ, la vie spirituelle n’est pas le monde de la religiosité New-Age, faite d’imagination, livrée à la subjectivité. Elle est aussi réelle que ce qu’elle contient la substance même des réalités du monde visible : « Ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans les Cieux. » (Mt 18.18)…
« En renonçant à la communion sacramentelle, nous communions à la croix du Christ. » confessent Bruno et Anny, accusant ainsi non seulement l’Église de blesser le Christ par la demande qu’elle leur fait de ne pas communier, mais encore le Christ de Se contredire, Lui qui a dit : « Qui vous écoute, M’écoute. » (Lc 10.16 ; Mt 18.18)… Si l’Église, par sa discipline, fait porter au Christ une croix, et si les adultères publics sont les saints qui portent avec Lui cette croix, quel est le rôle des responsables de la pastorale familiale ?
Si « Ce que confesse la foi, les sacrements le communiquent » (CEC n°1692), que confesse la foi qui n’a pas besoin de sacrements ? Est-ce encore la foi ? Quel est le sens de l’excommunication (Can 915) si l’excommunié peut quand même « bénéficier de la grâce des sacrements » ? Qu’est-ce qui est véritablement important : les sacrements ou la grâce qu’ils donnent ? S’il en est ainsi que l’on puisse « bénéficier de la grâce des sacrements » tout en vivant dans le péché, qu’est-ce que le péché ? Et qu’est-ce que la grâce ? N’est-on pas en pleine apostasie ?
Bref, en donnant aux personnes qui ne sont objectivement pas en état de grâce, le fallacieux conseil de communier spirituellement, non seulement on contribue à leur damnation en ne les invitant à demeurer dans leur situation objective de péché (Mt 3.8 ; 4.17 ; 11.20 ; Lc 13.3,5) mais on fausse leur relation ‒ et celle de toute l’Église ‒ au Mystère de Jésus-Eucharistie, laissant croire qu’Il donnerait ce que Son Église interdit… A moins que ce ne soit l’Église qui veuille aujourd’hui donner ce que son Seigneur interdit ? Que révèlent de l’authenticité de la vie spirituelle de l’Église cette pastorale et cette compréhension de la communion spirituelle, aujourd’hui si largement répandues qu’elles sont ratifiées à Rome même ? »
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