Le Pape François veut des cardinaux de combat

En conférant, samedi à Rome, la dignité cardinalice à 19 archevêques - sa première promotion - le pape François leur a donné une feuille de route marquée pour un appel à l'unité interne de l'Eglise et pour le combat spirituel contre «l'esprit du monde».

En conférant, samedi à Rome, la dignité cardinalice à 19 archevêques - sa première promotion - le pape François leur a donné une feuille de route marquée pour un appel à l'unité interne de l'Eglise et pour le combat spirituel contre «l'esprit du monde».
Pendant cette cérémonie, appelée «Consistoire», le pape remet à ses nouveaux cardinaux, la barrette (petit chapeau rouge et carré caractéristique), l'anneau cardinalice (signe de communion avec le pape) et le titre de cardinal (un parchemin avec la bulle - texte juridique- de création cardinalice).


La création de nouveaux cardinaux est décidée tous les deux ans en moyenne pour tenir à niveau le quorum de 120 cardinaux électeurs du pape (donc âgés de moins de 80 ans), prévu par le droit canonique et qui régit le conclave.


Ce chiffre peut être temporairement dépassé. C'est ainsi que l'Eglise compte depuis samedi 218 cardinaux dont 122 seraient en capacité d'entrer dans la chapelle Sixtine pour élire un pape alors que les 96 autres doivent se contenter de leur rôle de conseiller du pape. Mais à la fin de l'année 2014 - et hors décès - il n'y aura déjà plus que 112 cardinaux électeurs car 10 d'entre eux atteindront leur 80 ans d'ici la fin de l'année.


Cette messe a commencé par des applaudissements signalant la présence inattendue du pape émérite Benoît XVI, assis au premier rang sur une simple chaise et au même niveau que les autres cardinaux. Le pape François s'est déplacé pour le saluer au début mais aussi à la fin de la cérémonie.


En revanche l'un des nouveaux cardinaux - nommé à titre honorifique à un âge canonique par François pour le récompenser des services rendus - le cardinal Loris Francesco Capovilla, ancien secrétaire particulier du pape Jean XXIII, n'a pas pu venir pour recevoir sa barrette en raison de son âge très avancé, 98 ans.


«Ne pas avoir peur de la Croix»
Dans son homélie, le pape François a donc appelé cette nouvelle promotion mais aussi tous les autres cardinaux présents à mener un véritable combat. «Jésus n'est pas venu pour enseigner une philosophie, une idéologie», a-t-il lancé, «mais une «voie», une route à parcourir avec lui. (…) Mais ce n'est pas facile, ce n'est pas confortable, parce que la route que Jésus choisit est celle de la Croix.»


Ce pape très populaire mais qui aime la radicalité a alors développé l'idée que les hommes d'Eglise «ne devraient pas avoir peur de la Croix» et qu'ils devraient avoir conscience «d'être exposés à la tentation de penser à la manière des hommes et non de Dieu».
Ils doivent donc tout spécialement lutter pour ne pas «penser à la manière du monde» sans quoi la «conséquence» est immédiate: «Si la mentalité du monde prend le dessus, surgissent les rivalités, les jalousies, les factions …»


Le remède «salutaire» contre cette tentation est donc de «nous mettre pleinement en accord avec Jésus» et de «le faire ensemble, au moment où le Collège des Cardinaux s'agrandit». Et puis de «se laisser appeler à lui» pour «devenir toujours plus un seul coeur et une seule âme, autour de lui».


Car, a justifié le Pape «l'Église a besoin: elle a besoin de vous, de votre collaboration, et plus encore de votre communion, communion avec moi et entre vous. L'Église a besoin de votre courage, pour annoncer l'Évangile en toute occasion, opportune ou inopportune, et pour rendre témoignage à la vérité. L'Église a besoin de votre prière pour le bon cheminement du troupeau du Christ, la prière qui, avec l'annonce de la Parole, est la première tâche de l'Évêque. L'Église a besoin de votre compassion surtout en ce moment de douleur et de souffrance dans de nombreux pays du monde.»


Le pape a terminé son admonestation par un nouvel appel - le second en deux jours - pour les chrétiens persécutés: «Nous voulons exprimer notre proximité spirituelle à toutes les communautés ecclésiales et à tous les chrétiens qui souffrent de discriminations et de persécutions.
L'Église a besoin de notre prière pour eux, afin qu'ils soient forts dans la foi et qu'ils sachent réagir au mal par le bien. Et notre prière s'étend à tout homme et à toute femme qui subit l'injustice à cause de ses convictions religieuses.»

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