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Syrie, terre de martyrs. Quid du silence des loups ?

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Syrie, terre de martyrs. Quid du silence des loups ? Empty Syrie, terre de martyrs. Quid du silence des loups ?

Message par MichelT Sam 1 Mar 2014 - 20:33

Syrie, terre de martyrs. Quid du silence des loups ?

Il y a le silence tonitruant des agneaux. Celui de ces victimes pour qui la peur et la souffrance, tant physique que morale, sont des réalités consubstantielles à leur quotidien. Il y a ce que j’appellerais le silence prémédité des loups. Celui de hauts-fonctionnaires en chemises blanches, impeccablement cravatés, biberonnés à des fortunes sans nom et à une idéologie fasciste. Celui des Fabius, des BHL, des Kouchner et des Kerry. Comment pourrait-on, nous autres journalistes, demeurer cois face à ce qui se fait aujourd’hui en Syrie ? Notre silence fait de nous des complices.

Dans une interview télévisée fraîchement postée sur youtube, Monseigneur Jacques Behnan Hindo, archevêque de Hassaké Nisibi pour les syriaques catholiques, dénonce la politique sciemment antichrétienne de John Kerry et de Laurent Fabius, considérant que les « USA, la Grande-Bretagne et la France ne font qu’envenimer la situation [en Syrie] » dans la mesure où ils soutiennent des factions composées à 75 % de mercenaires venus de l’extérieur et surtout adoubés par tous ceux qui sous couvert d’un étrange bien-pensance espèrent déclarer une République islamique en Syrie. Opposant un peu d’humour noir à son désarroi, le Père Jacques avoue « ne pas [être] masochiste et ne pas [vouloir] s’auto-flageller » en se taisant face à l’avancée dûment sponsorisée du wahhabisme.

Il ne reste plus que 28 chrétiens à Homs alors donc qu’ils étaient environ 60.000 avant le début de la crise. Monseigneur Antoine Audo, évêque d’Alep, a fait état, en mars dernier, d’un exode d’environ 30.000 chrétiens autochtones. Seul le quotidien de sensibilité catholique La Croix a jugé bon de relayer la préoccupation du Père Audo, encore que cela fût fait en décembre 2012, avant que le nombre de départs n’atteigne son point culminant. Ces données sont occultées par la presse occidentale.

Qui de nous a entendu parler du massacre de Sadad, « une très ancienne petite ville chrétienne syriaque-orthodoxe » située dans « une zone désertique entre Homs et Damas » (cf. Observatoire de la christianophobie) ? Pourtant, 45 chrétiens, hommes, femmes, enfants tous confondus, y trouvèrent une mort atroce. Qui de nous entendit parler du pillage des 14 églises de cette ville tellement ancienne que même l’Ancien Testament en fait mention ? Ces 1500 personnes, toutes des civils pris en otage par les djihadistes qui s’en servirent entre autres comme d’un immense bouclier humain, n’auraient-elles donc pas mérité l’attention des médias ?

Parlant de Maaloula, village qui pour la première fois connut l’horreur de la belligérance salafiste un mois avant Sadad, le nonce du Saint-Siège en Syrie, Mario Zenari, n’hésita pas à se poser quelques questions sur les « motifs » des « rebelles » qui auraient pris en otage douze religieuses syriennes et libanaises du couvent orthodoxe de Mar Takla. Un extrait de son intervention fut repris par Le Monde et Radio Vatican. Sérieusement, comment est-ce qu’un nonce particulièrement bien éclairé quant à ce qui se passe sur le terrain peut encore se demander s’’il s’agit d’un « enlèvement ou d’une prise de contrôle du couvent pour avoir la main libre à Maaloula ». Cette problématisation apparait assez ambigüe dans l’optique du terme « rebelles », ces derniers étant plus ou moins tacitement assimilés aux libérateurs de la Syrie. La preuve : si le nonce précise encore que les religieuses ont été enlevées par des « rebelles djihadistes », Le Monde évoque tout de suite après des « rebelles dont des djihadistes liés à Al-Qaïda ». Y aurait-il donc des rebelles non djihadistes qui participeraient à l’enlèvement de civils ? On croirait délirer. Si par contre il s’en trouvait, cette découverte discréditerait définitivement la thèse quasi-caduque selon laquelle des « rebelles modérés » existeraient encore si tant est qu’ils n’aient jamais existé.

Doit-on essayer de cerner la logique de barbus fanatiques pour qui la décapitation d’un enfant issu d’une famille chrétienne, chiite, sunnite non soumise à la charia, druze ou alaouite ne constitue aucun problème existentiel ? Ce qui m’étonne, peut-être à titre très personnel, trop personnel, c’est l’extraordinaire mollesse avec laquelle le Vatican condamne l’action des « rebelles » dont la majeure partie sont des mercenaires actuellement en conflit d’intérêt. Sauf mon intarissable respect pour Rome, je crois qu’un triste parallèle pourrait être établi entre le silence du Saint-Siège pendant la II Guerre Mondiale et ses excès de diplomatie depuis la tragédie des Balkans. Pourquoi est-ce que Serge Trifkovic, écrivain américain d’origine serbe, n’a pas peur de dire ceci : « Il est maintenant établi que cette non-conscience humaine se trouve à la Maison Blanche et dans les bureaux d’édition des médias occidentaux « mainstream » ? Pourquoi est-ce que le Pape François ne désignerait pas les véritables coupables du génocide perpétré en Syrie comme il fut perpétré en Irak ou en Libye ? Il y a à moins de 24 heures, sept jeunes travailleurs coptes égyptiens ont été exterminés par des wahhabites qui désormais font la loi à Benghazi.

Dire que l’élite occidentale n’a que faire des chrétiens martyrisés au Moyen-Orient ou en Afrique ne serait rien dire. Le problème est autrement plus profond : le déracinement du christianisme en Occident, son extraction longuement préparée de la civilisation gréco-latino-chrétienne fait pendant au sort qu’on le laisse subir, à l’heure actuelle et pour ne citer qu’un exemple, en Syrie, l’un des berceaux de cette religion qui au sens propre du terme édifia l’Europe. Où donc conduire ce déni ? Nous avons balayé de notre culture ce qui fit son excellence depuis son imprégnation structurelle par l’hellénisme, c’est-à-dire le sens de la mesure en toute chose. Les intérêts géopolitiques sont bien sûr une facette inévitable de toute politique MAIS du moment que les moyens employés n’entraînent pas le sacrifice de ce qui fait notre identité et notre héritage spirituel. Cette ligne rouge est aujourd’hui franchie.

Françoise Compoint



MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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