De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
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De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
14 février 2014
Sous le titre « 2013-2014 : Motus in fine velocior », l’agence d’information Correspondance Européenne a publié hier une contribution de grand intérêt du professeur Roberto de Mattei. Nous remercions Correspondance Européenne de nous avoir autorisé d’en publier la version française.
Le 11 février 2013 est une date qui est désormais entrée dans l’histoire. Ce jour-là Benoît XVI annonça à une assemblée de cardinaux stupéfaits sa décision de renoncer au pontificat. Cette nouvelle fut accueillie « comme un éclair dans un ciel serein », selon les paroles rapportées par le cardinal doyen Angelo Sodano, et l’image d’un éclair qui le même jour frappa la Basilique Saint-Pierre fit le tour du monde.
L’abdication eut lieu le 28 février, mais avant Benoît XVI manifesta sa volonté de rester au Vatican en tant que Pape émérite, fait qui n’était jamais encore arrivé et était encore plus surprenant que la renonciation au pontificat. Dans le mois qui s’écoula entre l’annonce de l’abdication et le conclave qui s’ouvrit le 12 mars, on prépara l’élection du nouveau Pontife, même si elle apparut au monde comme inattendue. Plus encore que l’identité de celui qui fut élu, l’argentin Jorge Mario Bergoglio, ce qui surprit fut le nom inédit qu’il choisit, François, presque comme s’il eut voulu représenter un cas unique, et il frappa par son premier discours dans lequel, après un « bonsoir » familier, il se présenta comme « évêque de Rome », titre qui revient au Pape, mais seulement après ceux de Vicaire du Christ et successeur de Pierre, qui en constituent le fondement.
La photographie des deux papes qui priaient ensemble, le 23 mars à Castelgandolfo, offrant l’image d’une inédite “diarchie” pontificale, augmenta la confusion de ces jours-là. Mais on en n’était qu’au début. Vint ensuite l’interview dans l’avion de retour de Rio de Janeiro, le 28 juillet 2013, avec les paroles : « Qui suis-je pour juger ? » destinées à être utilisées pour justifier toute transgression. Suivirent les interviews du Pape François au directeur de la Civiltà Cattolica, en septembre, et celle au fondateur du quotidien La Repubblica, en octobre, qui eurent un impact médiatique plus important que sa première encyclique Lumen Fidei. On dit que ce n’étaient pas des actes du magistère, mais tout ce qui se passe depuis dans l’Église résulte principalement de ces interviews qui eurent un caractère magistériel de fait sinon de principe.
La confrontation entre le cardinal Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la Foi, et le cardinal archevêque de Tegucigalpa Oscar Rodriguez Maradiaga, coordinateur des conseillers pour les réformes du Pape François, a porté la confusion à son comble. La doctrine traditionnelle, selon Maradiaga, ne suffit pas à offrir « des réponses pour le monde d’aujourd’hui ». Elle reste maintenue, mais il y a des « défis pastoraux » adaptés aux temps auxquels on ne peut pas répondre « avec l’autoritarisme et le moralisme » parce que ce n’est pas cela la « nouvelle évangélisation ».
Après les déclarations du cardinal Maradiaga, suivirent les résultats du sondage sur la pastorale familiale promu par le Pape pour le Synode des évêques du 5 au 19 octobre. Le SIR (Service d’information religieuse) a diffusé une synthèse des premières réponses arrivées de l’Europe Centrale. Pour les évêques belges, suisses, luxembourgeois et allemands, la foi catholique est trop rigide et ne correspond pas aux exigences des fidèles. L’Église devrait accepter la vie commune avant le mariage, reconnaître les mariages homosexuels et les unions de fait, admettre le contrôle des naissances et la contraception, bénir les seconds mariages des divorcés et leur permettre d’accéder aux sacrements. Si c’est la route à parcourir, c’est le cas de dire qu’il s’agit d’une route vers le schisme et l’hérésie parce qu’on nierait la foi divine et naturelle qui dans ses commandements non seulement affirme l’indissolubilité du mariage, mais interdit les actes sexuels en dehors de celui-ci, d’autant plus s’ils sont contre-nature. L’Eglise accueille tous ceux qui se repentent de leurs erreurs et péchés et se proposent de sortir de la situation de désordre moral dans laquelle ils se trouvent, mais ne peut légitimer d’aucune façon l’état de pécheur. Il n’aurait pas de sens d’affirmer que le changement ne concernerait que l’usage pastoral et non la doctrine. Si doctrine et usage pastoral ne sont pas liés, cela veut dire que l’usage se fait doctrine, comme du reste il advient malheureusement depuis le Concile Vatican II.
L’Église doit donner des réponses nouvelles « en phase avec son temps » ? Les grands réformateurs de l’histoire de l’Église se comportèrent bien différemment, comme saint Pierre-Damien et saint Grégoire-le-Grand qui, au XIe siècle auraient dû légitimer la simonie et le nicolaïsme des prêtres, pour ne pas rendre l’Église étrangère à la réalité de leur temps, et au contraire dénoncèrent ces blessures avec des paroles de feu, engageant la réforme des mœurs et la restauration de la droite doctrine.
C’est l’esprit intransigeant et sans compromis des saints qui manque aujourd’hui de façon dramatique. Il serait urgent qu’une acies ordinata, une armée rangée en bataille qui revête les armes de l’Évangile annonce une parole de vie au monde moderne qui meurt, plutôt que d’en embrasser le cadavre. Les Jésuites fournirent, entre le Concile de Trente et la Révolution française, cette cellule de combat à l’Église. Aujourd’hui tous les ordres religieux souffrent de la décadence et si l’un d’entre eux apparaît riche de promesses, il est supprimé d’une façon inexplicable. Le cas des Franciscains de l’Immaculée, qui a éclaté à partir de juillet, a mis en lumière une contradiction évidente entre les appels incessants du Pape François à la miséricorde et le bâton confié au commissaire Fidenzio Volpi pour anéantir un des rares instituts religieux aujourd’hui florissants.
Le paradoxe ne s’arrête pas là. Jamais l’Église n’a renoncé comme dans la première année de pontificat du pape François, à l’un de ses attributs divins, celui de la justice, pour se présenter au monde miséricordieuse et bienveillante, et pourtant jamais comme cette année elle n’a été l’objet d’attaques violentes de la part du monde vers lequel elle tend la main.
Les événements se succèdent toujours plus rapidement. La sentence latine « motus in fine velocior » est utilisée de façon commune pour indiquer l’écoulement plus rapide du temps au terme d’une période historique. La multiplication des événements abrège de fait le cours du temps, qui en soi n’existe pas en dehors des choses qui s’écoulent. Le temps, dit Aristote, est la mesure du mouvement (Physique IV, 219 b). Plus précisément nous le définissons comme la durée des choses qui se meuvent. Dieu est éternel précisément parce qu’Il est immuable : tout mouvement a en lui sa cause, mais rien en Lui ne bouge. Plus l’on s’éloigne de Dieu, plus le chaos va croissant, produit par le changement.
Le 11 février a signé le début d’une accélération du temps, qui est la conséquence d’un mouvement qui devient vertigineux. Nous vivons une heure historique qui n’est pas nécessairement la fin des temps, mais certainement le crépuscule d’une civilisation et la fin d’une époque dans la vie de l’Église. Si au terme de cette époque le clergé et les laïcs catholiques n’assument pas jusqu’au bout leur responsabilité, il arrivera inévitablement le destin que la voyante de Fatima a vu se dévoiler devant ses propres yeux : « Nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable, à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant, à un Évêque vêtu de Blanc, nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père. (Nous vîmes) divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin ; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches ; et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu ».
La vision dramatique du 13 mai devrait être plus que suffisante pour nous pousser à méditer, prier et agir. La ville est déjà en ruine et les soldats ennemis sont aux portes. Qui aime l’Église la défend, pour hâter le triomphe du Cœur Immaculé de Marie.
source: Riposte Catholique
14 février 2014
Sous le titre « 2013-2014 : Motus in fine velocior », l’agence d’information Correspondance Européenne a publié hier une contribution de grand intérêt du professeur Roberto de Mattei. Nous remercions Correspondance Européenne de nous avoir autorisé d’en publier la version française.
Le 11 février 2013 est une date qui est désormais entrée dans l’histoire. Ce jour-là Benoît XVI annonça à une assemblée de cardinaux stupéfaits sa décision de renoncer au pontificat. Cette nouvelle fut accueillie « comme un éclair dans un ciel serein », selon les paroles rapportées par le cardinal doyen Angelo Sodano, et l’image d’un éclair qui le même jour frappa la Basilique Saint-Pierre fit le tour du monde.
L’abdication eut lieu le 28 février, mais avant Benoît XVI manifesta sa volonté de rester au Vatican en tant que Pape émérite, fait qui n’était jamais encore arrivé et était encore plus surprenant que la renonciation au pontificat. Dans le mois qui s’écoula entre l’annonce de l’abdication et le conclave qui s’ouvrit le 12 mars, on prépara l’élection du nouveau Pontife, même si elle apparut au monde comme inattendue. Plus encore que l’identité de celui qui fut élu, l’argentin Jorge Mario Bergoglio, ce qui surprit fut le nom inédit qu’il choisit, François, presque comme s’il eut voulu représenter un cas unique, et il frappa par son premier discours dans lequel, après un « bonsoir » familier, il se présenta comme « évêque de Rome », titre qui revient au Pape, mais seulement après ceux de Vicaire du Christ et successeur de Pierre, qui en constituent le fondement.
La photographie des deux papes qui priaient ensemble, le 23 mars à Castelgandolfo, offrant l’image d’une inédite “diarchie” pontificale, augmenta la confusion de ces jours-là. Mais on en n’était qu’au début. Vint ensuite l’interview dans l’avion de retour de Rio de Janeiro, le 28 juillet 2013, avec les paroles : « Qui suis-je pour juger ? » destinées à être utilisées pour justifier toute transgression. Suivirent les interviews du Pape François au directeur de la Civiltà Cattolica, en septembre, et celle au fondateur du quotidien La Repubblica, en octobre, qui eurent un impact médiatique plus important que sa première encyclique Lumen Fidei. On dit que ce n’étaient pas des actes du magistère, mais tout ce qui se passe depuis dans l’Église résulte principalement de ces interviews qui eurent un caractère magistériel de fait sinon de principe.
La confrontation entre le cardinal Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la Foi, et le cardinal archevêque de Tegucigalpa Oscar Rodriguez Maradiaga, coordinateur des conseillers pour les réformes du Pape François, a porté la confusion à son comble. La doctrine traditionnelle, selon Maradiaga, ne suffit pas à offrir « des réponses pour le monde d’aujourd’hui ». Elle reste maintenue, mais il y a des « défis pastoraux » adaptés aux temps auxquels on ne peut pas répondre « avec l’autoritarisme et le moralisme » parce que ce n’est pas cela la « nouvelle évangélisation ».
Après les déclarations du cardinal Maradiaga, suivirent les résultats du sondage sur la pastorale familiale promu par le Pape pour le Synode des évêques du 5 au 19 octobre. Le SIR (Service d’information religieuse) a diffusé une synthèse des premières réponses arrivées de l’Europe Centrale. Pour les évêques belges, suisses, luxembourgeois et allemands, la foi catholique est trop rigide et ne correspond pas aux exigences des fidèles. L’Église devrait accepter la vie commune avant le mariage, reconnaître les mariages homosexuels et les unions de fait, admettre le contrôle des naissances et la contraception, bénir les seconds mariages des divorcés et leur permettre d’accéder aux sacrements. Si c’est la route à parcourir, c’est le cas de dire qu’il s’agit d’une route vers le schisme et l’hérésie parce qu’on nierait la foi divine et naturelle qui dans ses commandements non seulement affirme l’indissolubilité du mariage, mais interdit les actes sexuels en dehors de celui-ci, d’autant plus s’ils sont contre-nature. L’Eglise accueille tous ceux qui se repentent de leurs erreurs et péchés et se proposent de sortir de la situation de désordre moral dans laquelle ils se trouvent, mais ne peut légitimer d’aucune façon l’état de pécheur. Il n’aurait pas de sens d’affirmer que le changement ne concernerait que l’usage pastoral et non la doctrine. Si doctrine et usage pastoral ne sont pas liés, cela veut dire que l’usage se fait doctrine, comme du reste il advient malheureusement depuis le Concile Vatican II.
L’Église doit donner des réponses nouvelles « en phase avec son temps » ? Les grands réformateurs de l’histoire de l’Église se comportèrent bien différemment, comme saint Pierre-Damien et saint Grégoire-le-Grand qui, au XIe siècle auraient dû légitimer la simonie et le nicolaïsme des prêtres, pour ne pas rendre l’Église étrangère à la réalité de leur temps, et au contraire dénoncèrent ces blessures avec des paroles de feu, engageant la réforme des mœurs et la restauration de la droite doctrine.
C’est l’esprit intransigeant et sans compromis des saints qui manque aujourd’hui de façon dramatique. Il serait urgent qu’une acies ordinata, une armée rangée en bataille qui revête les armes de l’Évangile annonce une parole de vie au monde moderne qui meurt, plutôt que d’en embrasser le cadavre. Les Jésuites fournirent, entre le Concile de Trente et la Révolution française, cette cellule de combat à l’Église. Aujourd’hui tous les ordres religieux souffrent de la décadence et si l’un d’entre eux apparaît riche de promesses, il est supprimé d’une façon inexplicable. Le cas des Franciscains de l’Immaculée, qui a éclaté à partir de juillet, a mis en lumière une contradiction évidente entre les appels incessants du Pape François à la miséricorde et le bâton confié au commissaire Fidenzio Volpi pour anéantir un des rares instituts religieux aujourd’hui florissants.
Le paradoxe ne s’arrête pas là. Jamais l’Église n’a renoncé comme dans la première année de pontificat du pape François, à l’un de ses attributs divins, celui de la justice, pour se présenter au monde miséricordieuse et bienveillante, et pourtant jamais comme cette année elle n’a été l’objet d’attaques violentes de la part du monde vers lequel elle tend la main.
Les événements se succèdent toujours plus rapidement. La sentence latine « motus in fine velocior » est utilisée de façon commune pour indiquer l’écoulement plus rapide du temps au terme d’une période historique. La multiplication des événements abrège de fait le cours du temps, qui en soi n’existe pas en dehors des choses qui s’écoulent. Le temps, dit Aristote, est la mesure du mouvement (Physique IV, 219 b). Plus précisément nous le définissons comme la durée des choses qui se meuvent. Dieu est éternel précisément parce qu’Il est immuable : tout mouvement a en lui sa cause, mais rien en Lui ne bouge. Plus l’on s’éloigne de Dieu, plus le chaos va croissant, produit par le changement.
Le 11 février a signé le début d’une accélération du temps, qui est la conséquence d’un mouvement qui devient vertigineux. Nous vivons une heure historique qui n’est pas nécessairement la fin des temps, mais certainement le crépuscule d’une civilisation et la fin d’une époque dans la vie de l’Église. Si au terme de cette époque le clergé et les laïcs catholiques n’assument pas jusqu’au bout leur responsabilité, il arrivera inévitablement le destin que la voyante de Fatima a vu se dévoiler devant ses propres yeux : « Nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable, à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant, à un Évêque vêtu de Blanc, nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père. (Nous vîmes) divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin ; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches ; et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu ».
La vision dramatique du 13 mai devrait être plus que suffisante pour nous pousser à méditer, prier et agir. La ville est déjà en ruine et les soldats ennemis sont aux portes. Qui aime l’Église la défend, pour hâter le triomphe du Cœur Immaculé de Marie.
source: Riposte Catholique
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
Le Pape aura besoin de beaucoup de courage pour ne pas se plier aux sondages qu'il a commandé sur ce que la majorité des fidèles pense des valeurs de l'Église et sur ce qu'ils veulent que l'Église promeuve comme valeurs nouvelles. Ce sera une année très importante, souhaitons que l'Église se réapproprie les valeurs traditionnelles qu'Elle a toujours enseignée et qu'Elle ne se prostitue pas aux valeurs de la majorité de ceux que se disent catholiques. Continuons de prier pour notre Église et notre pape François. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Re: De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
Ayons confiance en notre Sainte Mere l'Eglise, jamais elle ne se prostituera puisque le Christ Lui-Meme nous a promis que les portes de l'enfer ne prevaudront point contre elle
Pinocchio- Date d'inscription : 25/11/2013
Re: De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
Analyse de l'entrevue du Pape François, le 19 août dernier et la confrontation qui semble se dessiner:
Une double réaction
Hier, le 22 septembre 2013, j’ai reçu deux réactions on ne peut plus différentes à l’interview du pape François qui a fait du bruit. Rainer Bucher investi dans la théologie pastorale, spécialiste des questions que pose le renouvellement de l’Église dans un contexte social très dynamique, découvre en tant que phrase-clé la remarque : « Le concile Vatican II fut une nouvelle lecture de l’Évangile à la lumière de la culture contemporaine ». Bucher comprend cette phrase comme un assentiment sans réserve à cet événement historique qui pendant 50 ans divisa l’Église en partisans et en critiques. Pour Bucher, un terme est mis de la sorte à tous les doutes qui ont pu se faire entendre jusque là. Norbert Lüdecke par contre ne comprend pas l’excitation qu’a pu susciter ce texte papal, car il ne modifie en rien les fondements théologiques classiques de l’Église catholique romaine. Et bien sûr chez Lüdecke, la teneur affleure dans les mots : « Ne l’oubliez pas, cette Église vous ne la changerez jamais, car ses fondements ne sont pas réformables. Tel est précisément le point essentiel de la définition de l’infaillibilité de 1870, que jusqu’à présent, aucun prince de l’Église n’a mis en question ».
Je dois avouer que je porte en moi les deux positions et que j’ai d’abord oscillé entre les deux. D’un côté, je suis enthousiasmé par ce ton nouveau, par cette attention nouvelle aux personnes et par cette spiritualité proche du monde, qui cherche la présence de Dieu chez les hommes. De l’autre, parmi ses inspirateurs, le pape cite entre autres l’ultraconservateur sur la fin Henri de Lubac. Comme aux temps féodaux, François parle encore de l’Église comme d’une mère, que nous devons tous aimer. Que faut-il que nous pensions d’un tel tiraillement ? Il appelle l’Église un « hôpital de compagne », comme si elle seule pouvait guérir les plaies du monde. Finalement, le pape François a repris aussi sans examen préalable dans sa première encyclique de grandes parties de son prédécesseur, qui ne respirent pas nécessairement l’esprit du concile. N’a-t-il pas remarqué la tension entre ces éléments et ses ajouts qui respirent l’ouverture au monde ?
Bucher parle de la priorité de la praxis sur l’orthodoxie. Dans son article publié dans „La Repubblica“, Hans Küng s’est exprimé dans le même sens. La mise à l’épreuve de ce pape réformateur est donc encore à venir : Comment le pape – en cohérence avec sa théologie du peuple – va-t-il s’y prendre avec les divorcés remariés ? Avec les femmes et avec le célibat ? Avec les questions de sexualité ? Et en fait, cette attention nouvelle aux personnes qui nous enthousiasme tant n’est pas quelque chose de nouveau dans nos attentes, elle correspond tout simplement à l’attitude normale que nous attendons d’une Église qui vit avec son temps. Je ne veux pas non plus traiter de naïves les réactions à chaud du pape; au contraire, il parle à partir d’une expérience pastorale qui est riche. Mais, dans plus d’un de ses propos, il donne l’impression de ne pas avoir partagé les grandes déceptions que nous avons vécues au cours des dernières décennies, quand Rome mit en doute le concile pièce à pièce et que les résultats de ce dernier menaçaient d’être voués à l’échec. Peut-être, ces déceptions se sont-elles révélées généralement plus vives dans une Europe occidentale sécularisée que dans des pays latino-américains aux prises avec des problèmes bien différents. Au plan des faits, on ne peut toutefois les nier. Les différents continents ont donc à parler les uns avec les autres.
Être chrétien en quatre dimensions
Mes demandes de précisions ne visent pas tant le pape François et son programme en soi. Mais, je me demande si et comment il entend conférer du poids et de la stabilité à ses vues et à ses intentions pastorales, à sa théologie de la libération. On ne peut pas assister de nouveau à ce qui s’est passé après le concile, à savoir que nous nous contrôlions les uns les autres, en nous contestant mutuellement notre appartenance à l’Église et la vraie foi. Ce nouvel élan que ressent maintenant l’Église mondiale tout entière ne peut une fois de plus être freiné par des forces destructives.
Ce problème, je peux mieux l’aborder, depuis que s’est défaite l’image que j’avais d’un organisme ecclésial unique, intégrant tout. Un jour, j’ai compris : l’Église catholique romaine aussi est loin d’être un bloc monolithique. Depuis toujours, les églises (et les religions) vivent sur la base d’au moins quatre dimensions très dynamiques mais différentes. À savoir, 1) une expérience spirituelle fondamentale, de Dieu ou de la limite, 2) une communauté qui ensemble fête, discute et fait sienne cette expérience, 3) la formation d’institutions qui confère de la stabilité à ces expériences, et finalement 4) une doctrine avec des interprétations, des délimitations et des orientations fondamentales. Dans l’Église catholique romaine aussi, nous éprouvons que ces quatre dimensions tendent de plus en plus à se cristalliser, que de temps à autre elles se défont et intègrent des mouvements extra-ecclésiaux. Plus notre culture mondiale et la culture de chaque pays se différencient, plus chacune des quatre dimensions développe avec une intensité accrue, en s’appuyant sur ses propres impulsions, une dynamique différente qui ne se laisse plus ramener à une unité de façon autoritaire. Une fois que l’évidence de cette structure fondamentale s’est imposée clairement, on peut mieux appréhender les polarisations croissantes et les situations souvent chaotiques de l’Église; elles en font partie tout simplement. Peut-être faut-il être expert dans la théorie du chaos pour mieux saisir leur interaction. Cette perspective permet également de mieux comprendre que – et pourquoi – le concile a déclenché les situations ultérieures, souvent chaotiques plutôt que de susciter un développement harmonieux et pourquoi malgré tout l’Église catholique ne s’est pas désintégrée.
Il y a pourtant un retard à combler parce que le concile est en fait soumis aussi à ces processus de différenciation compliqués. Ainsi – malgré la constitution sur la révélation – le concile n’a-t-il pas assez intensément réfléchi sur 1) les fondements spirituels de la foi chrétienne, sur ses expériences de la limite, de Dieu et des profondeurs. De ce fait, les idées de réforme du concile aboutirent plutôt à un projet redevable à des actions humaines (qui change des structures et dont nous pouvons disposer par prise de décision) qu’à un processus de remémoration et de prise de conscience spirituelles. Par contre, avec le mot d’ordre de 2) peuple de Dieu (Constitution sur l’Église, ch. 2), l’idée de communauté, donc de l’Église elle-même, se trouvait au tout premier plan. Elle déclencha une dynamique salutaire qui ne s’est pas épuisée de nos jours. Mais, du fait de leur volonté de pouvoir unilatéral, 3) les institutions officielles ne s’étaient jamais confrontées à cette nouvelle dynamique et s’en étaient séparées depuis longtemps. On aurait pu écrire le troisième chapitre de la constitution de l’Église « Sur la constitution hiérarchique de l’Église » déjà il y a quatre-vingts ans et l’insérer tel quel dans le texte. Dans cette absence interne de relation entre les dimensions de communauté et de fonction réside sans doute – malgré toute la considération due – le péché originel du concile Vatican II. Elles ne furent pas rapportées l’une à l’autre et de toute évidence, le concile n’avait pas la force d’aboutir à des compromis vraiment fructueux. Finalement 4) la théologie et la doctrine de l’Église ne furent pratiquement pas touchées par le processus conciliaire global. En fin de compte, elles étaient considérées comme intemporelles, comme une sorte de métaphysique surnaturelle, bien supérieure à l’expérience spirituelle des profondeurs et de la nouvelle appréhension de la communauté. En outre, théologie et doctrine furent – et le sont toujours aujourd’hui – mésusées en vue de la stabilisation de l’ordre intra-ecclésial.
En dépit de nombreux points d’ancrage porteurs d’avenir, ce morcellement de 1) spiritualité, 2) communauté, 3) structure hiérarchique officielle et 4) doctrine de l’Église a permis et aggravé les irritations ultérieures. Qui s’embarque sur le thème du concile, ne peut esquiver ce problème et ses répercussions à venir, car les textes conciliaires eux-mêmes n’offrent pas de projet achevé qui fixe sans conteste leur interprétation future. C’est pourquoi il est important de se demander comment le pape François traite ces thèmes dans son interview. Je penche provisoirement pour l’interprétation suivante.
Forces et faiblesses de l’interview
1) Spiritualité
Le pape François vit d’une spiritualité profonde qu’il sait aussi communiquer avec sobriété et conviction. La déclaration sur le concile citée plus haut s’inscrit dans ce cadre. François le présente sans restriction comme interprétation de l’Écriture, le situe dès lors dans un cadre spirituel et c’est bien ainsi. La marque ignatienne de cette spiritualité est de plus tout aussi indéniable que son ouverture à la théologie de la libération (depuis longtemps chez elle, dans l’ordre jésuite). Le pape François situe depuis toujours Église, Salut et Évangile sur un horizon à la fois concret et aux dimensions du monde qui dépasse en permanence les frontières de l’Église constituée. C’est là pour les églises européennes une nouvelle impulsion. Elle peut assouplir beaucoup de raidissements auxquels conduit notre « narcissisme théologique » et qui nous font souffrir. C’est pourquoi il est d’une importance extrême de nous approprier ce nouveau (pour la plupart d’entre nous) type de spiritualité « proche du monde », solidaire des opprimés, et de l’élaborer plus précisément pour le mettre en œuvre dans nos rapports sociaux. Le pape François appelle cela « aller aux frontières ». Il s’agit donc de relativiser le nombrilisme de nos problèmes intra-ecclésiaux. On peut alors les traiter et les surmonter avec moins d’amertume. L’expérience de Dieu ne vit pas en première ligne d’une Église qui fonctionne bien mais d’une expérience de l’homme sans restriction.
2) Communauté
De toute évidence, le pape François vit sa foi et ses convictions dans la communauté de ses semblables et à partir de cette communauté. Il s’efforce de trouver Dieu dans les hommes et dans leur communauté, comme c’est demandé de chaque jésuite. Ici réside sans doute le secret de son énorme rayonnement et de la fascination qu’il exerce. Dès le premier jour de son entrée en fonction, cette dimension fondamentale de l’Église catholique a changé le vivre-ensemble intra-ecclésial. J’attends dans les mois à venir encore une dynamique imprévue dans son extension et sa variété qui conduira sans doute souvent à des situations chaotiques. Mais il a dit lui-même dans son interview que les prophètes peuvent « faire du bruit ». En outre, ces impulsions sont au plus haut point bibliques et marquées par l’esprit de l’annonce de Jésus. Il est important que les paroisses, les évêchés et les communautés spirituelles saisissent cette impulsion communautaire, la concrétisent elles-mêmes et n’attendent pas qu’on les y pousse d’en haut. Les réformes d’une communauté doivent venir de la communauté elle-même. C’est ainsi seulement qu’elles peuvent comprendre l’esprit de la communauté comme leur propre esprit.
3) Fonction
Ici se présente la première contradiction interne que le pape François doit reconnaître et résoudre. Il agit en pape, revêt dès lors une fonction qui se définit entre autres à partir d’un primat de droit et de doctrine à l’égard de l’Église tout entière. Aurait-on pu se représenter François d’Assise en détenteur d’une charge suprême ? L’actuelle définition de la fonction du pape en particulier et sa position au-dessus de l’Église dans son ensemble contredisent cet esprit de la communauté que François souligne pourtant. L’alternative d’une structure ecclésiale charismatique au sens paulinien est plus actuelle que jamais. Tôt ou tard, ceci doit conduire à des conflits et la question est de savoir comment il les résout. Jusqu’ici, son renouvellement a concerné le langage corporel, les symboles et un comportement discret. À la longue, cela ne suffit pas. L’Église ne peut se développer de façon fructueuse que si sa structure hiérarchique ne domine plus la communauté des croyants à l’instar d’une pyramide mais la reflète comme une partie de sa vie de communauté. L’hyper-institutionnalisation très autoritaire de l’Église catholique est à dissoudre au sens de la nouvelle idée de communauté.
4) Doctrine
Une seconde contradiction est à affronter. Le pape François passe pour un théologien conservateur non pas au sens agressif ou anxieux mais dans le sens très libéral et ouvert du terme. Il appelle à tester les limites, à prendre des risques, à se salir les mains au besoin. De la sorte, il ne s’en tient pas à l’évaluation morale d’une action mais il discerne les détresses de celui qui agit. « Il ne peut y avoir d’ingérence spirituelle dans la vie personnelle ». Cette parole redéfinit la relation pastorale aux personnes en un sens tout à fait moderne et profondément chrétien.
Il est d’autant plus étonnant que jusqu’à présent, François n’envisage de changer en aucune façon la doctrine et la théologie classiques. Il se peut qu’en Amérique latine, la contradiction criante entre ces dernières et la réalité quotidienne ne soit jamais apparue à ce point ou que, sous l’emprise des soucis du quotidien, on ne l’ait pas perçue avec la même acuité qu’en Europe. Mais, au plan de l’Église mondiale, cette divergence ne peut passer inaperçue à la longue. Ainsi, une autre attitude à l’égard des homosexuels n’est pas seulement exigée parce que nous leur devons du respect comme à des semblables que nous aimons mais aussi parce que dans la théologie traditionnelle, le jugement porté sur la sexualité et l’homosexualité n’est tout simplement pas normal. Nous ne pouvons parler de façon crédible de la dignité de la femme si nous la privons des ministères ecclésiastiques (à l’encontre des informations que nous trouvons dans la Bible). La doctrine de l’Église relative à l’ordination n’est plus défendable parce qu’elle contredit les impulsions élémentaires fondamentales du message de Jésus. Avant tout, si enfin nous prenons au sérieux l’Écriture et voulons marcher avec les hommes de notre temps, il est à jamais exclu de maintenir la définition de l’infaillibilité. Cinq cents ans après Martin Luther, il serait temps que nous l’ayons compris. La forme néoscolastique et anti-moderniste de la théologie catholique romaine est entrée avec les structures hiérarchiques dans une symbiose funeste, hostile à la réalité communautaire, qui ne peut faire que du tort au message chrétien. Il s’agit d’en finir avec elle.
Des conflits sont donc à prévoir et c’est la tâche d’une théologie se comportant de façon responsable d’attirer sur eux l’attention en temps utile. Il est en effet d’une extrême importance que la nouvelle philanthropie de ce pape et de son régime, que son nouvel aggiornamento soient garantis le plus tôt possible d’un point de vue théologique aussi, car un autre recul, comme celui que nous avons connu dans les décennies passées, serait insupportable.
Étant donné que les quatre dimensions citées ne se présentent pas comme des blocs statiques mais sont toujours omniprésentes et entretiennent entre elles une relation d’échange dynamique, nous pouvons maintenant aborder progressivement le renouvellement de la spiritualité, d’une communauté ouverte au monde, du ministère et de la doctrine qui nous attend. Mais, ce renouvellement rend toujours la coopération de toutes les forces ecclésiales nécessaire. Il suffit qu’une seule dimension manque à l’interaction mutuelle pour que l’ensemble de la structure dont nous dépendons tous subisse un dommage. Aussi avons-nous tous à veiller à ce que les quatre dimensions de la pratique de la foi demeurent en relation mutuelle. Conformément à son contexte culturel, François donne à cette unité vivante le nom de « mère Église ». Nous préférons parler de succession de Jésus, de peuple de Dieu, de la communion ou d’une communauté de foi mondiale qui ne s’arrête pas aux frontières de la confession de foi personnelle et associe toutes les personnes de bonne volonté. Voilà en fin de compte ce que signifie le royaume de Dieu, notre grande vision biblique héritée de Jésus.
Questions pour conclure
La déclaration papale à propos de Vatican II dont il était question plus haut peut-elle surmonter les conflits actuels à propos de cet événement historique ? J’ai des doutes à ce sujet parce que les textes du concile, eux-mêmes disparates, sont pleins de tensions et de compromis qui ne sont pas parvenus à maturité. Nous devons finalement nous entendre pour avoir recours à l’Écriture elle-même – sans réserve et sans traditions trompeuses. Malgré tout, la déclaration du pape mérite l’assentiment parce qu’elle soutient massivement les intentions de renouvellement du concile. À cette condition, il peut alors se produire des contradictions, car pour une grandeur aussi complexe que l’Église, les tensions entre différentes dimensions ne sont pas un signe de crise mais un signe de la vie. Vues de la sorte, les polarisations actuelles ne signifient pas un échec mais un succès du concile. Il suffit seulement de les régler franchement et sans oppression autoritaire.
Inversement le critique a-t-il raison, en prétendant que de telles déclarations ne changeraient rien à la position des homosexuels et des femmes par exemple ? Je ne puis non plus souscrire à cette critique. Sans doute, la position de ceux que nous évoquons change-t-elle énormément du fait qu’ils sont pris au sérieux et acceptés publiquement à l’intérieur de l’Église, que l’on ne reconnaît plus à personne le droit d’„influencer“, comme le pape le dit, la „spiritualité“ d’autres personnes. Il faut concéder toutefois : ce n’est pas parce qu’on l’annonce comme un programme que ce processus est déjà arrivé à son terme ; il n’en est qu’au début. La prétention de vérité absolue de la doctrine ecclésiale doit être péniblement battue en brèche, confrontée avec notre réalité et au message de Jésus qui est toujours visionnaire, concret et sous forme de récit. Il s’agit de percer de gros madriers et d’amener les résultats à la conscience du public. Une fois ce processus de prise de conscience engagé, l’idéologie de l’infaillibilité aussi ne pourra plus finalement se maintenir ; j’en suis convaincu.
C’est pourquoi il faut dès maintenant dire clairement qu’un homme comme l’évêque Gerhard L. Müller avec son idéologie doctrinale autoritaire, dépourvue de fondements bibliques, est insupportable et inadmissible à la tête de la Congrégation de la foi. Je ne vois pas comment il se présenterait, pour « soigner des blessures », au sens du pape François. Le mieux serait qu’en le destituant on supprime en même temps cette instance funeste parce que, déjà par définition, elle bloque les inspirations d’une expérience de Dieu religieuse, l’expérience d’une communauté ecclésiale et d’une structure ecclésiale charismatique. Le siège sur lequel Galilée s’assit déjà et sur lequel selon ses propres dires dut encore s’asseoir Leonardo Boff pourrait être ensuite relégué dans un musée voué à l’analyse de l’esprit inquisitorial. L’espoir que l’on soit venu à bout de cet esprit est donné avec le pape François. La protection à long terme contre de nouvelles rechutes est confiée aux théologiennes et aux théologiens qui sont au courant de leur responsabilité et devraient utiliser cet encouragement dans cette phase de nouveau départ.
Une double réaction
Hier, le 22 septembre 2013, j’ai reçu deux réactions on ne peut plus différentes à l’interview du pape François qui a fait du bruit. Rainer Bucher investi dans la théologie pastorale, spécialiste des questions que pose le renouvellement de l’Église dans un contexte social très dynamique, découvre en tant que phrase-clé la remarque : « Le concile Vatican II fut une nouvelle lecture de l’Évangile à la lumière de la culture contemporaine ». Bucher comprend cette phrase comme un assentiment sans réserve à cet événement historique qui pendant 50 ans divisa l’Église en partisans et en critiques. Pour Bucher, un terme est mis de la sorte à tous les doutes qui ont pu se faire entendre jusque là. Norbert Lüdecke par contre ne comprend pas l’excitation qu’a pu susciter ce texte papal, car il ne modifie en rien les fondements théologiques classiques de l’Église catholique romaine. Et bien sûr chez Lüdecke, la teneur affleure dans les mots : « Ne l’oubliez pas, cette Église vous ne la changerez jamais, car ses fondements ne sont pas réformables. Tel est précisément le point essentiel de la définition de l’infaillibilité de 1870, que jusqu’à présent, aucun prince de l’Église n’a mis en question ».
Je dois avouer que je porte en moi les deux positions et que j’ai d’abord oscillé entre les deux. D’un côté, je suis enthousiasmé par ce ton nouveau, par cette attention nouvelle aux personnes et par cette spiritualité proche du monde, qui cherche la présence de Dieu chez les hommes. De l’autre, parmi ses inspirateurs, le pape cite entre autres l’ultraconservateur sur la fin Henri de Lubac. Comme aux temps féodaux, François parle encore de l’Église comme d’une mère, que nous devons tous aimer. Que faut-il que nous pensions d’un tel tiraillement ? Il appelle l’Église un « hôpital de compagne », comme si elle seule pouvait guérir les plaies du monde. Finalement, le pape François a repris aussi sans examen préalable dans sa première encyclique de grandes parties de son prédécesseur, qui ne respirent pas nécessairement l’esprit du concile. N’a-t-il pas remarqué la tension entre ces éléments et ses ajouts qui respirent l’ouverture au monde ?
Bucher parle de la priorité de la praxis sur l’orthodoxie. Dans son article publié dans „La Repubblica“, Hans Küng s’est exprimé dans le même sens. La mise à l’épreuve de ce pape réformateur est donc encore à venir : Comment le pape – en cohérence avec sa théologie du peuple – va-t-il s’y prendre avec les divorcés remariés ? Avec les femmes et avec le célibat ? Avec les questions de sexualité ? Et en fait, cette attention nouvelle aux personnes qui nous enthousiasme tant n’est pas quelque chose de nouveau dans nos attentes, elle correspond tout simplement à l’attitude normale que nous attendons d’une Église qui vit avec son temps. Je ne veux pas non plus traiter de naïves les réactions à chaud du pape; au contraire, il parle à partir d’une expérience pastorale qui est riche. Mais, dans plus d’un de ses propos, il donne l’impression de ne pas avoir partagé les grandes déceptions que nous avons vécues au cours des dernières décennies, quand Rome mit en doute le concile pièce à pièce et que les résultats de ce dernier menaçaient d’être voués à l’échec. Peut-être, ces déceptions se sont-elles révélées généralement plus vives dans une Europe occidentale sécularisée que dans des pays latino-américains aux prises avec des problèmes bien différents. Au plan des faits, on ne peut toutefois les nier. Les différents continents ont donc à parler les uns avec les autres.
Être chrétien en quatre dimensions
Mes demandes de précisions ne visent pas tant le pape François et son programme en soi. Mais, je me demande si et comment il entend conférer du poids et de la stabilité à ses vues et à ses intentions pastorales, à sa théologie de la libération. On ne peut pas assister de nouveau à ce qui s’est passé après le concile, à savoir que nous nous contrôlions les uns les autres, en nous contestant mutuellement notre appartenance à l’Église et la vraie foi. Ce nouvel élan que ressent maintenant l’Église mondiale tout entière ne peut une fois de plus être freiné par des forces destructives.
Ce problème, je peux mieux l’aborder, depuis que s’est défaite l’image que j’avais d’un organisme ecclésial unique, intégrant tout. Un jour, j’ai compris : l’Église catholique romaine aussi est loin d’être un bloc monolithique. Depuis toujours, les églises (et les religions) vivent sur la base d’au moins quatre dimensions très dynamiques mais différentes. À savoir, 1) une expérience spirituelle fondamentale, de Dieu ou de la limite, 2) une communauté qui ensemble fête, discute et fait sienne cette expérience, 3) la formation d’institutions qui confère de la stabilité à ces expériences, et finalement 4) une doctrine avec des interprétations, des délimitations et des orientations fondamentales. Dans l’Église catholique romaine aussi, nous éprouvons que ces quatre dimensions tendent de plus en plus à se cristalliser, que de temps à autre elles se défont et intègrent des mouvements extra-ecclésiaux. Plus notre culture mondiale et la culture de chaque pays se différencient, plus chacune des quatre dimensions développe avec une intensité accrue, en s’appuyant sur ses propres impulsions, une dynamique différente qui ne se laisse plus ramener à une unité de façon autoritaire. Une fois que l’évidence de cette structure fondamentale s’est imposée clairement, on peut mieux appréhender les polarisations croissantes et les situations souvent chaotiques de l’Église; elles en font partie tout simplement. Peut-être faut-il être expert dans la théorie du chaos pour mieux saisir leur interaction. Cette perspective permet également de mieux comprendre que – et pourquoi – le concile a déclenché les situations ultérieures, souvent chaotiques plutôt que de susciter un développement harmonieux et pourquoi malgré tout l’Église catholique ne s’est pas désintégrée.
Il y a pourtant un retard à combler parce que le concile est en fait soumis aussi à ces processus de différenciation compliqués. Ainsi – malgré la constitution sur la révélation – le concile n’a-t-il pas assez intensément réfléchi sur 1) les fondements spirituels de la foi chrétienne, sur ses expériences de la limite, de Dieu et des profondeurs. De ce fait, les idées de réforme du concile aboutirent plutôt à un projet redevable à des actions humaines (qui change des structures et dont nous pouvons disposer par prise de décision) qu’à un processus de remémoration et de prise de conscience spirituelles. Par contre, avec le mot d’ordre de 2) peuple de Dieu (Constitution sur l’Église, ch. 2), l’idée de communauté, donc de l’Église elle-même, se trouvait au tout premier plan. Elle déclencha une dynamique salutaire qui ne s’est pas épuisée de nos jours. Mais, du fait de leur volonté de pouvoir unilatéral, 3) les institutions officielles ne s’étaient jamais confrontées à cette nouvelle dynamique et s’en étaient séparées depuis longtemps. On aurait pu écrire le troisième chapitre de la constitution de l’Église « Sur la constitution hiérarchique de l’Église » déjà il y a quatre-vingts ans et l’insérer tel quel dans le texte. Dans cette absence interne de relation entre les dimensions de communauté et de fonction réside sans doute – malgré toute la considération due – le péché originel du concile Vatican II. Elles ne furent pas rapportées l’une à l’autre et de toute évidence, le concile n’avait pas la force d’aboutir à des compromis vraiment fructueux. Finalement 4) la théologie et la doctrine de l’Église ne furent pratiquement pas touchées par le processus conciliaire global. En fin de compte, elles étaient considérées comme intemporelles, comme une sorte de métaphysique surnaturelle, bien supérieure à l’expérience spirituelle des profondeurs et de la nouvelle appréhension de la communauté. En outre, théologie et doctrine furent – et le sont toujours aujourd’hui – mésusées en vue de la stabilisation de l’ordre intra-ecclésial.
En dépit de nombreux points d’ancrage porteurs d’avenir, ce morcellement de 1) spiritualité, 2) communauté, 3) structure hiérarchique officielle et 4) doctrine de l’Église a permis et aggravé les irritations ultérieures. Qui s’embarque sur le thème du concile, ne peut esquiver ce problème et ses répercussions à venir, car les textes conciliaires eux-mêmes n’offrent pas de projet achevé qui fixe sans conteste leur interprétation future. C’est pourquoi il est important de se demander comment le pape François traite ces thèmes dans son interview. Je penche provisoirement pour l’interprétation suivante.
Forces et faiblesses de l’interview
1) Spiritualité
Le pape François vit d’une spiritualité profonde qu’il sait aussi communiquer avec sobriété et conviction. La déclaration sur le concile citée plus haut s’inscrit dans ce cadre. François le présente sans restriction comme interprétation de l’Écriture, le situe dès lors dans un cadre spirituel et c’est bien ainsi. La marque ignatienne de cette spiritualité est de plus tout aussi indéniable que son ouverture à la théologie de la libération (depuis longtemps chez elle, dans l’ordre jésuite). Le pape François situe depuis toujours Église, Salut et Évangile sur un horizon à la fois concret et aux dimensions du monde qui dépasse en permanence les frontières de l’Église constituée. C’est là pour les églises européennes une nouvelle impulsion. Elle peut assouplir beaucoup de raidissements auxquels conduit notre « narcissisme théologique » et qui nous font souffrir. C’est pourquoi il est d’une importance extrême de nous approprier ce nouveau (pour la plupart d’entre nous) type de spiritualité « proche du monde », solidaire des opprimés, et de l’élaborer plus précisément pour le mettre en œuvre dans nos rapports sociaux. Le pape François appelle cela « aller aux frontières ». Il s’agit donc de relativiser le nombrilisme de nos problèmes intra-ecclésiaux. On peut alors les traiter et les surmonter avec moins d’amertume. L’expérience de Dieu ne vit pas en première ligne d’une Église qui fonctionne bien mais d’une expérience de l’homme sans restriction.
2) Communauté
De toute évidence, le pape François vit sa foi et ses convictions dans la communauté de ses semblables et à partir de cette communauté. Il s’efforce de trouver Dieu dans les hommes et dans leur communauté, comme c’est demandé de chaque jésuite. Ici réside sans doute le secret de son énorme rayonnement et de la fascination qu’il exerce. Dès le premier jour de son entrée en fonction, cette dimension fondamentale de l’Église catholique a changé le vivre-ensemble intra-ecclésial. J’attends dans les mois à venir encore une dynamique imprévue dans son extension et sa variété qui conduira sans doute souvent à des situations chaotiques. Mais il a dit lui-même dans son interview que les prophètes peuvent « faire du bruit ». En outre, ces impulsions sont au plus haut point bibliques et marquées par l’esprit de l’annonce de Jésus. Il est important que les paroisses, les évêchés et les communautés spirituelles saisissent cette impulsion communautaire, la concrétisent elles-mêmes et n’attendent pas qu’on les y pousse d’en haut. Les réformes d’une communauté doivent venir de la communauté elle-même. C’est ainsi seulement qu’elles peuvent comprendre l’esprit de la communauté comme leur propre esprit.
3) Fonction
Ici se présente la première contradiction interne que le pape François doit reconnaître et résoudre. Il agit en pape, revêt dès lors une fonction qui se définit entre autres à partir d’un primat de droit et de doctrine à l’égard de l’Église tout entière. Aurait-on pu se représenter François d’Assise en détenteur d’une charge suprême ? L’actuelle définition de la fonction du pape en particulier et sa position au-dessus de l’Église dans son ensemble contredisent cet esprit de la communauté que François souligne pourtant. L’alternative d’une structure ecclésiale charismatique au sens paulinien est plus actuelle que jamais. Tôt ou tard, ceci doit conduire à des conflits et la question est de savoir comment il les résout. Jusqu’ici, son renouvellement a concerné le langage corporel, les symboles et un comportement discret. À la longue, cela ne suffit pas. L’Église ne peut se développer de façon fructueuse que si sa structure hiérarchique ne domine plus la communauté des croyants à l’instar d’une pyramide mais la reflète comme une partie de sa vie de communauté. L’hyper-institutionnalisation très autoritaire de l’Église catholique est à dissoudre au sens de la nouvelle idée de communauté.
4) Doctrine
Une seconde contradiction est à affronter. Le pape François passe pour un théologien conservateur non pas au sens agressif ou anxieux mais dans le sens très libéral et ouvert du terme. Il appelle à tester les limites, à prendre des risques, à se salir les mains au besoin. De la sorte, il ne s’en tient pas à l’évaluation morale d’une action mais il discerne les détresses de celui qui agit. « Il ne peut y avoir d’ingérence spirituelle dans la vie personnelle ». Cette parole redéfinit la relation pastorale aux personnes en un sens tout à fait moderne et profondément chrétien.
Il est d’autant plus étonnant que jusqu’à présent, François n’envisage de changer en aucune façon la doctrine et la théologie classiques. Il se peut qu’en Amérique latine, la contradiction criante entre ces dernières et la réalité quotidienne ne soit jamais apparue à ce point ou que, sous l’emprise des soucis du quotidien, on ne l’ait pas perçue avec la même acuité qu’en Europe. Mais, au plan de l’Église mondiale, cette divergence ne peut passer inaperçue à la longue. Ainsi, une autre attitude à l’égard des homosexuels n’est pas seulement exigée parce que nous leur devons du respect comme à des semblables que nous aimons mais aussi parce que dans la théologie traditionnelle, le jugement porté sur la sexualité et l’homosexualité n’est tout simplement pas normal. Nous ne pouvons parler de façon crédible de la dignité de la femme si nous la privons des ministères ecclésiastiques (à l’encontre des informations que nous trouvons dans la Bible). La doctrine de l’Église relative à l’ordination n’est plus défendable parce qu’elle contredit les impulsions élémentaires fondamentales du message de Jésus. Avant tout, si enfin nous prenons au sérieux l’Écriture et voulons marcher avec les hommes de notre temps, il est à jamais exclu de maintenir la définition de l’infaillibilité. Cinq cents ans après Martin Luther, il serait temps que nous l’ayons compris. La forme néoscolastique et anti-moderniste de la théologie catholique romaine est entrée avec les structures hiérarchiques dans une symbiose funeste, hostile à la réalité communautaire, qui ne peut faire que du tort au message chrétien. Il s’agit d’en finir avec elle.
Des conflits sont donc à prévoir et c’est la tâche d’une théologie se comportant de façon responsable d’attirer sur eux l’attention en temps utile. Il est en effet d’une extrême importance que la nouvelle philanthropie de ce pape et de son régime, que son nouvel aggiornamento soient garantis le plus tôt possible d’un point de vue théologique aussi, car un autre recul, comme celui que nous avons connu dans les décennies passées, serait insupportable.
Étant donné que les quatre dimensions citées ne se présentent pas comme des blocs statiques mais sont toujours omniprésentes et entretiennent entre elles une relation d’échange dynamique, nous pouvons maintenant aborder progressivement le renouvellement de la spiritualité, d’une communauté ouverte au monde, du ministère et de la doctrine qui nous attend. Mais, ce renouvellement rend toujours la coopération de toutes les forces ecclésiales nécessaire. Il suffit qu’une seule dimension manque à l’interaction mutuelle pour que l’ensemble de la structure dont nous dépendons tous subisse un dommage. Aussi avons-nous tous à veiller à ce que les quatre dimensions de la pratique de la foi demeurent en relation mutuelle. Conformément à son contexte culturel, François donne à cette unité vivante le nom de « mère Église ». Nous préférons parler de succession de Jésus, de peuple de Dieu, de la communion ou d’une communauté de foi mondiale qui ne s’arrête pas aux frontières de la confession de foi personnelle et associe toutes les personnes de bonne volonté. Voilà en fin de compte ce que signifie le royaume de Dieu, notre grande vision biblique héritée de Jésus.
Questions pour conclure
La déclaration papale à propos de Vatican II dont il était question plus haut peut-elle surmonter les conflits actuels à propos de cet événement historique ? J’ai des doutes à ce sujet parce que les textes du concile, eux-mêmes disparates, sont pleins de tensions et de compromis qui ne sont pas parvenus à maturité. Nous devons finalement nous entendre pour avoir recours à l’Écriture elle-même – sans réserve et sans traditions trompeuses. Malgré tout, la déclaration du pape mérite l’assentiment parce qu’elle soutient massivement les intentions de renouvellement du concile. À cette condition, il peut alors se produire des contradictions, car pour une grandeur aussi complexe que l’Église, les tensions entre différentes dimensions ne sont pas un signe de crise mais un signe de la vie. Vues de la sorte, les polarisations actuelles ne signifient pas un échec mais un succès du concile. Il suffit seulement de les régler franchement et sans oppression autoritaire.
Inversement le critique a-t-il raison, en prétendant que de telles déclarations ne changeraient rien à la position des homosexuels et des femmes par exemple ? Je ne puis non plus souscrire à cette critique. Sans doute, la position de ceux que nous évoquons change-t-elle énormément du fait qu’ils sont pris au sérieux et acceptés publiquement à l’intérieur de l’Église, que l’on ne reconnaît plus à personne le droit d’„influencer“, comme le pape le dit, la „spiritualité“ d’autres personnes. Il faut concéder toutefois : ce n’est pas parce qu’on l’annonce comme un programme que ce processus est déjà arrivé à son terme ; il n’en est qu’au début. La prétention de vérité absolue de la doctrine ecclésiale doit être péniblement battue en brèche, confrontée avec notre réalité et au message de Jésus qui est toujours visionnaire, concret et sous forme de récit. Il s’agit de percer de gros madriers et d’amener les résultats à la conscience du public. Une fois ce processus de prise de conscience engagé, l’idéologie de l’infaillibilité aussi ne pourra plus finalement se maintenir ; j’en suis convaincu.
C’est pourquoi il faut dès maintenant dire clairement qu’un homme comme l’évêque Gerhard L. Müller avec son idéologie doctrinale autoritaire, dépourvue de fondements bibliques, est insupportable et inadmissible à la tête de la Congrégation de la foi. Je ne vois pas comment il se présenterait, pour « soigner des blessures », au sens du pape François. Le mieux serait qu’en le destituant on supprime en même temps cette instance funeste parce que, déjà par définition, elle bloque les inspirations d’une expérience de Dieu religieuse, l’expérience d’une communauté ecclésiale et d’une structure ecclésiale charismatique. Le siège sur lequel Galilée s’assit déjà et sur lequel selon ses propres dires dut encore s’asseoir Leonardo Boff pourrait être ensuite relégué dans un musée voué à l’analyse de l’esprit inquisitorial. L’espoir que l’on soit venu à bout de cet esprit est donné avec le pape François. La protection à long terme contre de nouvelles rechutes est confiée aux théologiennes et aux théologiens qui sont au courant de leur responsabilité et devraient utiliser cet encouragement dans cette phase de nouveau départ.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
@Pinocchio
Vous avez raison, mais le terme "Église" signifie rassemblement. L'Église est donc l'ensemble des fidèles qui la compose et non une structure matérielle.
La référence à laquelle fait Rémi concernant la prophétie de Fatima me fait penser à ce que dit le livre de l'Apocalypse d même que certains paroles que Jésus prononça:
"Et l'un des sept anges qui tenaient les sept coupes s'avança et me parla en ces termes:
Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui réside au bords des océans.
Avec elle, les rois de la terre se sont prostitués,
et les habitants de la terre se sont enivrés du vin de la prostitution.
Alors il me transporta en esprit au désert,
Et je vis une femme assise sur une bête écarlate couverte de noms blasphématoires, et qui avait sept têtes et dix cornes.
La femme, vêtue de pourpre et d'écarlate, étincelait d'or, de pierres précieuses et de perles.
Elle tenait dans sa main un coupe d'or pleine d'abominations; les souillures de sa prostitution.
Sur son front, un nom était écrit, mystérieux:
Babylone la grande, mère des prostituées et des abominations de la terre.
Et je vis la femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus". (...) (17;1-6)
"C'est le moment d'avoir l'intelligence que la sagesse éclaire:
les sept têtes sont les sept montagnes où réside la femme". (17;9)
Les versets suivants, ainsi que le chapitre 18, sont très explicites concernant "la cité aux sept collines" (Rome), précisant que cette cité s'est prostituée,
Car Dieu, en la jugeant, a fait justice aux saints, aux apôtres et aux prophètes ( 18;20)
"...parce que tes sortilèges ont séduits toutes les nations,
et que chez toi on a trouvé le sang des prophètes, des saints et de tous ceux qui ont été immolés sur la terre". (18;24)
Je peux me tromper, mais serait-il possible que la promesse de Jésus à Pierre concerne l'assemblée des croyants et non l'Église en tant "qu'institution temporelle" qui serait appelée à disparaître pour avoir choisie de "s'accommoder" avec la société d'aujourd'hui, sous la pression des prélats?
Je crois également que cela pourrait expliquer deux réflexions de Jésus:
"Mais le Fils de l'Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre?" (Luc;18,8)
"Car ces jours-là seront des jours de détresses comme il n'y en a pas eu depuis le commencement du monde que Dieu a créé jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura plus. Et si le Seigneur n'avait pas abrégé ces jours, personne n'aurait la vie sauve; mais à cause des élus, qu'il a choisi, il a abrégé ces jours" (Marc;19-20)
Qu'en pensez-vous?
Vous avez raison, mais le terme "Église" signifie rassemblement. L'Église est donc l'ensemble des fidèles qui la compose et non une structure matérielle.
La référence à laquelle fait Rémi concernant la prophétie de Fatima me fait penser à ce que dit le livre de l'Apocalypse d même que certains paroles que Jésus prononça:
"Et l'un des sept anges qui tenaient les sept coupes s'avança et me parla en ces termes:
Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui réside au bords des océans.
Avec elle, les rois de la terre se sont prostitués,
et les habitants de la terre se sont enivrés du vin de la prostitution.
Alors il me transporta en esprit au désert,
Et je vis une femme assise sur une bête écarlate couverte de noms blasphématoires, et qui avait sept têtes et dix cornes.
La femme, vêtue de pourpre et d'écarlate, étincelait d'or, de pierres précieuses et de perles.
Elle tenait dans sa main un coupe d'or pleine d'abominations; les souillures de sa prostitution.
Sur son front, un nom était écrit, mystérieux:
Babylone la grande, mère des prostituées et des abominations de la terre.
Et je vis la femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus". (...) (17;1-6)
"C'est le moment d'avoir l'intelligence que la sagesse éclaire:
les sept têtes sont les sept montagnes où réside la femme". (17;9)
Les versets suivants, ainsi que le chapitre 18, sont très explicites concernant "la cité aux sept collines" (Rome), précisant que cette cité s'est prostituée,
Car Dieu, en la jugeant, a fait justice aux saints, aux apôtres et aux prophètes ( 18;20)
"...parce que tes sortilèges ont séduits toutes les nations,
et que chez toi on a trouvé le sang des prophètes, des saints et de tous ceux qui ont été immolés sur la terre". (18;24)
Je peux me tromper, mais serait-il possible que la promesse de Jésus à Pierre concerne l'assemblée des croyants et non l'Église en tant "qu'institution temporelle" qui serait appelée à disparaître pour avoir choisie de "s'accommoder" avec la société d'aujourd'hui, sous la pression des prélats?
Je crois également que cela pourrait expliquer deux réflexions de Jésus:
"Mais le Fils de l'Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre?" (Luc;18,8)
"Car ces jours-là seront des jours de détresses comme il n'y en a pas eu depuis le commencement du monde que Dieu a créé jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura plus. Et si le Seigneur n'avait pas abrégé ces jours, personne n'aurait la vie sauve; mais à cause des élus, qu'il a choisi, il a abrégé ces jours" (Marc;19-20)
Qu'en pensez-vous?
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
Ouf jaimedieu, cette analyse de Hermann Häring fait peur, mais quand j'ai retrouvé d'où venait ce texte, soit du site web catholiquement très douteux de culture et foi, j'ai tout compris. C'est en cela que je parlais d'une Église prostituée aux valeurs du monde que désire tant ces prêtres et religieux bien égarés de ce groupe de rebelles socialistes comme l'abbé Gravel et autres. Ils veulent comme clairement cité dans le texte, le sacerdoce des femmes, la fin de l'infaillibilité pontificale, annihilation de la hiérarchie de l'Église, la tolérance du péché de sodomie et de l'adultère et bien d'autres encore. Une Église aveugle pour guider des aveugles sous le couvert d'un humanisme religieux. Non merci! J'aime l'Église et je combattrai toujours cette religion de l'homme au détriment de celle de Dieu. Plaire aux hommes pour se faire accepter d'eux ce n'est pas une vraie religion , c'est la prophétie de la Bible qui dit ceci: ayant les apparences de la piété mais reniant ce qui en est la force (2 thm 3). Et qu'est-ce que la force si ce n'est Dieu, ils adorent l'homme plus que Dieu.
Re: De Mattei : Le mouvement s’accélère quand il approche de sa fin
@Pinocchio
Vous avez raison, mais le terme "Église" signifie rassemblement. L'Église est donc l'ensemble des fidèles qui la compose et non une structure matérielle.
Oui nous sommes bien d'accord, Jaimedieu.
J'ajouterai que parfois nous confondons "Eglise" et "Chrétienté", ce qui n'est pas tout-à-fait la même chose : l'Eglise est le Corps mystique du Christ qui ne peut connaître la corruption, alors que la Chrétienté, sa "structure matérielle" (et uniquement humaine), comme vous dites...
Quand dans notre credo nous disons "je crois en l'Eglise, une Sainte catholique et apostolique..." cela ne veut pas dire que la chrétienté est sainte ou que nous sommes forcément meilleurs que les autres parce que nous sommes catholiques! l'Histoire l'a malheureusement (parfois) prouvé dans le passé et cela se vérifiera sans doute dans le futur...
Pinocchio- Date d'inscription : 25/11/2013
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