Grèce: le mouvement néo-nazi "Aube Dorée" renaît
Page 1 sur 1
Grèce: le mouvement néo-nazi "Aube Dorée" renaît
VU DE GRÈCE
Entaché par l'assassinat d'un jeune rappeur en septembre 2013, le parti néonazi a pourtant enregistré de bons scores au premier tour des élections locales le week-end dernier, laissant présager une nouvelle percée ce dimanche aux européennes.
Dimanche soir, la Grèce sera l’un des pays où les résultats des élections européennes seront observés avec le plus d’attention : on s’attend en effet à ce que la gauche radicale, le parti Syriza, y arrive en tête. Une victoire qui fera figure de symbole pour tous ceux qui s’opposent aux politiques d’austérité imposées en Grèce, comme partout en Europe.
Sur le même sujet
Analyse
Gauche radicale : en Grèce, «le temps de Syriza est venu»
Par Maria Malagardis
Europe
A Athènes, «les plus pauvres peuvent mourir»
Par Maria Malagardis
Reste qu’en Grèce, d’autres chiffres vont aussi retenir l’attention : ceux du score qu’obtiendront les néonazis d’Aube dorée. Déjà, dimanche dernier, lors du premier tour des élections municipales et régionales qui se déroulaient en Grèce, les néonazis ont montré qu’ils s’enracinaient dans le paysage politique : leur candidat à la mairie d’Athènes, Ilias Kasidiáris, a ainsi obtenu 16% des voix, avec des pics à 20% dans certains quartiers pauvres, et même un score très honorable dans le «Saint-Germain» grec, à Kolonáki, où il rassemble 13% des votes. Kasidiáris est pourtant inculpé pour possession d’armes et n’avait échappé qu’en prenant la fuite à une précédente inculpation après avoir giflé en direct à la télé une députée communiste.
27 000 électeurs de plus qu’en 2012
En réalité, avec ce premier tour des élections locales, Aube dorée a réussi à séduire 27 000 électeurs de plus qu’en 2012, lorsque pour la première fois depuis la fin de la dictature, en 1974, un parti d’extrême droite réussissait à entrer au Parlement avec 7% des voix.
Pourtant, au début de cette année 2014, certains pensaient en avoir fini avec Aube dorée. Le parti néonazi avait en effet semblé totalement discrédité après l’assassinat d’un jeune rappeur grec en septembre 2013.
Très vite en effet, Aube dorée avait été accusé du meurtre. Six membres de sa direction, à commencer par son leader, Nikos Michaloliákos, sont désormais en prison, inculpés de «participation à une organisation criminelle», et 13 de ses députés ont été privés de leur immunité parlementaire.
Que s’est-il donc passé pour que le parti néonazi resurgisse soudain avec une certaine force aux élections locales, faisant craindre le pire pour les européennes ? Il y a bien sûr la persistance de la crise, et surtout les mesures d’austérité imposées au pays, lesquelles, malgré leur dureté, n’ont toujours pas permis à la Grèce de diminuer sa dette : le taux d’endettement est même passé de 157% du PIB en 2012 à 175% en 2013, alors que dans le même temps les budgets de la Santé et de l’Education ont été réduits d’un tiers et que près de 30% des Grecs sont sans emploi ni couverture sociale.
Politique, mensonges et vidéo
Mais il y a aussi cette vidéo, aux effets dévastateurs. Début avril, Ilias Kasidiáris, le candidat à la mairie d’Athènes et porte-parole d’Aube dorée, exhibe au Parlement un enregistrement filmé en caméra cachée : il s’agit d’une conversation récente qu’il a eue avec Takis Baltakos, alors le plus proche conseiller du Premier ministre conservateur, Antónis Samarás. On y voit ce proche du chef du gouvernement grec, visiblement très à l’aise avec le jeune député néonazi, expliquer sans détour que les actions en justice contre Aube dorée ne sont motivées que par la peur du Premier ministre de perdre des voix en raison de la percée des néonazis. Baltakos, d’ailleurs, semble le regretter et fait son signe de croix pour déplorer cette stratégie qu’il juge perdante. Avec un autre geste explicite, mimant un coup de téléphone, le conseiller suggère même que deux ministres ont appelé les juges pour les convaincre d’entamer ces procédures judiciaires contre Aube dorée. Un interventionnisme évidemment scandaleux, contraire à la séparation des pouvoirs.
Depuis que cette vidéo a été rendue publique, Takis Baltakos a dû démissionner. Mais le mal est fait : «Pour une grande partie de l’opinion, cette vidéo a conforté la thèse d’Aube dorée, qui a toujours clamé que les actions en justice contre le parti ne sont qu’une chasse aux sorcières politique», souligne l’analyste politique Georges Seferzis.
Politique, mensonges et vidéo : Aube dorée peut à nouveau se présenter comme la victime d’une classe politique que, de toute façon, la majorité des Grecs rejettent. Depuis quelques jours, les ténors du gouvernement conspuent avec véhémence Alexis Tsipras, le leader de Syriza, pour avoir déclaré que «tous les électeurs d’Aube dorée ne sont pas des néonazis». «Inacceptable, scandaleux, la main tendue aux néonazis», s’emportent les membres de la coalition au pouvoir, relayés par certains médias visiblement amnésiques.
Car c’est exactement avec les mêmes termes qu’en avril, Takis Baltakos avait tenté de justifier sa conversation avec un député néonazi après la divulgation de la vidéo. Mais à ce moment-là, la coalition des conservateurs et socialistes au pouvoir était surtout préoccupée de minimiser l’affaire.
Entaché par l'assassinat d'un jeune rappeur en septembre 2013, le parti néonazi a pourtant enregistré de bons scores au premier tour des élections locales le week-end dernier, laissant présager une nouvelle percée ce dimanche aux européennes.
Dimanche soir, la Grèce sera l’un des pays où les résultats des élections européennes seront observés avec le plus d’attention : on s’attend en effet à ce que la gauche radicale, le parti Syriza, y arrive en tête. Une victoire qui fera figure de symbole pour tous ceux qui s’opposent aux politiques d’austérité imposées en Grèce, comme partout en Europe.
Sur le même sujet
Analyse
Gauche radicale : en Grèce, «le temps de Syriza est venu»
Par Maria Malagardis
Europe
A Athènes, «les plus pauvres peuvent mourir»
Par Maria Malagardis
Reste qu’en Grèce, d’autres chiffres vont aussi retenir l’attention : ceux du score qu’obtiendront les néonazis d’Aube dorée. Déjà, dimanche dernier, lors du premier tour des élections municipales et régionales qui se déroulaient en Grèce, les néonazis ont montré qu’ils s’enracinaient dans le paysage politique : leur candidat à la mairie d’Athènes, Ilias Kasidiáris, a ainsi obtenu 16% des voix, avec des pics à 20% dans certains quartiers pauvres, et même un score très honorable dans le «Saint-Germain» grec, à Kolonáki, où il rassemble 13% des votes. Kasidiáris est pourtant inculpé pour possession d’armes et n’avait échappé qu’en prenant la fuite à une précédente inculpation après avoir giflé en direct à la télé une députée communiste.
27 000 électeurs de plus qu’en 2012
En réalité, avec ce premier tour des élections locales, Aube dorée a réussi à séduire 27 000 électeurs de plus qu’en 2012, lorsque pour la première fois depuis la fin de la dictature, en 1974, un parti d’extrême droite réussissait à entrer au Parlement avec 7% des voix.
Pourtant, au début de cette année 2014, certains pensaient en avoir fini avec Aube dorée. Le parti néonazi avait en effet semblé totalement discrédité après l’assassinat d’un jeune rappeur grec en septembre 2013.
Très vite en effet, Aube dorée avait été accusé du meurtre. Six membres de sa direction, à commencer par son leader, Nikos Michaloliákos, sont désormais en prison, inculpés de «participation à une organisation criminelle», et 13 de ses députés ont été privés de leur immunité parlementaire.
Que s’est-il donc passé pour que le parti néonazi resurgisse soudain avec une certaine force aux élections locales, faisant craindre le pire pour les européennes ? Il y a bien sûr la persistance de la crise, et surtout les mesures d’austérité imposées au pays, lesquelles, malgré leur dureté, n’ont toujours pas permis à la Grèce de diminuer sa dette : le taux d’endettement est même passé de 157% du PIB en 2012 à 175% en 2013, alors que dans le même temps les budgets de la Santé et de l’Education ont été réduits d’un tiers et que près de 30% des Grecs sont sans emploi ni couverture sociale.
Politique, mensonges et vidéo
Mais il y a aussi cette vidéo, aux effets dévastateurs. Début avril, Ilias Kasidiáris, le candidat à la mairie d’Athènes et porte-parole d’Aube dorée, exhibe au Parlement un enregistrement filmé en caméra cachée : il s’agit d’une conversation récente qu’il a eue avec Takis Baltakos, alors le plus proche conseiller du Premier ministre conservateur, Antónis Samarás. On y voit ce proche du chef du gouvernement grec, visiblement très à l’aise avec le jeune député néonazi, expliquer sans détour que les actions en justice contre Aube dorée ne sont motivées que par la peur du Premier ministre de perdre des voix en raison de la percée des néonazis. Baltakos, d’ailleurs, semble le regretter et fait son signe de croix pour déplorer cette stratégie qu’il juge perdante. Avec un autre geste explicite, mimant un coup de téléphone, le conseiller suggère même que deux ministres ont appelé les juges pour les convaincre d’entamer ces procédures judiciaires contre Aube dorée. Un interventionnisme évidemment scandaleux, contraire à la séparation des pouvoirs.
Depuis que cette vidéo a été rendue publique, Takis Baltakos a dû démissionner. Mais le mal est fait : «Pour une grande partie de l’opinion, cette vidéo a conforté la thèse d’Aube dorée, qui a toujours clamé que les actions en justice contre le parti ne sont qu’une chasse aux sorcières politique», souligne l’analyste politique Georges Seferzis.
Politique, mensonges et vidéo : Aube dorée peut à nouveau se présenter comme la victime d’une classe politique que, de toute façon, la majorité des Grecs rejettent. Depuis quelques jours, les ténors du gouvernement conspuent avec véhémence Alexis Tsipras, le leader de Syriza, pour avoir déclaré que «tous les électeurs d’Aube dorée ne sont pas des néonazis». «Inacceptable, scandaleux, la main tendue aux néonazis», s’emportent les membres de la coalition au pouvoir, relayés par certains médias visiblement amnésiques.
Car c’est exactement avec les mêmes termes qu’en avril, Takis Baltakos avait tenté de justifier sa conversation avec un député néonazi après la divulgation de la vidéo. Mais à ce moment-là, la coalition des conservateurs et socialistes au pouvoir était surtout préoccupée de minimiser l’affaire.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Sujets similaires
» Élections Européennes: le fils d'un nazi siégera à Strasbourg!
» L`occultisme nazi et le vril 7 - la premiere soucoupe volante
» Prière de l'Aube !
» PRIÈRE DE L'AUBE !
» La décomposition de la Grece
» L`occultisme nazi et le vril 7 - la premiere soucoupe volante
» Prière de l'Aube !
» PRIÈRE DE L'AUBE !
» La décomposition de la Grece
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum